Sarko : enfin la fin du ni-ni…

sarkoniniRégionales 2015, souvenez-vous : alors que les scores du FN faisaient courir le risque d’une présidence de régions Fn, Sarkozy persistait à refuser d’indiquer une consigne de vote pour le second tour en cas d’élimination de la droite, préférant laisser à ses sympathisants le libre choix de voter pour le FN.

C’était le fameux NI-Ni : ni gauche, ni FN, je m’en lave les mains. Pendant le même temps, Alain Juppé tempêtait, se prononçant, lui, en faveur d’un vote républicain, fusse à gauche.

Qu’on soit très clair : en vertu de notre constitution, le vote se fait à bulletin secret. In fine, l’électeur a donc toujours le choix de voter pour qui il souhaite. Autrement dit, quand un politique donne une consigne de vote, ça n’est qu’une recommandation aux électeurs qui ont porté leur voix sur lui. C’est une position politique. Et à partir du moment où le FN peut se présenter à des élections, les électeurs peuvent voter pour le FN. Ca ne se discute pas.

En revanche, quand un politique prend position, il ne s’agit plus du droit des électeurs à voter comme ils veulent –c’est garanti par la Constitution- mais à donner SA propre position. Quoi qu’ait pu en dire Nicolas Sarkozy et ses amis pendant les Régionales, prôner le Ni-Ni n’est pas un refuge visant à laisser les électeurs choisir : ils ont déjà ce droit et il est constitutionnel.

Le Ni-Ni est une arme bien plus insidieuse. Elle consiste à dire aux électeurs que  s’ils souhaitent voter FN, ça ne lui pose absolument aucun problème au politique qui prend cette position et que c’est un choix tout aussi respectable que de voter pour la gauche républicaine. Il ne fait aucune différence entre ces deux offres. Autrement dit, il banalise le vote FN. Prôner le Ni-Ni, c’est dire aux électeurs que s’ils n’ont pas choisi le parti du politique concerné, ils peuvent aller vers les extrêmes.

On peut réellement s’interroger sur une telle prise de position au sein d’un parti qui se dit républicain et le porte dans son nom, et des tentations d’alliance entre Les Républicains et le FN, qui ont traversé la tête de certains de ses représentants. En la matière, Nicolas Sarkozy a beaucoup joué avec le feu.

Qu’il tourne aujourd’hui sur le Ni-Ni en affirmant chez Jean-Jacques Bourdin qu’en cas de duel Hollande/Le Pen il voterait Hollande, et tourne ainsi casaque, est heureux.

Après est-ce sincère ? Plus personne ne peut savoir, aujourd’hui, ce que pense vraiment Nicolas Sarkozy : à force de changer tout le temps d’avis sur tout pour courir après un électorat qui n’a plus envie de lui, le peuple ne parvient plus à le comprendre. La présidentielle étant, en France, encore fortement marquée par la rencontre entre un homme et un peuple, il y a fort à parier que malgré ce revirement, heureux pour une fois, cela ne soit pas suffisant pour l’emporter in fine, c’est-à-dire en mai prochain au cas où il viendrait à remporter la primaire.

Dimanche je voterai… François Hollande

Longtemps, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir voter lors de cette présidentielle. En tant que ChiracoJuppéiste absolument pas convaincu par le bilan de Nicolas Sarkozy, je suis naturellement orpheline de candidat, faute d’un choix plus probant à droite.

Durant deux années, j’ai milité pour Dominique de Villepin, tout en doutant de ses capacités non pas de président, mais de candidat. La suite de l’histoire m’a d’ailleurs donné raison, puisqu’il ne s’est pas qualifié. N’étant représentée par personne, que faire ?

Nombreux ont été les amis à tenter de m’orienter vers deux candidats. D’une part, Nicolas Dupont Aignan. Au nom du gaullisme. Bon, j’ai toussé. De nos jours, aucun candidat n’est réellement gaulliste. Ce terme est tellement galvaudé par les profanateurs de croix de Lorraine que j’ai du mal avec ceux qui s’en prétendent.

Mais surtout, je déteste les petits candidats qui font des promesses qu’ils ne pourraient jamais tenir s’ils étaient élus. NDA nous propose de sortir de l’Euro. Mais alors, pourquoi chiffre-t-il son programme en Euro ? Pourquoi ne pas parler en francs et estimer la parité qui pourrait exister ? Parce que ça ferait mal ? Pour sûr. Lorsque j’en ai parlé à ceux qui me conseillaient NDA, j’ai tout de même eu droit à un argument collector : « OK, mais à part ça ? Il est gaulliste ». A part ça ? Ca ne me semble pas un détail…

On a aussi essayé de m’orienter vers Bayrou. Soit disant le plus proche de mes idées. Un de ses soutiens a même poussé le vice jusqu’à me dire qu’il était gaulliste. J’ai toussé aussi. Je me suis également demandé pourquoi  tout le monde tenait à utiliser avec moi l’argument du gaullisme. Sûrement un raccourci de plus en raison de mon parcours Chiraco-Juppéiste avec un passage chez Villepin. C’est très court, mais bon. C’est aussi ça les élections.

Revenons à Bayrou. Certains points du programme me séduisent. Mais voilà, ça ne me suffit pas. La présidentielle, dans notre Constitution, c’est avant tout la rencontre entre un homme et un peuple. Le programme fait partie de l’homme. Mais ne fait pas l’homme. Et en 2007, j’ai déjà voté Bayrou au premier tour. Pour quoi ? Pour que le soufflé retombe, que le Modem reste à 56k, et qu’il ne se passe rien pendant 5 ans. Jusqu’à la présidentielle.

Si encore Bayrou avait eu mieux à faire que de monter un parti, comme par exemple faire son job de député à l’Assemblée nationale, j’aurais pu me laisser tenter. Oui mais voilà… L’homme qui entend rendre la présence obligatoire au Parlement affiche un bilan en la matière… quasi nul. Encore une fois, je n’aime pas qu’on me prenne pour une truffe.

Cette situation, je l’avais anticipée dès l’été dernier. A l’époque, je venais de quitter Villepin, imaginant déjà qu’il n’irait pas au bout, et j’imaginais que peut être, Bayrou finirait par me convaincre. Mais faute d’en être certaine, je m’étais préparée à voter pour le candidat de gauche. J’ai donc participé à la primaire, pour choisir celui pour lequel je serais prête à voter sous réserve de sa qualification si au second tour le candidat PS venait à être opposé à Nicolas Sarkozy. J’avais choisi François Hollande.

Restait alors la question du premier tour. J’ai un temps envisagé l’abstention, faute de ne pas trouver de candidat qui me permette d’exprimer ma sensibilité. Non, NDA n’est pas proche de moi. Non, je ne suis plus dans le mood(em) de la génération orange, déçue de 2007. Et enfin non, je ne voterai jamais Nicolas Sarkozy. Question de principe.

J’ai d’ailleurs évoqué cette idée de m’abstenir sur Twitter. Certains retours m’ont outrée tant le politiquement correct a désormais envahi cet espace. J’ai eu de l’argument collector. Par exemple, « tes grand-mères se sont battues pour que tu puisses voter ». Non, mes grand-mères ne se sont jamais battues pour ça, merci de ne pas les mêler à ces clichés. Il y a eu de nombreuses batailles dans ma famille, mais pas celles-ci. En même temps, elles étaient toutes les deux en cloque.

J’ai aussi eu droit à « des gens sont morts pour qu’on puisse voter ». Euh… des gens sont aussi morts pour la monarchie. Et les gens qui sont morts pour qu’on puisse voter, c’était à quelle époque et avec quel résultat ? Nan je demande…

Bref, les gens ont globalement du mal à comprendre qu’il existe deux types d’abstentionnistes. Celui qui n’en a rien à faire de la politique et qui a la flemme de bouger jusqu’au bureau de vote. Et puis il y a celui qui ne trouve pas parmi les dix candidats quelqu’un qui lui convienne, qui sait que le vote blanc et nul n’est jamais commenté, et qui se dit qu’en s’abstenant, il aura un vrai poids. Il pourra faire passer son message. Et ça, c’est aussi de la politique. Toujours se souvenir qu’en toute chose il y a le champ et le contre-champ…

Bref, j’ai tergiversé. Réfléchi. Etudié la question. Et pensé à 2007. Cette année là, il était hors de question pour moi de voter pour Ségo –je n’avais pas été l’une des animatrices du site Segostop pour rien- et encore moins Sarko. Au premier tour, j’ai choisi Bayrou. Les terres du milieu. La génération orange. Qui m’a déçue ensuite, mais sur le coup c’était chouette. Et au second tour… j’ai voté Chirac.

Si c’était en 2007 l’expression d’une fidélité sans faille au président –j’ai toujours voté Chirac- ça n’a plus de sens aujourd’hui, même si ma fidélité à Chirac sera éternelle. Elle est simplement plus affective que politique depuis qu’il est retiré des affaires, ce qui ne lui accorde plus vraiment de place sur un bulletin de vote.

Reste alors le plan B. Celui pour lequel j’ai voté lors de la primaire socialiste en octobre dernier. Lorsque j’ai fait le choix d’y participer, c’était précisément pour me donner une chance de « choisir » le socialiste qui pourrait figurer au second tour… dans l’idée de voter pour lui contre Nicolas Sarkozy.

Aujourd’hui, je souhaite toujours le départ de Nicolas Sarkozy, au terme d’un quinquennat à mes yeux calamiteux sur bien des plans, notamment sur les libertés et les institutions (dont la réforme territoriale), sans parler de la déliquescence de la fonction présidentielle, de sa confusion avec l’UMP et même sa famille, de cette habitude de dresser les français les uns contre les autres, de voir des délinquants partout (y compris chez les chômeurs et les malades), d’user de l’appareil législatif à chaque fait divers, des pressions sur ceux qui le dérangent, et de flirter avec l’extrême droite. De nombreux articles sur ce blog expliquent mes divergences avec Sarkozy et bien qu’étant de droite, je ne mettrai jamais un bulletin portant son nom dans l’urne.

Et je veux voir face à lui celui qui dispose des meilleures chances de l’emporter, mais également de gérer la France. Donc, qualifier au second tour celui qui à mes yeux, et parmi ces dix candidats, est le meilleur. Bayrou m’ayant démontré ses limites en 2007 en terme d’équipes, je crois toujours que c’est François Hollande qui pourra non seulement battre Nicolas Sarkozy, mais aussi gouverner. Pour toutes ces raisons, je voterai dès le premier tour pour François Hollande.

Résultats de l’élection : the Twitter Game

Twitter a inventé un nouveau jeu : rendre chèvre la commission des sondages. Oui, ce jeu est débile. Mais oui, on adore ça.

Pourquoi ? Parce que la commission des sondages a décidé d’interdire la diffusion des résultats sur Twitter et de menacer les contrevenants de poursuites judiciaires. Rien que ça.

Dis monsieur de « La Commission », on peut avoir le deux-tons si on se fait pincer ? On a droit aux menottes à la DSK quand on viendra nous chercher ? Au journal de 20h avec les « Breaking News » ? Dis monsieur de « La Commission », tu ne crois pas que tu en fais un peu trop ?

Forcément, il y a des gens pour trouver que twitter les résultats avant l’heure fatidique -20h, qui correspond à la fermeture des derniers bureaux de vote- SAYMAL. Le problème, c’est que de toutes façons, la divulgation des résultats avant 20h existe. Fut même une élection –en 2002- où Canal + annonça bien avant 20h « une grosse surprise ». Ensuite, ça fait un bail que les sites internet des journaux belges et suisses balancent les résultats.

D’autre part, l’étude réalisée sur l’impact d’internet sur les choix politiques contredit l’idée selon laquelle Twitter pourrait avoir une véritable influence : elle précise en effet que le choix des électeurs ne se cristallisent pas grâce à internet, mais en premier lieu par la télévision et la presse écrite. Si l’on ajoute à cette étude le faible nombre de twittos, les modalités d’accès aux comptes -il faut être abonné à un compte pour le voir ou que le tweet ait été « retweetée par d’autres », ce qui en limite la portée- et que l’on mixe tout ça avec la proportion de gens allant voter après avoir lu le tweet… Bref, tout ceci relativise vraiment le poids de n’importe quel tweet potentiellement incriminé.

Enfin pour terminer, la loi de 1977 ne prévoit pas le cas de Twitter. Et désolé, mais on ne peut pas « estimer » qu’elle inclut ce réseau : il existe des différences entre médias, notamment sur le temps de parole (la télévision doit respecter l’équité parfaite, mais pas la presse écrite) et ce justement parce que le poids n’est pas le même.

Admettons que Twitter soit hyper méga giga influent sur l’intégralité du corps électoral… Quelqu’un peut-il expliquer à « la Commission » que si on est sur Twitter, on est obligatoirement un internaute suffisamment averti pour aller visiter D’ABORD lesdits sites de médias étrangers ? Oui, gars de « la Commission », Dès lors, comment pourrait-on estimer le pouvoir d’influence sur twitter par rapport aux informations diffusées sur ces sites ? Bref, on est dans l’ultra présomption (de culpabilité) uniquement parce que trois vieux mecs au look d’aéroports à mouches -même si j’adore les chauves- ont peur de l’internet mondial.

Ceci dit, il y a de quoi avoir peur, mais pas vraiment de la diffusion des résultats. Sache le, gars de « la Commission », l’internaute est plus malin que toi. Crois moi sur parole, les autorité de régulation, ça nous connaît. Tiens, Hadopi a tenté, et s’est déjà cassée le nez. J’en veux pour preuve les zéro dossiers passés à ce jour devant le juge. C’est bien de brandir les menaces, mais à force de crier au loup… Parce que vois tu, gars de « la Commission », à moins de tomber sur un crétin qui va publier tels quels les résultats, on sera forcément dans l’interprétation. Du coup, ça risque d’être très très compliqué d’appliquer « la règle ».

Comment pourrait-on condamner un internaute sur la base de sa liste de courses, à coup de 16 kgs de tomates ou de 500g de rhubarbe ? Car, cher ami de « la Commission », ce tweet peut-être sarcastique. risque-t-on pas de condamner des gens sur la base de rien, juste parce qu’ils auront voulu faire un peu d’humour ? L’applicabilité paraît donc fort compromise. Et si un twitto devait se faire pincer, il y aurait encore matière à poser de jolies questions prioritaires de constitutionnalité.

Non, gars de « la Commission », ce que tu dois plutôt craindre, ce sont les répercussions en terme d’images de toute cette histoire. Parce que mon gars, il faut qu’on t’explique : on se moque de toi et là, tu es ridicule. C’est le principe même de Twitter. Les geeks sont de petits animaux assez funky qui aiment se saisir d’un sujet, le faire buzzer, trouver les parades…. Jusqu’à avoir un autre jouet. C’est un grand terrain de jeu, Twitter.

Et là, pour l’instant, à J-2, on a envie de te faire tourner en bourrique, gars de « la Commission ». On veut que tu deviennes chèvre à te demander comment tu vas surveiller tous ces tweets qui vont s’échanger. Que tu scrutes les comptes sortis dans la presse en te prenant pour Chloe O’Brian, ce qui te permettra de vivre un instant ton fantasme d’être Big Brother.

On veut que tu deviennes parano derrière chaque message parce que nous autres, twittos, on n’aime pas trop les gens qui trouvent que l’internet mondial, SAYMAL. Ca nous amuse de te savoir tenter de décrypter des codes qui existeront finalement chez bien peu de twittos, faute d’accès à l’information de base. Un détail auquel tu n’as manifestement pas pensé.

Que veux-tu, la dérision est inscrit dans le code génétique du Twitto historique. Bref, on est en train de te faire une bonne blague de geek. Et toi, t’as encore rien compris à l’internet. Allez, courage…

Les petites phrases, ou la politique de l’attaque*


Ce week-end, la classe politique, de droite comme de gauche, s’est livrée à une descente dans les tréfonds de la politique, usant des petites phrases comme d’une corde pour pendre sa crédibilité.

La petite phrase, un exercice limité

Franc-tireur de la gauche de la gauche, le si désagréable Jean-Luc Mélenchon, personnage imbu de sa personne et persuadé de présenter mieux que les autres, transfuge du Parti socialiste sur sa gauche et bernard-l’ermite squattant la coquille communiste. Selon Méluche le Grand, François Hollande serait un  » capitaine de pédalo dans la tempête « . Autrement dit, le candidat du Parti socialiste ne serait pas suffisamment armé pour affronter la situation de crise que nous traversons. Et serait donc, si l’on file la métaphore, voué à couler.

Mais les petits partis ne sont pas les seuls à se livrer aux petites phrases racoleuses pour se faire un peu de publicité. D’autres responsables politiques n’hésitent pas à se liguer vent debout contre Hollande, décidément l’homme à abattre, en raison de sondages flatteurs. Ainsi ce dimanche, c’est Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, qui a comparé le candidat socialiste à l’éléphant Babar, et Nicolas Sarkozy à Astérix. Quelle référence pour un ministre de l’Éducation Nationale qu’un ouvrage pour enfants…

Finalement, dans le cas de Mélenchon comme dans celui de Chatel, on aura moins retenu le message que le procédé. Et c’est bien fait. Car si les petites phrases de la vie politique donnent lieu à sélection pour le Prix de l’humour politique, ça n’est jamais ce qui fait avancer le débat. Par définition, la petite phrase n’a d’autre fonction que de combler le vide intersidéral de la pensée politique de celui qui la crée. Elle sert juste à occuper le terrain, faute d’un argumentaire puissant.

Et si encore, nos politiques s’arrêtaient là. Mais non. Parce que lorsqu’on n’a pas d’arguments, la meilleure des défenses reste encore l’attaque de ses adversaires. Et naturellement, du plus menaçant. Les habitués des Questions au gouvernement le savent bien : depuis un moment déjà, le gouvernement dans ses réponses, et parfois même les députés de la majorité dans leurs questions, n’ont cesse de justifier les soucis de notre pays par la faute du PS en général, et des 35 heures en particulier. Peu importe que le PS n’ait plus gouverné depuis 10 ans…

L’attaque n’est pas toujours la meilleure des défenses

L’UMP a en effet érigé l’anti PS en ligne politique. Depuis plusieurs mois, le parti majoritaire s’est fait une charte graphique à base du panneau danger du code de la route, histoire d’alerter sur la politique dangereuse que prônerait, selon lui, le Parti socialiste.

Derniers exemples en date : la tenue d’une convention sur le programme du PS, fin octobre, proposant un chiffrage largement exagéré des propositions socialistes, et la sortie ce jour d’un tract de 4 pages axé sur les propositions socialistes, et édité à 3 millions d’exemplaires.

En positionnant sa communication uniquement en défense, comme un parti de contre, l’UMP se limite aux réactions, et atteint alors sa limite : apparaître comme un parti cherchant à marquer des points par hasard, au faveur d’un contre, et non comme un meneur du jeu politique. Sidérant pour un parti au pouvoir.

La mauvaise foi institutionnalisée

Plus étrange encore, la mauvaise foi institutionnalisée. S’il reste naturel qu’un parti délivre des argumentaires et édite un comparatif entre les propositions des autres et les siennes, encore faudrait il pour cela se livrer à quelques préalables, et notamment s’assurer que l’on délivre des éléments fiables.

Sur ce tract, c’est loin d’être le cas. D’une part, le programme socialiste présenté par l’UMP est celui qui avait été voté par le PS, certes. Mais il a depuis été récusé par François Hollande, au motif qu’il avait été réalisé sur des hypothèses de croissance trop optimistes. Le candidat socialiste a annoncé qu’il présenterait la nouvelle mouture en janvier. Les éléments relatifs au PS contenus dans ce tract sont donc forcément faux, car dépassés.

D’autre part, l’UMP n’est pas plus fiable sur ses propres propositions. Si à ce jour, si l’UMP a produit une réflexion sur certains sujets épars via la tenue de conventions programmatiques, Bruno Le Maire a encore précisé ce lundi dans l’émission Mots Croisés que le candidat de l’UMP serait libre au regard de ses éléments. En d’autres termes, ce ne sera pas le programme définitif du parti majoritaire. Au final, l’UMP choisit donc d’agresser le candidat qu’elle craint le plus, sur la base d’une propagande totalement invérifiable. Et d’enfoncer le clou par la voix du Premier ministre, tout aussi vindicatif à l’égard du candidat socialiste, hier en meeting à Vertou.

A six mois de l’échéance présidentielle, quelle triste image de la politique que de constater cet enfermement permanent d’une très large partie de la classe politique, y compris au plus haut niveau de responsabilité, dans la politique politicienne, bien éloignée des préoccupations du corps électoral. Responsables politiques aspirant à la magistrature suprême, et partis les représentant, ressaisissez vous, et élevez le débat !

*Article publié sur Le Plus du Nouvel Obs à cette adresse

Assemblée Nationale : les papys font de la résistance !

Mais quel mouche a donc piquée Jack Lang ?

Dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche, l’élu PS, âgé de 72 ans, s’est estimé « promis à la guillotine » par la proposition d’Arnaud Montebourg de limiter à 67 ans l’âge limite des candidats PS à la députation en juin 2012. Alors que l’Assemblée nationale élue en 2007 affiche le triste record d’être la plus vieille de la Vème République, la question mérite pourtant d’être posée…

Montebourg a raison, et le sujet n’est pas nouveau. Il y a 15 ans, Juppé avait déjà tenté de refuser l’investiture aux plus de 75 ans, et s’était lui aussi attiré les foudres de ses pairs. Et pourtant, même si la population est vieillissante, on ne peut plus, dans une démocratie moderne, être représentés par des politiques devenus professionnels, et siégeant depuis des décennies.

Et pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. L’assemblée de 1981 était rajeunie. Celle de 1993 avait vu l’arrivée des bébés Chirac, avec les Baroin, Gaymard, Bédier, Muselier, … Ils étaient alors une poignée, âgés de moins de 36 ans. Quelques années plus tôt, en 1985, Laurent Fabius devenait Premier ministre…. A seulement 37 ans. Dans les années 80 et 90, la valeur n’attendait pas le nombre des années. Que nous est-il arrivé ?

Comment se sentir alors concernés par la vie politique, si l’on ne se reconnaît plus dans ceux qui nous gouvernent ?  Les jeunes, comme les femmes, sont voués aux circonscriptions perdues d’avance, lorsqu’ils parviennent à être candidats. Et lorsque l’on parle de jeunes, en politique, il s’agit d’aspirants élus jusqu’à quarante ans. Plus vraiment jeunes, mais pas encore assez vieux pour prétendre siéger.

Plus que l’âge de l’élu, c’est en effet le nombre de mandats successifs détenus par un élu qui pose question. Truster ainsi un siège fait échouer notre société dans le renouvellement de sa classe politique, qui finit dans une oligarchie totalement déconnectée de la réalité, faute de sang neuf. Résultat, notre chambre basse n’est pas à l’image de la société : trop peu de femmes, certaines catégories sociales –les ouvriers, par exemple- sont sous représentés.

Elle manque alors de vitalité. Et se trouve parfois en décalage sur les sujets sur lesquels elle est amenée à s’exprimer, comme ce fut le cas pour les lois Création et Internet successives, et finit par voter des lois inapplicables, devenant la risée des plus jeunes qu’elle est aussi censée représenter. Fracture générationnelle…

Certes, cela pose la question du statut de l’élu. Si les parlementaires souhaitent conserver leur siège, c’est aussi, pour une partie d’entre eux, parce que le retour dans leur métier d’origine est impossible. Même s’il s’agit d’une minorité, les élus mis en disponibilité de la fonction publique ou les professions libérales n’étant pas concernés par ce problème, cela permettrait aussi de résoudre le cas des simples salariés.

Une mise à plat générale, s’interrogeant sur la représentativité des élus, permettrait certainement d’avancer tant sur leur statut que sur l’accès à la candidature des différentes composantes de notre société. Et d’inciter les partis à plus de diversité.

Mais non. La question restera en suspend. Les aînés ont gagné -la proposition étant discriminatoire au yeux de la loi, même si une simple recommandation aurait pu être élaborée en ce sens au sein du PS, puisque c’était une question interne- et pourront tranquillement se présenter, ad vitam eternam, sans que le débat sur la représentativité ainsi ouvert ne soit prolongé. Les jeunes devront attendre d’être vieux pour pouvoir siéger, quant aux femmes… Mais les vaches parlementaires seront bien gardées.