Où iront les voix des sexy centristes ?

Celui qui a réussi la meilleur campagne est incontestablement François Bayrou.

Grâce à ses jeunes, dynamiques et menant une campagne moderne, le candidat centriste a réussi à cristalliser sur son nom une bonne partie des indécis, de ceux qui ne parvenaient pas à mettre le bulletin Sarko ou Ségo dans l’urne.

Après cette campagne très « troisième voie », vers qui vont se tourner les électeurs ? Ils sont déjà l’objet de toutes les convoitises.

Si Sarkozy tente un rapprochement via Jean-Louis Borloo et Simone Veil, les déclarations anti-Bayrou de ces derniers jours, à droite comme à gauche, risquent de laisser des traces.

François Bayrou, fort de son score, n’a aucun intérêt à donner une quelconque consigne de vote, d’autant qu’il s’agit d’un électorat réunie par les circonstances, mais composé de plusieurs groupes bien distincts :

  • Le centre gauche, composé d’électeurs qui auraient voulu Strauss Kahn et qui n’ont pas cru en Royal : ceux là devrait se reporter sur la candidate socialiste
  • Le centre droit, composé de l’UDF et des non convaincus par Sarkozy, un camp qui votera de raison pour le candidat UMP.
  • Enfin les TSSS, tout sauf Sarko et Ségo : sans candidat au second tour, ils devraient massivement s’abstenir.

Reste à savoir quel est le poids de chacune de ses tendances parmi les 18,57% réalisés par François Bayrou…

Le PS au bord de la crise de nerfs

Cette semaine, Ségolène Royal a tenté de se donner une stature internationale, en se rendant au Liban. En choisissant le Proche-Orient, elle pouvait espérer faire oublier sa boulette sur le nucléaire iranien. Faire d’une pierre deux coups, tel était son projet. Un peu trop ambitieux, peut être.

Las ! Outre de pseudo-déclarations vides de contenu sur le rôle de la France tenues par la candidate socialiste, retenons cette phrase d’un député libanais, relevée par Le Parisien à l’issue d’une conférence de presse à Beyrouth :  » Je ne sais pas si Madame Royal a bien compris toute la complexité de notre région « .

Tout est dit : la candidate socialiste  » découvre le Proche-Orient « . Si l’on peut comprendre que Ségolène Royal souhaite se donner une carrure de présidentiable, on ne saurait que lui conseiller de se faire briefer avant de se déplacer dans une telle poudrière.

En préalable à ce petit voyage découverte, Ségolène Royal a constitué, en début de semaine, son équipe de campagne. Un grand moment, qui aura confirmé sa réputation, forgée depuis 2004 au Conseil Régional de Poitou-Charentes : la dame de fer. En effet, si Ségolène Royal promettait une certaine ouverture, la liste des 15 élus indique plutôt une tendance au verrouillage : aucun proche de Dominique Strauss-Kah ou de Fabius, et beaucoup d’oubliés.

Le PS découvre ainsi à ses dépends la fameuse méthode Royal soit disant si particulière. Petit rappel de la tambouille concoctée par la Chef :

  • Commettre à nouveau les erreurs du passé, en instaurant par exemple une direction à deux tête comme l’avait déjà choisi son « ami » Lionel Jospin.
  • Ajouter une pincée de Ségo, en commettant de nouvelles erreurs. Pour cela, il faut innover avec de nouveaux ingrédients, et écarter les saveurs qui ont jusque là mené fidèlement campagne. Exit ainsi Vincent Peillon -qui lui écrit pourtant ses discours- ou encore les responsables des fédérations du Nord et des Bouches du Rhône.

En voulant faire de la cuisine nouvelle, Ségolène Royal énerve (beaucoup), et déçoit (déjà). Le Parisien rapporte ainsi ces quelques phrases croustillantes de dirigeants du PS, pour qui le plat « Ségolène » est un peu amer : « on nous avait dit qu’elle fonctionnait comme ça, on n’y croyait pas, mais on prend acte ! ». Un autre cadre, soucieux d’éviter un ulcère, propose de garder ses nerfs en… « s’inscrivant à un cours de poterie zen ».

Ca risque d’être compliqué pour eux de la supporter pendant les 5 mois de campagne !

Pourquoi la Droite a toutes les chances de l’emporter en 2007

Historiquement, la France est foncièrement un pays de Droite.

Chaque vague rose a d’abord été déterminée par une volonté d’alternance, puis la conséquence d’un vote sanction.

En 1981, les électeurs ont ainsi mis un terme à 33 ans de pouvoir ininterrompu de la Droite, depuis le début de la Vème République… et avec l’aide non négligeable d’une partie de la Droite !

Mais l’accession de la gauche au pouvoir a eu des effets dévastateurs sur l’économie, en creusant le déficit budgétaire de manière dangereuse. Ce qui n’a pas plus aux français… et a permis le retour de la Droite en 1986, pour deux ans. Disposant de peu de temps pour agir, et d’une actualité peu favorable (Ouvéa notamment), la Droite n’a pu confirmer aux présidentielles de 1988.

De retour au pouvoir en 1993, elle a par contre confirmé en 1995, avant de se voir une nouvelle fois envoyée au tapis en 1997, pour deux raisons : la dissolution, illisible aux yeux des français qui n’y ont vu qu’une magouille, et le maintien d’un Premier ministre mal aimé, a généré leur défiance.

Mais les français, s’ils usent du vote protestataires, n’en restent pas moins majoritairement de droite. C’est ainsi qu’en 2002, ils n’ont pas hésité à renouveler leur soutien au président sortant… et aux autres franges de la droite, parlementaire ou non.

PS : Les candidats à la candidature sont trop différents pour espérer incarner le projet du PS

Quel point commun y-a-t-il entre Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn ?

Ces trois candidats marquent le grand écart entre la ligne très à gauche du PS, incarnée par Laurent Fabius, et le socialisme à la limite du centre gauche de Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal incarnant quant à elle le néant.

C’est d’ailleurs cette dernière qui sort des sondages, comme si elle était l’incarnation parfaite du vide intersidéral du projet du PS, fait de bric et de broc, mais sans réelle ligne directrice en ce qui concerne la conduite de l’Etat.

Comment, alors, séduire les français ?

L’UDF a pris un virage à gauche

Le parti de François Bayrou a fait le choix, a plusieurs reprises, de ne pas soutenir la majorité gouvernementale, notamment en appelant à voter, pour la deuxième année consécutive, contre le Budget. Ce qui est l’acte déterminant le positionnement des partis entre majorité et opposition.

Politiquement, l’UDF s’est donc placée dans l’opposition, du moins au niveau national. Ce choix est tellement symbolique que le CSA a même décidé de décompter son temps de parole sur celui de l’opposition, et non plus sur celui de la majorité comme c’était jusqu’alors le cas.

Au niveau local, la situation est différente, l’UDF continuant de s’allier à la Droite. Ceci dit cela reste un jeu stratégique, car il vaut mieux, pour ce petit parti, disposer d’une alliance permettant de sauver quelques sièges, que d’être identifié dans l’opposition au risque de se faire avaler par les deux grands partis de droite et de gauche, et de ne plus exister.

2007 permettra d’évaluer comment les français réagissent à cette dualité antinomique… Si la France décide de classifier l’UDF à gauche, alors ce sera un petit candidat de plus sur cette partie de l’échiquier politique… ce qui fera les affaires de la droite.

Quoi qu’il en soit, le parti de François Bayrou, de par cette illisibilité, ne peut espérer gagner des voix : au mieux, il gagnera d’un côté ce qu’il aura perdu de l’autre. Au pire, il sera décrédibilisé et perdra tout simplement des suffrages.

Et la droite dans tout ça ?

Dans cette configuration, où les autres partis sont affaiblis de par leurs choix stratégiques, la Droite a toutes ses chances d’être bien placée au premier tour, et de pouvoir l’emporter au deuxième.

Et y compris avec deux candidats. En effet, avoir deux candidats pourrait permettre un recul du FN, qui bénéficierait à Sarkozy, alors que les voix du centre et du centre-gauche pourraient se rallier à un candidat chiraco-villepiniste qui ne croirait ni en Bayrou ni en Royal, comme en 2002.

Selon moi, deux candidatures de la droite parlementaire ne sont toutefois pas souhaitables, car rien ne sert de tenter le diable, l’opinion étant volatile et exprimant ses positions de manière souvent inattendue.

Cependant, le risque n’est pas aussi grand que le disent certains candidats, et la diabolisation vise surtout à asseoir la légitimité d’un candidat qui n’a rien d’évidente.

Aussi il faut être très prudent à ne pas jouer sur les peurs pour imposer une pensée unique qui impose un homme et non un projet : si la droite veut s’unir, le candidat parti depuis déjà deux ans devra obligatoirement faire d’importantes concessions, notamment en terme de projet, car la situation actuelle ne rend pas inenvisageable une seconde candidature plus politique que médiatique, y compris du tenant du titre.

Le PS sur un plateau

Au PS, c’était menu télé pour tout le monde. Les trois candidats à la candidature débattaient en direct sur la chaîne parlementaire et LCI. Enfin débattaient… faut le dire vite.

La liste des questions leur avait été remise à l’avance, ce qui a évidemment plombé ce grand oral, le transformant en une plate lecture de fiches. Si le décor faisait penser à Question pour un champion, il n’y avait même pas l’excitation de les voir appuyer sur le buzzer, c’est dire si c’était chiant…

Ségolène, marionnette tendance « copier/coller »

A ce jeu, Ségo s’en sort plutôt mal. Dans sa profession de foi, elle annonce « faire gagner la gauche et réussir la France ».

La France d’après ? Ca démarre avec un slogan à deux balles, ça promet ! Son ambition ?« Mettre fin au désordre économique, à l’anarchie financière. Mettre en place un ordre économique, social et environnemental juste. »

Y’a quoi derrière ? Ah, elle admet « n’avoir pas réponse à tout ». Nan, sans blague ? Enfin c’est tout de même un peu léger tout ça…

Sur le fond, elle tente manifestement de suivre une opinion mutante. Très scolaire dans son exposé, elle ne parvient pas à convaincre tant ses notions d’économie sont déplorables. Selon elle, « la France est dans une spirale dépressive » (voilà qui va redonner le moral aux Français) et elle prône le recours au modèle scandinave… Déjà vanté par Sarkozy ! Lorsqu’il s’agit de savoir comment relancer la croissance, la journaliste lui demande si elle connaît un tour de magie. La pito-charentaise répond béatement : « Je ne suis pas magicienne, la France est magicienne ».

Ouh là, y’a du lourd au PS, y’a du lourd ! Mine déconfite des deux autres candidats, d’un autre niveau il faut le reconnaître.

Elle s’appuie ensuite sur la technique du micro-crédit, top tendance et récemment récompensé par un prix Nobel, elle a du le lire dans Elle (non, Cosmo ne fait pas de politique à part sur le mariage de force des femmes dans les contrées reculées). Puis vante le financement des petites entreprises (tiens comme Raffarin en son temps, il a du déteindre à l’insu de son plein gré), puis avance l’idée de pôle de compétitivités régionaux. Encore une décentralisation à la Raffarin ? Sors de ce corps Jean-Pierre !

On s’étrangle lorsqu’elle prône un « syndicalisme de masse pour défendre le salarié ». T’as raison ma belle mais là t’es plus tendance, le syndicalisme, c’est moins de 10% des salariés du privé tant c’est rétro et inadapté aux réalités du monde du travail d’aujourd’hui.

Sur les 35 heures, elle joue la montre et évite ainsi de répondre aux questions… petite joueuse !

On passe aux énergies et là, elle a son dada : les énergies renouvelables… « Ca ne peut plus durer ». Ah bon ? On passe à la santé. Aucune vision d’ensemble, aucun grand dossier, juste quelques mesures pour la répartition des étudiants en médecine ou inventer des structures médicales dans les quartiers. Outre le fait qu’on soit tenté de lui rappeler qu’il faudrait s’intéresser aussi à la désertification médicale en zones rurales, sa vision est désespérément creuse et sans fond ni propositions concrètes… comme durant tout son exposé.

Verdict : recalée !

Fabius vous propose… de devenir pauvre !

Fabius s’enferme à gauche-gauche : il sera le candidat qui « n’accepte pas les injustices ». Mazette ! Et il en remet une couche le Lolo, en dénonçant froidement « l’hyper-capitalisme mondial et financier» qui ne recherche que le « profit à court terme ».

22 v’la le José Bové du PS ! Bon, alors soit il est totalement utopiste, soit totalement démago. Tiens donc, vous aussi vous votez 2 ?

« Si je suis élu, les 35 heures seront généralisées ». Nous voilà prévenus. Donc n’élisez pas cet homme !

Bien qu’il ambitionne le rassemblement de la gauche (autour de sa personne évidemment !), on voit pas comment cela serait possible tant il flirte avec la ligne rouge (coco).

Il promet une revalorisation générale des salaires et le SMIC à 1500 euros (d’ici 2012 conformément au projet du PS) avec une hausse 100 euros de plus au SMIC « dès les premiers jours de la mandature ». C’est le cadre à 1800 euros par mois qui va être content… Bientôt il touchera moins que l’équipe qu’il encadre. En évitant d’aborder la question des classes moyennes, Fafa a commis une énorme erreur politique, et ouvert un boulevard à la droite.

En effet, cette idée ne peut qu’être interprété par des classes moyennes déjà en voie de paupérisation, et qui n’ont aucune envie de se fondre parmi les classes populaires. Le nivellement par le bas n’a jamais fait recette…

Je passe sur le principe du délocalisateur-payeur, et autres gadgets destinés à attaquer les entreprises au portefeuille, pour être bien certain qu’elles ne créeront pas d’emplois. Ainsi que sur les nationalisations. Non seulement Lolo veut démanteler la fusion GDF-Suez, mais en plus il veut renationaliser EDF.

Et ce n’est pas fini pour son programme communiste. il enchaîne ensuite sur sa proposition de défaire la réforme des retraites, et il propose, tenez vous bien, de fixer un niveau de retraite minimum, qu’il estime à 80-85% du SMIC, et créer une cinquième branche de la sécurité sociale uniquement dédiée à la dépendance.

A ce stade du débat, Fafa a explosé le budget de la France, le pays est en cessation de paiement, on vit une situation analogue à celle qu’à connu l’Argentine, et on a définitivement régressé dans la case Pays en Voie de Développement.

Verdict : dehors !

DSK : socialiste moderne ?  

Finalement, c’est DSK, l’homme de la « social-démocratie » qui se montre le plus réaliste… même si on se demande quelle mouche l’a piqué au sujet des 35 heures. Sur la situation économique, il dresse un constat relativement juste, et propose d’y remédier de la manière suivante : « investir pour innover et anticiper ». Là, on se dit qu’il serait plutôt centre droit que socialiste… mais non, il redevient utopique en promettant « le plein emploi dans 10 ans ». On aurait aimé un peu de développement sur la question…

En bon prof d’éco, il martèle que  « la gauche doit être l’ennemi de la dette » : mouarf, je suis morte de rire, la gauche qui veut faire des économies ? C’est vrai que pendant les vingt dernières années, elle n’a pas du tout vidé les caisses… C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, ou alors cet homme est vraiment de droite.

Idem lorsqu’il annonce que « Ca ne sert à rien de distribuer du pouvoir d’achat si on n’a pas la capacité de produire », décidément cet homme a autre chose qu’un petit poids dans le cerveau, ça change des deux autres. J’aurais juste aimé qu’il aille un peu plus loin dans le fond…

Sur la fusion GDF-Suez, il est contre ce projet, et « promet de le démonter s’il peut être démonté ». Prudent le DSK, prudent… car il sait bien que ce sera difficilement lisible pour la population, et qu’il faudra oublier cette non-promesse d’avant présidentielles. C’est d’ailleurs ainsi qu’il se résume : « Ne promettre que ce qu’on pourra tenir. Et tenir ce qu’on aura promis ».

Verdict : si j’étais PS, je prendrai celui là.