Depuis trois ans, j’ai régulièrement mal au dos. En fait depuis un accident de sport, il y a 23 ans. Alors que je me préparais pour effectuer une souplesse arrière, exercice que je réussissais fort bien en mode avant, mais pas du tout à l’inverse, et en tout cas pas sans être assurée par un bras qui soutenait mon dos -probablement en raison d’un fessier un peu plus imposant que le reste à propulser- la prof a décidé que vu mon très bon niveau en gym, il était temps que je me débrouille seule. Sans m’avertir, cette cruche a retiré son bras au moment où mon dos s’y reposait pour aider au décollage… Un crac plus tard, je me suis lamentablement écrasée à terre, le dos cassé. La preuve que le sport tue.
Reste que depuis trois ans, la situation s’est dégradée. Et pire, j’ai déjà fait quatre crises aigües, chacune m’ayant bloquée au lit pendant une dizaine de jours. Dans ces moments là, la moindre tâche quotidienne est un supplice : prendre ma douche, préparer de quoi m’alimenter, ou tout simplement me rendre au petit coin est une épreuve largement pire que Koh Lanta. Mais ça n’est pas tout : entre la crise de fin novembre et celle de fin juillet, la douleur n’a jamais disparu. Elle s’est simplement atténuée.
L’ennui c’est que quand la crise survient, je ne peux pas me déplacer chez le médecin. Bah oui, j’ai déjà du mal à me rendre au petit coin, alors faire les 900 mètres pour aller chez le doc puis patienter 2h dans la salle d’attente, comment dire… Du coup le doc doit se déplacer. Mais y’a un mais, comme le dit si bien la chanson. En effet, aussi douloureuse que soit la crise, ça n’est pas un cas d’urgence. Je dois donc systématiquement patienter plus de 24h que le doc soit enfin dispo. En douillant. Not funny.
Il y a tout juste une semaine, le doc a débarqué. Après 4 jours d’atroces souffrances, la crise ayant eu le mauvais goût de survenir à l’aube du week-end. Traîtresse ! Après m’avoir auscultée, enfin quand j’y pense, finalement assez peu car j’hurlais avant même qu’il ne me touche, le doc a décidé de me prescrire une IRM lombaire. Non sans avoir ajouté qu’il n’était pas certain que je rentre dans la machine. WTF ??? Je suis ronde, mais de là à casser le matos… Le doc m’a reprécisé que c’était une question de volume. Je veux bien mais enfin je ne suis pas non plus un trente tonnes !!!
J’entends encore la secrétaire de la clinique se marrer : le coup de la nana qui peut être ne rentrerait pas dans la machine, on ne lui avait jamais fait… Après m’avoir demandé mes mensurations –euh, je ne les connais pas vraiment, à part la taille de ma lingerie fine- elle a demandé au doc, qui s’est également esclaffé. J’ai retenu mon irrépressible envie de raccrocher net, pour m’entendre dire de venir. Okay…
J’ai donc mis des cierges un peu partout en espérant pouvoir m’y rendre. Je dois dire que la voiture du frangin a bien aidée. Merci frangin. Cet après-midi, donc, nous avons pris le chemin que nous prenions quand nous allions à nos écoles de l’autre bout de la terre. Enfin avant cela, il a fallu me lever, et marcher jusqu’à ladite voiture. Tout à coup, j’ai muté : je suis devenue une des petites vieilles qui passent toutes leurs après-midis dans la cour. Je me suis mise à marcher comme elle, le cul en arrière, à la vitesse d’un escargot.
J’ai ressenti la première défaillance dès l’ascenseur. Debout depuis déjà 5 minutes, j’avais atteint la dose maxi. Faiblesse dans la jambe, douleur intense… Franchir le hall, c’était pour moi finir le marathon. Et la traversée de la cour, la traversée de Paris. Sans la valise pleine de cochon, hein. Jamais je n’aurais pu porter cette valise. Le marché noir m’aurait tuée. Bref, j’étais bien contente d’arriver à la voiture.
Rebelote à l’arrivée à la clinique. Quand j’ai grimpé les marches, j’ai ressenti cette sensation de victoire, j’attendais qu’un hôte en jaune Crédit Lyonnais me remette le maillot à poids rouges du meilleur grimpeur. Que nenni… Peut être parce que je ne m’étais pas dopée ? Les ennuis ont recommencé. D’abord, nous avons pris un ascenseur bondissant. Avec cet énorme à-coup à l’arrêt, qui m’a fait sauter une vertèbre. Puis nous avons parcouru des kilomètres (à mes yeux) pour rejoindre une salle d’attente qui se voulait trendy mais c’était raté, elle était glauquissime.
Non seulement le seul bouquin dispo était un vieux Notre temps –ce qui en dit long sur la classe d’âge fréquentant l’établissement- mais en plus, nous devions subir les conversations des vieilles clodoaldiennes. Oui, les habitants de Saint-Cloud s’appelle des clodoaldiens. Etant née dans cette jolie ville, j’en suis une. Mais jeune.
A l’heure dite, avec la précision de l’horloge parlante, un jeune homme sans âge est venu me chercher, pour m’installer. Non sans m’avoir demandé 15 fois si je n’avais pas de peacemaker ou autre objet en métal –alors que j’avais déjà signé le papier répondant à ladite question- et si je n’étais pas enceinte. Furieuse envie de répondre à la première question que j’ignorais si un chirurgien n’avait pas oublié une pince au cours d’une opération ou si la seconde partie de mon prénom pouvait me valoir un petit miracle totalement inattendu.
Il m’a installée sur un plateau métallique effectivement peu large –mais je tenais dessus, hein, même si à la réflexion la question mériterait d’être posée pour un type de la carrure de Sébastien Chabal- et j’ai écouté gentiment le monsieur. Puis il m’a mis un casque sur les oreilles qui jouait de la house bien pourrie. Note pour la prochaine fois : penser à amener ma playlist. Le plateau s’est mis en mouvement, l’opérateur m’a demandé de ne plus bouger, et j’ai senti un truc m’enserrer les bras le long du corps. Prisonnière !
Puis je suis partie pour un drôle de voyage d’une dizaine de minutes. Quand le plateau s’est arrêté, j’étais au milieu d’un tube. Un peu comme un tunnel, mais alors avec le plafond juste au dessus de moi. Je sais maintenant ce que ressens un métro quand il quitte une station pour se retrouver prisonner du tunnel. Ou un mort-pas-vraiment-mort, car il y avait un petit effet cercueil. Mais cercueil classe hein. Avec musique –pourrie- et éclairage. Pour un peu, tu chercherais presque la lumière blanche.
Premier bruit d’alarme. Sur le coup, je me suis demandé si j’avais cassé la machine. Rapport à ce que m’avait dit le doc. Mais non, c’était juste l’examen qui commençait. En faisant un sacré boucan ! Ce cirque s’est reproduit par trois fois, le tube se déplaçant à chaque fois légèrement. Pour faire les clichés de tout mon dos. A la fin, j’avais la tête presque sortie de l’autre côté du tunnel. Puis j’ai fait le voyage retour. En ayant pris ma dose de radiations, soooo Fukushima spirit.
Avec le frangin, nous avons décidé d’attendre l’heure à passer avant de récupérer les examens dans un café proche de la clinique. Sympa la terrasse… Moins sympas les voisins de terrasse… Franchement les clodoaldiens qui racontent leurs prochaines vacances au Club Med et qui tergiversent pendant des plombes pour savoir si celui-ci est mieux que celui-là, avant de discutailler avec le monsieur Je-Sais-Tout du coin –fatalement un de leurs potes- qui passait justement par là avec son chienchien…
Pendant tout ce temps, la douleur n’avait cessé d’augmenter, et j’étais un peu en kit au moment de retourner à la clinique. Ces petits désagréments se sont instantanément envolés à la découverte de la pochette contenant les résultats : avec les clichés, il y avait le CD-Rom de mon IRM !!! De retour à la maison, je me suis précipitée dessus… Une vraie gamine.
Bilan des opérations : j’ai un pincement discal et une saillie discale médiane en L5-S1, mais absence de signe de conflit radiculaire. Hum… J’imagine que ceci ne signifie pas vraiment que mes vertèbres copulent, ni que mon nerf sciatique est coulé. Parce que touché, il l’est, je le sens ! Le doc étant en congés jusqu’au 31 août, j’ai googlelisé le terme. Sauf qu’évidemment internet n’est pas médecin, et je n’ai rien trouvé.
En désespoir de cause, j’ai twitté et facebooké tout ça et là, réponses concordantes, notamment de ma copine kiné : il semblerait qu’en bon français non médicalisé, la saillie discale médiane indique une hernie discale juste au dessus du bassin. Pour le reste, le pincement discal pourrait correspondre au nerf sciatique coincé. Quant au conflit radiculaire, l’IRM n’en voit pas, mais sans totalement l’exclure.
Bon, et bien il n’y a plus qu’à attendre un mois le retour de vacances du doc pour savoir ce qu’on fait avec tout ça.