Pour franchir cette étape du parcours du combattant, il faut y avoir été invité. Autrement dit, disposer d’une convocation en bonne et dûe forme.
Premier couac : convoquée ce jour à 13h, je n’ai pas reçu la convocation à temps. Fort heureusement, j’ai eu la présence d’esprit d’imprimer le mail de rendez-vous, espérant qu’il fasse office de sésame, même de seconde zone, puisqu’il n’indique pas où j’ai rendez-vous, mais seulement le jour et l’heure, comme je vous l’ai déjà raconté.
Sérieuse, et n’aimant pas arriver essoufflée en rendez-vous, je prends une bonne marge d’avance… d’autant que je maîtrise mal les bus et les lieux. En effet, je fais une fois le tour du quartier avant de trouver ce biiiip de bâtiment, après avoir demandé 3 fois mon chemin et sans avoir trouvé le moindre panneau. Ca commence mal…
Au guichet, les hôtes et hôtesses ont l’air sympas, mais un peu paumés. Trois personnes devant moi… et trois fois la même réponse : « Ah, ça doit être ma collègue ». Parce qu’il n’en est même pas sûr le gars… Evidemment j’ai droit à la même réponse, et en plus ils ne me trouvent pas dans les rendez-vous. Du coup, mon mail devient suspicieux. « Mais on n’envoie pas ce type de convocation, NOUS, Madame ». Ca doit être le Saint-Esprit, alors…
Ceci dit, à leur décharge, j’ai appris dans un commentaire posté sur l’excellent blog Chômage de glace qu’ils mettent les petits nouveaux qui n’y connaissent rien à l’accueil. Je suis donc dommage collatéral de la guéguerre ANPE/Assedics/Nouveaux recrutés pour le Pôle Emploi… Pour la notion de client, on repassera !
A ce stade, je précise qu’il s’agit d’un rendez-vous pour une inscription. Le premier me dit :« Ah, si, c’est dans l’AUTRE liste (comprendre la sienne) mais c’est pas pareil, c’est pour une INSCRIPTION ! ». Ah bon ? Parce qu’ils n’ont jamais d’inscriptions, donc il ne sait pas qu’il doit regarder AUSSI sa liste ? Que cette liste n’est pas là pour servir de décoration ? Ca continue mal…
Je suis envoyée sur la mezzanine, très cosy, pour patienter. Parce qu’apparemment, être reçue à l’heure, c’est une option inconnue. Je sors donc mon Cosmo qui lui, est bien arrivé dans ma boîte aux lettres, et je me détends. J’attends un hypothétique barman pour me proposer un café, mais rien. Ah oui pardon, je suis au Pôle Emploi… 10 minutes plus tard, un conseiller vient me chercher. Sans s’excuser. Faut pas déconner.
Première étape du périple, l’aspect indemnisation, autrement dit le calcul de mes droits Assedics. Tout se passe très bien. Bon, le conseiller galère un peu avec l’attestation de fin d’emploi de Mantes-la-Jolie, et se marre quand je lui dis que je l’ai faite refaire trois fois parce qu’il manquait toujours quelque chose. Ambiance détendue : il voit sur mon dossier que j’ai déjà fréquenté les Assedics, et constate également que je n’ai jamais eu besoin de les toucher, donc pour lui je suis une cliente +. C’est comme les CSP, mieux vaut être dans la bonne case…
Je suis conduite dans un hall qui ressemble plus à une cafétéria, et j’attends la phase 2 de mon inscription : le rendez-vous avec le conseiller Emploi, avec qui je suis censée définir mon projet professionnel. Le conseiller qui m’appelle -c’est comme à l’école, il y a une liste, et on nous prend dans l’ordre- a l’air sympa.
Mais très vite, il s’avère un peu trop zélé à mon goût. Alors que son job consiste à me poser des questions et à m’expliquer le fonctionnement en long, en large et en travers, il est très vite dépité : en sortant mes documents, je démontre ma connaissance du système, ce qui l’irrite un peu. Il sent qu’il ne va pas pouvoir me jouer le numéro du sauveur, et ça ne lui plait pas.
En lisant mon CV, il comprend que je fais de la politique, et entreprend d’engager la conversation sur ce thème. Damnit ! Monsieur a décidé de montrer qu’il s’y connaît. Le problème, c’est qu’il n’y connaît rien. Et là, c’est moi que cela irrite… Nous entamons alors une conversation surréaliste sur mon métier :
Moi : « comme indiqué sur mon CV, je suis chargée de mission ».
Lui : « Ah, je vois très bien ce que c’est, nous allons donc chercher dans les relations publiques, ça vous ira bien. »
Moi : « Non, mon métier est chargée de mission, pas relations publiques ».
Lui : « Mais ça vous irait bien »
Moi : « Je ne suis pas en train de chercher une robe qui m’irait bien, mais un job, et je suis incompétente en ce domaine. Je vous le répète, je suis collaboratrice d’élu de droite -j’insiste car me proposer un poste à gauche est voué à l’échec de cette candidature-, et je ne tiens pas à ce que vous m’imposiez des annonces dans sur un poste qui n’a rien à voir avec mon métier. »
Lui : « Mais c’est le système ça, ma petite dame, et quand je tape collaborateur d’élu, on ne trouve aucun code ROME ».
Moi : « C’est bien pour cela qu’il faut chercher à CHARGE DE MISSION, qui devrait donner un résultat correspondant à mon métier ».
Il s’exécute et, ô miracle, non seulement on trouve un code ROME -le 32172-, mais en plus, la description correspond très exactement à mon métier. Ouf, sauvée ! La question est en effet cruciale car c’est d’après ce fameux code ROME que vous seront proposées deux offres d’emploi raisonnables au bout de 6 mois d’inscription, et si vous les refusez, vous êtes radiés. Autrement dit, c’est à ce stade que tout se joue. Et ce crétin voulait me mettre dans la mauvaise case…
Nous continuons de décrire mon parcours, et arrivons à la question des langues.
Lui : « Quel est votre niveau d’anglais ? »
Moi : « Courant »
Là, il indique Moyen, et un Damnit m’échappe…
Moi : « Non, je vous ai dit Courant ».
Lui : « Mais votre niveau, il est très bon ou courant ? »
Moi : « Je vous ai dit Courant. Vous n’avez pas Bilingue, donc on va mettre Courant puisque je parle couramment et qu’accessoirement, j’ai occupé un poste avec 85% d’anglais écrit et oral pendant presque 2 ans. Je pense donc que Courant, c’est le bon terme. »
Lui : « OK, mais c’est parce que parfois les gens sont modestes… »
Moi : « Ecoutez, lors des entretiens, les recruteurs perdent le fil tellement je parle bien, donc on va vraiment laisser Courant, parce qu’il me semble que c’est un véritable atout. »
On passe ensuite aux à-côtés :
Lui : « Avez-vous le permis ? »
Moi : « Non, mais si vous le financez, ça serait en effet opportun »
Lui : « Ah certainement pas, on ne le finance pas, c’est l’Etat qui finance »
Moi : « Pour les moins de 26 ans, et comme j’en ai 35… »
Lui : « Vous n’avez qu’à vous plaindre aux politiques ». Là, j’ai envie de le baffer, mais plutôt que de m’offusquer de son comportement anti-politique qui le fait très nettement sortir de son devoir de réserve -il n’a pas à me parler politique, et encore moins vu que c’est mon métier-, mais je choisis de le laisser s’épuiser tout seul, c’est tellement plus drôle…
Moi : « Ca ne changera rien, ils se fichent bien de mon avis »
Lui : « Mais à votre poste, vous deviez avoir les moyens »
Moi : « Oui, mais à mon poste, je n’avais pas le temps de passer le permis car ce type de poste est chronophage, et aujourd’hui, je n’ai plus les moyens. »
Lui : « Oui mais vous devriez le passer »
Moi : « Je sais, mais avec quels moyens ? »
Il finit par lâcher l’affaire… Une fois le profil rempli, il décide de jouer au petit jeu des annonces, pour voir s’il y en a.
Lui : « Waouh 3 pages, vous pouvez trouver ». Et là il clique sur la première annonce, dans le 93
Moi : « L’annonce est pour une collectivité de gauche, aucune chance. »
Lui : « Mais c’est de la discrimination »
Moi : « Non, il y a une notion de fidélité et de confiance pour ces postes. Voyons la suivante ».
Lui : « Superbe annonce, vous connaissez le droit maritime ? »
Moi : « Non. Belle annonce, mais je n’ai pas les compétences requises. »
Lui : « Regardez celle-ci ! 93 mais dans une association ! »
Moi : « Regardez le salaire… on passe »
Lui : « Celle-ci semble coller »
Moi : « Permis B exigé… Vous voyez bien que l’idée de financer le permis n’est pas stupide… »
Lui : « Ah oui, finalement ça n’est pas simple… »
Tu l’as dit Bouffi… Vient ensuite la fin du dossier, avec la question qui tue : comment recherchez-vous un emploi, et quelles démarches avez-vous faites jusque là.
Moi : « 37 candidatures, incluant les CV passés dans le réseau. »
Lui : « 37 ! Mais c’est énorme ! »
Moi : « Pour le moment 8 entretiens »
Lui : « Ah quand même ! »
Moi : « Mon plus gros problème, c’est la crise et le manque de recrutement. Ce sera long car à chaque fois, nous sommes nombreux et le recrutement se joue sur d’infimes détails dont nous n’avons même pas conscience. »
Lui : « … »
Enfin il me demande si j’ai des questions. J’évoque alors la possibilité d’être suivie par le Pôle Emploi des cadres -ce que j’obtiens sans souci- et l’existence de primes à la mobilité, notamment les aides au déménagement. Et j’apprends avec stupeur qu’il existe des conditions de ressources. Autrement dit, mes Assedics -qui représentent 57,4% de mon dernier salaire et ne me permettent pas de vivre- seraient trop élevées pour qu’on m’aide en cas de déménagement.
Je lui annonce donc que si cela se confirme, il me sera impossible de candidater en province… faute de pouvoir financer le déménagement qui serait exigé. Or, il est très fortement probable qu’on me propose des postes en province… que je devrai refuser. Super… Le Pôle Emploi ne me servira vraiment à rien !!!
Sur ce, l’entretien s’achève, avec la prise d’un rendez-vous avec le Pôle Emploi Cadres. Une aventure que je ne manquerai pas de vous raconter en fin de semaine, puisque cette petite sauterie est organisée vendredi matin.