Historiquement, la France est foncièrement un pays de Droite.
Chaque vague rose a d’abord été déterminée par une volonté d’alternance, puis la conséquence d’un vote sanction.
En 1981, les électeurs ont ainsi mis un terme à 33 ans de pouvoir ininterrompu de la Droite, depuis le début de la Vème République… et avec l’aide non négligeable d’une partie de la Droite !
Mais l’accession de la gauche au pouvoir a eu des effets dévastateurs sur l’économie, en creusant le déficit budgétaire de manière dangereuse. Ce qui n’a pas plus aux français… et a permis le retour de la Droite en 1986, pour deux ans. Disposant de peu de temps pour agir, et d’une actualité peu favorable (Ouvéa notamment), la Droite n’a pu confirmer aux présidentielles de 1988.
De retour au pouvoir en 1993, elle a par contre confirmé en 1995, avant de se voir une nouvelle fois envoyée au tapis en 1997, pour deux raisons : la dissolution, illisible aux yeux des français qui n’y ont vu qu’une magouille, et le maintien d’un Premier ministre mal aimé, a généré leur défiance.
Mais les français, s’ils usent du vote protestataires, n’en restent pas moins majoritairement de droite. C’est ainsi qu’en 2002, ils n’ont pas hésité à renouveler leur soutien au président sortant… et aux autres franges de la droite, parlementaire ou non.
PS : Les candidats à la candidature sont trop différents pour espérer incarner le projet du PS
Quel point commun y-a-t-il entre Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn ?
Ces trois candidats marquent le grand écart entre la ligne très à gauche du PS, incarnée par Laurent Fabius, et le socialisme à la limite du centre gauche de Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal incarnant quant à elle le néant.
C’est d’ailleurs cette dernière qui sort des sondages, comme si elle était l’incarnation parfaite du vide intersidéral du projet du PS, fait de bric et de broc, mais sans réelle ligne directrice en ce qui concerne la conduite de l’Etat.
Comment, alors, séduire les français ?
L’UDF a pris un virage à gauche
Le parti de François Bayrou a fait le choix, a plusieurs reprises, de ne pas soutenir la majorité gouvernementale, notamment en appelant à voter, pour la deuxième année consécutive, contre le Budget. Ce qui est l’acte déterminant le positionnement des partis entre majorité et opposition.
Politiquement, l’UDF s’est donc placée dans l’opposition, du moins au niveau national. Ce choix est tellement symbolique que le CSA a même décidé de décompter son temps de parole sur celui de l’opposition, et non plus sur celui de la majorité comme c’était jusqu’alors le cas.
Au niveau local, la situation est différente, l’UDF continuant de s’allier à la Droite. Ceci dit cela reste un jeu stratégique, car il vaut mieux, pour ce petit parti, disposer d’une alliance permettant de sauver quelques sièges, que d’être identifié dans l’opposition au risque de se faire avaler par les deux grands partis de droite et de gauche, et de ne plus exister.
2007 permettra d’évaluer comment les français réagissent à cette dualité antinomique… Si la France décide de classifier l’UDF à gauche, alors ce sera un petit candidat de plus sur cette partie de l’échiquier politique… ce qui fera les affaires de la droite.
Quoi qu’il en soit, le parti de François Bayrou, de par cette illisibilité, ne peut espérer gagner des voix : au mieux, il gagnera d’un côté ce qu’il aura perdu de l’autre. Au pire, il sera décrédibilisé et perdra tout simplement des suffrages.
Et la droite dans tout ça ?
Dans cette configuration, où les autres partis sont affaiblis de par leurs choix stratégiques, la Droite a toutes ses chances d’être bien placée au premier tour, et de pouvoir l’emporter au deuxième.
Et y compris avec deux candidats. En effet, avoir deux candidats pourrait permettre un recul du FN, qui bénéficierait à Sarkozy, alors que les voix du centre et du centre-gauche pourraient se rallier à un candidat chiraco-villepiniste qui ne croirait ni en Bayrou ni en Royal, comme en 2002.
Selon moi, deux candidatures de la droite parlementaire ne sont toutefois pas souhaitables, car rien ne sert de tenter le diable, l’opinion étant volatile et exprimant ses positions de manière souvent inattendue.
Cependant, le risque n’est pas aussi grand que le disent certains candidats, et la diabolisation vise surtout à asseoir la légitimité d’un candidat qui n’a rien d’évidente.
Aussi il faut être très prudent à ne pas jouer sur les peurs pour imposer une pensée unique qui impose un homme et non un projet : si la droite veut s’unir, le candidat parti depuis déjà deux ans devra obligatoirement faire d’importantes concessions, notamment en terme de projet, car la situation actuelle ne rend pas inenvisageable une seconde candidature plus politique que médiatique, y compris du tenant du titre.