Au PS, c’était menu télé pour tout le monde. Les trois candidats à la candidature débattaient en direct sur la chaîne parlementaire et LCI. Enfin débattaient… faut le dire vite.
La liste des questions leur avait été remise à l’avance, ce qui a évidemment plombé ce grand oral, le transformant en une plate lecture de fiches. Si le décor faisait penser à Question pour un champion, il n’y avait même pas l’excitation de les voir appuyer sur le buzzer, c’est dire si c’était chiant…
Ségolène, marionnette tendance « copier/coller »
A ce jeu, Ségo s’en sort plutôt mal. Dans sa profession de foi, elle annonce « faire gagner la gauche et réussir la France ».
La France d’après ? Ca démarre avec un slogan à deux balles, ça promet ! Son ambition ?« Mettre fin au désordre économique, à l’anarchie financière. Mettre en place un ordre économique, social et environnemental juste. »
Y’a quoi derrière ? Ah, elle admet « n’avoir pas réponse à tout ». Nan, sans blague ? Enfin c’est tout de même un peu léger tout ça…
Sur le fond, elle tente manifestement de suivre une opinion mutante. Très scolaire dans son exposé, elle ne parvient pas à convaincre tant ses notions d’économie sont déplorables. Selon elle, « la France est dans une spirale dépressive » (voilà qui va redonner le moral aux Français) et elle prône le recours au modèle scandinave… Déjà vanté par Sarkozy ! Lorsqu’il s’agit de savoir comment relancer la croissance, la journaliste lui demande si elle connaît un tour de magie. La pito-charentaise répond béatement : « Je ne suis pas magicienne, la France est magicienne ».
Ouh là, y’a du lourd au PS, y’a du lourd ! Mine déconfite des deux autres candidats, d’un autre niveau il faut le reconnaître.
Elle s’appuie ensuite sur la technique du micro-crédit, top tendance et récemment récompensé par un prix Nobel, elle a du le lire dans Elle (non, Cosmo ne fait pas de politique à part sur le mariage de force des femmes dans les contrées reculées). Puis vante le financement des petites entreprises (tiens comme Raffarin en son temps, il a du déteindre à l’insu de son plein gré), puis avance l’idée de pôle de compétitivités régionaux. Encore une décentralisation à la Raffarin ? Sors de ce corps Jean-Pierre !
On s’étrangle lorsqu’elle prône un « syndicalisme de masse pour défendre le salarié ». T’as raison ma belle mais là t’es plus tendance, le syndicalisme, c’est moins de 10% des salariés du privé tant c’est rétro et inadapté aux réalités du monde du travail d’aujourd’hui.
Sur les 35 heures, elle joue la montre et évite ainsi de répondre aux questions… petite joueuse !
On passe aux énergies et là, elle a son dada : les énergies renouvelables… « Ca ne peut plus durer ». Ah bon ? On passe à la santé. Aucune vision d’ensemble, aucun grand dossier, juste quelques mesures pour la répartition des étudiants en médecine ou inventer des structures médicales dans les quartiers. Outre le fait qu’on soit tenté de lui rappeler qu’il faudrait s’intéresser aussi à la désertification médicale en zones rurales, sa vision est désespérément creuse et sans fond ni propositions concrètes… comme durant tout son exposé.
Verdict : recalée !
Fabius vous propose… de devenir pauvre !
Fabius s’enferme à gauche-gauche : il sera le candidat qui « n’accepte pas les injustices ». Mazette ! Et il en remet une couche le Lolo, en dénonçant froidement « l’hyper-capitalisme mondial et financier» qui ne recherche que le « profit à court terme ».
22 v’la le José Bové du PS ! Bon, alors soit il est totalement utopiste, soit totalement démago. Tiens donc, vous aussi vous votez 2 ?
« Si je suis élu, les 35 heures seront généralisées ». Nous voilà prévenus. Donc n’élisez pas cet homme !
Bien qu’il ambitionne le rassemblement de la gauche (autour de sa personne évidemment !), on voit pas comment cela serait possible tant il flirte avec la ligne rouge (coco).
Il promet une revalorisation générale des salaires et le SMIC à 1500 euros (d’ici 2012 conformément au projet du PS) avec une hausse 100 euros de plus au SMIC « dès les premiers jours de la mandature ». C’est le cadre à 1800 euros par mois qui va être content… Bientôt il touchera moins que l’équipe qu’il encadre. En évitant d’aborder la question des classes moyennes, Fafa a commis une énorme erreur politique, et ouvert un boulevard à la droite.
En effet, cette idée ne peut qu’être interprété par des classes moyennes déjà en voie de paupérisation, et qui n’ont aucune envie de se fondre parmi les classes populaires. Le nivellement par le bas n’a jamais fait recette…
Je passe sur le principe du délocalisateur-payeur, et autres gadgets destinés à attaquer les entreprises au portefeuille, pour être bien certain qu’elles ne créeront pas d’emplois. Ainsi que sur les nationalisations. Non seulement Lolo veut démanteler la fusion GDF-Suez, mais en plus il veut renationaliser EDF.
Et ce n’est pas fini pour son programme communiste. il enchaîne ensuite sur sa proposition de défaire la réforme des retraites, et il propose, tenez vous bien, de fixer un niveau de retraite minimum, qu’il estime à 80-85% du SMIC, et créer une cinquième branche de la sécurité sociale uniquement dédiée à la dépendance.
A ce stade du débat, Fafa a explosé le budget de la France, le pays est en cessation de paiement, on vit une situation analogue à celle qu’à connu l’Argentine, et on a définitivement régressé dans la case Pays en Voie de Développement.
Verdict : dehors !
DSK : socialiste moderne ?
Finalement, c’est DSK, l’homme de la « social-démocratie » qui se montre le plus réaliste… même si on se demande quelle mouche l’a piqué au sujet des 35 heures. Sur la situation économique, il dresse un constat relativement juste, et propose d’y remédier de la manière suivante : « investir pour innover et anticiper ». Là, on se dit qu’il serait plutôt centre droit que socialiste… mais non, il redevient utopique en promettant « le plein emploi dans 10 ans ». On aurait aimé un peu de développement sur la question…
En bon prof d’éco, il martèle que « la gauche doit être l’ennemi de la dette » : mouarf, je suis morte de rire, la gauche qui veut faire des économies ? C’est vrai que pendant les vingt dernières années, elle n’a pas du tout vidé les caisses… C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, ou alors cet homme est vraiment de droite.
Idem lorsqu’il annonce que « Ca ne sert à rien de distribuer du pouvoir d’achat si on n’a pas la capacité de produire », décidément cet homme a autre chose qu’un petit poids dans le cerveau, ça change des deux autres. J’aurais juste aimé qu’il aille un peu plus loin dans le fond…
Sur la fusion GDF-Suez, il est contre ce projet, et « promet de le démonter s’il peut être démonté ». Prudent le DSK, prudent… car il sait bien que ce sera difficilement lisible pour la population, et qu’il faudra oublier cette non-promesse d’avant présidentielles. C’est d’ailleurs ainsi qu’il se résume : « Ne promettre que ce qu’on pourra tenir. Et tenir ce qu’on aura promis ».
Verdict : si j’étais PS, je prendrai celui là.