Dimanche je voterai… François Hollande

Longtemps, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir voter lors de cette présidentielle. En tant que ChiracoJuppéiste absolument pas convaincu par le bilan de Nicolas Sarkozy, je suis naturellement orpheline de candidat, faute d’un choix plus probant à droite.

Durant deux années, j’ai milité pour Dominique de Villepin, tout en doutant de ses capacités non pas de président, mais de candidat. La suite de l’histoire m’a d’ailleurs donné raison, puisqu’il ne s’est pas qualifié. N’étant représentée par personne, que faire ?

Nombreux ont été les amis à tenter de m’orienter vers deux candidats. D’une part, Nicolas Dupont Aignan. Au nom du gaullisme. Bon, j’ai toussé. De nos jours, aucun candidat n’est réellement gaulliste. Ce terme est tellement galvaudé par les profanateurs de croix de Lorraine que j’ai du mal avec ceux qui s’en prétendent.

Mais surtout, je déteste les petits candidats qui font des promesses qu’ils ne pourraient jamais tenir s’ils étaient élus. NDA nous propose de sortir de l’Euro. Mais alors, pourquoi chiffre-t-il son programme en Euro ? Pourquoi ne pas parler en francs et estimer la parité qui pourrait exister ? Parce que ça ferait mal ? Pour sûr. Lorsque j’en ai parlé à ceux qui me conseillaient NDA, j’ai tout de même eu droit à un argument collector : « OK, mais à part ça ? Il est gaulliste ». A part ça ? Ca ne me semble pas un détail…

On a aussi essayé de m’orienter vers Bayrou. Soit disant le plus proche de mes idées. Un de ses soutiens a même poussé le vice jusqu’à me dire qu’il était gaulliste. J’ai toussé aussi. Je me suis également demandé pourquoi  tout le monde tenait à utiliser avec moi l’argument du gaullisme. Sûrement un raccourci de plus en raison de mon parcours Chiraco-Juppéiste avec un passage chez Villepin. C’est très court, mais bon. C’est aussi ça les élections.

Revenons à Bayrou. Certains points du programme me séduisent. Mais voilà, ça ne me suffit pas. La présidentielle, dans notre Constitution, c’est avant tout la rencontre entre un homme et un peuple. Le programme fait partie de l’homme. Mais ne fait pas l’homme. Et en 2007, j’ai déjà voté Bayrou au premier tour. Pour quoi ? Pour que le soufflé retombe, que le Modem reste à 56k, et qu’il ne se passe rien pendant 5 ans. Jusqu’à la présidentielle.

Si encore Bayrou avait eu mieux à faire que de monter un parti, comme par exemple faire son job de député à l’Assemblée nationale, j’aurais pu me laisser tenter. Oui mais voilà… L’homme qui entend rendre la présence obligatoire au Parlement affiche un bilan en la matière… quasi nul. Encore une fois, je n’aime pas qu’on me prenne pour une truffe.

Cette situation, je l’avais anticipée dès l’été dernier. A l’époque, je venais de quitter Villepin, imaginant déjà qu’il n’irait pas au bout, et j’imaginais que peut être, Bayrou finirait par me convaincre. Mais faute d’en être certaine, je m’étais préparée à voter pour le candidat de gauche. J’ai donc participé à la primaire, pour choisir celui pour lequel je serais prête à voter sous réserve de sa qualification si au second tour le candidat PS venait à être opposé à Nicolas Sarkozy. J’avais choisi François Hollande.

Restait alors la question du premier tour. J’ai un temps envisagé l’abstention, faute de ne pas trouver de candidat qui me permette d’exprimer ma sensibilité. Non, NDA n’est pas proche de moi. Non, je ne suis plus dans le mood(em) de la génération orange, déçue de 2007. Et enfin non, je ne voterai jamais Nicolas Sarkozy. Question de principe.

J’ai d’ailleurs évoqué cette idée de m’abstenir sur Twitter. Certains retours m’ont outrée tant le politiquement correct a désormais envahi cet espace. J’ai eu de l’argument collector. Par exemple, « tes grand-mères se sont battues pour que tu puisses voter ». Non, mes grand-mères ne se sont jamais battues pour ça, merci de ne pas les mêler à ces clichés. Il y a eu de nombreuses batailles dans ma famille, mais pas celles-ci. En même temps, elles étaient toutes les deux en cloque.

J’ai aussi eu droit à « des gens sont morts pour qu’on puisse voter ». Euh… des gens sont aussi morts pour la monarchie. Et les gens qui sont morts pour qu’on puisse voter, c’était à quelle époque et avec quel résultat ? Nan je demande…

Bref, les gens ont globalement du mal à comprendre qu’il existe deux types d’abstentionnistes. Celui qui n’en a rien à faire de la politique et qui a la flemme de bouger jusqu’au bureau de vote. Et puis il y a celui qui ne trouve pas parmi les dix candidats quelqu’un qui lui convienne, qui sait que le vote blanc et nul n’est jamais commenté, et qui se dit qu’en s’abstenant, il aura un vrai poids. Il pourra faire passer son message. Et ça, c’est aussi de la politique. Toujours se souvenir qu’en toute chose il y a le champ et le contre-champ…

Bref, j’ai tergiversé. Réfléchi. Etudié la question. Et pensé à 2007. Cette année là, il était hors de question pour moi de voter pour Ségo –je n’avais pas été l’une des animatrices du site Segostop pour rien- et encore moins Sarko. Au premier tour, j’ai choisi Bayrou. Les terres du milieu. La génération orange. Qui m’a déçue ensuite, mais sur le coup c’était chouette. Et au second tour… j’ai voté Chirac.

Si c’était en 2007 l’expression d’une fidélité sans faille au président –j’ai toujours voté Chirac- ça n’a plus de sens aujourd’hui, même si ma fidélité à Chirac sera éternelle. Elle est simplement plus affective que politique depuis qu’il est retiré des affaires, ce qui ne lui accorde plus vraiment de place sur un bulletin de vote.

Reste alors le plan B. Celui pour lequel j’ai voté lors de la primaire socialiste en octobre dernier. Lorsque j’ai fait le choix d’y participer, c’était précisément pour me donner une chance de « choisir » le socialiste qui pourrait figurer au second tour… dans l’idée de voter pour lui contre Nicolas Sarkozy.

Aujourd’hui, je souhaite toujours le départ de Nicolas Sarkozy, au terme d’un quinquennat à mes yeux calamiteux sur bien des plans, notamment sur les libertés et les institutions (dont la réforme territoriale), sans parler de la déliquescence de la fonction présidentielle, de sa confusion avec l’UMP et même sa famille, de cette habitude de dresser les français les uns contre les autres, de voir des délinquants partout (y compris chez les chômeurs et les malades), d’user de l’appareil législatif à chaque fait divers, des pressions sur ceux qui le dérangent, et de flirter avec l’extrême droite. De nombreux articles sur ce blog expliquent mes divergences avec Sarkozy et bien qu’étant de droite, je ne mettrai jamais un bulletin portant son nom dans l’urne.

Et je veux voir face à lui celui qui dispose des meilleures chances de l’emporter, mais également de gérer la France. Donc, qualifier au second tour celui qui à mes yeux, et parmi ces dix candidats, est le meilleur. Bayrou m’ayant démontré ses limites en 2007 en terme d’équipes, je crois toujours que c’est François Hollande qui pourra non seulement battre Nicolas Sarkozy, mais aussi gouverner. Pour toutes ces raisons, je voterai dès le premier tour pour François Hollande.

Hollande, et après ?

56-44. Ce n’est pas le score du match de rugby d’hier (on est en finale, on est en finale, on est, on est, on est en finale), mais grosso modo celui de la primaire socialiste.

Après un ultime affrontement dans les urnes, François Hollande l’a emporté assez largement sur Martine Aubry, avec un score de 56,57% pour le corrézien contre 43,43% pour la Lilloise. C’est donc François Hollande qui portera donc les couleurs socialistes à la présidentielle, au printemps prochain.

Immédiatement, la boîte à images se met en route, et le PS réussit bien à faire passer son message d’unité. Dès sa première prise de parole, Aubry fait le geste. Sur le perron de Solférino, les deux candidats se donnent la main, ceux du premier tour les rejoignent pour la photo : l’adversité est loin, tous derrière Hollande et peu importe qu’il fut surnommé Flamby ou taxé de représenter la gauche molle. L’heure est au rassemblement au sein du parti socialiste, condition sine qua non pour espérer l’emporter en 2012.

Car la gauche a choisi Hollande, avec une confortable avance. Celui qui, il y a quelques mois encore, subissait en interne au PS un Tout sauf Hollande, de la part d’une frange de la rue de Solférino. Et pourtant. Dès le premier tour, le mystérieux corps électoral de cette primaire l’a placé en tête, avec 9 points d’avance. Les sondages lui en donnaient 10. Avouez que c’est kif-kif.

Restait alors à confirmer cette dynamique. Un à un, tous les battus du premier tour l’ont rejoint, laissant Martine bien seule pour mener la dernière bataille. Mais c’était logique : il fallait se rassembler sur le gagnant, pour lui donner la plus grande légitimité possible. Martine n’a certes pas démérité, mais François l’a largement emporté.

Reste maintenant à transformer l’essai, et ce ne sera pas facile. Ce qui m’a frappée, hier, c’est le non vote des quartiers.  Les banlieues ont boudé la primaire, malgré les déplacements des candidats. Ainsi selon les chiffres compilés par le Parisien, au premier tour, si Paris compte 13,7% de votants sur l’ensemble des électeurs inscrits, avec des pointes à 18,4% dans le 11ème ou 19,5% dans le 3ème, la participation peine à atteindre les 5% en Seine-Saint-Denis, et 5,67% dans le Val D’Oise. Avec un record à 2,37% à Garges-les-Gonesse. Dans le même temps, la moyenne nationale est de 6,14%.

Lorsqu’on regarde où ce sont portés les votes exprimés dans ces quartiers, les résultats ne sont guère marqués. Ainsi, si le score de Ségolène Royal est légèrement supérieur, celui d’Arnaud Montebourg est en général inférieur, ce qui ne donne pas plus de poids, in fine, à la gauche de gauche. Bref, les banlieues n’ont pas vu dans la primaire un espoir dans le fait de choisir le candidat de gauche.

Je ne crois évidemment pas à la théorie avancée par certains selon laquelle ce chiffre s’expliquerait par l’impossibilité pour les étrangers membres du PS de voter. D’une part c’est faux, ils pouvaient se rendre aux urnes et présenter leur carte du PS. D’autre part, cela ne change rien en terme de pourcentage du corps électoral ayant participé au primaire : à ce que je sache, s’ils sont étrangers, ils ne vont pas plus voter au printemps prochain. La question n’est donc pas là, et sert juste à instrumentaliser ce non vote pour plaider la cause du vote des étrangers. Grosse ficelle.

Reste que la question du vote des banlieues, traditionnellement porté à gauche, se pose. S’abstiendront-elles, ou hésiteront-elles entre les candidats classiques et les extrêmes, de droite comme de gauche ? François Hollande tient là l’un de ses défis majeurs : parvenir à parler à cette population mais surtout, à être entendu.

Car le danger bleu Marine guette… Non pas spécifiquement en banlieue, mais partout. Or la question sera bien de se qualifier au second tour. A l’heure actuelle, de nombreux candidats jouent la carte facile de l’anti-Européanisme, taclant l’Europe et l’Euro à tout bout de champ, en faisant croire à la population que sans l’Euro ni l’Europe, la vie serait plus belle. Qu’importe les conséquences réelles qu’engendrerait la sortie de l’Euro, ou la complexité d’en sortir : ceux qui tiennent ce discours n’ont aucune chance de gouverner.

Et c’est bien là que le bât blesse : c’est justement parce que personne ne peut juger sur pièce que les extrêmes ont recours aux idées populistes. Reste que ceux qui les auront cru conserveront l’impression de ne pas être entendus. Avec plus ou moins de rancœur et d’agressivité. Surprenant cependant que personne ne s’étonne de trouver dans ce pêle-mêle les souverainistes de Dupont Aignant ou la gauche du PS de Montebourg aux côtés des extrêmes de droite et de gauche, de Marine Le Pen à Mélenchon et Poutou. Tout de même, tout le monde n’a pas la géolocalisation politique contrariée !

Que les petits candidats se mettent à racoler ainsi risque de mettre sérieusement en danger le candidat du PS, tout comme celui de l’UMP. La souffrance de la population finit par détourner une partie de l’électorat sur les bords, que ce soit d’une tendance ou de l’échiquier. En ce sens, le premier tour pourra être serré.

EELV sera tout aussi démago que Mélenchon, et offrira une solution toute aussi radicale, mais plus acceptable aux bobos en raison d’une image plus hippie chic, là où Hollande sera tenu d’éviter les fausses promesses pour ne pas décevoir s’il l’emporte, et garder un discours audible au regard de la situation intérieure, mais aussi de la France en Europe et dans le monde. Ce que n’ont pas nécessairement à faire les petits candidats… On l’oublie trop souvent, mais c’est aussi le jeu du premier tour.

Reste qu’Hollande devra faire face a minima à Poutou (NPA), Mélenchon (PC/Front de Gauche) et Joly (EELV), faute d’avoir pour l’instant des nouvelles de Schivardi (et son moins de 1%) et Chevènement (ira, n’ira pas ?). Autant de candidats qui feront mathématiquement baisser son score, quitte à le faire passer en troisième position.

Cette division des voix sera moins importante à droite, où le candidat Sarkozy affrontera a minima Marine Le Pen (FN). Et peut être Dupont Aignan (DLR), Boutin (FRS) et Miguet. Difficile en effet de comptabiliser Bayrou le centriste dans les voix de droite, le Modem étant désormais quasiment autant de droite que de gauche en matière de répartition des voix (à peu près 60 à droite/40 à gauche en 2007).

Ne nous y trompons pas, 2012 ne sera pas 2002. Mais plusieurs éléments sont à noter. Tout d’abord, comme je l’ai déjà expliqué, il y aura du mouvement dans l’électorat de droite. Le rejet de Nicolas Sarkozy est bien plus fort que l’UMP ne veut le faire croire, et le premier symptôme en est la désaffection pour le soi-disant candidat naturel au sein même des militants et des élus. Les prises de positions en ce sens se sont multipliées, et traduisent un vrai malaise. Second symptôme, la participation d’une partie de l’électorat de la droite et du centre à la primaire du PS : à l’exception des quelques fanatiques de Sarko qui ont bêtement voulu fausser le scrutin, ceux là sont prêts à franchir le Rubicon au second tour.

Reste, une fois encore, la question du premier tour. A droite, le rejet de Sarkozy se répartira en cinq tendances : abstention pure et simple, vote au centre, vote vers un petit candidat, vote FN, et vote à gauche. Parmi ces choix, les plus gros mouvements seront sur le vote au centre et le vote FN. A moins d’un trop fort risque FN qui pousserait les anti-Sarkozy porté sur le centre à voter utile dès le premier tour.

A gauche, ceux qui ne sont pas d’emblée convaincus par Hollande auront également plusieurs choix : vote sur un candidat plus marqué (Mélenchon ou EELV), vote extrémiste (NPA ou FN), abstention. Et ne nous y trompons pas, le programme économique de Marine Le Pen vise bien l’électorat de gauche : appeler à la nationalisation (des banques) n’a jamais fait bander la droite…

La question reste donc définitivement celle du poids du FN conjugué à celui de l’abstention, pour espérer figurer au second tour. La candidature centriste de Bayrou pourrait réunir une partie de la droite, dépourvue de candidat depuis le retrait de Borloo et l’improbable candidature Villepin, mais il reste peu probable qu’il parvienne à réitérer son score de 2007 : l’essai n’a pas été transformé, et le Modem n’est pas apparu suffisamment crédible depuis 4 ans pour porter un espoir de société qui séduirait au-delà d’une base certes élargie par rapport à ses scores régionaux, mais trop faible pour parvenir à se qualifier.

C’est donc bien l’abstention et le vote FN qui seront les arbitres du 22 avril prochain. Soit les votants auront suffisamment répartis leurs votes sur l’ensemble de l’offre politique, et dans ce cas les candidats UMP et PS se qualifieront. Soit l’abstention sera plus élevée et le vote FN plus important que l’on ne l’imagine, et dans ce cas, le candidat de droite comme celui de gauche risquent de ne pas se qualifier. Et d’offrir un non-choix au second tour.

Paradoxalement, le second tour semble plus clair en cas d’affrontement Hollande-Sarkozy. Le rejet de l’actuel président est tel que même s’il est aussi bon candidat qu’il est mauvais président, et reste capable de l’emporter sur le fil, Hollande devrait emporter les voix de la gauche jusque sur une partie de la droite, cette tendance est confirmée par la participation de certains d’entre eux dès la primaire, six mois avant l’élection. Et ce transfert sur la gauche est facilité par le choix d’Hollande, plus centriste que Martine Aubry, rédhibitoire pour une partie plus large de la droite qu’Hollande en raison de son sectarisme et surtout des 35 heures.

En réalité, seule l’abstention de gauche et des extrêmes pourrait faire basculer le rapport de force au profit de Sarkozy, qui aura du mal à remonter de son score de premier tour jusqu’à dépasser la barre fatidique des 50% des suffrages exprimés, condition sine qua non pour gagner. Reste que pour l’emporter au soir du 6 mai, il faut se qualifier le 22 avril. Après avoir rassemblé derrière lui le parti socialiste, le corrézien doit veiller à ne pas se faire déborder sur sa gauche. Voilà le vrai défi qui attend François Hollande pour les six mois qui viennent.

Une UMP en état de décomposition avancée

Ce soir, comme souvent, j’ai regardé Le Grand Journal. L’émission de Canal+ propose chaque soir, en début de programme, l’intervention d’une personnalité politique. Certains disposent d’ailleurs d’un abonnement illimité pour venir dans cette émission. Ce soir, au lendemain des cantonales, l’invité était Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP. Après la claque que s’est pris son parti, j’ai vu un homme sur la défensive, entre paranoïa et agressivité, mais en affichant tout de même un sourire carnassier déplacé, qui me mit mal à l’aise.

D’emblée, le secrétaire général de l’UMP a réfuté les chiffres présentés… qui sont ceux du ministère de l’Intérieur, tenu par sa propre majorité. La querelle porte sur l’addition ou non du score de l’UMP avec celui des DVD. Sauf que DVD signifie Divers Droite, et que comme son nom l’indique, ça recoupe des candidats divers qui ne peuvent être identifiés comme UMP. Et certains d’entre eux ont eu face à eux au premier tour des candidats UMP. Ce fut le cas de Daniel Garrigue, Porte Parole de République Solidaire, ou de Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly sur Seine. Autant dire que demander cette addition constitue une énième tentative de minimiser la défaite… pour ne pas avoir à entendre le message adressé par les français ?

Mais très vite, Jean-François s’est enlisé, se trouvant notamment incapable de répondre à une question simple : quelles sont les idées extrêmes du FN ? La réponse de Copé n’a pas porté sur les propositions du FN relatives à l’immigration ou à la sécurité, mais sur la peine de mort et la sortie de l’Euro. Tiens, Debout la République et Nicolas Dupont-Aignan, souverainistes ayant appelé à la sortie de l’Euro, deviennent tout à coup de dangereux extrémistes. Alors que s’il y a bien un élément qui caractérise Nicolas Dupont Aignan, c’est son idéal républicain.Quant à la peine de mort, ce fut un combat politique complexe, et l’on doit sa suppression à la gauche : doit on qualifier d’extrémistes de droite tout ceux qui n’ont pas voulu la mettre en place avant la gauche, ou la voter lorsque le Parlement eût à se prononcer dessus ? C’est tout aussi caricatural. Les vraies idées extrémistes du FN, elles, ont été passées sous silence. Mais peut être était-ce pour qu’on ne se rappelle pas trop que certaines personnalités de l’UMP usaient du même vocable.

Enfin Jean-François Copé a sorti ses éléments de langage. Pas une once de créativité là-dedans. Comme toujours, il a tapé sur le PS. Bientôt 10 ans que le PS n’est plus au gouvernement, mais le PS reste fautif de tout. En gros, cela donnait :

1 – Le PS n’a pas gagné les élections : il s’est maintenu, mais sans vague rose. Le secrétaire général de l’UMP est même allé jusqu’à dire « on nous avait annoncé une bérézina, elle n’a pas eu lieu ». Hum Jean-François, comment te dire… La bérézina, elle avait eu lieu en 2004. Ce sont ces sièges qui étaient renouvelés. En perdre encore, sur cette mauvaise base, n’est pas franchement une réussite pour l’UMP.

2 – Le PS ne présente pas de candidat « identifié », et ne fait pas de propositions. Là, c’était encore plus drôle, puisque Jean-François Copé a enchaîné en critiquant… une proposition, celle de 300 000 emplois jeunes. Preuve qu’il y a au moins une idée, soit l’inverse de son propos. En revanche, personne parmi les journalistes présents n’a eu l’idée de demander à Sieur Copé quel était le projet de l’UMP. Ou l’éternelle querelle entre UMP et PS du « c’est celui qui le dit qui l’est ». Niveau maternelle, je suis blasée…

Comme si cela ne suffisait pas, les « wannabe président » s’écharpent déjà en vue de la place à prendre en 2017, ou plus tôt si Sarko décidait de ne pas y aller. François Fillon s’était désolidarisé la semaine dernière de la consigne « ni vote FN, ni vote PS » donnée par Copé. Aujourd’hui, et toujours dans le Grand Journal, réponse du berger à la bergère : Copé a reproché à Filloon sa posture à propos du débat controversé sur la laïcité. Interrogé sur les réserves émises par le chef du gouvernement sur l’organisation de ce débat, Jean-François Copé a expliqué que «certains n’en veulent pas (…) parce qu’ils ont probablement été mal informés». «Et puis il y en a, disons les choses, qui y ont trouvé l’occasion d’une posture», a-t-il ajouté. Alors que le journaliste suggérait le nom de Fillon, Copé a répondu après une brève pause : «Peut-être après tout.» «On ne peut pas jouer collectif une fois ?» a-t-il poursuivi. Fin février, François Fillon avait déclaré qu’il s’opposerait à ce débat s’il «devait être centré sur l’islam» ou, «d’une manière ou d’une autre», conduire à «stigmatiser les musulmans». Pas de doute, la guerre du « jour d’après Sarko» a déjà commencé. Comme si cela nous intéressait.

Au lendemain de ce scrutin, l’UMP a vraiment le cul entre deux chaises. D’un côté, les modérés aimeraient que cesse la stratégie de chasse aux électeurs du FN, et appelle, par la voix de François Baroin, François Fillon ou Etienne Pinte, à reconsidérer la position de l’UMP sur la laïcité. De l’autre, Copé refuse de se dédire, implicitement soutenu par Nicolas Sarkozy –enfin au moins par con silence- et par la droite dure qui n’envisage pas autre chose que de recourir à un discours sécuritaire et une ligne dure sur l’immigration. Résultat, l’UMP se divise entre ceux qui restent dans le déni, minimisant le résultat, sans comprendre que sa stratégie depuis un an visant à courir après les électeurs du FN a eu pour effet désastreux la banalisation des idées extrémistes proposées par ce parti, et ceux qui aimeraient une évolution, dans la ligne de l’UMP du Président Chirac, celle qui prônait d’assumer pleinement notre tradition de laïcité. Une cassure en interne qui justifie par elle seule la nécessité d’offrir le choix entre plusieurs candidats au premier tour.

Pire, l’UMP n’entend pas le message des urnes et ne réalise l’importance du décalage entre les attentes des français et les solutions proposées et que ce fossé toujours plus grand qui se creuse avec le peuple a fini par placer l’abstention en tête de ce scrutin, faute de trouver pari les forces en présence une offre politique satisfaisante. Au contraire, l’UMP persiste à stigmatiser ceux qui seraient tenter de se présenter à droite, osant ainsi diviser le score. Un raisonnement de second tour osé lorsque l’on manipule soit même le risque d’un FN présent au second tour. Une stratégie qui pourrait faire définitivement exploser le parti majoritaire…