Tel est le titre de l’ouvrage d’Olivier Delacroix. Cherchez bien, vous le connaissez. Des dreads blondes, des yeux d’un bleu profond.
Il anime Dans les Yeux d’Olivier, une série de reportages où il va à la rencontre de gens ayant vécu un élément particulièrement fort. Ses rencontres. Dont il a fait un livre, sorti le 28 mai dernier.
Nos chemins sont semés de rencontres. Du Monastère Notre Dame du Pesquié aux témoins qui ont bien voulu se confier à lui, Olivier se raconte. La naissance de l’émission, son état d’esprit, ce qu’il y a apporté, ce qu’elle lui a donné. Ce que tous ses témoins lui ont donné. Cette richesse humaine qui l’a amené à évoluer. Un livre poignant, dont je vais essayer de vous parler.
Essayer uniquement, parce que c’est difficile pour moi : je connais Olivier. Dans une autre vie, nous nous fréquentions à Evreux. J’allais très souvent –et plus que de raison- voir son groupe sur scène, Black Maria, et je fréquentais la même bande de potes, dont j’étais un peu le bébé. Une époque bénie et insouciante, faite de rires et de rock. Sous les yeux d’Olivier.
Parce qu’aussi loin que je me souvienne, il a toujours été là pour me protéger de tous les dangers qui peuvent se présenter aux jeunes adultes. Je le vois encore m’attraper par le col pour me faire monter sur scène parce que derrière moi un mec allait me faire du mal ou menacer d’arrêter le concert parce que les mecs pogotaient un peu trop fort. Il a empêché d’autres choses, aussi. Il a même su me consoler dans une situation qui lui était pourtant difficile. Olivier a toujours été là pour moi. Je l’ai profondément aimé, comme un frère.
J’ai toujours connu quelqu’un de profondément bienveillant et à l’écoute des autres. Pour un peu que l’on gratte au-delà de l’image de star locale. J’avais ce sentiment incroyable que rien ne pouvait m’arriver. Que je pouvais grandir tranquillement, à l’ombre d’Olivier. Hélas, un drame est arrivé. La vie s’est terriblement compliquée. Mais j’ai toujours pu compter sur Olivier. Jusqu’à ce que la géographie nous sépare et que nos vies s’éloignent. Je ne l’ai jamais oublié. Je l’aime toujours autant, mon Olivier. [Et mon Corto, by the way…]
Il a ressurgi dans le petit écran. Des reportages particuliers, d’abord. Les supermarchés de la drogue, puis la série sur France 4. Olivier ne m’a pas étonnée. Une telle âme ne pouvait que produire un programme de qualité. J’ai été frappée de constater à quel point cela lui ressemblait. Dans chaque émission, je voyais celui que j’avais connu. Comme si nous discutions à la table du Café des Arts, de la Biche, du Beffroi…
Puis il y a eu France 2 et la notoriété. Tout à coup, tout le monde a connu mon Olivier. Qui ne m’appartient pas, évidemment. Ça fait bizarre d’entendre parler d’un pote à la machine à café. Sentiment étrange de fierté et d’envie de le garder pour soi. Autour de moi, les gens me conseillaient de regarder cette formidable émission. Même ma mère. Sa tête quand je lui ai dit que cet Olivier était le chanteur de Black Maria dont elle avait tant craint qu’il soit un loubard d’une influence dangereuse pour sa fille quelques années auparavant. Ce que j’ai ri.
Enfin, il y a eu ce livre. J’avais su par ouïe dire qu’Olivier avait connu des drames personnels. J’aurais voulu ne jamais les lire. Ça m’a déchiré le cœur parce que jamais personne ne devrait vivre cela. Mais j’ai aimé lire son livre. J’ai profondément apprécié cette introspection, ce questionnement sur lui-même autour des rencontres qu’il a faites grâce à l’émission. Il évoque énormément les histoires souvent difficiles de ces gens simples, comme vous et moi, que la vie a placé un jour devant des épreuves.
On ne reste pas indifférent aux progrès de l’autiste Luigi, sur les agressions vécues par Jessica et Charlotte parce qu’elles sont lesbiennes, face à la manière dont David affronte sa schizophrénie… Toutes ces histoires méritaient d’être racontées. Toutes ces histoires nous touchent et modifient notre perception de la société. Fatalement, l’impact ne peut être qu’encore plus important sur celui qui discute avec ces témoins, face à la caméra. Par le lien qu’il crée.
Tous nos chemins sont semés de rencontres est un magnifique hommage à ces personnes extraordinaires, parce qu’elles ont su affronter leur réalité, se surpasser, surmonter des drames, se battre, pour vivre et retrouver la sérénité. C’est aussi le regard d’un homme sur ce qu’il était avant cette émission et est devenu au contact de ces gens. Un ouvrage que je ne peux que vous recommander : il est toujours bon de prendre une bonne dose d’humanité.
ça me donne envie de le lire. bisous
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