Rigueur et décadence

Depuis une dizaine de jours, le gouvernement prépare les français à l’annonce d’un nouveau plan de rigueur, deux mois à peine après le précédent. Une communication aux accents de véritable version orale de la vaseline.

C’est Nicolas Sarkozy qui a lancé le sujet, lors de son SarkoShow destiné à expliquer au bon peuple comment il a sauvé le monde. Tout en expliquant que les mesures seraient annoncées après le G20. Mais pas par lui. Par le préposé aux mauvaises nouvelles : François Fillon.

Car le Premier ministre ne sert qu’à cela : gérer tout ce qui ne met pas en bonne posture le-candidat-qui-n’est-pas-encore-candidat-mais-en-fait-si –d’ailleurs dès cette semaine il fera non plus deux mais trois déplacements en province par semaine, histoire de flatter le bon peuple-, et se cramer à la place de celui qui décide de tout. Pourtant, le Premier ministre n’est plus vraiment aux affaires. La preuve, il intervient peu dans la vie politique, et semble plus préoccupé par son parachutage dans la 2ème circonscription de Paris pour les prochaines législatives. Reste que c’est lui qui est mandaté pour le sale boulot.

Bref, aujourd’hui, le Premier ministre a mis son costume sombre de croque-mort, pris son air le plus grave version On va tous mourir, et nous a expliqué le plus sérieusement du monde son objectif –enfin, celui de Sarko : « Protéger les Français contre les difficultés que traversent certains pays européens », avant de donner le ton du plan à venir : « L’effort budgétaire et financier d’aujourd’hui est un choix que nous faisons pour la nation et pour les générations à venir».

Ne riez pas. Le Premier ministre, en poste depuis 4 ans et demi, vient juste de réaliser que vivre à crédit constitue une « spirale dangereuse ». Soit cet homme est sincère, et n’a aucune base en économie. Soit il se paye franchement notre tête. Dans les deux cas, il y a urgence à s’en séparer au plus vite.

En chiffres

L’heure est grave. Face à la crise de la Zone Euro, avec la Grèce au bord de la faillite, et l’Italie qui commence à flancher, la France entend bien conserver son triple A, à tout prix. Cette conférence de presse anxiogène du Premier ministre commence donc par un cocktail d’anxiolytiques et d’anti-dépresseurs de chiffres tous plus indigestes les uns que les autres, pour que chacun comprenne que désormais, on ne rigole plus : la pompe à fric est à l’arrêt.

« Pour arriver à zéro déficit d’ici 2016, ce qui est notre objectif, il faudra économiser un peu plus de 100 milliards d’euros ». 100 milliards d’euros. Le précédent plan de rigueur, qui date d’il y a deux mois, a peiné à trouver 11 milliards d’euros. Et celui-ci le complète, pour arriver à un total de 18,6 milliards d’euros. En 5 ans, on sera grosso modo à 65 milliards d’euros, soit en ajoutant des mesures, soit grâce à une hypothétique croissance. Tout ça n’est pas bien précisé. Pour les 35 milliards restants, soit 1/3, aucune réponse. Autrement dit en 2016, on ne pourra être au déficit zéro. Ca n’est pas moi qui le dit…

« Au final, alors qu’entre 2007 et2012 la crise aura contribué à creuser le déficit de 75 milliards d’euros, ce que même l’opposition reconnaît, grâce aux réformes et aux économies que nous avons engagées, le déficit n’augmentera, sur le quinquennat, que de 36 milliards d’euros ». C’est la faute à la crise, refrain bien connu. Sauf que le déficit budgétaire était estimé fin août 2011 à 102,8 milliards d’euros, alors qu’il était de 42 milliards en 2007. Autant dire qu’en faisant un effort de 36 milliards, on n’atteindra jamais que 65 milliards d’euros de déficit, soit sur le quinquennat un déficit multiplié par 1,5. Hum. Lorsque l’on sait que l’explosion du déficit n’est lié que pour 1/3 à la crise, on aura finalement… réduit la part liée à la crise. Comment dire ?

« Nous avons des objectifs et un calendrier intangibles : en 2012 nous ramènerons notre déficit public à 4,5 % de la richesse nationale, à 3 % en 2013, à 2 % en 2014, jusqu’à l’équilibre qui doit être atteint en 2016 ». Le gouvernement, qui a creusé le déficit de 75 milliards d’euros, se permet de prévoir un plan jusqu’en 2016… sans être certain d’être encore au pouvoir dans 7 mois. Ou comment donner des leçons aux éventuels successeurs, qu’ils n’ont pas appliquées eux-mêmes.

Cette intolérable suffisance d’un pouvoir qui se prétend le seul à pouvoir régler la crise laisse apparaître la première marque de la campagne électorale dans cette conférence de presse : par ce plan, le Premier ministre ne fait que dérouler son projet économique pour la France, et les solutions qu’il entend appliquer sur le prochain quinquennat. Ou du mélange des genres en cette période pré-Présidentielle…

Les mesures

Ces nouvelles mesures s’ajoutent à celle du précédent plan de rigueur, présenté par le Premier ministre le 24 août  dernier, dont la fameuse taxe Coca et l’augmentation des taxes sur le tabac. Au programme, la réduction des dépenses publiques : l’Etat réduira son train de vie de 1,5 milliards d’euros au lieu des 1 millions prévus. Mais aussi des augmentations d’impôts, pour engranger de nouvelles recettes.

Indexation des prestations sociales sur la croissance et non plus sur l’inflation. Une arnaque en puissance. En effet, l’inflation explose, entraînant une hausse mécanique des prestations sociales, ce qui coûte cher à l’Etat. La croissance, elle, n’est pas au rendez-vous. Ce qui permet de ne pas augmenter les prestations sociales, et de réduire les dépenses de santé de 700 millions d’euros. Les pensions de retraites ne seront pas diminuées, tout comme le RSA, le mini vieillesse, l’AHH, l’ASS.

Coup de rabot sur les niches fiscales, dont la suppression en 2013 du dispositif Scellier sur les investissements locatifs, le recentrage du prêt à taux zéro (PTZ) sur le neuf et une diminution du  crédit d’impôt développement durable. La suppression des niches sélectionnées représente une économie de  2,6 milliards d’euros. Ces dispositifs touchent essentiellement les ménages. Tout en diminuant très fortement les mesures favorisant l’accession à la propriété. Apparemment, le président candidat ne rêve plus à une France de propriétaires. Le détricotage de son quinquennat continue : encore une mesure à supprimer d’un bilan décidément de plus en plus light

A noter que la niche Copé, qui exonère d’impôt sur les sociétés (à 33,3%) les plus-values encaissées par des personnes physiques ou morales (holdings) en cas de vente de leurs filiales ou titres de participation détenus depuis plus de deux ans, n’est pas concernée. Le manque à gagner en terme de recettes fiscales est pourtant estimé à 22 milliards d’euros sur 3 ans, entre 2007 et 2009, soit environ 8 milliards par an. Autrement dit, le montant qui était recherché… L’exonération des heures supplémentaires, mise en place par la loi TEPA, est également maintenue.

Hausse du prélèvement libératoire sur les dividendes et intérêts de 19 à 24%. Ainsi, quelle que soit l’option choisie par le contribuable entre prélèvement libératoire ou taxation au barème de l’impôt sur le revenu, l’imposition sera la même. Une des trop rares mesures touchant aux revenus du capital, l’essentiel de l’effort étant supporté par les revenus du travail.

Retraite à 62 ans dès 2017. Initialement prévue pour 2018, la mise en place de la retraite à 62 ans sera effective un an plus tôt. Vu le nombre de séniors au chômage, il est illusoire d’imaginer maintenir un tel dispositif sans le coupler à un plan en faveur de l’emploi de cette catégorie d’âge. Les pensions, elles, ne seront pas diminuées. Pas question de fâcher les retraités, un électorat favorable au président-candidat.

Surcote de 5% de l’Impôt sur les sociétés pour les entreprises dont le CA est supérieur à 250 millions d’euros. Son rendement représentera 14% de ces nouvelles mesures d’imposition.

Gel du barème de l’ISF, de l’IR, et des successions et donations, qui restera identique au taux 2010. Cette mesure rapportera 3,4 milliards d’impôts, les foyers dont les revenus augmentent passant, pour une partie d’entre eux, dans la tranche supérieure. A noter que le simple fait de geler ces barèmes alors que l’inflation devrait atteindre 2,2% revient à augmenter mécaniquement les impôts pour tous ceux qui en paient.

Hausse de la TVA de 5,5 à 7% sauf pour les produits de première nécessité (produits alimentaires, abonnements au gaz et à l’électricité ainsi qu’à des réseaux de fournitures d’énergie, équipements et services à destination des personnes handicapées). La TVA sur la restauration, y compris sur la restauration rapide, sera donc relevée. Encore un point du bilan de Sarkozy qui part au panier. Selon le Premier ministre, cela permet d’être au niveau de l’Allemagne, et constitue un premier pas vers l’harmonisation fiscale. Hum, ça permet surtout de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, inutile de mettre un ruban autour du papier cadeau…

Limitation des dépenses de campagne électorale en réduisant de 5% le plafond des dépenses prise en charge et la dotation d’Etat aux partis politiques. Cette mesure symbolique vise à donner l’exemple en mettant la classe politique à contribution. Un cache misère de plus. Car les premiers à subir cette réduction seront les petits partis, et cela impactera directement la campagne présidentielle de 2012.

A titre personnel, je suis très défavorable à cette mesure : si l’Etat finance les partis politiques, c’est pour éviter le financement de la vie politique par d’autres acteurs économiques. Si les gros partis réalisent de nombreuses dépenses, notamment de communication, qui pourraient être réduites, ce n’est pas le cas des plus petites formations. Qui elles, vont perdre de précieux financements. Et pendant ce temps, l’Elysée et Matignon continuent de commander des sondages sur les deniers de l’Etat. Insupportable double discours…

Gel des salaires des ministres et du président de la République jusqu’à l’équilibre. Selon le Premier ministre, « Tous ceux qui ont des responsabilités doivent être exemplaires». Gel des salaires ? Gel du salaire du président ? Du président qui s’était augmenté de 140 % ? Il n’aurait pas pu le baisser un peu, même s’il aurait été carrément classe de revenir au niveau de 2007, avant l’augmentation de 140 % ? Et François Fillon ose dire que c’est une mesure symbolique visant à donner l’exemple ? Symbolique, c’est certain. Exemplaire, c’est nettement moins le cas…

A titre de comparaison, en Espagne, Zapatero avait baissé son traitement et celui de ses ministres de 15%. Enfin cerise sur le gâteau, Le Monde rappelle dans son édition d’aujourd’hui que cette mesure est déjà appliquée, et ne constitue donc pas une baisse des dépenses. Ou comment laisser penser aux Français que tout le monde se sert la ceinture, alors que seuls les ménages vont supporter le poids de ces nouvelles mesures.

Rigueur vs Croissance

En 2007, Fillon avait commencé le quinquennat en disant : « Je suis à la tête d’un Etat en faillite ». Il l’achève de la même manière. Bilan : il aura attendu 4 ans et demi pour prendre des mesurettes, surtout sans toucher aux grosses niches, et après avoir bien augmenté les dépenses pendant les trois premières années du quinquennat, et en détricotant aujourd’hui une large partie de ses réformes. Tant et bien que Sarko va demander aux Français de le reconduire… alors qu’il n’aura quasi aucun bilan à son actif. Si ça c’est pas du foutage de gueule… En parallèle, celui qui voulait être le président du pouvoir d’achat renonce à sa dernière marotte. Les Français, c’est certain, devront faire des sacrifices.

Aussi, il est tout de même étonnant de voir le Premier ministre de positionner en protecteur, alors que ses mesures mettent à mal le modèle social. En effet, les mesures annoncées pèseront, selon le Monde, à 86% sur les ménages : sur 7,9 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, 5 seront prélevés directement sur les ménages, et 6,8 si l’on intègre la hausse de la TVA… une taxe étant un impôt indirect. Justice sociale ? Pas franchement ! Pas sûr non plus que ce soit un pari gagnant pour les élections. Or quoi que Fillon prétende, l’UMP est bel et bien entrée en campagne.

En juin, le gouvernement annonçait que la croissance était « acquise » à 1,5% pour 2011. Le 27 octobre dernier, Nicolas Sarkozy lui-même a annoncé qu’elle serait autour de 1%. Ce matin, François Fillon annonce que « les objectifs de croissance seront tenus pour cette année ». Avant de confirmer en fin de phrase que pour 2012, il n’est pas devin. Or ce plan de rigueur peut avoir un effet négatif sur la croissance, étant donné que ce sont les ménages qui vont en absorber l’essentiel : en se serrant la ceinture, ils vont fatalement freiner leur consommation, et donc la relance…

Et c’est bien la critique que lui adressent les socialistes, en pointant qu’il aurait été préférable de favoriser la consommation des ménages. Sans tomber dans l’excès inverse, il est certain qu’il eût été plus probant d’équilibrer le poids des efforts, au lieu d’en faire porter l’essentiel sur les ménages. Et d’avoir le courage politique de réaliser de vraies réformes, en supprimant certaines niches très coûteuses, et en taxant non seulement les revenus, mais aussi le capital, dans une plus large mesure.

Autant dire que ce plan ne sera probablement pas suffisant, et permettra de ne sauver le AAA que temporairement. Quoi qu’il arrive, il faudra envisager de nouvelles mesures plus ambitieuses et aller chercher l’argent là où il se trouve, au lieu de faire supporter aux ménages le poids de l’effort, au risque d’attaquer si fortement le pouvoir d’achat qu’il leur sera impossible de consommer. C’est le défi que devra relever le prochain président de la République, si la situation de la France ne s’aggrave pas d’ici là.

La campagne qui s’annonce sera donc très fortement marquée par cette thématique, et les programmes des différents partis devront émettre des propositions durables. Force est de constater que la nécessaire justice fiscale, qui permet la justice sociale, n’est pas au programme du gouvernement, ni du projet de la droite pour la Présidentielle, qui nous a été présenté aujourd’hui. Rendez-vous au printemps pour savoir ce que les Français en pensent !

Face à la rigueur, la nécessaire justice fiscale

Jeudi soir, Sarko a annoncé qu’il se refusait à être le président qui augmenterait les impôts. Et pourtant, il l’a déjà fait. Simplement, dans le meilleur des cas il joue sur les mots, et dans le pire il nous prends pour des biiip.

Car comme vous le savez, les impôts ne sont pas seulement ce que vous réglez au fisc –les impôts directs- mais l’ensemble des prélèvements, qu’ils soient directs ou indirects. Cela inclut les redevances, les taxes, les cotisations sociales, et les prélèvements obligatoires.

Et la douloureuse est déjà salée. Pour mémoire, depuis 2007, près de quarante nouvelles taxes ont été créées. Rien que depuis septembre, nous avons eu droit à la taxe Coca sur les boissons sucrées, au relèvement des taxes sur le tabac, et le Projet de Loi de Finances apportera son lot de nouvelles taxes en temps et en heure, sachant que la hausse partielle de la TVA est déjà à l’étude. Si pour l’instant la presse se fait l’écho d’un taux intermédiaire de TVA entre celui à 5,5% et celui à 19,6% -qui serait de l’ordre de 7 à 8%- reste à savoir comment étant donné que nos accords européens contraignent franchement la liste des produits et services qui pourraient en bénéficier. Ca sent le casse-tête chinois…

Quoi qu’il en soit, il y aura de nouvelles taxes –donc de nouveau impôts- qui touchent directement une population déjà en mal de pouvoir d’achat. Le grand mot est lâché : oui, celui qui prétendait qu’il serait le président du pouvoir d’achat est en réalité celui de la hausse des impôts. Certes, la crise est là, et il faut bien trouver des ressources. Les plus hauts revenus ont été mis à contribution, par la création d’un impôt exceptionnel qui durera jusqu’à ce que la France entre à nouveau dans les critères de Maastricht, à savoir maintenir le déficit public à 3% du PIB. Et les revenus du capital ont été partiellement taxés.

Reste que l’on pourrait faire mieux. Car aujourd’hui, la question n’est plus de savoir s’il faut augmenter ou non les impôts : l’état de nos finances le nécessite absolument. La dette ne cesse d’augmenter, au-delà des 1200 milliards d’euros, et le seul remboursement des intérêts occupera l’an prochain le premier poste budgétaire. Le déficit public, quand à lui, a plus que doublé depuis 2007, passant de 3,2% à 7,1%. La situation est donc grave, et nécessite un effort national auquel chacun doit participer.

La vraie question aujourd’hui reste de savoir qui taxer et de comment procéder. Face à l’ampleur des trous dans la carlingue de nos Finances Publiques, ça n’est pas une couche de mastic ou quelques rustines qui vont faire l’affaire, sinon on court au crash. Inutile de se raconter des histoires : le coup de rabot sur les niches fiscales, ou la hausse de quelques points de la TVA, ne suffiront pas. Aujourd’hui, il est indispensable de réformer en profondeur la fiscalité.

Et cette réforme doit impérativement mieux répartir l’effort, qui doit être partagé : chacun doit en effet contribuer selon ses moyens. C’est vrai pour les citoyens, qui n’ont pas tous les mêmes revenus –du travail mais aussi du capital-, mais également des entreprises : les grandes structures ont mieux résisté à la crise, leur effort doit donc être plus important que celui des PME, qu’il faudrait au contraire soulager. Des pistes existent, de l’augmentation des grosses successions à la création d’une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu pour les plus riches, en passant par une surcote de l’impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises, et j’en passe.

Reste à avoir le courage de faire cette réforme indispensable –ce vocable ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un ?- pour répondre à la crise que nous traversons, sans trop alourdir le pouvoir d’achat déjà mal en point de nos concitoyens, ce qui freinerait indubitablement la consommation. Plus que jamais, la sortie de crise s’accompagne de l’instauration d’une nécessaire justice fiscale.

Le projet socialiste ne passera pas l’hiver

La révision des perspectives de croissance pour 2012 a refroidi les ardeurs socialistes.

Alors que notre bon mètre a annoncé jeudi qu’il faudrait compter sur une croissance de 1% plutôt que des 1,75% prévus, les socialistes commencent également à faire leurs comptes. Le projet socialiste a en effet été estimé à partir d’une hypothèse de croissance pour 2013 de 2,5%.

Or plus personne n’y croit, et François Hollande lui-même a estimé hier sur France 2 la prévision de croissance de 1% pour 2012 encore optimiste. Avant d’ajouter : «Pour 2012, si je suis élu, je vais hériter du fardeau que va nous laisser Nicolas Sarkozy (…) Ce que nous allons faire en 2012 sera hypothéqué par son héritage». En d’autres termes, le PS devra revoir les ambitions de son programme à la baisse.

Parce que le programme du PS coûte cher. L’UMP, lors de sa convention sur le projet du PS, l’avait chiffré à 255 milliards d’euros sur 5 ans, un chiffre allègrement gonflé. Hollande, lui, a annoncé un coût de 500 millions d’euros par ans soit un total de 2,5 milliards d’euros sur 5 ans. Soit cent fois moins que l’UMP. Selon le think tank L’Institut de l’entreprise, proche du patronat, le véritable coût oscillera entre 25,86 et 29,07 milliards d’euros par an soit entre 129, 25 et 145,35 milliards d’euros sur 5 ans*. Soit beaucoup plus que l’estimation du PS mais deux fois moins que celle de l’UMP. Des mérites de la e-démocratie et du fact-checking dans cette présidentielle…

Alors, pour réduire la facture, quels seront les ajustements ? Il est trop tôt pour le dire. Selon Pierre Moscovici, coordinateur de la campagne d’Hollande pendant la primaire, « Il y aura des marqueurs du changement comme le contrat de génération, des efforts sur l’éducation et des propositions sur la transition énergétique ». Seule certitude, la priorité affichée pour l’éducation devrait rester au menu. Reste à savoir comment ces 60 000 postes supplémentaires de personnels dans l’Education seront redéployés. Quant au contrat de génération, il dépendra évidemment de la concertation avec les partenaires sociaux.

Sur le reste, il faudra attendre janvier. Dans un entretien au Monde, François Hollande a en effet annoncé ne pas souhaiter s’exprimer sur son programme tant qu’il ne serait pas en campagne : « Je lancerai ma campagne début janvier. Tout doit être prêt d’ici là. Je travaille avec le PS pour que le meilleur dispositif soit arrêté avant la fin de l’année : les équipes, les thèmes, les chiffrages »Une position prudente qui permet d’affiner au fur et à mesure de l’évolution de la situation économique en France, mais aussi en Europe et dans le monde. Car quelle que soit l’issue du scrutin le 6 mai prochain, personne ne peut prévoir aujourd’hui la situation que trouvera le prochain président en prenant ses fonctions.

Reste que l’intention de maîtriser les dépenses publiques est là et clairement affichée, et ça n’est pas nouveau pour François Hollande. Si pendant la campagne de la primaire socialiste il a été conspué pour son manque de propositions, en comparaison avec Martine Aubry qui faisait office de révolutionnaire avec son catalogue des 3 Suisses inapplicable dans sa totalité, j’avais déjà signalé qu’il avait justement anticipé de devoir répondre à la crise. Ce qui constituait à mes yeux un gage de sérieux.

Aujourd’hui, annoncer aussi vite après sa désignation qu’il devra raboter sur le programme du PS me paraît encore plus responsable, et annonciateur d’un discours de vérité. Un axe de campagne qui dénote avec celui du chef de l’Etat, lequel persiste à prétendre qu’il n’augmente pas les impôts… après avoir créé près de quarante taxes nouvelles en quatre ans ! Et sur lequel devra forcément s’aligner le futur candidat, tout président qu’il soit.

Un discours emprunt d’une tonalité nettement plus moderne, par son optique de vérité, que l’intervention présidentielle de la veille, trop cachotière sur les hausses d’impôts. Pour l’instant, sur cette épineuse question de la maîtrise des dépenses publiques, qu’un sondage Ifop place désormais comme la priorité des Français : avantage Hollande.

*Edit à la suite d’un commentaire

SarkoShow, Acte III : Je suis le candidat qu’il vous faut

Après avoir sauvé l’Europe et bientôt le monde, puis la France, il était assez logique que Sarko songe à tirer les fruits de son dur labeur, et face enfin son autopromo, de manière plus claire. Afin que chacun comprenne qu’il sera bien candidat, et qu’en fait il l’est déjà. Sauf qu’il ne veut pas le dire.

Donc pour faire patienter, il indique que ce n’est pas le moment de se poser la question de savoir s’il doit redevenir président ou pas : « Quand nous avons fait la réforme des retraites, tout le monde m’est tombé dessus, les syndicats, l’opposition (…) Moi je m’en moque de savoir si je vais être réélu » Attention lecteur, il ne se pose pas la question parce que c’est évident : Sarkozy est bien plus candidat que président, et ce en permanence ! Tout ceci me fait penser à Zéro Janvier, le businessman-qui-a-le-blues de Starmania, dont le slogan était, dans cette comédie musicale, « Zéro c’est l’homme qu’il vous faut ». Zéro, oui, c’est bien ça. D’ailleurs j’aimerais bien savoir si Sarko aussi aurait voulu être un artiste. Et voir ses œuvres en poterie et macramé. Just sayin’.

Et d’ailleurs il se lance immédiatement dans son tube du quinquennat matraqué à longueur d’éléments de langages de #QAG –Questions au Gouvernement- en plateaux télés, à savoir une diatribe anti-PS –parce que même si le PS n’a pas gouverné depuis 10 ans, c’est toujours la faute du PS- en martelant en boucle son discours sur les retraites : « Cette réforme des retraites a protégé la France et les Français. La Grèce, l’Italie, l’Espagne n’ont pas fait de réforme des retraites ». Parce que lui est responsable, il fait les réformes…Réformettes. Faut pas déconner. Mais il est mieux que tout les autres et grâce à lui la France est au top. Bon, pour avoir le comparatif avec les autres systèmes européens, c’est sur l’Observatoire des Retraites. Reste que tout ça sent toutefois le vieux disque rayé : il fait souvent le coup des retraites lors de ses déplacements en province.

Sauf que d’une part, la Grèce n’est pas dans une telle situation juste parce qu’elle n’a pas fait la réforme des retraites –ça, c’est un raccourci vraiment moisi…- et d’autre part, le Sarko qui annonce qu’en France il n’y a eu ni baisse des salaires ni des pensions de retraites est le même qui laisse son gouvernement préparer un décret prévoyant la baisse des indemnités journalières de maladie. Certains vont donc bien voir leurs revenus diminuer, et pas n’importe qui : ceux qui sont en difficulté.

Le tout par décret, sans passer par ces curieux petits bonhommes qui s’agitent dans un, pardon deux hémicycles dont l’un dirigés par de dangereux gauchistes, ils pourraient amender l’article du PLFSS dans lequel cette disposition aurait du se trouver vu qu’il est en ce moment à l’étude à l’Assemblée. Du coup le gouvernement va passer par décret et ni vu, ni connu, ce sera adopté à l’unanimité du signataire, le président de la République ou le Premier Ministre. Franchement, y’a pas de quoi se vanter.

Mais mes aïeux, vous n’avez encore rien vu. Alors que notre bon mètre veut évoquer la stratégie de dumping de certains pays émergeants, on nage vraiment dans le show télé, avec cette référence à la série télévisé les Borgia : « Depuis 30 ans, les grands pays émergents, Inde, Brésil, Afrique du sud, Mexique, ils ont des bouches à nourrir, ils ont envie de progrès ». Les Borgia. Au XVème siècle, en Italie. Avec en option, la petite touche mini bling-bling qui nous apprend que notre bon mètre a Canal + puisqu’il regarde cette série. Bon, on n’est plus dans la Rolex, mais ça reste un peu tape à l’œil, le chef de l’Etat qui se la joue avec son accès au pay-per-view… Dis, tu ne veux pas me passer tes codes Foot + ? Nan parce que pour mes articles sur le PSG, je rame à trouver des streaming potables…

Sarkozy multiplie les allusions aux échecs des précédents gouvernements socialistes, avec pour leitmotiv le bilan désastreux des 35 heures : « Il faut accepter de prendre les mesures courageuses nécessaires… à partir du moment où on vit plus longtemps il faut cotiser plus longtemps pour sa retraite… (…) l’affaire des 35 heures a été une folie payée par les ouvriers et les salariés les moins formés… (…) y’a eu une délocalisation et une pression supplémentaire sur les salaires, ça a été une catastrophe sociale ».

Euh… N’ont-elles pas été démantelées ? A part dans certaines structures, elles ne sont plus en vigueur. Et la loi TEPA, sa grande loi, a tout de même servi à mettre en place les heures supplémentaires… achevant ainsi d’enterrer les 35 heures. Aussi, il serait peut-être temps de changer de disque. Ou alors de constater que les dispositifs qu’il a mis en place pour les enrayer ont échoué. Eh ouais. Faut rester cohérent.

Peu importe, de toutes façons, c’est la faute des socialistes. Et sur ce sujet, notre bon mètre attaque grassement : « C’est pas mon genre de dire que c’est la faute des autres, je prends mes responsabilités, mais je n’étais pas ministre en 1983… ». Sarko, toujours autant rat de caniveau, tout ceci manque de hauteur… Mais la fin justifie les moyens. Parce que le socialiste, voyez-vous, Sarko aimerait bien l’éliminer au premier tour. Histoire d’affronter Marine et qu’on soit obligés de se foutre une pince à linge –ou le panier de pinces tout entier- sur le nez pour aller voter. Ce serait bien pratique…

Et donc, il martèle sa vision manichéenne du bien et du mal, ou plutôt du travail et de l’assistanat : « Nous avons tous une responsabilité… Mais ce modèle d’assistanat qui consiste à laisser les gens chez eux… non (…) la stratégie est claire : travail, innovation, formation, investissement ». En enjolivant largement son bilan sur les heures supplémentaires en affirmant que «c’est 9 millions de salariés qui ont gagné en moyenne 450 euros de plus » -en français correct, on dirait « ce sont », mais passons, Monsieur Bescherelle est déjà mort plusieurs fois ce soir- et en omettant évidemment les nuances. Notamment en terme d’aggravation du déficit budgétaire, ou sur l’absence d’impact sur le chômage. Des chômeurs, qui justement, aimeraient travailler mais ne trouvent pas d’emplois. Effectivement, perso, avant de travailler plus, je voudrais bien travailler tout court. Et on est plusieurs millions dans ce cas.

Puis il annonce gentiment que « quelle que soit sa situation professionnelle on a le droit de se faire bien soigner ». Là, je m’étrangle ! Six paragraphes au dessus j’ai déjà expliqué que le gouvernement veut baisser les indemnités journalières de maladie, et en plus le gouvernement a déjà fait voter à l’Assemblée l’augmentation des taxes des mutuelles ! Et bien que les éléments de langages de l’UMP prétendent que les mutuelles ne sont pas obligées de répercuter la hausse, c’est un mensonge. Comme je l’ai déjà expliqué, ces structures sont par définition mutualistes, c’est-à-dire qu’elles n’ont pour seules ressources que les cotisations des épargnants. Et que dire des déremboursements de médicaments, qui touchent notamment certaines affections de longue durée ? En quatre ans, Sarko n’a cessé d’attaquer les malade au porte-monnaie !

On passe à l’aspect programmatique et aux bonnes recettes de Docteur Nicolas and Mister Sarko. Tout d’abord, il nous apprend qu’il n’a pas la recette miracle pour réduire le déficit en un seul mandat. Nan par contre on a vu dans l’Acte II qu’il avait bien la méthode pour l’augmenter dangereusement, puisqu’il est passé de 3,2% du PIB à 7,5% en 2010 avant de redescendre à 7,1% cette année. Si ça c’est pas du foutage de gueule en règle… Donc en la matière, sa solution reste de supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. D’ailleurs, il ne se prive pas de s’en vanter : « nous avons supprimé 150 000 postes de fonctionnaires, il faut continuer ». Supprimer à la hache, n’importe comment, alors qu’il serait plus utile de raisonner par secteurs, en fonction des besoins… Fichue RGPP qu’il faudrait brûler…

L’occasion pour Sarko de taper encore un peu plus sur le programme du PS, irréaliste selon lui : « J’entends qu’on parle d’embaucher 60000 enseignants de plus, mais avec quel argent ? ». Bon déjà, il s’agit non pas d’enseignants, mais de personnels de l’Education Nationale, et qu’ils seront créés sans embaucher de fonctionnaires mais en les redéployant, dixit Michel Sapin. Rien à voir donc, avec ce qu’en dit Sarkozy.

Et là, de sortir son petit couplet sur l’assistanat, clin d’œil à Laurent Wauquiez et sa droite prétendument sociale : « Il faut que la France investisse, il faut moins d’assistanat et plus d’investissement, voilà la martingale gagnante dans tous les pays ». Une nouvelle fois, notre bon mètre, qui a cette fois endossé le costume de Grincheux, stigmatise les français : que ce soit sur le chômage ou la santé, ce sont des délinquants qui ne pensent qu’à vivre aux crochets de la société. Peu importe les réalités, le discours il faut marteler. Pour la quatrième fois. Et aucun journaliste ne l’interrompt. Cirage de pompe…

Enfin on passe à l’idée de convergence franco-allemande, un sujet sur la table depuis des lustres : «La logique de la monnaie unique c’est l’intégration économique et la convergence. Nous avons fait la monnaie unique sans rapprocher nos gouvernements (…) Il faut bien réparer toutes ces erreurs, quand on rentre chacun avec sa fiscalité (…) ça ne peut pas marcher (…) Ca n’a pas de sens que nous ayons pas les mêmes taux d’imposition avec l’Allemagne ». Sarko penche fichtrement vers le fédéralisme européen. En même temps, c’est bien par là qu’on va.

Cette petite séquence franco-allemande m’aura permis d’apprendre, grâce à la prononciation de notre bon mètre, que le ministre de l’économie allemand –monsieur Chahubleuh dixit notre président qui ne parle pas allemand- n’est autre que Robert Hue déguisé en chat bleu. Même si en vrai il s’appelle Wolfgang Schaüble, ce qui se dit Chaobleuh en bon teuton et que se serait donc plutôt un chat au bleu. Ca, c’est bon pour l’harmonisation avec les fromages-qui-puent !

Bref, rien de neuf sous le soleil pour le candidat Sarko, à part une constante qui se fait jour depuis quelques temps à l’UMP, à savoir prétendre être le meilleur sous le prétexte d’être déjà au pouvoir. Un peu court sur pattes, et pas sûr que ça suffise aux français au printemps prochain… et côté programme ?

Sarkoshow, Acte II : Je sauve la France, moi, monsieur.

Après l’Europe et bientôt le monde, cet acte II concerne le sauvetage de la France. Rien de moins.

Pour que les gueux que nous sommes comprennent bien, cela exige une nouvelle leçon de notre nain Prof –qui prend tout de même 1h15 de son temps présidentiel pour expliquer ce qu’il fait au bon peuple-, cette fois sur le budget de la France de 1974 à nos jours.

Sarko nous rappelle donc que pas un budget n’a été voté à l’équilibre depuis 1974 –ouhhh les vilains Giscard, Mitterrand et Chirac !- en omettant toutefois de rappeler que lui n’a pas fait mieux, et qu’il a allègrement continuer à creuser le trou. Parce que si on reprend les chiffres, et qu’on compare avec le départ de Villepin –et donc son arrivée-, c’est assez net pour la dette publique, mais carrément flagrant pour le déficit public qui a explosé…

Puis la leçon reprend par un petit cours de écono-maths : « Si vous vous endettez vous devez emprunter. Savez-vous que la France rembourse chaque année 49 milliards d’euros d’intérêt de la dette ? ». Ah ben oui, c’est comme quand Madame Michu fait un crédit. La banque lui demande de rembourser. Ah non pardon ça n’est pas pareil. Madame Michu ne rembourse pas que les intérêts, elle. Madame Michu, elle rembourse les intérêts ET la dette, la banque la fiche en interdit bancaire. Rappelons au passage que l’an prochain, les intérêts de la dette constitueront le premier poste budgétaire de l’Etat. Et ce, avant qu’on rembourse un seul centime de la dette.

Mais rien n’arrête notre Speedy Gonzalès national, qui trouve là le moyen de caser que nous avons pour nous notre mirifique AAA –jusqu’à quand ?- et que pour les agences de notation, « la France est considérée comme bien gérée ». Ce qui en dit long sur leur inaptitude, non ? A moins que ce ne soit con-sidérée, en deux mots ? Et Sarko se félicite que l’on soit de bons élèves, et souhaite que l’on suive l’exemple allemand « pour rapprocher la France d’un système qui marche ». Avant d’expliquer que les salaires et/ou pensions ont baissé ailleurs (Espagne, Irlande), parce que leur modèle n’était pas bon. Comprendre, ils n’avaient pas fait les réformes nécessaires, comme celles des retraites par exemple, ou encore le remplacement d’un fonctionnaire sur deux.

Mais Superman a la solution a tout : « Si nous voulons nous écarter des agences de notation, il faut réduire notre dette et notre déficit ». Diantre, on se demande bien pourquoi il les a tant creusés alors, si c’est si simple… Et que l’UMP ne nous sorte pas bêtement que « c’est la faute à de la crise » -parlons français-, parce qu’à ce que je sache, nous sommes toujours en crise.  Si on doit le faire maintenant –en pleine crise, je répète, en pleine crise- on aurait pu le faire avant.

Accessoirement, l’Europe contient juridiquement la référence aux agences de notation, donc on ne s’en écartera pas comme ça. D’autre part, on a également pris des engagements au niveau européen. Comme par exemple, que notre déficit public ne dépasse pas 3% du PIB. Villepin l’avait ramené à 3, ?… Il est actuellement de 7,1%. Maastricht, Sarko s’est bien assis dessus.

Alors forcément, il va falloir remonter tout ça. Et notre nain Prof est loin de convaincre : la convergence franco-allemande est sur la table depuis des lustres, le couple franco-allemand n’avance plus comme du temps de Mitterrand et Chirac, et on est loin de l’harmonisation, tant sur nos modèles sociaux que sur la fiscalité, la rémunération et la spéculation dans les banques sont à résoudre depuis 2008, les déficits ont été creusés depuis son élection alors qu’ils auraient du être maîtrisés. Après quatre ans au pouvoir, Sarko a surtout montré son incapacité à gérer l’économie française. On voit mal pourquoi lui confier de nouveau ce mandat.

Eh bien tout simplement parce que ce n’est pas de sa faute, mais celle des socialistes : « Quand en 1983 on a expliqué aux Français qu’on pouvait passer à la retraite à 60 ans les Allemands eux faisaient l’inverse (…) et quand en France on a fait les 35 heures, M. Schroeder, pourtant socialiste, faisait l’inverse… ». La suite est juste hallucinante. Pour Sarko, le problème n’est pas les agences de notation, mais que nous dépensons trop. Oui, c’est bien ce que pointent les agences de notation. Et même pas encore pour nous, qui avons notre AAA. Mais notre nain Prof anticipe déjà la dégradation de notre note, et nous explique donc que nous –les français- coûtons trop cher.

A commencer par les retraités : « Quand je suis devenu président j’ai découvert avec stupéfaction qu’il y avait 15 millions de retraités, et que nous devions aller chercher de l’argent à la banque pour payer les retraites (…) travaillons plus et travaillons mieux et nous n’aurons plus peur des agences de notation… ». Le mieux serait encore de supprimer les retraites, et de travailler jusqu’à la mort, on ferait un joli bon dans le passé. Comme ça on mourrait plus tôt, et on coûterait également moins en frais de santé. Allons jusqu’au bout ! Et sinon, personne pour lui dire que sa réformette des retraites ne tient qu’à horizon 2018 et que donc, il n’a pas sauvé la France. Ni réformé les régimes spéciaux. Ni réduit le chômage. Parce qu’avant de travailler plus, il faudrait déjà travailler…

Mais c’est le candidat qui parle, et un candidat, c’est calme. Genre « La force tranquille », slogan de Mitterrand en 1988. Tu le vois au loin, le clocher ? Nan, ne sois pas mauvais esprit, ne parle pas de cloche, on attendra Pâques pour ça. Car Sarko, pour sa campagne de 2012, a décidé de se mettre dans les habits de Mitterrand. Qu’importe que le costume soit un peu grand pour lui, Sarko la joue zen. Limite humble : « Il ne faut jamais s’énerver et quand on le fait on a toujours tort…  Je l’ai déjà fait et j’ai eu tort. Mais nous ne nous sommes pas énervés contre les banques hier soir ». Pour mieux faire oublier le « Casse toi Pauvre con », pas assez présidentiel.

Le nain Prof fait son retour, pour nous expliquer qu’en 2008, « les banques ont fait n’importe quoi (…) en investissant dans les subprimes ». Limite il a découvert la spéculation en 2008. Faudrait peut-être arrêter de nous prendre pour des jambons là… Quant à la crise des subprimes, qui voulait une France de propriétaires ? En prônant les subprimes lors de la convention de l’UMP du 14 septembre 2006 ? Enfin jusqu’au dernier trimestre 2008, quand tout s’est cassé la gueule hein. Ci-joint le lien du petit rappel de ce retournement de veste en images, juste pour le plaisir.

Et comme il n’est pas à une contradiction près, notre bon mètre annonce en l’espace de trois phrases la recapitalisation des banques –pour leur permettre de disposer de fonds propres pour rassurer les épargnants-, tout en se voulant rassurant en déclarant les banques comme solides, avant d’expliquer ses choix par l’exemple, en déclarant « si les banques font faillite ». Bon, elles étaient solides les banques, ou il a fallu les rendre crédibles ?

Bref, l’accord européen a permis de recapitaliser les banques pour qui ça sentait grave le roussi à cause de la dette grecque, mais à part ça elles sont solides et il ne faut pas s’inquiéter, d’autant que le plan de soutien aux banques nous a rapporté de l’argent et qu’on est les seuls. Sauf que non : tous les Etats qui ont prêté de l’argent aux banques  ont récupéré des intérêts… et donc gagné de l’argent. C’est le principe du crédit lorsqu’il n’est pas à taux zéro. Ouh là, si moi aussi je commence à me la jouer Prof…

Bref, Sarko enclenche à nouveau le mode Superman, pour expliquer au bon peuple qu’il va moraliser le capitalisme financier. Et convoquer les banques, pour leur demander des comptes sur le plan qu’ils entende mettre en œuvre. Et pas question de déconner, hein : « il est temps de penser aux clients et moins aux actionnaires (…) nous allons aussi faire attention à ce que les bonus et les rémunérations des traders rentrent enfin dans des pratiques normales ». Mais pourquoi tout à coup j’ai cet air en tête : On m’appelle le chevalier blanc

Enfin un peu bolchévique quand même, c’est tout mignon de voir notre bon mètre draguer les électeurs de Montebourg et consorts… De toutes façons vu le contexte social, plus personne ne peut comprendre que les dirigeants et actionnaires s’augmentent sans cesse, fallait pas manger une trop grosse part du gâteau. Et attention hein, le tout sera observé par le gouverneur de la Banque de France. Ouuuuuh les banques ont peur… Elles n’en ont juste rien à foutre, les banques privées, du gouverneur de la Banque de France !

Au passage, Sarko fait un joli lapsus, déclarant que quand on fait entrer l’Etat dans le capital d’une banque, c’est une privatisation partielle. A ceci prêt que c’est une nationalisation partielle. Décidément, notre nain Prof a des petits soucis avec les notions économiques de base. Mais j’ai encore plus ri en voyant la I-Riposte de l’UMP tweeter bêtement cette erreur… Bref. C’est l’UMP en même temps, si on attend un cerveau… Il est au congélateur depuis le 28 novembre 2004, et pour l’instant la cryogénisation n’a jamais fonctionné dans le monde. Bref.

Sarko explique donc que la nationalisation des banques a toujours été une catastrophe. Même si ça a été fait en Angleterre, aux Etats-Unis, en Italie… C’est de la merde, qu’il vous dit ! Et puis d’abord, Prof a dit ! « J’ai assez à faire avec la dette de la France sans avoir à récupérer la dette des banques ». Et avec les couches-culottes, tout le monde avait compris le sous-entendu, merci.

En revanche, notre homme n’est pas convaincu par le débat sur la séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires, qui pourtant fait l’objet d’une réflexion européenne : « On aurait des banques avec 100% de risques et des banques avec 0% de risques, je n’y crois pas trop ». Rhooo la grosse allusion au projet du PS, qui propose cette séparation. Belle transition avec l’acte III !