Oui pour la France !

Il ne reste plus que quelques jours pour faire campagne. C’est le moment de dire aux Français, droit dans les yeux, la réalité sur l’enjeu de ce scrutin. Si nous disons oui, nous ouvrons de grands opportunités à la France. Si nous disons Non, nous nous fermons des portes. L’économie de la France et notre avenir passent par l’Europe. Il est temps d’en prendre conscience, et de le faire savoir.

Que se passera-t-il si le Non l’emporte ? Comme le disait Jean-François Copé mardi dernier, il y aura « à l’évidence pour les mois ou les années qui viennent un climat d’incertitude qui pèsera beaucoup sur les décisions économiques prises par les grands acteurs et notamment les entreprises, mais aussi par les ménages. » Il n’est pas nécessaire d’avoir une boule de cristal pour imaginer que les marchés vont réagir timidement, idem pour les entreprises et les ménages. Par conséquent, on entrera dans une péri od e d’incertitude économique, dans laquelle chaque acteur de la vie économique française attendra de visualiser les conséquences avant de prendre la moindre décision.

Soyons sérieux : si le Non l’emporte, nous ne savons pas exactement ce qu’il se passera. Nous ne pouvons rien prédire. Mais ayons tout de même un peu de bon sens : même sans dramatiser en envisageant le pire, nous pouvons tous reconnaître qu’au mieux, nous perdrons du temps, et cela se compte en années. En confiance vis-à-vis de nos partenaires européens, et dans le monde, car nous perdrons fatalement en crédibilité. Si tel n’était pas le cas, pourquoi nos partenaires européens auraient-ils autant les yeux rivés sur la France, et pourquoi s’investiraient ils autant dans la campagne en faveur du Oui ?

Eux-mêmes le disent : « Il n’y a pas l’ombre d’une chance de rouvrir le processus constitutionnel (…) ou bien il faudra se contenter de beaucoup moins que cela » a déclaré jeudi matin le Chancelier Allemand Gerhard Schröder, ajoutant : « L’idée de l’Europe a vu le jour ici en France. La France a la responsabilité de ne pas laisser tomber les autres Européens. C’est la requête que nous vous adressons aujourd’hui, avec humilité ». Propos à l’unisson du président Polonais, M. Kwasniewski, qui a déclaré : « Nous avons besoin de la France en tant qu’architecte de cette construction européenne ». Nos partenaires européens sont venus à Nancy rappeler une évidence aux Français : on ne peut pas se dire pour l’Europe, et refuser ce texte. Parce que ce projet de Constitution s’inscrit dans la continuité des efforts réalisés depuis 60 ans sur notre continent pour réaliser cet espace d’échange et de paix. A nous de savoir si nous voulons poursuivre l’aventure…

Ce n’est pas par hasard que plus de cent entrepreneurs ont appelé mercredi dernier à voter Oui, estimant que la France « commettrait une grave erreur  en contrariant, pour cause de malaise existentiel », une construction européenne qui représente le « meilleur futur possible. ». Face aux craintes de certains, rappelons que la France représente 6% des échanges mondiaux, dont 60% au sein de l’Union européenne. Au deuxième rang des investisseurs mondiaux après les Etats-Unis, notre pays est la quatrième destination des investissements internationaux créateurs d’emplois et de croissance. Aujourd’hui, la France occupe une place de choix en Europe et dans le monde.

Rappelons un exemple concret parmi tant d’autres : le projet ITER. La France était en concurrence avec le Japon pour accueillir ce réacteur nucléaire nouvelle génération, générateur de milliers d’emplois hautement qualifiés, et véritable manne financière. Aujourd’hui la France devrait accueillir le site d’ITER, malgré le soutien des Etats-Unis au Japon, et grâce aux efforts de l’Europe. Alors bien sûr, ce n’est pas grâce à la Constitution, ce n’est qu’un exemple de l’apport de l’Europe à la France, et du poids de la France en Europe. Car l’Europe a voulu avoir ce réacteur sur son territoire. Et pour ce projet, l’Europe soutient la France. Et demain ?

Allons nous nous replier sur nous-mêmes, et choisir de rester seul, face aux ensembles géants que sont les Etats-Unis, la Chine, et les autres grands pays émergents ?

Allons nous refuser ce projet de Constitution, qui au-delà de nous permettre de rester dans la course mondiale, reconnaît parallèlement les droits des salariés et assure la pérennité de nos services publics ?

Allons nous choisir de poursuivre en tant que grande puissance économique, ou choisir de nous tirer une balle dans le pied, et générer la sinistrose dans notre pays ? Allons nous choisir de rester dans ce peloton de tête, de poursuivre en tant que moteur de l’Europe, de continuer à faire entendre notre voix en Europe et dans le monde ?

« Le 29 mai, c’est un choix historique que nous avons à faire, un choix qui engage chacun d’entre nous. Ne cédons pas à la tentation du repli. Faisons le choix du rayonnement de la France. Portons haut les intérêts des Français. Faisons le choix d’une Europe juste et d’une Europe puissante », a dit le Président de la République Jacques Chirac jeudi dernier, rappelant que « ce qui est en jeu, c’est l’avenir de la France, c’est sa place en Europe, c’est l’avenir de l’Europe ». Nous avons tout à gagner à poursuivre la construction européenne. Il ne reste plus que 6 jours pour décider. Le 29 mai, ce sera nôtre dernier mot : Oui ou … Non.

Une campagne qui s’intensifie : le meilleur du pire

Plus que deux petites semaines avant la date fatidique du 29 mai, qui verra enfin la réponse à l’angoissante question : Oui ou Non ? Plus que deux petites semaines pour chaque camp, et chacun affûte ses arguments, se livrant à l’exercice de la petite phrase. A si peu de temps de l’échéance, les déclarations s’enchaînent, pas toujours heureuses. Petit tour d’horizon de cette semaine de campagne, et contre-argumentaire.

Chez les extrêmes, on ne se dispute pas. Mieux, on fait même campagne ensemble. C’est ainsi que lundi soir, sur TF1, l’on voit Marie Georges Buffet aux côtés de messieurs Le Pen et De Villiers. Charmante image, la semaine commence bien… Tout en revendiquant son incompatibilité avec ses voisins bien qu’elle ait accepté d’être à leurs côtés, Marie-George Buffet estime « que la gauche et la droite ce n’est pas compatible, y compris pour construire l’Europe ». Ah bon ? Il nous avait plutôt semblé intelligent que« les deux responsables des deux grandes formations politiques républicaines sachent se hausser au-dessus des intérêts partisans pour dire que sur l’Europe il y a un intérêt national », comme le lui a très justement rétorqué Nicolas Sarkozy, Président de l’UMP.

Lundi également, Marc Dolez, député PS du Nord, affirmait que si le Non l’emporte au référendum, « il y aura forcément renégociation », argument déjà avancé par Laurent Fabius dimanche soir. Mise au point dès mardi matin par le Président du Parlement Européen, Josep Borrell : « Le traité constitutionnel prévoit que si, au bout de deux ans, cinq pays n’ont pas ratifié la Constitution, le Conseil doit se saisir de la question : c’est-à-dire qu’on doit en parler. » Mais « pour passer de la parole aux actes, il faudrait que tous soient d’accord. Or, dire que dans deux ans nous serons tous prêt à renégocier parce que la France ou un autre pays aura dit Non, c’est une interprétation assez généreuse de la réalité ». Comme si les autres pays allaient accepter de se relancer dans de longues négociations juste parce que nous aurions été capricieux… Que les partisans du Non grandissent un peu et assument leur responsabilité !

Mardi dernier, le sénateur Michel Charasse, expliquait sur France 2 que la Constitution européenne menaçait la République, et osait affirmer « c’est parce que je reste fidèle à François Mitterrand que je vote Non ». Diantre, l’ancien Président de la République au secours des tenants du Non, nul n’aurait pu l’imaginer. En effet, François Mitterrand a toujours été un fervent défenseur de l’Europe, et l’on se souviendra au moins de sa réussite dans le développement de l’axe franco-allemand. Il faut dire que l’ancien Président, décédé depuis 9 ans, est l’objet d’une (nouvelle ?) querelle entre socialistes, Roland Dumas ayant déclaré dans une interview au Figaro mardi que« Mitterrand approuverait ce traité et le défendrait », et même au sein de sa propre famille : sa femme vote Non, son fils vote Oui, et sa fille garde sa « bouche cousue » (ndlr : comme le titre de son dernier roman). On y perdrait son latin ! Le mieux, ce serait encore d’éviter de mêler les disparus à cet enjeu, il est évident qu’on ne saura jamais. Là encore, j’appelle les politiques à faire preuve de responsabilité.

Rappelons également aux troupes du Oui qu’il ne reste que 13 jours avant le scrutin.

13 jours pour convaincre les indécis
13 jours pour marquer les esprits par de vrais arguments.
13 jours pour gagner la bataille du OUI !

Oui à la diversité culturelle en Europe

« Unis dans la diversité », telle est la devise de l’Europe. S’il est bien un domaine dans lequel cette devise trouvera toute son application, c’est l’Europe de la Culture.

Cette semaine, se tenaient à Paris les rencontres européennes de la Culture. Près de 500 artistes ont participé aux travaux, sous le haut patronage du Président de la République Jacques Chirac, et avec la participation de Renaud Donnedieu de Vabres, Ministre de la Culture et de la Communication, et José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne. Autant de personnalités politiques venues expliquer au monde des arts en quoi la Constitution européenne est une chance pour la Culture.

Actualité oblige, certains tenants du Non se sont déchaînés. On a ainsi pu entendre Jean-Pierre Chevènement dire que « la Constitution étrangle le cinéma européen et français », au motif que dans l’Union, « 18 pays de dix millions ou moins d’habitants n’ont pas d’industrie cinématographique » d’où selon lui, la possibilité, pour les « lobby hollywoodiens », de réunir des« minorités de blocage ».

Premièrement, j’aimerais bien connaître sa liste des 18 pays européens de moins de 10 millions d’habitants qui n’ont pas d’industrie cinématographique. Parce que pour moi, cinéphile aguerrie il est vrai, les 25 pays de l’Union européenne ont tous une industrie cinématographique, même les plus petits… Peut être avons-nous un problème de définition… Donc je me permets de rappeler à Monsieur Chevènement que l’industrie cinématographique se compose de la production des films, de leur distribution, et de l’exploitation dans les salles. Monsieur Chevènement imagine-t-il qu’il n’y a pas de salles de cinéma dans certains pays de l’Union européenne ? A-t-il une vision aussi archaïque de notre continent ? Si il y a des salles, il y a des distributeurs pour louer les copies à ces salles : vérification effectuée, il y en a bien dans tous les pays de l’Union. Enfin, pour enfoncer le clou, tous les pays de l’Union européenne produisent des films, au minimum en coproduction. Par exemple, Chypre a coproduit 4 films depuis 1998, la Slovénie en a coproduit 4 depuis 1997 dont No Man’s land de Danis Tanovic qui a remporté le prix de la mise en scène à Cannes en 2001, et même Malte a coproduit un film en 1997 !

En la matière, ce système facilitant les coproductions est justement la grande force de l’Europe. Cela permet à de petits pays de produire des films, en s’aidant des moyens financiers de pays plus riches ou voisins. Ce système, très inspiré par la France, qui le pratique depuis la création du Centre National de la Cinématographie (CNC) dans les années 40, permet aux sociétés de production de pouvoir toucher des aides européennes, sous condition de financement de plusieurs pays européens. Pour mémoire, le CNC a été créé pour éviter « les risques d’invasion » des films américains après la guerre.

L’Europe, qui n’a pas attendu la constitution pour permettre aux pays européens de travailler en coopération, et soutenir son industrie cinématographique. Elle propose aujourd’hui avec la Constitution d’aller plus loin. Tout d’abord, comme l’a rappelé le Président de la République aux artistes présents lors de cette journée, le traité « permet un progrès décisif », puisque « pour la première fois, la vocation culturelle de la construction européenne sera élevée au rang des objectifs fondamentaux de l’Union ». Ensuite, la Constitution intègre le principe de l’exception culturelle : les décisions en ce domaine seront soumises à la règle de l’unanimité, ce qui permettra à chaque pays de conserver son droit de véto. Et c’est capital ! Rappelons qu’en 1998, la France avait fait échouer les l’AMI (accord multilatéral sur l’investissement) lors des négociations de l’Uruguay Round, menées dans le cadre de l’OMC, au motif que… l’exception culturelle n’était pas prise en compte dans le projet d’accord.

Depuis l’Uruguay Round, les artistes n’ont jamais relâché leur mobilisation, et souvent débattu avec les institutions –avec la Commission européenne en tête- pour sauvegarder l’exception culturelle. En 2003, le monde des arts s’est fortement mobilisé pour que le projet de Constitution intègre l’exception culturelle. C’est désormais chose faite, grâce aux fortes pressions exercées par la France.

Il est temps pour Monsieur Chevènement de cesser de faire son cinéma, et laisser cela aux vrais professionnels. La Constitution européenne renforcera l’existence des cinémas européens, même des plus petites industries, et leur permettra de survivre face au géant hollywoodien. Pour la diversité des cultures en Europe, une seule solution : Votez Oui le 29 mai !