Au commencement de la real TV était Loft Story… M6 a pris le risque de faire un divertissement de la vie d’une bande de jeunes « ouais, cool, waouh » enfermés tels des rats de laboratoire.
TF1, qui avait refusé le concept, se posa en moralisateur, criant haro sur le Bourriquet (ndlr : la peluche de Steevy) euh, le baudet. Mais M6, contre vents et marées, obtint la récompense suprême : le succès populaire, caractérisé par l’audimat, et sa traduction monétaire, les recettes publicitaires. Et cristallisait dans les faits le fantasme absolue de sa grande rivale de toujours, TF1. L’outsider du PAF avait dépassé son maître.
Rageant de ne pas avoir trouvé le concept qui tue, la chaîne numéro un dans le cœur des ménagères de moins de cinquante ans n’entendait pas se faire ainsi damer le pion par la petite chaîne qui monte, qui monte…
Il en allait de sa survie de riposter. Au trou Koh Lanta, pas assez trash. Les candidats bouffaient pourtant des vers (heurk !) et s’engueulaient pour des questions de trahisons (Françoise qui incendie Harry, l’ami qui veut du bien à son équipe). Leur tort fut peut être de ne pas développer de romance… Encore fut-il pour cela qu’il eût quelques forces, et donc à manger, comme le rappela plus tard Gilles, le vainqueur du jeu. Koh Lantah, prévu pour passer le vendredi à 20h50, fut diffusé pendant l’été, le week-end, en access prime-time.
TF1 voulait faire mieux, et plus fort que le Loft. La chaîne appela donc des gens compétents pour créer ce type de programmes, et conclut un accord avec Niouprod. Cette filiale d’Endemol, le groupe hollandais qui a racheté Case Productions, la société d’Arthur, et donc fournisseur de programmes de TF1, avait tout intérêt à se racheter auprès de la chaîne qu’ils avaient trahis… en vendant Loft Story à M6.
On pris donc les mêmes et ça recommença… en ajoutant une dimension de plus, pour jouer la surenchère. Et pour faire rêver la ménagère, on décida de créer des stars. Star Academy était née.
Un grand casting populaire fut organisé, pour dénicher les 16 perles rares qui intégrerait un « château de rêve », afin d’apprendre à devenir des stars. 100 000 candidats se présentèrent, 100 furent soumis au vote des téléspectateurs, 50 retenus par le public, 16 par un jury de professionnels…
Mais M6 n’était pas en reste. La petite chaîne, au fait des agissements de sa rivale, lança en août le programme Popstars : un casting géant destiné à dénicher les cinq perles rares qui formerait le girl’s band idéal. L’objectif était de suivre à travers un documentaire la formation d’un groupe jusqu’à son premier concert. Initialement prévu pour passer en access prime time, la série fut finalement programmée le jeudi à 20h50, sur la case mythique occupée quelques mois plus tôt par Loft Story.
Doté de cette forte symbolique, le programme fut lancé en septembre… largement avant Star Academy ! Sur un concept proche – la formation de stars – TF1 s’est encore fait prendre de court par sa petite rivale.
Et dans le délai qui sépare le lancement des deux émissions, Popstars a largement le temps de s’installer, de séduire son public essentiellement par le bouche à oreille. Imaginez ce que ça donne quelques mois plus tard quand M6 passe au matraquage…
Parallèlement, Star Academy a du mal à s’envoler. Le premier prime-time est extrêmement mauvais, et récolte une audience déplorable. Pour TF1, plus dure est la chute : les résultats n’ont rien à voir avec ceux escomptés, et surtout pas avec ceux du Loft… Mais pour TF1, le pire est à venir. Non seulement les chiffres ne sont pas au rendez-vous, mais les mauvaises surprises s’amoncellent : les candidats ne sont pas vraiment des graines de stars, les similitudes avec le Loft sont tellement troublantes qu’M6 montre les dents (et les avocats), un élève fait comprendre qu’on les prend pour des cons (Stéphane) suivie par une autre qui quitte carrément le château car elle n’a eu que quatre cours de chant en deux semaines (Amandine)…
Comme au temps du Loft, la polémique bat son plein… mais rien ne vient la masquer. Pour TF1, le constat est plus down que up, d’autant que la chaîne est la risée des médias. Si TF1 gronde, et demande à ce que l’on voit les élèves lors des cours, la chaîne n’est pas au bout de ses surprises. En coulisse se prépare la riposte. Niouprod sort alors son arme fatale : Jean-Pascal, alias Jipé.
La mise en scène est de plus en plus grossière : le couple Jean-Pascal-Jennifer est clairement favorisé, au détriment de tous les autres. On se demande d’ailleurs comment le basque a pu offrir une bague Cartier d’un montant de 5000 Francs à sa dulcinée alors qu’il prétend n’être qu’un simple maître nageur…
Aurait-il obtenu de la production une petite rallonge en plus des 610 euros perçus par semaine de présence au château ? Jenifer aura eu un bel anniversaire, ce qui n’est pas le cas de Djalil, curieusement oublié. Niouprod mise sur la vie quotidienne plus que sur les cours, et sur les histoires de cœur plus que sur le talent. Ainsi Gregory est curieusement évincé du jeu, et c’est tellement étonnant qu’il revient chanter sur le plateau bien que n’étant plus élève de l’académie.
Le basque bondissant, toujours prêt à sortir une vulgarité ou à pousser un coup de gueule, tout en ne se faisant jamais vraiment rembarrer par les profs, peut commencer son show. Et à partir de cet instant, Niouprod en aura pour son argent : Jipé va lui offrir un spectacle inespéré. Jusqu’au rocambolesque coup de théâtre qui sent le pipo à plein nez : son vrai-faux départ. Tout démarre le plus normalement du monde. Après avoir échoué une fois de plus à son évaluation, le jeune homme s’emporte. Exaspéré et ne parvenant à se calmer, il menace de quitter les lieux.
Plus inattendu, il sa menace à exécution, et claque la porte de l’école des stars. Alors qu’Alexia, la directrice-manipulatrice a appelé un taxi en deux minutes pour Amandine, elle octroie deux jours de réflexion à JP. On ne lâche pas comme ça une telle vache à lait, pardon, le chouchou du public…
Pour convaincre le prince des gros lourds de rester, la prod lui offre donc un petit séjour à Londre, pendant lesquels il fait du shopping pour ses copains. Aux frais de la prod ? Pendant ce temps, le suspense monte : reviendra, reviendra pas ? Le public est en haleine….
Ce n’est plus un prime-time, mais une spéciale Jean-Pascal, comme il y a des spécial Obispo ou Florent Pagny. Le public doit décider de l’avenir de Jean-Pascal au sein de l’Académie. Aura-t-il droit à une seconde chance ? On nous montre tout de ce jeune homme nature, le pire comme le meilleur. En début d’émission, le public penche pour son départ. Au milieu, c’est 50/50. Et à la dernière minute, on apprend que 62% des votants ont choisi qu’il reste à l’académie. « Reviens JP(P) reviens, parce que la France, elle a besoin de toi ».
Voilà des retournements de situation dont rêveraient tous les candidats aux présidentielles ! Si sur les forums les internautes se déchaînent pour exprimer leur dégoût face à ce bidonnage qui ne fait aucun doute, une fois de plus, le pire est à venir.
De retour au château, JP offre à ses alliés dans le château des petits cadeaux achetés à Londres. Non seulement il a refait sa garde-robe (aux frais de vous-savez-qui), mais en plus, il était certain de revenir… et savait en plus quels candidats était pour son retour, puisque seuls ses quatre amis ont eu droit à un petit cadeau en souvenir de son escapade. Adieu crédibilité, pour le n’importe quoi, ne quittez pas l’écran…
Parallèlement, Popstars s’en sort plutôt bien. Le documentaire intéresse, attire la comparaison, et amuse par son côté bon enfant. Si en début de diffusion on pouvait reprocher les premiers choix effectué par le jury (faire croire à une jeune femme dotée d’une vois absolument exceptionnelle mais obèse qu’elle pouvait passer les étapes, tout en affichant un générique de poupées en mini-short et brassière), l’émission se distingue de sa rivale par l’accent porté sur la formation. Le casting est d’ailleurs plus sérieux : deux des élèves de la Star Academy, Jessica et Carine, ont même été refusées !
Au son du franglais de Mia Frye, la chorégraphe membre du jury, et de la coolitude ferme de Santi (batteur de la Mano Negra devenu depuis patron de maison de disques), le projet suit son cours, et le groupe est formé.
Dans le même temps, on apprend qu’elles n’ont rien de débutantes. Lydy s’appelle Lydie-Charlotte et a déjà participé à la comédie musicale Salambô, et toutes ont une dizaine d’années de danse derrière elles. Dommage que M6 tienne à nous faire croire au miracle, il est difficile de croire au Père Noël musical.
Commence alors le tapage médiatique nécessaire à la vente du single, une promo qui ira crescendo jusqu’au premier concert des filles, prévu le 20 décembre. Et là, ça se gâte… Les filles changent de look et malheureusement, prennent aussitôt la grosse tête. Ainsi si tout se passe relativement bien lors de la tournée des grands magasins, c’est plus difficile dans un café du centre de Lyon : les fans s’agglutinent contre les vitres de l’établissement, qui menacent (selon le commentaire débité par la voix-off) de se briser. Le groupe quitte alors les lieux à vitesse grand V… Les Popstars en sont quitte pour leur première grande peur… et s’en prennent aux organisateurs dans une diatribe franchement indigne de débutantes.
Leurs propos sont extrêmement choquants et révélateurs de leur état d’esprit de midinettes trop vite arrivées au sommet. En cinq minutes, elles refont l’histoire : elles étaient en danger. Pourtant, les images démontrent l’efficacité du service de sécurité qui, malgré le flot de fans, a su les embarquer au plus vite dans les voitures… Mais elles ont été attrapées et poussées.
Les petites stars ont été brusquées. Manifestement on ne leur avait pas dit lors du briefing que c’est la procédure à suivre en pareil cas. Quant à la réelle mise en danger, elle concernait non pas le groupe, mais les fans… Que manifestement les cinq demoiselles ne respectent pas. Les épisodes du feuilleton-vérité se suivent, et ne se ressemblent pas…
Sur TF1, on revanche, les candidats ne changent pas d’un poil, tout comme la ligne du show : Niouprod continue de miser sur son poulain Jipé. Encore nominé, le jeune garçon peut compter sur son piston : la production favorise très nettement le basque lors du prime-time. Nikos Aliagas, l’animateur, ne cesse de s’adresser au phénomène, qui au bout du compte obtient une bien belle publicité. Peu importe, les jeux sont de toutes façons faits -sans contrôle d’huissier- et Jean-Pascal est sauvé par le public.
C’est cohérent par rapport aux résultats de la semaine passée, certes… Mais alors pourquoi en rajouter une couche en fin d’émission ? Au moment de choisir le candidat à sauver, les élèves de la Star Academy attribuent un nombre de voix équivalent pour sauver François et Patrice.
La logique voudrait que la production retienne le nom de celui qui était arrivé en seconde position selon le vote du public. Mais non : c’est à Jean-Pascal, le repêché, que revient l’honneur de sauver l’élève de son choix. Jusqu’où ira Alexia Laroche-Joubert dans l’affirmation de sa préférence pour le basque ?
Ou plutôt dans sa manipulation ? Désormais, tous les scénarios sont possibles. Rappelez-vous Loft Story, dont il existait un script avant même le début du Loft, un histoire dont seule la fin fut différente… Star Academy, produit par la même société, s’en rapproche étrangement, mais de manière si grossière qu’il est difficile de garder son sérieux. Si l’on reprend l’hypothèse du bidonnage total de l’émission, Alexia Laroche-Joubert peut désormais faire ce qu’elle veut… grâce à Jean-Pascal. JP est assuré de rester au château grâce au vote du public, il a monté un clan de fidèles qui vont gentiment voter dans le sens de la prod, et si besoin est (en cas d’égalité) JP himself pourra venir remettre de l’ordre en votant selon les bons désirs de la prod. Bravo Alexia !
Si lors de Loft Story les critiques étaient passées au second plan devant l’ampleur du phénomène, rien ne permet de sauver Star Academy d’un destin titanesque. L’émission prend l’eau de toutes parts, devant les énormes ficelles tirées par la production : montage grossier non représentatif de la journée écoulée (alors que l’émission est diffusée 24h/24 sur TPS, ce qui permet la comparaison), changements constants du règlement, professeurs douteux (lire le curriculum de Vincent, peu cohérent avec son jeune âge), …
Devant un tel désastre, il est bien difficile de trouver une programmation alléchante pour le prime-time. Face à ce scandale, les vedettes refusent de venir sur le plateau… sauf si on les prend par les sentiments. Selon VSD, les artistes seraient payés 100 000 francs pour chanter avec les élèves de la Star Academy. Joli défraiement… Pire : ni la chaîne, ni la production, n’ont pour le moment démenti cette information.
Plus le temps passe, plus JP devient encombrant, et plus le manipulateur Niouprod devient le manipulé. Jean-Pascal est devenu malgré tout très populaire, et il est bien difficile de contrôler les icônes de la TV réalité. Après Loana et Jean-Edouard, voici le cru Jipé. Bas de gamme, certes, mais vedette au statut aussi incontestable qu’éphémère… Et Jean-Pascal l’a bien compris. A défaut d’avoir du talent, il joue le tout pour le tout. Conscient d’être intouchable car aimé du public, il se comporte comme le roi du château : grande gueule, mais aussi despote et absolutiste, écrasant sur son passage quiconque ne lui fait pas serment d’allégeance. Y-compris les profs, qu’il ne se gêne pas de rudoyer.
Pour garder un semblant de crédibilité, la prod tente alors de mâter le trublion, en lui rappelant qu’il est dans une école. Mais au lieu de le virer « manu militari » comme il le mérite, Madame la directrice lui donne encore une chance. Le basque écope d’une mise à l’épreuve, en préliminaire à un hypothétique conseil de discipline. Le Dieu de l’audimat a encore frappé… et préservé l’apprenti-star. Plus de 200 ans après la Révolution française, force est de constater que les rites du château ont bien évolués : celui qui mène la danse n’est plus le roi, mais son bouffon.
Niouprod n’est pas au bout des dilemmes. Non seulement le château ne peut se passer de Jean-Pascal, mais n’importe qui ne peut en être viré. Et le second à protéger est Patrice, contre toute attente. Doté d’un sens artistique certain, le savoyard n’est guère à l’aise dans la chanson.
Mais sa persévérance et ses progrès attendrissent le téléspectateur, tout autant que son style rebelle et son air je-m’en-foutiste séduisent les filles. Si en plus on y ajoute une romance platonique avec Olivia… En un rien de temps, le jeune homme à la traîne est devenu le chéri de ses dames et des 25-35 ans… une tranche qui n’hésiterait pas à zapper la Star Academy si leur favori venait à quitter les lieux. Tout est alors fait pour le préserver.
Ainsi, Djalil, opposé au duo des multi-nominés surprotégés, doit quitter le château. Favori des homos, il sera ensuite remplacé dans ce rôle par Mario, nécessairement relooké. Mais Patrice reste sur la tangente. Alors quand à l’approche de Noël il est à nouveau menacé, la prod emploie à nouveau les grands moyens, en changeant la règle du jeu : pour Noël, les nominations sont annulés, et tout le monde repart au château.
Quel bel esprit…mercantile : l’annonce a été faite après le vote du public, et les téléspectateurs qui ont appelé ce soir là en ont été pour leurs frais puisqu’ils ont payé pour sauver leur favori… pour rien ! Le scandale continue, mais le jeu en vaut la chandelle : la France se passionne désormais pour le phénomène Jipé, et le programme profite de l’audience ainsi (bassement) récoltée.
L’aventure touche à sa fin, et les règles du jeu changent une dernière fois. La phase finale du jeu sera divisée en deux parties : la demi-finale femmes, puis la demi-finale hommes. La finale, quant à elle, opposera le vainqueur de chaque sexe. Le 29 décembre, ce sont donc aux femmes d’assurer le spectacle. Le prime-time sent bon la compétition. Vocalement, la lutte semble serrée. Malgré un niveau à priori supérieur de Carine, Jenifer gagne sans grande surprise.
La semaine suivante, bien que d’une qualité musicale nettement inférieure, provoque un meilleur suspense : Jipé sera-t-il finaliste ? Et bien non, il est évincé, et Mario remporte la partie avec seulement 0,8% de voix de plus que son adversaire. Un score qui arrange bien TF1 : un Jipé finaliste n’aurait pas été du meilleur effet alors qu’avec Mario, le meilleur des trois garçons encore en lice, l’honneur est sauf… Magouille, quand tu nous tient…
Dès le lundi matin, la polémique bat son plein : nombreux sont les téléspectateurs à se plaindre de n’avoir pu enregistrer leur vote en faveur de Jipé, car la touche 3 du téléphone était bloquée. Peu importe, l’émission a été suivie par 13 millions de spectateurs, contre 9,6 millions pour la finale des filles la semaine précédente. Conclusion en forme de lapalissade : la qualité ne fait pas l’audimat, et merci Jipé pour ce score encore inespéré quelques semaines auparavant.
L’aventure s’achève le 12 janvier , lors d’une grande-messe de variétés extrêmement consensuelle. Les candidats ne cessent de répéter qu’il n’existe aucun esprit de compétition entre eux et pour un peu on se croirait chez Michel Drucker. Du coup, l’émission paraît longue, très longue…
Et ce n’est pas la réapparition de l’ensemble des 16 candidats qui ont vécu au château qui vient tromper l’ennui. La platitude du show détonne par rapport à l’enjeu (un album et un contrat d’un million d’euros pour le vainqueur), mais surtout par rapport à la tempête médiatique qui sévit autour de Star Academy. Même Jipé se tient tranquille… Au terme de l’émission, Jenifer remporte logiquement le gros lot, en présence d’un huissier dégoté pour l’occasion.
On éteint la télé, ou on zappe sur Ardisson. En se disant que c’est fini jusqu’en septembre (TF1 a annoncé qu’il y aura bien une seconde session à la rentrée), et que d’ici-là il y aura le Loft 2. Bref, on range nos académiciens au placard. Mais pas pour longtemps. Dès le lendemain, TF1 met la gomme sur ses graines de champion. Car si le programme TV est terminé, il convient désormais d’en vendre tous les produits dérivés : l’album, la tournée, les singles et les albums de chacun… Toute la fine équipe truste donc les émissions de la chaîne, d’Exclusif à Alloquizz en passant par La Fureur, sans oublier… le journal télévisé ! Les académiciens étant bannis sur certaines chaînes concurrentes (France 2, M6), il faut bien forcer un peu la promo sur TF1…
La sortie du château permet également de découvrir la face cachée de certains élèves. Si Olivia ou Gregory maintiennent leur image de véritables chanteurs, d’autres, en revanche, on plus de soucis à se faire. Jipé se grille d’entrée avec Alain Chabat, qui lui raccroche au nez pour une sombre histoire de ragots, Jessica se lâche sur le plateau d’Alloquizz en faisant largement comprendre que cet exercice imposé n’est pas tout à fait de son goût. Mais la palme revient à Mario. Le finaliste est recherché en Belgique pour escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux… pour avoir vendu la voiture qu’un ami lui avait prêté.
Professionnellement, ce n’est guère mieux. Les élèves sont sous contrat avec Universal, et prépare chacun leurs maquettes. Si Olivia croule sous les propositions (elle va chanter avec Andrea Bocelli, et serait en cotact avec Pascal Obispo et Zazie), ses petits camarades sont moins chanceux. Et notamment Carine. Considérée comme la véritable gagnante de la Star Academy grâce à son engagement dans la comédie musicale Cindy, de Luc Plamandon, la blonde déchante. Intégrée dans un casting performant, et habitué tant à la scène qu’aux studios, l’académicienne peine à suivre la troupe, et retarde tout le monde. Luc Plamandon aurait même avoué en privé l’avoir pris uniquement pour les retombées publicitaires… Reste à savoir si les académiciens parviendront à tirer pour eux-mêmes quelque profit de leur passage au château.
Normalement, tout ce petit monde se retrouvera pour une tournée. Enfin presque tout ce petit monde. Contrairement à ce qui avait été annoncé à grand renfort de publicité dès le premier prime-time, ce ne sont pas les 16 élèves qui feront la tournée, mais seulement dix : Olivia, Jenifer, Carine, Jessica, Patrice, Jean-Pascal, Mario, Djalil, François, et Gregory, repêché en raison de son (vrai) talent. Exit donc Amandine (pour avoir osé critiquer le concept ?), Stéphane (idem ?), Catherine, Khalifa, Sidonie et Cécile, « parce que nous ne voulons pas des mauvais » dixit Gérard Louvin, producteur de la tournée. On est tenté de lui demander pourquoi Jean-Pascal figure au programme… D’ailleurs en fera-t-il parti ? Rien n’est moins sûr, depuis que le père de Jipé s’est mis en tête de renégocier le contrat de son rejeton.
Financièrement, l’affaire sera de toutes façons juteuse pour TF1. Malgré un début laborieux, l’émission a finalement rempli ses objectifs d’audience lors des dernières semaines de diffusion… ce qui lui a permis d’augmenter ses recettes publicitaires. A 54 000 euros la pub, pour 3 séries de 4 minutes de spot, faites le calcul… A cela s’ajoutent les recettes téléphoniques, qui ont totalisé près de 747000 euros par semaine. Pas mal pour un programme qui a fonctionné sur la polémique déclenché par un jeune homme découvert sur une plage de Biarritz…
Le temps du dénigrement de la real TV est révolu à TF1. On annonce en effet un Koh Lantah 2 bien plus difficile que le premier… Plus proche de Survivor, le concept que tout le monde et surtout la direction de la chaîne rejetait ? Mieux, on embrasse les nouveaux concepts : Harem (on vous laisse imaginer), Temptation Island (un jeu dans lequel plusieurs couples seront tentés par des beautés du sexe opposé, le couple vainqueur étant celui qui résistera). Ces deux achats qui permettent à la direction de la chaîne d’alimenter son plus grand fantasme : damer le pion à M6, et prendre enfin sa revanche sur l’épisode Loft Story.
Une chose est certaine : s’il y a quelques mois le PAF se méfiait de la real TV, aujourd’hui, elle est belle et bien ancrée dans les écrans. Même Canal Plus s’y met, en suivant dans un documentaire les élèves du cours Florent, et l’on parle d’une Ecrivain Academy sur la Cinquième. Reste à savoir si l’on parle vraiment de télé réalité. Les castings sont tellement étudiés que ces émissions sont tout sauf naturalistes. Peu importe, ce n’est qu’un concept.
D’ici-là, dans le match que se livrent les chaînes rivales, on connaît déjà le nom de celui qui gagnera des millions : Universal, encore lui. Le CD du vainqueur de Star Academy comme celui de L5 sortent en effet chez Universal Music, sans compter les retombées d’une tournée très chargée. C’est donc ça, la fameuse diversité culturelle chère à J6M !
*Article rédigé pour Objectif Cinéma et publié à cette adresse