Quand vous êtes en arrêt de travail, vous pouvez recevoir –sous certaines conditions– des indemnités journalières, appelées IJ, par l’assurance maladie, en remplacement de votre salaire. Déjà, le mode de calcul de ces IJ a déjà été modifié l’an dernier – à la baisse évidemment. Et cette année, rebelote.
Ces feignants de français étant un peu trop enclins à rester au chaud au fond de leur lit, le gouvernement a décidé de prôner haut et fort le slogan « travaille ou crève », en rabotant une fois de plus les IJ de nos malades de 6%. Soit pour un salaire au SMIC, une indemnité qui passerait de 50% du salaire brut pour les IJ Maladie et de 60% du salaire brut pour les IJ Accident du Travail à 60% du salaire net. Ce qui revient pour un SMIC à une IJ pour Maladie de 640 euros au lieu de 680 euros. Or à ce niveau d’indemnités, 40 euros c’est énorme !
Pire, le gouvernement envisage de passer par un décret sans passer par la case Parlement. Certes, la Constitution le lui permet, mais il n’en reste pas moins que c’est une utilisation abusif du décret. En effet, on pourrait penser que c’est pour aller plus vite, l’exécutif souhaitant que ce décret prenne effet au 1er janvier. Or le Parlement discute justement en ce moment le budget de la Sécu, et va donc voter le PLFSS –Projet de Loi de Finances pour la Sécurité Sociale- qui va s’appliquer… pour 2012. L’argument du temps ne tient donc pas : le PLFSS sera voté le 16 novembre. Enfin en première lecture à l’Assemblée. Et après, y’a les gauchistes du Sénat, avant le retour de la navette. Reste qu’il devra être voté avant la fin de l’année.
Une fois de plus, le gouvernement cède à sa vision grotesque de la société, en prenant les gens qui ne travaillent pas pour des délinquants. Une fois de plus, chômeurs ou malades sont pris pour des voleurs qui cherchent à se planquer du monde du travail. Peu importe qu’ils ne trouvent pas d’emploi ou qu’ils soient en incapacité de travailler, ce sont des assistés, et aux yeux du gouvernement, le cancer de la société. Ils sont fautifs, et donc taxés.
Certes, il existe une minorité de chômeurs qui abusent du système, tout comme certains jouent les faux malades, en se mettant en arrêt pour un oui ou un non. J’en connais. Lorsque j’étais en poste dans une collectivité territoriale, une assistante à la comptabilité s’était mise en arrêt de complaisance, tout en arpentant gaiement les rues de la ville. Ah, pour traîner à la brocante, son mal de dos n’existait plus ! Pire, elle avait confirmé son voyage en République Dominicaine avec l’Amicale du Personnel.
Perso j’ai une hernie discale, je suis alitée depuis 3 mois et demi, je suis sortie 5 fois en 15 semaines, et mon dos n’aurait pas supporté 8h d’avion. Et bien la collectivité lui avait envoyé un inspecteur de la sécu. Bon, franchement, le système n’est pas tout à fait au point : d’une part, la sécu prévenait jusqu’à récemment les malades de son passage, qui donc pouvait feindre allègrement. D’autre part, c’est à l’entreprise de payer le passage de l’inspecteur, ce qui freine les prescriptions… Peut être vaudrait-il mieux travailler là-dessus ?
Reste que ce n’est pas parce que quelques uns abusent honteusement d’un système qu’il faut généraliser et taxer les gens de mauvaise volonté. On le voit bien dans le domaine du chômage : notre pays bat des records… Et donc tout à coup 10% de la population active se serait mise à frauder ? Quelle mauvaise foi ! Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage. C’est bien ce que le gouvernement tente de faire avec les populations les plus fragiles : les étrangler financièrement. Alors que la très grande majorité d’entre elles aimerait juste travailler. Et accessoirement, travailler plus pour gagner plus. Si ça n’était pas un mirage de plus…
Ou comment le gouvernement tente de passer en douce une mesure visant à stigmatiser financièrement les populations les plus fragiles, en excluant tout contrôle de la représentation nationale.
[Edit du 28 octobre 2011] Face au tollé contre cette éventuelle disposition, le gouvernement cherche d’autres pistes… et envisagerait maintenant un éventuel quatrième jour de carence. En savoir plus sur le blog de Ménilmuche.
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