Taxer plus pour rembourser plus… Mais qui ?

Depuis le SarkoShow de jeudi soir, c’est désormais officiel : les perspectives de croissance pour 2012 sont revues à la baisse, à 1% au lieu de 1,75%.

Ce qui nécessite de trouver 6 à 8 milliards d’euros supplémentaires pour boucler le budget 2012. Ca tombe bien, le Projet de Loi de Finances (PLF) sera bientôt à l’étude à l’Assemblée.

D’ici là, pour le moment, c’est le Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS) qui est en discussion. Et là aussi, il s’agit de trouver du pognon. Parce que les dépenses de santé coûtent cher, la dette sociale culminant pour l’instant à 190 milliards d’euros. A défaut de combler ce trou, il convient au moins d’éviter de le creuser. Donc le chantier pour la dépendance attendra, coincé au point mort.

La priorité est à trouver des ressources et pour cela, on doit bien pouvoir rogner un peu sur les malades. Ou pour être plus précis, encore un peu. Parce que depuis 2007, les déremboursements de médicaments se sont succédées. Sans oublier la franchise médicale. Ni la hausse du forfait hospitalier. Ou l’ajout d’un forfait non remboursé de 18 euros sur les actes hospitaliers.

En effet, le choix du gouvernement consiste à faire payer les malades. Vous me direz, ce sont les consommateurs. Certes, mais il existait d’autres voix. Ainsi, un député UMP avait proposé d’instituer une taxe basé sur le chiffre d’affaires des cigarettiers, soutenu par les députés socialistes. Las ! Le gouvernement comme la majorité ont rejeté cet amendement qui aurait pourtant rapporté 50 millions d’euros à l’Assurance Maladie. Victoire des lobbies…

C’est donc bien vous qui paierez.  Cela prendra la forme de taxes qui seront in fine ponctionnées dans votre porte-monnaie. Tout d’abord, la taxe sur les mutuelles. Comme je l’ai déjà expliqué, cette hausse vise à supprimer l’avantage fiscal –autrement dit « niche fiscale »- dont bénéficiaient jusque là les mutuelles, qui vont donc être plus taxées. Ces structures fonctionnant selon un système mutualiste, d’ù provient leur nom, elles n’ont pas d’autres ressources que les cotisations de leurs épargnants. Qui dit hausse de leur taxe dit donc forcément hausse des cotisations. Combien d’entre vous renonceront en conséquences à s’offrir une mutuelle, ce nouveau produit de luxe ?

Autre projet à l’étude, la réforme des indemnités journalières, que vous touchez lorsque vous êtes en arrêt pour maladie ou accident. Si le gouvernement avait d’abord envisagé une baisse pure et simple des IJ de 6%, le tollé que cette annonce a déclenché a produit un classique rétropédalage. Mais attention au second effet Kiss Cool : c’est maintenant une journée supplémentaire de carence que vise le gouvernement, passant ainsi de 4 jours au lieu des 3 jours actuellement.

En conséquence, beaucoup de personnes malades ne s’arrêteront pas à moins d’être affectées suffisamment gravement pour disposer d’un arrêt de 5 jours consécutifs. A moins, elles en seront de leur poche. Qui peut renoncer à quatre jours de salaire ? Ni les plus démunis, ni les classes moyennes basses. Au niveau sanitaire, c’est un recul : désormais, il faudra aller bosser avec une angine ou la grippe…  Quitte à contaminer vos collègues de travail. Qu’importe, ils viendront bosser aussi.

Pour tous les français sauf les alsaciens et mosellans qui ont leur propre régime… qui constitue une énorme niche qui brise l’égalité mais ça, personne n’envisage d’y toucher. Même s’ils prennent plus d’arrêts maladie que les autres, comme le démontre cette étude de 2011 réalisée par Ben Halima Debrand et Regaert (merci à Ménilmuche pour l’info). Des fois qu’on aurait une révolte à Strasbourg ou Colmar…

Pendant ce temps, déjà 40% des français renoncent à des soins ou les diffèrent, faute de pouvoir les payer. Y compris les titulaires de mutuelles car en plus de payer les cotisations, chacun doit évidemment avancer des frais pour des remboursements souvent longs, notamment en ce qui concerne les examens. De moins en moins de Français peuvent se permettre d’avoir autant de frais dehors, dans l’attente d’un remboursement, qu’il soit partiel ou complet.

C’est dire si notre système de santé modèle en a pris un coup. A force de le démanteler, pas sûr qu’on parvienne à le sauver…

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