Ce matin, je rejoins le flot des travailleurs à la gare de Ma Ville, direction l’organisme de formation qui va me permettre de définir ma stratégie de recherche d’emploi. A contrecoeur. Comme je vous l’ai déjà raconté, je préfèrerais consacrer ce temps à chercher du travail. Mais ce stage commando n’étant pas une option, je me rends sur place.
8h55. Je suis la première, et je fais la rencontre du formateur. Une clope plus tard, l’horloge affiche 9h05, et personne n’est encore arrivé. Un collègue pointe son nez, et le formateur nous apprend qu’en dessous de 6 personnes, la formation sera annulée. Là, je ronge mon frein… Pas question de revenir !
9h15. Nous sommes 6. Sur 18 inscrits. Le formateur peste, mais nous, nous sommes là. Comme il s’éternise un peu sur l’absence des autres, je prends la parole, pour lui expliquer les multiples raisons possibles : certains ont peut être trouvé un travail, d’autres un entretien, et enfin, certains n’ont probablement pas reçu la convocation. Il me répond qu’ils auraient pu appeler pour prévenir. Je lui explique que sans convocation, c’est impossible. Et que n’ayant jamais reçu la convocation pour m’inscrire au Pôle Emploi, c’est plus que probable que 80% des absents soient dans ce cas là. Mes nouveaux copains renchérissent : 4 sur les 5 autres ont reçu la leur… vendredi !
09h30. On démarre enfin. Le formateur se présente, nous explique le programme, et annonce son objectif : faire de nous des professionnels de la recherche d’emploi. Diantre, moi qui croyait qu’on devait juste trouver du boulot… Il enchaîne en nous annonçant qu’il n’y a de boulot que pour 35% des demandeurs. Nous apprenons ensuite que sur 100 emplois pourvus, 30% le sont par annonce, les autres l’étant en amont par la mobilité interne, le réseau et la candidature spontanée (à la hausse, paraît-il).
Ensuite, nous prenons notre premier savon. En tant que chercheur d’emploi, nous devons nous habiller comme tel. Et donc pas en jean/basket. Bonjour la mauvaise foi, on n’est pas en recherche mais en formation… Mais il paraît que ça se sent au téléphone si on est en robe de chambre à midi. Là, je balance que je dors à poil. Toujours là pour mettre l’ambiance… Mais demain, il faudra qu’on se sape. Damnit !!!
Enfin pour terminer, tel Jean-Pierre Raffarin, notre formateur nous livre une ode à la positive attitude. Là, j’ai envie de lui balancer : « My application needs the NO the wins against the NO ». A ce stade du trip « je suis un winner », Mme Irma nous promet que si nous suivons sa méthode, nous aurons un job en 90 jours. Soit juste avant les fêtes. Chouette, j’aurai un job au pied du sapin !!!
Plus sérieusement, si les techniques de recherche d’emploi peuvent nous être très utiles, le propos est un peu léger : écarter les effets de la crise et la problématique propre à chaque secteur, ça décrédibilise complètement le propos. Mais nous choisissons d’être gentil et de ne pas lui balancer en pleine poire.
10h00. Premier jeu de rôle. Répartis en binôme, nous devons interroger l’autre, dans le but de le présenter en 3 minutes à l’auditoire. Sous le contrôle d’un impitoyable sablier. Je suis avec Y, qui bosse dans les ressources humaines à l’international.
Ah, il y a un autre petit jeu : avant de passer, on fait le planton pendant 3 minutes -le fatidique sablier- et les autres remplissent une fiche sur nous, d’après notre tronche : l’impression que l’on dégage, les conseils à nous délivrer pour notre look -PAS DE JEAN, trop facile…-, l’âge qu’on a -top élégant pour les nanas…- et dans quel secteur on bosse, d’après eux. Hum… Amusant.
Donc selon mes camarades :
- Impression : réservée, souriante (x3), avenante, ouverte (x2), attentive, organisée
- Conseils pour le look : PAS DE JEAN, mettre une chemise, plus de fantaisie (maquillage, bijoux), jupe, veste, et aucun conseil. Merci à celui-là, LOL. Pour la veste… j’en avais une, mais apparemment trop casual.
- Age : 27, 29, 30 et 36. J’ai 35, donc merci !
- Profession : services financiers, RH, administration des ventes, profession dans le social, marketing. En vrai je suis collaboratrice d’élus, mais avouez que c’est introuvable !
12h00. Ma présentation de Y se passe bien et mes camarades me trouvent carrément top. Mais le formateur trouve que je donne trop d’informations et qu’on ne retient pas tout. Probable… Ceci dit ça sent quand même le mec qui ne veut pas dire que c’est vachement bien. Je choisis l’humilité, et je me prends pour Oui-Oui, en opinant du chef à chaque critique.
Mon camarade me présente, et il se débrouille plutôt bien pour quelqu’un qui ne maîtrise pas mon domaine. Comme pour les autres, notre formateur commente mon parcours et livre ses observations. « Bon alors vous, vous ne pouvez trouver que par réseau ».Tu parles d’une révélation ! Il me conseille ensuite de regarder vers le lobbying et les postes d’attachés parlementaires. Oui, sauf qu’il y a peu de législatives partielles et que les prochaines élections sont en 2012, mais c’était bien tenté. LOL ! Comme il a lu la presse, il insiste, avec David Douillet. Je lui dit que je suis sur le coup, mais qu’il y a à peu près autant de monde que de guêpes sur un pot de miel.
12h45. Pause déj ! Relâchés dans la nature, nous partons déjeuner à 5, le sixième ayant d’autres engagements. Nous en profitons pour nous découvrir, ce qui est de loin l’aspect le plus sympa de ce stage.
14h00. Reprise des hostilités, avec un nouveau jeu de rôle. Cette fois-ci, nous devons présenter des Réalisations probantes. KEZAKO ? Et bien nous devons choisir une expérience qui met en valeur des compétences, et qui en fait, permet de répondre à la question d’un recruteur. Il s’agit donc de répondre à une question par l’exemple, pour faire simple. Exemple : « Savez-vous travaillez en équipe ? » et là, vous le prouvez par l’exemple. Simple, non ?
Ce petit jeu consiste à proposer rapidement à notre trinôme (cette fois c’est une partie à trois) deux exemples de réalisations probantes, et ils choisissent laquelle on présente. Puis on entre dans le détail, en la présentant en 15 minutes. Ensuite, on rédige les lignes de force d’après une grille fournie. Et enfin, on présente le tout à la classe et les autres écoutent religieusement. Ainsi soit-il.
Méthodologie de présentation :
- circonstances : poste et fonction occupés
- situation : problèmes, tenants et aboutissants
- analyse stratégique
- actions menées
- résultat : à quantifier mais de manière factuel, sans porter d’appréciation qualitative
- compétences révélées
- ce qu’on a aimé
- ce qu’on n’a pas aimé (pour apprendre à déminer les questions, en le retournant en positif)
L’objectif est de présenter une expertise en situation, ce qui rassure l’employeur sur les capacités qu’il recherche.
Au terme de cette première journée, je peux tirer le bilan suivant : beaucoup de blabla, beaucoup de lieux communs déjà acquis -notre groupe est homogène-, mais également la découverte de nouvelles personnes, très intéressantes, et une piqûre de rappel d’une méthodologie qui peut réellement aider. En revanche, 3,5 jours, c’est vraiment trop long… la formation gagnerait à être raccourcie.