Si tu m’aimes, prouve-le en faisant le boulot de Pôle Emploi

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Tu es mon ami, mon pote, une relation ? Pôle Emploi demande que tu fasses SON job. Oui, tu as bien lu. Et si tu ne le fais pas, tu n’es pas mon ami. Tu ne tiens pas à moi. Tu t’en fous de ma gueule. Ou comment Pôle Emploi est devenu un terroriste relationnel sous couvert de la « démarche réseau ».

Reprenons depuis le début. A 42 ans, je suis une assistante de direction expérimentée, pleine de ressources, capable de réaliser un incroyable panel de tâches, une véritable collaboratrice de dirigeant digne d’une totale confiance, d’une parfaite loyauté, et à qui l’on peut confier des responsabilités bien au-delà du simple secrétariat (gestion des finances, relations clients et fournisseurs, production de notes, communication, etc…).

A priori, mes compétences font rêver. ERREUR. Mes compétences font peur car pour les recruteurs (non pas les patrons, mais les gens qu’ils mandatent pour recruter), l’expérience se traduit par « coûte cher » au lieu de se voir comme une opportunité. Ces mêmes recruteurs qui rédigent leurs annonces pour un mouton à 5 pattes dans mon genre, mais qui proposent de le payer au SMIC tout en exigeant « de l’expérience » dont le nombre d’années peut aller jusqu’à 10 ans (ce qui signifie qu’ils en veulent 15 à 20). SERIOUSLY.

Mais ils ne me veulent surtout pas moi : je suis le haut du panier, ça se voit sur mon CV (car si on cherche des compétences, il est bien fait) MAIS comme je suis le haut du panier, j’ai fatalement les prétentions salariales dues à mon rang, car ils ont conscience que j’ai trimé pour en arriver là et que c’est mérité. DING, candidature écartée. Et ce avant même qu’éventuellement on puisse négocier lesdites prétentions. Penses-tu, je sais dire « lesdites », on ne peut pas me payer 800 € par mois pour faire un temps partiel de 24h masquant un poste à 39h… Eh oui : qui dit « expérience » dit surtout « connaît ses droits » et « risque de nous foutre aux Prud’hommes si Maurice pousse le bouchon un peu loin ».

Ou comment comprendre le pourquoi de cette putain de #LoiTravail : oui, elle est nécessaire aux entreprises, parce que pour le moment, elles ne peuvent pas recruter des gens expérimentés, ces salauds qui revendiquent leurs droits. Les autres aussi revendiquent leurs droits, mais eux, les entreprises n’ont de toute façon pas le souhait de les embaucher. Sinon on aurait résolu le chômage des jeunes. C’est un peu (bon ok, très) caricatural, mais vous avez saisi l’idée : il y a tellement peu d’offre et tant de demande que les entreprises exigent le beurre, l’argent du beurre, le lait de la crémière mais évidemment pas le cholestérol. Fatalement, à un moment, ça coince.

Que peut faire Pôle Emploi face à cela ? Rien. Pôle Emploi s’est donc lancé dans une stratégie de fuite et d’hypocrisie face aux demandeurs d’emploi. Première idée, sous-traiter le suivi des chômeurs, en se débarrassant d’abord des plus chiants qui pourraient pointer l’hypocrisie de la structure. Je fais partie des heureux élus et je suis donc suivie par un « consultant ». Le mec est donc censé me conseiller sur mes démarches, afin que ma stratégie de recherche colle le plus possible au marché. En théorie, son cabinet est donc censé être compétent sur le sujet.

C’est là que ça se corse. Lors de mon RV de ce matin, il m’a en effet conseillé de… me recentrer sur mes démarches réseau, dans l’objectif d’obtenir, accrochez-vous bien, un rendez-vous avec un Consultant au sein d’un cabinet de recrutement, qui pourrait me conseiller sur mon CV, ma lettre, ma stratégie de recherche d’emploi. Vous ne rêvez pas : il me demande de rechercher dans mon réseau quelqu’un qui pourrait faire son boulot. SERIOUSLY ???

Donc pour démontrer toute ma bonne volonté à être pro-active dans ma recherche d’emploi, il faut que je supplie mes amis, ma famille, et la moindre de mes connaissances pour qu’elle me lâche le nom d’une personne qui connaît une personne qui est le cousin du type qui est consultant en recrutement dans un cabinet recrutant sur mon secteur. Sachant que je n’ai pas un réseau aussi énorme que l’idée que les gens s’en font (dans l’esprit des gens, j’ai milité en politique donc j’ai un réseau démentiel de gens prêts à se damner pour moi, lolilol, bienvenue dans le monde des clichés).

Voilà, toi qui me connais, maintenant tu sais la vérité : si tu ne m’appelles pas pour me dire que tu vas me présenter quelqu’un qui va me présenter quelqu’un, tu ne m’aimes pas. On en est à me demander de faire du chantage affectif. Car comme l’a dit Conseiller : « Y’a bien des gens autour de vous prêts à quelque chose pour vous ». Oui, prêts à faire ce qu’ils peuvent. Et pour avoir énormément sollicité mon réseau lors de ma précédente recherche d’emploi, je peux dire que tous ceux qui pouvaient faire quelque chose et qui avaient de l’intérêt pour moi l’ont fait. Sans succès jusqu’à celui qui m’a finalement embauché dans sa propre structure. C’est excessivement rare.

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas en parler avec l’entourage, c’est juste que ça ne peut pas constituer une stratégie fiable. Ça ne peut être qu’un plus de ma recherche d’emploi et non la stratégie centrale. D’ailleurs, comment oser dire que sur les postes d’assistante, je ne peux trouver que sur le marché caché ? Il y a des offres tous les jours. Offres auxquelles je réponds et pour lesquelles je n’ai aucun retour, pour les raisons exposées ci-dessus.

A mon sens, la stratégie centrale doit être d’obtenir des réponses sur ces offres qui existent. Et il y a quelque chose à tenter : il faut faire un fake CV, qui réponde aux attentes actuelles des recruteurs. C’est-à-dire un CV qui masque mes compétences, en montre bien moins sur moi, et me positionne comme ayant un peu d’expérience mais pas trop, un peu de compétences mais pas trop. De quoi laisser penser que le risque prudhommal est limité et permettant de négocier un salaire bien en dessous de ma valeur réelle. C’est triste, mais c’est une stratégie qui a plus de chances de fonctionner que d’attendre que mon réseau me trouve un hypothétique rendez-vous autour duquel on me donnera le constat que j’ai déjà effectué… Pardon d’avoir un cerveau et promis, c’est la dernière fois que je l’utilise.

Cerise sur le gâteau, je vous offre en exclusivité mondiale la réaction de Conseiller : « Rabaisser votre CV fera que vous trouverez un job qui ne correspond pas à vos capacités et ce sera très frustrant, ça me semble une très mauvaise idée ». Bienvenue dans le monde des Bisounours… Comme si aujourd’hui, les caissiers de Mc Do s’épanouissaient à mort à servir des gens toujours trop pressés alors qu’ils ont un Bac+8…  Comment peut-on conseiller des chercheurs d’emploi avec un discours aussi décalé par rapport à la réalité ? Quand j’ai répondu que je voulais juste un boulot, il m’a regardé d’un air ahuri. WOKAY.

Vous comprendrez bien qu’en ces temps de crise et consciente de l’extrême concurrence sur le marché de l’emploi, je ne puisse me limiter à rechercher le job de mes rêves ni même à chercher un quelconque épanouissement personnel dans le travail : ce temps est hélas révolu, ma génération s’est retrouvée complètement cocufiée par ce discours. Aujourd’hui, ma réalité est bien plus triviale : j’ai des factures à payer.

Naturellement, si à l’issue de la lecture de cet article, un lecteur connait quelqu’un qui connait quelqu’un qui connaît quelqu’un, ou se trouve être la perle rare qui voit sa future assistante comme étant une collaboratrice riche en compétences et dotée de véritables qualités humaines, il peut me contacter à zefml.news@gmail.com et je me ferai un plaisir d’y accorder la plus grande des attentions, à la hauteur de ma motivation à retrouver rapidement un poste pérenne. Bouteille à la mer lancée. Vous pouvez maintenant reprendre une vie normale.

Loi Travail : un petit tour aux Prud’hommes….

le-code-du-travail_4719679En ces temps de contestation sociale contre la #LoiTravail, j’ai décidé d’aller voir sur le terrain comment ça se passe pour les salariés qui se retrouvent dans l’obligation d’attaquer l’entreprise qui les a licenciés pour non-respect du droit du travail.

Je me suis donc rendue dans le Conseil des Prud’hommes du coin pour assister à l’audience du jour. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça valait son pesant de cacahuètes.

Premier cas : un salarié licencié pour ne pas s’être présenté à plusieurs reprises à un entretien avec sa hiérarchie pour se voir attribuer une nouvelle mission, le tout sur une durée de 15 jours durant lesquels il a donc été absent de l’entreprise. Si, selon les faits présentés par le demandeur, le premier entretien semble avoir été fixé un peu tardivement, il est fort probable, au vu de la plaidoirie du défendeur, que le salarié sera débouté de ses demandes et reconnu fautif d’absences injustifiées ayant entraînées son licenciement.

Ce premier exemple est intéressant car il démontre que les Prud’hommes ne sont pas un lieu où les salariés ont systématiquement raison et où les entreprises seraient condamnées à de lourds montants sans raison sur simple requête de leurs salariés. Petit rappel : 75% des décisions sont favorables aux salariés. Dans 25% des cas, les salariés sont donc déboutés des demandes qu’ils estiment fondées et pour lesquelles ils ont engagés des frais d’avocats onéreux ; il est donc nécessaire de disposer de solides arguments à l’encontre de l’employeur pour s’engager aux Prud’hommes, ce qui, avec la longueur des procédures, reste un élément réellement dissuasif pour les licenciements avec cause réelle et sérieuse.

Hélas, dès le cas suivant, ça s’est gâté pour les employeurs. Une entreprise était attaquée par son ex-salarié pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, la cause étant « fin de chantier » pour un… contrat à durée indéterminée. IN-DE-TER-MI-NEE. Ça pourrait être drôle si ça n’était pas dramatique pour le licencié. Pire, la société lui avait fait signer deux avenants pour prolonger sa période d’essai… un mois après la fin de celle-ci. Oui, oui, carrément. La fête du slip !

Enfin, l’entreprise s’était bizarrement retrouvée en liquidation judiciaire moins de trois semaines après la saisine des Prud’hommes, le tout plus d’un an après le licenciement du salarié : celui-ci, titulaire de l’aide juridictionnelle, avait en effet mis du temps à se voir conseillé. La concomitance des deux dates, dans le secteur de la sécurité de surcroît, laisse raisonnablement penser que la liquidation a été orchestrée, d’autant que la société mise en cause n’a fourni strictement aucune information à l’avocat de AGS et ne s’est bien évidemment pas présentée à l’audience.

Parmi les arguments de l’avocat des AGS, qui souhaitait limiter le montant à régler au demandeur : « il n’a été présent que 5 mois dans l’entreprise ». Bon bah 5 mois seulement, ça n’est pas grave alors ? Un salarié Kleenex, ce bonheur… Autant dire qu’il est capital de ne surtout pas baisser la référence pour fixer les indemnités aux Prud’hommes : rappelons que ces mois sont une sanction appliquée à des entreprises FAUTIVES, par décision d’un collège paritaire de conseillers Prud’homaux, en nombre égal pour représenter les employeurs et les salariés. Et non un tribunal posé là pour s’en prendre aux entreprises dont beaucoup respectent le droit !

Le cas suivant présentait un salarié remettant en cause son licenciement économique, injustifié selon lui. Et là, ça a été un festival. L’entreprise mise en cause avait licencié 4 managers de niveau intermédiaire -soit l’ensemble d’un niveau hiérarchique, ce qui est interdit-, au mois de mars, en prétendant être en difficultés économiques sur l’année… alors qu’il restait 8 mois à courir sur l’exercice ! Donc le patron estime en mars qu’il ne pourra rien faire pour améliorer son chiffre d’affaires. Le reste de l’année, pendant les 8 AUTRES MOIS, il fait quoi au lieu de chercher des clients, un tennis ?

Ça vous amuse si j’ajoute qu’il n’a présenté aucune pièce comptable permettant de corroborer la vision de sa boule de cristal ? Vous en voulez encore ? Un mois avant de licencier ces 4 cadres, ce patron avait fait un prêt à sa banque sur le motif suivant : embauche de 4 personnes. Le mec prétend à sa banque qu’il embauche, et en fait il licencie. Argument de l’avocat : « C’est l’argument que la banque a bien voulu retenir pour justifier son crédit ». PARDON ? Mais mon gars, quiconque a déjà demandé un prêt sait que l’octroi d’un prêt dépend de l’utilisation prévue ainsi, accessoirement, que les taux d’intérêts. Dites les gens, vous pensez quoi d’un patron qui ment à sa banque pour obtenir un crédit ? Qui prétend embaucher et qui en fait, licencie ?

Je vous passe les détails croustillants du type oubli de proposer un reclassement aux salariés licenciés économiques (ah ah, c’est quand même la base) ou encore l’utilisation du témoignage douteux du seul des 4 cadres réembauché (douteux car on peut raisonnablement penser qu’il a été écrit sous l’influence de son employeur, un lien de subordination existant entre eux), et autres joyeusetés, comme les effets de manche de l’avocat qui passe 10 minutes à expliquer à quel point l’employé qui attaque est de mauvaise foi, en prétendant qu’il a fourni un tableau des heures supplémentaires qui seraient dues par l’entreprise sans retirer celles payées par l’entreprise. Un bon tiers de sa plaidoirie a été consacrée à ce point pour qu’au final, l’avocate du salarié démontre par A+B en sortant le tableau remis par le salarié qu’il y avait bien deux colonnes, dont celles des heures supplémentaires payées. Un tiers de plaidoirie pour chier sur le salarié dans le seul but d’induire le tribunal en erreur, ou comment faire perdre son temps au CPH.

Ces divagations n’ont que peu de rapport avec le fond. Le fait est qu’aujourd’hui, et avant une loi de type El Khomri, il est impossible de licencier selon des estimations comptables qui sortent tout droit de la boule de cristal de l’employeur et non d’une situation comptable avérée. Si cet employeur pensait vraiment ne pas s’en sortir, pourquoi n’a-t-il pas fait certifier une situation intermédiaire, par exemple au 30 juin par un expert-comptable ?

On arrive au vrai problème : aujourd’hui, un certain nombre d’employeurs, souvent de petites sociétés, pensent qu’ils ont tous les droits sur leurs salariés, et qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Bah non. Il y a un gros livre rouge qui s’appelle le Code du Travail, et qui fixe des règles. C’est comme le code de la route : quand tu es rattrapé par la patrouille, tu es sanctionné selon la gravité de ta faute. Et c’est normal. A voir les agissements de ces entreprises, les sanctions ne semblent toujours pas suffisamment dissuasives, surtout pour les salariés disposant de peu de temps de présence dans les entreprises. C’est pourquoi il est capital de ne pas les réduire en imposant un barème plus favorable aux employeurs, faute de quoi les employeurs-voyous iront encore plus loin dans la maltraitance.

Je me répète : on parle, aux Prud’hommes, de sanctions pour des employeurs QUI SE SONT MIS EN FAUTE au regard du code du Travail. Quand j’entends le MEDEF hurler à la mort pour réclamer d’aller encore plus loin que la #LoiTravail proposée par le gouvernement -et pour l’heure vidée de ces éléments avant les éventuels amendements filous pouvant survenir lors de l’examen du Projet de Loi au Parlement- on a un peu tendance à l’oublier. Si les entreprises ne veulent pas « risquer les Prud’hommes », je leur conseille une technique qui a fait ses preuves : RESPECTER LE CODE DU TRAVAIL et accepter qu’on ne puisse pas virer un salarié sans aucune raison valable, comme un Kleenex. Simple, efficace, économique et socialement responsable. Chiche ?

Retour à Pôle Emploi : toujours plus fort !

conseillere_pole_emploiAujourd’hui, j’avais mon premier entretien avec ma conseillère Pôle Emploi.

Ce rendez-vous a été on ne peut plus surprenant… voire carrément surréaliste. Pour un retour chez Popole, j’ai été servie !

D’emblée, la journée s’annonçait mauvaise : titulaire contrat de sécurisation professionnelle (CSP), je pâtis des choix politiques locaux. L’agence chargée de ce suivi très particulier se trouve dans la ville d’un ténor politique qui a voulu montrer qui était Raoul, mais qui est maire d’une ville plus proche de Bab el Oued que de mon domicile. De chez moi, il me faut prendre trois bus différents pour parvenir à l’agence, le tout en 1h30 chrono. Trois heures aller/retour pour un simple rendez-vous à Pôle Emploi, c’est franchement inadmissible.

Entre mon dos et mon coccyx fracturé, on peut dire que je vis assez mal cette accumulation de transports, et c’est en kit que j’arrive enfin à l’agence, après m’être paumée dans la ville. J’ai mal et je ne parviens pas à le cacher. J’enrage, aussi : je consacre beaucoup d’énergie à me soigner et ce type de périple tue l’effet de ma rééducation.

Heureusement pour moi, la conseillère, débordée, n’entend pas s’occuper de mon suivi. Avant même que j’ouvre la bouche, elle a déjà prévu de me refiler à un prestataire, qui assurera mon suivi pour le compte de Pôle Emploi, bien plus près de chez moi. Je ne vais pas me plaindre, c’est exactement ce que j’étais venue chercher. J’aurais juste préféré qu’elle me demande mon avis. Par courtoisie. M’enfin.

Conseillère grogne, bougonne, semble fâchée. Il se passe bien 5 minutes avant que je ne comprenne qu’il aurait fallu que je sois présente ce matin à une réunion dont j’ignorais l’existence et à laquelle je n’étais pas convoquée. Elle insiste sur le fait qu’on a dû m’appeler pour me proposer une date. En passant sur ma fiche, le numéro de portable n’est pas le bon. Forcément, la personne qui a saisi le dossier a saisi deux fois le 6 de 06… La situation s’explique donc par cette simple erreur de frappe.

Je propose qu’elle m’inscrive à la réunion QUI EST OBLIGATOIRE, VOUS COMPRENEZ et qu’on n’en parle plus. Mais Conseillère s’emballe. S’ensuit une longue litanie sur… ses collègues de Pôle Emploi. Dont je dois comprendre qu’ils sont incompétents. C’est vrai pour une partie d’entre eux, mais pas tous. Et les tailler devant moi, est-ce un gage de compétence professionnelle ?

J’hallucine mais le meilleur reste à venir. Après m’avoir posé quelques questions dans un ordre franchement décousu et rapidement mis à jour ma fiche, il nous reste 20 bonnes minutes dont elle ne sait que faire. Conseillère sait qu’elle ne me suivra pas et n’envisage donc pas de s’attarder sur mon cas. Elle passe rapidement en revue mon CV. J’apprends que je dois virer ma photo. Vu le ton, je marque ma désapprobation et je fais bien car je vais enfin comprendre le pourquoi de son comportement surprenant : Madame est coach. ELLE SAIT.

Elle approuve que j’ai indiqué disposé d’un blog personnel mais ne comprends pas que je ne lui communique pas l’adresse. P-E-R-S-O-N-N-E-L, ça veut bien dire que ça n’est pas pour que le monde professionnel fourre son nez dedans ? Elle m’indique ensuite que c’est super que j’indique être championne de tir, parce que sa fille est championne d’escrime.

Je pense d’abord à un Kamoulox, mais je fais fausse route. Conseillère va vraiment me raconter sa vie. Sans avoir lu la suite de mon CV, elle se met sur sa page Linkedin et me raconte sa vie. J’ouvre de grands yeux. Je me pince. Non, je ne suis pas en train de rêver : elle me raconte toute sa carrière puis enchaîne sur les études de sa fille – un petit génie, évidemment – sans oublier de me placer qu’elle souhaite évidemment quitter Pôle Emploi et devenir coach à plein temps.

Je m’en tape royalement, je suis même choquée de sa manière de tenter de me vendre son second job de coach. Mais je ne peux rien dire. Même si je ne reverrai plus Conseillère, elle reste ma référente Pôle Emploi. Notamment administrativement. C’est elle qui peut valider ou bloquer une demande de formation, ou me faire radier de Popole et donc, me sucrer mes allocations. Conseillère a le droit de vie et de mort administrativo-financière sur moi donc autant vous dire que je m’écrase. Je subis en silence en hochant la tête, puis d’un coup, je sors « Tromblon ! ». Elle écarquille les yeux, je souris : j’ai rempli le défi fixé par @Fiatcosy, qui consistait à insérer le mot « tromblon » dans la conversation.

Cette heure de calvaire s’achève enfin.  En partant, et comme je suis à moitié handicapée, Conseillère coche une nouvelle case du Bingo et me conseille de commander un taxi. SERIOUSLY ? Mais sait-elle combien coûte un taxi Banlieue/Banlieue pour un transport de minimum 1/2h sans compter l’approche du véhicule ??? Manifestement, Conseillère n’est pas très au fait des finances des chômeurs… Une honte, tout simplement.

Le monde magique des annonces d’emploi

annonce-emploi-cafeDe retour dans le monde des chômeurs, j’ai retrouvé ces bonnes vieilles petites annonces avec un enthousiasme mitigé. Trois ans après ma dernière expérience, j’ai en effet eu la désagréable surprise de constater que les grands manitous des Ressources Inhumaines ne manquent pas de créativité pour se moquer des chômeurs et leur faire miroiter des avantages qui n’en sont pas. Sans foi ni loi.

Annonce après annonce, les mensonges se réitèrent souvent : en cette fin octobre 2015, pour des emplois sur la région parisienne, les RH prétendent toujours que sont des avantages

  • Pass Navigo : le remboursement de 50% du coût des transports en commun est obligatoire depuis des lustres.
  • Mutuelle : à compter du 1er janvier 2016, la mutuelle sera obligatoire pour tous les salariés. Nous sommes certes seulement fin octobre 2015, mais on peut imaginer qu’une annonce publiée aujourd’hui pour un CDI verra l’heureux futur salarié titulaire de son job au-delà du 1er janvier prochain, à moins que toutes ces entreprises n’imaginent devoir virer tous les candidats retenus tant elles auront été incompétentes à en retenir un qui convienne ?
  • Rémunération sur 12 mois : en quoi est-ce un avantage ? Certaines structures proposent-elles un mois non rémunéré ? Plusieurs ?
  • Salaire fixe : pour certains métiers, le salaire est en partie variable. Mais en quoi pourrait-il exister une partie variable sur un poste d’assistante ? En vertu d’objectifs non commerciaux ? Quantifiables selon quelle grille objective ?

En 2015, les RH en sont encore à tenter d’entuber les candidats à l’emploi. Effet pervers d’un système où l’offre est très inférieure à la demande, ce qui permet aux RH d’imposer des conditions peu éthiques, comme des salaires très inférieurs à ceux en vigueur dans leur propre entreprise ou de faux avantages, dans le même objectif de tirer le salaire vers le bas, en prétendant que cela fait une charge en moins dans le budget du candidat. On nous prend vraiment pour des cons…

Noir et blanc

J’ai souvent raconté ici mes déboires avec les recruteurs. Leur manière de se focaliser sur le négatif, sur les clichés usuels, voire sur leur comportement à la limite de l’indécence.

J’en ai encore eu un exemple hier. Mais aujourd’hui, ce fut tout le contraire. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, je vais vous conter les deux histoires en mode photographie, l’une étant l’exact négatif de l’autre.

Il y a deux jours, je vois sur le net une annonce pour un syndicat professionnel. C’est exactement le type de structure auquel je peux convenir, je candidate donc immédiatement. Hier, je suis rappelée par ce qui s’apparente plus à un télé-conseiller lisant un argumentaire pré-établie qu’à un véritable professionnel. Les questions ne portent jamais sur mes compétences ou mes expériences, mais uniquement sur le type de contrat pour chacun des jobs occupés. Première question : « Vous avez souvent changé de structure DONC vous êtes instable ». Me prend l’envie de répondre : « non connasse, j’ai su saisir des opportunités et si tu me laissais l’occasion d’en placer une ET que tu branchais ce qu’il te reste de neurones, tu pourrais t’en rendre compte aisément ». Je m’arrête à : « j’ai su saisir les opportunités qui se présentaient afin de progresser dans mon métier ». Gling ! Mauvaise réponse ! Ou non prévue sur la fiche…

Question suivante : « Mais là vous êtes partie parce qu’on vous a virée ». Réponse : « non, c’était un choix parfaitement mesuré de ma part et que je peux vous justifier». Nouvelle question affirmation : « Enfin il faut être stupide pour avoir quitté un poste comme chez Sony ! ». Sympa le jugement de valeur sur mes choix avant même de m’avoir laissé parler. Surtout que non, ça n’avait rien de débile : j’étais dans un poste pépère, sur des rails, tout était super, j’adorais ma boss qui me le rendait bien… et on m’a proposé un challenge : mettre en place un poste de A à Z, créer tous les process, et devenir une assistante réellement pro-active. Débile d’accepter à l’âge de 30 ans ? Non, simple opportunité d’évoluer. Un vrai choix, totalement assumé.

L’entretien se poursuit. Arrive enfin le moment où j’ai été virée. Mais où nous avons transigé, étant donné que la raison de mon départ était purement politique. Croyez moi ou non, elle ne savait pas ce que signifiait transiger… Manifestement déçue de n’avoir pas réussi à me coincer, elle a stoppé l’entretien avant même d’avoir remonté tout mon parcours. Et m’a quitté avec le sempiternel : « on vous rappellera ». Ce qui n’est autre que l’équivalent dans le domaine de la recherche d’emploi du célèbre « Je vous demande de vous arrêter ». Elle ne rappellera jamais, et c’est tant mieux : nulle envie de grossir le fichier d’un cabinet qui manifestement, ne saura pas vendre mes qualités…. Puisqu’elles ne l’ont à aucun moment intéressé.

Aujourd’hui, je rencontre un autre cabinet de recrutement. Que je connais déjà pour y avoir été reçu il y a 3 ans. J’en avais gardé un bon souvenir : consultants sympathiques, professionnels, sérieux, focalisés sur les qualités, respect du candidat et de la législation sur le recrutement (oui, le chercheur d’emploi à des droits, mais on s’assoit souvent dessus pour ne pas se griller sauf quand on tombe sur des gens vraiment irrespectueux et là on s’autorise à jouer un peu)… C’est donc totalement sereine que je me rends à cet entretien. Et mes impressions d’il y a 3 ans se confirment. Le chargé de recrutement connaît parfaitement le secteur pour lequel il recrute, ce qui m’évite les clichés stupides auxquels je suis habituée. Le bonheur. Virée pour raison politique puis transaction ? Ca lui parle. Changements réguliers de postes en raison du métier et d’une évolution évidente dans ce secteur ? Il le comprend de suite. Et surtout, il s’intéresse à mes compétences.

Pour une fois, on ne me regarde pas comme une bête curieuse. Pour une fois, j’ai une vraie chance de me présenter sous mon meilleur jour. Pour une fois, il me reçoit pour une annonce qui colle parfaitement à mon profil. Parce qu’au lieu de recevoir des candidats à la chaîne pour tenter de justifier de son rendement, ce cabinet raisonne qualité et non quantité. Soucieux d’apporter la meilleure réponse à la demande de ses clients, il sélectionne des profils qui correspondent, sans s’embarrasser de recevoir  des tonnes de candidats pour prétendre avoir bossé. Il bosse, mais intelligemment. Il prépare ses entretiens en amont, en ne recevant que les candidats qui peuvent coller, pour valider que ceux-ci correspondent… et que l’offre peut leur plaire.

Conséquence, ma candidature sera présentée au client. Restera la troisième mi-temps : convenir, face à d’autres candidats qui ont eux-mêmes un excellent profil. Ce sera l’habituel dernier round, celui où ça ne se joue plus sur les compétences, mais sur le feeling avec le client. Conformément à la règle du jeu. Mais dans l’intervalle, le cabinet aura parfaitement fait son job. Heureuse de savoir, après mes multiples déboires, qu’il en reste encore sur le marché.