Condamné, et après ?

Jeudi 15 décembre, 10h30. Déjà trente minutes que le président Pauthe lit le jugement rendu par son tribunal.

Jacques Chirac est reconnu coupable d’abus de confiance, détournements de fonds publics et prise illégale d’intérêt et condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis pour avoir « multiplié les connexions entre son parti et la municipalité parisienne » et « manqué à l’obligation de probité qui pèse sur les personnes publiques au mépris de l’intérêt général ». C’est ce que retiennent les médias du jugement.

Dans un communiqué, l’ancien président s’en félicite : « Je me réjouis, comme je l’avais toujours demandé, que mes collaborateurs de l’époque ne soient pas pénalement sanctionnés. J’étais le Maire. C’est à moi et à moi seul d’assumer. » Non seulement le procès n’a pas été ajourné, mais c’est bien Jacques Chirac et lui seul qui a été reconnu responsable. Conformément à ce qu’il avait souhaité dans la lettre qu’il avait adressée au président du tribunal le 2 septembre dernier.

Tout en rappelant : « sur près de 470 emplois examinés, il n’en reste, après des années de procédure, que 19 qui me sont imputés et encore partiellement. » Pourtant dans le détail, Jacques Chirac bénéficie d’une relaxe partielle. Sur 28 emplois retenus par le tribunal pour le procès, sur un total de 470 étudiés, 9 sont écartés par le Tribunal. Soit une relaxe sur un tiers d’entre eux. Et sur les 19 restants, certaines embauches sont considérées comme parfaitement valides, l’emploi étant devenu fictif au fil du temps lorsque l’employé ne se présentait plus. Etait-ce bien au maire de vérifier si l’ensemble de ses employés pointaient ? En conséquence, Jacques Chirac «l’affirme avec honneur : aucune faute ne saurait m’être reprochée. ».

Nombreux sont ceux aujourd’hui à se féliciter de la fin du système Chirac. Un système. 19 emplois sur 470, un système. 4% des emplois étudiés par le tribunal, un système. Quid des 96% restants ? La Mairie de Paris aurait-elle fonctionné à 96% hors système ? C’est bien évidemment ridicule, et une fois encore, les petits Robespierre ont un bel os à ronger. Mais ces chiens se rendent-ils compte du réflexe purement pavlovien qu’ils adoptent ? Peu importe que leur raisonnement soit malhonnête, il leur permet de satisfaire leur besoin de vengeance, en vertu du syndrome Louis XVI, qui exige que l’on guillotine l’ancien puissant au nom précisément de cette puissance passée.

Auront-ils vu que le tribunal n’a fait que suivre les volontés exprimées par Jacques Chirac dans sa lettre adressée président du tribunal le 2 septembre dernier ? Il souhaitait notamment voir son procès aller jusqu’à son terme, et « assumer ses responsabilités ». Enfin, il avait rappelé « son attachement à un des principes qui fondent notre pacte républicain et qui veut que tous les français soient égaux face à la justice ». Le tribunal a tenu compte de ses demandes. Le justiciable Chirac n’a pas échappé à la justice, elle l’a même entendu.

Car ce procès, Jacques Chirac le voulait. Contrairement à ce que ses détracteurs, les petits Robespierre, avaient prétendu, non seulement Jacques Chirac s’est toujours tenu, dès la fin de son immunité présidentielle, à la disposition de la justice, mais il tenait à ce que la justice puisse se faire, qu’elle soit la même pour tous, et l’avait rappelé dans cette lettre au tribunal. Les chiens qui hurlent avec la caravane de la vindicte populaire se sont trompés là-dessus, comme sur le fait que le procès ait lieu –que n’a-t-on entendu sur le fait qu’il serait ajourné !- et même sur la condamnation, les mêmes ayant jugé dès les débats que l’ancien président serait relaxé… Sur tous les plans, ils ont hurlé, et sur tous les plans, ils se sont trompés. Justice a été faite.

Bien que blessé par certains termes du jugement, un peu sévères, l’ancien président n’a pourtant pas fait appel. S’il reconnaît ne plus en avoir la force – « Je n’ai plus hélas toutes les forces nécessaires pour mener par moi-même, face à mes juges, le combat pour la vérité »il met surtout en avant son souci de l’intérêt supérieur de nos institutions : « J’ai conscience aussi que ce qui est en jeu ce n’est pas seulement l’honneur d’un homme, mais la dignité de la fonction présidentielle que j’ai assumée depuis. Et je crois qu’aujourd’hui le respect de nos institutions exige que l’apaisement vienne ».

Nos institutions. Face au attendus de ce jugement, comment ne pas penser à l’avenir ? Ce procès Chirac ayant fait un précédent, ses successeurs savent désormais à quoi s’en tenir : s’ils sont mis en cause par la justice, ils passeront par la case tribunal, et ce rapidement après la fin de leur immunité présidentielle.

Nombreux étaient ceux à avoir hurlé qu’il serait relaxé au motif que le procureur avait demandé la relaxe. Mais de qui dépend le procureur ? Cette hiérarchie là cherchait-elle à préserver l’ancien président, ou le futur ex président ? Et depuis quand le président du tribunal suit il obligatoirement le réquisitoire d’un procureur ? Les mêmes qui aujourd’hui, braillent sur la thématique de la lenteur de cette procédure, ou sur le fait que l’ancien président soit membre de droit au Conseil Constitutionnel. Les petits Robespierre sont de sortie, mais pour quelle réalité ?

D’une part, la procédure a été longue en vertu du droit. En tant que président de la République, Jacques Chirac bénéficiait d’une immunité présidentielle qui couvrait les actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions, et interdisait les poursuites pendant la durée du mandat présidentiel pour les actes commis hors de ses fonctions. Il ne pouvait donc, en vertu du droit, être jugé avant d’avoir achevé ses mandats de président de la République. Entendu par la justice dès juin 2007, soit un mois après l’expiration de son mandat, on ne peut pas dire que la justice ait traîné à reprendre son cours.

Mais les petits Robespierre ont le chicot dur et ne relâchent pas ainsi une proie tenue pendant des années, qui leur a permis de se faire tant de publicité. En mal d’os à ronger, ils renchérissent déjà sur le Conseil Constitutionnel. Notamment par leur chef de meute, Eva Joly, candidate à la présidentielle en mal de sondages favorables et donneuse de conseil en chef, qui appelle l’ancien président à démissionner du Conseil Constitutionnel. Hum… La candidate verte à la plus haute fonction de l’Etat devrait relire la Constitution -dont elle aspire à devenir la garante en vertu de l’article 5 de ladite Constitution- et notamment son article 56 : il n’est pas possible pour un ancien Président de démissionner de la vénérable institution.

En revanche, au lieu de ronger son os jusqu’à s’en étouffer avec, elle pourrait faire preuve d’honnêteté intellectuelle, et reconnaître que Jacques Chirac s’est mis lui-même en congé de cette institution avant son procès. D’autant que contrairement à l’idée répandue, il ne touche plus de traitement à ce titre. Non, Jacques Chirac n’est pas un Sage fictif ! Même si légalement il pourrait y retourner, il est peu probable qu’il le décide, pour les mêmes raisons qui l’avait amené à s’en éloigner.

Reste de nombreuses questions qu’il appartiendra au législateur de trancher. D’une part, naturellement, se pose la question du statut juridique du Chef de l’Etat. Non seulement le Chef de l’Etat est, à l’heure actuelle, dispensé de devoir répondre à la justice durant le temps de son mandat –ce qui allonge le traitement des affaires en cours par la justice et c’est un point aujourd’hui en débat-, mais en outre, deux jurisprudences récentes posent problème :

  • Celle qui étend l’irresponsabilité reconnue par l’article 67 de la Constitution aux actes effectués au nom de président de la République par ses collaborateurs (décision du Parquet de Paris du 25 oct. 2010). Il va de soi que ce n’est pas au Parquet d’interpréter la constitution et qu’il faudra qu’une QPC ou une révision de la Constitution vienne préciser ce point.
  • Celle qui autorise le président de République à intenter une action civile ou pénale contre une autre personne -par exemple au cas où il a été victime d’une escroquerie à la carte bancaire- au motif qu’il agit comme un citoyen ordinaire, ordinaire … sauf qu’il ne peut être lui-même condamné, ce qui viole le principe d’égalité des parties.

Cette dernière jurisprudence démontre bien que l’on tend à considérer le président comme un citoyen ordinaire, en lui permettant d’intenter une action. Il y a donc une véritable incohérence à ne pas permettre son jugement, en tant que citoyen ordinaire, pour des faits antérieurs à son mandat.

En outre, il faudra réformer l’article 56 de la Constitution, afin de préciser si les anciens présidents doivent toujours siéger automatiquement au Conseil Constitutionnel, et si oui, quels seraient les cas d’empêchement de cette fonction de membre de droit. Cette condamnation démontre la nécessité de gérer le vide juridique qui entoure une telle situation…  d’autant que si Jacques Chirac décidera probablement de ne plus siéger, ce cas de figure peut en effet se reproduire à l’avenir. Autant le régler.

Enfin, il faudra s’attacher à résoudre les questions relatives à la séparation des pouvoirs, notamment entre l’exécutif et le législatif. En effet, il n’est plus tolérable, dans notre démocratie, que le Parquet puisse être soumis au pouvoir en place et que les doutes à l’égard du Parquet puissent jeter ainsi l’opprobre sur le bon fonctionnement de notre justice. Nombreuses sont les affaires à l’avoir mis en exergue ces derniers temps et d’ailleurs, le procureur Philippe Courroye devra prochainement en répondre. Là encore, il serait bon de renforcer nos institutions.

Certains candidats à la présidentielle proposent de telles améliorations. Dominique de Villepin, par exemple, plaide pour un Procureur Général de la Nation, nommé par le CSM et investi par le Congrès à la majorité des trois cinquièmes pour un mandat de sept ans non renouvelable. Il aurait une autorité hiérarchique et un pouvoir de nomination sur les procureurs généraux et les procureurs de la République, eux-mêmes indépendants du pouvoir politique. Le Garde des Sceaux gèrerait le budget et définira la politique pénale, mais ne pourra plus intervenir dans les dossiers, ni dans les nominations. Dans une telle configuration, la justice serait vraiment indépendante de l’exécutif.

Au final, cette décision de justice apporte une réponse dans un cas particulier, mais pose de nombreuses questions plus générales, qui devront être traitées. Faute de quoi, elle n’aura servi qu’à assouvir un besoin de vengeance symbolique du peuple sur un puissant. Si ce procès aura au moins servi à démontrer que dans notre démocratie, la justice est la même pour tous, il serait opportun d’en tirer les conséquences pour améliorer le fonctionnement de nos institutions. Voilà le défi qui attend aujourd’hui le législateur : la balle est dans le camp de l’actuelle majorité.

SarkoShow, Acte V : Je serai candidat, je ne le dirai que plus tard, mais je fais déjà campagne

Vu que Sarko a sauvé l’Europe, bientôt le monde, la France, qu’il se croit bon candidat, et qu’il a un programme pour tenir jusqu’aux élections, vous vous doutez bien qu’il sera candidat.

Mais peut-il l’être, quels sont les obstacles sur sa route, et quand se déclarera-t-il ? Le dernier acte sera celui des révélations. Ou pas.

Cette séquence comment par un échange aussi vif que surréaliste sur les affaires, afin de déterminer la moralité de notre non-candidat. Alors qu’Yves Calvi interroge notre bon mètre sur les éventuelles informations dont il aurait pu avoir connaissance concernant un financement illégal éventuel de la campagne de Balladur de 1995, ce qui mène tout droit au dossier Karachi, il botte en touche.

C’était attendu, reste que la réponse n’est franchement pas à la hauteur d’un dossier aussi sensible que l’attentat de Karachi, qui a fait 14 morts dont 11 Français, et de la gravité des faits si un jour la justice démontrait l’existence de rétro-commissions sur les contrats Agosta et Sawari : Ca fait bientôt 17 ans, ne croyez-vous pas que s’il y avait des choses à reprocher à M. Balladur on aurait pas trouvé ? ».

Mais que pourrait dire Sarko sur ce dossier, sachant qu’il s’agit d’une instruction en cours –dont l’Elysée est au courant, certes, mais qu’il n’a pas à commenter- à part jouer sur la corde sensible en disant qu’ « on exploite la douleur de ces gens » -les familles ? Ces mêmes familles, qu’il s’était engagé à recevoir et à informer régulièrement. Ces mêmes familles qui, rappelons le, n’ont pas hésité à le mettre en cause.

Bref, il se pourrait que je ne sois pas la seule à penser qu’au bout de 17 ans, on puisse ne pas avoir trouvé tout ce qui concernait le financement de la campagne d’Edouard Balladur, notamment si ça figure dans les documents encore sous le sceau du secret défense ! D’autant que  les délibérations du Conseil Constitutionnel sur la validation des comptes de campagne de Balladur en 1995, ne seront accessibles qu’en 2020.

Sarko tente alors de faire l’amalgame entre plusieurs affaires dans lesquelles il est cité, pour mieux noyer le poisson. L’insolence avec laquelle il tente de comparer Karachi et les rumeurs de séparation entre lui et Carla me laisse pantois. Comment peut on oser réduire ainsi une affaire qui a fait couler le sang français au Pakistan ? Quel rapport avec des propos concernant une simple affaire de cœur, fusse-t-elle la sienne ?

Cabot, Sarkozy cherche à se faire plaindre sur le traitement qui lui serait réservé : « Vous savez un président doit rendre des comptes, la transparence je suis d’accord, la calomnie non ! ». Transparence, lorsque l’on entrave la justice, comme a tenté de le faire Brice Hortefeux en prévenant Thierry Gaubert lors de sa garde à vue dans le cadre de l’affaire Karachi sur les propos que sa femme avait tenu devant les policier ? Calomnie, alors que dans l’affaire Bettencourt, il a été démontré que Philippe Courroye avait prévenu l’Elysée trois mois avant de la décision qu’il allait rendre, lequel Elysée informe alors Liliane Bettencourt, rompant ainsi l’égalité de justice entre les parties ?

Et que dire de l’affaire Clearstream, qu’il ose rappeler, en se félicitant que des gens aient été condamnés. Des gens, oui. Gergorin et Lahoud. Mais pas le coupable qu’il avait désigné, Villepin, promis à un croc de boucher, et présumé coupable quelques jours avant le début des audiences de première instance. Manifestement la notion de présomption d’innocence est à géométrie variable : à appliquer en Sarkozie, pour ses amis Thierry Gaubert et Nicolas Bazire – « M. Bazire est mon ami, c’est un homme honnête (…) vous inventez la présomption de culpabilité »-, mais point lorsqu’il s’agit de son ancien rival Villepin, pour lequel il n’eût pas, lors d’un précédent entretien télévisé, la même retenue. La justice a depuis reconnu par deux fois l’innocence du présumé coupable Villepin.

Ce terme de présomption de culpabilité sonne comme un gimmick, qu’il ressort dès qu’il peut le placer. Ainsi, sur les affaires impliquant des policiers : « La police, la gendarmerie sont deux corps admirables (…) S’il y a des brebis galeuses il faut les sanctionner (…) ». Mais cela ne va pas jusqu’à son ami Bernard Squarcini, patron de la Direction Centrale des Renseignements Intérieurs (DCRI). Mis en examen pour atteinte au secret des correspondances, collecte illicite de données, et recel du secret professionnel pour avoir cherché à savoir, grâce aux fadettes, qui étaient les informateurs du journaliste Gérald Davet dans l’affaire Woerth-Bettencourt, Bernard Squarcini ne sera pas suspendu, et n’aura pas à démissionner. Parce que « Suspendre en attendant le jugement c’est de la présomption de culpabilité ».

Les ministres qui ont été touchés par des affaires sous Chirac – Renaud Donnedieu de Vabres en 2002, Pierre Bédier en 2004-  et qui ont du démissionner après leur mise en examen apprécieront. Tout comme ceux du gouvernement Balladur, Alain Carignon et Gérard Longuet, tous deux mis en examen et démissionnaires en 1994. Ou encore Yvan Colonna qui a été déclaré coupable et ennemi public numéro 1 par ce même Sarkozy sans aucun procès. Et que dire de David Sénat, membre du cabinet de MAM accusé d’avoir informé des journalistes dans l’affaire Woerth-Bettencourt, qui lui, fut démissionné  viré sur le champ, avant même d’avoir été mis en cause par la justice ?

D’ailleurs dans cette affaire, Brice Hortefeux, ami de trente ans de notre bon mètre, avait atteint à la présomption d’innocence de David Sénat et été condamné en référé fin 2010, avant de faire appel. Ou comment en Sarkozie, la présomption d’innocence est vraiment à géométrie variable, et dépend uniquement du fait du Prince, et de la proximité du mis en examen avec le Roi. Et circulez, y’a rien à voir : l’important, pour Sarkozy, c’est de « laisser la justice faire son travail ». Traduction : ne pas le mêler à cela. Même pas pour signer la levée du secret défense sur une affaire aussi grave que Karachi.

Heureusement, cette triste séquence nous aura aussi permis de rigoler, lors des deux lapsus de notre bon mètre. De là à dire qu’il n’était pas très à l’aise sur le sujet, il n’y a qu’un pas. Le premier lapsus porte sur sa candidature. Il s’emmêle les pinceaux, laisse penser qu’il est candidat pour 2012, puis fait marche arrière lorsqu’il se rend compte de la boulette, toute l’émission visant justement à suggérer sa candidature sans jamais l’annoncer. Sa-vou-reux. Et quelques minutes plus tard, questionné sur les affaires dans la police, Sarko sort cette perle : « Les policières ont des corps admirables ! ». Avant de se reprendre, en affirmant que la police et la gendarmerie sont des corps admirables. Priceless.

Le thème suivant porte sur les sondages, ô combien importants pour les élections, d’autant plus lorsque l’on sait qu’en Sarkozie, c’est une religion : ils sont commandés, scrutés, analysés, et à partir de ces données se décide la stratégie du non-candidat. Et bien là, motus. Notre bon mètre tente de prendre de la hauteur –ah ah- et botte en touche : « Vous les commandez, vous les commentez, et le travail du président c’est de faire son travail ». Hum, doit on lui rappeler que le rapport de la Cour des Compte de 2008 avait pointé l’existence d’une convention entre l’Elysée et un cabinet d’études pour la réalisation de sondages pour un montant de 1,5 millions d’euros, le tout en dehors de toute procédure de marchés publics ?

Bon, parlons franchement, vu la côte de popularité de notre bon mètre, qui ne cesse de descendre dans l’estime populaire, on peut aisément comprendre qu’il ne commente pas les sondages, et prétendre ne pas avoir le temps de s’y intéresser car il travaille, pour le bien du bon peuple, lui : « Nous pouvons prendre des décisions qui ne sont pas populaires mais les Français jugeront ensuite  (…) Mes prédécesseurs, vous vous rappeler leurs sondages ou ce qu’ils ont fait ? (…) Moi je travaille… (…) Les Français attendent que les responsables fassent leur travail, vous êtes des commentateurs, mais moi je suis un acteur ». Hum, tout ça sent quand même un peu fort la méthode Coué.

Dernières minutes, dernières occasions de tirer quelques salves à l’attention du PS, en reprenant notamment l’accusation lancée par Martine Aubry contre François Hollande d’être un candidat du système : « Avez-vous oublié que tous les candidats du système même quand je les ai soutenus, ont été battus ? ». Eclair de lucidité, mais mortier à petite portée. J’avoue toutefois avoir bien rigolé lorsque Sarko a précisé, et invité les responsables politiques à parler de leurs projets, et à moins se critiquer mutuellement. S’il visait probablement la semaine de second tour entre Aubry et Hollande, reste que cela s’applique plutôt à l’UMP, qui a organisé la semaine dernière une convention sur… le projet du PS. Message transmis.

Enfin pour terminer, Sarko fait le point sur son avenir proche, en sortant de sa poche la carte du Président Protecteur : « j’ai un travail de président à faire, je dois protéger les français ». Il est certain que vu le contexte économique de crise, les Français comprendraient mal qu’il se lance dès maintenant dans la bataille. Coincé dans son rôle de président, lui qui excelle en tant que candidat, il décide donc de se raccrocher à ce que firent ses prédécesseurs, et de se déclarer le plus tard possible, « fin janvier-début février ».

Avant de rappeler que Mitterrand s’était déclaré en mars 1988 et Chirac en février 2002. Un changement de stratégie inhérent à la crise, pour celui qui songeait initialement faire campagne dès cet automne. Sarkozy a-t-il en tête la configuration dans laquelle se trouvaient alors Mitterrand et Chirac ? Si ces deux présidents ont été réélus, ils sortaient tout deux d’une cohabitation, ce qui n’est pas son cas. Sarko ne pourra pas jouer dans la rupture, son gimmick de 2007, et devra assumer un bilan qui pourrait lui coûter cher.

Alors qu’Yves Calvi l’interroge deux fois sur la possibilité qu’il ne soit pas candidat, l’actuel locataire de l’Elysée répond simplement : « Nous verrons en janvier, février (…)J’ai fait mon choix : celui d’être président de la République jusqu’à la dernière minute et de ne pas embêter les Français avec mes ambitions… ». En d’autres termes, Sarko verra en fonction de la situation, mais cette émission a bien mis en exergue sa volonté de se présenter.

Reste que cette dernière phrase laisse songeur. La dernière minute étant le 5 mai 2012, on peut toujours se prendre à imaginer qu’il resterait vraiment président jusqu’à la fin, et laisserait alors passer la date limite fixée par le Conseil Constitutionnel pour déposer sa candidature, en mars, et ne pas se représenter. On peut toujours rêver.

#QAG : Fillon perd ses nerfs sur l’affaire Karachi

Lors d’une longue allocution cet après midi pendant les Questions au Gouvernement, en réponse à Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, François Fillon a fait un point de politique générale… allant jusqu’à Karachi.

Le Premier Ministre s’est laissé emporter, sur un ton fort agressif, à pointer du doigt l’attitude de la gauche, qu’il accuse de « fouler au pied la présomption d’innocence », dénonçant le climat de suspicion qui mine selon lui les institutions républicaines.

« La vérité, c’est qu’hier la gauche se drapait dans la présomption d’innocence pour protéger Dominique Strauss-Kahn. Aujourd’hui, vous la foulez aux pieds, cette présomption d’innocence. La présomption d’innocence dans votre conception de la République, c’est pour la gauche, pas pour la droite », a clamé le premier ministre. « C’est une drôle de conception de la République ».  Alors ça, c’est tout de même fort de café.

Quelqu’un peut rappeler au Premier Ministre que le président de la République lui-même n’avait pas hésité à qualifier Dominique de Villepin de coupable, dans l’affaire Clearstream ? Ce même Villepin qui sera par deux fois relaxé par la justice, en première instance, puis en appel ? Ne serait-ce pas là l’hôpital qui se fout de la charité ? Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ? Ou alors pour la Sarkozie, la présomption d’innocence c’est quand ça les concerne, et pas pour tout le monde ?

Certes, Noël Mamère, quelques minutes avant, avait manqué de prudence, et largement dépassé les limites de l’acceptable, en allant jusqu’à dire que « un certain nombre de nos responsables politiques ont sans doute du sang sur les mains ». Mais ce débordement –inadmissible- du député EELV justifiait-il de la part de François Fillon une réponse donnant des leçons de morale alors que son N+1, le Président de la République lui-même, qui promet la République irréprochable, a commis exactement la même erreur un an auparavant face aux caméras ?

« Je vous le dis, je suis inquiet de voir notre démocratie traversée par ce climat de suspicion permanente (…), où l’on s’accuse sans preuve, où l’on insinue, où l’on spécule, où l’on fait circuler de faux documents », a déclaré le Premier Ministre. Quelqu’un peu rappeler à François Fillon qu’en matière de justice et de circulation de documents, la Sarkozie n’a aucune leçon à donner à qui que ce soit ?

Par quoi vais-je commencer ? Par la publication par l’Elysée d’un communiqué démontrant que le Château a non seulement accès à une procédure en cours, mais en plus, se permet de violer son instruction ? Ou par la plainte des familles des victimes de l’attentat qui vise aujourd’hui Brice Hortefeux pour complicité de subornation de témoin et entrave à la manifestation de la vérité pour avoir, dans la même affaire Karachi, prévenu Thierry Gaubert que sa femme transmettait des informations à la justice ? Est-ce là la République irréprochable que nous vante l’actuel locataire de l’Elysée ?

Face à ce déni de réalisme du Premier Ministre, la Gauche serait bien inspirée –et mon petit doigt me dit qu’elle le sera- d’user de sa conquête du Sénat pour déclencher une commission d’enquête parlementaire sur cette affaire Karachi [Avec toutefois la limite qu’il ne peut être créé de commission d’enquête sur des faits ayant donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites sont en cours.] Parce que franchement, ça suffit : il est temps, d’abord pour les familles des victimes et ensuite pour les Français, de savoir qui, dans cette histoire, manipule qui. Et que justice soit enfin faite.

Clearstream : Relaxe, take it easy !

Relaxe confirmée. Comme en première instance, Dominique de Villepin est donc relaxé par la Cour d’Appel dans le dossier Clearstream.

Ce jugement confirme ce que chacun savait : ce dossier était complètement vide. L’ancien Premier Ministre, pourtant promis à être pendu à un croc de boucher par Nicolas Sarkozy –lequel n’avait pas hésité à faire fi de sa présomption d’innocence, se torchant une nouvelle fois avec la loi- sort définitivement blanchi de ce long et douloureux épisode judiciaire.

Et pourtant jusqu’au bout, ce dossier aura été envenimé par les rumeurs du monde politique, exploitées par les uns et les autres. A la veille de cet épilogue judiciaire, l’avocat de Jean-Louis Gergorin n’aura pas hésité à utiliser le livre de Pierre Péan, sorti ce matin, pour demander le report du délibéré. Motif : dans l’ouvrage, le Président de la République mettrait en cause dans ce dossier Alexandra Djhouri, qui n’a jamais été entendu. L’avocat de Gergorin souhaitait donc un supplément d’enquête.

A la sortie du tribunal, Dominique de Villepin savoure son honneur retrouvé : « Après 6 années d’un acharnement sans précédent, après 6 années d’épreuves pour ma famille, la justice a reconnu pour la deuxième fois mon innocence ».

Et l’ancien Premier Ministre ne se prive pas de décocher quelques flèches. Sur le fonctionnement de la justice, d’abord : « Je veux saluer l’indépendance de notre justice qui a su résister face aux pressions politiques. Cette affaire a été initiée en 2005-2006, à la veille de l’élection présidentielle de 2007. Comme j’aimerais que cela puisse servir de leçons pour la présidentielle de 2012. »

Dominique de Villepin va plus loin, et revient entre les lignes sur les relents d’égouts de ces derniers jours, avec la sortie –opportune ?- de l’affaire Bourgi à quelques jours du verdict : « Je veux croire que cela contribuera à rendre notre vieux pays moins vulnérable à la rumeur et à la calomnie ».

Enfin en ce qui concerne son avenir politique, Dominique de Villepin reste dans le flou sur une éventuelle candidature –ce n’est ni le lieu, ni le moment- mais rappelle que désormais, s’il le veut bien, plus rien ne l’empêche de se lancer : « En ce qui me concerne, je sors renforcé de cette épreuve, et plus déterminé que jamais à servir les français ».

Si Dominique de Villepin a soigneusement évité ce matin d’évoquer le nom de l’actuel locataire de l’Elysée -sans être au beau fixe, leurs relations se sont un peu réchauffées, et l’ancien Premier Ministre n’est plus dans une opposition frontale ou de victimisation-, je ne saurais que conseiller au président de la République, que chacun sait fort colérique, d’écouter en boucle le titre de Mika : il ne faudrait pas qu’il nous fasse un malaise vagal…

Bourgi, simple pion

Robert Bourgi, content de sa sortie dans le JDD, poursuit sa tournée médiatique, atteint par le virus du quart d’heure de gloire cher à Andy Warhol.

Non seulement il persiste et signe, en dépit des plaintes en diffamation posée par le Président Chirac et Dominique de Villepin, mais il sème au gré des plateaux télé de nouvelles révélations… toujours aussi peu crédibles.

Dès ce matin, sur Europe 1, il annonce ne disposer d’aucune preuve de ce qu’il avance. Hum, c’est embêtant. Surtout quand on vient de se prendre deux plaintes pour diffamation, une de Jacques Chirac, et l’autre de Dominique de Villepin. Et l’Ordre des avocats ne goûte guère cet humour là. Dans la journée, le bâtonnier diligente une enquête déontologique sur Robert Bourgi : Le bâtonnier rappelle que les principes qui gouvernent la profession d’avocat ne permettent en aucun cas de procéder aux actions telles que relatées dans la presse », indique-t-il dans son communiqué.

Pendant ce temps, Jacques Godfrain, ministre de la Coopération entre 1995 et 1997, remet les points sur les i dans une déclaration à l’AFP : « Lorsque Jacques Chirac m’a nommé à la Coopération, il m’a convoqué à l’Elysée et a été absolument formel. Il m’a donné pour consigne absolue de tenir Robert Bourgi à l’écart de tout ce qui concerne les questions africaines », a assuré à l’AFP M.Godfrain. « Dans ces conditions, je le vois mal laisser entrer Robert Bourgi dans son bureau à l’Elysée avec des valises et compter lui-même les billets. C’est totalement inimaginable », a-t-il jugé.

Suite de la tournée des plateaux TV avec BFM TV. Reçu par Ruth Elkrief, Robert Bourgi refait le coup du scoop, et révèle que Jean-Marie Le Pen aurait également touché des fonds d’Omar Bongo pour sa campagne présidentielle de 2008. Euh… pourquoi pas, mais alors, avec quel mobile ? Un peu plus tard dans la soirée, Le Pen démentira avec vigueur : « Si c’est M. Bourgi qui était chargé de me remettre les fonds il a du les garder pour lui. Je crois que la source doit être la même que celle qui disait qu’il faisait des passes au bois de Boulogne, mais je ne l’ai jamais cru ». Classe… Le vieux lion d’extrême droite a encore un sacré coup de patte.

Enivré par cette spirale médiatique, Bourgi enchaîne avec Le Grand Journal, où il réitère immédiatement ses accusations selon lesquelles il aurait remis 20 millions de dollars à Jacques Chirac : « J’ai vu de l’argent chez Chirac (mairie de Paris), chez Chirac à l’Elysée, dans le bureau de Dominique de Villepin. C’était pour financer la campagne de Chirac ». Sauf que Robert Bourgi est incapable de décrire le mode de transfert de ces fonds, et évoque des pièces sonnantes et trébuchantes. Sur 20 millions de dollars, il aurait fallu des containers de pennys… Nan parce que le coup du djembé, de Mamadou et de Monceau Fleurs, j’ai pas gobé. Ariane Massenet lui évoque alors les mallettes, et Bourgi aquiesque. Bon, on n’arrivera pas à savoir la forme de cette monnaie que Chirac et Villepin étaient censés compter dans leurs bureaux…

Cette non-réponse me rappelle ce grand moment énorme de télévision qui s’est passé il y a des années dans Ciel Mon Mardi, de Christophe Dechavanne. Alors qu’il reçoit sur son plateau Raël, gourou de la secte des raëliens, l’animateur a conscience qu’il risque de se prendre les pieds dans le tapis et de lui faire de la publicité. Raël prétendant avoir été enlevé par les extra-terrestres pendant six jours, Dechavanne poste une question simple : « Et pouvez-vous nous décrire leurs toilettes ? ». Le public rit, pensant à une blague. Sauf que Raël est incapable de répondre. L’animateur insiste, expliquant que la question n’est pas idiote, car en six jours sans, il est forcément allé au pipiroom… Ou comment le gourou, venu faire sa pub, s’est retrouvé totalement discrédité.

Bref, la crédibilité de Robert Bourgi tangue sérieusement dans cette affaire. Et ce n’est pas la première fois. Comme le rappelle l’AFP, au début de l’été, Robert Bourgi avait affirmé à plusieurs médias français avoir été réveillé dans la nuit du 27 au 28 juin par Karim Wade, le fils du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui lui demandait d’appeler les plus hautes autorités françaises pour une intervention de l’armée française à Dakar, en proie à de violentes manifestations contre les coupures d’électricité. Karim Wade avait alors dénoncé des « élucubrations ».

Interrogé sur ses déclarations tardives, Robert Bourgi verse dans le pathos : « La prise de conscience prend du temps. Et personne n’est maître de ce temps. Ca me taraudait depuis un bout de temps ». Michel Denisot ne lâche rien –pour une fois- et lui demande ce qu’il porte à la boutonnière, en référence à sa légion d’honneur, puis qui lui a remise. Tout penaud, Robert Bourgi répond : « Jacques Chirac sur un quota de Renaud Dutreil avant l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy ». Et là, c’est le flagrant délit de mensonge. Cette décoration a été demandé par Renaud Dutreil en 2005, et remise par Nicolas Sarkozy en 2007. La preuve : Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy lorsqu’il a remis la Légion d’Honneur à Robert Bourgi été déniché par Médiapart… A lire, c’est savoureux. Surtout entre les lignes, hein. D’ailleurs les médias ne s’y sont pas trompés : France 2 a diffusé dès ce soir les images de la remise du ruban rouge… par Nicolas Sarkozy.

Et c’est bien sur le terrain de ses relations avec Nicolas Sarkozy que le discours de Robert Bourgi se trouble. Jean-Michel Apathie lui indique qu’il pourrait mentir, et Bourgi ne sait que répondre : « Moi je sais que je dis la vérité ». Un peu court… Lorsque Jean-Michel Apathie insiste, rappelant que dans son livre, Pierre Péan indique que Bourgi aurait versé de l’argent à Sarko, il dément. Et se retrouve bien dépourvu lorsqu’on lui demande pourquoi alors, lui dirait la vérité… Bourgi, poussé dans ses retranchements, demande alors les preuves de Péan. Le coup de grâce ne tarde pas à tomber lorsqu’on lui demande les siennes. Et là, tout devient confus, confus, confus… Les témoins, selon Bourgi, seraient tous morts. Hum, la grande faucheuse a vraiment le dos large…

Arnaud Montebourg, présent sur le plateau, conseille alors à Robert Bourgi d’aller voir la justice plutôt que les médias. Remarque on ne peut plus censée, j’en parlais hier. Gonflé, Robert Bourgi annonce alors se tenir à la disposition de la justice. Hum… A ce stade, le Parquet n’a lancé aucune enquête… Tout le monde pense que c’est parce que le chef suprême du Parquet est Nicolas Sarkozy. Oui, mais ça n’empêche pas une enquête préliminaire : au contraire, ça permet éventuellement d’enterrer le dossier, une méthode chère à Philippe Courroye. L’homme de la situation en pareil cas mais hélas il est en disgrâce tant au Château que dans sa corporation, et par conséquent, ce serait un peu trop voyant. Autre option, un juge est saisi, et là il faudrait faire en sorte que le juge ne soit pas trop indépendant comme c’est pourtant son job… Eviter Isabelle Prevost-Desprez par exemple. Bref, mêler la justice à cette histoire qui sent un peu trop le souffre, c’est compliqué.

D’autant que le but n’est pas là. L’objectif n’est pas de trouver la vérité, qui comme chacun le sait depuis X-Files, est ailleurs. Non, le but de la manœuvre est tout autre, et c’est une bien belle partie de billard à douze bandes. Observons un peu le calendrier, et arrêtons nous sur la date de mercredi, le 14 septembre. Hum… Mercredi, deux événements politiques se téléscopent : le verdict dans l’affaire Cleastream, et la sortie du livre de Pierre Péan, La République des mallettes.

En cas de verdict un peu trop clément au goût du Château pour Dominique de Villepin, ces révélations jetteraient de nouveau l’oprobe sur l’ancien Premier Ministre, qui n’a pas encore renoncé à se présenter à la magistrature suprême. Attention Nicolas, ça pourrait le pousser plus que l’arrêter… Pas dupe de la manipulation, Villepin, sur France 3, enfonce le clou sur les relations Bourgi/Sarkozy : « Bourgi se dit Conseiller de l’Elysée, interrogez donc l’Elysée sur cette sortie… ».

Vu le tollé provoqué par ces « révélations », on ne peut que constater l’assourdissant silence du Château, jusqu’à cette surprenante sortie d’Henri Guaino. Selon ce conseiller de Nicolas Sarkozy, Bourgi ne serait pas conseiller de Nicolas Sarkozy. Hum, qui de Bourgi ou Guaino ment ? L’Elysée prendrait-il ses distances, faute que la sauce ne prenne ? Tous aux abris ? Comme je le disais hier, Sarko a peut être mal évalué le second effet kiss cool de cette boule puante…

Et pourtant non. Car tout ceci n’est qu’un écran de fumée, la première boule de billard d’une partie à douze bandes. Et c’est la seconde partie qui va se jouer ce mercredi qui inquiète le plus l’Elysée. Dans La République des mallettes, sur le financement de la vie politique, Péan se lâcherait un peu trop sur Sarkozy… ce qui mettrait un sérieux caillou dans la chaussure de celui qui se réclamait de La République exemplaire. C’est sûr que ça fait tâche. Il y a donc urgence à éteindre cet incendie là, en noyant le poisson.

Finalement, la bombe de Bourgi ressemble à celle que ferait n’importe quel gamin dans une piscine : il saute, en cherchant à éclabousser le plus de monde possible, dans l’objectif de faire un maximum de dommages collatéraux. Parmi les gens de droite qui pourraient soutenir un candidat autre que Sarkozy –l’actuel président actuel n’aime pas l’humour corrézien-, se présenter eux-mêmes, ou avoir un de ses enfants en campagne. Totalement au hasard, donc. Et sans le moindre intérêt personnel pour l’actuel locataire de l’Elysée, il va de soi. Et la marmotte…

Vous connaissiez déjà Pinot, simple flic, voici Bourgi, simple pion. Petit soldat de la Sarkozie, envoyé pour déminer l’épineux bouquin qui pourrait empoisonner la campagne présidentielle. Avec en filigrane les relations entre Sarkozy et Alexandre Djhouri  -qui, comme le rappelait ce soir Alain Madelin sur BFM TV, a obtenu la tête de Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la Coopération, et qui voulait… remettre en cause la Françafrique !- et Zaid Takkiédine qui elles, pourraient ramener à Karachi. Une toute autre bombe…