Racaille, Karcher : boomerang fantasmagorique dans les urnes

Dimanche 23 avril. La France place Sarkozy en tête des candidats à la présidentielle, et le qualifie haut la main pour le second tour. C’est l’image que vous avez tous retenu, à 20 heures.

Dimanche 23 avril. Dans les banlieues, le vote Royal a été massif, et relève de l’expression du Tout Sauf Sarkozy. C’est le résultat le moins commenté de cet entre-deux tours. Et pourtant.

Aujourd’hui, Claude Guéant, directeur de campagne du candidat UMP, dénonce, après Nicolas Sarkozy lui-même hier soir, la diabolisation dont a été victime son candidat. Mais a-t-il vraiment été diabolisé ?

Le vote anti-Sarko dans les banlieues exprime la peur des habitants des cités face à un Etat policier qu’ils craignent. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas tous des racailles, et qu’ils ont peur des amalgames. A raison ou à tort ? Un peu les deux, évidemment.

D’un côté, il est certain que la communication de Nicolas Sarkozy à destination de certains électeurs en a fait fuir d’autres, ceux là même qui se sont sentis stigmatisés par les termes de racailles ou karcher.

En outre, une proportion infime de garants de l’autorité se sont crus autorisés à quelques excès d’autoritarisme. Ces « incivilités inversées » sont très mal perçues par la population. Il ne faut jamais perdre de vue que le comportement néfaste d’un seul nuit à la réputation du groupe… et même à son ministre.

Ces éléments combinés alimentent alors les fantasmes de cette partie de la population. Dans les cités, la peur de Nicolas Sarkozy a été alimentée par les rumeurs les plus folles. Les populations étrangères ont craint d’être renvoyées chez elle, alors qu’il n’est absolument pas question de retirer les cartes de séjour de ceux qui en ont. Les hommes ont dit aux femmes que si Nicolas Sarkozy passaient, elles ne pourraient plus sortir dans la rue : d’où peut venir une rumeur si surréaliste ?

Ce Tout Sauf Sarko des banlieues tranche avec les résultats de dimanche soir. Si il est élu le 6 mai, Nicolas Sarkozy devra s’atteler à gagner la confiance de ces jeunes, en faisant un effort de pédagogie sur la politique qu’il entreprend de mener.

Racaille et Kärcher sont des termes simples et compréhensibles par tous, certes, mais ils ne constituent pas une bonne métaphore de ses propositions : plutôt une belle canne à pêche à électeurs du FN…. C’est cette ambivalence qu’il a payé dans les urnes de banlieues.

Aussi, si Nicolas Sarkozy  remporte l’élection, il aura immédiatement à faire face à un nouveau défi : celui de redresser la barre en rassurant le peuple et d’endosser pleinement le rôle de président de tous les français.

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