Photomatronche

Vendredi, j’ai envoyé une candidature pour un poste sur lequel je pouvais convenir. Une vraie candidature, loin de celles « quota Pôle Emploi » accumulées juste pour démontrer que je cherche du travail sans avoir la moindre chance d’être retenue parce-que-je-ne-suis-pas-comme-ci-ou-comme-ça. Ca se passe comme ça chez Pôle Emploi… Enfin si l’on veut éviter la radiation.

Trois minutes après, le portable a sonné : au bout du fil, la recruteuse, qui semblait avoir flairé le bon plan. La conversation s’est éternisée bien au-delà des quelques minutes prévues, et nous avons disséqué mon CV comme les souris en classe de 5ème B.  Tant et si bien que lorsqu’elle m’a proposé de nous rencontrer ce lundi, je me demandais bien ce que nous pourrions avoir à nous dire de plus.

Elle m’a également demandé de lui envoyer par mail ma photo « sur demande du client ». Des fois que je serais moche, ce qui est loin d’être le cas. Rappelons tout de même que lorsque la photo est demandée dans l’annonce, je ne candidate ja-mais : je n’ai pas pris l’option Bimbo.

C’est néanmoins toute pomponnée et toute guillerette que j’ai quitté mon appartement douillet et préservé de la chaleur par mes superbes nouvelles fenêtre à double vitrage, pour effectuer ¾ d’heure de trajet en plein cagnard, dans un RER puis un bus. Va faire tenir ton make-up par ce temps, tiens ! Et va éviter de planter un talon dans les pavés, aussi !

C’est en un seul morceau, encore relativement fraîche, mais au bord de la déshydratation que je suis arrivée au cabinet de recrutement. Une dame charmante m’a accueillie et proposé un verre. Après avoir hésité à lui demander un pastis, je lui ai gentiment demandé un verre d’eau : le Saint Graal ! J’aurais presque pu repartir illico tant j’étais heureuse d’avoir pu me sustenter. La dame m’a également proposé de prendre ma veste, et c’est moi qui lui en ait mis une. Ah ah. Après tant d’efforts, je tenais à être absolument impeccable pour cet entretien. C’était sans compter sur la salle de réunion surchauffée dans laquelle elle m’a demandé de patienter. Sans mentir, il y faisait bien plus chaud que dehors !

Au bout de quelques trop longues minutes, la dame –en fait la recruteuse- et une de ses copines –une autre recruteuse- sont revenues, pour entamer l’entretien. Là, il m’a été demandé de rappeler mon CV de manière rapide –comprendre moins de 2 minutes-, puis la copine de la recruteuse est partie. S’en est suivi un échange surréaliste. La recruteuse m’a demandé deux précisions techniques proches de l’enculage de mouches sur mon parcours, et m’a ensuite donné le nom du client. Voilà. En 5 minutes, nous avions fait le tour de cet entretien.

Tant d’acharnement à lutter pour rester fraîche sous le cagnard et à prier pour ne pas choper des ampoules dans mes nus pieds à talons, pour 5 petites minutes d’entretien. Raison invoquée : « il fallait que je vous vois et que je vous donne le nom du client ».Autrement dit, il fallait voir ma tronche. La photo ne suffisait pas ?

Ressources, peut être, humaines, ça dépend…

Quand j’étais petite, la télévision diffusait souvent une publicité pour la Vache Qui Rit, dans laquelle de nombreuses meuh meuh se présentaient à un casting pour représenter la marque. A chacune d’elle, une réponse : trop comme ci, pas assez comme ça… A croire que l’on nous préparait de manière subliminale à nos futurs entretiens d’embauche.

Ces derniers temps, j’ai réussi à en décrocher quelques uns. Ce qui m’a permis de réviser quelques notions de bases sur la loi de l’offre et de la demande : plus il y a de chômeurs, plus la sélection se fait sur des détails parfois étonnants, et moins les entreprises sont attentives aux arguments qu’elles donnent en cas de réponse négative… ni sur la manière dont elles peuvent donner cette réponse. Pire, il y a un certain relâchement dans le comportement de certains…

Petit florilège de mes récentes expériences avec ces étranges travailleurs que l’on dit spécialiste en ressources humaines…

Catégorie « ne sait pas lire »

Un cabinet de recrutement , qui m’a appelée en urgence pour un poste à pourvoir pour avant-hier, demandant à me voir dans l’heure, me fait passer un entretien surréaliste (la DRH répondant elle-même aux questions qu’elle posait sur la simple lecture de mon CV) me fait passer un test oral d’anglais, puis me demande ce que je pense de mon niveau.« Courant », dis-je. Elle confirme : « Et même bon courant ! ». Puis me dit que  pour le poste, il faut être bilingue en anglais de la finance. Euh… mon CV mentionnait courant, pas bilingue, et il était clair au vu de mon expérience que je n’ai jamais travaillé dans la finance.

Une administration me fait passer un entretien pour un poste d’assistante de direction. Quelques jours plus tard je suis rappelée : « votre expérience d’assistante de direction date un peu et vous avez un niveau nettement au dessus ». Euh… c’était écrit dessus…

Catégorie « ne respecte pas les règles »

Ce même cabinet de recrutement, m’a fait passer un test de personnalité… et ne m’en a jamais donné le résultat malgré mes relances. C’est interdit, et pourtant, c’est arrivé.

Une entreprise m’a demandé ouvertement ma situation matrimoniale et si j’avais des enfants avant de me convoquer pour une date, les petits n’enfants étant incompatibles avec ce travail. C’est tout aussi interdit.

Catégorie « goujaterie »

Une entreprise m’a reçue à la demande de son directeur général, membre de mon réseau… ce qui n’a pas plu à la DRH. S’en est suivie une heure d’entretien glacial, limite désagréable, histoire de bien me faire sentir que je n’aurai jamais le job. Bilan, une heure de perdue pour toutes les deux. Nice…

Après trois entretiens qui m’avaient menée en finale, une entreprise ne m’a même pas rappelée pour me faire part de la réponse définitive, préférant m’envoyer un mail de ce type : « après un examen attentif de votre dossier, nous regrettons de ne pouvoir, malgré son intérêt, lui donner une suite favorable. En effet, parmi l’une des autres candidatures reçues, correspond de façon plus précise aux exigences du poste ». Notez le « candidature reçue »… après 3 entretiens !!!

Appel intéressant du cabinet de recrutement

Fin août, j’avais été repérée par un cabinet de recrutement qui a ouvert il y a un an une branche dans mon secteur, à savoir le domaine public/para-public. Mon profil les avait intéressé, et nous nous étions séparés bons amis, en nous promettant de nous passer un petit coup de fil de temps en temps, et nos voeux en fin d’année.

J’avais un bon feeling, et aujourd’hui, juste avant de passer mon entretien du jour, j’ai reçu un appel. Que j’ai décroché, puisque j’étais en salle d’attente. Tout en précisant que j’allais rappeler juste après, parce que ça ne le fait pas de répondre pour un job quand on est reçu pour un autre.

Dès l’entretien terminé, je me suis précipité sur mon portable, toute émoustillée à l’idée que le job parfait pouvait m’attendre : après tout, le bonheur, c’est simple comme un coup de fil ! Bon, faut tout de même voir, vu que c’était un slogan de France Telecom…

Consultante me présente la structure, une grosse mairie de la région, et m’indique qu’il y a plusieurs postes. Le premier consiste à gérer l’agenda du maire. Euh… 35h par semaine, même en prenant 25 pauses clopes par jour, je ne vois pas comment ça peut occuper tant de temps. Je lui explique, tout en précisant que je sais faire, mais que c’est franchement sous-dimensionné.

Consultante évoque alors un autre poste, tout en se demandant si je connais ce domaine… Bah tu parles que je connais le logement social ! C’était 40% du poste juste avant celui que j’ai occupé ! Il y a un an encore, je gérais 400 dossiers par an ! Là, je sens que Consultante est heureuse. Et même doublement heureuse… car il s’agit d’une mairie UMP. Et vu mon CV, elle pense avoir décroché THE perfect match.

Le salaire coince un peu, mais je lui explique les divers moyens qui existent -et notamment le régime indemnitaire- pour achever de la convaincre : mon profil est supérieure à celui recherché, il est donc logique que mon salaire le soit, et ça fait tout de même 6 mois qu’ils cherchent… sans trouver car ils n’ont que des profils « trop justes ». Peut être que là ils tiennent ce qu’ils veulent ?

Je rajoute un chouillas de pression, en expliquant que mon précédent rendez-vous s’est extrêmement bien passé et que j’aurai une réponse en fin de semaine… ce qui signifie que je vais peut être lui passer sous le nez.

Et là, elle met le turbo. J’ai à peine le temps d’envoyer un texto à mon Ex-Boss qui me sert de conseil -mon Pôle Emploi à moi que j’ai- qu’elle l’appelle. Bah oui, il est dans mes références… Bon, comme j’ai tout de même eu le temps de l’avoir en ligne pour lui dresser le tableau du poste et de ce qu’ils recherchent, Ex-Boss me vend à merveilles, et me rappelle pour un débriefing. Logiquement, je devrais décrocher l’entretien… Affaire à suivre !

Entretien avec un Député-Maire

Cet après midi, j’ai rendez-vous avec le député-maire d’une ville de 30 000 habitants, à environ 1h de transports de chez moi. Par temps calme. Sans embouteillages, mais aux heures creuses.

Député-Maire me propose d’être sa nouvelle assistante. En binôme. Hummmmm… C’est un peu sous-dimensionné pour moi, mais apparemment, il souhaite une assistante doté d’un cerveau, et capable d’écrire ses courriers dans un français correct. Bref, d’être son image auprès des autochtones.

Ceci dit Député-Maire est intéressant. Il a remonté les finances locales de sa ville à la force du poignet, et a su la développer, en évitant l’écueil d’une dimension uniquement résidentielle, et en veillant à l’animation de sa ville. Avec l’arrivée de commerces de proximité. Et sans que ce soit au détriment du stationnement, puisqu’il a même pensé au parking public. Bref, Député-Maire sait manifestement gérer ça ville. Et ça, ça me plait. Je ne me prive pas pour le lui dire, lorsqu’il me demande pourquoi j’ai candidaté. Bah oui, ça n’est pas pour les photocopies…

Comme le poste est sous-dimensionné, je réserve ma réponse. Celle de Député-Maire est attendue pour la fin de semaine. Nous verrons alors si comme moi, il pense que je suis au-dessus, ou s’il tente l’aventure.