Sarko : enfin la fin du ni-ni…

sarkoniniRégionales 2015, souvenez-vous : alors que les scores du FN faisaient courir le risque d’une présidence de régions Fn, Sarkozy persistait à refuser d’indiquer une consigne de vote pour le second tour en cas d’élimination de la droite, préférant laisser à ses sympathisants le libre choix de voter pour le FN.

C’était le fameux NI-Ni : ni gauche, ni FN, je m’en lave les mains. Pendant le même temps, Alain Juppé tempêtait, se prononçant, lui, en faveur d’un vote républicain, fusse à gauche.

Qu’on soit très clair : en vertu de notre constitution, le vote se fait à bulletin secret. In fine, l’électeur a donc toujours le choix de voter pour qui il souhaite. Autrement dit, quand un politique donne une consigne de vote, ça n’est qu’une recommandation aux électeurs qui ont porté leur voix sur lui. C’est une position politique. Et à partir du moment où le FN peut se présenter à des élections, les électeurs peuvent voter pour le FN. Ca ne se discute pas.

En revanche, quand un politique prend position, il ne s’agit plus du droit des électeurs à voter comme ils veulent –c’est garanti par la Constitution- mais à donner SA propre position. Quoi qu’ait pu en dire Nicolas Sarkozy et ses amis pendant les Régionales, prôner le Ni-Ni n’est pas un refuge visant à laisser les électeurs choisir : ils ont déjà ce droit et il est constitutionnel.

Le Ni-Ni est une arme bien plus insidieuse. Elle consiste à dire aux électeurs que  s’ils souhaitent voter FN, ça ne lui pose absolument aucun problème au politique qui prend cette position et que c’est un choix tout aussi respectable que de voter pour la gauche républicaine. Il ne fait aucune différence entre ces deux offres. Autrement dit, il banalise le vote FN. Prôner le Ni-Ni, c’est dire aux électeurs que s’ils n’ont pas choisi le parti du politique concerné, ils peuvent aller vers les extrêmes.

On peut réellement s’interroger sur une telle prise de position au sein d’un parti qui se dit républicain et le porte dans son nom, et des tentations d’alliance entre Les Républicains et le FN, qui ont traversé la tête de certains de ses représentants. En la matière, Nicolas Sarkozy a beaucoup joué avec le feu.

Qu’il tourne aujourd’hui sur le Ni-Ni en affirmant chez Jean-Jacques Bourdin qu’en cas de duel Hollande/Le Pen il voterait Hollande, et tourne ainsi casaque, est heureux.

Après est-ce sincère ? Plus personne ne peut savoir, aujourd’hui, ce que pense vraiment Nicolas Sarkozy : à force de changer tout le temps d’avis sur tout pour courir après un électorat qui n’a plus envie de lui, le peuple ne parvient plus à le comprendre. La présidentielle étant, en France, encore fortement marquée par la rencontre entre un homme et un peuple, il y a fort à parier que malgré ce revirement, heureux pour une fois, cela ne soit pas suffisant pour l’emporter in fine, c’est-à-dire en mai prochain au cas où il viendrait à remporter la primaire.

Municipales 2014 : enfumage autour du FN et fracture politique

logomun2014Il aura donc suffi que Marine Le Pen prétende que le bipartisme cédait sa place au tripartisme –le troisième larron étant bien sûr le FN- pour que l’ensemble de la classe médiatique et dans une moindre mesure, de la classe politique, cède à cette analyse fantasque et pousse des cris d’orfraies à faire flipper la France entière.

Petit problème, c’est de l’intox : sur ce premier tour des élections, le vote FN n’a concerné qu’à peine 3,8% des votants*. Pourquoi alors en faire une telle montagne ?

Non, le Front National n’a pas envahi la France et non, notre pays n’est pas raciste. Rien ne m’énerve plus que de lire de telles âneries. Avant de les proférer, il serait de bon ton de regarder comment cela se passe chez nos voisins et d’avoir un peu d’honnêteté : ainsi, il est simple de réaliser que notre population est l’une des plus ouvertes et accueillantes à l’égard des étrangers, que ce soit au travers de ses lois ou par le comportement de ses habitants.

Et pourtant, à entendre les analystes dimanche soir, notre pays serait à feu et à sang, prêt à basculer dans l’horreur du vote bleu marine. Franchement, j’ai honte de lire ou d’entendre ces prétendus « journalistes », « experts », « spécialistes » de la politique car les chiffres sont tout autres.

La réalité, c’est que le FN est arrivé en tête dans 16 communes sur 36 664. Qu’il en a gagné une seule au premier tour. Que son score ne représente que 4,65% des voix qui se sont exprimées. Et pour cause : il n’avait pu présenter une liste autonome que dans 597 communes sur 36 664. Ce qui signifie que dans les villes, les gens ne voulaient pas être sur leur liste. Si l’on regarde d’encore plus près les scores du FN, ils représentent, certes, 16,5% des suffrages exprimés en moyenne dans les 597 villes où ils se sont présentés, mais ne dépassent les 10% que dans 316 villes (source : Le Monde).Voilà la réalité.

Alors bien sûr, on peut estimer que c’est trop. Que le danger existe. S’offusquer du racisme qui est, rappelons-le, interdit par la loi. Oui, trois fois oui. Mais par pitié, que l’on cesse de nous faire croire que le danger d’un FN au pouvoir serait imminent ! Hurler à la mort la prise d’Hénin-Beaumont constitue un extraordinaire foutage de gueule. Comme si personne ne l’attendait. Dans ce Nord où depuis la fermeture des mines, les gens sont désorientés, toutes les promesses ont été faites et jamais respectées. Ce résultat n’a rien d’étonnant. Mais ça n’en fait pas une généralité nationale.

On peut aussi noter qu’en 2008, le FN ne réalisait que 1,05% et constater que cette année, il fait quatre fois plus. Oui, c’est un chiffre réel et demande à être commenté. Mais sérieusement, les cris d’orfraies représentent-ils une réponse mesurée à ces chiffres ? Non. Parce qu’aujourd’hui, avec 63,55% de participation, et attendant de pouvoir tenir compte des bulletins blancs et nuls*, cela nous place le FN à 3,77% des votants. Un chiffre qui sera forcément moindre lorsque le chiffre des suffrages exprimés par rapport aux inscrits. Voilà : moins de 3,8% des français en âge de voter ont mis un bulletin FN dans l’urne. En 2012, Marine Le Pen a réalisé un score de 17,9% des suffrages exprimés, qui eux, représentaient 77,96% des inscrits. Soit 13,95% des inscrits : quasiment 4 fois plus que cette année.

Le FN, un parti surcoté

Bien sûr, on m’opposera que le FN n’étant pas présent partout, certains de ses électeurs n’ont pu voter. C’est pour cela que j’ai publié en début d’article à la fois le score moyen, et le nombre de ville où le score du FN dépasse les 10%. Evidemment, le poids du FN est certainement supérieur à 3,8%. Il est vraisemblablement proche des 16,5% comme l’indique le score moyen réalisé par les 597 listes déposées. La piste la plus sérieuse, pour évaluer le poids du FN, c’est encore d’observer son score aux élections présidentielles, qui sont à la fois celles où le FN a fait ses meilleurs scores, et celles où la participation est la plus forte.

Qu’observe-t-on ? Qu’en 2012, Jean-Marie Le Pen a fait un score de 17,49%, légèrement amélioré par sa fille en 2012. Ainsi, au plus fort de son score, le FN n’a jamais réuni que 17,9% des suffrages exprimés (présidentielles 2012, source ministère de l’intérieur) soit 13,95% du corps électoral. On est tout de même à plus de 26 points de la majorité absolue… C’est ça le grand danger ? Sérieusement ? Alors que pour l’emporter le FN devrait presque tripler son plus haut score jamais réalisé ?

C’est bien de lutter contre le FN mais à un moment donné, il faut utiliser des arguments porteurs, et arrêter de triturer les chiffres ou de les présenter d’une manière suggestive. L’opinion est importante, mais elle doit, du côté des experts, se baser sur une analyse sérieuse. Et depuis dimanche, comme depuis 30 ans, ça n’est pas le cas. La presse déconne, obsédée par sa course anti-FN. Du coup, elle en oublie l’essentiel.

La fracture politique, un danger croissant

Il faut dire que, depuis 30 ans, le FN, avec ses idées nauséabondes présente bien des avantages pour nos analystes, et notamment celui de faire un formidable paravent. Il suffit d’agiter l’épouvantail du FN et hop, on consacre moins de temps aux manquements des autres candidats, qui deviennent, de fait, plus faciles à pardonner. Et au passage, on stigmatise les électeurs du FN, sans se demander quel message ils ont bien voulu passer. Ou du moins, on ne s’y attarde pas…

Pour moi, ces chiffres révèlent un danger bien plus grand : 36,45% des inscrits ne se sont pas rendus aux urnes. Ce chiffre de l’abstention, lui, est en constante augmentation. Pire, si l’on intègre les bulletins blancs et les bulletins nuls, on approche* des 40% des inscrits qui n’ont pas choisi de candidat. Ce chiffre-là est énorme, et devrait retenir l’attention.

Ces gens-là ne sont plus, comme auparavant, les flemmards de l’élection, les têtes de linotte qui oublient qu’il faut voter. Non, ils ont été rejoints par une nouvelle vague qui rejette non plus les partis actuels –y compris le FN- mais carrément le système politique. La grande nouveauté, c’est que justement, le FN ne fait plus figure de solution de repli. Ne serait-ce que parce que certains ont déjà testé ce vote. Désormais, une grande partie de ces non-électeurs refusent de participer à ce temps démocratique.

A mon sens, le danger aujourd’hui n’est pas le FN. Lors de ce scrutin, où l’on a entendu les mêmes analyses que depuis 30 ans, on a assez peu entendu parler de l’évolution des abstentionnistes. Or une nouvelle vague est apparue, celle des abstentionnistes éclairés. Ceux pour qui ne pas voter est un choix, un véritable acte politique. La plupart du temps diplômés, et souvent issus du sérail politique, ils ne croient plus en la politique.

Lassés d’entendre le même discours depuis 30 ans, ils n’ont plus foi en une classe politique consanguine, refermée sur elle-même, qui ne connaît ni la France, ni les Français, ni même bien souvent, ses propres lois. Cette caste issu du microcosme dont parfois, ces nouveaux abstentionnistes ont fait partie, ce qui leur permet de savoir mieux que personne que rien ne changera.

Des partis qui ne représentent plus personne

Maintenant que la France a testé la gauche (sous Mitterrand) puis la droite (sous Chirac), puis la droite de droite (sous Sarkozy) puis la gauche de droite (sous Hollande), que peuvent espérer les français ? Aucun de ces présidents n’a fait les réformes que la France attend et dont surtout, elle a besoin. Et pour cause : dès que l’un d’entre eux tente une réformette, la France sort dans la rue. Et le politique cède. Seul Juppé a tenu 3 semaines, en 1995, et on sait ce que cela a pu politiquement coûter à son camp. Depuis, tous ont cédé plus vite que la lumière…

Irréformable, la France n’a pas d’avenir politique. Le pouvoir est désormais économique. Le gouvernement, quelle que soit sa couleur, tente de gérer « au mieux » mais sans prise réelle ni sur la crise financière qui touche le monde, ni sur le chômage qui gangrène notre société. Résultat, ce sont aujourd’hui 36,45% des français qui ne se présentent pas aux urnes, un chiffre aux alentours de 40%* si l’on comptabilise tous ceux qui ne choisissent pas de candidats. C’est alarmant.

C’est notre système qui est en cause. L’élection repose sur les partis et non les hommes, et leur utilisation a été largement détournée de l’idée que s’en faisait De Gaulle et ses comparses en rédigeant la constitution de 1958. Les partis, aujourd’hui, ne sont plus qu’une rampe de lancement pour la présidentielle, animé selon les règles d’un fan-club, frisant parfois la limite du culte de la personnalité, et dénués de toute réflexion.

Oh, on m’opposera qu’il existe nombre de clubs de réflexions qui y sont reliés. Mais quels poids ont-ils sur le programme de leur parti ? Aucun. Ce sont des économistes ou think-tanks extérieurs qui influencent leurs candidats. Une fois élus, les nouveaux gouvernants découvrent, tour à tour, quel que soit leur camp, les réalités du pouvoir, et oublient leurs promesses. Ils gouvernent alors comme ils le peuvent, sans réelle prise, et finalement, sans pouvoir, mais en tentant d’en sauver les apparences. Les abstentionnistes l’ont compris.

Si l’on ajoute à cela les affaires des quelques politiques moins sérieux que les autres, c’est toute la classe politique qui se retrouve dans le même panier : celui de la désillusion. Le drame, c’est qu’elle refuse de le voir. Et en agitant une fois encore, à l’issue de cette municipale, l’épouvantail du FN, elle montre qu’elle n’a rien compris au monde qui l’entoure et à la réalité de la France. Les gens sont bien moins cons que ne l’imagine le détestable microcosme, et bien plus futés.

Ils savent que coincée entre l’Europe, avec son euro fort, et un coût du travail très élevé, la France n’est pas prête de réussir l’équation qui la sortira du chômage. Ils savent que chaque gouvernement ne fait que bricoler quelques plans, chacun ses bonnes œuvres, mais que le volontarisme pour mener une action pérenne a depuis longtemps été jeté aux oubliettes.

Enfin pour terminer, la règle des élections intermédiaires a une fois de plus été respectée : le pouvoir en place perd. Cette fois, c’est le PS, avec une claque est plus importante que la fois précédente. Et tout le monde s’en étonne, le président de la République le premier. Pourtant, cette sanction du pouvoir en place, qui change systématiquement de côté, devrait alerter les politiques : ça n’est pas un camp qui est condamné, mais l’exercice qu’il fait du pouvoir. Autrement dit, le système.

D’ailleurs, qui ces partis réunissent-ils ? Quand l’UMP se félicite d’être le premier parti de France, elle oscille entre 200 et 250 000 adhérents. Sur 27 millions de votants, c’est au maximum 0,9% du corps électoral. A l’instar des syndicats, qui continuent de lutter pour les intérêts des travailleurs alors que les travailleurs actuels, notamment dans le tertiaire, ne votent plus depuis longtemps aux élections syndicales, le monde politique est en train, lui aussi, de se vider peu à peu de sa représentativité. Ce qui naturellement, à terme, menace sa légitimité.

Et c’est bien là que se trouve le véritable danger. Aujourd’hui, cette fracture politique représente désormais environ* 40% du corps électoral. Face à cette situation catastrophique de légitimité électorale qui s’effrite de scrutin en scrutin, le microcosme politique a beau jeu de jeter l’opprobre sur le vilain FN, facile à critiquer, plutôt que de se mettre en cause. Cette caste repliée sur elle-même, complètement ankylosée dans ses certitudes et coupée des réalités, n’a d’autre solution, pour tenter de faire bonne figure, que d’utiliser le FN comme analyse de diversion. Mais ça reste de la manipulation par omission… Triste France !

Faudra-t-il que le nombre de suffrages exprimés par rapport au nombre d’inscrits passe sous la barre des 50% pour que le petit monde politique cesse de se regarder le nombril et de chercher à maintenir son petit pouvoir factice pour enfin réfléchir à un nouveau système ? L’avenir nous le dira… D’ici là, rendez-vous pour les européennes !

*En ce mardi 25 mars, à 17h30, soit 45h30 après la fin du scrutin, le Ministère de l’intérieur n’a pas diffusé sur son site internet le pourcentage des suffrages exprimés sur le nombre d’inscrits. Je me suis donc trouvée dans l’obligation de limiter mon analyse au taux de participation, ce qui dénature légèrement l’analyse. Je modifierai donc cet article en insérant la donnée qui me manque pour vous livrer l’analyse la plus fine possible dès que j’aurai connaissance de ce chiffre.

 

Hollande, et après ?

56-44. Ce n’est pas le score du match de rugby d’hier (on est en finale, on est en finale, on est, on est, on est en finale), mais grosso modo celui de la primaire socialiste.

Après un ultime affrontement dans les urnes, François Hollande l’a emporté assez largement sur Martine Aubry, avec un score de 56,57% pour le corrézien contre 43,43% pour la Lilloise. C’est donc François Hollande qui portera donc les couleurs socialistes à la présidentielle, au printemps prochain.

Immédiatement, la boîte à images se met en route, et le PS réussit bien à faire passer son message d’unité. Dès sa première prise de parole, Aubry fait le geste. Sur le perron de Solférino, les deux candidats se donnent la main, ceux du premier tour les rejoignent pour la photo : l’adversité est loin, tous derrière Hollande et peu importe qu’il fut surnommé Flamby ou taxé de représenter la gauche molle. L’heure est au rassemblement au sein du parti socialiste, condition sine qua non pour espérer l’emporter en 2012.

Car la gauche a choisi Hollande, avec une confortable avance. Celui qui, il y a quelques mois encore, subissait en interne au PS un Tout sauf Hollande, de la part d’une frange de la rue de Solférino. Et pourtant. Dès le premier tour, le mystérieux corps électoral de cette primaire l’a placé en tête, avec 9 points d’avance. Les sondages lui en donnaient 10. Avouez que c’est kif-kif.

Restait alors à confirmer cette dynamique. Un à un, tous les battus du premier tour l’ont rejoint, laissant Martine bien seule pour mener la dernière bataille. Mais c’était logique : il fallait se rassembler sur le gagnant, pour lui donner la plus grande légitimité possible. Martine n’a certes pas démérité, mais François l’a largement emporté.

Reste maintenant à transformer l’essai, et ce ne sera pas facile. Ce qui m’a frappée, hier, c’est le non vote des quartiers.  Les banlieues ont boudé la primaire, malgré les déplacements des candidats. Ainsi selon les chiffres compilés par le Parisien, au premier tour, si Paris compte 13,7% de votants sur l’ensemble des électeurs inscrits, avec des pointes à 18,4% dans le 11ème ou 19,5% dans le 3ème, la participation peine à atteindre les 5% en Seine-Saint-Denis, et 5,67% dans le Val D’Oise. Avec un record à 2,37% à Garges-les-Gonesse. Dans le même temps, la moyenne nationale est de 6,14%.

Lorsqu’on regarde où ce sont portés les votes exprimés dans ces quartiers, les résultats ne sont guère marqués. Ainsi, si le score de Ségolène Royal est légèrement supérieur, celui d’Arnaud Montebourg est en général inférieur, ce qui ne donne pas plus de poids, in fine, à la gauche de gauche. Bref, les banlieues n’ont pas vu dans la primaire un espoir dans le fait de choisir le candidat de gauche.

Je ne crois évidemment pas à la théorie avancée par certains selon laquelle ce chiffre s’expliquerait par l’impossibilité pour les étrangers membres du PS de voter. D’une part c’est faux, ils pouvaient se rendre aux urnes et présenter leur carte du PS. D’autre part, cela ne change rien en terme de pourcentage du corps électoral ayant participé au primaire : à ce que je sache, s’ils sont étrangers, ils ne vont pas plus voter au printemps prochain. La question n’est donc pas là, et sert juste à instrumentaliser ce non vote pour plaider la cause du vote des étrangers. Grosse ficelle.

Reste que la question du vote des banlieues, traditionnellement porté à gauche, se pose. S’abstiendront-elles, ou hésiteront-elles entre les candidats classiques et les extrêmes, de droite comme de gauche ? François Hollande tient là l’un de ses défis majeurs : parvenir à parler à cette population mais surtout, à être entendu.

Car le danger bleu Marine guette… Non pas spécifiquement en banlieue, mais partout. Or la question sera bien de se qualifier au second tour. A l’heure actuelle, de nombreux candidats jouent la carte facile de l’anti-Européanisme, taclant l’Europe et l’Euro à tout bout de champ, en faisant croire à la population que sans l’Euro ni l’Europe, la vie serait plus belle. Qu’importe les conséquences réelles qu’engendrerait la sortie de l’Euro, ou la complexité d’en sortir : ceux qui tiennent ce discours n’ont aucune chance de gouverner.

Et c’est bien là que le bât blesse : c’est justement parce que personne ne peut juger sur pièce que les extrêmes ont recours aux idées populistes. Reste que ceux qui les auront cru conserveront l’impression de ne pas être entendus. Avec plus ou moins de rancœur et d’agressivité. Surprenant cependant que personne ne s’étonne de trouver dans ce pêle-mêle les souverainistes de Dupont Aignant ou la gauche du PS de Montebourg aux côtés des extrêmes de droite et de gauche, de Marine Le Pen à Mélenchon et Poutou. Tout de même, tout le monde n’a pas la géolocalisation politique contrariée !

Que les petits candidats se mettent à racoler ainsi risque de mettre sérieusement en danger le candidat du PS, tout comme celui de l’UMP. La souffrance de la population finit par détourner une partie de l’électorat sur les bords, que ce soit d’une tendance ou de l’échiquier. En ce sens, le premier tour pourra être serré.

EELV sera tout aussi démago que Mélenchon, et offrira une solution toute aussi radicale, mais plus acceptable aux bobos en raison d’une image plus hippie chic, là où Hollande sera tenu d’éviter les fausses promesses pour ne pas décevoir s’il l’emporte, et garder un discours audible au regard de la situation intérieure, mais aussi de la France en Europe et dans le monde. Ce que n’ont pas nécessairement à faire les petits candidats… On l’oublie trop souvent, mais c’est aussi le jeu du premier tour.

Reste qu’Hollande devra faire face a minima à Poutou (NPA), Mélenchon (PC/Front de Gauche) et Joly (EELV), faute d’avoir pour l’instant des nouvelles de Schivardi (et son moins de 1%) et Chevènement (ira, n’ira pas ?). Autant de candidats qui feront mathématiquement baisser son score, quitte à le faire passer en troisième position.

Cette division des voix sera moins importante à droite, où le candidat Sarkozy affrontera a minima Marine Le Pen (FN). Et peut être Dupont Aignan (DLR), Boutin (FRS) et Miguet. Difficile en effet de comptabiliser Bayrou le centriste dans les voix de droite, le Modem étant désormais quasiment autant de droite que de gauche en matière de répartition des voix (à peu près 60 à droite/40 à gauche en 2007).

Ne nous y trompons pas, 2012 ne sera pas 2002. Mais plusieurs éléments sont à noter. Tout d’abord, comme je l’ai déjà expliqué, il y aura du mouvement dans l’électorat de droite. Le rejet de Nicolas Sarkozy est bien plus fort que l’UMP ne veut le faire croire, et le premier symptôme en est la désaffection pour le soi-disant candidat naturel au sein même des militants et des élus. Les prises de positions en ce sens se sont multipliées, et traduisent un vrai malaise. Second symptôme, la participation d’une partie de l’électorat de la droite et du centre à la primaire du PS : à l’exception des quelques fanatiques de Sarko qui ont bêtement voulu fausser le scrutin, ceux là sont prêts à franchir le Rubicon au second tour.

Reste, une fois encore, la question du premier tour. A droite, le rejet de Sarkozy se répartira en cinq tendances : abstention pure et simple, vote au centre, vote vers un petit candidat, vote FN, et vote à gauche. Parmi ces choix, les plus gros mouvements seront sur le vote au centre et le vote FN. A moins d’un trop fort risque FN qui pousserait les anti-Sarkozy porté sur le centre à voter utile dès le premier tour.

A gauche, ceux qui ne sont pas d’emblée convaincus par Hollande auront également plusieurs choix : vote sur un candidat plus marqué (Mélenchon ou EELV), vote extrémiste (NPA ou FN), abstention. Et ne nous y trompons pas, le programme économique de Marine Le Pen vise bien l’électorat de gauche : appeler à la nationalisation (des banques) n’a jamais fait bander la droite…

La question reste donc définitivement celle du poids du FN conjugué à celui de l’abstention, pour espérer figurer au second tour. La candidature centriste de Bayrou pourrait réunir une partie de la droite, dépourvue de candidat depuis le retrait de Borloo et l’improbable candidature Villepin, mais il reste peu probable qu’il parvienne à réitérer son score de 2007 : l’essai n’a pas été transformé, et le Modem n’est pas apparu suffisamment crédible depuis 4 ans pour porter un espoir de société qui séduirait au-delà d’une base certes élargie par rapport à ses scores régionaux, mais trop faible pour parvenir à se qualifier.

C’est donc bien l’abstention et le vote FN qui seront les arbitres du 22 avril prochain. Soit les votants auront suffisamment répartis leurs votes sur l’ensemble de l’offre politique, et dans ce cas les candidats UMP et PS se qualifieront. Soit l’abstention sera plus élevée et le vote FN plus important que l’on ne l’imagine, et dans ce cas, le candidat de droite comme celui de gauche risquent de ne pas se qualifier. Et d’offrir un non-choix au second tour.

Paradoxalement, le second tour semble plus clair en cas d’affrontement Hollande-Sarkozy. Le rejet de l’actuel président est tel que même s’il est aussi bon candidat qu’il est mauvais président, et reste capable de l’emporter sur le fil, Hollande devrait emporter les voix de la gauche jusque sur une partie de la droite, cette tendance est confirmée par la participation de certains d’entre eux dès la primaire, six mois avant l’élection. Et ce transfert sur la gauche est facilité par le choix d’Hollande, plus centriste que Martine Aubry, rédhibitoire pour une partie plus large de la droite qu’Hollande en raison de son sectarisme et surtout des 35 heures.

En réalité, seule l’abstention de gauche et des extrêmes pourrait faire basculer le rapport de force au profit de Sarkozy, qui aura du mal à remonter de son score de premier tour jusqu’à dépasser la barre fatidique des 50% des suffrages exprimés, condition sine qua non pour gagner. Reste que pour l’emporter au soir du 6 mai, il faut se qualifier le 22 avril. Après avoir rassemblé derrière lui le parti socialiste, le corrézien doit veiller à ne pas se faire déborder sur sa gauche. Voilà le vrai défi qui attend François Hollande pour les six mois qui viennent.

Le temps présidentiel

Après Chaque pas doit être un but, le premier tome des Mémoires de Jacques Chirac, qui évoquait son parcours politique, Le temps présidentiel revient sur ses deux mandats de président. Tout au long des quelques 600 pages de ce second tome, Jacques Chirac s’explique sur ses choix de président. Des essais nucléaires à la dissolution, du non à la guerre en Irak au référendum de 2005, Jacques Chirac revient sur ses douze années à la tête de l’Etat.

L’essentiel de l’ouvrage porte sur son action internationale. Le président évoque ses rencontres avec de nombreux chefs d’Etat, mais aussi les coulisses des négociations internationales et des sommets internationaux, G7 puis G8 et G20.  A travers ses relations avec Bill Clinton ou Boris Eltsine, à celles plus délicates avec Georges Bush –on apprend ainsi qu’ils ne se parlèrent pas pendant plusieurs mois- à celles avec Tony Blair qui, selon Jacques Chirac, « a pris de lourdes responsabilités au regard de l’Histoire » en se ralliant d’emblée à l’offensive américaine en Irak, sans omettre naturellement la rencontre avec le président chinois Jiang Zemin en 1999, il pose son regard sur la mondialisation et la gouvernance mondiale. Mais aussi les grands dossiers internationaux, comme la crise en ex-Yougoslavie, ou les discussions préalables à la guerre en Irak, dans laquelle il refusera d’engager notre pays. Sa manière de s’impliquer dans ces deux dossiers témoigne déjà de son inlassable engagement en faveur des cultures et pour la paix.

Le Proche-Orient occupe une large place. De la visite à Jérusalem qui fit tant couler d’encre à ses relations avec Yasser Arafat, Jacques Chirac évoque la troisième voix française, dans la recherche de la paix dans cette région. Comment ne pas être pris à la gorge par le vibrant hommage qu’il rend à son ami assassiné Rafic Hariri, ressenti « comme celui d’un frère… Un des pires chocs de ma vie ». Il ne pardonnera jamais à Bachar El-Assad, fils d’Hafez qui lui, avait su faire progresser la Syrie. La construction européenne, enfin, occupe une large place. Tout comme son cheminement en matière d’écologie, et notamment la genèse de son fameux discours de Johannesburg : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ».

L’ancien président n’est pas exempt d’autocritique, notamment en matière de politique intérieure, en particulier sur la dissolution de 1997, et le 21 avril 2002. Alors que la classe politique entière s’évertue à rendre Dominique de Villepin responsable de la dissolution ratée de 1997, Jacques Chirac consacre un chapitre entier à rappeler les faits : depuis l’automne 1996, tout le RPR lui conseille d’user de ce pouvoir, y compris Nicolas Sarkozy, à l’exception de Philippe Seguin, Bernard Pons ou Pierre Mazeaud. Au-delà de dédouaner son ancien secrétaire général, Jacques Chirac remet les pendules à l’heure sur le fonctionnement de l’Elysée : le président, bien qu’entouré de conseillers, décide… et assume.

Il va même jusqu’à reconnaître des erreurs, particulièrement lorsqu’il dresse le bilan de son élection en 2002 et du choc du 21 avril, alors mal analysé : «J’aurais sans doute dû tout mettre en oeuvre pour constituer une équipe dirigeante plus représentative des 82% d’électeurs qui m’ont apporté leur suffrage le 4 mai 2002». «Je ne l’ai pas fait et ce fut probablement une erreur au regard de l’unité nationale dont j’étais le garant», admet-il. Le président Chirac affiche néanmoins sa fierté de n’avoir jamais accepté de compromis avec le Front National, « le parti de la haine, du racisme et de la discrimination ».

Au fil de ce Temps présidentiel, l’ancien président dresse avec sincérité le portrait de nombreux politiques qui l’ont entouré. A gauche, François Mitterrand bénéficie d’un portrait flatteur. Ainsi qu’Hubert Védrine, qui l’aida souvent à comprendre Jospin. Ce dernier, en revanche, n’est pas épargné par la plume parfois acide du président : « Je ne me sens rien de commun avec un dirigeant dont la rigidité intellectuelle, la vision manichéenne de la société, la conception antagoniste des rapports politiques dictent le comportement comme la pensée. »

A droite, Juppé est une nouvelle fois encensé : « Voici plus de vingt ans que j’ai trouvé auprès de lui d’abord le collaborateur et le conseiller, puis l’adjoint et le ministre d’une compétence sans faille, auquel j’ai pu me fier en toutes circonstances. Son soutien ne m’a pas fait défaut dans les périodes difficiles où mon destin présidentiel paraissait dans l’impasse. Cette fidélité est toujours allée de pair chez Alain Juppé avec une grande franchise à mon égard, dénué de tout souci de complaisance». Villepin, quant à lui, est réhabilité de l’épisode de la dissolution, et présenté comme un véritable homme d’Etat à travers deux portraits élogieux.

L’actuel locataire de l’Elysée, Nicolas Sarkozy, essuie quant à lui quelques coups de griffes. D’abord, sur leurs différences politiques :  « Nous ne sommes pas d’accord sur l’essentiel. Il est atlantiste, je ne le suis pas. Il est beaucoup plus libéral que moi sur le plan économique. Il est pour les discriminations positives et j’y suis radicalement opposé. » Ensuite, sur le comportement qui le disqualifia à plusieurs reprises pour occuper les fonctions de Premier Ministre : «Ses ambitions présidentielles sont vite devenues transparentes, à peine est-il arrivé Place Beauvau [en 2002], quitte à paraître anticiper quelque peu sur des échéances qui n’étaient pas immédiates. Mais je me suis aussitôt refusé à entrer dans le rapport de forces qu’il tentait d’établir entre nous, considérant que celui-ci ne pouvait être que destructeur pour nos institutions.» Lorsqu’en 2004, après l’échec aux régionales l’hypothèse de Nicolas Sarkozy à Matignon refait surface. Jacques Chirac la rejette à nouveau, car «si Matignon et l’Elysée ne s’entendent pas, c’est l’implosion». «C’est ce qui se passerait inévitablement avec Sarkozy».

Enfin Jacques Chirac évoque son rapport au peuple, qu’il aime rencontrer, ressentir, pour mieux l’incarner. Cette relation quasi paternelle avec les Français qu’il affectionne. Ces rendez-vous où sa grande carcasse peut aller serrer des mains et donner un baiser aux dames. Ces moments chaleureux de communion avec la population. Ce peuple qu’il aime, et notamment la jeunesse à qui il laisse, en conclusion de cet ouvrage, un testament en faveur de l’entreprenariat, de la création et des idées : « Alors, Français, Rêvez ! Osez ! »

Au fil des pages, j’ai redécouvert le politique qu’en tant que chiraquienne membre de l’association Avec le Président Chirac je connaissais déjà bien, et découvert l’homme, à travers cet ouvrage sincère, dévoré en une seule nuit. Non pas au sens de son intimité –Jacques Chirac reste dans ses mémoires aussi réservé et secret qu’il l’a toujours été- mais au sens de son action pour la France et le monde. Si je le savais déjà un grand homme d’Etat, j’ai pu apprécier ce qui est à mon sens sa plus grande qualité, à savoir le profond humanisme d’un homme épris d’universalité. Un objectif personnel qu’il poursuit aujourd’hui à travers la Fondation Chirac, destinée à favoriser un développement durable et prévenir les conflits.

Une UMP en état de décomposition avancée

Ce soir, comme souvent, j’ai regardé Le Grand Journal. L’émission de Canal+ propose chaque soir, en début de programme, l’intervention d’une personnalité politique. Certains disposent d’ailleurs d’un abonnement illimité pour venir dans cette émission. Ce soir, au lendemain des cantonales, l’invité était Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP. Après la claque que s’est pris son parti, j’ai vu un homme sur la défensive, entre paranoïa et agressivité, mais en affichant tout de même un sourire carnassier déplacé, qui me mit mal à l’aise.

D’emblée, le secrétaire général de l’UMP a réfuté les chiffres présentés… qui sont ceux du ministère de l’Intérieur, tenu par sa propre majorité. La querelle porte sur l’addition ou non du score de l’UMP avec celui des DVD. Sauf que DVD signifie Divers Droite, et que comme son nom l’indique, ça recoupe des candidats divers qui ne peuvent être identifiés comme UMP. Et certains d’entre eux ont eu face à eux au premier tour des candidats UMP. Ce fut le cas de Daniel Garrigue, Porte Parole de République Solidaire, ou de Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly sur Seine. Autant dire que demander cette addition constitue une énième tentative de minimiser la défaite… pour ne pas avoir à entendre le message adressé par les français ?

Mais très vite, Jean-François s’est enlisé, se trouvant notamment incapable de répondre à une question simple : quelles sont les idées extrêmes du FN ? La réponse de Copé n’a pas porté sur les propositions du FN relatives à l’immigration ou à la sécurité, mais sur la peine de mort et la sortie de l’Euro. Tiens, Debout la République et Nicolas Dupont-Aignan, souverainistes ayant appelé à la sortie de l’Euro, deviennent tout à coup de dangereux extrémistes. Alors que s’il y a bien un élément qui caractérise Nicolas Dupont Aignan, c’est son idéal républicain.Quant à la peine de mort, ce fut un combat politique complexe, et l’on doit sa suppression à la gauche : doit on qualifier d’extrémistes de droite tout ceux qui n’ont pas voulu la mettre en place avant la gauche, ou la voter lorsque le Parlement eût à se prononcer dessus ? C’est tout aussi caricatural. Les vraies idées extrémistes du FN, elles, ont été passées sous silence. Mais peut être était-ce pour qu’on ne se rappelle pas trop que certaines personnalités de l’UMP usaient du même vocable.

Enfin Jean-François Copé a sorti ses éléments de langage. Pas une once de créativité là-dedans. Comme toujours, il a tapé sur le PS. Bientôt 10 ans que le PS n’est plus au gouvernement, mais le PS reste fautif de tout. En gros, cela donnait :

1 – Le PS n’a pas gagné les élections : il s’est maintenu, mais sans vague rose. Le secrétaire général de l’UMP est même allé jusqu’à dire « on nous avait annoncé une bérézina, elle n’a pas eu lieu ». Hum Jean-François, comment te dire… La bérézina, elle avait eu lieu en 2004. Ce sont ces sièges qui étaient renouvelés. En perdre encore, sur cette mauvaise base, n’est pas franchement une réussite pour l’UMP.

2 – Le PS ne présente pas de candidat « identifié », et ne fait pas de propositions. Là, c’était encore plus drôle, puisque Jean-François Copé a enchaîné en critiquant… une proposition, celle de 300 000 emplois jeunes. Preuve qu’il y a au moins une idée, soit l’inverse de son propos. En revanche, personne parmi les journalistes présents n’a eu l’idée de demander à Sieur Copé quel était le projet de l’UMP. Ou l’éternelle querelle entre UMP et PS du « c’est celui qui le dit qui l’est ». Niveau maternelle, je suis blasée…

Comme si cela ne suffisait pas, les « wannabe président » s’écharpent déjà en vue de la place à prendre en 2017, ou plus tôt si Sarko décidait de ne pas y aller. François Fillon s’était désolidarisé la semaine dernière de la consigne « ni vote FN, ni vote PS » donnée par Copé. Aujourd’hui, et toujours dans le Grand Journal, réponse du berger à la bergère : Copé a reproché à Filloon sa posture à propos du débat controversé sur la laïcité. Interrogé sur les réserves émises par le chef du gouvernement sur l’organisation de ce débat, Jean-François Copé a expliqué que «certains n’en veulent pas (…) parce qu’ils ont probablement été mal informés». «Et puis il y en a, disons les choses, qui y ont trouvé l’occasion d’une posture», a-t-il ajouté. Alors que le journaliste suggérait le nom de Fillon, Copé a répondu après une brève pause : «Peut-être après tout.» «On ne peut pas jouer collectif une fois ?» a-t-il poursuivi. Fin février, François Fillon avait déclaré qu’il s’opposerait à ce débat s’il «devait être centré sur l’islam» ou, «d’une manière ou d’une autre», conduire à «stigmatiser les musulmans». Pas de doute, la guerre du « jour d’après Sarko» a déjà commencé. Comme si cela nous intéressait.

Au lendemain de ce scrutin, l’UMP a vraiment le cul entre deux chaises. D’un côté, les modérés aimeraient que cesse la stratégie de chasse aux électeurs du FN, et appelle, par la voix de François Baroin, François Fillon ou Etienne Pinte, à reconsidérer la position de l’UMP sur la laïcité. De l’autre, Copé refuse de se dédire, implicitement soutenu par Nicolas Sarkozy –enfin au moins par con silence- et par la droite dure qui n’envisage pas autre chose que de recourir à un discours sécuritaire et une ligne dure sur l’immigration. Résultat, l’UMP se divise entre ceux qui restent dans le déni, minimisant le résultat, sans comprendre que sa stratégie depuis un an visant à courir après les électeurs du FN a eu pour effet désastreux la banalisation des idées extrémistes proposées par ce parti, et ceux qui aimeraient une évolution, dans la ligne de l’UMP du Président Chirac, celle qui prônait d’assumer pleinement notre tradition de laïcité. Une cassure en interne qui justifie par elle seule la nécessité d’offrir le choix entre plusieurs candidats au premier tour.

Pire, l’UMP n’entend pas le message des urnes et ne réalise l’importance du décalage entre les attentes des français et les solutions proposées et que ce fossé toujours plus grand qui se creuse avec le peuple a fini par placer l’abstention en tête de ce scrutin, faute de trouver pari les forces en présence une offre politique satisfaisante. Au contraire, l’UMP persiste à stigmatiser ceux qui seraient tenter de se présenter à droite, osant ainsi diviser le score. Un raisonnement de second tour osé lorsque l’on manipule soit même le risque d’un FN présent au second tour. Une stratégie qui pourrait faire définitivement exploser le parti majoritaire…