« Face à la droite et l’extrême droite, le candidat désigné aura à affronter un contexte jamais connu avant. Il faut lever cet espérance en France »
Dès le préambule de son intervention, François Hollande a rappelé les enjeux de la présidentielle, et la situation économique à laquelle aura à faire face le candidat issu de ces primaires : une dette exponentielle, et peu de marge de manœuvre. Il ne sera en effet pas possible de tout faire ni de tout promettre. Tout en rappelant l’enjeu de ces primaires : « Il faudra que ce candidat puisse rassembler les socialistes, la gauche, et les français ».
Ses propositions ont donc été peu nombreuses, mais claires. D’une part, le contrat de génération, destiné au secteur privé, pour allier aide à l’emploi des jeunes et aide à l’emploi des séniors –embauche d’un jeune ET conserver un sénior jusqu’à son départ en retraite-, en contrepartie d’exonérations de charges pour les entreprises appliquant le dispositif. Le tout étant financé par le remplacement des dispositifs actuels par celui-ci, pour le même montant d’exonération de charges.
Bon… on sent là la mesure à double détente électorale jeunes-vieux. Pas mal ciblé. Hey, il a le sens pratique, le corrézien. Cette mesure est fortement critiquée par Martine Aubry, qui tente là d’attaquer son rival dans les sondages –factices- de cette primaire. Hélas pour elle, c’est avec de mauvais arguments –ne pas créer de nouvelles niches fiscales- et ça tombe donc un peu à plat.
Reste que moi j’ai 37 ans, je suis au chômage de longue durée (15 mois) bien que je sois qualifiée et que je dispose de forts atouts. Alors François, tu fais quoi pour moi ? Autrement dit, à force d’ultra-cibler sur le chômage en fonction des taux de chômage desdites catégories, on finit par oublier de s’occuper tout simplement des chômeurs, dans leur globalité. Comprenez bien que nous on s’en tape d’être jeunes, vieux, jaunes, noirs, blancs, gros, maigres, au chomdu depuis un mois ou un bail : on veut du boulot. Et pas des dispositifs cache-pot pour telle ou telle catégorie. Non, on veut juste que vous redonniez la confiance aux entreprises pour qu’elles nous embauchent. Kapisch ?
Sur le reste, je suis assez d’accord avec François Hollande, qui « veut rétablir la confiance dans la justice fiscale, sociale ». Ce concept est à l’évidence LE thème de la présidentielle, avec la réduction de la dette et l’emploi, deux sujets qu’Hollande a évoqué d’emblée. Il insiste sur la nécessaire réforme fiscale, qui figure au projet du PS. Pour lui, il doit y avoir une justice fiscale entre particuliers, mais aussi entre entreprises, et une modification du rapport capital/travail. D’autant que comme le rappelle très justement Hollande, il ne faut pas proposer n’importe quelle mesure en faisant croire aux Français que seules les entreprises paieront : « Quand une entreprise paie un impôt, elle le répercute aussi sur le consommateur ». Evidence, mais pas pour tout le monde…
Sur les délocalisations comme sur les licenciements, Hollande préfère taxer ceux qui abusent, estimant à juste titre l’interdiction inefficace. Sur les banques, il est le seul à évoquer ouvertement une recapitalisation, qui sera certainement nécessaire, mais sous condition. Tout en insistant sur la nécessité de faire converger la gestion de notre économie avec celle de notre partenaire allemand, s’inscrivant là dans la droite ligne des recommandations d’Herman Von Rompuy, président du Conseil européen. D’où sa prudence et son absence d’annonces tape à l’œil qu’il ne pourra pas tenir : s’il évoque la nécessaire régulation, il indique aussitôt qu’il faudra en déterminer les outils. Et ça, ça se fera à un niveau européen au minimum, et peut être mondial, c’est-à-dire au sein du G20.
Sur les salaires, Hollande souhaite « un lien entre ce qui est distribué aux actionnaires et ce qui est distribué aux salariés », tout en ajoutant d’une proposition a été faite dans le projet du PS sur le plafonnement des salaires dans le public. Pour le privé, il entend « mettre de l’ordre dans les salaires des dirigeants du privé », par la loi. Hum, attention à ne pas générer de fuite de nos cerveaux !
En revanche, en taclant les 35 heures, François Hollande montre sa capacité à faire le devoir d’inventaire des années Jospin, et de donner du mouvement au parti socialiste hors des dogmes consacrés. Une position nouvelle et nécessaire pour prendre son envol, sans resté englué dans un passé lourdement coûteux tant financièrement qu’en voix lors des élections… Habile coup d’œil aux déçus du sarkozysme, nous autres de droite l’avons remarqué.
Sur la sécurité, François Hollande se positionnera déjà comme présidentiable, s’autorisant la première pique de ce débat envers le futur candidat de droite et actuel président : « C’est un échec très grave[de Sarkozy], mais c’est pas le seul. Il aura atteint des records, N. Sarkozy, record de la délinquance, record de la dette. ». Pour lui, la réponse se trouve dans le renforcement des forces de police dans les zones tendues, et la collaboration renforcée avec les magistrats. Sans omettre le volet civique, avec le service obligatoire pour ces jeunes là. Et le nécessaire effort à apporter en terme d’éducation, qui reste l’une des causes.
Sur les institutions, François Hollande est réaliste : il estime nécessaire de remettre de l’ordre dans la république, d’avoir un président qui ne se substitue pas aux autres pouvoirs, et de réaliser la réforme du statut pénal du chef de l’Etat. Compte tenu de la situation politique actuelle, « nous avons la possibilité de remettre ce souffle là » estime le président du Conseil Général de Corrèze.
Au terme de ce débat, Hollande s’est montré capable de diriger la France. Parce qu’il sait de quoi il parle, et on le sent capable de siéger au G8 ou au G20, et y tenir un discours. En ce sens, il a réussit sa métamorphose : le président du Conseil général de Corrèze est désormais présidentiable. D’autant que sur l’économie, il est nettement moins doctrinaire que les autres, et capable de s’adapter à un monde en mouvement. Ce qui est rassurant pour les Français comme pour l’image de la France dans le monde. Un chapitre sur lequel il distance nettement ses cinq adversaires.
Son score
- Capacité à faire face à la crise (Economie) : 1
- Capacité à répondre aux enjeux sociétaux (Société) : 1
- Capacité à rassembler les Français (et non juste la gauche) : 1
- Crédibilité en tant que présidentiable : 1
Total : 4 bleus, 0 rouge
Made in France
Grand chelem pour François Hollande, qui sort grand vainqueur de ce débat. Mesuré et connaissant ses dossiers, ne tombant pas dans le piège de la surenchère ni des attaques, il s’est placé nettement au dessus de la mêlée, confirmant sa capacité à enfiler le costume de Président. Et de faire mordre la poussière à Sarkozy, avec un discours pragmatique et raisonné.
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