Au cœur des bleus : Italie 1- France 0

Deux équipes en bleu. La France, et l’Italie. Deux nations en difficulté après la coupe du monde de 2010.

Deux pays qui avaient à cœur de se refaire lors de cet Euro 2012, juste avant le début des qualifications pour la Coupe du Monde de 2014, en septembre prochain.

La France, traumatisée par le syndrome Knysna : les joueurs n’étaient pas descendus du bus pour s’entraîner par solidarité avec Anelka qui avait été viré pour avoir tenu des propos insultants à l’égard de son entraîneur, Raymond Domenech.  L’Italie, marquée par sa sortie de la coupe du monde dès la premier tour, quatre ans après avoir été championne du monde, et une ambiance difficile au sein de l’équipe, sans être toutefois au niveau de Knysna.

Après ces quarts de finale, on peut déjà tirer un bilan du parcours de ces deux nations qui ont marqué l’histoire du football. L’une en sort grandie, l’autre pas. Décryptage.

La France, des bleus au coeur

Des bleus au cœur, voilà ce qu’il reste de l’Euro 2012 de l’Equipe de France. Une victoire sur l’Ukraine, un nul face à l’Angleterre, une défaite face à la Suède et une face à l’Espagne. Pas de quoi pavoiser. Pouvait-on faire mieux ? Peu probable, cet Euro marquant l’échec d’une stratégie qui a consisté à renoncer au jeu, et aux ambitions affichées par Laurent Blanc lorsqu’il a pris son poste.

Individuellement, l’Equipe de France dispose de talents. Mais l’addition d’individualités ne forme pas nécessairement un collectif. De nombreux éléments contribuent l’alchimie nécessaire à faire interagir le groupe sur le terrain. Parmi eux, la technique, certes, mais aussi la gestion humaine et donc, les comportements sur le terrain et hors du terrain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette équipe de France a échoué.

Techniquement, difficile de se faire une idée. Peut être faudrait-il déjà avoir compris le projet de jeu et malgré mes efforts, je n’ai toujours rien compris.

Qui doit faire quoi, c’est à peu près clair, mais dans quel but, alors là… Encore faudrait-il que nous ayons une culture de la tactique en France, ce qui n’est pas notre cas. Contrairement à l’Italie ou l’Espagne. Et comme le football français est incapable de se remettre en cause, et le premier à céder au corporatisme si cher à notre bon vieil hexagone, on n’est pas sorti de l’auberge.

Face à la Suède, déjà, l’équipe était passée à côté de son match, récupérant alors la seconde place du classement, synonyme de rencontre avec l’Espagne. A croire que tout s’est arrêté ce soir là.

Certes, on peut passer à côté d’un match. Mais amical, de préférence. A ce niveau de compétition, on évite. Mais bon. L’accident de parcours existe souvent dans les phases éliminatoires – plus rarement par refus de jouer-, et ne présage pas de la suite de la compétition.

Pourtant ce soir là, après la Suède, la France a renoncé. Le staff, en conférence de presse, a déminé le terrain en donnant par avance les éléments de langage expliquant une défaite. Avant même de jouer le match, le ton était donné. Avec toute la mollesse d’un Laurent Blanc, dont on se demande comment il peut parvenir à galvaniser une équipe. Que ce soit en conférence de presse ou en bordure du terrain, on se demande parfois s’il ne tient pas le rôle du plot…

Sur le dernier match, face à l’Espagne, la tactique était plus claire : tout en défense, et si on avait pu, on aurait mis onze gardiens.

Pourquoi pas ? Ca sonne un peu catenaccio mais je crois que bon. Sur un contre, on peut toujours marquer. Mais encore faut-il que la tactique soit bien comprise, et que les joueurs défendent, au lieu de simplement adopter le service minimum.

Ce qui devait arriver arriva : l’équipe a confondu exigence de défendre pour arriver au nul à la mi-temps et jouer avec le frein à main bloqué. Résultat, un but a été encaissé à la 19ème minute –contrecarrant les plans de Laurent Blanc- sur une erreur de repositionnement de Florent Malouda, incapable de se bouger pour marquer Xavi Alonso. Manque d’envie, manque d’ambition, match perdu d’avance dans les esprits…

Le sport est une chose. On retiendra donc Hugo Lloris, Yoann Cabaye, et dans une moindre mesure, le petit retour de Ribéry –il y a eu trop peu de matchs pour en tirer des conclusions- et la bonne entrée de Koscielny mais là encore, sur un seul match, difficile d’en faire une règle.

La défaite aidant, les vieux démons sont ressortis.

Nasri, qui avait fait le malin en adressant un « Ta Gueule » à un journaliste de l’Equipe pour les critiques portées sur lui avant de se muer en Casper lors du match suivant –démontrant alors qu’il était loin de ne pas mériter les critiques-, s’est encore illustré en sortie de match, en répondant de manière très agressive à un journaliste qui tentait, certes maladroitement, de faire son boulot.

Quant à Ménez, il a franchi le mur du con par deux fois sur le terrain : une première fois en se prenant un carton jaune pour avoir insulté l’arbitre italien d’un fleuri « Va Fanculo », dans la langue de Dante histoire d’être bien compris, puis en incitant visuellement son gardien et capitaine Hugo Lloris à fermer sa gueule, pour avoir osé lui demander de se repositionner en défense.

Et ça n’est pas tout. Quand on voit Nasri et Ménez, leur échauffement est quand même révélateur d’un certain état d’esprit. Hatem Ben Arfa parle pendant ½ heure avec son adjoint.

Nasri discute ardemment avec Boghossian pour savoir pourquoi il n’est pas titulaire. Enfin Nasri et Ménez, pendant l’échauffement des titulaires, s’amusent à tirer des boulets à 20 mètres de leurs camarades. A l’évidence, ce groupe n’est pas uni, et incapable d’afficher la moindre solidarité.

Pire que tout, les réactions d’après match. Les uns après les autres, les joueurs comme le staff ont recraché les mêmes éléments de langage : l’Espagne est championne du monde, elle avait la balle, ect…

C’est certainement ce qui explique le mauvais repositionnement de Florent Malouda. Pas un pour admettre que la Roja n’a pas joué son meilleur football, et qu’elle était prenable. Simplement, pas avec des joueurs affichant une mentalité de perdants. Palme de la bêtise pour Karim Benzema : « Nous sortons grandi de cet Euro. » Totalement à côté de la plaque… et finalement emblématique de cet Euro : pile poil dans l’esprit de ces deux défaites…

Enfin pour terminer, ces joueurs, qui ont tant déçu les supporters qui aimeraient tant se réconcilier avec eux, n’ont pas daigné -dans un premier temps et avant qu’on ne les pousse- s’arrêter auprès de la petite trentaine de supporters venus les attendre, sous la pluie, à leur retour en France. Aux dernières nouvelles, ils vont en revanche bien toucher leur primes pour avoir atteint l’objectif fixé de la qualification en quart. 100 000 euros. Tout simplement gerbant.

D’autant que Laurent Blanc s’était fixé des objectifs clairs lorsqu’il a pris en main cette équipe de France :

  • Etre jugé sur les résultats
  • Retenir comme critères essentiels l’état d’esprit, le comportement, l’attachement au maillot. C’est capital. Celui qui pointe des faiblesses, qui ne veut pas l’accepter, il dégage.
  • Aucun joueur n’est indiscutable hormis Hugo Lloris

Deux ans après Knysna, les problèmes de fond persistent au sein de cette équipe de France.

Si les événements ne sont pas comparables –cette fois les joueurs sont descendus du bus et n’ont pas eu de réaction collective inappropriée-, rien n’a changé, parce que Blanc a renoncé aux objectifs et aux principes qu’il s’était lui-même fixé lorsqu’il a pris cette équipe en main.

Aujourd’hui, les fissures entre l’équipe de France et les supporters continuent de s’étendre. Parce que les joueurs n’ont pas respecté le maillot. Qu’on s’entende bien. Il ne s’agit pas d’imposer aux joueurs de chanter l’hymne. D’une part, ça a été très longtemps politisé et du coup, l’hymne n’était pas forcément chanté. Ni en France, ni ailleurs. Nous ne sommes pas aux Etats Unis, mais dans la vieille Europe, qui a été fortement marqué par les nationalismes. Désormais, beaucoup de nations le font.

Doit-on le chanter ? Certes, c’est censé être un moment de communion de la communauté nationale, c’est-à-dire des joueurs avec leurs supporters. Mais n’arrivons pas aux extrémités de la Serbie qui vire les joueurs refusant de le chanter pour raison politique, même si celle-ci n’est pas censé avoir sa place sur le terrain. Sport et politique ont toujours été mêlés, inutile de le nier… même s’il reste difficile d’imaginer qu’un joueur incapable d’aligner trois mots en français correct puisse avoir une pensée politique profonde. Il ne faut peut être pas abuser. Tout ça ressemble plus à du je-m’en-foutisme qu’à une véritable objection de conscience.

Sans aller vers ces tartes à la crème, on peut toutefois noter deux choses : d’une part, il n’y a pas de profonde ferveur pour l’équipe de France dès les premiers tours, on a plutôt tendance à se révéler supporter en demi-finale.

Ensuite, l’hymne n’est pas le marqueur de la fierté de porter le maillot. J’ai grandi avec le foot. Mon premier souvenir de match remonte à Argentina 78. Souvenez vous, l’équipe de France joue en vert et blanc, avec le maillot d’une équipe locale ! Elle ne passe pas le premier tour. Mais quatre ans plus tard, elle est en demi-finale et aurait pu aller plus loin, chacun se souvient du drame de Séville, le 8 juillet 1982. Rebelote quatre ans plus tard, au Mexique.

Cette équipe-là ne chantait pas l’hymne non plus. Mais elle était fière de porter au plus haut et le plus loin possible le maillot.

C’est ça, le respect du maillot. Et pas de dire qu’on a bien joué et qu’on a rempli l’objectif d’aller en quart quand on n’a pas mouillé le maillot. Ce que les supporters attendent de l’équipe, ce sont bien évidemment d’abord des résultats, mais aussi de la fierté. Pouvoir se dire que l’équipe a été au maximum de ses possibilités. Et en cas de défaite pouvoir se dire qu’au moins, on a tout donné sur le terrain.

Dans ce domaine, on ferait bien de s’inspirer de la philosophie de Joachim Löw, le sélectionneur allemand, qui lui aussi a reconstruit une équipe de A à Z. Déterminé à offrir du beau jeu, pour s’imposer durablement, il a affiché un principe simple : si les joueurs ont envie de suivre son projet, qu’ils acquièrent alors la culture du jeu qu’il veut leur inculquer et restent simples, dans le respect de l’autre, alors le public suivra. Car au-delà des titres qu’il entend remporter, Joachim Löw veut laisser des souvenirs ancrés dans la mémoire collective de l’Allemagne, que la Mannschaft gagne ou perde.

Pour cela, on doit user de la sélection. Non, le maillot n’est pas un dû à tel ou tel joueur qui dispose de qualités individuelles. Ca se mérite. Ensuite, le football se joue, jusqu’à preuve du contraire, à onze sur le terrain. Mais aussi avec un banc et un staff. Pour intégrer l’équipe, le joueur doit pouvoir se fondre dans le collectif. Ca n’est pas au collectif de se construire autour de lui. Et ça, tout le monde semble l’avoir oublié, à commencer par les joueurs.

Forcément, depuis qu’ils sont en centre de formation on leur rabâche qu’ils ont du talent ! Mais le talent n’assure pas la cohésion. Au contraire, il peut diviser, lorsque devant le but certains pensent plus à leurs statistiques perso qu’à passer le ballon au joueur le mieux placé. La mentalité, un point à travailler dès le centre de formation. En prenant exemple sur Lille, qui s’était séparé du petit Franck Ribéry, déjà intenable.

Concernant les instances du football, ensuite. Si Laurent Blanc n’a pas atteint ses objectifs, il ne doit pas servir de bouc-émissaire. Le foot français doit se repenser et procéder à une mutation en profondeur. La fédération n’est pas exempte de responsabilité. C’est son boulot que de gérer l’équipe de France. Qu’elle le fasse. Mais plus que tout, que les corporatismes cessent. Ah, dès qu’il s’agit de taper sur le premier étranger qui vient tenter de remettre en cause notre mentalité, tout le monde fait front.

Leonardo en a fait les frais au printemps pour avoir osé, dans une réunion interne, tenté de remettre en cause les pratiques actuelles d’entraînement, dans l’optique de tirer le football français vers le haut. Bronca générale, en mode « mais pour qui il se prend, il arrive dans notre pays et nous critique ». Alors qu’il sera le premier à sauter s’il n’atteint pas ses objectifs. Pas comme d’autres. A un moment, lorsqu’on est 16ème au classement Fifa, il faut bien se remettre un peu en question. De véritables Etats Généraux du Football ne seraient pas de trop. Enfin, si l’on sortait justement de ce corporatisme… On peut toujours rêver.

Sur les clubs, enfin. J’entendais hier Laurent Blanc se plaindre que les autres équipes nationales, comme l’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie, peuvent s’appuyer sur une équipe dorsale constituée de leurs fortes équipes, comme le Barça et le Real, le Bayern ou encore la Juve. Certes. On touche là à un autre point, la nécessité pour le football français de se remettre en cause. Mais restons sur les propos de Laurent Blanc. N’est-ce pas lui qui ne s’est pas appuyé sur des clubs tels que Paris ou Lille, qui disposaient pourtant de joueurs sélectionnables ?

N’est-ce pas lui qui n’a pas voulu d’un Sakho -au motif qu’il n’a pas suffisamment joué dans son club, alors qu’il avait pré-sélectionné Gourcuff (qui n’a quasiment pas joué depuis 2 ans) ou retenu Mexès qui cire le banc du Milan AC ? Quand on voit la fiabilité de la charnière, nul doute que Sakho avait sa place. N’est-ce pas lui qui n’a pas voulu de Jallet, très en forme, au motif qu’il n’avait jamais été sélectionné auparavant, alors qu’il avait pré-sélectionné  Yanga M’Biwa ? La mentalité exemplaire d’un Jallet eût pourtant été très utile au sein de ce groupe… On peut aussi citer Mavuba, pour Lille. Et d’autres.

Que Laurent Blanc reste le sélectionneur ou qu’il parte, le constat est clair : l’étoile de notre maillot ne brille plus, il faut changer tout ça. Mais comment ?

Par une profonde mutation des esprits, et l’instauration de quelques règles simples. Sans développer dès maintenant les modifications à apporter dans l’ensemble du football professionnel, arrêtons nous déjà sur quelques pistes de changements à apporter au sein de l’équipe de France.

Et pour cela, ouvrons nous sur l’extérieur, et regardons une autre histoire de bleus pour y trouver quelques idées. Edifiant.

 

L’Italie, le cœur des bleus

Quand Prandelli prend la succession de Lippi en 2010, il hérite d’une équipe qui n’a pas brillé en coupe du monde, et qui s’éloigne des tifosis. Presque à poil.

Le défi est grand, il faut reconstruire, dans un pays qui respire le football. Deux ans après, il a incontestablement gagné son pari.

Armé de ses valeurs, il a mis en place un code éthique pour éviter les problèmes de comportements au sein du groupe. Qu’on se mette d’accord, le code éthique ne concerne que la vie sur le terrain et dans le groupe, et absolument pas ce qui relève de la vie privée.

La meilleure démonstration en est la gestion de Balotelli : lorsqu’il a fauté, il a été écarté de la sélection. Lui gardant sa confiance, Prandelli a sélectionné Balotelli dans les 23, et son comportement ne pose pas problème dans le groupe. La confiance et le dialogue dans la gestion humaine des cas difficiles, voilà la méthode Balotelli.

Entrons dans le système Prandelli. Techniquement, d’abord. Il est investi dans sa mission. Régulièrement en contact avec les clubs, où il se rend, il suit les joueurs. Ce qui lui permet d’éviter en partie l’écueil des sélections nationales qui n’ont que trop rarement leurs joueurs. Il les connaît, les suit, sait s’ils ont besoin d’un coaching personnalisé ou pas.

Avec ce vestiaire bigarré, Prandelli a réussi à monter un groupe. Certes, il dispose de cadres sur lesquels il peut se reposer.

Mais qu’on ne tombe pas dans cette illusion. Buffon a été blessé, Pirlo a eu des hauts et des bas poussant Galliano à s’en séparer, sans parler de De Rossi. A côté de ces cadres, il a aussi des Balzaretti, de Palerme, ou Diamanti, de Bologne. Pas vraiment le top de la série A. Enfin, Prandelli a conservé Cassano, victime d’un grave problème cardiaque fin octobre, et Balotelli, l’enfant terrible.

Le résultat ? Depuis le début de cet Euro, l’Italie surprend tout ceux qui ne l’ont pas vue se reconstruire. Dès son premier match, elle a accroché l’Espagne, obtenant un match nul. Comment ? Regardons les jouer : au-delà du caractère formidable de ce collectif, l’Italie observe toujours son adversaire dans les 20 premières minutes, puis s’adapte. L’Italie a cette capacité, dans le jeu, à s’adapter au style de ses adversaires.

Le match face à l’Angleterre n’a pas dérogé à la règle. Il aura fallu 20 minutes aux Azzurri pour régler les problèmes posés par les anglais dans les couloirs, et les contraindre à jouer dans l’axe. Dès lors, les italiens ont bloqué les ballons. Sans conserver la balle à l’espagnole, ils ont montré une véritable force de récupération en milieu de terrain. Le tout agrémenté d’un Pirlo à la distribution, pour envoyer les ballons vers l’avant et tenter de percer la défense anglaise.

Ensuite, et malgré l’absence de Chiellini, blessé, la défense a assuré : que ce soit dans la charnière, qui a bien protégé les buts de Buffon, ou les latéraux Abate et Balzaretti, qui savent autant se repositionner en défense que monter très haut pour soutenir l’avant, tout le monde a tenu son poste.

Enfin Buffon, sollicité dès les premières minutes de jeu, a été magistral, produisant des arrêts décisifs.

Mais l’Italie version 2012, c’est plus que de la technique : c’est un état d’esprit. De l’hymne national, chanté par les joueurs et tout le staff à fond les ballons, au comportement irréprochable sur le terrain, l’équipe a montré son caractère. Solidaire et unie, la Squadra Azzurra a tout mis sur le rectangle vert : ses tripes, et son cœur. Comment alors ne pas vibrer pour cette équipe ?

Hier, l’Italie a tout connu : les poteaux, la transversale, les immanquables manqués juste devant le but, les arrêts de Hart, … Mais elle n’a jamais lâché.

Mieux encore, elle a toujours été soutenue par son coach. Lorsque Balotelli manque sa première occasion, Prandelli lui glisse : « ça n’est pas grave, tu auras la suivante ». Qu’il n’a pas eue, mais qu’importe : le jeune joueur a persisté à tenter. Comme ses camarades. Personne n’a baissé les bras. Pas même après le but de Nocerino, finalement refusé pour hors jeu. Pas même à cause de la fatigue des prolongations. L’Italie a joué, de bout en bout.

Et s’est montrée vraiment solidaire. Deux exemples avec les explications données après le match par deux cadres de la Squadra Azzura.

Pirlo, troisième à tirer son pénalty – le moment charnière des tirs aux buts-, voit Joe Hart faire le malin dans sa cage. L’Italie compte alors un but de retard, à la suite du pénalty manqué de Montolivo. Expérimenté, Pirlo tente le coup très osé de la Panenka, à la fois pour calmer Joe Hart, et remotiver son équipe.

Et Buffon. Capitaine de l’équipe, il sait qu’il doit arrêter un pénalty pour sauver l’équipe. Ashley Young touche la transversale, les équipes ont donc chacune raté un pénalty. Nocerino a réussi le sien.

Il est désormais vital, pour l’emporter, d’en arrêter un. Conscient, Buffon prend ses responsabilités, et arrête le tir d’Ashley Cole. Derrière, Diamanti réussit son tir au but, et l’Italie est qualifiée.

Ensuite, et ça n’est pas un détail, Cesare Prandelli n’est pas du genre à se chercher des excuses : quel que soit le résultat, il assume. Les échecs comme les victoires. Quant aux joueurs, ils ont l’habitude de répondre à la presse, et de faire face aux critiques. Même lorsqu’il faut répondre à une armada de questions sur le calcioscomesse, le scandale des paris truqués, juste avant la compétition. J’ai bien tendu l’oreille : pas un « Ta Gueule » adressé à la presse… juste des joueurs effectuant parfois des mises au point, mais répondant aux questions dans le calme et avec détermination. Buffon, par exemple.

Sans être non plus toujours exempts de dérapages dans leurs propos dès que l’on sort du cadre du football : on se souvient de la sortie homophobe de Cassano sur l’homosexualité présumée de deux joueurs de la Nazionale.

Sur le terrain, il a aussi fallu l’intervention de Bonucci pour empêcher Balotelli de faire une Nasri après son formidable retourné placé au fond des filets, face à l’Irlande.  Reste que si Cassano et Balotelli sont deux cas difficiles à gérer, la gestion humaine de Prandelli aura permis de ne pas mettre en danger l’équilibre du groupe et de limiter ce type de débordements.

L’Italie a su se construire un collectif. Un groupe soudé, qui travaille dans une bonne ambiance malgré les caractères parfois difficiles de certains, dans une alchimie pas si évidente à trouver entre de très jeunes joueurs inexpérimentés et des cadres confirmés dont certains ont tout gagné – quatre champions du monde dans le groupe- pour afficher une véritable unité, y compris avec le banc, loin des préoccupations individualistes, dans l’objectif unique de gagner : en jouant avec le coeur.

La Squadra Azzurra, minée par des soucis d’ambiance en 2010, a retrouvé son âme.  Droit au coeur des tifosis, que la Squadra Azzurra sait soigner . Que ce soit individuellement, avec un Buffon qui galvanise les supporters via sa page Facebook, un modèle du genre, ou collectivement, à travers les séances d’entraînement en public ou les rencontres avec les joueurs.

Cerise sur le gâteau : les italiens ont décidé, par solidarité avec le peuple italien très touché par la crise, de ne pas toucher de primes : la fédération a donc décidé de les reverser aux victimes du tremblement de terre qui a touché l’Emilie Romagne juste avant la compétition. Une histoire de cœur…

Quoi qu’il arrive maintenant, l’Italie a déjà gagné son Euro. Parce que désormais, qu’elle gagne ou qu’elle perde, le défi a été remporté : cette équipe s’est reconstruite, et a su se transcender pour jouer avec le coeur.

Ce petit supplément d’âme qui fait la fierté des tifosi. Et au-delà de l’Euro, elle est sur les bons rails pour poursuivre ce travail en vue de la Coupe du Monde de 2014. Prandelli a réussi son pari. Reste maintenant à terminer cet Euro au plus haut… et à reconquérir des titres, jusqu’à accrocher, dans l’avenir, une cinquième étoile sur le maillot.

Les tribulations d’Anelka en Chine

Branle bas de combat ! Tigana viré du club de Shangaï, le nouvel entraîneur s’appelle… Nicolas Anelka ! Quand on connaît le tempérament du joueur, cette décision a de quoi surprendre…

Mais cela n’effraie pas les chinois. Avant même la fin de saison, le joueur français, qui n’a pas vraiment brillé en Chine avec seulement deux buts inscrits, se retrouve promu à la place de l’ancien entraîneur de Bordeaux, limogé après seulement 5 matchs.

Censé mener le club au titre, Tigana paie cher les extravagances du propriétaire multimilliardaire Zhu Jun, qui a voulu faire de Shangaï un joujou prestigieux, avec des recrues attirées par des ponts d’or, et l’obligation de ramener le titre dès cette saison.

Mais aussi aussi un début de saison catastrophique, avec deux défaites, deux nuls et seulement une victoire : le Shangaï Shensua peine notamment en raison d’une défense inexistante, et faute d’avoir trouvé le schéma de jeu tactique qui pourrait le mener vers le succès. Résultat, le club pointe à la onzième place du championnat, sur 16 clubs en lice… Très décevant !

Zhu Jung mise tout sur Anelka

A 33 ans, une nouvelle carrière s’ouvrirait elle pour l’international tricolore ? Anelka, qui touche 230 000 € par semaine, devra faire mieux que son prédécesseur… tout en restant joueur. Une situation ubuesque !

A noter toutefois que le club nie le licenciement de Tigana, qui resterait entraîneur aux côtés de Nicolas Anelka, seuls ses adjoints seraient virés. Ambiance… Reste à savoir si l’ancien joueur du PSG sera capable de sauver les meubles à Shangaï que ce soit sur ou au bord du terrain.

Sirigu, faut pas le faire biiiiip !

On avait vu arriver au PSG un Sirigu discret, se fondant dans la masse malgré son mètre 92, déconneur dans le vestiaire, assez timoré en dehors du groupe, et toujours accessible pour les supporters ou la presse… et dans un français impeccable, s’il vous plait. Un bon client en somme.

Et puis, le 4 février dernier, à la mi-temps du match contre Evian, on l’a vu s’énerver pour la première fois. C’était face à un journaliste de Canal +, qui évoquait le classement de Montpellier. L’italien l’avait renvoyé dans ses 16 mètres sans ménagement, en répondant clairement : « Je m’en fous de Montpellier », avant de filer dans le vestiaire en hurlant quelques grossièretés dans sa langue natale. Cette réaction très cash avait surpris, de la part d’un joueur connu pour sa sympathie.

La semaine dernière, après le match perdu à Nancy, Salvatore Sirigu avait déjà repris les journalistes sur leur pessimisme, en leur demandant si à la place d’un joueur du PSG, ils se jetteraient du haut du toit du stade.

Hier, à l’issue du Clasico, remporté 2-1 par Paris, le portier parisien n’a pas laissé passer les critiques de l’Equipe, un peu trop acerbes à son goût, montrant une nouvelle fois qu’il sait protéger ses cages, mais aussi son équipe. Ainsi, lorsque les journalistes lui ont demandé si les parisiens en faisaient assez pour remporter le titre de champion, l’international italien n’a pas mâché ses mots : « On doit faire quoi en plus ? Il ne faut pas oublier qu’il y a des adversaires aussi. Ce n’est pas un jeu à 11 contre 0. »

Pour le portier parisien, qui a été de l’autre côté en Série A avec Palerme, et se souvient des gros matchs contre l’Inter ou le Milan AC, il reste naturel que les équipes aient envie de réaliser un score face aux premiers du classement : « Des difficultés, il y en a toujours. Surtout quand tu es une équipe comme le PSG car toutes les autres, quand elles jouent contre toi, ont quelque chose en plus au niveau mental. C’est normal, on est l’équipe la plus médiatique de France. Chaque équipe veut gagner contre nous, quel que soit son classement. C’est stimulant pour les autres. »

Reste que l’Equipe a estimé que le PSG avait beaucoup subi. Alors qu’elle lui demandait si c’était un choix d’avoir laissé l’OM venir, l’international italien a fait part de son désaccord dans l’analyse du match, trop terre à terre à son goût, et livré la sienne : « Vous avez vu de quelle minute à quelle minute ? Je m’étonne que vous parliez comme ça. Moi, je trouve qu’on a joué vraiment très bien. Après, on a quand même joué contre Marseille. Il y avait deux équipes qui ont joué pour attaquer. C’est donc normal de défendre à un moment. »

Très à l’aise en français, l’italien s’est même permis de faire un peu d’ironie : « Maintenant, je ne crois pas que Marseille ait attaqué 90 minutes non plus. » avant de refaire le match pour la presse : « Au niveau du jeu, on était à égalité. Paris et Marseille ont bien joué tous les deux. C’était un beau match. Après, on a mis quelque chose en plus pour gagner. »

Et pour Sirigu, quel est ce petit plus ? « C’est l’envie de gagner. On l’a déjà vu dans d’autres matches que l’on a rattrapés à la dernière minute. Aujourd’hui, on a marqué deux minutes après leur égalisation mais surtout, on a joué pendant tout le match. »

Titillé par la presse sur cette envie qui pourrait ne pas être présente à tous les matchs, Salvatore Sirigu a une fois de plus fait la démonstration de sa grande classe, assumant très honnêtement les deux buts pris à Nancy : « L’envie est toujours présente ! A Nancy (2-1), moi je fais deux conneries (sic) et on a perdu. C’est tout. »

Avant de bien mettre les points sur les i : « Vous devez comprendre qu’au foot, cela fonctionne par périodes aussi. Si vous ne comprenez pas ça, on ne peut pas parler ensemble. » Voilà qui est clair et net ! On attend désormais avec une certaine impatience que le portier parisien remette Dugarry à sa place…

After Academy : j’y étais !

Depuis le début de la semaine, l’After, mythique émission de foot sur RMC, propose à ses auditeurs de venir en studio pour faire le lien entre l’équipe et les réseaux sociaux.

La mission est simple : relayer à l’antenne les messages postés par les afteriens sur le blog de l’émission, celui de Daniel Riolo, la page Facebook de l’émission ou encore son compte Twitter.

Chaque candidat de cette After Academy est testé en direct dans l’émission pendant deux soirées. A l’issue de ce casting, les meilleurs seront sélectionnés pour rejoindre l’équipe de l’After Foot la saison prochaine. Les sélections se poursuivent jusqu’à l’Euro alors si vous aimez l’After, le foot, et que vous connaissez les réseaux sociaux… Tentez votre chance !

En tant que serial live-twitteuse et grande prêtresse du « Foot par les Filles », c’est donc ce que j’ai fait… et j’ai été retenue pour être la deuxième after-académicienne à tenter sa chance, dès cette semaine, aux côtés de Gilbert Brisbois et Daniel Riolo.

Mercredi, j’ai donc pris le chemin des studios de RMC. L’After était ce soir là consacrée à la soirée de Ligue des Champions, avec les matchs OM-Bayern et Milan AC-Barça. Outre Gilbert Brisbois, Daniel Riolo et Coach Courbis étaient également au micro.

Mes premières interventions ont eu lieu pendant l’avant-match et pendant la mi-temps.

L’occasion d’évoquer le pessimisme des supporters marseillais, mais aussi de paraphraser la célèbre boulette sur l’ours du joueur de Montpellier Henri Bedimo : « tuer l’ours avant la fin du championnat ». Euh…

En tant que supportrice du PSG, je ne suis jamais la dernière à tacler nos adversaires, je tenais donc là une belle occasion de remplacer l’ours du joueur héraultais par une petite référence à la sardine qui bouche le Vieux Port : coup double sur nos rivaux !

Ces premiers pas radiophoniques ayant eu lieu pendant l’Intégrale Foot, et l’émission de ce mercredi n’étant pas disponible en podcast,  je n’ai hélas pas pu en récupérer les sons. La troisième intervention portait, quant à elle, sur les réactions d’après-match de supporters de l’OM plutôt remontés après la défaite de leur équipe.

Retour en studio jeudi soir pour un After classique, Au micro, Gilbert Brisbois était entouré de Daniel Riolo, Eric di Meco et Polo.

Au menu, un retour sur le match OM-Bayern, et un focus sur le livre d’Armaud Ramsay, La face caché du président, consacrée à Laurent Blanc.

Ma première intervention recensait donc les nombreuses réactions des supporters marseillais après la défaite, avec un retour sur la déclaration WTF de Stéphane M’Bia. L’occasion aussi de taquiner Eric Di Meco sur le dossier Ratatouille. Avec en bonus track sa réaction… explosive !

La seconde chronique, plus courte, relevait les avis des auditeurs sur Laurent Blanc lors de son passage à Bordeaux… avec une comparaison très WTF de Daniel Riolo : à ne pas manquer !

Alors, c’était comment ? Pour le savoir, autant donner la parole au grand manitou de l’émission, Gilbert Brisbois.

Que de fleurs de la part de mes collègues le temps de ces deux soirées ! Merci à Gilbert Brisbois pour son accueil chaleureux, à Daniel Riolo pour ses judicieux conseils –et allez Paris !– à Coach Courbis, à Polo et à Eric Di Meco.

L’After Academy fut pour moi une expérience intéressante, amusante mais surtout un véritable plaisir de retrouver l’antenne avec des chroniqueurs sympas, pertinents et drôles, dans une émission que j’adore.

Inutile de vous dire que j’aimerais bien faire partie des heureux sélectionnés, afin que l’aventure se poursuive la saison prochaine !

Chamakh rejoint le Bayrou FC !

En cette période de mercato électoral, où chaque club cherche à recruter un maximum de joueurs prêt à buter dans l’urne, quitte à en laisser quelques-uns sur le banc de touche, le Bayrou FC vient de récupérer parmi ses soutien Marouane Chamakh.

L’ancien Girondin, qui évolue actuellement à Arsenal, n’en est pas à sa première incursion dans la surface politique : soutien d’Alain Cazabonne, maire de Talence, c’est en 2010, qu’il est monté à l’attaque, en devenant candidat aux régionales sur la liste de Jean Lassalle… déjà pour le club Modemois.

Reste à savoir si ce recrutement de choc permettra au Bayrou FC, déjà présent parmi les 10 clubs de Ligue 1, de se qualifier en Ligue des Champions le 22 avril prochain. A vos pronos !