En campagne Simone !

J-27. Plus que 4 semaines avant le référendum… 4 petites semaines de campagne. Face à cet enjeu européen, la France se cherche : Oui ou non ?

Les derniers sondages indiquent tous une remontée du Oui, à 48%. Il reste tout de même encore beaucoup d’indécis, entre 25 et 30% des personnes certaines d’aller voter.

Voilà une bonne raison pour faire campagne à fond, expliquer le texte, et convaincre. C’est ce qu’a décidé Simone Veil, éminente figure de la classe politique française et européenne -rappelons qu’elle a présidé la première législature du Parlement Européen de 1979 à 1982. Simone Veil, aujourd’hui membre du Conseil Constitutionnel, sait bien que ce mandat de juge de la haute juridiction est incompatible avec une entrée en campagne. Elle a donc effectué l’ensemble des formalités préalables à son investissement dans la campagne, en sollicitant auprès du Président du Conseil Constitutionnel un congé de la haute juridiction. Celui-ci lui a donné son feu vert.

Plus rien ne s’opposait alors à son investissement en faveur du Oui. Ce qui aurait du être un non-événement a pourtant alimenté la campagne des ténors du Non, cette semaine. De Montebourg à De Villiers en passant par Chevènement, tous ont brocardé le choix de Simone Veil. Las ! Le Président du Conseil Constitutionnel, personnage le plus compétent en la matière, ne semble pas une autorité suffisamment fiable pour les tenants du Non. Mais pour qui se prennent-ils ?

Au nom de quelques motifs purement électoralistes, ces derniers n’hésitent pas à traîner l’institution dans la boue, au motif que le seul article évoquant la mise en congé d’un « sage » ne pourrait être applicable que dans le cas où celui-ci possède un mandat. La réalité est toute autre : le cas de la campagne référendaire n’est pas prévu par les statuts du Conseil Constitutionnel, et l’article 4 du décret de 1959 est le suivant : « Tout membre du Conseil constitutionnel qui entend solliciter un mandat électif doit demander sa mise en congé pour la durée de la campagne électorale. La mise en congé est de droit. ». Il reste logique qu’il s’applique à tout processus électoral, vu que les sages sont amenés à en valider les résultats ! Sage décision d’un « sage », pourtant pleine de bon sens…

On retrouve bien là les arguments des tenants du Non. Pour eux, le droit devrait tout prévoir. Pire qu’un contrat d’assurances. Ils ont simplement oublié que le droit se construit constamment et qu’il existe, lorsqu’un cas n’est pas prévu, de hautes autorités pour trancher. Dont il ne font pas partie…

Espérons que ces quatre dernières semaines de campagnes ne produiront plus ce genre de dérapages. Rappelons que de nombreux français se plaignent de ne pas comprendre la Constitution, qu’ils trouvent trop complexe. N’allons nous pas décourager les électeurs, en ramenant le débat sur un thème juridiquement pointu et totalement délié de la Constitution ?

Pour dire Oui à la Constitution, engageons nous à dire Non aux campagnes de bas étage. Que chacun prenne un peu ses responsabilités, et se consacre enfin au thème de la campagne. Pour mémoire, la question qui vous sera posée le 29 mai est la suivante : « Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe ? ». Faisons campagne : plus que 4 semaines pour convaincre !

Pour un oui exigeant

Il va falloir arrêter d’être timide, et affirmer un peu plus clairement les convictions du Oui. Je défends le Oui. Mais pas parce qu’on m l’a soufflé dans l’oreillette … Mon Oui n’est pas timide, mon Oui est clair, net, et engagé : en un mot, à notre image.

Je lis ci et là, dans les réactions au billet de la semaine dernière, que nous n’apporterions rien de neuf… Mais au contraire ! Nous voulons bouger, nous voulons avancer, nous voulons une Europe en rupture avec ce que nous avons connu par le passé, et qui n’est plus adapté à l’Europe d’aujourd’hui. Les tenants du Non voudraient nous faire croire que le changement serait de voter Non. Et bien désolé, mais voter Non, ce serait appliquer le Traité de Nice, autrement dit : s’enliser dans la continuité. Est-ce ça que nous voulons ? Résolument, NON.

Cessons ces enfantillages digne d’une cour de récré, arrêtons de babiller sur le nom des politiques pour ou contre la Constitution ou sur les sondages, soyons un peu plus responsables, prenons de la hauteur en nous recentrant sur le texte, car c’est bien la question qui est posée aux français.

Nous reprochons à Bruxelles d’être trop technocratique et à la commission européenne de décider toute seule dans son coin comme l’ont brocardé les souverainistes qui se sont exprimés sur ce blog, et qui réclament une Europe qui sera « décidées par les gouvernants et non par les technocrates de Bruxelles ». ?

Et bien c’est justement le Oui qui donnera ce visage à l’Europe.  Grâce, par exemple, à l’élection du Président, qui ne sera plus, comme aujourd’hui, désigné pour 6 mois et à tour de rôle, mais élu par le Parlement pour une durée de 2 ans et demi, renouvelable une fois. C’est le Oui qui donnera une véritable visibilité à l’Union Européenne.

La Constitution assure également le renforcement du rôle des parlements nationaux, l’affirmation du droit de pétition, la transparence des décisions, et j’en passe… Le texte accroît ainsi fortement le rôle du citoyen en lui conférant un pouvoir de décision, d’information, et d’influence. Ce que ne propose pas le Traité de Nice, actuellement en vigueur, et qui fera loi si le Non l’emporte.

Dire Oui, c’est se donner enfin les moyens de d’améliorer le fonctionnement actuel de l’Europe, et de rompre enfin avec une Europe vieillotte qui vivote avec des mécanismes conçus pour travailler à 6, alors que nous sommes désormais 25.

Cette Constitution nous permet d’avancer, alors pourquoi choisir de stagner ???? Pourquoi vouloir nous mettre au ban de l’Europe en rejetant un texte qui va de l’avant et qui structure l’Europe, pourquoi vouloir rester à la traîne en grommelant comme des sales gosses ???

Notre ambition pour la France, c’est d’être un moteur, une énergie dans la construction de l’Union européenne, ou de rester planqué au fond de la classe à côté du radiateur ???  Sortons de notre complexe d’Astérix, et regardons en face l’Europe dans laquelle nous vivons, et ce que nous voulons.

Notre oui, c’est celui de la rupture, du changement, de l’efficacité.
C’est un Oui dynamique, ambitieux, et tourné vers l’avenir.
Le 29 mai, Osons le Oui !

Voter, c’est être un citoyen responsable !

Mardi 12 avril, publication d’un nouveau sondage CSA pour l’émission France Europe Express (France 3) et France Infos. On y apprend que 36% des personnes interrogées souhaitent « au fond d’eux-mêmes » que le Oui l’emporte, contre 30% pour le Non. Plus intéressant, 34% jugent que « cela n’a pas d’importance ».

On a tout dit sur les sondages et la nécessité de s’en méfier, chacun sait qu’ils n’ont pas vocation à annoncer les résultats du vote, format boule de cristal. Néanmoins, on peut s’interroger sur ce qui ressort de cette mini consultation. Comment 1/3 des personnes interrogées peuvent se sentir aussi peu concernées par les enjeux de ce référendum ?

Pour nous, Jeunes Populaires, jeunes de l’UMP, qui plaçons la responsabilité au premier rang de nos valeurs, cette attitude est totalement surréaliste. Ce sont autant de pierres dans le jardin du concept même de référendum. Notre Constitution prévoit la consultation du peuple, contrairement à nos voisins allemands, qui nous envient beaucoup sur ce point. Et que font ce tiers des personnes interrogées de la responsabilité que leur confèrent nos politiques, en leur accordant la parole ? Ils la mettent au panier. C’est totalement irresponsable !

Evidemment, on peut s’interroger sur les raisons d’un tel désintérêt. Traditionnellement, les scrutins européens attirent peu les foules, et réalisent des records d’abstention. L’Europe paraît peu visible à nos concitoyens, pour qui Bruxelles, « c’est loin ». Peut être. Et en ce sens les politiques, et plus particulièrement à nous, politiques de demain, de fournir un réel effort de pédagogie, pour expliquer l’Europe à nos concitoyens.

Mais parallèlement, n’est-ce pas aussi aux électeurs de s’engager dans la vie de la cité ? De s’intéresser à la chose publique qui détermine leur avenir, chaque fois qu’on leur donne la parole ? Pas un média qui ne fasse l’impasse sur le sujet, pas un journal qui ne publie des fiches pratiques pour aider nos concitoyens à se faire une idée sur le traité, pas un parti qui ne batte la campagne pour expliquer le traité. L’effort doit se poursuivre, mais personne ne peut décemment dire que les citoyens n’ont pas les moyens de s’informer. La vraie question : le veulent-t-ils vraiment ?

Le référendum n’est pas une pratique courante, mais elle est emblématique, puisque c’est le peuple qui s’exprime directement. Il en va de la bonne marche de la démocratie que chacun prenne ses responsabilités. Le 29 mai, Votez !

24h avec la Constitution

Un week-end de militant comme les autres, un peu partout en France. Sur le terrain, dans nos familles, chez nos amis, ou dans la rue : les français sont en demande, ils attendent nos explications.

16h. Réunion militante.

Bien que ce ne soit pas le sujet annoncé par l’équipe, la montée du Non occupe les esprits. Ma voisine évoque les soucis rencontrés dans sa circonscription. Il y a deux jours, elle s’est carrément fait insulter, sur le simple motif de défendre le Oui.

Nous échangeons nos témoignages, points de vue, arguments, idées. La dernière en date : reprendre l’idée d’un département voisin, louer des étales sur les marchés, distribuer des constitutions et se tenir à la disposition de chacun de nos concitoyens. A J-40 et quelques, toutes les idées sont bonnes à prendre…

19h. Apéro chez des amis.

Samedi soir typique pour un jeune de mon âge. Vu ma journée, je ne m’attends pas vraiment à reparler de la Constitution. La maîtresse de maison est encartée, mais nous n’avons pas le souhait de parler politique. Très vite pourtant, le sujet fait son apparition, lancé par le face à face de jeudi dernier entre les jeunes et le Président de la République. En moins de deux minutes, Marc et Thomas m’assaillent de questions.

Premier constat : ils sont tous les deux fortement européens, et ne ressemblent en rien aux jeunes qui se sont exprimés jeudi, et dans lesquels ils ne se sont absolument pas reconnus. Tous deux balaient d’un revers de la main les questions franco-françaises qu’ils ont pu entendre, de même que l’aspect purement politicien. Ils sont amplement convaincu que la Constitution n’a rien de libérale. Eux, ils se posent « de vrais questions » et veulent « de vrais réponses ».

Thomas, partisan du Oui, décide de se faire l’avocat du diable. Conducteur de travaux, il m’explique ainsi que ses ouvriers ne savent pas ce qu’est une Constitution. Qu’ils sont en mesure de s’informer, mais qu’après leur journée de travail, ils n’ont pas envie de « faire l’effort ».Il me dit donc « Qu’est ce que la Constitution ? ».

Question basique, mais à laquelle il devient urgent de répondre… Je lui réponds sans problème qu’il s’agit d’un texte visant à poser les règles de fonctionnement de l’Union Européenne, qui devient politique, et d’en poser ses valeurs, mais il me rebondit tout de go : « Communiquez là dessus ! Faites simple ! »

Marc, lui, est « plutôt tenté par le Non », mais cherche à s’informer au maximum. Son problème ? « J’ai peur qu’à terme, nous perdions notre identité française, et je pense que nous ne sommes pas prêt ». Marc comprend bien, et accepte la Constitution. Mais il se sent responsable de l’Europe qu’il laissera à ses enfants, et ne veut pas signer un chèque en blanc.

Je passe près d’une demi-heure à lui expliquer que la Constitution ne prévoît pas la perte de notre identité, et lui rappelle que c’est sur ce texte que nous devons voter. Au terme de notre discussion, il dit avoir apprécié l’échange sans langue de bois, mais avoue qu’il reste indécis.

22h. Dans un fast-food.

Là, à priori, pas de raisons qu’on me parle de la constitution. Je commande donc mon menu sans me soucier du reste. Mais un détail anodin va intéresser une cliente. En attendant ma commande, j’ai posé sur le comptoir mon lourd carton de tracts. Lucie, mère de famille, vivant au Luxembourg et mariée à un anglais, s’approche timidement : « je peux vous poser une question sur la Constitution ? ».

Ca y est, cette fois, je suis vraiment le Jack Bauer de la Constitution. Comme dans la série américaine 24h, je sens que je n’aurai pas une seconde de répit pendant les 7 semaines qui me reste pour convaincre, je m’attèle donc à essayer de sauver non pas le monde, mais l’Europe. Rien que ça. Action ! Lucie, de par son mode de vie, se sent profondément européenne. Mais ne comprend pas ce que lui apporte la Constitution.

Je lui explique alors que la Constitution aura un visage (le Président et le ministre des Affaires étrangères), que le rôle du Parlement sera renforcé, que le fonctionnement de l’Europe, à laquelle elle adhère déjà, sera simplifié et amélioré. Qu’il s’agit d’un début et non d’une fin. Lucie est convaincue : même si son mari britannique la taquine gentiment en exacerbant le cliché de l’anglais anti-européen, elle votera Oui, pour elle, et pour leur fils.

Dimanche 17 avril – 13h00 – Réunion de famille au grand complet.

Je me dis que l’on va pouvoir éviter les sujets politiques pour quelques heures… Encore une fois raté : le référendum est dans tous les esprits… Connaissant les opinions politiques de ma famille, je me dis que le consensus sera rapidement de mise. Encore une fois, c’est raté ! Qu’elle ne fut pas ma surprise de constater que sur les 15 personnes en âge de voter, 8 seulement étaient sur de voter OUI…

En creusant le problème, je m’aperçois que l’Europe passionne, que l’Europe est attendue, mais que la teneur de certains propos tenus par tel ou tel durant la campagne attisaient les peurs… C’est dans ces moments là qu’on se dit qu’il est de notre devoir militant de rétablir certaines vérités !

Après une longue heure de discussion, d’arguments, de contre arguments, enfin des résultats, 12/15 sont maintenant certains de voter OUI le 29 mai…

La campagne se déroule chaque jour au coin de notre rue, dans nos écoles, nos universités, mais avant tout dans notre propre famille. Alors, tous au travail, il ne reste plus que 41 jours !

Vaccinez vous une bonne fois pour toutes contre l’argument facile de la Turquie !

Samedi 2 avril, sur le plateau de 100% politique, la chaîne infos LCI se fait l’écho d’un sondage évoquant les raisons pour lesquels les électeurs du Non ont choisi cette option.

En première position, et avec plus de la moitié des suffrages : l’opposition à l’entrée de la Turquie en Europe. C’est à peine croyable qu’autant de français puissent encore avoir peur de la Turquie après quatre mois de campagne et autant d’explications claires sur cette question. Il est donc temps de remettre une nouvelle fois les pendules à l’heure.

Premier point, et non des moindres, la question de l’entrée de la Turquie n’a rien à voir avec l’adoption de la Constitution européenne.  La Turquie n’est pas prête aujourd’hui à intégrer l’Union Européenne : elle ne remplit pas aujourd’hui les conditions nécessaires, et ne les remplira probablement pas avant 10 ou 15 ans. Cette question n’est donc pas à l’ordre du jour. Pourquoi s’obstiner à lier les deux questions ?

Juridiquement, c’est absurde : le projet de Constitution Européenne ne comporte aucune facilité particulière relative à l’intégration de la Turquie. En effet, l’entrée de la Turquie est incompatible avec la construction d’une Europe politique fondée sur un projet de civilisation européenne. Ensuite, le projet de Constitution prévoit à son article 57 la création d’un statut de partenaire privilégié spécialement destiné aux pays tels que la Turquie qui veulent une association forte avec l’Union européenne. Cette possibilité offerte par la Constitution rend de fait très difficile l’hypothèse d’une adhésion pleine de la Turquie en Europe, un autre statut plus approprié existant… dans le cas de l’adoption de la Constitution. Dire Oui à la Constitution, c’est donc se donner les moyens de dire Non à la Turquie.

Au-delà de la Constitution, quels sont les moyens des Etats pour s’opposer à l’entrée d’un candidat ?L’article 58 du projet de Constitution prévoit que « les conditions et les modalités de l’admission font l’objet d’un accord entre les Etats membres et l’Etat candidat. Cet accord est soumis par tous les Etats contractants à ratification, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives ».Autrement dit, tout Etat membre conserve le droit de véto sur toute nouvelle candidature à l’entrée dans l’Union Européenne.

L’Etat oui, mais le peuple ? La Constitution de la France prévoyait deux m od es de ratification : par la voie parlementaire, ou par référendum. Le 1er mars 2005, la Constitution est révisée, à l’initiative du Président de la République, et l’article suivant est ajouté : « Art. 88-5. – Tout projet de loi autorisant la ratification d’un traité relatif à l’adhésion d’un Etat à l’Union européenne et aux Communautés européennes est soumis au référendum par le Président de la République. ». Ce qui constitue un changement majeur : l’entrée de tout nouvel Etat dans l’Union Européenne, et donc le cas échéant de la Turquie, sera automatiquement conditionnée au vote du peuple français.

Si le débat portant sur l’adoption de la Constitution européenne et celui portant sur l’intégration ou non de la Turquie en Europe ont toujours été distincts, l’argument trop facile visant à les lier est désormais constitutionnellement caduque !

A moins de deux mois du scrutin, il est nécessaire de faire prendre conscience aux français de ces réalités juridiques, et leur montrer qu’il convient de se montrer responsable et de ne pas tomber dans le panneau de quelques agitateurs d’idées en mal de succès médiatique.