Plongée en Rase Campagne

9782709659598-001-xHasard ou coïncidence, c’est au moment où Alain Juppé prend la parole pour annoncer qu’il ne sera (toujours) pas candidat à cette présidentielle folle que j’écris ces lignes.

Toujours pas remise des 20 et 27 novembre 2016 et du #PenelopeGate. Deux jours après, aussi, une table ronde passionnante sur l’émotion et la décision en politique à laquelle participait justement Gilles Boyer.

Emotion qui me submerge à l’heure où le Patron renonce et où je ressens un double sentiment contradictoire : l’immense fierté de mes 15 ans de petit militantisme, faits de loyauté et de fidélité à Alain Juppé, mêlée à la tristesse de constater une fois de plus la hauteur de vue de cet homme d’Etat dont la France a besoin et dont la droite ne veut pas. Regrets éternels pour la France que de la savoir ainsi privée de son meilleur atout.

Emotion qui m’a submergée aussi à la lecture de Rase Campagne, de Gilles Boyer*, qui raconte les deux années durant lesquelles l’auteur a dirigé la campagne d’Alain Juppé pour la primaire de la droite. Primaire perdue, donc. Juppéiste Canal Historique (hystérique ?) tendance #SansJuppeOnEstAPoil, j’avais toutes les raisons de me jeter sur Rase Campagne. Parce que j’ai participé à cette campagne de l’intérieur et de l’extérieur mais surtout, parce que j’aime profondément Gilles Boyer. Etrange sensation de découvrir qu’en fait, c’est son propre livre qui explique le mieux pourquoi.

20 août 2014. Alain Juppé se déclare candidat à la primaire. 27 mois plus tard, il la perd. Entre les deux, Gilles Boyer dirige la campagne. En temps que collaborateur « le moins éloigné » du Patron, il a la charge de le faire gagner. Mais il perdra. Comment ? Pourquoi ? Autant de questions que se posent l’auteur dans ce livre.

L’intérêt de l’ouvrage réside en trois points. D’abord, c’est un retour de l’intérieur sur une aventure hors norme. Qu’un directeur de campagne perdant se livre à une autopsie chirurgicale d’une défaite politique quelques jours à peine après le résultat mérite que l’on s’y attarde tant c’est exceptionnel. Réaliser cette analyse à froid alors que le résultat est encore chaud témoigne en outre de l’exceptionnel capacité de Gilles Boyer à prendre de la distance par rapport aux événements. Une qualité essentielle dans son métier de conseiller. Inconsciemment, il démontre qu’il était l’homme de la situation.

Comment peut-il alors croire une seconde être responsable de la défaite ? L’homme est humble et sait prendre sa part de responsabilité. Ne cherchons pas là d’explications psychanalytiques de comptoir : c’est dans l’ADN juppéiste que d’adopter de tels comportements. Chez les vrais, il s’entend. Pour autant, est-il coupable ? Bien sûr que non. Et bien qu’il prenne dans Rase Campagne sa part de responsabilité, il y a bien trop de paramètres sur lesquels il n’avait aucune prise pour porter cet échec et accessoirement, il n’était pas non plus tout seul dans le bateau. D’où la question qui le taraude : au fond, son métier est-il encore utile ? Bien sûr qu’il l’est.

Ensuite, quiconque s’intéresse à la politique aura pu remarquer que 2017 est une année électoralement folle. Plus rien n’est certain. Les techniques de gestion de campagne sont en train de changer. Gilles Boyer explique précisément que tout ce qu’il sait de son métier est désormais dépassé, que le logiciel a changé. Que tous ses repères ont disparu et qu’il va falloir en trouver de nouveaux pour répondre à l’attente des Français, qui a évolué. Il se sert de cet argument pour se mettre hors-jeu mais c’est bien sûr un artifice que ne renierait pas un renard des surfaces.

Parce que l’homme vit, boit, mange, respire et dort (parfois) politique. C’est son monde. A la fois sa respiration et l’amour de sa vie. Celui vers lequel, en dépit de quelques infidélités, il reviendra toujours. Une drogue dure dont on croit pouvoir se passer pour toujours y replonger. Aussi, si Gilles Boyer quitte le monde des apparatchiks, il reste bel et bien en politique et tentera d’être transféré au FC Députés dès le prochain mercato, puisqu’il sera candidat aux législatives dans la 8ème circonscription des Hauts-de-Seine. M’est avis qu’il ne restera pas sur le banc de touche…

Enfin, c’est un livre profondément humain. L’auteur se raconte et raconte son métier avec une pudeur, une affection et une justesse qui ne peut que toucher. L’homme est pétri de principes aussi l’ouvrage est toujours correct : il ne balance pas, il raconte. Ses propres turpitudes. Ses propres tourments. Dans Rase Campagne, Gilles Boyer parvient à trouver le ton juste, à bonne distance, pour raconter sa campagne tellement mieux que ceux qui ont parfois tenté de le décoder, sans jamais y arriver.

L’homme est aussi à mourir de rire : de ce côté là, Rase Campagne n’est pas en reste et fait le plein d’autodérision et de drôlerie, notamment avec ses hilarantes notes de bas de page. Il sait aussi décocher quelques flèches, très subtilement, sans jamais oublier de s’en tirer quelques-unes.

Pour toutes ces raisons, Rase Campagne est un must-read pour tous les passionnés de politique mais aussi pour ceux qui n’y connaissent rien et qui découvriront ce monde décrit avec une profonde affection par son meilleur amant. Au final, ce livre est à l’image de Gilles Boyer : très bien écrit, distancié, honnête, pudique, attachant. A ne manquer sous aucun prétexte.

*Gilles Boyer est également auteur de Un Monde pour Stella (2015), un roman passionnant sur l’avenir de notre planète, et coauteur avec Edouard Philippe de deux polars géniaux se déroulant dans l’univers politique, Dans l’Ombre (2011) et L’Heure de Vérité (2007) et auquel devrait succéder un tome 3 à une date de plus en plus hypothétique, en dépit de mes pressions répétées, ce qui démontre mon haut degré d’influence sur les auteurs.

Un monde pour Stella : et l’Homme dans tout ça ?

UnMondePourStellaMa première rencontre avec Un monde pour Stella remonte à 2012. Je rencontre pour la première fois Gilles Boyer, dont j’ai adoré les deux premiers romans écrits en duo avec Edouard Philippe : l’Heure de Vérité (2007) et Dans l’Ombre (2011).

Assis à une table de ce café parisien, il tapote sur son Mac. Il travaille à ce nouvel ouvrage, seul cette fois. D’emblée, il m’annonce que ce sera très différent. Ce roman, c’est Un monde pour Stella.

2014. Gilles Boyer m’a promis qu’après les municipales, lui et Edouard Philippe se remettront à écrire la suite des aventures de Winston qu’il avoue constituer une trilogie. Mais le 20 août, je comprends qu’il n’en sera rien à l’instant même où Alain Juppé déclare sa candidature à la primaire de la droite et du centre. Eh merde, Winston prend 7 ans en pleine face. Et pourtant dès le déjeuner, je fais comme tous les juppéistes un peu éclairés : je participe aux Auditeurs ont la parole, sur RTL, pour dire tout le bien que je pense de la décision de Juppé. Je parle encore un peu à Gilles ou Edouard de Winston mais pour rire : en réalité, on est déjà tous au travail pour la campagne.

2015. A la fin de l’été, les infos se font plus précises sur la sortie d’Un monde pour Stella. Ce sera le 7 octobre. La veille, tout ce que Gilles compte d’amis et de juppéistes plus ou moins sincères se presse dans la librairie Gallimard pour booster les ventes, lécher le cul du directeur de campagne du peut-être futur président, le soutenir et le féliciter. J’en suis mais je ne m’éternise pas : un parasite me fait fuir et puis je n’ai pas encore lu l’ouvrage.

A ce stade, je ne peux pas décemment lui dire quoi que ce soit, donc autant me taire. J’ai besoin de le lire pour savoir si je vais aimer. Et ça n’est pas gagné : je ne connais rien à l’environnement, qui se résume pour moi à trier péniblement mes déchets que d’autres jetteront au milieu de l’océan pour former un continent de plastique. Je ne m’en fiche pas, mais je me sens impuissante, ce qui m’éloigne de ce sujet.

8 octobre 2015, 12h. Installée dans la salle d’attente du médecin, j’attends mon tour. Il y a quelques minutes, en ouvrant la boîte aux lettres, j’y ai trouvé Un monde pour Stella. Je l’ai serré bien fort, sachant que j’allais entamer la lecture dès les instants suivants. Il est temps.

Qu’est ce qui pourrait sauver la Terre ? Voilà une question que l’Homme prétend se poser depuis un paquet d’années sans pour autant concrétiser les idées qui ont pu émerger. Cette fois, les politiques ont décidé d’unir leurs efforts pour changer le monde et c’est Esther qu’ils ont mandatée pour définir les actions à mener.

11 octobre 2015, 19h. Je viens de terminer Un monde pour Stella. D’abord circonspecte, j’ai dévoré ce bouquin. Chaque chapitre, chaque ligne, chaque pensée : telle une éponge, je m’en suis imprégnée. J’ai un temps pensé à lancer un mouvement apolitique visant à faire élire Gilles Boyer président du monde, puis j’ai ri : Un monde pour Stella n’est pas un livre-programme de prescriptions pour guérir la planète. C’est bien plus profond que cela.

Un monde pour Stella est une réflexion sur l’Homme et son environnement. Parasite pour la Terre qui l’a fait naître, l’Homme est au centre de toutes les questions environnementales. Il dispose de toutes les solutions écologiques, économiques et sociales, mais est-il capable de les mettre en œuvre ? A en payer le prix ? Et quel prix ? Le prix nécessaire ou le plus brutal ?

Cet ouvrage passionnant aborde toutes ces questions. Certains trouveront peut-être certaines explications scientifiques trop longues. Pas moi : étant véritablement documentées, elles ont permis à l’absolue néophyte que je suis de comprendre les enjeux pour mieux réfléchir à la vraie question centrale du livre : l’Homme, mis à nu, dans toute sa complexité mais aussi dans ce qu’il a de plus animal.

Un monde pour Stella : un livre à lire d’urgence et à réfléchir en même temps, histoire d’apprécier au mieux -ou pas- la Cop 21, qui se tiendra à Paris dans quelques semaines. Avec une idée en tête : si l’on n’y prenait garde, cette histoire pourrait être la nôtre.

Nos chemins sont semés de rencontres

IMG_3768Tel est le titre de l’ouvrage d’Olivier Delacroix. Cherchez bien, vous le connaissez. Des dreads blondes, des yeux d’un bleu profond.

Il anime Dans les Yeux d’Olivier, une série de reportages où il va à la rencontre de gens ayant vécu un élément particulièrement fort. Ses rencontres. Dont il a fait un livre, sorti le 28 mai dernier.

Nos chemins sont semés de rencontres. Du Monastère Notre Dame du Pesquié aux témoins qui ont bien voulu se confier à lui, Olivier se raconte. La naissance de l’émission, son état d’esprit, ce qu’il y a apporté, ce qu’elle lui a donné. Ce que tous ses témoins lui ont donné. Cette richesse humaine qui l’a amené à évoluer. Un livre poignant, dont je vais essayer de vous parler.

Essayer uniquement, parce que c’est difficile pour moi : je connais Olivier. Dans une autre vie, nous nous fréquentions à Evreux. J’allais très souvent –et plus que de raison- voir son groupe sur scène, Black Maria, et je fréquentais la même bande de potes, dont j’étais un peu le bébé. Une époque bénie et insouciante, faite de rires et de rock. Sous les yeux d’Olivier.

Parce qu’aussi loin que je me souvienne, il a toujours été là pour me protéger de tous les dangers qui peuvent se présenter aux jeunes adultes. Je le vois encore m’attraper par le col pour me faire monter sur scène parce que derrière moi un mec allait me faire du mal ou menacer d’arrêter le concert parce que les mecs pogotaient un peu trop fort. Il a empêché d’autres choses, aussi. Il a même su me consoler dans une situation qui lui était pourtant difficile. Olivier a toujours été là pour moi. Je l’ai profondément aimé, comme un frère.

J’ai toujours connu quelqu’un de profondément bienveillant et à l’écoute des autres. Pour un peu que l’on gratte au-delà de l’image de star locale. J’avais ce sentiment incroyable que rien ne pouvait m’arriver. Que je pouvais grandir tranquillement, à l’ombre d’Olivier. Hélas, un drame est arrivé. La vie s’est terriblement compliquée. Mais j’ai toujours pu compter sur Olivier. Jusqu’à ce que la géographie nous sépare et que nos vies s’éloignent. Je ne l’ai jamais oublié. Je l’aime toujours autant, mon Olivier. [Et mon Corto, by the way…]

Il a ressurgi dans le petit écran. Des reportages particuliers, d’abord. Les supermarchés de la drogue, puis la série sur France 4. Olivier ne m’a pas étonnée. Une telle âme ne pouvait que produire un programme de qualité. J’ai été frappée de constater à quel point cela lui ressemblait. Dans chaque émission, je voyais celui que j’avais connu. Comme si nous discutions à la table du Café des Arts, de la Biche, du  Beffroi…

Puis il y a eu France 2 et la notoriété. Tout à coup, tout le monde a connu mon Olivier. Qui ne m’appartient pas, évidemment. Ça fait bizarre d’entendre parler d’un pote à la machine à café. Sentiment étrange de fierté et d’envie de le garder pour soi. Autour de moi, les gens me conseillaient de regarder cette formidable émission. Même ma mère. Sa tête quand je lui ai dit que cet Olivier était le chanteur de Black Maria dont elle avait tant craint qu’il soit un loubard d’une influence dangereuse pour sa fille quelques années auparavant. Ce que j’ai ri.

Enfin, il y a eu ce livre. J’avais su par ouïe dire qu’Olivier avait connu des drames personnels. J’aurais voulu ne jamais les lire. Ça m’a déchiré le cœur parce que jamais personne ne devrait vivre cela. Mais j’ai aimé lire son livre. J’ai profondément apprécié cette introspection, ce questionnement sur lui-même autour des rencontres qu’il a faites grâce à l’émission. Il évoque énormément les histoires souvent difficiles de ces gens simples, comme vous et moi, que la vie a placé un jour devant des épreuves.

On ne reste pas indifférent aux progrès de l’autiste Luigi, sur les agressions vécues par Jessica et Charlotte parce qu’elles sont lesbiennes, face à la manière dont David affronte sa schizophrénie… Toutes ces histoires méritaient d’être racontées. Toutes ces histoires nous touchent et modifient notre perception de la société. Fatalement, l’impact ne peut être qu’encore plus important sur celui qui discute avec ces témoins, face à la caméra. Par le lien qu’il crée.

Tous nos chemins sont semés de rencontres est un magnifique hommage à ces personnes extraordinaires, parce qu’elles ont su affronter leur réalité, se surpasser, surmonter des drames, se battre, pour vivre et retrouver la sérénité. C’est aussi le regard d’un homme sur ce qu’il était avant cette émission et est devenu au contact de ces gens. Un ouvrage que je ne peux que vous recommander : il est toujours bon de prendre une bonne dose d’humanité.

Il Numero Uno est un homme comme les autres

Numero1Emue. Ce livre m’a émue.

Admiratrice du plus grand gardien du monde, j’avais acheté Il Numéro Uno pendant l’Euro 2012, alors que j’avais commencé à apprendre très doucement l’italien. Comme motivation. Comme un but. Je me disais que le jour où je parviendrais à le lire, je serais très fière de moi.

Jusque-là, je m’intéressais au sportif. Ce gardien incroyable, reconnu comme le meilleur du monde, a la longévité exceptionnelle et au palmarès fort riche. Celui-là même qui, un soir de juillet 2006, arrêta d’une claquette sortie de nulle part la tête de Zidane que tout le monde voyait au fond. Un athlète hors norme devenu au fil du temps un symbole de l’Italie.

Mon italien progressant, j’ai découvert peu à peu ses écrits. Ces mots jetés en pâture sur son mur Facebook, depuis rassemblées sur son site internet. Ces paroles fortes, destinés à galvaniser les supporters ou à rendre hommage, ou encore à évoquer tel ou tel match. Certains de ces textes m’ont marquée.

Celui sur Auschwitz, bien loin de l’image du « nazista » qu’avait pu en faire la presse au début des années 2000. Non que ce texte soit brillant d’un point de vue artistique. Mais il a touché juste parce que j’ai à peu près les mêmes souvenirs que Buffon. Ceux de l’Euro 2012, dont celui du lendemain de la qualification pour la phase finale,  évoquant le fait de se battre toujours jusqu’au bout, de tout donner, mais aussi l’Italie, son Italie fantasmée. Ou encore son message poignant au lendemain de la finale perdue, fixant rendez-vous pour le Mondial 2014 qu’il annonçait entendre jouer, et remerciant ses coéquipiers.

Qu’on se comprenne bien : Buffon n’est pas un auteur. Buffon est un leader. Un homme capable d’entraîner des gens derrière lui par la seule force de ses propos. Un capitaine. Celui de la Juventus. Et de l’équipe d’Italie.

Depuis l’été 2012, j’ai tenté de nombreuses fois de lire cette biographie, avant de chaque fois la délaisser faute d’avoir le niveau de langue suffisant.  Au printemps 2013, j’ai pourtant lu sans grande difficultés la biographie d’Andrea Pirlo. Mais je bloquais toujours sur celle de Buffon. Jusqu’à Noël, où je m’en suis lancé le défi : je voulais savoir qui se cachait derrière celui pour qui j’avais ardemment agité uno striscione dans le stade de San Siro pendant Italie-Allemagne. Qui était l’homme derrière le footballeur ? Il était temps que je sache.

Que d’émotions… Dès le premier chapitre, Buffon se livre. Et fait une révélation importante : de fin 2003 à mi-2004, pendant six mois, il a souffert de dépression. Lui, le champion du monde adulé par tout un pays et bien au-delà des frontières de l’Italie, a connu cette maladie invisible tant décriée par ceux qui ne l’ont pas vécue. Derrière le génie, il y a donc bien un homme.  Lui s’en est sorti, ce ne sera hélas pas le cas de son collègue allemand Robert Enke, grand espoir du foot allemand, qui se jettera sous un train en 2009. Un épisode qui marquera beaucoup Buffon et l’incitera à revenir sur sa propre dépression.

De ses très jeunes années chez ses oncles et tantes dans le Friul à sa vie familiale à Marina di Carrara, de ses débuts à Parma à son arrivée à la Juventus, de ses dimanches avec les ultras au soir du 9 juillet 2006, de sa rencontre avec Alena Seredova à sa paternité, Gianluigi Buffon se raconte avec un unique fil conducteur : les valeurs qui l’ont aidé à se construire et qu’il entend transmettre à son tour.

Oh bien sûr, l’homme n’est pas sans failles, et il a quelques bêtises à son actif. Comme avoir commencé à fumer à 14 ans, obtenu un faux bac, et été menacé d’une plainte finalement retirée pour avoir pissé sur une voiture alors qu’il était ado. Il traîne également derrière lui une réputation quelque peu sulfureuse, étant régulièrement accusé de sympathiser avec l’extrême droite.

Hum. Il s’en défend extrêmement bien lui-même. Non, tous les jeunes italiens ne savent pas ce que signifie « Boi chi molla » et non, tout le monde ne sait pas que le numéro 88 est considéré comme le symbole du « Heil Hitler ». Moi-même je ne le savais pas. Pourquoi un joueur de foot qui n’a pas son bac le saurait mieux que moi ? Parce qu’il est célèbre ? Au lieu de préjuger de ses opinons politiques, le mieux est encore d’aller directement à la source, et de lire, par exemple, cette lettre à Mario Monti.

Le même gamin, pourtant séparé très tôt de sa famille –et donc soumis à toutes les tentations-, a refusé de gober de l’ecstasy, et dès ses 13 ans, a trouvé injuste le sort « de série B » réservé aux équipes africaines pendant le mondiale. Fan du gardien camerounais Thomas N’Kono et admiratif de Nelson Mandela, avouez qu’on fait plus raciste. Mais là où Gigi Buffon est vraiment touchant, c’est dans sa sincérité à faire son introspection. Comme lorsqu’il regrette de ne pas avoir son bac et souhaiter l’obtenir, pour montrer à ses enfants l’importance d’avoir un diplôme.

Les amoureux du foot aimeront lire ses dimanches dans la curva ou ses anecdotes sur la coupe du monde et son compagnon de chambrée Gattuso, ou encore tout savoir de la Juve et de comment il vécut la descente en Serie B. Ses détracteurs utiliseront le livre pour pointer ses faiblesses, comme son amour du jeu qui le mêla trop souvent au scandale des paris truqués, ou son ambition débordante qui le fit parfois manquer d’humilité. Moi, je préfère retenir l’homme qui sait reconnaître ses erreurs, certains excès, et retenir les leçons pour devenir mature et se construire en homme, mari et père. Tout en restant le meilleur gardien du monde.

Après avoir lu ce livre, je suis surtout fière de lui. Fière de la manière dont ce petit garçon de Carrara s’est construit pour devenir non seulement le plus grand gardien du monde, mais surtout pour grandir et passer de l’insouciance de l’adolescence aux responsabilités d’homme. Fière que le capitaine de la Juventus et de l’Italie, ce soit lui.

Rome Antique (1)

Mardi 7 août. C’est parti pour la première journée de ce périple de trois jours et demi dans Rome. Aujourd’hui, la Rome Antique, première partie !

08h30. Petit déjeuner. Pas terrible. Les croissants locaux made by Mercure sont juste infects. Le pain est moyen, seule la confiture est acceptable. Pêches en conserve, un peu de melon. Un jus d’orange qui doit être du Tropicana. Quelques mini-muffins industriellement parfumés à la vanille. Et un café. Caffèèèèèèè !

Une heure plus tard, je quitte l’hôtel. Direction le Colisée, à 200 mètres à pied, pour acheter dans une petite guérite située à ses pieds les titres de transports qui me seront nécessaire tout au long de ce voyage, et notamment le Roma Pass.

Touriste, si tu restes au moins 3 jours, cette carte est ta nouvelle meilleure amie. Pour 30 euros, tu peux voyager gratuitement dans Rome (bus et métro) et bénéficier de deux visites gratuites parmi celles proposées dans la liste.

Si tu es malin –et tu l’es- tu choisis les deux les plus chères. Ainsi, avec deux visites à 12 €, la carte de transport pour 3 jours te revient à 6 €. Le billet pour une journée, lui, coûte 4 €. C’est donc très économique. Mais là n’est pas le seul avantage du Roma Pass. Ce qui lui vaut tout l’amour des touristes, c’est sa qualité de « coupe-file », qui permet de griller tout le monde à l’entrée des monuments les plus visités. Dont le Colisée.

Le sport principal à Rome consiste à attendre le bus, qui passe un peu quand il veut. On peut l’attendre très longtemps, et en voir deux ou trois arriver en même temps. La légende locale veut que les retards soient liés au souhait des chauffeurs de terminer leurs parties de cartes… ce qui explique du coup les bus arrivant en même temps.

D’ailleurs, à Rome, il n’y a pas d’horaires aux arrêts. Juste de grands panneaux recensant la liste des arrêts par ligne. Autre spécificité locale : les arrêts portent souvent le nom des rues, et le parcours de la ligne indique combien il y a d’arrêts dans cette rue. Oui, vous pouvez avoir trois arrêts qui portent le même nom : à vous de savoir lequel est le bon ! Si vous vous trompez, ça n’est pas très grave : à Rome, tout est à proximité, vous n’aurez donc pas beaucoup à marcher.

Première visite, les forums impériaux dont le plus grand, le forum de Trajan et la célèbre Colonne Trajane.

Si les bâtiments sont plutôt bien conservés, il ne reste plus grand chose de la place. Heureusement le livret de la Rome Antique permet de se faire une idée pour imaginer à quoi pouvait ressembler ce haut lieu de la vie romaine, extension du Forum Impérial.

Sur la gauche du Forum de Trajan, juste derrière les forums de César et d’Auguste, se trouve Il Vittoriano.

Situé sur la Piazza Venezzia, cet édifice imposant de marbre blanc, ressemblant à une machine à écrire, a été érigé en 1885 pour célébrer l’Italie unifiée et rendre hommage à son premier roi, Victor-Emmanuel II. Egalement connu sous le nom d’Altare della Patria (Autel de la Patrie), il est adulé par les uns, et détesté par les autres. Outre une gigantesque statue du souverain, on peut y voir la tombe du soldat inconnu, sur le haut du bâtiment, entre les deux statues de Victoria conduisant un quadrige.

Après avoir fait le tour du bâtiment, j’accède au Capitole par le côté droit du Vittoriano. Sur le flanc de la colline se trouvent les vestiges de l’Insula dell’Ara Coeli.

Découverts en 1926 au pied du Capitole, ces restes de l’insula Romana sont l’unique exemple d’habitations plébéiennes collectives restant de l’Empire.

J’en fais le tour pour accéder au Capitole.  Au pied de la colline, de chaque côté de la Cordonota, l’escalier qui monte depuis la piazza d’Aracoeli, deux lions crachent l’eau de leur fontaine.

En haut des marches, la piazza del Campigliano, dessinée par Michel-Ange, est bordée par trois palais : le Palazzo Nuovo à gauche, le Palazzo dei Conservatori à droite, et le Palazzo Senatorio tout droit. Les Musées du Capitole ont été aménagés dans les deux premiers, qui se font face. Dans le troisième siège le Conseil Municipal. Au centre trône la copie de la statue de Marc-Aurèle, dont l’original est exposé dans le musée du Capitole.

La visite du Musée du Capitole me déçoit. Hormis la louve capitoline et la statue équestre de Marc-Aurèle (datant du IIème siècle), peu de pièces sont vraiment intéressantes.

Les peintures ne valent pas le détour –tout juste deux petits Le Caravage- et j’avoue ne pas être du tout fan des bibelots. Finalement, seules les antiquités de la cour justifient le déplacement, notamment les fragments de l’immense statue de Constantin, haute de 12 m, qui ornaient la basilique de Maxence sur le Forum.

La véritable surprise de la visite, c’est l’exposition temporaire Lux in Arcana, les archives secrètes du Vatican.

Créée pour le quatrième centenaire de la fondation des Archives Secrètes du Vatican, elle propose aux visiteurs de découvrir 100 documents originaux et précieux jusqu’à présent conservées dans les près de 85 km linéaires des Archives Secrètes Vaticanes.

Une mine de trésors ! L’exposition me laissera un seul regret : les photos étant interdites, j’aurais aimé pouvoir disposer du catalogue. Hélas, il n’était disponible qu’en italien et en anglais. Etant donné la qualité des pièces présentées, il est dommage de ne pouvoir disposer de cet outil dans plusieurs langues.

Les visites terminées, j’ai poursuivi mes pérégrinations sur la colline du Capitole, à travers les ruelles et les jardins.

Il est midi et la canicule fait rage sur Rome : pas moins de 38° à l’ombre. En 2h, dont une dans le frais d’un musée, j’ai déjà avalé 1 litre d’eau.

Heureusement, la société civile distribue des bouteilles d’eau gratuites aux touristes, qui les conservent pour les remplir ensuite aux fontaines de Rome.

 

Sur le côté droit de la place, il est possible d’accéder gratuitement à la terrasse du Musée du Capitole par une entrée indépendante située sur le Piazzale Caffarelli.

Cette sympathique terrasse offre un joli panorama sur la ville, ses coupoles et ses toits. C’est également là que se trouve le Caffè Capitolino. Je choisis d’y déjeuner sur le pouce d’une pizzetta rossa à la pâte bien trop grasse (3 €) et d’une bouteille d’eau 50 cl bien trop chère (1,5 €). Ce déjeuner sur le pouce reste tout de même peu onéreux pour un musée (4,5 €), malgré son aspect trop industriel.

Hélas, il est impossible de descendre la colline du Capitole via ses jardins, fermés au public. Contournant le Capitole par sa droite, je descends alors la via di Teatro di Marcello, tout en observant les quelques ruines encore visibles sur le Capitole.

Je passe alors devant le Teatro di Marcello, dont l’architecture fait penser à un petit Colisée.

Construit sur le Champ de Mars à Rome, le théâtre fut commencé sous Jules César et terminé sous Auguste. C’est le plus ancien théâtre en pierre de Rome qui ait subsisté. Dédié au neveu d’Auguste Marcellus, il était formé de trois étages et pouvait contenir environ 13 000 spectateurs. Il reste une grande partie de l’édifice, car il fut utilisé comme palais au Moyen Âge : le palazzo dei Savelli domine les deux premiers étages d’arcades antiques.

Cette avenue débouche sur la piazza della Bocca della Verita, où se trouve le Forum Boarium et la chiesa Santa Maria in Cosmedin.

Pour accéder à la célèbre Bocca della Verità, qui se refermerait sur la main des menteurs, il faut patienter : pas moins d’une heure de queue !

Tour à tour, chacun met 0,5 € dans le nourrain, puis pose en mettant sa main dans la sculpture.

Une fois dans la basilique Sainte Marie in Cosmedin, je visite la crypte d’Hadrien –je vous déconseille d’y aller sans vous être renseigné avant sur cette crypte, vous pourriez avoir juste l’impression de visiter une vieille cave.

Puis je découvre  la basilique, qui renferme de magnifiques fresques, dont l’une représente l’épiphanie.

En sortant de la basilique, je prends la rue située à gauche, qui me permet de remonter jusqu’au Circo Massimo.

Ce grand pré elliptique, situé au pied du Palatin, servait autrefois aux courses de char. Le pré de Ben Hur, en somme !

S’il n’en reste qu’un peu d’herbe, les reconstitutions permettent de réaliser la grandeur de cet espace, qui pouvait accueillir jusqu’à 150 000 spectateur.

En théorie, j’aurais du visiter ensuite le Palatin voisin, le Forum et le Colisée. Ravagée par la chaleur -j’en viens à bénir l’eau chaude- je remets ces visites au lendemain. Faute de bus, c’est à pied que je rentre à pied l’hôtel après avoir bu un nouveau litre d’eau.

C’est le moment idéal pour profiter de l’air de la terrasse – la mer n’est qu’à une trentaine de kilomètres- et de la piscine, avec vue sur le Colisée.

Chauffée uniquement par le soleil, l’eau est un peu fraîche, mais quel cadre !

En début de soirée, je sors de nouveau dans les rues de Rome, pour dîner. Je choisis au hasard de m’arrêter chez Naumachia, un petit bar à vins situé Via Ostilia, à proximité du Colisée.

Ce premier dîner, composé d’un beignet de fleur de courgette, d’une bruschetta al pomodoro (pain frotté à l’ail et huile d’olive agrémenté d’une salade de tomates parfaitement assaisonnée au basilic), d’une pizza roquette, jambon de parme, tomates cerise et d’un coca, ne me coûte que 14,5 €.

En sortant du restaurant, sur le chemin de l’hôtel, je cède à la tradition de la glace italienne –la vraie, pas celle qui sort d’une horrible machine- pour déguster une grosse glace pistaccio/caffè (5 €) dans une vraie gelateria.

La dolce vita !