La crise de schizophrénie de Sarkozy*

Toulon, jeudi 1er décembre 2011. Les militants UMP arrivent par car, mais l’Elysée empêche la presse de filmer ces images. L’Elysée empêche ? Tiens, tiens…

Circulez y’a rien à voir, le parti majoritaire envoie des cars entiers de supporters pour remplier les 5350 places assises du Zénith de Toulon, mais ceci est un déplacement du président de la République. La preuve, les banderoles et cornes de brume ont été interdites, pour que ce Sarko show ne fasse pas trop meeting !

Franchement, le président nous prend pour des cons. Le militant ne varie pas selon qu’il porte ou non son matériel militant, et les réactions maîtrisées par un chauffeur de salle ne masqueront jamais l’arrivée par cars entiers de français pas tout à fait ordinaires, mais bien totalement dévoués à leur champion. Les moments choisis pour qu’ils applaudissent –comme par exemple, quand le président a tapé sur les immigrés qui, s’ils étaient trop nombreux, « ruineraient notre protection sociale »– achève de le démontrer.

Depuis quelques jours, le PS et la presse se sont fait l’écho d’une polémique autour de cette campagne menée par Nicolas Sarkozy en habits de président, mais sous lesquels se cache déjà le candidat à sa propre réélection. Ce qui pose un réel problème au regard des dépenses de campagne qui seraient payées par l’Elysée… favorisant ainsi le candidat Sarkozy, en position de réaliser beaucoup plus de déplacements, et d’une ligne de crédit illimitée pour présenter son programme aux français, induisant une inégalité flagrante entre lui et les autres candidats, soumis à un plafond sur leur compte de campagne.

Le président bat campagne…

Certes, il n’est jamais évident pour un candidat sortant de faire la part des choses entre les temps présidentiels et les moments de campagne, notamment en ce qui concerne les transports. Un président nécessite un équipage différent d’un candidat, notamment pour des raisons de sécurité, et un mode de transport adapté à sa charge de président, qui implique l’utilisation de moyens de transport rapides, pour lui permettre de continuer à assumer ses obligations de président. Les autres présidents candidats se sont heurtés à ces problèmes là, d’où la récurrence de cette polémique.

Mais Nicolas Sarkozy, dans toute son outrance et avec l’outrecuidance qui le caractérise, franchit un palier supplémentaire, en imputant sur les comptes présidentiels des déplacements manifestement de candidats, dans leur intégralité, jusqu’à leur mise en scène.  Certes, les cars de militants ont été affrétés par l’UMP, et non par l’Elysée. Reste que si ce show avait été un moment purement présidentiel, n’importe quel français aurait pu y assister. Et réserver sa place.

Ce qui n’aurait pas été sans poser des problèmes de sécurité, c’est bien la raison pour laquelle aucun président ne réalise de tels spectacles. Une preuve supplémentaire qu’il s’agissait bien d’un meeting. Il serait d’ailleurs intéressant de voir qui en réalisait la sécurité : m’est avis qu’on trouverait les mêmes bénévoles que ceux qui sont à l’entrée des meetings de l’UMP… A-t-on vu Giscard, Mitterrand ou Chirac se produire de la sorte ? Une fois de plus, Sarkozy use de son statut jusqu’à la lie.

Mais au-delà, la scénographie a été payée également par le contribuable français, sans se voir imputée sur le compte de campagne. Est-il normal qu’un candidat bénéficie ainsi de la gratuité de la location du Zénith de Toulon pour réaliser un meeting électoral ? Qu’une louma filme le public du haut de son bras articulé ? Qu’un discours soi-disant présidentiel se termine par une Marseillaise entonnée par une salle de militants UMP, marque évidente d’une fin de meeting ? Non, rien de tout ceci ne correspond à une intervention présidentielle, mais tout correspond bien à un meeting de campagne : cette fois, les limites ont largement été franchies.

En outre, il aura fallu attendre longtemps avant que les propos tenus par Sarkozy ne prennent un accent présidentiel. Sur les 52 minutes de ce discours, les quarante premières ont été destinées à dresser un état des lieux de la France, sans oublier de taper sur ses adversaires. Tout y est passé : les 35 heures, l’accord PS-EELV sur le nucléaire, la proposition de VIème République prônée par Eva Joly… Or le président est, en théorie, le président de tous les Français, et au dessus des partis. Aussi qui répond à d’autres candidats à la présidentielle, si ce n’est le candidat ?

Les ¾ du discours ont été ceux d’un candidat prescrivant son programme, non ceux d’un président disposant du temps nécessaire d’ici la fin de son mandat pour l’appliquer. Le tout sous les hourras d’un public dédié. Il aura ainsi fallu attendre la huitième page du discours, sur les onze qu’il comptait, pour que soit enfin prononcé le mot « Europe » ; c’était pourtant le thème de ce déplacement que d’expliquer aux Français l’accord en discussion avec l’Allemagne en vue de produire un nouveau Traité Européen. Traité dont au passage, le président-candidat s’est bien gardé de dire s’il serait ratifié par référendum ou par un vote du Congrès.

… aux frais du contribuable !

En pleine période de crise, et alors que son gouvernement met en place son deuxième plan de rigueur, Sarkozy choisit de dilapider l’argent public en réalisant, en pleine période de crise, des dépenses publiques superflues : s’il s’adresse au peuple, inutile de louer un Zénith ni même de se déplacer à l’autre bout de la France pour un montant qui avoisinerait selon René Dosière les 300 000 euros, dont 93 000 payés par l’Elysée, 10 à 15 000 par les collectivités, et un surcoût de près de 200 000 euros lié au surcroît de présence policière !

Alors que le président demande aux Français des efforts -en ajoutant une journée de carence aux fonctionnaires, en réduisant les indemnités journalières en cas de maladie, en promulguant un deuxième plan de rigueur qui ajoute encore des taxes impactant le pouvoir d’achat des Français- il est absolument intolérable et incompréhensible que le chef de l’Etat candidat se permette de jeter ainsi l’argent public par les fenêtres. Le plus cynique étant tout de même que le dernier plan de rigueur a réduit la voilure des comptes de campagne, en abaissant le plafond de remboursement prévu par l’Etat au nom de l’effort que devaient réaliser également nos politiques pour donner l’exemple. Avouez qu’il y a de quoi s’étrangler.

Le plus juste, dans pareil cas, serait d’obliger le candidat Sarkozy à imputer rétroactivement ces dépenses sur le compte de campagne, dès lors qu’il sera candidat. Les textes prévoient en effet que soient imputées les dépenses concernant la campagne pendant l’année précédant le scrutin. Etant entendu que la jurisprudence ne retient pas automatiquement le critère de la date de déclaration publique de candidature.

Le cas d’un président en exercice étant particulier, il serait utile, au vu de ces excès, pourtant de préciser, par une modification du code électoral, les règles applicables à un président candidat, afin qu’à l’avenir, de tels excès ne se reproduise pas. On pourrait ainsi imaginer que ne soient pas imputées sur le compte de campagne les dépenses supplémentaires nécessitées par son statut de président, comme par exemple la sécurité personnelle du président -à condition de limiter les frais relatif à la présence policière, qui explosent sans raison autre que la trouille présidentielle inversement proportionnelle à sa côte de popularité-, ou l’utilisation de transports dans les avions présidentiels sur justification de leur absolue nécessité. Mais que soient bien imputées les dépenses relevant de la campagne, de la même manière qu’on le fait pour les candidats à d’autres mandats qui utiliseraient des moyens publics pour faire campagne (maire, députés, présidents d’exécutifs locaux…) : la jurisprudence électorale recèle d’exemples en la matière.

Afin d’obtenir des éclaircissements sur les privilèges dont use à outrance le président candidat, les socialistes Pascal Terrasse, député et président de la commission de contrôle financier de son parti, et Daniel Vaillant, mandataire financier de François Hollande, ont écrit à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) pour lui demander de statuer sur l’imputation de ces dépenses dans le compte de campagne.

Ainsi, ils relèvent que « Outre un détournement des fonds publics et du pouvoir conféré par son statut présidentiel, la démarche de Nicolas Sarkozy paraît constituer une infraction à la législation électorale » en multipliant les déplacements présidentiels « dont le choix des thèmes et l’organisation indiquent qu’il est d’ores et déjà candidat à sa propre succession, et que ces déplacements relèvent d’actes de propagande ». Et de donner l’exemple du déplacement au Tricastin où, sous couvert d’une visite sur un site nucléaire, le président s’en est surtout pris à ses adversaires politiques et à leurs programmes électoraux, tout en déroulant le sien. Le mois dernier, à Strasbourg, il s’en était déjà pris aux propositions de François Hollande concernant des personnels supplémentaires dans l’Education. Force est de constater que le président se déplace désormais en tant que candidat, sans assumer cette position schizophrène.

Cependant, il est peu probable que cette saisine de la CNCCFP change la donne. Cet organe  n’est en effet que consultatif, et ne peut délivrer des recommandations, sans se prévaloir de l’interprétation du code électoral qui sera faite dans le cadre de la validation des comptes de campagne, que la CNCCFP n’effectue pas dans le cadre de l’élection présidentielle. En effet, ceux-ci sont validés par le Conseil Constitutionnel. Cette même instance qui, en 1995, a validé sans sourciller les comptes manifestement pas tout à fait réglo du candidat Balladur… dont le porte parole était un certain Nicolas Sarkozy.

Malgré la polémique qui a touché la vénérable institution, et l’envie probable des sages de pointer les manquements au code électoral que la jurisprudence a déjà pointé dans le cadre de nombreuses élections locales et nationales, on voit déjà le scénario se dessiner : au nom du coût très lourd de l’organisation d’une présidentielle, en terme de remboursement des frais de campagne des candidats –même si pour une campagne de 40 jours, ce serait forcément réduit, mais aussi de l’organisation du scrutin, il y a fort à parier que tout le monde s’assoirait sur ces excès, sous prétexte de l’absence de textes précisant le cas particulier du président candidat. Ca n’est pas, en effet, au Conseil Constitutionnel de créer le droit.

Peu probable, donc, qu’il prenne le risque de trancher, au risque de déclencher, par une nouvelle élection, une crise institutionnelle, qui s’ajouterait à la crise économique que notre pays traverse, et dont l’impact serait difficilement maîtrisable sur la place de la France dans le monde. Trop risqué. C’est dire si le président candidat estime pouvoir abuser des ressources de l’Elysée pour faire campagne, en toute impunité. « République exemplaire », qu’il disait. En l’état actuel des choses, « Fuck la démocratie » serait plus approprié.

*Papier publié sur Marianne à cette adresse

SarkoShow, Acte V : Je serai candidat, je ne le dirai que plus tard, mais je fais déjà campagne

Vu que Sarko a sauvé l’Europe, bientôt le monde, la France, qu’il se croit bon candidat, et qu’il a un programme pour tenir jusqu’aux élections, vous vous doutez bien qu’il sera candidat.

Mais peut-il l’être, quels sont les obstacles sur sa route, et quand se déclarera-t-il ? Le dernier acte sera celui des révélations. Ou pas.

Cette séquence comment par un échange aussi vif que surréaliste sur les affaires, afin de déterminer la moralité de notre non-candidat. Alors qu’Yves Calvi interroge notre bon mètre sur les éventuelles informations dont il aurait pu avoir connaissance concernant un financement illégal éventuel de la campagne de Balladur de 1995, ce qui mène tout droit au dossier Karachi, il botte en touche.

C’était attendu, reste que la réponse n’est franchement pas à la hauteur d’un dossier aussi sensible que l’attentat de Karachi, qui a fait 14 morts dont 11 Français, et de la gravité des faits si un jour la justice démontrait l’existence de rétro-commissions sur les contrats Agosta et Sawari : Ca fait bientôt 17 ans, ne croyez-vous pas que s’il y avait des choses à reprocher à M. Balladur on aurait pas trouvé ? ».

Mais que pourrait dire Sarko sur ce dossier, sachant qu’il s’agit d’une instruction en cours –dont l’Elysée est au courant, certes, mais qu’il n’a pas à commenter- à part jouer sur la corde sensible en disant qu’ « on exploite la douleur de ces gens » -les familles ? Ces mêmes familles, qu’il s’était engagé à recevoir et à informer régulièrement. Ces mêmes familles qui, rappelons le, n’ont pas hésité à le mettre en cause.

Bref, il se pourrait que je ne sois pas la seule à penser qu’au bout de 17 ans, on puisse ne pas avoir trouvé tout ce qui concernait le financement de la campagne d’Edouard Balladur, notamment si ça figure dans les documents encore sous le sceau du secret défense ! D’autant que  les délibérations du Conseil Constitutionnel sur la validation des comptes de campagne de Balladur en 1995, ne seront accessibles qu’en 2020.

Sarko tente alors de faire l’amalgame entre plusieurs affaires dans lesquelles il est cité, pour mieux noyer le poisson. L’insolence avec laquelle il tente de comparer Karachi et les rumeurs de séparation entre lui et Carla me laisse pantois. Comment peut on oser réduire ainsi une affaire qui a fait couler le sang français au Pakistan ? Quel rapport avec des propos concernant une simple affaire de cœur, fusse-t-elle la sienne ?

Cabot, Sarkozy cherche à se faire plaindre sur le traitement qui lui serait réservé : « Vous savez un président doit rendre des comptes, la transparence je suis d’accord, la calomnie non ! ». Transparence, lorsque l’on entrave la justice, comme a tenté de le faire Brice Hortefeux en prévenant Thierry Gaubert lors de sa garde à vue dans le cadre de l’affaire Karachi sur les propos que sa femme avait tenu devant les policier ? Calomnie, alors que dans l’affaire Bettencourt, il a été démontré que Philippe Courroye avait prévenu l’Elysée trois mois avant de la décision qu’il allait rendre, lequel Elysée informe alors Liliane Bettencourt, rompant ainsi l’égalité de justice entre les parties ?

Et que dire de l’affaire Clearstream, qu’il ose rappeler, en se félicitant que des gens aient été condamnés. Des gens, oui. Gergorin et Lahoud. Mais pas le coupable qu’il avait désigné, Villepin, promis à un croc de boucher, et présumé coupable quelques jours avant le début des audiences de première instance. Manifestement la notion de présomption d’innocence est à géométrie variable : à appliquer en Sarkozie, pour ses amis Thierry Gaubert et Nicolas Bazire – « M. Bazire est mon ami, c’est un homme honnête (…) vous inventez la présomption de culpabilité »-, mais point lorsqu’il s’agit de son ancien rival Villepin, pour lequel il n’eût pas, lors d’un précédent entretien télévisé, la même retenue. La justice a depuis reconnu par deux fois l’innocence du présumé coupable Villepin.

Ce terme de présomption de culpabilité sonne comme un gimmick, qu’il ressort dès qu’il peut le placer. Ainsi, sur les affaires impliquant des policiers : « La police, la gendarmerie sont deux corps admirables (…) S’il y a des brebis galeuses il faut les sanctionner (…) ». Mais cela ne va pas jusqu’à son ami Bernard Squarcini, patron de la Direction Centrale des Renseignements Intérieurs (DCRI). Mis en examen pour atteinte au secret des correspondances, collecte illicite de données, et recel du secret professionnel pour avoir cherché à savoir, grâce aux fadettes, qui étaient les informateurs du journaliste Gérald Davet dans l’affaire Woerth-Bettencourt, Bernard Squarcini ne sera pas suspendu, et n’aura pas à démissionner. Parce que « Suspendre en attendant le jugement c’est de la présomption de culpabilité ».

Les ministres qui ont été touchés par des affaires sous Chirac – Renaud Donnedieu de Vabres en 2002, Pierre Bédier en 2004-  et qui ont du démissionner après leur mise en examen apprécieront. Tout comme ceux du gouvernement Balladur, Alain Carignon et Gérard Longuet, tous deux mis en examen et démissionnaires en 1994. Ou encore Yvan Colonna qui a été déclaré coupable et ennemi public numéro 1 par ce même Sarkozy sans aucun procès. Et que dire de David Sénat, membre du cabinet de MAM accusé d’avoir informé des journalistes dans l’affaire Woerth-Bettencourt, qui lui, fut démissionné  viré sur le champ, avant même d’avoir été mis en cause par la justice ?

D’ailleurs dans cette affaire, Brice Hortefeux, ami de trente ans de notre bon mètre, avait atteint à la présomption d’innocence de David Sénat et été condamné en référé fin 2010, avant de faire appel. Ou comment en Sarkozie, la présomption d’innocence est vraiment à géométrie variable, et dépend uniquement du fait du Prince, et de la proximité du mis en examen avec le Roi. Et circulez, y’a rien à voir : l’important, pour Sarkozy, c’est de « laisser la justice faire son travail ». Traduction : ne pas le mêler à cela. Même pas pour signer la levée du secret défense sur une affaire aussi grave que Karachi.

Heureusement, cette triste séquence nous aura aussi permis de rigoler, lors des deux lapsus de notre bon mètre. De là à dire qu’il n’était pas très à l’aise sur le sujet, il n’y a qu’un pas. Le premier lapsus porte sur sa candidature. Il s’emmêle les pinceaux, laisse penser qu’il est candidat pour 2012, puis fait marche arrière lorsqu’il se rend compte de la boulette, toute l’émission visant justement à suggérer sa candidature sans jamais l’annoncer. Sa-vou-reux. Et quelques minutes plus tard, questionné sur les affaires dans la police, Sarko sort cette perle : « Les policières ont des corps admirables ! ». Avant de se reprendre, en affirmant que la police et la gendarmerie sont des corps admirables. Priceless.

Le thème suivant porte sur les sondages, ô combien importants pour les élections, d’autant plus lorsque l’on sait qu’en Sarkozie, c’est une religion : ils sont commandés, scrutés, analysés, et à partir de ces données se décide la stratégie du non-candidat. Et bien là, motus. Notre bon mètre tente de prendre de la hauteur –ah ah- et botte en touche : « Vous les commandez, vous les commentez, et le travail du président c’est de faire son travail ». Hum, doit on lui rappeler que le rapport de la Cour des Compte de 2008 avait pointé l’existence d’une convention entre l’Elysée et un cabinet d’études pour la réalisation de sondages pour un montant de 1,5 millions d’euros, le tout en dehors de toute procédure de marchés publics ?

Bon, parlons franchement, vu la côte de popularité de notre bon mètre, qui ne cesse de descendre dans l’estime populaire, on peut aisément comprendre qu’il ne commente pas les sondages, et prétendre ne pas avoir le temps de s’y intéresser car il travaille, pour le bien du bon peuple, lui : « Nous pouvons prendre des décisions qui ne sont pas populaires mais les Français jugeront ensuite  (…) Mes prédécesseurs, vous vous rappeler leurs sondages ou ce qu’ils ont fait ? (…) Moi je travaille… (…) Les Français attendent que les responsables fassent leur travail, vous êtes des commentateurs, mais moi je suis un acteur ». Hum, tout ça sent quand même un peu fort la méthode Coué.

Dernières minutes, dernières occasions de tirer quelques salves à l’attention du PS, en reprenant notamment l’accusation lancée par Martine Aubry contre François Hollande d’être un candidat du système : « Avez-vous oublié que tous les candidats du système même quand je les ai soutenus, ont été battus ? ». Eclair de lucidité, mais mortier à petite portée. J’avoue toutefois avoir bien rigolé lorsque Sarko a précisé, et invité les responsables politiques à parler de leurs projets, et à moins se critiquer mutuellement. S’il visait probablement la semaine de second tour entre Aubry et Hollande, reste que cela s’applique plutôt à l’UMP, qui a organisé la semaine dernière une convention sur… le projet du PS. Message transmis.

Enfin pour terminer, Sarko fait le point sur son avenir proche, en sortant de sa poche la carte du Président Protecteur : « j’ai un travail de président à faire, je dois protéger les français ». Il est certain que vu le contexte économique de crise, les Français comprendraient mal qu’il se lance dès maintenant dans la bataille. Coincé dans son rôle de président, lui qui excelle en tant que candidat, il décide donc de se raccrocher à ce que firent ses prédécesseurs, et de se déclarer le plus tard possible, « fin janvier-début février ».

Avant de rappeler que Mitterrand s’était déclaré en mars 1988 et Chirac en février 2002. Un changement de stratégie inhérent à la crise, pour celui qui songeait initialement faire campagne dès cet automne. Sarkozy a-t-il en tête la configuration dans laquelle se trouvaient alors Mitterrand et Chirac ? Si ces deux présidents ont été réélus, ils sortaient tout deux d’une cohabitation, ce qui n’est pas son cas. Sarko ne pourra pas jouer dans la rupture, son gimmick de 2007, et devra assumer un bilan qui pourrait lui coûter cher.

Alors qu’Yves Calvi l’interroge deux fois sur la possibilité qu’il ne soit pas candidat, l’actuel locataire de l’Elysée répond simplement : « Nous verrons en janvier, février (…)J’ai fait mon choix : celui d’être président de la République jusqu’à la dernière minute et de ne pas embêter les Français avec mes ambitions… ». En d’autres termes, Sarko verra en fonction de la situation, mais cette émission a bien mis en exergue sa volonté de se présenter.

Reste que cette dernière phrase laisse songeur. La dernière minute étant le 5 mai 2012, on peut toujours se prendre à imaginer qu’il resterait vraiment président jusqu’à la fin, et laisserait alors passer la date limite fixée par le Conseil Constitutionnel pour déposer sa candidature, en mars, et ne pas se représenter. On peut toujours rêver.