The Others (Les Autres)*

Ile de Jersey, 1945. Grace vite seule avec ses deux enfants dans un immense manoir isolé. En raison d’une étrange maladie, les deux enfants ne peuvent être exposés à la lumière du jour.

Aussi Grace les élève dans la pénombre et veille constamment sur eux, en leur inculquant jour après jour une éducation strictement basée sur la religion catholique.

Peu après l’arrivée de trois domestiques, l’ordre est soudain remis en question par des intrus, sans que l’on sache ni par qui ni comment cette organisation vitale est bouleversée.

La vérité est ailleurs

Il est toujours inquiétant de voir un talent s’expatrier à Hollywood, surtout quand il est produit par Tom Cruise. Dans le cas d’Alejandro Amenabar, c’est une totale réussite : la traversée de l’Atlantique n’a rien enlevé à l’atmosphère si particulière du cinéma de l’espagnol. Mieux, The Others a séduit l’Amérique, en totalisant plus de 96 millions de dollars de recettes, et figure en bonne place parmi les prétendants aux Oscars.

Comme dans Thesis et Ouvre les yeux, Alejandro Amenabar insuffle à The Others une atmosphère mêlant l’étrange à l’angoisse et la terreur. Dans le rôle de la matrone glaciale, Nicole Kidman montre, après Moulin Rouge, qu’elle peut tenir la distance sur un film, seule aux commandes de surcroît.

Alors que l’on s’enfonce à fond dans l’univers froid de Grace, Amenabar joue à fond sur les peurs enfantines pour faire trembler le spectateur : la pénombre, les longs couloirs, l’atmosphère glacée de ce manoir perdu au milieu de nulle part, l’arrivée d’étrangers, et bien sûr l’intrusion de forces obscures car invisibles et donc non identifiables. La musique, composée par le réalisateur lui-même, dans un esprit tout aussi sombre et mélancolique, renforce constamment l’anxiété qui étreint le spectateur.

Tout le film tourne donc autour de la psychologie, de l’état dans lequel se trouve emprisonnée le spectateur, et dont il ne peut s’échapper. L’imagination s’emballe, le rythme cardiaque s’accélère, et Amenabar règne en maître sur les sentiments primaires de chacun d’entre nous. Et pour enfoncer le clou, la religion qui régit la maisonnée vient réveiller la conscience et le rapport au péché. Grace, si religieuse, va devoir réviser ses positions lorsqu’elle comprendra que ses enfants sont entrés en contact avec la mort. Elle trouvera d’abord refuge dans l’incrédulité, avant de ne plus pouvoir reculer devant l’évidence.

Dans cette seconde phase, Alejandro Amenabar aborde le thème délicat de la remise en question des croyances les plus profondes. Méticuleusement construit, le film met en place une histoire, pour mieux la déconstruire dans la seconde partie. Entre naturel et surnaturel, chacun suit le labyrinthe qui mène à la résolution de l’énigme. Laissons entier le mystère… et précipitez-vous dans les salles.

*Article rédigé pour Objectif Cinéma et publié à cette adresse

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