Les tribulations d’Anelka en Chine

Branle bas de combat ! Tigana viré du club de Shangaï, le nouvel entraîneur s’appelle… Nicolas Anelka ! Quand on connaît le tempérament du joueur, cette décision a de quoi surprendre…

Mais cela n’effraie pas les chinois. Avant même la fin de saison, le joueur français, qui n’a pas vraiment brillé en Chine avec seulement deux buts inscrits, se retrouve promu à la place de l’ancien entraîneur de Bordeaux, limogé après seulement 5 matchs.

Censé mener le club au titre, Tigana paie cher les extravagances du propriétaire multimilliardaire Zhu Jun, qui a voulu faire de Shangaï un joujou prestigieux, avec des recrues attirées par des ponts d’or, et l’obligation de ramener le titre dès cette saison.

Mais aussi aussi un début de saison catastrophique, avec deux défaites, deux nuls et seulement une victoire : le Shangaï Shensua peine notamment en raison d’une défense inexistante, et faute d’avoir trouvé le schéma de jeu tactique qui pourrait le mener vers le succès. Résultat, le club pointe à la onzième place du championnat, sur 16 clubs en lice… Très décevant !

Zhu Jung mise tout sur Anelka

A 33 ans, une nouvelle carrière s’ouvrirait elle pour l’international tricolore ? Anelka, qui touche 230 000 € par semaine, devra faire mieux que son prédécesseur… tout en restant joueur. Une situation ubuesque !

A noter toutefois que le club nie le licenciement de Tigana, qui resterait entraîneur aux côtés de Nicolas Anelka, seuls ses adjoints seraient virés. Ambiance… Reste à savoir si l’ancien joueur du PSG sera capable de sauver les meubles à Shangaï que ce soit sur ou au bord du terrain.

G20… G vain ?

Ce G20 devait être l’occasion d’avancer sur la gouvernance mondiale, et dans les négociations entre les vingt pays les plus riches pour normaliser les échanges mondiaux.

On devait y évoquer la nécessaire régulation pour éviter la mainmise des marchés  et des agences de notation sur l’économie. On devait y inventer le monde économique de demain pour faire face aux défis qui nous attendent.

Hélas, le sommet aura été marqué par les conséquences de la crise, et aura principalement porté sur l’adoption d’un plan global pour la croissance. Qui relève plus d’intentions que de réelles avancées normatives, les discussions ayant été largement parasitées par le feuilleton de la crise grecque et l’épisode du moment –le référendum- et le danger pesant sur la Zone Euro, dont les conséquences, si elle venait à faillir, pourraient être mondiales.  Ou comment la Grèce  a éclipsé la gouvernance mondiale.

Que reste-t-il de ce sommet ?

Le G20 s’est mis d’accord pour coordonner l’action politique de ses membres, ainsi que sur un plan global d’action pour la croissance, sans pour autant se doter de nouveaux moyens pour éviter une nouvelle récession. Les bons élèves à l’économie solide, que sont l’Allemagne et la Chine, seront mis à contribution pour adopter chez eux, en cas d’aggravation de la crise, des mesures visant à soutenir leur demande intérieure, afin de soutenir la croissance mondiale.

Sur la réforme du système monétaire, et afin d’éviter la contagion de la crise grecque, et face aux difficultés de l’Italie, le G20 s’est engagé à augmenter les ressources du FMI en cas de besoin… tout en renvoyant la question des moyens à février prochain, faute de trouver des candidats pour participer à ce fonds de secours. En clair, personne ne met au pot tant que le feu couve dans la Zone Euro.

Les déclarations de Barack Obama, lors de son interview croisée avec Nicolas Sarkozy, sonnent comme une claque ; le président américain estime que la Zone Euro est « en mesure d’être à la hauteur », ajoutant « L’une des choses les plus importantes que je puisse faire (pour l’Europe) est d’assurer la croissance de l’économie américaine ». C’est-à-dire rien de concret, Obama estimant que c’est aux dirigeants européens eux-mêmes de résoudre cette crise. De toutes façons, il n’en aurait pas les moyens.

Le grand argentier du G20 est désormais la Chine. Celle pour qui les européens ont maintenant les yeux de Chimène, pour obtenir un sauvetage de l’Euro. Et justement, la Chine a enfin fait le pas tant attendu par ses partenaires, en se déclarant déterminée à augmenter la flexibilité du yuan, une étape cruciale pour doper la croissance. La monnaie chinoise est en effet suspectée d’être sous évaluée, pour favoriser ses exportations et créer des réserves de devises étrangères.

Côté fiscalité, une liste de onze pays qui ne respectent pas les normes internationales, dont la Suisse et le Lichenstein, a été publiée : les paradis fiscaux seront désormais mis au ban de la communauté internationale. Parallèlement, 29 banques systémiques, dont la taille présente un risque en cas de faillite, seront soumises à des mesures visant à les renforcer : elles devront se doter d’un plan de démantèlement en cas de faillite, et augmenter leurs capitaux propres. En France, la BPCE, BNP Paribas, Le Crédit Agricole, et la Société Générale sont concernées.

En revanche, aucun accord n’est intervenu concernant la taxe sur les transactions financières, en raison du silence américain, bien que Nicolas Sarkozy se soit targué d’un pas –imaginaire- fait par les Etats Unis. Toutefois, l’actuel locataire de l’Elysée a intégré au communiqué final son souhait de voir cette taxe mise en place à l’échelon européen (UE)… qui reste un souhait. Ce dossier n’a donc pas évolué.

Au final, les accords négociés dans le cadre de ce G20 auront essentiellement pris la forme de déclarations d’intention, et donc été moindres qu’espérés par Nicolas Sarkozy –bien qu’il s’en défende-, qui souhaitait boucler un certain nombre de dossiers avant la fin de la présidence française. Reste à savoir si ce sommet aura suffi à rassurer les marchés. Et là… rien n’est moins sûr : dès vendredi, les bourses européennes ont chuté.

SarkoShow, Acte IV : J’ai un bon programme et le candidat socialiste est irresponsable

Après avoir sauvé l’Europe en attendant le monde bientôt (au G20), la France, et s’être présenté comme un candidat soi-disant plus sérieux que les autres, il est temps de … marteler le message qu’il est le meilleur, tout en présentant en semblant de programme.

Lecteur, méfie toi… Le programme de Sarko n’est pas pour 2012, mais pour maintenant. Parce que c’est maintenant qu’il est aux affaires. Nan, ne sois pas chaffouin, pas Karachi… Ca, on en parlera en 2012 s’il n’est pas réélu. Mais là on parle des affaires de l’Etat. Et comme il ne peut pas utiliser le programme sur lequel il s’est fait élire, et qu’il a déjà détricoté une bonne partie de ses réformes, ça n’est finalement pas si bête de présenter un programme. Après, comme disait Chirac, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent : tu t’es vu quand t’y as cru ?

La liste des courses commence par la question du financement de la protection sociale. Mais sans réponse hein. Faut pas déconner. D’autant que le PLFSS est en discussion en ce moment au Parlement. C’est pas trop le moment de changer de braquet. On passe donc très vite aux importations, qui elles aussi poseront question. Evoque-t-il une taxe ? « Non, je vois ce débat sur la mondialisation ça n’a pas de sens (…) surtout que ceux qui demandent la démondialisation demandent aussi de régulariser tous les sans-papiers, ça n’a pas de sens… ».

Et hop, prends ça dans ta face Montebourg, donc le PS : il n’y a pas de petits amalgames, que la démondialisation ne soit pas dans le programme du PS n’a strictement aucune importance. D’ailleurs, la régularisation de tous les sans-papiers ne figure pas plus dans le programme du PS, juste au cas par cas. Seuls Aubry ou Montebourg –qui n’ont pas gagné la primaire- évoquaient des critères généreux. Revenons aux importations : « On ouvre nos marchés qu’avec un seul leitmotiv : la réciprocité ». Une position désormais soutenue par tout le monde, de la gauche à la droite en passant par le Medef.

Reste plus qu’à convaincre les autres pays, notamment ceux qui doivent faire preuve de réciprocité. C’est sur la table du G20, mais ça pourrait coincer… Surtout avec la Chine qui veut entrer dans le FESF. Ca va être compliqué de lui imposer en échange la réciprocité. Parce que la Chine propose son aide à l’Europe mais attention, cela a un prix. Et notamment, qu’on la laisse faire ce qu’elle veut avec sa monnaie comme d’habitude –alors qu’elle est largement sous évaluée- et entrer dans l’OMC maintenant, ce qui compliquera les accusations de dumping. Allez, pensez à vous doucher à la sauce Soja enroulés dans une feuille de riz géante, parce que de toutes façons, on finira bouffés par les Chinois comme de vulgaires nems. Bref, la Chine entend bien s’acheter la liberté de faire ce qui lui plaît, plaît, plaît…

Et c’est dans ce contexte programmatique de notre bon mètre avoue enfin : « Je vous confirme que nous allons dans un souci de sérieux, je suis reconnaissant à M.Fillon, Mme Pécresse, M.Baroin, les prévision de 1,75 % de croissance en 2011 se réaliseront… Mais la crise nous oblige à revoir notre prévision pour 2012, à 1 % ». Ce qui signifie 6 à 10 milliards supplémentaires d’économies à réaliser. Ce qui implique de nouvelles mesures de rigueur. Interrogé sur ces mesures, qui seront annoncées après le G20 des 3 et 4 novembre prochain, il répond de manière générale : « Privilégions les mesures qui vont renforcer la compétitivité ». Bref, les pauvres vont encore passer à la caisse…. Twitter lui a trouvé son nouveau slogan : Travailler plus pour rembourser plus.

Relancé sur la rumeur d’une hausse de la TVA, Sarko se montre énigmatique : « Une augmentation généralisée de la TVA en aucun cas, car ça pèserait sur le pouvoir d’achat et la consommation des Français et ce sera injuste ». Donc il y aura bien une augmentation de la TVA, reste à savoir laquelle. Celle à 5,5% ? Rétropédalage sur la TVA sur la restauration ? Réponse la semaine prochaine. Le suspense est insoutenable… D’une manière générale, notre bon mètre est contre les hausses d’impôts. Euh… Quelqu’un peut lui expliquer que les taxes qu’il a mises en place –une quarantaine– sont des impôts indirects, donc des impôts ? Toujours ce léger souci pour Sarko lorsqu’il évoque les notions économiques de base… pour mieux tromper le chaland.

Reste que si on en est là, ma bonne dame, c’est quand même, pour Sarko de la faute de ses prédecesseurs. Mitterrand, Balladur, Chirac, Jospin… : « Le budget de l’année prochaine c’est le premier budget où les dépenses de l’Etat diminueront ». Tout le monde en prend pour son grade. Le seul qui vaille, c’est Sarko. Sous-entendu : donc il faut le réélire. La ficelle est grosse. Evidemment, pas un mot sur l’explosion de la dette et du déficit. Chut, on va bientôt voter…

Sa recette pour diminuer la dépense publique est la suivante : « Il faut diminuer la dépense publique qui est de 50 %, les Français travaillent en gros de janvier à juillet pour l’Etat… Il faut diminuer le nombre de fonctionnaires, c’est ce que nous avons fait, c’est ce que nous continuerons à faire ». Hum, de quoi parle-t-il ? Les Français ne paient pas 50% d’impôts, donc ne travaillent en aucun cas de janvier à juillet pour l’Etat. Et si on suit son raisonnement, on ne travaillera plus pour l’Etat, ou l’Etat l’affectera au remboursement de la dette au lieu de la masse salariale ? Bref, cette démonstration est claire comme un tas de boue. C’est-à-dire le contraire de limpide. Franchement, ne pas arriver à justifier qu’il persiste dans l’échec…

Pendant ce temps, sur Twitter, Christophe Grébert, le célèbre blogueur de Puteaux, propose que Sarko suggère à sa suppléante Joëlle Ceccaldi de rapatrier ses millions planqués dans les paradis fiscaux. Sur lesquels elle pourrait commencer par payer des impôts. Nan parce qu’on critique les grecs qui fraudaient le fisc… Et si tout le monde le faisait, ça augmenterait les recettes fiscales. D’ailleurs même le Vatican le dit. Reste qu’avec tout ça, on n’a pas parlé du bouclier fiscal… Comment ça, pas de mauvais esprit ? C’est bien dans son bilan, non ? Bah quoi ? Pour faire un bilan, il faut bien mettre ce sur quoi il a rétropédalé, sinon il ne restera presque rien !

C’est maintenant aux fonctionnaires de manger. Enfin, un coup de bâton alterné avec un bisou, pour mieux faire passer la pilule. Ca commence fort : « Quand on est ouvrier et qu’il y a du chômage partiel, le salaire est impacté par la crise, dire ça ce n’est pas insulter les fonctionnaires (…) » Dans notre pays on a trop souvent cédé à la rue ». Là, j’ai ri. Parce qu’en 2006, alors que Villepin n’envisageait pas de céder à la rue dans le cadre du CPE, c’est Sarko qui a torpillé le projet, en allant négocier une sortie de crise avec les manifestants. Marquant un but contre son propre camp.

Puis Sarko enchaîne sur la séquence drague à destination des enseignants : « Je suis préoccupé par la descente de l’échelle sociale des fonctionnaires (…) Mais comment peut-on mieux payer les enseignants et en embaucher plus ? Il faut des fonctionnaires mieux payés, mieux formés ». Mais pour mieux les payer, faut juste qu’ils fassent des heures supp. Na.

Vient le temps d’évoquer plus précisément la politique de rigueur qui attend les Français. Ca commence comme une caresse, pour mieux endormir : « Si on plonge toutes les économies développées dans la récession on arrivera à rien. Il faut moins dépenser en fonctionnement… (…) Ce n’est pas la rigueur, c’est une gestion rigoureuse, la différence, la preuve c’est que nous n’avons pas connu les manifestations de nos voisins ».

Puis, alors qu’il est interrogé sur le fait de ne pas être le président qu’il augmente les impôts, il confirme vouloir ne pas les augmenter, au motif que « nous sommes le pays d’Europe qui a les impôts les plus élevés d’Europe ». Enfin si l’on excepte tous les pays qui payent plus d’impôts que nous, comme par exemple le Danemark ou la Suède. Et comme je l’ai déjà mentionné dans l’article précédent, les taxes sont des impôts, simplement ces prélèvements là sont indirects, inclus dans le prix du produit ou service payé, et non à verser au fisc.

Sarkozy fait un petit coup de pub sur la prime dividendes, plus connue sous le nom de prime à 1000 euros. Depuis, l’application du texte a donné lieu à quelques situations ubuesques, comme dans l’entreprise Sécuritas, obligée d’appliquer le texte, mais disposant de peu de bénéfices et de très nombreux salariés, ce qui a octroyé à chacun… 3,50 euros. Comme le dit Le Monde, cette idée a fait pschitt…

Sarko fait également un appel du pied sur l’ISF, qu’il faudrait selon lui supprimer, en maugréant une fois encore qu’ « il n’y a pas un pays d’Europe où ceux qui ont de l’argent payent autant d’impôts qu’en France ». A part ceux qui en paient plus, une nouvelle fois. D’ailleurs, Sarko se laisse aller à envisager une harmonisation franco-allemande, en matière de fiscalité : « L’impôt sur le bénéfice des sociétés, des TVA, des échanges d’informations, une fiscalité du patrimoine qui soit la même ». C’est bien possible, mais en période de crise, on cherche plutôt des recettes que de les supprimer…

Alors que les journalistes lui demandent combien de temps encore nous pourrons dépenser plus que nous ne gagnons, le président assène : « C’est terminé ! ». Ce qui lui permet d’enchaîner sur la règle d’or, qu’il ne pouvait pas faire passer en Congrès faute de majorité suffisante : « Nous avons décidé hier soir qu’elle sera obligatoire en 2012 ». Aucun détail, en revanche, sur la définition de cette règle d’or. Rappelons que le texte envisagé par le gouvernement n’était pas franchement coercitif, et en rajoutait plutôt au millefeuille législatif… Mais l’actuel locataire de l’Elysée ne manque pas l’occasion de taper sur le PS, qui ne voulait pas voter ce texte. Pan, pan, pan, PS=méchants !

Le train-train présidentiel s’arrête maintenant en gare de la relance, et ça tombe bien, il est question de TGV : « Sur les 36 milliards d’euros du grand emprunt déjà 19 sont signés : le TGV, la réforme de nos ports, le canal Seine-Nord ». Puis il annonce qu’il veut réindustrialiser la France : « c’est pour ça que nous avons supprimé la taxe professionnelle (…) ce qui nous a vallu bien des déboires avec les collectivités locales, cela a enlevé 6 millions de charges sur les usines ». Tiens, j’aimerais bien savoir ce qu’ils en pensent, du côté de Gandrange… D’autant que bon, cette réforme a coûté un bras à l’Etat.

Enfin cette séquence s’achève sur les relations avec la Chine, et son entretien avec le président chinois : « Il faut que la Chine engage davantage de moyens pour relancer l’économie mondiale… mais si les Chinois qui ont 60 % des réserves mondiales décident d’investir dans l’euro plutôt que dans le dollar, où serait le mal ? Voudriez-vous que les Chinois ne déposent leur argent qu’aux Etats-Unis ? Pourquoi ne devraient-ils avoir confiance que dans le dollar ? ». Sarko rappelle que l’intégration de leur monnaie dans le système monétaire est incontournable, et que le président chinois était soulagé que la Zone Euro ne sombre pas. Tu m’étonnes, vu les perspectives !

Ainsi s’achève ce quatrième acte, sur le programme à appliquer maintenant. Pour celui pour 2012, on verra quand il sera candidat. Ou plutôt, quand il se déclarera. Pour savoir quand, c’est dans l’article suivant.