Cantat will ever rock !

Le split de Noir Désir m’avait laissée dans la brume, inconsolable de voir partir le groupe qui avait accompagné les 25 dernières années de ma vie, de mon adolescence à l’an dernier.

Mais je savais qu’au gré des notes, je recroiserai chacun des membres, du groupe, au fil de leurs collaborations.

Oh je sais, certains aimeraient parler encore de Vilnius. Mais l’homme a payé. Laissons le s’effacer sous l’artiste, et sa musique enfin retrouver. Car l’artiste, lui, bouge encore. Et ça n’est pas ce duo avec le groupe punk rock Shaka Ponk qui viendra me démentir.

C’est sur Palabra mi amor, premier extrait du nouvel album The geeks ans the jerkin’ socks, que l’ex-chanteur de Noir Désir vient pousser la chansonnette. Un morceau aux sonorités rock bien sûrs, mais également funk et hip hop. Cet alliage entre Shaka Ponk et Bertrand Cantat produit un cocktail explosif ! Un concentré d’énergie d’une redoutable efficacité.

Affublé d’un costard, cravate nouée façon rock, le chanteur se déchaîne dans ce clip faussement live, démontrant une fois de plus –mais était-ce nécessaire ?- qu’il n’a rien perdu de son sens de la scène. A consommer sans aucune modération !

Villepin : un projet ambitieux

Jeudi 14 avril, Dominique de Villepin a présenté le projet de République Solidaire qu’il entend incarner. Ces idées ambitieuses et financées se veulent porteuses d’un véritable projet de société. Pour refonder la Nation, le président de République Solidaire entend responsabiliser et impliquer les citoyens comme les acteurs économiques, politiques et institutionnels dans un effort conjoint pour réformer notre pays.

REMETTRE LE CITOYEN AU CŒUR DE LA CITE

Devant la disparition du lien social et la montée du sentiment de solitude de l’individu, République Solidaire souhaite rendre au citoyen toutes ses dimen­sions de dignité, de solidarité et d’engagement au quotidien, en construisant une société où chacun puisse trouver sa place. République Solidaire estime que c’est en replaçant le citoyen au coeur de la cité, et en le responsabilisant, qu’il peut s’impliquer et se sentir partie intégrante de la communauté nationale.

Assurer la dignité de chacun

République Solidaire propose la mise en place d’un revenu citoyen, pour garan­tir à tous la dignité nécessaire au plein exercice de la citoyenneté. Accessible à tous les français majeurs, par une simplification des allocations existantes, le revenu citoyen permet, en prévoyant des contreparties à son versement, de dépasser la logique d’assistanat et d’encourager les initiatives.

Oser le choix de la responsabilité

République Solidaire propose la création d’un statut citoyen, consacrant les droits mais aussi les devoirs et responsabilités de chacun. Cet équilibre permet une meilleure implication dans la société, et passe aussi bien par l’instaura­tion du droit de vote obligatoire avec la reconnaissance du vote blanc que par le paiement par tous de l’impôt, en fonction de ses capacités, même à titre symbolique. Payer l’impôt, c’est un engagement civique. En retour, République Solidaire s’engage à une refonte fiscale qui soit juste : un euro de revenu doit être taxé dès le premier euro.

Assumer le choix de l’engagement

Etre solidaire, c’est être tourné vers les autres. La loi de 2006, sous le gouver­nement Villepin, ouvrait la création du service civil volontaire. Il faut l’élargir et le rendre obligatoire pour les jeunes et ouvert à tous. République Solidaire pro­pose donc d’institutionnaliser le service de solidarité par la mise en place d’un service citoyen, obligatoire pour les jeunes de 18 à 25 ans, dans des conditions souples pour ne pas interrompre les parcours des jeunes, et ouvert à toutes les autres classes d’âge, en contrepartie du revenu citoyen.

REFONDER LA REPUBLIQUE

Pour moderniser la France, et lui donner sa place dans l’Europe et le monde, nous avons besoin de moyens d’actions performants. Il convient de simplifier les institutions et de les rendre plus efficaces.

Refonder les pouvoirs

Une démocratie, pour être moderne, doit se donner les moyens d’exister. Cela passe par une véritable séparation des pouvoirs, en coupant tout lien entre justice et politique, par la dotation de véritables moyens pour un travail plus ef­ficace du Parlement, par le respect des sensibilités politiques, par une politique assumée de décentralisation, et par la garantie d’expression des citoyens au moyen de consultations par référendum.

Restaurer l’autorité de l’Etat

République Solidaire prend le parti de donner les moyens d’agir à l’Etat, en ren­forçant le rôle de ses agents par l’unification de leur statut, en légitimant l’appa­reil judiciaire, par une meilleure application des lois et en mettant un terme au millefeuille législatif. République Solidaire souhaite rendre l’Etat plus efficace, resserrer ses effectifs de manière rationnelle sans logique comptable et impli­quer les entreprises. Enfin il convient d’assurer la tranquillité publique au moyen d’une nouvelle relation entre police et population.

Réformer la Justice

Pour rendre la justice efficace, il faut la moderniser, la rapprocher des citoyens, et éviter le recours systématique au tribunal. République Solidaire propose de considérer la justice dans sa globalité, et de la repenser pour parvenir à un en­semble cohérent, simplifié, plus proche des citoyens.

Autonomiser les médias

Les médias constituent le quatrième pouvoir. Pour leur permettre d’exercer leur rôle en toute liberté, République Solidaire propose de les rendre indépendants des pouvoirs publics et de pérenniser les supports d’information en les viabili­sant dans la durée.

Faire de l’école un vecteur de l’égalité des chances

République Solidaire entend rétablir l’unité, l’égalité, et la primauté des savoirs, pour faire de l’école le socle de l’égalité républicaine. Ce projet ambitieux né­cessite de rompre avec le collège unique et avec une logique de zonage qui a montré ses limites, de renforcer la cohérence de la chaîne éducative et des programmes, de mettre les moyens en fonction des besoins du terrain, et de lutter contre les inégalités. L’enseignement supérieur, qui doit rester accessible à tous les étudiants, doit être refondu en grands pôles universitaires intégrant les différentes structures et s’ouvrir sur le monde.

Faire de l’Europe une chance

Au sein des 27 Etats membres, la France doit faire de l’Europe un levier efficace pour son action. République Solidaire propose de consolider l’axe franco-alle­mand. de repenser l’Union pour la Méditerranée en fonction des convergences démocratiques nées du Printemps Arabe, de renforcer la coopération au sein des 27. Enfin République Solidaire souhaite l’élection duprésident du Conseil Européen au suffrage universel, afin de rapprocher les citoyens des institutions européennes tout en dotant celles-ci d’un visage politique.

PROPOSER UNE ECONOMIE INNOVANTE

Maintenir la France dans la compétition mondiale impose de faire naître un nouveau modèle économique, tourné vers l’avenir, capable d’anticiper les mu­tations, et pionnier de la révolution économique et énergétique.

Moderniser la fiscalité

Maintenir l’emploi exige de repenser la fiscalité, pour faire baisser le coût du travail. Cette nouvelle fiscalité doit tenir compte des impératifs environnemen­taux, et faciliter les exportations. République Solidaire propose d’utiliser la TVA modulable sans toucher aux biens de première nécessité, et d’impliquer les entreprises dans cet effort national.

Instaurer un effort collectif et juste

Chacun le sait, notre pays doit réaliser un immense effort d’assainissement des finances publiques. Entre 2005 et 2007, Dominique de Villepin avait obtenu des résultats probants, en réduisant de 2 points le déficit public et en réalisant une réduction inédite du poids de la dette à 65% (aujourd’hui 82%). Cet effort doit être partagé par les citoyens, les acteurs économiques, et les politiques en faisant appel à l’épargne des français, en imposant une règle budgétaire consti­tutionnelle. Un effort doit également être réalisé en matière de compétitivité.

Mettre en place un pilotage de l’action économique

Pour être efficace, les mesures prises doivent être concertées avec les par­ties concernées. République Solidaire souhaite que chacun se sente impliqué : mise en place d’un Conseil National Stratégique, mise en oeuvre d’un vaste Plan Vert permettant de collecter les ressources de la contribution énergie car­bone, gérée par une banque verte permettant le financement de projets liés aux technologies environnementales, programmation d’un Grenelle de l’énergie qui aboutira à un référendum sur la politique énergétique à horizon 2030. L’avenir s’envisage dès aujourd’hui, aussi République Solidaire entend consacrer 3% du PNB à la recherche et au développement.

La mère des batailles sera celle de l’emploi. Celle menée entre 2005 et 2007 par le gouvernement de Dominique de Villepin avait permis de faire baisser le chômage à 7,8 % (aujourd’hui à 9,2%). Pour aller plus loin, République Soli­daire propose un service public de l’emploi associant à l’indemnisation et à la recherche d’emploi le parcours professionnel, afin de permettre un suivi per­sonnalisé et une valorisation des parcours. Enfin République Solidaire entend assumer un véritable patriotisme économique, en favorisant l’exportation de produits français, et leur promotion sur le territoire français.

RESTAURER NOTRE MODELE SOCIAL

Face à la mondialisation, notre système social est notre principal atout. Il convient de lui redonner son exemplarité sur l’échiquier mondial.

Construire de nouveaux services publics

Notre société a montré les nouveaux besoins de la population en terme de services publics, pour répondre aux enjeux sociétaux. République Solidaire propose la mise en place :

  • d’un service public bancaire, permettant d’orienter des fonds vers les PME et d’assurer l’ouverture d’un compte à tous ;
  • d’un service public du logement destiné à rationnaliser les moyens et les actions, notamment par l’utilisation à vocation sociale d’une partie du secteur locatif privé et la modération des loyers dans les zones tendues ;
  • d’un service public de la consommation visant à favoriser les productions ré­gionales et maintenir les petites surfaces commerciales.

Mettre la personne au cœur du modèle social

Mettre l’égalité des citoyens au coeur du débat, c’est d’abord penser en terme de proximité, afin d’apporter une réponse personnalisée mais cohérente. En terme de santé, République Solidaire propose de repenser le maillage territorial en articulant l’hôpital en trois échelons, de préserver le maintien du finance­ment de la santé en le régionalisant et en le rationnalisant, d’assurer un meilleur pilotage du système de soins par l’instauration d’un régime unique d’assurance maladie, et de renforcer la prévention des risques sanitaires.

Enfin la société se doit d’offrir la liberté et le respect à chacune de ses composantes : incitation fiscale à l’instauration de la parité dans les entreprises, service public de la petite enfance, débats sur les grandes questions de société telles que l’homo­parentalité, mise en place du testing grâce au service citoyen.

Favoriser l’équilibre des territoires

L’égalité des chances implique l’équilibre des territoires. République Solidaire propose un nouvel ancrage régional des politiques publiques, notamment via la création des métropoles et, par ailleurs,l’élection des conseils de quartiers. Mais le changement va jusqu’à notre mode de vie, qui doit s’adapter aux muta­tions de notre société et intégrer la dimension environnementale, par la mise en place de quartiers écologiques, le développement des réseaux de transports, l’habitat durable ou encore l’instauration de critères environnementaux dans les plans locaux d’urbanisme.

Enfin la politique de la ville doit être repensée, en ajoutant à la loi de Cohésion Sociale et d’Egalite des Chances de 2006, l’Agence Nationale de Développement Economique, un troisième pilier à côté de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine et de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances.

RECOUVRER UNE VOIX FORTE DANS LE MONDE

La France doit assumer dans le monde et ses atouts et ses spécificités.

Afficher une ambition culturelle mondiale

La culture française constitue un pôle d’attractivité : nous devons utiliser cet atout pour rayonner dans le monde, en affichant une politique culturelle ambi­tieuse, et instaurer une véritable économie de la culture. Affirmer l’exception culturelle française, se doter d’outils lisibles et efficaces, favoriser la fiscalité des artistes en dessous d’un certain plafond de revenus annuels, et instaurer la licence globale tout en assurant une juste rémunération des créateurs.

Retrouver notre compétitivité

Notre tissu économique étant mal structuré, notre compétitivité s’est dégradée. Les réglementations contraignantes n’ont pas permis d’enrayer ce mouvement. République Solidaire propose donc la réalisation d’un small business act à l’eu­ropéenne permettant de nous repositionner dans le paysage économique mon­dial. Les efforts devront porter vers les PME, avec de nouveaux dispositifs de capitalisation, la concentration du crédit Impôts Recherche sur les PME, et la création d’agences régionales à l’exportation.

Garantir notre indépendance

La France doit pouvoir porter dans le monde son message original, tout en travaillant de concert avec ses partenaires européens et mondiaux. Quelques pistes : sortie du commandement intégré de l’OTAN, proposition de mutualisa­tion de la dissuasion nucléaire à l’échelle européenne, refondation de la diplo­matie française en la dotant d’outils d’analyse modernes.

Valoriser l’Outre Mer

L’égalité des chances, c’est aussi permettre de tenir compte des spécificités territoriales, notamment en Outre Mer, afin que les ultra-marins puissent occu­per une place à part entière dans la vie de la Nation. Cela suppose d’avoir une politique de long terme, sur la base de la loi programme de 2003, favorisant l’investissement et l’emploi, pour offrir à la jeunesse d’Outre Mer de véritables perspectives d’avenir.

Assumer notre politique d’immigration

La France doit assumer sa vocation de pays d’accueil, et retrouver une poli­tique claire et cohérente sur l’immigration, au lieu de procéder par à coups. République Solidaire propose :

  • d’intégrer de la souplesse dans le dispositif en facilitant les aller-retours dans une perspective de co-développement avec les pays d’origine ;
  • de créer un parcours d’intégration ;
  • de simplifier le versant administratif par un titre de séjour unique progressif intégrant les droits et les devoirs ;
  • de clarifier la situation administrative des personnes en situations irrégu­lières durant l’examen de leur demande.

Licence globale : les points clés

Depuis quelques semaines, et à l’approche des premiers avertissements d’Hadopi, qui nous sont annoncés pour fin juin, la licence globale revient dans l’esprit des parlementaires. Comme si tout à coup, ils réalisaient qu’ils avaient… voté n’importe quoi.

Si on peut saluer ce frémissement de bon sens, la proposition de loi (PPL) déposée sur le sujet par le député Michel Zumkeller est malheureusement à côté de la plaque.

Je me dévoue donc pour faire quelques propositions, afin que les parlementaires de bonne volonté se bougent : il y a vraiment urgence !

Qu’est ce que la licence globale ?

La licence globale, telle que je la préconise, consiste en un forfait illimité de téléchargement légal. Un peu comme les cartes illimitées cinéma, ou l’abonnement à une chaîne de télévision privée. Dans les deux cas, vous consommez de manière illimitée les produits culturels disponibles sur les supports, qu’ils soient français ou internationaux, et les auteurs sont rémunérés sur cette diffusion.

Il est donc parfaitement envisageable de transférer ce système sur ce nouveau mode de diffusion qu’est internet.

Comment rémunérer les artistes ?

Contrairement à une idée fausse largement répandue, la consommation illimitée n’empêche pas de payer les artistes. Il suffit de prélever un pourcentage du prix du forfait illimité, et de verser cette redevance aux sociétés d’auteurs. La répartition entre les artistes se fait sur les relevés de téléchargement. C’est par exemple ce qui se fait à la Sacem en matière de droits musicaux.

Est-ce payer les artistes au rabais ?

Ce fut l’enjeu du débat sur les cartes illimitées cinéma, en 2000/2001. Le système lancé par UGC a été très décrié par les artistes, la vente a été interrompue quelques mois, avant de reprendre. 10 ans plus tard, cela ne gêne plus personne. Et cela se comprend : ces tarifs attractifs ont permis d’amener au cinéma des gens qui n’y seraient jamais allés. La fréquentation des salles obscures a explosé. Ce fut un gain pour les artistes, et non l’inverse.

Concrètement, comment mettre en place la licence globale ?

Il faut lui permettre d’exister, en légiférant uniquement sur le cadre de rémunération des artistes. Il faut que la possibilité de proposer des forfaits illimités de téléchargement existe, afin que des sociétés privées puissent se lancer sur ce marché sereinement.

Ensuite, des sociétés pourront créer leur structure ou développer celles qui existent. Elles deviendront alors clientes des distributeurs de produits culturels (distributeurs cinéma, TV, musique) et devront négocier avec ces distributeurs l’achat des droits de VOD sur les territoires sur lesquels elles voudront les proposer. Tout comme le négocient les chaînes de télévision ou les salles de cinéma !

Elles auront alors pour une certaine durée les droits de diffusion en ligne de ces produits, qui pourront être téléchargés par les internautes qui prendront un abonnement.

Pourquoi pas une plateforme unique ?

Pour faire jouer la concurrence et assainir le marché. Et surtout, le monopole ne passerait pas avec l’Europe, c’est donc totalement irréaliste.

A quel prix ?

C’est le marché –et donc la concurrence- qui établira les prix. Un peu comme pour les offres des FAI, de téléphonie mobile, ou encore les abonnements aux chaines de TV privées ou aux cartes illimitées cinéma.

Difficile d’estimer un prix, mais le téléchargement illimité impose tout de même d’être réaliste, et correspondrait logiquement à peu près à celui d’une carte illimitée, soit 15 à 20 euros par mois. Mais on peut imaginer des formules « musique », « cinéma », « séries », ou « la totale ». C’est au marché d’être créatif, sachant que plus il y aura de choix dans les produits (ce qui nécessite d’en acquérir les droits), et moins les prix seront élevés, plus il y aura de clients.

Quels sont les écueils ?

Le premier serait de trop vouloir réglementer. Il faut créer les conditions de développement de ce marché –créer la possibilité de télécharger légalement- mais ne pas poser des contraintes trop fortes qui nuiraient au développement de ce marché.

Ensuite, imposer un prix serait irréaliste sans avoir étudié les dispositions des distributeurs. Le tempo, qu’on le veuille ou non, sera donné par les majors (Sony, Fox, …).

Dernier point, les distributeurs actuels, qui sont essentiellement les chaines de TV. Pourquoi ? Parce que dans les contrats actuels, elles disposent quasiment automatiquement des droits VOD des produits qu’elles achètent. Elles font donc ce qu’elles veulent, imposent des tarifs excessifs au regard des conditions de visionnage (durée, qualité, versions proposées…). Il est donc impératif d’ouvrir le marché… ce qui ne sera pas de leur goût. Mais comme pour tout marché, elles s’adapteront à cette course à l’audience, et proposeront alors des prestations acceptables.

A quels points faut il être attentifs ?

Il est impératif de proposer des offres au juste prix au regard de la prestation. Aujourd’hui, les plateformes existantes proposent des prix prohibitifs, qui ne permettent pas de conserver le produit acheté. On achète en réalité un visionnage, souvent sur l’ordinateur car il est encore trop rarement possible de mettre le fichier acheté sur un autre support, et ce pour  un tarif parfois double au prix du DVD (pour les épisodes de séries). C’est inadmissible, et les internautes ont le sentiment d’être des vaches à lait. Tant que ces prix seront proposés, le marché ne se développera pas.

Cela résoudra-t-il le problème du piratage ?

Il y aura toujours des pirates, comme il y a toujours des resquilleurs. Mais pour une large partie des utilisateurs, et à condition que les conditions de visionnage soient correctes, et que les produits recherchés soient proposés (ce qui nécessite d’en acquérir les droits), ils adopteront ces solutions.

Est-ce possible ?

Oui, car les distributeurs de ces droits (qui représentent les ayants droits) savent que c’est pour eux un nouveau marché, et donc une ressource potentielle très importante. Les droits étant non exclusifs, c’est une perspective de développement très intéressante pour eux. Ils devraient donc jouer le jeu.

Alors, qu’est ce qu’on attend ?

Que les parlementaires et le gouvernement étudient sérieusement le sujet, et donc comprennent qu’internet n’est qu’un nouveau support, comme l’ont été un jour le cinéma, la télévision, et la radio. Simple, non ?

Concrètement, on commence par quoi ?

On lance une concertation avec les distributeurs de ces droits pour voir leur volonté, et avec les sociétés d’auteurs pour établir quelle peut être la redevance. Tout simplement.

Et si on ne le fait pas ?

D’autres pays planchent sur ce sujet, notamment aux USA où la plateforme ESPN propose déjà les forfaits sur les retransmissions sportives, et pour TOUS les pays. Premier test, avant de faire de même pour les produits culturels…

Donc si on ne fait rien, d’ici nous pourrons bientôt nous abonner pour télécharger des produits US, peut être même dans le futur avec les sous titres ou la VF, et je doute que ces plateformes accueillent beaucoup de produits culturels français…

En d’autres termes, si on ne s’y met pas très vite, on aura fermé la porte à la diffusion de produits culturels. Une politique totalement contradictoire avec le concept d’exception culturelle française ! Au final, et c’est assez ironique, les artistes français jouent contre leur camp.

Pour aller plus loin : dossier spécial Hadopi

Internet : repère de pirates ou nouveau marché ?

La musique a été la première touchée. Selon la mission Zelnik, c’est « du fait de la facilité à dupliquer, reproduire, indexer et distribuer un fichier musical à peu de frais. ». Ca n’est pas faux, mais incomplet.

A l’époque, internet n’était pas le même qu’aujourd’hui. Au moment de l’explosion de Napster, l’ADSL n’était pas la règle en France, le dégroupage total n’existait pas, et la vitesse de transition des données n’avaient rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Télécharger un film, d’un volume souvent 10 fois supérieur à celui d’un album musical, était une opération bien plus fastidieuse qu’aujourd’hui. Ce qui est arrivé à la musique tient en un constat simple : personne, dans le monde, n’avait envisagé internet comme un nouveau marché.

Echaudées, les majors se sont mis à réfléchir à des solutions, que ce soit en streaming ou en téléchargement légal, afin de ne pas reproduire ce désastreux schéma de manque à gagner sur les autres produits culturels, que ce soit les produits audiovisuels ou le livre. Malheureusement, la France n’a pas pris ce train là. Au lieu d’envisager enfin internet comme le marché qu’il est, on pense « répression » et on crée des usines à gaz pour tenter de forcer le consommateur à… ne pas consommer de culture (sur ce média), ce qui est pour le moins curieux.

Il serait tellement plus intelligent de structurer ce nouveau marché… Ce que préconise le rapport Zelnik : « La première urgence est d’agir pour le décollage des services musicaux en ligne ». Plus de 10 ans après le succès de Napster, qui permettait de télécharger en ligne des fichiers essentiellement musicaux, le milieu semble enfin réaliser qu’internet n’est pas un repère de pirates, mais un nouveau marché. Les usages s’étant modelés à partir du piratage, puisque c’était le seul modèle, il devient aujourd’hui nécessaire d’inciter au téléchargement légal.

A l’heure où Itunes (téléchargement) et autres Deezer (streaming) sont déjà de grands succès, il serait effectivement temps que les professionnels français se remuent. 10 ans pour réagir, c’est un peu long. 10 longues années de tergiversation, de minaudages d’auteurs jouant les victimes, au lieu de réfléchir à des solutions concrètes.

Ce débat sur le téléchargement sur internet rappelle d’ailleurs étrangement le débat sur les cartes illimitées de cinéma, en 2000/2001. Souvenez vous, lorsqu’UGC a lancé sa carte, on a crié à la mort de la création culturelle, les ayants droits allaient gagner moins (car chaque ticket venant d’une carte illimité était considéré comme un tarif réduit, ce qui générait une moindre remontée des recettes). Bref, ce n’était pas une question d’art, mais de fric. La vente des cartes a même été temporairement suspendue, quelques mois, avant de reprendre.

Dix ans après, plus personne ne songe à remettre ce système en cause.

Pourquoi ?

Parce que ça a amené au cinéma des gens qui n’y seraient jamais allés sans ses cartes. Et parce que les cinéphiles comme moi ont surconsommé. Les recettes ont donc été supérieures : les cartes illimitées ont élargi le marché.

C’est pourquoi Hadopi ne règlera rien. La répression ne fait que masquer et retarder la nécessité de composer avec ce marché. Si la création française veut éviter le désastre connu avec la musique, il devient urgent de l’accepter.

Idées reçues sur le téléchargement : comment les démonter ?

Tous les jours, j’entends des arguments pro-Hadopi toujours plus étonnant. En voici une petite complitation, avec l’argumentaire de circonstance pour les démonter. A diffuser largement !

Internet n’a pas dématérialisé les supports, ça n’est pas une révolution

Au risque de vous surprendre, ce n’est pas parce qu’internet est numérique et passe par des tuyaux que c’est la première fois que le consommateur ne touche pas l’objet diffusé. En effet, la radio, le cinéma et la télévision fonctionnent selon le même principe. Si au cinéma, le film n’est pas bien loin, puisqu’il est pour le moment encore dans la cabine du projectionniste, à la radio ou à la télévision, l’œuvre diffusée n’est pas un objet que le consommateur peut toucher.

Tout ceci pour dire que l’idée selon laquelle la dématérialisation serait perturbante est une énorme connerie, et un prétexte à la noix. Il y a un sacré paquet de temps que les consommateurs y dont habitués !!!

Le téléchargement n’est pas un problème, c’est un mode de consommation.

Nous l’avons vu, juridiquement, le téléchargement ne constitue pas un problème. Sociologiquement, c’est un fait, que cela plaise ou non. Pourquoi mettre tant d’énergie à lutter contre une pratique qui n’est pas un problème, et qui est installée dans la société ?

Au nom de la vieille lutte de la tradition contre la modernité, de cette vieille notion inconsciente selon laquelle tout ce qui est nouveau et que l’on ne maîtrise pas est nécessairement mauvais, voir maléfique.

La radio, le cinéma, la télévision ont chacun, en leur temps, modifié la consommation. Cette diabolisation d’internet, on l’a connu également avec les supports précités. Il y a moins de 30 ans, les radios libres étaient présentées comme un danger… A chaque évolution technologique, c’est le même refrain.

Et vous pensez sérieusement que c’est un argument valable ???

Hadopi ne protègera pas la création française.

Au risque de perturber les créateurs français, je tiens à leur rappeler que les produits les plus téléchargés ne sont pas les films français. Aussi, peut être peut on cesser de se mentir ?

Ca n’est pas le cinéma français qui perd le plus d’argent, et encore moins le ciné indépendant français.

Plus intéressant, les films les plus téléchargés sont aussi ceux qui récoltent le plus d’entrées en salle.

Dès lors, il est faux d’opposer au téléchargement illégal le risque de mort de la création. Que le téléchargement fasse perdre d’éventuelles ressources aux créateurs, d’accord. Mais que cela mène à la mort des artistes, certainement pas.

Dans le même ordre d’idée, si le téléchargement mettait l’industrie du cinéma en danger, celle-ci n’enregistrerait pas des chiffres de fréquentation record. Cessons d’opposer tel mode de consommation à tel autre, et de brandir de fausses menaces.

L’instauration d’un pass illimité de téléchargement ne tuera pas la création

D’une manière générale, la consommation globale, ne portant pas sur un mais une infinité de produits, n’a jamais nuit à la création artistique. C’est simplement un autre mode de consommation. Ainsi, le « pass illimité » a toujours existé, et même parfois gratuitement.

Le pass illimité gratuit

Oui. La radio ou la télévision hertzienne (ou numérique hertzienne) sont gratuites. L’auditeur et le téléspectateur ne versent aucune redevance pour accéder aux œuvres. Et qu’on ne me réponde pas qu’il s’agit de streaming. De tous temps, il a été possible de reproduire ces œuvres, grâce aux cassettes audios puis vidéos, aux enregistreurs numériques et autres graveurs DVD…

Les modèles économiques de la radio et la télévision prévoient une rémunération des auteurs au prorata de l’audience et de la diffusion. Ainsi, pour les radios, la SACEM se base sur les listes de diffusion des œuvres pour répartir les droits entre les auteurs. Idem pour la télévision. Comment les diffuseurs peuvent-ils payer ces droits ? Grâce à leurs ressources, que sont essentiellement la redevance (pour le secteur public) et la publicité.

Autant dire qu’il serait tout à fait imaginable que ce modèle soit transposé sur internet.

Le pass illimité payant

Les exemples sont encore plus nombreux. Premier type d’abonnement annuel extrêmement répandu et pourtant bien souvent oublié, les cartes de bibliothèques. Pour une somme extrêmement modique, il est possible de s’abonner pour emprunter des œuvres pour une durée limitée. Et pourtant, il ne s’agit pas d’œuvres du domaine public, les bibliothèques vous permettant d’accéder à des ouvrages extrêmement récents. Dans ce modèle, la rémunération des auteurs ne dépend pas de la diffusion (et donc du nombre des emprunts), mais se base uniquement sur l’acquisition des livres par chaque bibliothèque.

Autre abonnement choisi par certains, la télévision payante (pay tv). Pour un coût mensuel déterminé par contrat, vous accédez à une offre plus large que celle de la Free TV, et même désormais à une banque de produits, puisque qu’il est maintenant possible de choisir l’heure de démarrage d’un programme. Dans ce modèle, la rémunération des auteurs est la même que pour la Free TV, à savoir des droits à payer en fonction des diffusions déclarées, et pris sur les ressources des chaînes que sont alors la publicité et les abonnements.

Enfin dernier exemple, les cartes de cinéma illimitées. Pour un abonnement mensuel, il est possible d’accéder à toutes les salles et séances de cinéma d’un réseau donné, pour lequel la carte a été achetée. Dans ce modèle, la rémunération des ayants droits est assurée de la même manière que pour le ticket de cinéma classique, c’est-à-dire par la remontée des recettes sur le ticket de cinéma. Seule différence : le ticket est considéré comme un tarif réduit.