SarkoShow : Une Primaire à un seul candidat

Pendant plusieurs semaines, nous avons assisté à la primaire socialiste.

Au programme, trois débats entre les six candidats, puis un dernier débat entre les deux finalistes. Ca, c’était la télévision normale.

Mais hier, les deux premières chaînes ont subitement fait un bon de quelques décennies en arrière, en se déguisant –à quelques jours d’Halloween- en ORTF.

Face aux deux vrais faux journalistes – Yves Calvi, le méchant qui grogne, et Jean-Pierre Pernault, le cire-pompes qui semble se limiter à lire les fiches transmises par l’Elysée- en mode époux Turange, le président de la République et futur-candidat-de-l’UMP-mais-faut-pas-le-dire-c’est-pas-le-moment a débattu avec lui-même lors de cette primaire à candidat unique. Car ne vous y trompez pas, Sarko est bien en campagne électorale, le tout sur le temps de parole de l’exécutif. Ainsi, il nous a délivré son SarkoShow du jour, en format tragi-comédie, et en cinq actes je vous prie.

Bah dis donc, si la primaire socialiste avait été diffusé sur les deux premières chaînes, que n’aurait-on entendu… Ce qui permet d’ailleurs de relativiser le succès de l’émission, qui a été vue par 12 millions de spectateurs. L’ennui de cette émission, c’est que c’était un peu comme se faire avaler par une publicité géante qui nous courrait après pendant 1h15, et contre laquelle on luttait. Avec au milieu de ce spot géant des morceaux d’un film catastrophe, genre Armageddon, où on allait tous mourir. Reste à savoir ce qui se passera Le Jour d’Après… Sachant qu’en attendant, avec la crise grecque qui menace de zigouiller la ZoneEuro, c’est l’Attaque de la moussaka géante !

Allez, fini la bande-annonce, place aux détails bien croustillants –ou pas- sur ce qui nous attend : attachez vos ceintures !

Au terme de cette émission, l’atterrissage fut difficile pour le téléspectateur. Pour faire court, cet entretien avec Nicolas Sarkozy se résumait, en gros, à expliquer en quoi il a sauvé l’Europe en attendant de sauver le monde dans quelques jours à l’occasion du G20, la France, ce qui fait de lui le meilleur des candidats, d’autant que lui il sait gouverner alors que le socialiste est un irresponsable, et donc il se déclarera le plus tard possible, mais mène évidemment déjà campagne.

Le tout en annonçant, mine de rien, que les prévisions de croissance était revues à la baisse, ce qui inclut de nouvelles mesures de rigueur pour boucler le budget… qui seront annoncées après le G20. Fini l’éclate –spéciale dédicaces aux chômeurs, malades, pauvres, assistés donc délinquants sociaux de toutes sortes-, on se sert encore la ceinture, et y’aura pas de gilets de sauvetage pour tout le monde !

Après avoir serré la vis, Sarkozy, qui rentabilise au maximum son temps d’antenne présidentiel, a clairement lancé sa campagne électorale. Du coup, après avoir expliqué ses exploits mondiaux que David Douillet pourrait qualifier « d’inimaginaux », il a cherché à mettre en valeur son bilan pour mieux se positionner dans le combat de 2012. Histoire de ne pas trop se laisser distancer. Parce que jusque là, son silence a permis à Hollande d’installer sa candidature. Ce qui a valu au corrézien d’être la cible de notre nain Prof d’un soir. Tout en délivrant habilement quelques nouveaux éléments de langage à une UMP en panne d’inspiration ces derniers temps.

Notre bon mètre s’est donc positionné par rapport à la gauche, en dessinant le clivage entre Hollande et lui. Une émission, donc, plus d’un candidat que d’un président. Ou de la difficulté de faire campagne en étant au pouvoir, le risque étant de donner l’impression aux Français qu’il ne s’occupe plus des affaires de l’Etat, ce qui ne lui serait pas pardonné en période de crise. C’est la raison pour laquelle il a martelé ne pas être candidat. Reste que le message était clair : il sera candidat. On peut ranger Juppé au placard, le meilleur d’entre nous ne servira pas cette année. Dommage, mais le petit ira. En même temps on s’en doutait.

Pour autant, Sarko a-t-il convaincu ? Rien n’est moins sûr. Comme d’habitude, il a enchaînés approximations et contre-vérités, avec un aplomb et une mauvaise foi qui font de lui un piètre président, mais un très bon candidat. Mais avant le candidat, les Français réclament un président et sur ce point, le constat n’est pas brillant. Bilan mitigé, détricoté, crise internationale, accord européen arraché au forceps et G20 qui s’assombrit avec l’éventuelle entrée de la Chine dans le FSFE, … S’il s’est voulu protecteur des Français, pas sûr que l’augmentation des taxes sur les mutuelles, le déremboursement des médicaments, le discours sur les assistés, etc… ne permettent de le croire.

Même en enjolivant les choses, il sera compliqué de compter sur les maigres éléments restants pour enthousiasmer les Français. D’autant que le fact checking, qui consiste à vérifier de manière plutôt pointue les racontars des politiques, est très tendance cette année : pas sûr que son discours résiste à une analyse poussée… Enfin, c’est un président fatigué qui s’est présenté devant les Français, butant parfois sur les mots, et commettant quelques lapsus. Certes, il a négocié toute la nuit avec Angela Merkel pour parvenir à un accord lors de ce sommet européen, mais l’image d’un président fatigué n’incite guère à lui renouveler son mandat.

Cet exercice du Moi Je reste donc très certainement un bon trip pour son égo, mais moi, personnellement, j’ai l’impression d’avoir eu des hallucinations tout au long de l’émission. A mon sens, Nicolas Sarkozy a trop voulu en faire, abusant du Je, évoquant rarement le Nous,  trop préoccupé par la seconde mission de cette émission : au-delà de la pédagogie sur la crise de la Zone Euro, se mettre en orbite pour 2012. Et finalement, au lieu d’Ariane, j’ai vu un simple feu de Bengale : ou comment cette émission a fait Pschitt…

SarkoShow, Acte I : J’ai sauvé l’Europe et dans quelques jours je vais sauver le monde

Les deux sommets européens passés, ayant accouchés dans la douleur d’un accord arraché au forceps –pour faire comme Carla ?- il reste maintenant le G20, les 3 et 4 novembre prochain à Cannes.

Dernier temps fort de la présidence française, mais aussi gros risque pour Nicolas Sarkozy. Le programme est ambitieux, notamment en ce qui concerne la régulation mondiale et la réciprocité. Autant dire que si la montagne accouche d’une souris, ce sera un sacré handicap pour Sarkozy, qui joue depuis la crise de 2008 sur son image de sauveur, sans avoir réellement de bilan pérenne en la matière. Des rustines ont été posées, certes, mais elles ne tiennent déjà plus. C’est dire s’il joue gros.

D’entrée, Yves Calvi demande si nous sommes sortis de la crise ou si nous colmatons la brèche. Selon le président, « ni l’un ni l’autre ». Et repart sur un long historique partant de la crise de 1929, pour finalement arriver à la crise depuis 2008 : « Lorsque les américains ont décidé de laisser tomber Lehman Brothers cela a entraîné une catastrophe dans le monde entier ». Donc c’est la faute des Ricains. Ouais, mais si les Ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie, à parler de je-ne-sais-quoi, à saluer je-ne-sais-qui… puis il enchaîne, en disant que nous –les européens- ont a essayé d’éviter ça. Bref, on a sauvé le monde, parce que sinon on allait tous mourir : mode Superman enclenché. Enfin presque : « nous sommes face à une crise de la dette colossale qu’il s’agit de régler ». Parce qu’avant Lehman Brothers, y’avait pas de problème de la dette peut être ?

Revenons à l’accord de cette nuit. Pour le président, déclarer la Grèce en faillite aurait entraîné la totalité de la zone Euro. Donc « Les Grecs font des efforts mais comme ils ne pouvaient pas rembourser 200 milliards d’euros nous avons demandé aux banques d’effacer 50 % de leurs créances. » Hum… amusant lorsque l’on sait que quand DSK avait évoqué cette hypothèse, Fillon l’avait traité d’irresponsable. Doit on comprendre que notre bon mètre serait irresponsable ? Ou qu’il a baissé son slip de Superman ? Au passage, ça n’est pas 50% de la dette grecque qui est effacée, mais 50% de sa dette privée. Elle doit quand même encore un paquet aux Etats et institutions internationales (Etats, FMI, FESF, BCE) mais bizarrement Sarko n’en pipe mot.

Jusque là, on a surtout compris qu’on n’a pas sauvé la Grèce, mais surtout les banques. Et le vilain Yves Calvi ose poser justement cette question là. Et je vous le donne en mille, Sarko botte en touche, en donnant un bon coup de bâton aux grecs, qui ne sont pas blanc-blanc… Et n’y va pas par quatre chemin : « La Grèce est rentrée dans l’euro avec des chiffres qui étaient faux et elle n’était pas prête, son économie n’était pas prête à rentrer dans la zone euro et nous en avons payé les conséquences ces derniers mois ». Mais n’oubliez pas, c’est le candidat qui vous parle… Il n’hésite donc pas à rajouter qu’elle est entrée dans la zone Euro en 2001, et qu’il n’était pas aux affaires. Ca n’est pas sa faute à lui : mode Lolita enclenché. Au passage, Jospin, Chirac, bandes de gens qui soutenez Hollande de plein gré ou par humour corrézien, suivez mon regard…

Sarko passe ensuite sur le douloureux passé entre la France et l’Allemangne. Décidément ce soir on voyage dans le temps. Après le XXème siècle et sa crise de 1929, nous voilà reparti jusqu’en 1870, puis les deux guerres mondiales. C’est un bon moyen pour les élèves de 3ème de réviser rapidement et à moindre frais leur BEPC. Autant rentabiliser le cours magistral de notre cher nain Prof. Sauf que pas trop quand même, vu que pour Sarko, nous avons eu trois guerres avec l’Allemagne dans le même siècle. Aïe Aïe Aïe… D’ailleurs le voilà qui verse dans le mélo : « Puis des hommes ont dit on va ensemble construire la paix… ».

Je me vois déjà, courant nue dans les prés, un bouquet de marguerites dans les mains, et un peace and love tatoué sur le sein gauche, hurlant « Angela, ich liebe dich » à tout bout de champ, c’est le cas de le dire. Ah ah. Bref, je rêve sur ce nouvel épisode des Feux de l’Amour version amitié franco-allemande, celui dans lequel Nicolas et Angela sont un peu en froid –Nicolas balance Angela et trouve leur couple moins francs que d’autres couples franco-allemands dans le passé- mais se décident finalement à signer un accord européen pour ne pas qu’on se foute de leur gueule au G20.

Et n’allez pas dire, odieux que vous êtes, que cet accord n’est pas brillant et qu’il met seulement l’Euro sous perfusion. Vous seriez alors d’odieux colporteurs de ragots, tel ce Jacques Sapir, économiste pro-démondialisation, qui publie ce soir dans Marianne son analyse sur ce qu’il appelle « le pire accord envisageable ».

Parce qu’il entraînera selon lui la baisse de l’indépendance de l’Eurpe en internet –poids décisif de l’Allemagne et non plus du couple franco-allemand- et en externe –entrée probable de la Chine dans le FESF ce qui au passage, annule de facto toute tentative de mesure protectionniste, et met à mal la négociation sur la réciprocité-, ne rassurant que temporairement les marchés qui comprendront que ce n’est pas suffisant et reprendront rapidement la spéculation.

Jacques Sapir, lui, préconisait plutôt l’auto-dissolution de la zone euro. Et Sarko n’a pas répondu à cette tendance là, pourtant croissante dans l’opinion, des extrêmes à Montebourg. Mine de rien, ça fait tout de même entre 15 et 20% de personnes qui sont lâchées dans la pampa sans avoir eu la moindre contre argumentation. Ou le danger de faire une primaire tout seul, sans contradiction. Bref, de toutes façons on va tous mourir. Ou comment Superman a baissé sa culotte, faute d’avoir les moyens de s’en acheter une propre.

Et Pernault (Ricard ?) refroidit encore un peu l’ambiance autant que le glaçon dans le Pastis (Ricard !) : « Combien ça coûte aux français ? ». Le mec monomaniaque. Depuis le lancement de l’émission Combien ça coûte en 1990 –eh oui, ça date !- JPP n’a jamais quitté son fond de commerce. Donc selon Sarko, « La France a prêté à la Grèce 11,5 milliards d’euros. Aujourd’hui ce prêt n’a rien coûté au contraire, cela a remporté des intérêts ».

Mouais mouais mouais. Donc ça ne nous aurait pas coûté d’argent, ça nous aurait même rapporté. Parce que la Grèce ne peut pas payer sa dette, mais elle peut payer ses intérêt. Comme nous, quoi. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ? Parce que dans la vraie vie, on a tout de même payé tout ça par le Plan de Rigueur de Fillon hein. Faudrait peut être voir à pas trop nous prendre pour des jambons… Parce que tous les buveurs de Coca s’en souviennent. Même si notre président s’appelle Ni-Cola(s). Ah ah.

Bon sinon, entre deux fautes de syntaxe qui nous rappellent que le président qui met en place un examen de français plus drastique pour les étrangers visant la naturalisation ne le réussirait sans doute pas lui-même, on apprend ça a coûté 100 milliards aux banques. Bah oui, 50% de 200 millions d’euros. Jusque là on sait encore compter… Les banques qui, d’ailleurs, étaient bien obligées de jouer le jeu, sinon elle faisait face à un défaut de paiement –de la Grèce- et boum, le monde explosait. Et on allait tous mourir. Sarko se rengorge d’ailleurs, pas à une contradiction près : « Le marché c’est la quintessence du court terme (…) mais je préfère avoir une bourse qui augmente et des marchés qui nous font confiance ».

Ainsi s’achève l’acte I et l’explication du sommet européen sur cette anaplodiplose : Sarko a sauvé le monde. Et fait des figures de style, à l’insu de son plein gré. Et si on passait à la France ?

#UEMedef11 : C’est dit !

Puisque vous n’avez pas la chance de participer à cette université d’été du Medef, voici un petit florilège des phrases chocs des intervenants, livrés sur un plateau. Comme si vous y étiez !

Le cri du cœur : Nous aimerions parfois qu’il n’y ait qu’une seule voix pour l’Europe, Laurence Parisot, présidente du Medef

Blague belge : Je ne suis pas ici pour me  mêler à un débat politique français. La politique française est encore plus subtile que la vie politique belge, Herman Van Rampuy, président du Conseil Européen

Chupa d’or : On m’a demandé si j’étais venu vous faire des reproches. J’ai beaucoup d’admiration pour les PME et les très petites entreprises qui se battent face à la crise, Frédéric Lefèbvre, secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions Libérales, et de la Consommation

Twitter, saymal : Vous êtes loin de tous ces tweets, de toutes ces rumeurs ravageuses , Laurence Parisot, présidente du Medef

Spécial dédicace : Contrairement à d’autres, je ne lancerai des nouvelles idées dans les médias : je préfère une diplomatie plus discrète et donc plus efficace, Herman Van Rampuy, président du Conseil Européen

Brosse à reluire avec des morceaux de SAV dedans : Tout à l’heure a été évoqué la règle d’or. Elle est certainement partagée ici car vous la règle d’or, vous l’appliquez, Frédéric Lefèbvre, secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions Libérales, et de la Consommation

Spécial dédicace 2 : Il faut exécuter ce qu’on a décidé. Détricoter nuit à la crédibilité. Herman Van Rampuy, président du Conseil Européen

Pas de bonus : Ce qui est bon pour les traders n’est pas forcément bon pour le reste de l’économie, Jacques Attali

Warning : La thèse de la démondialisation erronée et dangereuse. Elle part d’une fausse analyse de la globalisation. (…) Il faut éviter d’instrumentaliser la mondialisation, ni pour la diviniser ni pour la diaboliser. La diaboliser crée des réflexes identitaires dangereux. Pascal Lamy, président de l’Organisation Mondiale du Commerce

#UEMedef11 : Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen

L’Europe, c’est loin. Et pourtant, c’est ici. Mais avouez : combien d’entre vous connaissaient –avant ce billet !- le nom du président du Conseil Européen ? Pourtant, c’est à lui qu’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy voudraient confier la présidence de la Zone Euro. Une bonne raison de s’y intéresser.

L’intervention d’Herman Van Rompuy aura incontestablement marqué cette université d’été. Premier temps fort, elle fut aussi pour moi un vrai coup de cœur, malgré son aspect très technocratique. Car si sa fonction exige de lui une grande diplomatie, il aura su parsemer son intervention de notes d’humour… et n’aura pas été exempt de quelques légers scuds, que chacun saura décrypter. Tout en livrant sa vision du rôle de l’Europe dans la gestion de la crise, mais aussi au-delà. Une master class vraiment passionnante. En voici le compte-rendu.

Pragmatique, le président du Conseil Européen est d’abord revenu sur le contexte économique des trente dernières années, rappelant à juste titre : « depuis que je suis professionnellement actif, le mot crise ne m’a pas quitté ». Avant d’entrer dans le vif du sujet : la crise, ses implications, et les solutions.

Pour Herman Van Rompuy, il ne sert à rien de se voiler la face. Quoi qu’en dise les adeptes de la démondialisation, l’interdépendance financière mondiale était inévitable. Et histoire que tous les idéologues en mal de 2012 en prennent pour leur grade, il a également précisé la fâcheuse tendance de certains à oublier que « La stabilité monétaire était garantie par l’Euro, qui nous a protégé des dévaluations monétaires ». Grâce à l’Euro, nous avons évité la surenchère monétaire et évité le protectionnisme.

La crise actuelle nous enseigne plusieurs choses. Sur le plan monétaire, d’abord, l’Europe a rencontré un écueil majeur : dans la zone Euro, la politique est restée nationale, alors que la monnaie est utilisée par 350 millions d’européens. L’Europe tente aujourd’hui de dépasser ce manque de convergence, et notamment depuis le 21 juillet dernier.

Mais la crise a aussi mis en exergue les limites du déficit standing au nom de la croissance économique. Nous n’avons pas réagi en restaurant immédiatement en restaurant l’équilibre budgétaire mais de manière croissante. Pour le président du Conseil Européen, on doit passer à une politique de rigueur. Enfin, notre taux de croissance potentiel est trop bas pour être concurrentiel sur le marché mondial. Hors il constitue un élément indispensable pour maintenir notre modèle social, même réformé. Ce constat dressé, on doit tenir compte de nos erreurs.

Comment faire ? Herman Van Rompuy s’amuse de la phrase « pour gouverner mieux, il faut gouverner moins », reconnaissant que ce n’est pas toujours le cas. Il préfère alors citer Paolo Coehlo : « les choses les plus simples sont les plus extraordinaires, et seuls les sages peuvent les voir ». Quelles seraient ces idées simples ? Le président du Conseil européen en liste dix :

  • On peut s’endetter pour investir, pas pour consommer
  • Lorsqu’on s’est trop endetté, on doit aller plus loin et retourner à l’équilibre budgétaire
  • Il faut équilibre entre risque et rendement
  • Les taux de change doivent refléter l’approche économique d’un pays sinon on fausse la concurrence
  • Il doit y avoir équilibre entre rémunération et prestation
  • Il faut être solidaire avec ceux et celles qui prennent leurs responsabilités : responsabilité et solidarité doivent aller de pair, modèle européen
  • On ne peut concevoir une monnaie commune sans politique qui aillent dans la même direction
  • Aucune construction européenne ne peut se faire sans un supplément d’âme, une motivation : l’union fait la force et l’unité dans la diversité
  • L’ennemi de l’idée européenne, de la paix, de la solidarité, est le communisme, le chacun pour soi, le moi d’abord : il faut avoir le sens de l’intérêt général
  • Il faut exécuter ce qu’on a décidé. Détricoter nuit à la crédibilité.

Si ces idées semblent de bon sens, ne prenez pas Herman Van Rompuy pour un bisounours. Son constat sur la gouvernance économique de l’Europe n’est pas tendre. Il n’hésite pas à clamer haut et fort que si l’on avait pratiqué une politique économique rigoureuse et orthodoxe, il n’y aurait pas de crise aujourd’hui. Reste qu’il faut en sortir. Et pour cela, donner du temps à la Grèce, au Portugal, à l’Irlande.

Face à la crise, l’Europe s’est trouvée dépourvue. Faute d’avoir su anticiper, il a fallu tout inventer, en pleine crise. D’où une certaine lenteur, qui pourrait être interprétée dans l’opinion comme un manque de réactivité. Mais l’Europe manquait d’instruments. Si l’Euro constitue un projet politique et un facteur d’intégration, et en dépit du travail effectué par la Banque Centrale Européenne, la monnaie ne suffit pas : la solution ne peut être uniquement monétaire.

C’est pourquoi, depuis le 21 juillet, l’Europe s’est dotée d’outils permettant de réaliser une véritable surveillance budgétaire, réforme qui sera prochainement soumise au Parlement Européen. Parmi ces outils, le Pacte Euro Plus : les 23 pays signataires s’engagent à réformer leur système de retraites et leur marché de l’emploi. Mais selon le président du Conseil Européen, il est possible d’aller encore plus loin dans l’intégration européenne. Il annonce d’ailleurs qu’il fera en ce sens des propositions concrètes lors du Conseil Européen de mi-octobre. Tout en évacuant habilement une éventuelle question sur les détails, avec pique intégrée à qui-vous-savez : « Contrairement à d’autres, je ne lancerai des nouvelles idées dans les médias : je préfère une diplomatie plus discrète et donc plus efficace ».

Herman Van Rompuy insiste également sur la nécessité de renforcer les institutions de la zone Euro. Déjà, en 2008, Nicolas Sarkozy avait réunis les présidents de la zone Euro, et cette réunion s’était avéré décisive pour la gestion de la crise. Depuis, le président du Conseil Européen a présidé quatre nouveaux sommets, lors de situations exceptionnelles. Il voudrait aller plus loin, et faire que les réunions existent également hors des périodes de tension. Car gouverner, c’est prévoir. En ce sens, il appuie la proposition conjointe d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy.

Proposé par les deux leaders allemand et français, il estime en effet nécessaire l’instauration d’un leadership au lus haut niveau, mais aussi plus de coordination. S’il reste lucide sur la difficulté de parler d’une seule fois avec 17 gouvernements, il lui semble cependant possible de donner le même message. Tout en insistant sur la nécessité de ne pas critiquer les décisions prises. Mais aussi de les mettre en œuvre, ce qui est vital pour la crédibilité de l’Europe. « Tout l’accord, et rien que l’accord du 21 juillet : c’est la priorité des priorités. » A bon entendeur…

Pourtant, le président du Conseil Européen se refuse à accabler la Grèce, et se livre à un édifiant rappel : « La dette grecque est quasiment aussi élevé que celle de la Belgique en 1993 quand j’ai pris les fonctions. On nous a donné du temps ». Herman Van Rompuy insiste sur la nécessité de donner du temps  à la Grèce, au Portugal, à l’Irlande. L’exemple belge est à ce titre intéressant : en 2011, le déficit public de la Belgique sera ramené à 3,5% du PIB. Presque dans les critères de Maastricht. Et je vous entends déjà dire que les mentalités ne sont pas les mêmes… Rappelez vous du début de cette intervention du président du Conseil Européen : il ne demande pas à ces pays de se laisser aller, mais appelle à la rigueur. Simplement soyons pragmatiques : leur situation ne s’arrangera pas en un jour…

A ce titre, il insiste également sur le risque de se laisser aller à tomber dans un climat d’angoisse : le négativisme permanent dans le discours de certains a un effet paralysant sur les consommateurs, qui pèsent sur la croissance. « Il nous faut la confiance. Je suis convaincu qu’on peut éviter une récession », tempête-t-il.

Dans ces temps difficiles pour l’économie mondiale, la vieille recette doit être la règle : l’intérêt général doit être une préoccupation générale partagée par tous et par toutes, et il est nécessaire de jouer collectif. Ces évidences sont nécessaires à rappeler, faute d’avoir existé par le passé. La zone Euro sortira différente de cette crise… et marquera un pas de plus dans la construction européenne ?

En conclusion, Herman Van Rompuy rappelle que sur le plan monétaire, l’euro restera fort et selon certains, mêmes, une monnaie trop forte. Et dresse le constat connu de tous : sur tous les pans de l’économie, d’autres continents devront s’adapter. Les Etats-Unis devront faire face à leur problème de dette publique, la Chine devra revoir son taux de change, sous évalué, qui crée des tensions monétaires sur son propre territoire. Ces avancées là se feront via la structure du G20.

Pour le président du Conseil Européen, on taxe trop vite cette période comme riche en médiocrité. Hors ce début de siècle se démarque par la percée de la mondialisation, avec ses défis. Qui fait émerger des tentations de populisme. Mais pour lui, l’idée européenne reste la plus généreuse et la plus performante depuis longtemps, et sa foi en l’Europe reste intacte : « on ne décevra pas l’histoire, et les millions d’européens ».

A l’issue de son intervention, Herman Van Rompuy a répondu aux questions posées par la salle. En voici le verbatim !

En France, il y a une polémique sur la règle d’or. Quels conseils donnez vous aux Français

Je ne vais surtout pas m’immiscer dans un débat politique français que je connais bien. Je sais que c’est un débat avec beaucoup de subtilité. Une disposition constitutionnelle a été adoptée en Allemagne, qui donne un déficit maxi de 0,35% en 2016. Il s’agit d’un déficit structurel et non conjoncturel. Le plus important c’est qu’on le fasse. Si la constitution peut aider à ce qu’on le fasse… Constitution ou pas, c’est qu’on arrive, comme le demande le pacte de stabilité à un équilibre budgétaire. Mais je ne suis pas ici pour me  mêler à un débat politique français. La politique française est encore plus subtile que la vie politique belge.

Vous êtes président des 27 pays de l’Union Européenne. Comment voyez vous l’axe franco allemand et comment les autres 25 le voient ? Sur la Belgique, pas de gouvernement, et pourtant le déficit a été sous contrôle. Quel commentaires pouvez vous faire sur cette situation ?

Note : à la fin de l’énoncé de cette question, Laurence Parisot précise, avec un brin d’humour : « ne croyez pas que nous sommes anarchistes ! »

L’axe franco allemand a toujours existé, dès l’Europe des Six. S’il n’y a pas d’accord, l’Europe en souffre car France et Allemagne représentent moitié de la zone euro. Mais elles représentent également deux sensibilités donc si les deux sont d’accord, plus facile de mettre les autres d’accord. Mon rôle est de trouver un accord quand il n’y en a pas, et de préparer le terrain pour cela. Je suis en contact constant avec Berlin et Paris, et la plupart des autres pays. Je recherche le consensus, souvent d’abord avec la France et l’Allemagne. Les autres sont malheureux si pas d’accord, et veulent plus si accord. Je suis habitué des subtilités. Parce qu’il nous faut l’unanimité. Je suis donc partisan d’une bonne entente franco allemande, une condition nécessaire mais pas suffisante.

J’ai cité la phrase « Pour gouverner mieux il faut gouverner moins », mais je ne pensais pas à la Belgique (rires). La Belgique est un pays différent de la France:

  • C’est un état fédéral. 40% des dépenses publiques gérées par provinces.
  • Elle a une très grande culture de concertation sociale : grand rôle des organisations sociales et syndicats, donc des accords restent possible malgré ce qu’il se passe.
  • Il y a un parlement fédéral, ce qui a permis de voter un budget 2011 qui mènera à un déficit de 3,5%, ce qui constitue une grande satisfaction

Aussi, le pays est géré aussi même si chacun attend vite un gouvernement fédéral pour entreprendre les grandes réformes dont le pays a besoin dans le secteur des retraites et du marché du travail.

Elle y parviendra : l’Eurozone et la Belgique sont coriaces !

Les chefs d’entreprises ont l’impression que l’Europe ne se bat pas à armes égales. Comment appliquer le principe de réciprocité entre Europe et partenaires ?

Ce principe de réciprocité est dans le texte. Les anglais préfèrent win win, mutual beneficts.  Quand il y a danger de dumping ou concurrence déloyale, il y a des mesures prises par la Commission Européenne. Les responsabilités sont prises, et pas par principe de réciprocité.

Ce débat porte sur l’ordre international monétaire : les taux de change doivent refléter la santé d’une économie. (ex : Chine). Dans les rencontres de type G20, on doit se saisir de ce thème pour en discuter franchement : il faut faire une réadaptation, qui sera graduelle. Et la Chine a tout intérêt à rectifier le tir : nous en compétitivité, eux en stabilité monétaire à l’intérieur de leur propre pays.

Naturellement, on a besoin  d’une approche diplomatique pour régler ça.

Nous pensons B20/G20. Considérez vous que la représentation européenne au G20 (6/7 personnes) est un atout ou une faiblesse ?

C’est encore plus subtil car je suis là en tant que président, il y a aussi le président de la commission européenne. On a du se battre pour que l’UE puisse être au G20. Le problème n’est pas vraiment qu’il y ait différentes voix, mais est-ce qu’on donne le même message ? Sans une unité d’approche, on s’affaiblit. Donc on prépare le G20 de novembre par le conseil européen d’octobre. Politiquement on le prépare donc à 27 et non juste avec les membres du G20 : avoir un même message est crucial. Même si parfois ça n’a pas été fait, comme lors de la conférence sur le climat à Copenhague.

Villepin : un projet ambitieux

Jeudi 14 avril, Dominique de Villepin a présenté le projet de République Solidaire qu’il entend incarner. Ces idées ambitieuses et financées se veulent porteuses d’un véritable projet de société. Pour refonder la Nation, le président de République Solidaire entend responsabiliser et impliquer les citoyens comme les acteurs économiques, politiques et institutionnels dans un effort conjoint pour réformer notre pays.

REMETTRE LE CITOYEN AU CŒUR DE LA CITE

Devant la disparition du lien social et la montée du sentiment de solitude de l’individu, République Solidaire souhaite rendre au citoyen toutes ses dimen­sions de dignité, de solidarité et d’engagement au quotidien, en construisant une société où chacun puisse trouver sa place. République Solidaire estime que c’est en replaçant le citoyen au coeur de la cité, et en le responsabilisant, qu’il peut s’impliquer et se sentir partie intégrante de la communauté nationale.

Assurer la dignité de chacun

République Solidaire propose la mise en place d’un revenu citoyen, pour garan­tir à tous la dignité nécessaire au plein exercice de la citoyenneté. Accessible à tous les français majeurs, par une simplification des allocations existantes, le revenu citoyen permet, en prévoyant des contreparties à son versement, de dépasser la logique d’assistanat et d’encourager les initiatives.

Oser le choix de la responsabilité

République Solidaire propose la création d’un statut citoyen, consacrant les droits mais aussi les devoirs et responsabilités de chacun. Cet équilibre permet une meilleure implication dans la société, et passe aussi bien par l’instaura­tion du droit de vote obligatoire avec la reconnaissance du vote blanc que par le paiement par tous de l’impôt, en fonction de ses capacités, même à titre symbolique. Payer l’impôt, c’est un engagement civique. En retour, République Solidaire s’engage à une refonte fiscale qui soit juste : un euro de revenu doit être taxé dès le premier euro.

Assumer le choix de l’engagement

Etre solidaire, c’est être tourné vers les autres. La loi de 2006, sous le gouver­nement Villepin, ouvrait la création du service civil volontaire. Il faut l’élargir et le rendre obligatoire pour les jeunes et ouvert à tous. République Solidaire pro­pose donc d’institutionnaliser le service de solidarité par la mise en place d’un service citoyen, obligatoire pour les jeunes de 18 à 25 ans, dans des conditions souples pour ne pas interrompre les parcours des jeunes, et ouvert à toutes les autres classes d’âge, en contrepartie du revenu citoyen.

REFONDER LA REPUBLIQUE

Pour moderniser la France, et lui donner sa place dans l’Europe et le monde, nous avons besoin de moyens d’actions performants. Il convient de simplifier les institutions et de les rendre plus efficaces.

Refonder les pouvoirs

Une démocratie, pour être moderne, doit se donner les moyens d’exister. Cela passe par une véritable séparation des pouvoirs, en coupant tout lien entre justice et politique, par la dotation de véritables moyens pour un travail plus ef­ficace du Parlement, par le respect des sensibilités politiques, par une politique assumée de décentralisation, et par la garantie d’expression des citoyens au moyen de consultations par référendum.

Restaurer l’autorité de l’Etat

République Solidaire prend le parti de donner les moyens d’agir à l’Etat, en ren­forçant le rôle de ses agents par l’unification de leur statut, en légitimant l’appa­reil judiciaire, par une meilleure application des lois et en mettant un terme au millefeuille législatif. République Solidaire souhaite rendre l’Etat plus efficace, resserrer ses effectifs de manière rationnelle sans logique comptable et impli­quer les entreprises. Enfin il convient d’assurer la tranquillité publique au moyen d’une nouvelle relation entre police et population.

Réformer la Justice

Pour rendre la justice efficace, il faut la moderniser, la rapprocher des citoyens, et éviter le recours systématique au tribunal. République Solidaire propose de considérer la justice dans sa globalité, et de la repenser pour parvenir à un en­semble cohérent, simplifié, plus proche des citoyens.

Autonomiser les médias

Les médias constituent le quatrième pouvoir. Pour leur permettre d’exercer leur rôle en toute liberté, République Solidaire propose de les rendre indépendants des pouvoirs publics et de pérenniser les supports d’information en les viabili­sant dans la durée.

Faire de l’école un vecteur de l’égalité des chances

République Solidaire entend rétablir l’unité, l’égalité, et la primauté des savoirs, pour faire de l’école le socle de l’égalité républicaine. Ce projet ambitieux né­cessite de rompre avec le collège unique et avec une logique de zonage qui a montré ses limites, de renforcer la cohérence de la chaîne éducative et des programmes, de mettre les moyens en fonction des besoins du terrain, et de lutter contre les inégalités. L’enseignement supérieur, qui doit rester accessible à tous les étudiants, doit être refondu en grands pôles universitaires intégrant les différentes structures et s’ouvrir sur le monde.

Faire de l’Europe une chance

Au sein des 27 Etats membres, la France doit faire de l’Europe un levier efficace pour son action. République Solidaire propose de consolider l’axe franco-alle­mand. de repenser l’Union pour la Méditerranée en fonction des convergences démocratiques nées du Printemps Arabe, de renforcer la coopération au sein des 27. Enfin République Solidaire souhaite l’élection duprésident du Conseil Européen au suffrage universel, afin de rapprocher les citoyens des institutions européennes tout en dotant celles-ci d’un visage politique.

PROPOSER UNE ECONOMIE INNOVANTE

Maintenir la France dans la compétition mondiale impose de faire naître un nouveau modèle économique, tourné vers l’avenir, capable d’anticiper les mu­tations, et pionnier de la révolution économique et énergétique.

Moderniser la fiscalité

Maintenir l’emploi exige de repenser la fiscalité, pour faire baisser le coût du travail. Cette nouvelle fiscalité doit tenir compte des impératifs environnemen­taux, et faciliter les exportations. République Solidaire propose d’utiliser la TVA modulable sans toucher aux biens de première nécessité, et d’impliquer les entreprises dans cet effort national.

Instaurer un effort collectif et juste

Chacun le sait, notre pays doit réaliser un immense effort d’assainissement des finances publiques. Entre 2005 et 2007, Dominique de Villepin avait obtenu des résultats probants, en réduisant de 2 points le déficit public et en réalisant une réduction inédite du poids de la dette à 65% (aujourd’hui 82%). Cet effort doit être partagé par les citoyens, les acteurs économiques, et les politiques en faisant appel à l’épargne des français, en imposant une règle budgétaire consti­tutionnelle. Un effort doit également être réalisé en matière de compétitivité.

Mettre en place un pilotage de l’action économique

Pour être efficace, les mesures prises doivent être concertées avec les par­ties concernées. République Solidaire souhaite que chacun se sente impliqué : mise en place d’un Conseil National Stratégique, mise en oeuvre d’un vaste Plan Vert permettant de collecter les ressources de la contribution énergie car­bone, gérée par une banque verte permettant le financement de projets liés aux technologies environnementales, programmation d’un Grenelle de l’énergie qui aboutira à un référendum sur la politique énergétique à horizon 2030. L’avenir s’envisage dès aujourd’hui, aussi République Solidaire entend consacrer 3% du PNB à la recherche et au développement.

La mère des batailles sera celle de l’emploi. Celle menée entre 2005 et 2007 par le gouvernement de Dominique de Villepin avait permis de faire baisser le chômage à 7,8 % (aujourd’hui à 9,2%). Pour aller plus loin, République Soli­daire propose un service public de l’emploi associant à l’indemnisation et à la recherche d’emploi le parcours professionnel, afin de permettre un suivi per­sonnalisé et une valorisation des parcours. Enfin République Solidaire entend assumer un véritable patriotisme économique, en favorisant l’exportation de produits français, et leur promotion sur le territoire français.

RESTAURER NOTRE MODELE SOCIAL

Face à la mondialisation, notre système social est notre principal atout. Il convient de lui redonner son exemplarité sur l’échiquier mondial.

Construire de nouveaux services publics

Notre société a montré les nouveaux besoins de la population en terme de services publics, pour répondre aux enjeux sociétaux. République Solidaire propose la mise en place :

  • d’un service public bancaire, permettant d’orienter des fonds vers les PME et d’assurer l’ouverture d’un compte à tous ;
  • d’un service public du logement destiné à rationnaliser les moyens et les actions, notamment par l’utilisation à vocation sociale d’une partie du secteur locatif privé et la modération des loyers dans les zones tendues ;
  • d’un service public de la consommation visant à favoriser les productions ré­gionales et maintenir les petites surfaces commerciales.

Mettre la personne au cœur du modèle social

Mettre l’égalité des citoyens au coeur du débat, c’est d’abord penser en terme de proximité, afin d’apporter une réponse personnalisée mais cohérente. En terme de santé, République Solidaire propose de repenser le maillage territorial en articulant l’hôpital en trois échelons, de préserver le maintien du finance­ment de la santé en le régionalisant et en le rationnalisant, d’assurer un meilleur pilotage du système de soins par l’instauration d’un régime unique d’assurance maladie, et de renforcer la prévention des risques sanitaires.

Enfin la société se doit d’offrir la liberté et le respect à chacune de ses composantes : incitation fiscale à l’instauration de la parité dans les entreprises, service public de la petite enfance, débats sur les grandes questions de société telles que l’homo­parentalité, mise en place du testing grâce au service citoyen.

Favoriser l’équilibre des territoires

L’égalité des chances implique l’équilibre des territoires. République Solidaire propose un nouvel ancrage régional des politiques publiques, notamment via la création des métropoles et, par ailleurs,l’élection des conseils de quartiers. Mais le changement va jusqu’à notre mode de vie, qui doit s’adapter aux muta­tions de notre société et intégrer la dimension environnementale, par la mise en place de quartiers écologiques, le développement des réseaux de transports, l’habitat durable ou encore l’instauration de critères environnementaux dans les plans locaux d’urbanisme.

Enfin la politique de la ville doit être repensée, en ajoutant à la loi de Cohésion Sociale et d’Egalite des Chances de 2006, l’Agence Nationale de Développement Economique, un troisième pilier à côté de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine et de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances.

RECOUVRER UNE VOIX FORTE DANS LE MONDE

La France doit assumer dans le monde et ses atouts et ses spécificités.

Afficher une ambition culturelle mondiale

La culture française constitue un pôle d’attractivité : nous devons utiliser cet atout pour rayonner dans le monde, en affichant une politique culturelle ambi­tieuse, et instaurer une véritable économie de la culture. Affirmer l’exception culturelle française, se doter d’outils lisibles et efficaces, favoriser la fiscalité des artistes en dessous d’un certain plafond de revenus annuels, et instaurer la licence globale tout en assurant une juste rémunération des créateurs.

Retrouver notre compétitivité

Notre tissu économique étant mal structuré, notre compétitivité s’est dégradée. Les réglementations contraignantes n’ont pas permis d’enrayer ce mouvement. République Solidaire propose donc la réalisation d’un small business act à l’eu­ropéenne permettant de nous repositionner dans le paysage économique mon­dial. Les efforts devront porter vers les PME, avec de nouveaux dispositifs de capitalisation, la concentration du crédit Impôts Recherche sur les PME, et la création d’agences régionales à l’exportation.

Garantir notre indépendance

La France doit pouvoir porter dans le monde son message original, tout en travaillant de concert avec ses partenaires européens et mondiaux. Quelques pistes : sortie du commandement intégré de l’OTAN, proposition de mutualisa­tion de la dissuasion nucléaire à l’échelle européenne, refondation de la diplo­matie française en la dotant d’outils d’analyse modernes.

Valoriser l’Outre Mer

L’égalité des chances, c’est aussi permettre de tenir compte des spécificités territoriales, notamment en Outre Mer, afin que les ultra-marins puissent occu­per une place à part entière dans la vie de la Nation. Cela suppose d’avoir une politique de long terme, sur la base de la loi programme de 2003, favorisant l’investissement et l’emploi, pour offrir à la jeunesse d’Outre Mer de véritables perspectives d’avenir.

Assumer notre politique d’immigration

La France doit assumer sa vocation de pays d’accueil, et retrouver une poli­tique claire et cohérente sur l’immigration, au lieu de procéder par à coups. République Solidaire propose :

  • d’intégrer de la souplesse dans le dispositif en facilitant les aller-retours dans une perspective de co-développement avec les pays d’origine ;
  • de créer un parcours d’intégration ;
  • de simplifier le versant administratif par un titre de séjour unique progressif intégrant les droits et les devoirs ;
  • de clarifier la situation administrative des personnes en situations irrégu­lières durant l’examen de leur demande.