Ambiance de fin de règne au Gouvernement

Le feuilleton de l’affaire Bettencourt et ses ramifications auront survécu à l’été, et pèsent aujourd’hui sur le dossier des retraites. A tel point que François Fillon est en première ligne pour prêter main forte à son ministre.

Un seul constat : Eric Woerth aurait du démissionner. Certes, il est présumé innocent et personne ne le condamne, mais sa fonction de ministre exige qu’il soit à la tâche. Les syndicats eux-mêmes déplorent le fait d’avoir à s’exprimer davantage sur la situation du ministre que sur le fond du dossier. L’action publique est détournée. Chacun doit prendre ses responsabilités pour enfin revenir à un climat de travail plus serein.

Mais est-ce encore possible ? Claude Guéant a annoncé dimanche sur Europe 1 que le remaniement aurait lieu en novembre. C’est le feuilleton de la rentrée ! Après l’annonce maladroite du remaniement dès juin, indiquant qu’il aurait lieu en octobre, l’échéance est encore repoussé d’un mois pour l’équipe gouvernementale… qui voit son calvaire prolongé. Faute de savoir qui fera partie de la prochaine équipe, le gouvernement ne peut être dans l’action dont a pourtant besoin la France !

L’avenir de François Fillon n’est pas décidé, ce qui le met également en position délicate. D’autant que Jean-Louis Borloo est bien décidé à remporter sa part du gâteau. Hum, qui de ces deux là l’emportera ? Suite au prochain épisode ! Quant à Xavier Bertrand, il est contesté dans sa gestion du parti par Jean-François Copé, dont il se murmure qu’il aimerait quitter le groupe pour le remplacer. Pour compliquer un peu plus l’équation, François Fillon –au cas où son avenir serait hors de Matignon- serait aussi intéressé…

Il est dramatique de voir ce gouvernement se perdre dans les règlements de compte et autres baux précaires. Il serait tellement plus opportun de se concentrer sur les attentes des français, à savoir des propositions concrètes pour faire face aux enjeux qui attendent notre pays. Vœu pieu ?

A la pêche aux voix centristes

Et c’est reparti pour un tour ! Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy se sont lancés à fond dans la campagne pour le deuxième tour : Ségo était hier soir à Valence, Sarko à Dijon.

Au rayon  politique politicienne de notre grand magasin France, Sarko emporte la palme haut la main grâce à ce magnifique doublé : d’une part, il s’attache le soutien d’Eric Besson le soir même où Ségolène se rend dans le département de ce dernier, d’autre part, il ajoute à son pupitre un bandeau de couleur… orange centriste !

Dans le même temps, le même match se joue sur TF1. Là encore, Sarko a sortie l’artillerie lourde. Fis des Hortefeux (grillé sur la proportionnelle), Morano (tombée en disgrâce), Dati (pas assez mûre), du trio Copé, Jego, Bertrand (trop agressifs), Fillon (trop girouette), l’UMP sort des valeurs sûres et réputées calmes : et c’est Alain Juppé qui s’y colle…

Et pour cause : Alain Juppé est précisément celui qui, lorsqu’il était président de l’UMP, n’a pas tué l’UDF en ne positionnant pas, lors des législatives de 2002, des candidats UMP face au centristes susceptibles de l’emporter. Une attitude longtemps décriée par Nicolas Sarkozy, qui n’hésitait pas à se montrer extrêmement dur avec son prédécesseur, quand ce n’était pas, dans des circonstances plus off, carrément insultant.

C’est d’ailleurs le même Nicolas Sarkozy qui jurait ses grands dieux qu’il serait celui qui tuerait l’UDF en présentant systématiquement un candidat face à eux dans toutes les élections, et qu’il ne prononcerait jamais le nom de François Bayrou –« je ne parle pas de ce qui n’existe pas ».

Ce qui explique tout de suite mieux pourquoi le candidat centriste ne devrait pas prendre parti en faveur de l’UMP. Et pour les accords pré-électoraux éventuels sur les législatives, aucun sarkozyste n’est apte à discuter : seuls les vieux de la vieille, les rebus d’hier, sont à même de se faire entendre des centristes qu’ils n’ont jamais négligé. En la matière, Alain Juppé est l’homme de la situation.

Au vu du score des centristes, il est désormais complètement évident pour tout le monde que la Sarkozie ne gagnera pas la présidentielle seule. Contrairement à ce que le score de 30% laisserait à penser, de prime abord, Nicolas Sarkozy n’est pas tout puissant dans son camp. Au sein de l’UMP, il a eu besoin de l’union de la droite pour réaliser un tel score, et pour gagner, il a besoin de la diplomatie des chiraquiens pour récupérer les voix des brebis égarées.

Si Sarkozy est élu le 6 mai, voilà qui présumera un scrutin intéressant pour les élections à venir à la présidence de l’Assemblée Nationale, mais aussi et surtout à la présidence de l’UMP, en novembre prochain.

La France d’après… le premier tour

Ce matin, chacun a la mine réjouie ou triste, selon que son candidat a gagné, perdu, fait un meilleur score que prévu ou s’est enfoncé dans les limbes de la vie politique française.

En regardant la soirée électorale, j’ai décerné mes « présidentielles d’Or » pour cette édition 2007.

Le truc le plus vomitif de la soirée ? Les UMP qui scandaient « Bayrou avec nous ». Bande d’opportunistes !

Le truc qui faisait le plus pitié ? Le vote Royal dans les banlieues, clairement anti-Sarko. Même pas pro-Ségo…

Le moment le plus émouvant ? La mort du PC, laminé à 2%, encore moins qu’en 2002 où il avait fait le très mauvais score de 3,5%. Décidément Marchais manque à la vie politique française…

L’image de la soirée ? Le Pen encore plus bouledogue que jamais, qui déclare qu’il y a eu un hold-up sur les voix du FN.

La pire prestation ? Ségolène Royal : mi-madonne, mi-marianne, elle a une fois de plus annôné son discours. Tout simplement insupportable.

Le politique à claquer ? Xavier Bertrand, qui croit malin de pavoiser sur le score de Sarkozy et sa supériorité par rapport au score de Chirac en 2002. Sauf que s’il n’y avait pas eu le séisme du 21 avril 2002, Sarko n’aurait jamais fait un tel score au premier tour en 2007. Et si il avait été le candidat de la droite en 2002, il y a fort à parier que les voix de droite qui se sont retrouvées chez Bayrou lui auraient été fatales…

Le plus beau grand écart ? Eric Besson, démissionnaire du PS, qui soutient Nicolas Sarkozy. Le TSS version Ségo

Le meilleur copier/coller ? Nicolas Sarkozy interviewé par France 2 depuis sa Vel Satis…

Le meilleur titre de presse ? Balle au centre, par 20 minutes

Pronostic pour dimanche ? Les électeurs du TSSS –Tout sauf Sarko et Ségo- devraient logiquement s’abstenir. La participation devrait donc être en baisse…