Congrès de l’UMP : premiers ratés

Comme vous le savez, les statuts de l’UMP obligent le parti devenu minoritaire à renouveler ses instances dirigeantes.

Ces statuts régissent précisément l’organisation des opérations électorales. Le président de la Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Electorales (COCOE) a donc informé par mail les adhérents du déroulement du scrutin.

Enfin, c’est ce qu’il croit. Parce que mon frère et moi, tous deux adhérents depuis le 6 mai –oui nous avons pris notre carte uniquement pour pouvoir voter, la défaite à la présidentielle ayant déclenché le processus- nous n’avons pas reçu ce mail. Et pourtant, nous avions vérifié en juillet que notre adhésion avait bien été enregistrée (et ce même si nos comptes en banque avaient été débité, on n’est jamais trop prudents)

En conséquence, si nous ne recevons pas rapidement les informations nous permettant non seulement de voter, mais également de pouvoir parrainer un candidat de notre choix, la sincérité du scrutin sera engagée.

Quid des fichiers transmis aux différents candidats ? Si le secrétaire général actuel (Copé, ndlr) dispose de l’intégralité du fichier mais que nous n’y figurons pas, il y a rupture de l’égalité entre candidats.

Quid d’un candidat qui ne disposerait pas d’assez de parrainages, alors qu’il aurait pu solliciter des adhérents non référencés ?

Pire, lorsque l’on appelle l’UMP pour s’enquérir de notre situation, le service adhésion confirme que nous sommes bien dans la base de données. Un souci d’export sous Excel ? Un souci d’export des adresses email ? Un souci d’envoi des courriers ? Les trois qui touchent les mêmes personnes ? Ca fait beaucoup…

Comme par hasard, cela touche les nouveaux adhérents, qui ont pris leur carte avant le 30 juin. Ces adhérents dont on ne sait pas pour qui ils voteraient. L’organisation du scrutin débute à peine que c’est déjà tendancieux… D’autant que si ces points n’étaient pas résolus, le président nouvellement élu, quel qu’il soit, ne le serait pas à la régulière. Et son élection serait invalide.  Ca fait désordre.

C’est pourquoi je me suis fait plaisir, en adressant à Patrice Gélard, le président de la COCOE, le courrier suivant pour un petit rappel au règlement…

 

A l’attention du président de la Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Electorales

Monsieur le Président,

Il m’a été rapporté que vous avez adressé un mail relatif à l’organisation du Congrès de l’UMP et des règles relatives aux opérations de vote le 15 juillet dernier.

Je tiens à porter à votre connaissance certaines irrégularités.

1/ Je n’ai pas reçu ce mail, alors que j’ai adhéré à l’UMP le 6 mai dernier, dans l’optique, justement, de participer à ce scrutin interne. Je suis donc adhérente à jour de cotisation au 30 juin. Vérification faite le 10 juillet, auprès du service adhésion de l’UMP, mon adhésion a bien été enregistrée avant la date fatidique du 30 juin (débit bancaire le 6 mai). Vous êtes donc dans l’obligation de m’informer de ces opérations. Renseignement pris, d’autres nouveaux adhérents sont dans le même cas que moi. Or nous avons renseigné nos adresses email. Et elles étaient bien dans la base de données avant l’envoi de cette communication.

2/ Les nouveaux adhérents, arrivés après la présidentielle, n’ont pas encore reçu leur carte d’adhérents, ni même un courrier. Si ce point ne semble pas concerné la COCOE, c’est en réalité le cas : faute de disposer de notre carte d’adhérent ou d’un courrier, nous n’avons pas connaissance de notre numéro d’adhérent, et ne disposons pas des pièces justificatives pour prouver notre qualité d’adhérent. Or nous en avons besoin pour le vote, mais aussi pour remplir le formulaire de parrainage.

J’attire votre attention sur le fait que j’ai adhéré le 6 mai dernier, bien en amont de l’organisation des opérations électorales, pour être certaine de pouvoir participer au scrutin ET aux parrainages, dès lors qu’il a été évident, avec la défaite au présidentielles, et en vertu de nos statuts, qu’un scrutin serait organisé. J’entends bien user de tous les droits conférés par ma qualité d’adhérente.

Mon excellente connaissance des statuts me permet de constater que ce scrutin pourrait être entaché si cette situation n’était pas réglée au plus tôt. Il est bien évident que, si vous persistiez à n’informer qu’une partie des adhérents, et que les éléments nous permettant de participer au scrutin ne nous étaient pas communiqués, je poserais alors un recours, d’abord en interne, mais également, le cas échéant, en externe. Vous n’êtes pas sans savoir que je ne serais pas la première à user de cet ultime recours.

Souhaitant pouvoir participer au scrutin, sans être, parce que nouvelle adhérente, suspectée de voter pour X ou Y, je vous remercie, Monsieur le Président, de bien vouloir veiller à sa sincérité, et à la régularisation de ces problèmes.

Chacun cherche sa droite

17 juin 2012. Les urnes ont parlé. La gauche a remporté ces élections législatives, dans la foulée de l’élection présidentielle. La droite, elle, a perdu. Lapalissade me direz-vous.

Non, elle a juste perdu. Elle n’a pas pris une énorme claque, puisqu’elle dispose de 226 députés (droite parlementaire). Le meilleur marqueur en est incontestablement le seul levier qu’il manque à la gauche : celle-ci ne dispose pas de la majorité des 3/5ème au Parlement, et ne pourra donc pas modifier la Constitution seule.

Pourtant, des claques, il y en a eu. Et des deux côtés. Les parachutés Ségolène (Royal) et Jack (Lang) ont échoué aux portes du palais Bourbon, obligeant la gauche à bannir le local ayant osé se maintenir en dissidence et dans le même temps, à revoir son casting pour le perchoir. A droite, les grandes gueules du sarkozysme ont trépassé : Nadine (Morano), Fredo (Lefebvre), Valérie (Rosso Debord), mais aussi Guéant, Vanneste, Garraud, Peltier.

Quelle meilleure situation la droite aurait-elle pu rêver au soir du 17 juin ? D’un côté, le PS doit gérer les suites d’une rocambolesque histoire personnelle mêlant fesses et twitter –le tweet vengeur de Valérie Trieweiler, première dame, encourageant l’opposant à l’ex du président, laquelle a perdu, quel vaudeville !- et de l’autre, la droite se retrouve débarrassée de certains personnages hauts en couleurs qui ont souvent porté atteinte à sa crédibilité. Voire à son pacte fondateur. A ses valeurs. Un sujet sur lequel l’UMP doit se pencher.

Hasard ou coïncidence, le calendrier l’impose. En effet, en novembre prochain, l’UMP réunira en congrès l’ensemble de ses adhérents pour se doter d’un nouveau chef de file, pour un mandat de 3 ans renouvelable. Voter pour un président, c’est bien, mais pour quelle vision de l’UMP ? Quelle philosophie ? Quelles valeurs ?

Avant de se choisir un chef, l’UMP doit se repositionner. Non pas, comme l’imaginent un peu simplement certains, en se mettant dans la roue du sarkozysme ou au contraire en se différenciant par la volonté de créer son propre courant, mais en s’interrogeant sur le sens de l’Union. Qu’est ce qui unit la droite parlementaire ? Quels en sont les contours ? Quelles en sont les frontières infranchissables ?

Autant de questions qui ont été mises en exergue par les deux scrutins qui viennent de se dérouler : la présidentielle, avec le rejet de la stratégie de dérive droitière de Nicolas Sarkozy, et la législative, avec l’échec des tenants de cette stratégie (à l’exception notable de certains ténors de la droite populaire, bien implantés dans le sud Est de la France).

Si l’échec de la droite aux législatives était prévisible, il aura au moins permis à l’UMP de gagner un temps précieux dans cette réflexion, car personne ne pourra contester ce bilan et la nécessité absolue d’en tirer les conséquences rapidement afin d’être opérationnels sur les nombreux scrutins de 2014. Désormais, il appartient aux ténors de se réunir, et de décider ensemble de la meilleure manière de se rassembler.

Mon petit doigt me dit depuis longtemps que ce n’est pas en se lançant dès la rentrée dans un affrontement sanguinaire entre Fillon et Copé –tous deux comptables de la stratégie qui a échoué- que l’on retrouvera un climat d’union. Leurs dérives guerrières ont parfois coûté des circonscriptions, et l’état de la fédération de Paris, en lambeaux, ne témoigne pas de leur grande capacité à diriger un parti dans le respect de l’Union. Mieux vaudrait qu’ils se refassent une virginité durant les trois prochaines années, avant de s’affronter –parmi d’autres- au sein d’une primaire qui ne fait plus guère de doutes.

Nombreuses sont les voix de droite, depuis ce matin, à sortir du bois pour défendre la primauté de la reconstruction sur la prochaine présidentielle : Baroin, Le Maire, Juppé, Raffarin, … Quoi qu’en pense encore le petit milieu politico-médiatique, en retard d’un temps faute de disposer du recul nécessaire, il devient de moins en moins probable que les deux aspirants compétiteurs Fillon et Copé, que chacun voyait s’affronter il y a quelques jours encore, ne soient les bons chevaux pour mettre en place la reconstruction de la droite.

La droite d’après

Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, l’UMP n’a plus de tête. Ou plutôt elle en a plusieurs.

D’un côté Jean-François Copé, Secrétaire Général de l’UMP, et de l’autre, François Fillon, qui fut pendant 5 ans Premier Ministre. Mais aucun des deux n’est le leader naturel de la droite. Et rien ne dit que l’un des deux le deviendra. S’ils y aspirent, ils n’ont pour autant pas tous les atouts en main : l’un comme l’autre ont été nommés… et ne connaissent pas, pour l’instant, leur poids au sein du parti. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du monde en embuscade…

J’entends d’ici les pro Copé ou pro Fillon m’expliquer qu’enfin c’est évident… Probablement les mêmes qui se félicitaient en hurlant du sacre de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP en 2004, sans connaître les arcanes du vote. Oui, Nicolas Sarkozy avait obtenu 85,1% des suffrages exprimés, ce qui est un excellent résultat. Mais quid du poids dans l’UMP ? Alors que l’élection avait eu lieu dans un climat de pression incroyable, à grand renfort de promotion, seulement  62300 adhérents avaient choisi de voter, sur les 132922 à jour de cotisation. Soit 55% de participation.

Quant au vote blanc, nul ne saura jamais vraiment s’il était bien de 35,3% comme semblait l’indiquer le chiffre mystère de 64,7% apparu lors de la répétition générale la veille du congrès, un chiffre forcément issu du scrutin (la machine étant verrouillée) et qui ne correspondait ni à la participation, ni aux suffrages recueillis par un des candidats. Personne ne peut l’affirmer, mais si le vote blanc a atteint ce chiffre, le poids de Sarko était inférieur à 30%. Quoi qu’il en soit, le poids devait être bien faible pour que Sarkozy serre la vis si rapidement après son élection, et s’assure du soutien des cadres par la création d’une catégorie sur mesure : la représentation des nouveaux adhérents dans les instances internes.

Bref, à moins d’être installé dans le parti depuis des années et d’avoir su y tisser un réseau, notamment au fin fond des fédérations, il reste très compliqué de disposer d’un poids de taille. Et en la matière, ni Copé, ni Fillon, ne dispose du moindre début de commencement de légitimité. Parce qu’ils ont été nommés. Parce qu’ils ont fait la guerre. Parce qu’ils ont parfois été maladroits.

Copé, comptable de l’UMP

Copé, quant à lui, se heurte à un problème de taille. Bien qu’à la tête de l’UMP, il n’y est pas (encore) légitime, faute d’avoir été élu. Il pourrait se présenter au prochain congrès, mais a-t-il la poigne nécessaire ? Les débordements actuels démontrent qu’il est incapable de tenir cette famille politique. De plus, il ne s’est pas posé en chef de famille, et s’est fait imposer une direction collégiale pour mener la campagne des législatives. Une bataille sans chef de file. On pourrait appeler cela le rassemblement. Cela montre surtout l’incapacité de l’actuelle secrétaire général de l’UMP à se poser en patron, et à prendre ses responsabilités.

Enfin pour terminer, sa stratégie a toujours été de s’appuyer sur des élus qui lui doivent tout. Quels talents a-t-il fait émerger ? Oh certes, Copé a tenté d’acheter des soutiens, en nommant à droite à gauche des secrétaires nationaux, afin de les obliger. Mouais. L’armée mexicaine, ça dévalorise vite le poste, et ça ne permet pas de s’assurer un soutien fiable et durable. On ne peut pas dire que ses recrutements, à l’image de Valérie Rosso-Debord, aient vraiment été judicieux. Or ce sont autant de boulets qu’il n’a pas su gérer, et qu’il lui faudra traîner.

Quant à son réseau de députés, il est bien meilleur que celui de Fillon… et ne peut être considéré comme autrefois : on parle ici d’un réseau de députés dont il ne restera pas forcément grand-chose après les législatives, et qui en plus, est très volatile. Parce que le sarkozysme est mort entre temps. Et nombreux sont ceux à  suer en ce moment pour conserver leur circonscription, et avoir envie, une fois dans l’opposition, de donner de la voix. Encore un réseau finalement assez friable… Assez peu sur leur propre vote –le vote électronique ne garantissant pas l’anonymat, les cadres vont voter comme il faut- mais sur celui de leurs ouailles. Et c’est bien ce qui compte.

Sur le plan idéologique, il reste très marqué par des prises de positions très polémiques, qui entreront dans son bilan personnel, et peuvent froisser une partie des militants. En effet, Copé est intimement lié à ce que l’UMP a fait depuis qu’il en est le secrétaire général : qu’il le veuille ou non, il est comptable de toutes les polémiques qui ont émaillées la vie du parti. Et là encore, la preuve se fait par le contre exemple : entre 2005 et 2007, Sarkozy avait pris ses distances avec le gouvernement Chirac… justement pour se positionner pour la présidentielle.

Fillon, l’instable coucou

Fillon, lui, n’est hélas pour lui pas plus légitime, contrairement à ce qu’il imagine. Avoir été Premier Ministre est une qualité, mais est-ce suffisant ? En d’autres termes, qu’apporte-t-il de plus que Juppé ou Raffarin ? Rien. En revanche, il a de sacrés casseroles aux fesses. Première d’entre elles, sa passion pour la ventilation. Girouette de classe internationale, on l’a connu balladurien entre 1993 et 1995, devenu chiraquien en 2002 pour entrer au gouvernement, puis sarkozyste –et en opposition très marquée avec le gouvernement d’alors- lorsque Villepin ne l’a pas conservé en 2005. Il avait dit alors « Vous faîtes de moi le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy ». On a connue personnalité plus capable de rassemblement…

Non content de suivre son intérêt personnel au sein du parti, il fait de même pour ses aventures électorales : ça ne l’a en effet pas dérangé de quitter sa terre d’élection, la Sarthe, et sa circonscription qui menaçait de tomber à gauche, pour la confortable 2ème circonscription de Paris. Coucou dans le nid de Rachida Dati. On a connu personnalité politique plus courageuse… Mais à l’entendre, il l’a fait pour se présenter à Paris. Curieusement, il ne parle plus de la capitale : a-t-il enfin compris que briguer Paris lui barrerait la route pour 2017 ?

Et pourtant il devra y aller. Cet épisode l’oblige désormais à affronter la bataille de Paris en 2014, faute de quoi il passera pour le couard qui s’est mis à l’abri. Ce qui lui coupe sous le pied tout destin présidentiel : s’il n’ose y aller, il sera un lâche. S’il y va et perd, il aura été incapable de remporter une bataille capitale (sic !) et s’il gagne, il ne pourra abandonner les parisiens pour mener les troupes en 2017. Le piège s’est refermé. A moins qu’il ne soit pardonné, mais en échange de quoi ? Rien n’est jamais gratuit. Fillon, donc, n’est pas en position de force.

Qui d’autres ?

Enfin, il se pourrait que d’autres prétendants apparaissent. Les observateurs aiment à commenter les faits comme étant joués, mais c’est oublier un peu que l’UMP est une machine complexe qui obéit à d’autres principes que ceux qui ont été montrés sous l’ère Sarkozy. L’UMP, c’est d’abord un projet d’union entre les composantes républicaines de la droite et du centre (droit), quelque chose dont on n’a plus entendu parler depuis de nombreuses années. Mais l’UMP a-t-elle vraiment renoncé à incarner ce projet ? Bien que certains aient cédé à l’appel des sirènes centristes, rien n’est moins sûr. C’est justement l’un des enjeux qui attend l’UMP de demain : faire sa mue, dans un sens… ou dans l’autre.

Rien n’est donc joué que ce soit entre Copé et Fillon… ou d’autres prétendants. Le mandat de président de l’UMP est de 3 ans. Si la droite renonçait enfin à être la plus bête du monde, elle pourrait profiter de ce mandat 2012-2015 pour remettre de l’ordre dans le parti, dans les fédérations, dans les statuts –avec notamment, la mise en place éventuelle d’un ersatz de courants, et des primaires pour la désignation du candidat-, retravailler la ligne politique de l’UMP qui s’est bien éloignée pendant 5 ans de la charte des valeurs de l’UMP, …. Ce mandat de 3 ans devrait, si la droite était maligne, être confié à une personnalité de droite indiscutable en interne, crédible, et surtout, qui ne soit pas candidate pour les présidentielles de 2017.

Et des personnalités de ce type, il en existe dans l’UMP. Elles pourraient même, ensemble, former un ticket Président-Vice Président-Secrétaire Général. Sauf que pour qu’elles se présentent, il faudrait une paix armée. Une paix que toutes les tendances s’imposeraient, en acceptant de reporter la grande baston de 3 ans, au moment des éventuelles primaires.

Copé et Fillon seront-ils assez intelligents pour choisir cette option ? L’attrait du pouvoir étant ce qu’il est, rien n’est moins sûr. Mais la possibilité existe. Et les autres prétendants aux primaires de 2017 pourraient bien être intéressés par cette perspective. Sans parler des tendances oubliées sous le sarkozysme, qui n’ont pas vraiment envie de voir les mêmes se comporter de la même manière. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en la matière, il n’y a que les héritiers directs du sarkozysme pour penser que tout est écrit.

L’avenir immédiat

Et pourtant, l’UMP devra rapidement se trouver un chef. Et plus rapidement qu’il n’y paraît aux yeux des observateurs néophytes. En effet, les statuts de l’UMP prévoient un congrès en novembre pour désigner le nouveau président de l’UMP. En 2004, Nicolas Sarkozy avait été élu pour un mandat de 3 ans qui prévoyait alors une nouvelle élection à la fin de l’année 2007. Soucieux de ne pas trouver à la tête du parti un opposant qui aurait pu se comporter avec lui comme il l’avait fait avec Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy avait fait procéder à une modification des statuts, qui prévoyaient, à l’article 48, une disposition transitoire instaurant un secrétariat général pour la durée du quinquennat. Nicolas Sarkozy n’étant plus président de la République à compter du 16 mai prochain, l’UMP se trouve dans l’obligation de procéder à l’élection d’un nouveau président.

Si François Baroin a annoncé qu’il n’y avait aucune urgence à convoquer un congrès avant l’été, ça n’est pas, contrairement à ce qu’ont pu penser ceux qui ne connaissent pas l’UMP sur le bout des doigts, pour renvoyer l’élection à plus tard. C’est tout simplement parce que le congrès n’est pas prévu avant… et que le processus de l’élection du président ne permet pas de l’anticiper. L’articles 26 des statuts précise que « Le Président de l’Union est élu au suffrage universel, par l’ensemble des adhérents, au scrutin majoritaire à deux tours ; les modalités de vote sont définies par le Règlement Intérieur. »

Mais les conditions de cette élection sont déterminées très précisément par le Règlement Intérieur de l’UMP. L’article 26 nous apprend ainsi que les candidatures doivent être transmises 2 mois au plus tard deux mois avant le scrutin, et disposer du parrainage de 3% des adhérents à jour de cotisation. Ces éléments posés, il devient donc strictement impossible d’anticiper l’élection avant l’été. En revanche, pour être dans les temps prévus par les statuts et permettre à l’UMP de disposer de son président en novembre, il faut que les candidatures soient parvenues aux instances en charge de l’élection au plus tard mi-septembre… et donc lancer le processus de parrainage au cours de l’été. Exactement comme en 2004.

Pour y échapper, il ne reste que deux possibilités : ne pas respecter les statuts, ou convoquer un conseil national modifiant le règlement intérieur pour permettre de reculer le congrès. Dans un cas comme dans l’autre, l’UMP se montrerait incapable de respecter ses institutions, ce qui aurait un retentissement important sur son image… à un moment où le parti tangue déjà. Et cela affaiblirait encore plus Jean-François Copé. Nul n’ayant intérêt à reculer l’échéance, l’UMP devrait logiquement convoquer un conseil national juste après les législatives, et lancer le processus, en informant les adhérents.

C’est la raison pour laquelle, à titre personnel, j’ai décidé de reprendre ma carte à l’UMP. En effet, le règlement intérieur est clair : « figurent sur les listes électorales, les adhérents à jour de cotisation au 31 décembre et au 30 juin précédant le scrutin. » Si les adhérents 2011 pourront renouveler leur cotisation jusqu’au vote, tous les autres devront, pour figurer sur les listes, être adhérents au 30 juin. Or par définition, les non adhérents n’ont pas à être informés. Il est donc important que les sympathisants de droite qui souhaitent participer à la reconstruction de l’UMP et porter leur voix pour déterminer à quoi ressemblera la droite de demain (union de la droite et du centre, ou dérive droitière ?) doivent absolument prendre leur adhésion avant le 30 juin. Même s’ils ne seront pas décisionnaires sur les candidatures qui elles, seront certainement l’objet de discussions entre les intéressés…

Ci-gît l’UMP…

Pendant la primaire, Martine Aubry qualifiait François Hollande de gauche molle… et bien je n’hésiterai pas à qualifier l’UMP de droite folle.

L’après-primaire est en effet vécu de manière totalement disproportionnée à droite. En la matière, l’UMP n’a pas manqué de faire quelques jolies sorties de route.

Face à cette attitude responsable, encore une fois la droite me fait honte. Tout a commencé pendant la primaire. Le parti majoritaire n’envisageait pas de voir l’opposition intéresser les médias, fascinés par cette nouveauté. L’UMP a donc commencé à aboyer, notamment par la voix des habituels débiteurs d’éléments de langages préfabriqués à l’Elysée : Copé et Morano. Dans le même temps, le secrétaire général de l’UMP, obnubilé par le PS, s’est mis en tête d’organiser la riposte.

Ainsi durant les trois débats de la primaire, les jeunes de l’UMP étaient invités à se retrouver au siège du parti, au 55 rue La Boétie, pour… tweeter ensemble sur les débats, en direct de l’UMP. Que doit-on penser d’un parti qui ne se positionne pas sur des valeurs, pour un projet, mais contre celui du voisin ? C’est un peu court… Et négatif. Me revient à ce moment là en tête un tract que les jeunes pop avaient réalisé en 2004 contre les extrêmes de droite comme de gauche. Avec cette accroche : « Ils veulent tout détruire. Nous, nous voulons tout construire ». Les Jeunes Pop de 2011 semblent avoir rejoint le côté obscur de la force, celui qui détruit mais sans rien proposer. Adieu les idées.

Au soir du second tour, le parti majoritaire en remet une couche, allant de plateau télé en plateau télé pour beugler les mêmes phrases compilées sur les petites fiches préparées à cet effet. C’est étonnant cette incapacité à s’approprier des éléments de langage pour les exprimer avec ses propres mots… Parfois je m’interroge sur le niveau des politiques qui se sont prêtés ces derniers jours à l’exercice : simple fainéantise ou réelle incapacité ?

Ainsi Pécresse, sur le plateau d’I-télé, débite bêtement les éléments de langage avec lesquels on l’a droguée, et évoque justement les divisions de la gauche, notamment sur l’aspect programmatique. D’une part, elle ne semble pas bien avoir compris le principe de la primaire. Qui figure pourtant dans les statuts de l’UMP et que son parti a déjà expérimenté, notamment aux municipales à Paris en 2008.

Comme le rappelle très justement l’excellente Cécile Renson, lorsque le processus fut lancé, Nicolas Sarkozy disait alors : « Paris donne l’exemple, mais ce n’est qu’un début ». « Ce que j’ai voulu pour Paris, je le veux tout autant pour l’échéance présidentielle ». Et maintenant la primaire serait un mauvais système ? Toujours ce manque de cohérence sur la durée… D’autre part, Pécresse oublie les divisions de la droite, qui sont telles qu’une partie s’est déplacée pour voter avec conviction à la primaire, faute de se reconnaître dans le soi disant candidat naturel de Tribord !

Mais le pire était encore à venir, avec la tenue annoncée sur tous les plateaux d’une convention de l’UMP destinée à démonter le projet socialiste. Une fois de plus –et malgré le hashtag trompeur de #Projet2012, à moins que le projet de l’UMP ne soit celui du PS !-, l’objectif n’était pas de faire des propositions, mais bien de taper sur celles des voisins. Ou quand l’UMP a un petit problème d’autonomie dans la construction –hypothétique à ce stade- de son projet… Hélas, lors de cette convention, j’ai simplement vu la droite la plus bête du monde céder à la facilité.

Comme prévu, ce fut un florilège de petites phrases, d’attaques gratuites, de manipulation mentale à base de chiffrage du programme du PS erroné –les nouvelles mesures ont été comptabilisés, pas celles supprimées et de surcroît, le mode de calcul n’a pas été communiqué, et même le Premier Ministre reconnaît que les prévisions de croissance sont impossibles à réaliser, ce qui rend caduque tout chiffrage de projet-, sous le haut patronage de quelques ministres priés de venir communier, d’élus, et de secrétaires nationaux que personne ne connaît. Certes, du monde s’est bousculé à la tribune pour afficher son appartenance à l’UMP. Mais toujours pas l’ombre d’une idée.

Tout ça pour ça. Tant de foin au sujet du temps de parole accordé au PS –parce que c’était l’actualité- pour finalement ne rien proposer d’autres qu’attaques sans fond et autres quolibets type affichés en A3 sur les pancartes de fortune distribuées à l’entrée. Ou l’incohérence mise en scène et reprise par toutes les télés.

Si les intervenants sont venus nombreux –souvent des seconds couteaux poussés par le souci de décrocher leur investiture- ils n’ont pas su développer autre chose que des phrases toutes faites. Copé a présenté un discours d’une violence rare, que rien ne justifiait. Lancar a exposé un argument contre les emplois jeunes… qui pourrait être utilisé pour défendre le contrat de génération d’Hollande ! Les plus hardis ont évoqué la politique gouvernementale, se livrant à un exercice de bilan, et non de campagne. A ce jeu Baroin et Le Maire se sont montré bien au dessus du lot… hélas totalement hors sujet. Mais était-ce vraiment un hasard ?

Comment le parti majoritaire peut-il imaginer parvenir à rassembler la droite sur un mouvement négatif, fusse ce contre ses opposants ? Une campagne, c’est un élan, quelque chose de positif, qui entend apporter un avenir meilleur à nos concitoyens. Aussi comment, par cette action de dénigrement, espère-t-il  réunir la droite, déjà bien dispersée ? Comment fédérer, avec ce triste spectacle qui a omis l’essentiel, à savoir les idées ? Si la sécheresse mène la vie dure à nos paysans, il semblerait que l’UMP soit également en rade d’idée. Et l’agressivité ne constitue pas un programme : si les militants peuvent un instant se consoler en tapant sur le vainqueur de la veille –la primaire a donné une image favorable au PS- ça ne peut en aucun cas suffire pour rassembler la droite et les Français.

L’absence de plusieurs personnalités d’ampleur à droite semble confirmer la donne, même si Copé persiste à clamer que la majorité est rassemblée. Méthode Coué, certainement. En effet, si tous les premiers ministres ayant officié depuis les vingt dernières années étaient absents. Si Balladur ne se montre plus guère et que Villepin a quitté le parti majoritaire pour fonder (puis quitter) le sien et annonce au même moment lors d’une intervention à l’Université Paris Dauphine que son « engagement à participer à la présidentielle de 2012 est total », reste tout de même Fillon, l’actuel locataire de Matignon, Juppé et Raffarin. Pas un d’entre eux n’a fait le déplacement : les éminents fuiraient-ils l’UMP ? La question mérite largement d’être posée.

Raffarin, d’abord, qui depuis quelques temps, a pris ses distances avec le parti majoritaire, lassé par les sorties de route des perroquets sans envergure. Alain Juppé, quant à lui, persiste à tenir son rôle de numéro 2 du gouvernement, en soutenant Nicolas Sarkozy. Mais en appliquant le service minimum. S’il déclare officiellement soutenir Nicolas Sarkozy de toutes ses forces, il faut tout de même lire les petites lignes tout en bas du contrat : le meilleur d’entre nous ne vas tout de même pas jusqu’à participer à ce show grand-guinolesque. Faut pas déconner.

Et que dire de Fillon ? Le Premier Ministre semble avoir définitivement jeté l’éponge. Candidat aux législatives puis municipales déjà annoncé à Paris, il a en effet donné un signe tangible du peu d’espoir qu’il porte en la droite pour 2012 : en additionnant son statut de Premier Ministre, la circonscription très favorable dans laquelle il envisage de se présenter (la 2ème, qui comprend une partie du 5ème, du du 6ème et du 7ème arrondissement), la Fédération de Paris dans laquelle il a placé ses collaborateurs depuis longtemps, et l’élan censé être donné par la présidentielle, il devrait être élu les doigts dans le nez. Alors pourquoi partir si tôt ? La confiance règne…

Puisque le PS était l’objet de cette convention, je ne saurai que conseiller à l’UMP de s’inspirer de son irritante chanson, et d’envisager sérieusement de tourner la page de Sarkozy… l’homme qui a mis l’UMP en état de mort clinique, puisqu’elle nous a montré aujourd’hui disposer d’un encéphalogramme plat. En ce sens, c’est le fond bleu –pour la droite- dans lequel se sont noyés les intervenants qui était le mieux pensé.

J’y ai vu l’océan glacé, et la majorité rester vaillamment sur le Titanic, prise au piège du mastodonte, avec un Copé chef d’orchestre jouant jusqu’à ce que mort s’ensuive… ce qui ne manquera pas d’arriver. Que ce soit au printemps prochain –et le plus tôt sera le mieux- ou dans cinq ans. Pendant que quelques uns, ont déjà pris les canaux de sauvetage, faisant l’impasse sur 2012, pour mieux œuvrer à la reconstruction de la droite.

Quant au capitaine, il reste dans sa cabine, maintenant droit le cap sur l’iceberg. Plus personne n’en doute : si sur un malentendu, il parvient à survivre en tant que président, ce sera de toutes façons au prix de la mort de l’UMP. Copé l’a déjà enterrée. RIP.

Primaire PS : Tribord perd la boussole !

La primaire du PS a donné le mal de mer à la droite. Pourtant, le processus était connu depuis longtemps. Il y a même eu un avant goût en 2007 avec la primaire interne du PS.

Et contrairement à ce que l’on voudrait nous laisser penser, il y avait pourtant bien eu à l’époque trois débats télévisés –mais aucun en hertzien-, pour cette primaire qui se jouait à un tour. La seule vraie différence, c’est que la primaire de 2006 était interne au PS, et non ouverte à tous les citoyens. Il semblerait que cela gêne un peu à tribord…

L’UMP est tellement obnubilée par la primaire qu’elle organise ce mardi une convention… sur la primaire. En 2007, les conventions du parti majoritaire servaient à préparer le projet, en abordant tour à tour les grands thèmes de la présidentielle. Pour la présidentielles de 2012, j’avoue avoir du mal à suivre. Soit la primaire du PS est un enjeu de société, qui justifie qu’on fasse des propositions sur ce thème aux Français, et dans ce cas la convention de l’UMP se justifie. Soit le parti majoritaire tente de se donner un peu de consistance face à ce succès populaire, et de délivrer massivement des éléments de langage à ces militants.

Pourquoi pas, mais on n’est alors plus dans la construction du projet. Dernière possibilité, l’UMP organise cette convention pour se positionner par rapport à la primaire, ce qui serait alors un peu court. D’une part, parce que le projet du PS existe depuis un moment et que sa version post-primaire, modifiée par le candidat, ne sortira pas d’ici mardi. D’autre part, parce qu’en tant que Fille de Droite, je trouverais un peu limité de se cantonner à répondre au PS dans le projet de l’UMP : cela relèverait d’un vrai manque d’ambition pour la France, et surtout, d’une absence totale d’idées. Voilà pourquoi je ne comprends pas bien la tenue de cette convention, au-delà d’un aspect thérapie de groupe qu’il me paraît pathétique d’ultra médiatiser.

Ce matin, Copé en remet une couche dans ce n’importe quoi généralisé à tribord. Sur I-télé, il explique que le ralliement de Montebourg à Hollande montre l’incapacité à tenir une ligne à gauche. Hum hum… Donc si je suis bien monsieur Copé, l’UMP n’est pas plus crédible, en allant du centre droit à la droite populaire, en passant par exemple par monsieur Vanneste qui rappelons-le, tient régulièrement son lot de propos homophobes. Si Hollande ne peut rassembler la gauche, tout pareil pour Sarkozy. Ou comment Copé assume avec convictions des propos qui plombe autant sa famille politique. LOL.

Sans parler des divergences sur l’organisation même d’une primaire. D’un côté Fillon, Accoyer, et même mon pote Aymeric s’y étaient déclarés plutôt favorables, conscients que le succès de la primaire citoyenne comme la modernité de ce mode de désignation posent question à droite.  Et je partage, en tant que Fille de Droite, totalement cette vision. De l’autre, Sarkozy a vertement tancé ce procédé. C’est dire si la primaire met Tribord en panique : les vents contraires agitent le Titanic, qui se débat en pleine cacophonie avec des morceaux de Xababa (ndlr Xavier Bertrand), Eric Raoult ou encore Morano au milieu, qui éclaboussent dans tous les sens… et souvent non-sens d’ailleurs. Dur, dur d’être de droite, par les temps qui courent…

La droite qui, d’ailleurs, s’est déjà essayée à l’exercice en interne. Si certains aiment donner l’exemple des déchirements consécutifs à la primaire de l’UMP pour la municipale à Paris, ils oublient que le système même de la primaire a existé pour la présidentielle, en 2006, à l’initiative… de Nicolas Sarkozy. Eh oui, rendons à César…

Si ce fut un fiasco, c’est uniquement parce que les barons de la droite ont baissé leur culotte, n’osant pas affronter celui qui était alors président de l’UMP. Il faut dire que les scrutins internes organisés par la même équipe –méthodes bolchéviques, menaces et bourrage des urnes électroniques inclus- avait de quoi refroidir les ardeurs. Reste que les statuts prévoient les primaires. Tellement qu’après l’élection de Sarko, il a fallu les modifier fissa pour prévoir qu’il n’ait pas à s’y soumettre cette année, sous prétexte qu’il serait le candidat naturel. J’y reviendrai.

Du coup, la prise de position présidentielle nous expliquant « La Ve République ne peut être l’otage des partis politiques et le candidat (à la présidentielle, ndlr) pris en otage par son parti. Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours », c’est, euh, comment dire… Soit Nicolas Sarkozy pense réellement ce qu’il dit, et affirme donc ne pas avoir lui-même respecté l’esprit des institutions de la Vème en 2006, et donc ne pas être le gaulliste qu’il prétend être. L’ancien ministre du budget Alain Lambert ne s’est d’ailleurs pas gêné pour le lui rappeler, et demander à ce qu’on laisse le Général en paix (voir le tweet ci-dessous).

Car le Général n’a jamais prétendu être contre la primaire : la question ne s’est jamais posée, et je défie qui que ce soit de trouver une phrase de Charles de Gaulle sur ce sujet. En effet, contrairement à ce que certains voudraient bien faire croire, les primaires, en étant citoyennes, reflètent bel et bien la rencontre entre un homme et un peuple, au-delà des partis : c’est justement en sortant du cadre interne qu’elles deviennent gaullistes ! Et elles ne favorisent en rien le bipartisme : il y a bien eu plusieurs primaires à gauche, pour désigner les candidats qui porteront les couleurs des partis concernés !

Enfin, Nicolas Sarkozy affirmait, dans son discours d’investiture en tant que président de l’UMP le 28 novembre 2004 : « Vous, adhérents, je veux que vous soyez maîtres de votre destin. Les grandes décisions politiques du mouvement nous les prendrons ensemble. Pour cela, je ne connais qu’une seule formule : celle du vote démocratique, ouvert à tous ». Soit Nicolas Sarkozy estime que le choix du candidat n’est pas une grande décision politique. Soit il fait preuve d’une mémoire sélective qui frise la mauvaise foi. C’est ballot.

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy semble ne pas sentir le vent nouveau qui a soufflé sur la vie politique ces dernières semaines. Car il ne s’agit plus, cette fois, de politique politicienne ou même partisane : cette primaire était proposée à tous les citoyens se reconnaissant dans des valeurs de gauche –en réalité républicaines, comme je l’ai déjà expliqué– et donc complètement en dehors de l’appareil. Car si le vote a été organisé par le PS, il suffisait d’aller dans les bureaux de vote pour constater qu’il était calqué sur n’importe quel scrutin organisé par l’Etat.

En ce sens, le président n’a pas compris que quelque chose, dans le rapport entre le peuple et la politique, avait changé. Comme si depuis qu’il est reclus à l’Elysée, il avait perdu la connexion avec le peuple français. C’est ennuyeux pour un candidat naturel de ne plus sentir la tendance… Sarko aurait-il perdu son mojo ?

Il est évidemment trop tôt pour le dire, mais certains rats quittent déjà  le navire, fuyant la présidentielle. Le Premier Ministre lui-même, François Fillon, semble avoir zappé l’étape avril-mai, pour se consacrer à Paris… pour la municipale de 2014. Son plan épargne retraite à lui qu’il a. Sur Twitter, un militant de droite me disait hier qu’il n’y avait aucune surprise à préparer les législatives de juin dès maintenant. Euh, en tant que Premier Ministre, si. Soit il pense que la droite va l’emporter en mai prochain, et donc qu’il bénéficiera d’un élan favorable. Soit il pense que l’UMP va méchamment se rétamer, et qu’il faut partir en campagne le plus tôt possible.

Et qu’on ne me dise pas qu’il doit s’implanter localement : il vise la 2ème circonscription de Paris, celle qui inclut une partie du 6ème et du 7ème arrondissement –où même mon chien serait élu s’il portait un collier UMP (qu’il ne portera jamais hein)- et en plus, la plupart des délégués de circonscription parisiens sont pro Fillon. D’ancien P9 -pour Point 9, autrement dit de France.9, le club de Fillon- qui lui ont bien préparé le terrain. Autant dire que si François Fillon annonce dès maintenant son parachutage, c’est qu’il n’est pas über optimiste sur le fait de bénéficier de la dynamique de la présidentielle ! Ca doit être le sens de l’expression Courage, Fillon !

De là à dire qu’une large partie de la droite fait l’impasse sur les scrutins d’avril et mai, il n’y a qu’un pas. C’est à mon sens, l’explication du retrait de Borloo. Oh, il y a certainement des raisons occultes à chercher du côté d’éventuelles casseroles dissuasives, mais à mon avis, au-delà des rumeurs, Borloo a certainement étudié précisément l’état de la droite… et constaté qu’il n’avait aucun intérêt à se lancer dans une campagne de premier tour qui le ferait apparaître comme le diviseur. L’intérêt de tout le monde réside en effet dans le concept suivant : soutenir Sarko pour mieux le laisser se planter… tout seul.

Evidemment, c’est un pari risqué. Mais si Sarko se plante, c’est payant pour tout le monde. Personne ne sera le-vilain-salaud-qui-ne-l’a-pas-soutenu-et-qui-a-fait-perdre-des-voix, et donc chacun pourra tenter sa chance à la loterie suivante, à savoir la reconstruction de la droite. Avec en option, la disparition du sarkozysme des écrans radars pendant quelques temps… car ce sera bien ce courant qui sera responsable en cas de défaite. D’autant qu’en cas de reconstruction, la droite optera probablement pour des options radicalement différentes que sous le sarkozysme : les courants devraient donc, logiquement, retrouver voix au chapitre.

Je dis bien retrouver. Si les militants actuels de l’UMP sont arrivés sous Sarkozy, et ne connaissent donc pas l’histoire de leur propre parti, je rappelle que l’instauration de courants au sein de l’UMP a été votée par le conseil national le 9 mai 2004. Je suis bien placée pour le savoir : non seulement j’y étais, mais j’ai voté des deux mains et des deux pieds la motion Juppé, qui les proposaient. Pour qu’ils existent, il fallait simplement ratifier cette proposition par un vote du congrès. Ce que Sarko s’est toujours refusé à faire. Qui fut le président de l’UMP le plus moderne ? Juppé !

Quand on sait qu’aujourd’hui l’homme est plébiscité pour représenter la droite à l’élection présidentielle en lieu et place de Sarkozy –par les militants, mais également, par des élus !- on peut en tout cas s’interroger sur la notion de candidat naturel revendiquée par la droite aujourd’hui. Autant je pense, comme beaucoup, qu’un président qui se représente doit se porter candidat pour assurer la continuité de la politique de son camp, autant il se trouve que cette année, j’estime que la droite –dont je suis, je le rappelle- dispose d’un meilleur candidat. Non seulement parce que l’actuel président ne parvient pas à réunir son camp, mais aussi et surtout parce qu’il a désacralisé la fonction et atteint aux valeurs républicaines, ce qui ne lui donne plus la pole position pour les porter.

Et ne nous leurrons pas : même s’il venait à l’emporter en mai prochain –Sarko étant aussi mauvais président qu’il est bon candidat, rien n’est perdu pour lui, et le résultat final dépendra tant de sa stratégie que de la capacité de la gauche à y faire face- il sera de toutes façons en position de faiblesse dès juin. Une fois les législatives passées, Sarko perdra en influence, parce qu’il ne pourra plus se représenter.

La droite sera déjà dans une autre logique : sa reconstruction. Et soyons honnêtes : on ne peut se reconstruire que sur un échec. Aussi, pour tourner enfin la page du sarkozysme qui la détruit de l’intérieur, et se purger des tentations frontistes comme des méthodes nauséabondes qui ont émaillées son fonctionnement depuis fin 2004, la droite a intérêt à l’alternance dès 2012. Reste à savoir quelle proportion de la droite votera pour son candidat, quelle autre pratiquera l’abstention, et enfin laquelle se laissera ainsi séduire par l’humour corrézien…