Reykjavik, Islande. Hlynur, la trentaine, n’a pas d’emploi. Il vit aux crochets de la société, et le revendique. Il vit toujours chez sa mère, qui attend patiemment que son fils grandisse et s’éveille à la vie. Sa principale activité consiste à coucher avec les filles mais à ne jamais dormir avec, ni à assumer les conséquences éventuelles de ses frasques.
Jusqu’au jour où Lola, une amie de sa mère, leur rend visite. Naturellement il couche avec elle… mais sans savoir qu’elle est aussi la maîtresse de sa mère. Puis il apprend qu’elle est enceinte de lui. Sa vision de la vie, cool et déjantée, va s’en trouver bouleversée.
L’éternel ado, qui refusait de prendre ses responsabilités, se retrouve confronté à une situation oedipienne auquel rien ne le préparait : il est malgré lui le père du fils de sa mère. Choisira-t-il de fuir ou de prendre ses responsabilités ?
Père et impairs
Finement menée, l’intrigue n’est jamais moralisatrice ni complaisante à l’égard de Hlynur. Le parcours de ce jeune homme n’est que le prétexte à une réflexion plus large sur le passage de l’adolescence au monde des adultes. Jusqu’à quand lui sera-t-il possible de refuser de grandir ? Peut-on échapper à la condition d’adulte et rester éternellement un enfant ? L’évolution est-elle un processus conscient ou inconscient ?
Autant de questions qui sont au centre de 101 Reykjavik. Baltasar Kormakur, lui-même trentenaire, utilise un ton décalé et un humour désopilant, qui lui permettent de dédramatiser la situation. Le cinéaste évite ainsi de se perdre dans un traitement psychanalytique du sujet, et parvient à conserver le style mordant qui convient à son anti-héros.
101 Reykjavik est aussi le regard d’un homme sur son pays. Filmant dans le bar qu’il possède avec le chanteur de Blur, au sein d’une musique électronique, Baltasar Kormakur mène une joyeuse virée dans la branchitude du 101 Reykjavik, le quartier central de la capitale islandaise. Dans ce minucule pays de 280 000 âmes, chacun a deux jobs. Au pays du froid et du travail acharné, il est indispensable de déstresser.
Chaque week-end, de grandes fêtes ont donc lieu chez les particuliers et dans les bars, où l’acool et le sexe, consommés en grande quantité, font office d’antidépresseurs. Par la double peinture de cette société méconnue et de l’un de ses anti-héros, Baltasar Kormakur livre aux spectateurs un film frais, décalé, drôle, et surtout terriblement tendance.
*Article rédigé pour Objectif Cinéma et publié à cette adresse