SarkoShow, Acte III : Je suis le candidat qu’il vous faut

Après avoir sauvé l’Europe et bientôt le monde, puis la France, il était assez logique que Sarko songe à tirer les fruits de son dur labeur, et face enfin son autopromo, de manière plus claire. Afin que chacun comprenne qu’il sera bien candidat, et qu’en fait il l’est déjà. Sauf qu’il ne veut pas le dire.

Donc pour faire patienter, il indique que ce n’est pas le moment de se poser la question de savoir s’il doit redevenir président ou pas : « Quand nous avons fait la réforme des retraites, tout le monde m’est tombé dessus, les syndicats, l’opposition (…) Moi je m’en moque de savoir si je vais être réélu » Attention lecteur, il ne se pose pas la question parce que c’est évident : Sarkozy est bien plus candidat que président, et ce en permanence ! Tout ceci me fait penser à Zéro Janvier, le businessman-qui-a-le-blues de Starmania, dont le slogan était, dans cette comédie musicale, « Zéro c’est l’homme qu’il vous faut ». Zéro, oui, c’est bien ça. D’ailleurs j’aimerais bien savoir si Sarko aussi aurait voulu être un artiste. Et voir ses œuvres en poterie et macramé. Just sayin’.

Et d’ailleurs il se lance immédiatement dans son tube du quinquennat matraqué à longueur d’éléments de langages de #QAG –Questions au Gouvernement- en plateaux télés, à savoir une diatribe anti-PS –parce que même si le PS n’a pas gouverné depuis 10 ans, c’est toujours la faute du PS- en martelant en boucle son discours sur les retraites : « Cette réforme des retraites a protégé la France et les Français. La Grèce, l’Italie, l’Espagne n’ont pas fait de réforme des retraites ». Parce que lui est responsable, il fait les réformes…Réformettes. Faut pas déconner. Mais il est mieux que tout les autres et grâce à lui la France est au top. Bon, pour avoir le comparatif avec les autres systèmes européens, c’est sur l’Observatoire des Retraites. Reste que tout ça sent toutefois le vieux disque rayé : il fait souvent le coup des retraites lors de ses déplacements en province.

Sauf que d’une part, la Grèce n’est pas dans une telle situation juste parce qu’elle n’a pas fait la réforme des retraites –ça, c’est un raccourci vraiment moisi…- et d’autre part, le Sarko qui annonce qu’en France il n’y a eu ni baisse des salaires ni des pensions de retraites est le même qui laisse son gouvernement préparer un décret prévoyant la baisse des indemnités journalières de maladie. Certains vont donc bien voir leurs revenus diminuer, et pas n’importe qui : ceux qui sont en difficulté.

Le tout par décret, sans passer par ces curieux petits bonhommes qui s’agitent dans un, pardon deux hémicycles dont l’un dirigés par de dangereux gauchistes, ils pourraient amender l’article du PLFSS dans lequel cette disposition aurait du se trouver vu qu’il est en ce moment à l’étude à l’Assemblée. Du coup le gouvernement va passer par décret et ni vu, ni connu, ce sera adopté à l’unanimité du signataire, le président de la République ou le Premier Ministre. Franchement, y’a pas de quoi se vanter.

Mais mes aïeux, vous n’avez encore rien vu. Alors que notre bon mètre veut évoquer la stratégie de dumping de certains pays émergeants, on nage vraiment dans le show télé, avec cette référence à la série télévisé les Borgia : « Depuis 30 ans, les grands pays émergents, Inde, Brésil, Afrique du sud, Mexique, ils ont des bouches à nourrir, ils ont envie de progrès ». Les Borgia. Au XVème siècle, en Italie. Avec en option, la petite touche mini bling-bling qui nous apprend que notre bon mètre a Canal + puisqu’il regarde cette série. Bon, on n’est plus dans la Rolex, mais ça reste un peu tape à l’œil, le chef de l’Etat qui se la joue avec son accès au pay-per-view… Dis, tu ne veux pas me passer tes codes Foot + ? Nan parce que pour mes articles sur le PSG, je rame à trouver des streaming potables…

Sarkozy multiplie les allusions aux échecs des précédents gouvernements socialistes, avec pour leitmotiv le bilan désastreux des 35 heures : « Il faut accepter de prendre les mesures courageuses nécessaires… à partir du moment où on vit plus longtemps il faut cotiser plus longtemps pour sa retraite… (…) l’affaire des 35 heures a été une folie payée par les ouvriers et les salariés les moins formés… (…) y’a eu une délocalisation et une pression supplémentaire sur les salaires, ça a été une catastrophe sociale ».

Euh… N’ont-elles pas été démantelées ? A part dans certaines structures, elles ne sont plus en vigueur. Et la loi TEPA, sa grande loi, a tout de même servi à mettre en place les heures supplémentaires… achevant ainsi d’enterrer les 35 heures. Aussi, il serait peut-être temps de changer de disque. Ou alors de constater que les dispositifs qu’il a mis en place pour les enrayer ont échoué. Eh ouais. Faut rester cohérent.

Peu importe, de toutes façons, c’est la faute des socialistes. Et sur ce sujet, notre bon mètre attaque grassement : « C’est pas mon genre de dire que c’est la faute des autres, je prends mes responsabilités, mais je n’étais pas ministre en 1983… ». Sarko, toujours autant rat de caniveau, tout ceci manque de hauteur… Mais la fin justifie les moyens. Parce que le socialiste, voyez-vous, Sarko aimerait bien l’éliminer au premier tour. Histoire d’affronter Marine et qu’on soit obligés de se foutre une pince à linge –ou le panier de pinces tout entier- sur le nez pour aller voter. Ce serait bien pratique…

Et donc, il martèle sa vision manichéenne du bien et du mal, ou plutôt du travail et de l’assistanat : « Nous avons tous une responsabilité… Mais ce modèle d’assistanat qui consiste à laisser les gens chez eux… non (…) la stratégie est claire : travail, innovation, formation, investissement ». En enjolivant largement son bilan sur les heures supplémentaires en affirmant que «c’est 9 millions de salariés qui ont gagné en moyenne 450 euros de plus » -en français correct, on dirait « ce sont », mais passons, Monsieur Bescherelle est déjà mort plusieurs fois ce soir- et en omettant évidemment les nuances. Notamment en terme d’aggravation du déficit budgétaire, ou sur l’absence d’impact sur le chômage. Des chômeurs, qui justement, aimeraient travailler mais ne trouvent pas d’emplois. Effectivement, perso, avant de travailler plus, je voudrais bien travailler tout court. Et on est plusieurs millions dans ce cas.

Puis il annonce gentiment que « quelle que soit sa situation professionnelle on a le droit de se faire bien soigner ». Là, je m’étrangle ! Six paragraphes au dessus j’ai déjà expliqué que le gouvernement veut baisser les indemnités journalières de maladie, et en plus le gouvernement a déjà fait voter à l’Assemblée l’augmentation des taxes des mutuelles ! Et bien que les éléments de langages de l’UMP prétendent que les mutuelles ne sont pas obligées de répercuter la hausse, c’est un mensonge. Comme je l’ai déjà expliqué, ces structures sont par définition mutualistes, c’est-à-dire qu’elles n’ont pour seules ressources que les cotisations des épargnants. Et que dire des déremboursements de médicaments, qui touchent notamment certaines affections de longue durée ? En quatre ans, Sarko n’a cessé d’attaquer les malade au porte-monnaie !

On passe à l’aspect programmatique et aux bonnes recettes de Docteur Nicolas and Mister Sarko. Tout d’abord, il nous apprend qu’il n’a pas la recette miracle pour réduire le déficit en un seul mandat. Nan par contre on a vu dans l’Acte II qu’il avait bien la méthode pour l’augmenter dangereusement, puisqu’il est passé de 3,2% du PIB à 7,5% en 2010 avant de redescendre à 7,1% cette année. Si ça c’est pas du foutage de gueule en règle… Donc en la matière, sa solution reste de supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. D’ailleurs, il ne se prive pas de s’en vanter : « nous avons supprimé 150 000 postes de fonctionnaires, il faut continuer ». Supprimer à la hache, n’importe comment, alors qu’il serait plus utile de raisonner par secteurs, en fonction des besoins… Fichue RGPP qu’il faudrait brûler…

L’occasion pour Sarko de taper encore un peu plus sur le programme du PS, irréaliste selon lui : « J’entends qu’on parle d’embaucher 60000 enseignants de plus, mais avec quel argent ? ». Bon déjà, il s’agit non pas d’enseignants, mais de personnels de l’Education Nationale, et qu’ils seront créés sans embaucher de fonctionnaires mais en les redéployant, dixit Michel Sapin. Rien à voir donc, avec ce qu’en dit Sarkozy.

Et là, de sortir son petit couplet sur l’assistanat, clin d’œil à Laurent Wauquiez et sa droite prétendument sociale : « Il faut que la France investisse, il faut moins d’assistanat et plus d’investissement, voilà la martingale gagnante dans tous les pays ». Une nouvelle fois, notre bon mètre, qui a cette fois endossé le costume de Grincheux, stigmatise les français : que ce soit sur le chômage ou la santé, ce sont des délinquants qui ne pensent qu’à vivre aux crochets de la société. Peu importe les réalités, le discours il faut marteler. Pour la quatrième fois. Et aucun journaliste ne l’interrompt. Cirage de pompe…

Enfin on passe à l’idée de convergence franco-allemande, un sujet sur la table depuis des lustres : «La logique de la monnaie unique c’est l’intégration économique et la convergence. Nous avons fait la monnaie unique sans rapprocher nos gouvernements (…) Il faut bien réparer toutes ces erreurs, quand on rentre chacun avec sa fiscalité (…) ça ne peut pas marcher (…) Ca n’a pas de sens que nous ayons pas les mêmes taux d’imposition avec l’Allemagne ». Sarko penche fichtrement vers le fédéralisme européen. En même temps, c’est bien par là qu’on va.

Cette petite séquence franco-allemande m’aura permis d’apprendre, grâce à la prononciation de notre bon mètre, que le ministre de l’économie allemand –monsieur Chahubleuh dixit notre président qui ne parle pas allemand- n’est autre que Robert Hue déguisé en chat bleu. Même si en vrai il s’appelle Wolfgang Schaüble, ce qui se dit Chaobleuh en bon teuton et que se serait donc plutôt un chat au bleu. Ca, c’est bon pour l’harmonisation avec les fromages-qui-puent !

Bref, rien de neuf sous le soleil pour le candidat Sarko, à part une constante qui se fait jour depuis quelques temps à l’UMP, à savoir prétendre être le meilleur sous le prétexte d’être déjà au pouvoir. Un peu court sur pattes, et pas sûr que ça suffise aux français au printemps prochain… et côté programme ?

Le PS sur un plateau

Au PS, c’était menu télé pour tout le monde. Les trois candidats à la candidature débattaient en direct sur la chaîne parlementaire et LCI. Enfin débattaient… faut le dire vite.

La liste des questions leur avait été remise à l’avance, ce qui a évidemment plombé ce grand oral, le transformant en une plate lecture de fiches. Si le décor faisait penser à Question pour un champion, il n’y avait même pas l’excitation de les voir appuyer sur le buzzer, c’est dire si c’était chiant…

Ségolène, marionnette tendance « copier/coller »

A ce jeu, Ségo s’en sort plutôt mal. Dans sa profession de foi, elle annonce « faire gagner la gauche et réussir la France ».

La France d’après ? Ca démarre avec un slogan à deux balles, ça promet ! Son ambition ?« Mettre fin au désordre économique, à l’anarchie financière. Mettre en place un ordre économique, social et environnemental juste. »

Y’a quoi derrière ? Ah, elle admet « n’avoir pas réponse à tout ». Nan, sans blague ? Enfin c’est tout de même un peu léger tout ça…

Sur le fond, elle tente manifestement de suivre une opinion mutante. Très scolaire dans son exposé, elle ne parvient pas à convaincre tant ses notions d’économie sont déplorables. Selon elle, « la France est dans une spirale dépressive » (voilà qui va redonner le moral aux Français) et elle prône le recours au modèle scandinave… Déjà vanté par Sarkozy ! Lorsqu’il s’agit de savoir comment relancer la croissance, la journaliste lui demande si elle connaît un tour de magie. La pito-charentaise répond béatement : « Je ne suis pas magicienne, la France est magicienne ».

Ouh là, y’a du lourd au PS, y’a du lourd ! Mine déconfite des deux autres candidats, d’un autre niveau il faut le reconnaître.

Elle s’appuie ensuite sur la technique du micro-crédit, top tendance et récemment récompensé par un prix Nobel, elle a du le lire dans Elle (non, Cosmo ne fait pas de politique à part sur le mariage de force des femmes dans les contrées reculées). Puis vante le financement des petites entreprises (tiens comme Raffarin en son temps, il a du déteindre à l’insu de son plein gré), puis avance l’idée de pôle de compétitivités régionaux. Encore une décentralisation à la Raffarin ? Sors de ce corps Jean-Pierre !

On s’étrangle lorsqu’elle prône un « syndicalisme de masse pour défendre le salarié ». T’as raison ma belle mais là t’es plus tendance, le syndicalisme, c’est moins de 10% des salariés du privé tant c’est rétro et inadapté aux réalités du monde du travail d’aujourd’hui.

Sur les 35 heures, elle joue la montre et évite ainsi de répondre aux questions… petite joueuse !

On passe aux énergies et là, elle a son dada : les énergies renouvelables… « Ca ne peut plus durer ». Ah bon ? On passe à la santé. Aucune vision d’ensemble, aucun grand dossier, juste quelques mesures pour la répartition des étudiants en médecine ou inventer des structures médicales dans les quartiers. Outre le fait qu’on soit tenté de lui rappeler qu’il faudrait s’intéresser aussi à la désertification médicale en zones rurales, sa vision est désespérément creuse et sans fond ni propositions concrètes… comme durant tout son exposé.

Verdict : recalée !

Fabius vous propose… de devenir pauvre !

Fabius s’enferme à gauche-gauche : il sera le candidat qui « n’accepte pas les injustices ». Mazette ! Et il en remet une couche le Lolo, en dénonçant froidement « l’hyper-capitalisme mondial et financier» qui ne recherche que le « profit à court terme ».

22 v’la le José Bové du PS ! Bon, alors soit il est totalement utopiste, soit totalement démago. Tiens donc, vous aussi vous votez 2 ?

« Si je suis élu, les 35 heures seront généralisées ». Nous voilà prévenus. Donc n’élisez pas cet homme !

Bien qu’il ambitionne le rassemblement de la gauche (autour de sa personne évidemment !), on voit pas comment cela serait possible tant il flirte avec la ligne rouge (coco).

Il promet une revalorisation générale des salaires et le SMIC à 1500 euros (d’ici 2012 conformément au projet du PS) avec une hausse 100 euros de plus au SMIC « dès les premiers jours de la mandature ». C’est le cadre à 1800 euros par mois qui va être content… Bientôt il touchera moins que l’équipe qu’il encadre. En évitant d’aborder la question des classes moyennes, Fafa a commis une énorme erreur politique, et ouvert un boulevard à la droite.

En effet, cette idée ne peut qu’être interprété par des classes moyennes déjà en voie de paupérisation, et qui n’ont aucune envie de se fondre parmi les classes populaires. Le nivellement par le bas n’a jamais fait recette…

Je passe sur le principe du délocalisateur-payeur, et autres gadgets destinés à attaquer les entreprises au portefeuille, pour être bien certain qu’elles ne créeront pas d’emplois. Ainsi que sur les nationalisations. Non seulement Lolo veut démanteler la fusion GDF-Suez, mais en plus il veut renationaliser EDF.

Et ce n’est pas fini pour son programme communiste. il enchaîne ensuite sur sa proposition de défaire la réforme des retraites, et il propose, tenez vous bien, de fixer un niveau de retraite minimum, qu’il estime à 80-85% du SMIC, et créer une cinquième branche de la sécurité sociale uniquement dédiée à la dépendance.

A ce stade du débat, Fafa a explosé le budget de la France, le pays est en cessation de paiement, on vit une situation analogue à celle qu’à connu l’Argentine, et on a définitivement régressé dans la case Pays en Voie de Développement.

Verdict : dehors !

DSK : socialiste moderne ?  

Finalement, c’est DSK, l’homme de la « social-démocratie » qui se montre le plus réaliste… même si on se demande quelle mouche l’a piqué au sujet des 35 heures. Sur la situation économique, il dresse un constat relativement juste, et propose d’y remédier de la manière suivante : « investir pour innover et anticiper ». Là, on se dit qu’il serait plutôt centre droit que socialiste… mais non, il redevient utopique en promettant « le plein emploi dans 10 ans ». On aurait aimé un peu de développement sur la question…

En bon prof d’éco, il martèle que  « la gauche doit être l’ennemi de la dette » : mouarf, je suis morte de rire, la gauche qui veut faire des économies ? C’est vrai que pendant les vingt dernières années, elle n’a pas du tout vidé les caisses… C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, ou alors cet homme est vraiment de droite.

Idem lorsqu’il annonce que « Ca ne sert à rien de distribuer du pouvoir d’achat si on n’a pas la capacité de produire », décidément cet homme a autre chose qu’un petit poids dans le cerveau, ça change des deux autres. J’aurais juste aimé qu’il aille un peu plus loin dans le fond…

Sur la fusion GDF-Suez, il est contre ce projet, et « promet de le démonter s’il peut être démonté ». Prudent le DSK, prudent… car il sait bien que ce sera difficilement lisible pour la population, et qu’il faudra oublier cette non-promesse d’avant présidentielles. C’est d’ailleurs ainsi qu’il se résume : « Ne promettre que ce qu’on pourra tenir. Et tenir ce qu’on aura promis ».

Verdict : si j’étais PS, je prendrai celui là.