La crise de schizophrénie de Sarkozy*

Toulon, jeudi 1er décembre 2011. Les militants UMP arrivent par car, mais l’Elysée empêche la presse de filmer ces images. L’Elysée empêche ? Tiens, tiens…

Circulez y’a rien à voir, le parti majoritaire envoie des cars entiers de supporters pour remplier les 5350 places assises du Zénith de Toulon, mais ceci est un déplacement du président de la République. La preuve, les banderoles et cornes de brume ont été interdites, pour que ce Sarko show ne fasse pas trop meeting !

Franchement, le président nous prend pour des cons. Le militant ne varie pas selon qu’il porte ou non son matériel militant, et les réactions maîtrisées par un chauffeur de salle ne masqueront jamais l’arrivée par cars entiers de français pas tout à fait ordinaires, mais bien totalement dévoués à leur champion. Les moments choisis pour qu’ils applaudissent –comme par exemple, quand le président a tapé sur les immigrés qui, s’ils étaient trop nombreux, « ruineraient notre protection sociale »– achève de le démontrer.

Depuis quelques jours, le PS et la presse se sont fait l’écho d’une polémique autour de cette campagne menée par Nicolas Sarkozy en habits de président, mais sous lesquels se cache déjà le candidat à sa propre réélection. Ce qui pose un réel problème au regard des dépenses de campagne qui seraient payées par l’Elysée… favorisant ainsi le candidat Sarkozy, en position de réaliser beaucoup plus de déplacements, et d’une ligne de crédit illimitée pour présenter son programme aux français, induisant une inégalité flagrante entre lui et les autres candidats, soumis à un plafond sur leur compte de campagne.

Le président bat campagne…

Certes, il n’est jamais évident pour un candidat sortant de faire la part des choses entre les temps présidentiels et les moments de campagne, notamment en ce qui concerne les transports. Un président nécessite un équipage différent d’un candidat, notamment pour des raisons de sécurité, et un mode de transport adapté à sa charge de président, qui implique l’utilisation de moyens de transport rapides, pour lui permettre de continuer à assumer ses obligations de président. Les autres présidents candidats se sont heurtés à ces problèmes là, d’où la récurrence de cette polémique.

Mais Nicolas Sarkozy, dans toute son outrance et avec l’outrecuidance qui le caractérise, franchit un palier supplémentaire, en imputant sur les comptes présidentiels des déplacements manifestement de candidats, dans leur intégralité, jusqu’à leur mise en scène.  Certes, les cars de militants ont été affrétés par l’UMP, et non par l’Elysée. Reste que si ce show avait été un moment purement présidentiel, n’importe quel français aurait pu y assister. Et réserver sa place.

Ce qui n’aurait pas été sans poser des problèmes de sécurité, c’est bien la raison pour laquelle aucun président ne réalise de tels spectacles. Une preuve supplémentaire qu’il s’agissait bien d’un meeting. Il serait d’ailleurs intéressant de voir qui en réalisait la sécurité : m’est avis qu’on trouverait les mêmes bénévoles que ceux qui sont à l’entrée des meetings de l’UMP… A-t-on vu Giscard, Mitterrand ou Chirac se produire de la sorte ? Une fois de plus, Sarkozy use de son statut jusqu’à la lie.

Mais au-delà, la scénographie a été payée également par le contribuable français, sans se voir imputée sur le compte de campagne. Est-il normal qu’un candidat bénéficie ainsi de la gratuité de la location du Zénith de Toulon pour réaliser un meeting électoral ? Qu’une louma filme le public du haut de son bras articulé ? Qu’un discours soi-disant présidentiel se termine par une Marseillaise entonnée par une salle de militants UMP, marque évidente d’une fin de meeting ? Non, rien de tout ceci ne correspond à une intervention présidentielle, mais tout correspond bien à un meeting de campagne : cette fois, les limites ont largement été franchies.

En outre, il aura fallu attendre longtemps avant que les propos tenus par Sarkozy ne prennent un accent présidentiel. Sur les 52 minutes de ce discours, les quarante premières ont été destinées à dresser un état des lieux de la France, sans oublier de taper sur ses adversaires. Tout y est passé : les 35 heures, l’accord PS-EELV sur le nucléaire, la proposition de VIème République prônée par Eva Joly… Or le président est, en théorie, le président de tous les Français, et au dessus des partis. Aussi qui répond à d’autres candidats à la présidentielle, si ce n’est le candidat ?

Les ¾ du discours ont été ceux d’un candidat prescrivant son programme, non ceux d’un président disposant du temps nécessaire d’ici la fin de son mandat pour l’appliquer. Le tout sous les hourras d’un public dédié. Il aura ainsi fallu attendre la huitième page du discours, sur les onze qu’il comptait, pour que soit enfin prononcé le mot « Europe » ; c’était pourtant le thème de ce déplacement que d’expliquer aux Français l’accord en discussion avec l’Allemagne en vue de produire un nouveau Traité Européen. Traité dont au passage, le président-candidat s’est bien gardé de dire s’il serait ratifié par référendum ou par un vote du Congrès.

… aux frais du contribuable !

En pleine période de crise, et alors que son gouvernement met en place son deuxième plan de rigueur, Sarkozy choisit de dilapider l’argent public en réalisant, en pleine période de crise, des dépenses publiques superflues : s’il s’adresse au peuple, inutile de louer un Zénith ni même de se déplacer à l’autre bout de la France pour un montant qui avoisinerait selon René Dosière les 300 000 euros, dont 93 000 payés par l’Elysée, 10 à 15 000 par les collectivités, et un surcoût de près de 200 000 euros lié au surcroît de présence policière !

Alors que le président demande aux Français des efforts -en ajoutant une journée de carence aux fonctionnaires, en réduisant les indemnités journalières en cas de maladie, en promulguant un deuxième plan de rigueur qui ajoute encore des taxes impactant le pouvoir d’achat des Français- il est absolument intolérable et incompréhensible que le chef de l’Etat candidat se permette de jeter ainsi l’argent public par les fenêtres. Le plus cynique étant tout de même que le dernier plan de rigueur a réduit la voilure des comptes de campagne, en abaissant le plafond de remboursement prévu par l’Etat au nom de l’effort que devaient réaliser également nos politiques pour donner l’exemple. Avouez qu’il y a de quoi s’étrangler.

Le plus juste, dans pareil cas, serait d’obliger le candidat Sarkozy à imputer rétroactivement ces dépenses sur le compte de campagne, dès lors qu’il sera candidat. Les textes prévoient en effet que soient imputées les dépenses concernant la campagne pendant l’année précédant le scrutin. Etant entendu que la jurisprudence ne retient pas automatiquement le critère de la date de déclaration publique de candidature.

Le cas d’un président en exercice étant particulier, il serait utile, au vu de ces excès, pourtant de préciser, par une modification du code électoral, les règles applicables à un président candidat, afin qu’à l’avenir, de tels excès ne se reproduise pas. On pourrait ainsi imaginer que ne soient pas imputées sur le compte de campagne les dépenses supplémentaires nécessitées par son statut de président, comme par exemple la sécurité personnelle du président -à condition de limiter les frais relatif à la présence policière, qui explosent sans raison autre que la trouille présidentielle inversement proportionnelle à sa côte de popularité-, ou l’utilisation de transports dans les avions présidentiels sur justification de leur absolue nécessité. Mais que soient bien imputées les dépenses relevant de la campagne, de la même manière qu’on le fait pour les candidats à d’autres mandats qui utiliseraient des moyens publics pour faire campagne (maire, députés, présidents d’exécutifs locaux…) : la jurisprudence électorale recèle d’exemples en la matière.

Afin d’obtenir des éclaircissements sur les privilèges dont use à outrance le président candidat, les socialistes Pascal Terrasse, député et président de la commission de contrôle financier de son parti, et Daniel Vaillant, mandataire financier de François Hollande, ont écrit à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) pour lui demander de statuer sur l’imputation de ces dépenses dans le compte de campagne.

Ainsi, ils relèvent que « Outre un détournement des fonds publics et du pouvoir conféré par son statut présidentiel, la démarche de Nicolas Sarkozy paraît constituer une infraction à la législation électorale » en multipliant les déplacements présidentiels « dont le choix des thèmes et l’organisation indiquent qu’il est d’ores et déjà candidat à sa propre succession, et que ces déplacements relèvent d’actes de propagande ». Et de donner l’exemple du déplacement au Tricastin où, sous couvert d’une visite sur un site nucléaire, le président s’en est surtout pris à ses adversaires politiques et à leurs programmes électoraux, tout en déroulant le sien. Le mois dernier, à Strasbourg, il s’en était déjà pris aux propositions de François Hollande concernant des personnels supplémentaires dans l’Education. Force est de constater que le président se déplace désormais en tant que candidat, sans assumer cette position schizophrène.

Cependant, il est peu probable que cette saisine de la CNCCFP change la donne. Cet organe  n’est en effet que consultatif, et ne peut délivrer des recommandations, sans se prévaloir de l’interprétation du code électoral qui sera faite dans le cadre de la validation des comptes de campagne, que la CNCCFP n’effectue pas dans le cadre de l’élection présidentielle. En effet, ceux-ci sont validés par le Conseil Constitutionnel. Cette même instance qui, en 1995, a validé sans sourciller les comptes manifestement pas tout à fait réglo du candidat Balladur… dont le porte parole était un certain Nicolas Sarkozy.

Malgré la polémique qui a touché la vénérable institution, et l’envie probable des sages de pointer les manquements au code électoral que la jurisprudence a déjà pointé dans le cadre de nombreuses élections locales et nationales, on voit déjà le scénario se dessiner : au nom du coût très lourd de l’organisation d’une présidentielle, en terme de remboursement des frais de campagne des candidats –même si pour une campagne de 40 jours, ce serait forcément réduit, mais aussi de l’organisation du scrutin, il y a fort à parier que tout le monde s’assoirait sur ces excès, sous prétexte de l’absence de textes précisant le cas particulier du président candidat. Ca n’est pas, en effet, au Conseil Constitutionnel de créer le droit.

Peu probable, donc, qu’il prenne le risque de trancher, au risque de déclencher, par une nouvelle élection, une crise institutionnelle, qui s’ajouterait à la crise économique que notre pays traverse, et dont l’impact serait difficilement maîtrisable sur la place de la France dans le monde. Trop risqué. C’est dire si le président candidat estime pouvoir abuser des ressources de l’Elysée pour faire campagne, en toute impunité. « République exemplaire », qu’il disait. En l’état actuel des choses, « Fuck la démocratie » serait plus approprié.

*Papier publié sur Marianne à cette adresse

Quand la raison politique s’invite dans le recrutement…

Lundi, j’ai revu mon agence d’intérim chérie. Celle dans laquelle j’ai commencé ma carrière d’assistante de direction il y a dix ans, et qui est une merveille.

Dans cette petite agence, pas question de placer les gens n’importe comment : on fait selon leur profil et leurs aspirations, partant du principe que si le salarié est bien dans son job, il le fera bien, et tout le monde sera content. Notamment le client, qui confiera alors de nouvelles missions à l’agence. Bref, des gens qui ont tout compris, et que j’aime pour cela.

J’avais rendez-vous avec la patronne, pour faire un point sur ma situation, mes envies, et voir ce que l’on pouvait faire ensemble. Elle avait une mission en tête. Un de ses clients, une grosse entreprise publique, cherchait une assistante de direction, avec un cerveau, et capable d’assister un big boss bien pressurisé. Pour elle, qui me connaît bien et qui dispose de très bons retours de clients sur les missions déjà effectuées par le passé, je collais parfaitement. Jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne s’immiscer dans le processus de recrutement.

Comme prévu, elle a transmis mon dossier de candidature et sa chaude recommandation à son client, et le retour a été rapide : un gros non. Quelque chose aurait-il échappé à la patronne de l’agence ? Manquerais-je des compétences nécessaires pour le poste ? N’avait-elle pas compris la demande de son client ? Non, rien de tout cela. Je disposais bien des qualités requises. Mais alors, pourquoi ce refus catégorique de me rencontrer ?

J’ai travaillé comme permanente au sein du parti politique UMP. Et cela pourrait, selon le client de cette grande entreprise publique, remonter aux oreilles des syndicats, et en particulier de la CGT. Qui fait encore la pluie et le beau temps dans l’entreprise. Ce qui pourrait nuire à la bonne marche du service de celui qui ne sera donc pas mon futur patron. En gros, avoir travaillé pendant 18 mois, en tant que simple assistante de direction, au sein de l’UMP, représente un risque stratégique. Soit.

Peu importe que je n’ai pas occupé de fonction politique au sein de l’UMP, ou même que j’ai été virée pour raison politique par l’équipe du président du parti de l’époque, qui s’appelait Nicolas Sarkozy. C’est toute l’ironie de l’histoire : on me refuse pour une étiquette associée au sarkozysme, alors que j’ai été virée par l’équipe Sarkozy pour chiraquisme non conforme avec le sarkozysme. Et ce alors que j’étais reconnue en interne comme l’un des meilleurs éléments… sur le plan strictement professionnel. La raison politique, déjà, à l’époque… C’est dire si je connais le sujet !

Reste que tout ceci relève de la discrimination et du délit de prétendue opinion. Car avoir été assistante de direction au sein de l’UMP ne signifie pas que j’en partage les valeurs : il ne s’agit pas d’un poste politique, et contrairement au mythe répandu, nombreux sont les permanents à ne pas être encartés. Plus drôle, les non encartés sont en général ceux qui tiennent des postes politiques, comme par exemple au service des études, ceux qui rédigent le programme. En tout cas à l’époque.

C’est dire le non sens profond de ce rejet à mon égard, qui relève d’une toute aussi profonde méconnaissance du fonctionnement des partis. Cette décision tient à un mythe. En ce qui me concerne, j’étais à l’époque encartée. Dès mon licenciement, j’ai cessé d’adhérer à l’UMP : je n’allais tout de même pas donner du fric à ceux qui venaient de me faire un gros chèque pour licenciement abusif…

Ca n’est pas la première fois qu’une telle mésaventure m’arrive et qu’on me dit franchement que la politique a bloqué ma candidature. Et il m’est arrivé de nombreuses fois d’avoir le doute. Pourtant, je n’envisage pas de maquiller mon CV. Je n’ai pas honte des endroits où j’ai travaillé, et en tant qu’assistante de direction, j’ai eu à l’UMP de nombreuses expériences probantes qui sont extrêmement révélatrices de mes qualités à ce poste. C’est donc un point de force dans mon parcours. Je ne vois pas en quoi je devrais le cacher.

Aussi, j’assume totalement d’avoir quitté un poste prometteur au sein d’une major hollywoodienne pour entrer à l’UMP et y créer le poste d’assistante au sein des Jeunes Populaires. Je suis fière d’avoir instauré tous les process, géré l’agenda et les déplacements de ma Boss, répondu à la centaine d’appels téléphoniques par jour, rédigé les dizaines de courriers de réponse à ceux qu’elle recevait, aux centaines de mails qui arrivaient chaque jour sur nos boîtes, accueilli ses rendez-vous mais aussi les cadres et les militants qui venaient à notre bureau, organisé les réunions de service, établi les notes de frais pour la centaine de cadres que comptait notre départements, géré et envoyé les fichiers à ces mêmes cadres… bref, d’avoir fait le job de l’assistante de direction que j’étais.

Mais encore plus fière des missions annexes, comme l’organisation générale d’événements jusqu’à 5000 personnes pour les jeunes, et 40 000 pour les aînés. Un exemple. La veille de son accession à la tête de l’UMP, Nicolas Sarkozy avait exigé que nous organisions une soirée pour les jeunes, la veille. L’objectif était de réunir 2000 jeunes populaires à côté de Paris, de les loger le soir, et de les emmener sur site au Bourget le lendemain.

Ce qui signifiait, pour les jeunes de province (1500) :

  • Transport en train ou avion jusqu’à Paris
  • Transfert Gare ou Aéroport/Bodega en car
  • Bagagerie à la Bodega
  • Transfert Bodega/Hôtel en car
  • Nuit à l’hôtel
  • Transfert Hôtel / Palais des expositions du Bourget en car
  • Transfert Bourget / Gare ou Aéroport en car

Le tableau de bord récapitulait, pour chaque département, toutes ces étapes. Sachant qu’il fallait :

  • faire coller les heures d’arrivée et de départ des trains et avions, pour remplir les cars à leur capacité maximale, à savoir 50 personnes (que les départements viennent à 3 ou 27)
  • utiliser au maximum les mêmes cars pour aller à la Bodega et à l’hôtel afin de ne pas surcharger la bagagerie
  • faire coïncider ces mêmes cars avec les capacités d’hébergement, donc gérer la répartition des chambres en fonction.
  • Gérer les cas particuliers (venu en voiture mais ayant besoin d’une chambre, ou l’inverse, arrivé par un autre train, …)

L’ensemble représentait 7 points d’arrivée et de départ (5 gares, 2 aéroports), 30 cars et 11 hôtels. Et j’étais seule pour faire ce tableau et les feuilles de route pour l’ensemble des départements… en veillant à ne pas me tromper : toute erreur aurait eu pour conséquence de perdre les militants en route. Tout en assurant naturellement la gestion des relations avec les prestataires, pour la réservation des billets, l’ajustement du nombre de chambres, la réservation du bon nombre de cars…

Un mois seulement pour gérer tout ceci entre l’annonce de l’événement jusqu’à sa tenue. Des inscriptions à la réalisation : tout à concevoir, planifier, gérer, et réaliser. Et non un mois pour faire uniquement le tableau, les inscriptions étant arrivées jusqu’à deux jours avant ce meeting. Tout en gérant le reste de la vie classique du bureau –appels, mails, Boss, cadres, …- mais aussi le recrutement et l’organisation de l’équipe en charge de toute cette organisation (accueil aux gares, navettes, tenir la bagagerie…), vous l’aviez compris. Oui, tout ceci a nécessité un paquet d’heures supplémentaires pour nécessité de service. A-dap-ta-bi-li-té !

C’est un exemple parmi tant d’autres, mais voilà une de mes réalisations probantes. Qui n’aimerait pas avoir une assistante de direction capable d’assurer le quotidien, mais aussi de faire face, dans l’urgence, aux exigences de l’entreprise ? Franchement, je ne vois pas une seconde pourquoi je me priverais d’exposer une expérience qui en dit tant sur mes compétences et mes capacités.

Aussi, si cette personne commet l’erreur de bloquer sur un sigle qui ne signifie en rien mon positionnement politique actuel –j’ai voté à gauche aux cantonales, et si je suis favorable à une hypothèse Juppé (mon rêve) ou Villepin, je ne m’interdis pas de faire preuve d’humour corrézien en cas d’absence d’un de ces hommes-, il n’en reste pas moins que mes opinions politiques relèvent du domaine privé.

Voilà pourquoi j’estime qu’on ne peut en aucun cas me reprocher d’avoir travaillé au sein de l’UMP. Et d’ailleurs, je ne compte pas renier cette excellente expérience, très formatrice, et dans laquelle j’ai pu m’épanouir sur le plan strictement professionnel, grâce à la confiance de ma Boss. Non, je ne me réfugierai pas derrière l’appellation « société confidentielle » !

Heureusement, tous les recruteurs ne sont pas si fermés. Et si ce directeur n’a pas voulu en savoir plus sur le service que je peux apporter à sa structure, nous n’avions, effectivement, pas les mêmes valeurs : heureuse donc de ne pas travailler avec un tel Boss. Next !

Recherche mouton à 12 pattes. Cerveaux s’abstenir.

Depuis 3 mois, j’ai posé 27 candidatures, toutes ciblées, qui m’ont permis de recevoir 20 accusés de réception, et de décrocher 10 entretiens.

Déjà, il est inadmissible de ne pas avoir d’accusé de réception : chère entreprise, si je candidate chez toi, c’est que je m’intéresse à toi. La moindre des politesses, c’est de me répondre. Parce qu’on doit avoir le courage de mettre un râteau… Allez, un peu de courage. Quant au service RH, fais ton job, t’es payé pour. Ou recrute pour faire face à la masse. Nan mais !

Ensuite, vous me direz que j’affiche un beau rapport candidatures/entretiens, et que « c’est bien ». Peut être, mais pas suffisant. Ca ne paye pas le loyer, de choper des entretiens. Et au nombre que j’ai passé, ça ne m’entraîne plus : je sais me présenter en 2 ou en 20 minutes suivant le format choisi, en français et en anglais, et je suis souriante et dynamique. A chaque fois j’y crois. Quant aux taux affiché, ça n’est ni plus ni moins la preuve que je cible correctement mes candidatures.

Mais je joue au loto, et encore, même pas. Car dans ce jeu, les règles sont biaisées. Si je cherche un job, le recruteur ne me reçoit pas nécessairement pour évaluer l’adéquation entre l’offre et la demande. Les cabinets de recrutement, par exemple, ont parfois d’autres objectifs. D’une part, avoir reçu suffisamment de candidats pour le poste. Recevoir quelqu’un qui ne colle pas-mais-à-qui-on-peut-laisser-penser-que-si permet de prétendre avoir reçu plein de monde et choisi le meilleur. Foutaises ! Mais quand vous êtes bons, ça permet aussi d’étalonner. En d’autres termes, je sers souvent de faire-valoir. Mazel tov !

L’entretien du jour entrait dans cette catégorie. La consultante m’a reçu en 14 minutes chrono, pour me dire très rapidement que je ne convenais pas pour le poste, au motif que j’étais trop compétente. Si, si, je vous assure, c’est ce qu’elle m’a dit. Avant d’ajouter : « Vous, vous êtes pour les postes où il faut savoir tout faire, il vous faut de l’occupation ». Parce que tu cherches une assistante qui passe sa journée à réajuster son make-up ??? Elle a cru bon de préciser : « Vous n’êtes pas faites pour juste suivre des process ». Euh non, mais juste pour info, je sais AUSSI les suivre…

Mon principal problème dans ma recherche d’emploi ? J’ai un cerveau. Je n’ai pas compris que les recruteurs cherchaient le mouton à 12 pattes. C’est à dire un mouton. On me reproche d’être capable de plus que de suivre des process. On me reproche d’être polyvalente. De savoir anticiper. D’être force de proposition. Ni plus ni moins que l’alliance de mon intelligence et de mon expérience.

Mon job, c’est être collaboratrice. Ce peut être chargée de mission ou assistante de direction, mais je suis un bras droit. L’épaule du Boss. Celle qui est là pour exécuter l’intendance afin qu’il puisse se concentrer sur mon job. Celle qui lui facilite la vie. Et ce job, dans sa version wonderful, inclut l’anticipation. Il ne s’agit effectivement pas juste de suivre le guide des procédures, mais d’être capable de l’appliquer dans tous les contextes. Même en dehors de la fiche de poste. Ca s’appelle l’adaptabilité.

J’ai de forts atouts : je suis agréable, dynamique, compétente, bosseuse, et je dispose d’excellentes références pour confirmer tout cela. Beaucoup d’entres elles aimeraient d’ailleurs retravailler avec moi si leurs structures respectives disposaient d’opportunités. Ce qui n’est hélas pas le cas. Et certaines, parmi elles, suivent de près mes candidatures, et font tout pour m’aider.

Merci à ces soutiens, particulièrement H et R, qui me sont précieux. Mais eux ont bossé avec moi. Ils savent qu’ils peuvent me demander n’importe quoi, que ce sera toujours fait et bien souvent avant même qu’ils ne le demandent. Ils savent aussi ma loyauté, et sont mes meilleurs avocats pour expliquer qu’on peut toujours compter sur moi. Hélas, personne ne les appelle pour vérifier… Damnit.

Alors, c’est grave docteur ?  Je vais vous faire une confidence : je ne suis pas désolé d’avoir un cerveau, et quelque habileté à m’en servir. Et très fière de ne pas être un mouton ! Si -et seulement si, comme on apprenait en cours de maths- vous connaissez quelqu’un qui recherche une collaboratrice dans mon style, je serai ravie de rencontrer cette perle de Boss-To-Be. Au futur proche, pas au conditionnel. Si vous voulez un aperçu de mon cursus, vous pouvez toujours visiter mon Twitt CV. A votre disposition !

Ressources, peut être, humaines, ça dépend…

Quand j’étais petite, la télévision diffusait souvent une publicité pour la Vache Qui Rit, dans laquelle de nombreuses meuh meuh se présentaient à un casting pour représenter la marque. A chacune d’elle, une réponse : trop comme ci, pas assez comme ça… A croire que l’on nous préparait de manière subliminale à nos futurs entretiens d’embauche.

Ces derniers temps, j’ai réussi à en décrocher quelques uns. Ce qui m’a permis de réviser quelques notions de bases sur la loi de l’offre et de la demande : plus il y a de chômeurs, plus la sélection se fait sur des détails parfois étonnants, et moins les entreprises sont attentives aux arguments qu’elles donnent en cas de réponse négative… ni sur la manière dont elles peuvent donner cette réponse. Pire, il y a un certain relâchement dans le comportement de certains…

Petit florilège de mes récentes expériences avec ces étranges travailleurs que l’on dit spécialiste en ressources humaines…

Catégorie « ne sait pas lire »

Un cabinet de recrutement , qui m’a appelée en urgence pour un poste à pourvoir pour avant-hier, demandant à me voir dans l’heure, me fait passer un entretien surréaliste (la DRH répondant elle-même aux questions qu’elle posait sur la simple lecture de mon CV) me fait passer un test oral d’anglais, puis me demande ce que je pense de mon niveau.« Courant », dis-je. Elle confirme : « Et même bon courant ! ». Puis me dit que  pour le poste, il faut être bilingue en anglais de la finance. Euh… mon CV mentionnait courant, pas bilingue, et il était clair au vu de mon expérience que je n’ai jamais travaillé dans la finance.

Une administration me fait passer un entretien pour un poste d’assistante de direction. Quelques jours plus tard je suis rappelée : « votre expérience d’assistante de direction date un peu et vous avez un niveau nettement au dessus ». Euh… c’était écrit dessus…

Catégorie « ne respecte pas les règles »

Ce même cabinet de recrutement, m’a fait passer un test de personnalité… et ne m’en a jamais donné le résultat malgré mes relances. C’est interdit, et pourtant, c’est arrivé.

Une entreprise m’a demandé ouvertement ma situation matrimoniale et si j’avais des enfants avant de me convoquer pour une date, les petits n’enfants étant incompatibles avec ce travail. C’est tout aussi interdit.

Catégorie « goujaterie »

Une entreprise m’a reçue à la demande de son directeur général, membre de mon réseau… ce qui n’a pas plu à la DRH. S’en est suivie une heure d’entretien glacial, limite désagréable, histoire de bien me faire sentir que je n’aurai jamais le job. Bilan, une heure de perdue pour toutes les deux. Nice…

Après trois entretiens qui m’avaient menée en finale, une entreprise ne m’a même pas rappelée pour me faire part de la réponse définitive, préférant m’envoyer un mail de ce type : « après un examen attentif de votre dossier, nous regrettons de ne pouvoir, malgré son intérêt, lui donner une suite favorable. En effet, parmi l’une des autres candidatures reçues, correspond de façon plus précise aux exigences du poste ». Notez le « candidature reçue »… après 3 entretiens !!!

Biip biiippp : Pôle Emploi m’envoie un texto !

Aujourd’hui, j’ai créé mon espace personnel sur le site de Pôle Emploi. Ca me gonfle, mais de toute façon mon conseiller me prendra la tête pour le faire, donc autant me plier à la corvée tant que je n’ai pas grand-chose à faire, les sites n’affichant aujourd’hui aucune annonce.

Parmi les propositions, j’ai accepté de recevoir des textos de Pôle Emploi. On ne sait jamais, si Popole pouvait m’apporter une bonne nouvelle… Puis j’ai créé mes alertes. Et cherché des annonces. Si, si ! J’ai tellement cherché que j’ai fini par trouver une annonce d’assistante bilingue qui pourrait à peu près me convenir.

Et là, stupeur : Pôle Emploi m’a envoyé un texto. Enfin deux textos. Le premier, pour me dire que j’avais un message sur mon espace personnel. Très utile… On t’envoie un texto, qui coûte de l’argent, pour te dire d’aller voir ton espace personnel, alors que si tu étais devant un ordinateur, un mail suffirait à te prévenir, tu cliquerais sur le lien, et tu aurais le message. Mais nan, un texto. WTF ???

Je me précipite donc sur mon espace personnel, pour lire le message du Conseiller qui valide les candidatures avant envoi au client. Ouais, y’a un mec payé pour décider du bien fondé de ta candidature. Je sens que je vais me marrer au prochain rendez-vous avec mon conseiller… Et là, je découvre que le poste est réservé aux handicapés. Dans l’annonce, il était « ouvert » aux handicapés, ce qui en bon français, n’excluait pas les valides. Mais selon Conseiller, si. Donc fuck my job research, me voilà out.

J’aurais bien voulu répondre à la question de ce conseiller qui me demandait de préciser mon éligibilité, mais il n’y avait aucun bouton reply. Il fallait que je modifie ma candidature, et là encore, impossible de trouver où indiquer à Conseiller que mon corps fonctionnait à merveille. Je n’ai pas trouvé d’autre moyen que de supprimer ma télécandidature. Simple et efficace.

Ca n’a pas du être du goût de Pôle Emploi, qui une demi-heure après, m’a envoyé un nouveau texto… pour m’annoncer que je ne remplissais pas tous les critères. Nan sans dec’ ? Encore un gadget inutile, qui nous coûte de l’argent.