Sarko : enfin la fin du ni-ni…

sarkoniniRégionales 2015, souvenez-vous : alors que les scores du FN faisaient courir le risque d’une présidence de régions Fn, Sarkozy persistait à refuser d’indiquer une consigne de vote pour le second tour en cas d’élimination de la droite, préférant laisser à ses sympathisants le libre choix de voter pour le FN.

C’était le fameux NI-Ni : ni gauche, ni FN, je m’en lave les mains. Pendant le même temps, Alain Juppé tempêtait, se prononçant, lui, en faveur d’un vote républicain, fusse à gauche.

Qu’on soit très clair : en vertu de notre constitution, le vote se fait à bulletin secret. In fine, l’électeur a donc toujours le choix de voter pour qui il souhaite. Autrement dit, quand un politique donne une consigne de vote, ça n’est qu’une recommandation aux électeurs qui ont porté leur voix sur lui. C’est une position politique. Et à partir du moment où le FN peut se présenter à des élections, les électeurs peuvent voter pour le FN. Ca ne se discute pas.

En revanche, quand un politique prend position, il ne s’agit plus du droit des électeurs à voter comme ils veulent –c’est garanti par la Constitution- mais à donner SA propre position. Quoi qu’ait pu en dire Nicolas Sarkozy et ses amis pendant les Régionales, prôner le Ni-Ni n’est pas un refuge visant à laisser les électeurs choisir : ils ont déjà ce droit et il est constitutionnel.

Le Ni-Ni est une arme bien plus insidieuse. Elle consiste à dire aux électeurs que  s’ils souhaitent voter FN, ça ne lui pose absolument aucun problème au politique qui prend cette position et que c’est un choix tout aussi respectable que de voter pour la gauche républicaine. Il ne fait aucune différence entre ces deux offres. Autrement dit, il banalise le vote FN. Prôner le Ni-Ni, c’est dire aux électeurs que s’ils n’ont pas choisi le parti du politique concerné, ils peuvent aller vers les extrêmes.

On peut réellement s’interroger sur une telle prise de position au sein d’un parti qui se dit républicain et le porte dans son nom, et des tentations d’alliance entre Les Républicains et le FN, qui ont traversé la tête de certains de ses représentants. En la matière, Nicolas Sarkozy a beaucoup joué avec le feu.

Qu’il tourne aujourd’hui sur le Ni-Ni en affirmant chez Jean-Jacques Bourdin qu’en cas de duel Hollande/Le Pen il voterait Hollande, et tourne ainsi casaque, est heureux.

Après est-ce sincère ? Plus personne ne peut savoir, aujourd’hui, ce que pense vraiment Nicolas Sarkozy : à force de changer tout le temps d’avis sur tout pour courir après un électorat qui n’a plus envie de lui, le peuple ne parvient plus à le comprendre. La présidentielle étant, en France, encore fortement marquée par la rencontre entre un homme et un peuple, il y a fort à parier que malgré ce revirement, heureux pour une fois, cela ne soit pas suffisant pour l’emporter in fine, c’est-à-dire en mai prochain au cas où il viendrait à remporter la primaire.

Dimanche je voterai… François Hollande

Longtemps, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir voter lors de cette présidentielle. En tant que ChiracoJuppéiste absolument pas convaincu par le bilan de Nicolas Sarkozy, je suis naturellement orpheline de candidat, faute d’un choix plus probant à droite.

Durant deux années, j’ai milité pour Dominique de Villepin, tout en doutant de ses capacités non pas de président, mais de candidat. La suite de l’histoire m’a d’ailleurs donné raison, puisqu’il ne s’est pas qualifié. N’étant représentée par personne, que faire ?

Nombreux ont été les amis à tenter de m’orienter vers deux candidats. D’une part, Nicolas Dupont Aignan. Au nom du gaullisme. Bon, j’ai toussé. De nos jours, aucun candidat n’est réellement gaulliste. Ce terme est tellement galvaudé par les profanateurs de croix de Lorraine que j’ai du mal avec ceux qui s’en prétendent.

Mais surtout, je déteste les petits candidats qui font des promesses qu’ils ne pourraient jamais tenir s’ils étaient élus. NDA nous propose de sortir de l’Euro. Mais alors, pourquoi chiffre-t-il son programme en Euro ? Pourquoi ne pas parler en francs et estimer la parité qui pourrait exister ? Parce que ça ferait mal ? Pour sûr. Lorsque j’en ai parlé à ceux qui me conseillaient NDA, j’ai tout de même eu droit à un argument collector : « OK, mais à part ça ? Il est gaulliste ». A part ça ? Ca ne me semble pas un détail…

On a aussi essayé de m’orienter vers Bayrou. Soit disant le plus proche de mes idées. Un de ses soutiens a même poussé le vice jusqu’à me dire qu’il était gaulliste. J’ai toussé aussi. Je me suis également demandé pourquoi  tout le monde tenait à utiliser avec moi l’argument du gaullisme. Sûrement un raccourci de plus en raison de mon parcours Chiraco-Juppéiste avec un passage chez Villepin. C’est très court, mais bon. C’est aussi ça les élections.

Revenons à Bayrou. Certains points du programme me séduisent. Mais voilà, ça ne me suffit pas. La présidentielle, dans notre Constitution, c’est avant tout la rencontre entre un homme et un peuple. Le programme fait partie de l’homme. Mais ne fait pas l’homme. Et en 2007, j’ai déjà voté Bayrou au premier tour. Pour quoi ? Pour que le soufflé retombe, que le Modem reste à 56k, et qu’il ne se passe rien pendant 5 ans. Jusqu’à la présidentielle.

Si encore Bayrou avait eu mieux à faire que de monter un parti, comme par exemple faire son job de député à l’Assemblée nationale, j’aurais pu me laisser tenter. Oui mais voilà… L’homme qui entend rendre la présence obligatoire au Parlement affiche un bilan en la matière… quasi nul. Encore une fois, je n’aime pas qu’on me prenne pour une truffe.

Cette situation, je l’avais anticipée dès l’été dernier. A l’époque, je venais de quitter Villepin, imaginant déjà qu’il n’irait pas au bout, et j’imaginais que peut être, Bayrou finirait par me convaincre. Mais faute d’en être certaine, je m’étais préparée à voter pour le candidat de gauche. J’ai donc participé à la primaire, pour choisir celui pour lequel je serais prête à voter sous réserve de sa qualification si au second tour le candidat PS venait à être opposé à Nicolas Sarkozy. J’avais choisi François Hollande.

Restait alors la question du premier tour. J’ai un temps envisagé l’abstention, faute de ne pas trouver de candidat qui me permette d’exprimer ma sensibilité. Non, NDA n’est pas proche de moi. Non, je ne suis plus dans le mood(em) de la génération orange, déçue de 2007. Et enfin non, je ne voterai jamais Nicolas Sarkozy. Question de principe.

J’ai d’ailleurs évoqué cette idée de m’abstenir sur Twitter. Certains retours m’ont outrée tant le politiquement correct a désormais envahi cet espace. J’ai eu de l’argument collector. Par exemple, « tes grand-mères se sont battues pour que tu puisses voter ». Non, mes grand-mères ne se sont jamais battues pour ça, merci de ne pas les mêler à ces clichés. Il y a eu de nombreuses batailles dans ma famille, mais pas celles-ci. En même temps, elles étaient toutes les deux en cloque.

J’ai aussi eu droit à « des gens sont morts pour qu’on puisse voter ». Euh… des gens sont aussi morts pour la monarchie. Et les gens qui sont morts pour qu’on puisse voter, c’était à quelle époque et avec quel résultat ? Nan je demande…

Bref, les gens ont globalement du mal à comprendre qu’il existe deux types d’abstentionnistes. Celui qui n’en a rien à faire de la politique et qui a la flemme de bouger jusqu’au bureau de vote. Et puis il y a celui qui ne trouve pas parmi les dix candidats quelqu’un qui lui convienne, qui sait que le vote blanc et nul n’est jamais commenté, et qui se dit qu’en s’abstenant, il aura un vrai poids. Il pourra faire passer son message. Et ça, c’est aussi de la politique. Toujours se souvenir qu’en toute chose il y a le champ et le contre-champ…

Bref, j’ai tergiversé. Réfléchi. Etudié la question. Et pensé à 2007. Cette année là, il était hors de question pour moi de voter pour Ségo –je n’avais pas été l’une des animatrices du site Segostop pour rien- et encore moins Sarko. Au premier tour, j’ai choisi Bayrou. Les terres du milieu. La génération orange. Qui m’a déçue ensuite, mais sur le coup c’était chouette. Et au second tour… j’ai voté Chirac.

Si c’était en 2007 l’expression d’une fidélité sans faille au président –j’ai toujours voté Chirac- ça n’a plus de sens aujourd’hui, même si ma fidélité à Chirac sera éternelle. Elle est simplement plus affective que politique depuis qu’il est retiré des affaires, ce qui ne lui accorde plus vraiment de place sur un bulletin de vote.

Reste alors le plan B. Celui pour lequel j’ai voté lors de la primaire socialiste en octobre dernier. Lorsque j’ai fait le choix d’y participer, c’était précisément pour me donner une chance de « choisir » le socialiste qui pourrait figurer au second tour… dans l’idée de voter pour lui contre Nicolas Sarkozy.

Aujourd’hui, je souhaite toujours le départ de Nicolas Sarkozy, au terme d’un quinquennat à mes yeux calamiteux sur bien des plans, notamment sur les libertés et les institutions (dont la réforme territoriale), sans parler de la déliquescence de la fonction présidentielle, de sa confusion avec l’UMP et même sa famille, de cette habitude de dresser les français les uns contre les autres, de voir des délinquants partout (y compris chez les chômeurs et les malades), d’user de l’appareil législatif à chaque fait divers, des pressions sur ceux qui le dérangent, et de flirter avec l’extrême droite. De nombreux articles sur ce blog expliquent mes divergences avec Sarkozy et bien qu’étant de droite, je ne mettrai jamais un bulletin portant son nom dans l’urne.

Et je veux voir face à lui celui qui dispose des meilleures chances de l’emporter, mais également de gérer la France. Donc, qualifier au second tour celui qui à mes yeux, et parmi ces dix candidats, est le meilleur. Bayrou m’ayant démontré ses limites en 2007 en terme d’équipes, je crois toujours que c’est François Hollande qui pourra non seulement battre Nicolas Sarkozy, mais aussi gouverner. Pour toutes ces raisons, je voterai dès le premier tour pour François Hollande.

Hollande, et après ?

56-44. Ce n’est pas le score du match de rugby d’hier (on est en finale, on est en finale, on est, on est, on est en finale), mais grosso modo celui de la primaire socialiste.

Après un ultime affrontement dans les urnes, François Hollande l’a emporté assez largement sur Martine Aubry, avec un score de 56,57% pour le corrézien contre 43,43% pour la Lilloise. C’est donc François Hollande qui portera donc les couleurs socialistes à la présidentielle, au printemps prochain.

Immédiatement, la boîte à images se met en route, et le PS réussit bien à faire passer son message d’unité. Dès sa première prise de parole, Aubry fait le geste. Sur le perron de Solférino, les deux candidats se donnent la main, ceux du premier tour les rejoignent pour la photo : l’adversité est loin, tous derrière Hollande et peu importe qu’il fut surnommé Flamby ou taxé de représenter la gauche molle. L’heure est au rassemblement au sein du parti socialiste, condition sine qua non pour espérer l’emporter en 2012.

Car la gauche a choisi Hollande, avec une confortable avance. Celui qui, il y a quelques mois encore, subissait en interne au PS un Tout sauf Hollande, de la part d’une frange de la rue de Solférino. Et pourtant. Dès le premier tour, le mystérieux corps électoral de cette primaire l’a placé en tête, avec 9 points d’avance. Les sondages lui en donnaient 10. Avouez que c’est kif-kif.

Restait alors à confirmer cette dynamique. Un à un, tous les battus du premier tour l’ont rejoint, laissant Martine bien seule pour mener la dernière bataille. Mais c’était logique : il fallait se rassembler sur le gagnant, pour lui donner la plus grande légitimité possible. Martine n’a certes pas démérité, mais François l’a largement emporté.

Reste maintenant à transformer l’essai, et ce ne sera pas facile. Ce qui m’a frappée, hier, c’est le non vote des quartiers.  Les banlieues ont boudé la primaire, malgré les déplacements des candidats. Ainsi selon les chiffres compilés par le Parisien, au premier tour, si Paris compte 13,7% de votants sur l’ensemble des électeurs inscrits, avec des pointes à 18,4% dans le 11ème ou 19,5% dans le 3ème, la participation peine à atteindre les 5% en Seine-Saint-Denis, et 5,67% dans le Val D’Oise. Avec un record à 2,37% à Garges-les-Gonesse. Dans le même temps, la moyenne nationale est de 6,14%.

Lorsqu’on regarde où ce sont portés les votes exprimés dans ces quartiers, les résultats ne sont guère marqués. Ainsi, si le score de Ségolène Royal est légèrement supérieur, celui d’Arnaud Montebourg est en général inférieur, ce qui ne donne pas plus de poids, in fine, à la gauche de gauche. Bref, les banlieues n’ont pas vu dans la primaire un espoir dans le fait de choisir le candidat de gauche.

Je ne crois évidemment pas à la théorie avancée par certains selon laquelle ce chiffre s’expliquerait par l’impossibilité pour les étrangers membres du PS de voter. D’une part c’est faux, ils pouvaient se rendre aux urnes et présenter leur carte du PS. D’autre part, cela ne change rien en terme de pourcentage du corps électoral ayant participé au primaire : à ce que je sache, s’ils sont étrangers, ils ne vont pas plus voter au printemps prochain. La question n’est donc pas là, et sert juste à instrumentaliser ce non vote pour plaider la cause du vote des étrangers. Grosse ficelle.

Reste que la question du vote des banlieues, traditionnellement porté à gauche, se pose. S’abstiendront-elles, ou hésiteront-elles entre les candidats classiques et les extrêmes, de droite comme de gauche ? François Hollande tient là l’un de ses défis majeurs : parvenir à parler à cette population mais surtout, à être entendu.

Car le danger bleu Marine guette… Non pas spécifiquement en banlieue, mais partout. Or la question sera bien de se qualifier au second tour. A l’heure actuelle, de nombreux candidats jouent la carte facile de l’anti-Européanisme, taclant l’Europe et l’Euro à tout bout de champ, en faisant croire à la population que sans l’Euro ni l’Europe, la vie serait plus belle. Qu’importe les conséquences réelles qu’engendrerait la sortie de l’Euro, ou la complexité d’en sortir : ceux qui tiennent ce discours n’ont aucune chance de gouverner.

Et c’est bien là que le bât blesse : c’est justement parce que personne ne peut juger sur pièce que les extrêmes ont recours aux idées populistes. Reste que ceux qui les auront cru conserveront l’impression de ne pas être entendus. Avec plus ou moins de rancœur et d’agressivité. Surprenant cependant que personne ne s’étonne de trouver dans ce pêle-mêle les souverainistes de Dupont Aignant ou la gauche du PS de Montebourg aux côtés des extrêmes de droite et de gauche, de Marine Le Pen à Mélenchon et Poutou. Tout de même, tout le monde n’a pas la géolocalisation politique contrariée !

Que les petits candidats se mettent à racoler ainsi risque de mettre sérieusement en danger le candidat du PS, tout comme celui de l’UMP. La souffrance de la population finit par détourner une partie de l’électorat sur les bords, que ce soit d’une tendance ou de l’échiquier. En ce sens, le premier tour pourra être serré.

EELV sera tout aussi démago que Mélenchon, et offrira une solution toute aussi radicale, mais plus acceptable aux bobos en raison d’une image plus hippie chic, là où Hollande sera tenu d’éviter les fausses promesses pour ne pas décevoir s’il l’emporte, et garder un discours audible au regard de la situation intérieure, mais aussi de la France en Europe et dans le monde. Ce que n’ont pas nécessairement à faire les petits candidats… On l’oublie trop souvent, mais c’est aussi le jeu du premier tour.

Reste qu’Hollande devra faire face a minima à Poutou (NPA), Mélenchon (PC/Front de Gauche) et Joly (EELV), faute d’avoir pour l’instant des nouvelles de Schivardi (et son moins de 1%) et Chevènement (ira, n’ira pas ?). Autant de candidats qui feront mathématiquement baisser son score, quitte à le faire passer en troisième position.

Cette division des voix sera moins importante à droite, où le candidat Sarkozy affrontera a minima Marine Le Pen (FN). Et peut être Dupont Aignan (DLR), Boutin (FRS) et Miguet. Difficile en effet de comptabiliser Bayrou le centriste dans les voix de droite, le Modem étant désormais quasiment autant de droite que de gauche en matière de répartition des voix (à peu près 60 à droite/40 à gauche en 2007).

Ne nous y trompons pas, 2012 ne sera pas 2002. Mais plusieurs éléments sont à noter. Tout d’abord, comme je l’ai déjà expliqué, il y aura du mouvement dans l’électorat de droite. Le rejet de Nicolas Sarkozy est bien plus fort que l’UMP ne veut le faire croire, et le premier symptôme en est la désaffection pour le soi-disant candidat naturel au sein même des militants et des élus. Les prises de positions en ce sens se sont multipliées, et traduisent un vrai malaise. Second symptôme, la participation d’une partie de l’électorat de la droite et du centre à la primaire du PS : à l’exception des quelques fanatiques de Sarko qui ont bêtement voulu fausser le scrutin, ceux là sont prêts à franchir le Rubicon au second tour.

Reste, une fois encore, la question du premier tour. A droite, le rejet de Sarkozy se répartira en cinq tendances : abstention pure et simple, vote au centre, vote vers un petit candidat, vote FN, et vote à gauche. Parmi ces choix, les plus gros mouvements seront sur le vote au centre et le vote FN. A moins d’un trop fort risque FN qui pousserait les anti-Sarkozy porté sur le centre à voter utile dès le premier tour.

A gauche, ceux qui ne sont pas d’emblée convaincus par Hollande auront également plusieurs choix : vote sur un candidat plus marqué (Mélenchon ou EELV), vote extrémiste (NPA ou FN), abstention. Et ne nous y trompons pas, le programme économique de Marine Le Pen vise bien l’électorat de gauche : appeler à la nationalisation (des banques) n’a jamais fait bander la droite…

La question reste donc définitivement celle du poids du FN conjugué à celui de l’abstention, pour espérer figurer au second tour. La candidature centriste de Bayrou pourrait réunir une partie de la droite, dépourvue de candidat depuis le retrait de Borloo et l’improbable candidature Villepin, mais il reste peu probable qu’il parvienne à réitérer son score de 2007 : l’essai n’a pas été transformé, et le Modem n’est pas apparu suffisamment crédible depuis 4 ans pour porter un espoir de société qui séduirait au-delà d’une base certes élargie par rapport à ses scores régionaux, mais trop faible pour parvenir à se qualifier.

C’est donc bien l’abstention et le vote FN qui seront les arbitres du 22 avril prochain. Soit les votants auront suffisamment répartis leurs votes sur l’ensemble de l’offre politique, et dans ce cas les candidats UMP et PS se qualifieront. Soit l’abstention sera plus élevée et le vote FN plus important que l’on ne l’imagine, et dans ce cas, le candidat de droite comme celui de gauche risquent de ne pas se qualifier. Et d’offrir un non-choix au second tour.

Paradoxalement, le second tour semble plus clair en cas d’affrontement Hollande-Sarkozy. Le rejet de l’actuel président est tel que même s’il est aussi bon candidat qu’il est mauvais président, et reste capable de l’emporter sur le fil, Hollande devrait emporter les voix de la gauche jusque sur une partie de la droite, cette tendance est confirmée par la participation de certains d’entre eux dès la primaire, six mois avant l’élection. Et ce transfert sur la gauche est facilité par le choix d’Hollande, plus centriste que Martine Aubry, rédhibitoire pour une partie plus large de la droite qu’Hollande en raison de son sectarisme et surtout des 35 heures.

En réalité, seule l’abstention de gauche et des extrêmes pourrait faire basculer le rapport de force au profit de Sarkozy, qui aura du mal à remonter de son score de premier tour jusqu’à dépasser la barre fatidique des 50% des suffrages exprimés, condition sine qua non pour gagner. Reste que pour l’emporter au soir du 6 mai, il faut se qualifier le 22 avril. Après avoir rassemblé derrière lui le parti socialiste, le corrézien doit veiller à ne pas se faire déborder sur sa gauche. Voilà le vrai défi qui attend François Hollande pour les six mois qui viennent.

Primaire PS : Tribord perd la boussole !

La primaire du PS a donné le mal de mer à la droite. Pourtant, le processus était connu depuis longtemps. Il y a même eu un avant goût en 2007 avec la primaire interne du PS.

Et contrairement à ce que l’on voudrait nous laisser penser, il y avait pourtant bien eu à l’époque trois débats télévisés –mais aucun en hertzien-, pour cette primaire qui se jouait à un tour. La seule vraie différence, c’est que la primaire de 2006 était interne au PS, et non ouverte à tous les citoyens. Il semblerait que cela gêne un peu à tribord…

L’UMP est tellement obnubilée par la primaire qu’elle organise ce mardi une convention… sur la primaire. En 2007, les conventions du parti majoritaire servaient à préparer le projet, en abordant tour à tour les grands thèmes de la présidentielle. Pour la présidentielles de 2012, j’avoue avoir du mal à suivre. Soit la primaire du PS est un enjeu de société, qui justifie qu’on fasse des propositions sur ce thème aux Français, et dans ce cas la convention de l’UMP se justifie. Soit le parti majoritaire tente de se donner un peu de consistance face à ce succès populaire, et de délivrer massivement des éléments de langage à ces militants.

Pourquoi pas, mais on n’est alors plus dans la construction du projet. Dernière possibilité, l’UMP organise cette convention pour se positionner par rapport à la primaire, ce qui serait alors un peu court. D’une part, parce que le projet du PS existe depuis un moment et que sa version post-primaire, modifiée par le candidat, ne sortira pas d’ici mardi. D’autre part, parce qu’en tant que Fille de Droite, je trouverais un peu limité de se cantonner à répondre au PS dans le projet de l’UMP : cela relèverait d’un vrai manque d’ambition pour la France, et surtout, d’une absence totale d’idées. Voilà pourquoi je ne comprends pas bien la tenue de cette convention, au-delà d’un aspect thérapie de groupe qu’il me paraît pathétique d’ultra médiatiser.

Ce matin, Copé en remet une couche dans ce n’importe quoi généralisé à tribord. Sur I-télé, il explique que le ralliement de Montebourg à Hollande montre l’incapacité à tenir une ligne à gauche. Hum hum… Donc si je suis bien monsieur Copé, l’UMP n’est pas plus crédible, en allant du centre droit à la droite populaire, en passant par exemple par monsieur Vanneste qui rappelons-le, tient régulièrement son lot de propos homophobes. Si Hollande ne peut rassembler la gauche, tout pareil pour Sarkozy. Ou comment Copé assume avec convictions des propos qui plombe autant sa famille politique. LOL.

Sans parler des divergences sur l’organisation même d’une primaire. D’un côté Fillon, Accoyer, et même mon pote Aymeric s’y étaient déclarés plutôt favorables, conscients que le succès de la primaire citoyenne comme la modernité de ce mode de désignation posent question à droite.  Et je partage, en tant que Fille de Droite, totalement cette vision. De l’autre, Sarkozy a vertement tancé ce procédé. C’est dire si la primaire met Tribord en panique : les vents contraires agitent le Titanic, qui se débat en pleine cacophonie avec des morceaux de Xababa (ndlr Xavier Bertrand), Eric Raoult ou encore Morano au milieu, qui éclaboussent dans tous les sens… et souvent non-sens d’ailleurs. Dur, dur d’être de droite, par les temps qui courent…

La droite qui, d’ailleurs, s’est déjà essayée à l’exercice en interne. Si certains aiment donner l’exemple des déchirements consécutifs à la primaire de l’UMP pour la municipale à Paris, ils oublient que le système même de la primaire a existé pour la présidentielle, en 2006, à l’initiative… de Nicolas Sarkozy. Eh oui, rendons à César…

Si ce fut un fiasco, c’est uniquement parce que les barons de la droite ont baissé leur culotte, n’osant pas affronter celui qui était alors président de l’UMP. Il faut dire que les scrutins internes organisés par la même équipe –méthodes bolchéviques, menaces et bourrage des urnes électroniques inclus- avait de quoi refroidir les ardeurs. Reste que les statuts prévoient les primaires. Tellement qu’après l’élection de Sarko, il a fallu les modifier fissa pour prévoir qu’il n’ait pas à s’y soumettre cette année, sous prétexte qu’il serait le candidat naturel. J’y reviendrai.

Du coup, la prise de position présidentielle nous expliquant « La Ve République ne peut être l’otage des partis politiques et le candidat (à la présidentielle, ndlr) pris en otage par son parti. Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours », c’est, euh, comment dire… Soit Nicolas Sarkozy pense réellement ce qu’il dit, et affirme donc ne pas avoir lui-même respecté l’esprit des institutions de la Vème en 2006, et donc ne pas être le gaulliste qu’il prétend être. L’ancien ministre du budget Alain Lambert ne s’est d’ailleurs pas gêné pour le lui rappeler, et demander à ce qu’on laisse le Général en paix (voir le tweet ci-dessous).

Car le Général n’a jamais prétendu être contre la primaire : la question ne s’est jamais posée, et je défie qui que ce soit de trouver une phrase de Charles de Gaulle sur ce sujet. En effet, contrairement à ce que certains voudraient bien faire croire, les primaires, en étant citoyennes, reflètent bel et bien la rencontre entre un homme et un peuple, au-delà des partis : c’est justement en sortant du cadre interne qu’elles deviennent gaullistes ! Et elles ne favorisent en rien le bipartisme : il y a bien eu plusieurs primaires à gauche, pour désigner les candidats qui porteront les couleurs des partis concernés !

Enfin, Nicolas Sarkozy affirmait, dans son discours d’investiture en tant que président de l’UMP le 28 novembre 2004 : « Vous, adhérents, je veux que vous soyez maîtres de votre destin. Les grandes décisions politiques du mouvement nous les prendrons ensemble. Pour cela, je ne connais qu’une seule formule : celle du vote démocratique, ouvert à tous ». Soit Nicolas Sarkozy estime que le choix du candidat n’est pas une grande décision politique. Soit il fait preuve d’une mémoire sélective qui frise la mauvaise foi. C’est ballot.

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy semble ne pas sentir le vent nouveau qui a soufflé sur la vie politique ces dernières semaines. Car il ne s’agit plus, cette fois, de politique politicienne ou même partisane : cette primaire était proposée à tous les citoyens se reconnaissant dans des valeurs de gauche –en réalité républicaines, comme je l’ai déjà expliqué– et donc complètement en dehors de l’appareil. Car si le vote a été organisé par le PS, il suffisait d’aller dans les bureaux de vote pour constater qu’il était calqué sur n’importe quel scrutin organisé par l’Etat.

En ce sens, le président n’a pas compris que quelque chose, dans le rapport entre le peuple et la politique, avait changé. Comme si depuis qu’il est reclus à l’Elysée, il avait perdu la connexion avec le peuple français. C’est ennuyeux pour un candidat naturel de ne plus sentir la tendance… Sarko aurait-il perdu son mojo ?

Il est évidemment trop tôt pour le dire, mais certains rats quittent déjà  le navire, fuyant la présidentielle. Le Premier Ministre lui-même, François Fillon, semble avoir zappé l’étape avril-mai, pour se consacrer à Paris… pour la municipale de 2014. Son plan épargne retraite à lui qu’il a. Sur Twitter, un militant de droite me disait hier qu’il n’y avait aucune surprise à préparer les législatives de juin dès maintenant. Euh, en tant que Premier Ministre, si. Soit il pense que la droite va l’emporter en mai prochain, et donc qu’il bénéficiera d’un élan favorable. Soit il pense que l’UMP va méchamment se rétamer, et qu’il faut partir en campagne le plus tôt possible.

Et qu’on ne me dise pas qu’il doit s’implanter localement : il vise la 2ème circonscription de Paris, celle qui inclut une partie du 6ème et du 7ème arrondissement –où même mon chien serait élu s’il portait un collier UMP (qu’il ne portera jamais hein)- et en plus, la plupart des délégués de circonscription parisiens sont pro Fillon. D’ancien P9 -pour Point 9, autrement dit de France.9, le club de Fillon- qui lui ont bien préparé le terrain. Autant dire que si François Fillon annonce dès maintenant son parachutage, c’est qu’il n’est pas über optimiste sur le fait de bénéficier de la dynamique de la présidentielle ! Ca doit être le sens de l’expression Courage, Fillon !

De là à dire qu’une large partie de la droite fait l’impasse sur les scrutins d’avril et mai, il n’y a qu’un pas. C’est à mon sens, l’explication du retrait de Borloo. Oh, il y a certainement des raisons occultes à chercher du côté d’éventuelles casseroles dissuasives, mais à mon avis, au-delà des rumeurs, Borloo a certainement étudié précisément l’état de la droite… et constaté qu’il n’avait aucun intérêt à se lancer dans une campagne de premier tour qui le ferait apparaître comme le diviseur. L’intérêt de tout le monde réside en effet dans le concept suivant : soutenir Sarko pour mieux le laisser se planter… tout seul.

Evidemment, c’est un pari risqué. Mais si Sarko se plante, c’est payant pour tout le monde. Personne ne sera le-vilain-salaud-qui-ne-l’a-pas-soutenu-et-qui-a-fait-perdre-des-voix, et donc chacun pourra tenter sa chance à la loterie suivante, à savoir la reconstruction de la droite. Avec en option, la disparition du sarkozysme des écrans radars pendant quelques temps… car ce sera bien ce courant qui sera responsable en cas de défaite. D’autant qu’en cas de reconstruction, la droite optera probablement pour des options radicalement différentes que sous le sarkozysme : les courants devraient donc, logiquement, retrouver voix au chapitre.

Je dis bien retrouver. Si les militants actuels de l’UMP sont arrivés sous Sarkozy, et ne connaissent donc pas l’histoire de leur propre parti, je rappelle que l’instauration de courants au sein de l’UMP a été votée par le conseil national le 9 mai 2004. Je suis bien placée pour le savoir : non seulement j’y étais, mais j’ai voté des deux mains et des deux pieds la motion Juppé, qui les proposaient. Pour qu’ils existent, il fallait simplement ratifier cette proposition par un vote du congrès. Ce que Sarko s’est toujours refusé à faire. Qui fut le président de l’UMP le plus moderne ? Juppé !

Quand on sait qu’aujourd’hui l’homme est plébiscité pour représenter la droite à l’élection présidentielle en lieu et place de Sarkozy –par les militants, mais également, par des élus !- on peut en tout cas s’interroger sur la notion de candidat naturel revendiquée par la droite aujourd’hui. Autant je pense, comme beaucoup, qu’un président qui se représente doit se porter candidat pour assurer la continuité de la politique de son camp, autant il se trouve que cette année, j’estime que la droite –dont je suis, je le rappelle- dispose d’un meilleur candidat. Non seulement parce que l’actuel président ne parvient pas à réunir son camp, mais aussi et surtout parce qu’il a désacralisé la fonction et atteint aux valeurs républicaines, ce qui ne lui donne plus la pole position pour les porter.

Et ne nous leurrons pas : même s’il venait à l’emporter en mai prochain –Sarko étant aussi mauvais président qu’il est bon candidat, rien n’est perdu pour lui, et le résultat final dépendra tant de sa stratégie que de la capacité de la gauche à y faire face- il sera de toutes façons en position de faiblesse dès juin. Une fois les législatives passées, Sarko perdra en influence, parce qu’il ne pourra plus se représenter.

La droite sera déjà dans une autre logique : sa reconstruction. Et soyons honnêtes : on ne peut se reconstruire que sur un échec. Aussi, pour tourner enfin la page du sarkozysme qui la détruit de l’intérieur, et se purger des tentations frontistes comme des méthodes nauséabondes qui ont émaillées son fonctionnement depuis fin 2004, la droite a intérêt à l’alternance dès 2012. Reste à savoir quelle proportion de la droite votera pour son candidat, quelle autre pratiquera l’abstention, et enfin laquelle se laissera ainsi séduire par l’humour corrézien…

Primaire PS : le camp Aubry perd ses nerfs…

Quatre ans et demi que je n’ai pas alimenté cette rubrique, ouverte sur le blog trash de campagne que je tenais pendant la présidentielle 2007 et croyez moi, je n’étais pas franchement pressée de m’y remettre. Mais voilà, l’ambiance de cette fin de primaire PS méritait bien de rouvrir la boîte à gifles.

Premier à en faire les frais, le sale gosse Montebourg. Voilà quatre jours qu’il tente de refaire le coup de Bayrou en 2007, c’est-à-dire faire parler de lui, histoire de capitaliser sur son 17%… et tenter de faire oublier qu’il a finit troisième, et a été éliminé. Et que le premier a fait plus du double de son score. Un hold-up médiatique dans lequel tombe allègrement la presse, qui oublie que le NPS avait fait en son temps 18% et qu’alors, ce score n’a rien d’extraordinaire. Bah oui, il y a un courant à la gauche de la gauche… Normal non ?

On en fait un fromage de brebis ou on redescend sur terre ? Parce que là, c’est quoi l’info ? Surtout que dans mon entourage et sur Twitter, un paquet de Montebourg ont annoncé qu’ils n’iraient pas voter. OK pas tous, mais bon, ça relativise quand même le poids que peut peser Nono dans le second tour et d’ailleurs lui-même en est conscient, en choisissant en responsabilité de ne pas donner de consigne de vote. Si seulement il pouvait poursuivre son idée et arrêter de se la jouer…. Parce que franchement, le choix perso de la primadonna du PS, on s’en tape :  on laissait plutôt les gens choisir ?

Mais le pire de cette fin de campagne pour la primaire, c’est quand même l’agressivité de Martine Aubry, et de son camp. La dame des 35 heures n’a guère changé –je vous invite à (re)lire le livre- et fait preuve d’un sectarisme hallucinant. Mais pas seulement. Déjà, je goûte assez peu son vocabulaire. Quand on prétend prendre la place de Sarkozy et redonner de la hauteur à la stature présidentielle, « empapaouter » n’est pas franchement un mot à utiliser. Parce que sa ne signifie rien de moins qu’ « enculer ». Concurrence au « casse toi pauvre con » ? Désolé, j’attends mieux.

Ensuite, quand on débat sur la France de demain, je vois mal ce que viennent faire les attaques sur la gestion du PS, en mode « j’ai fait mieux que toi, mon cher François ». Euh… En bourrant les urnes pour faire échouer Segogo ? Je serais toi Martine, je ne la ramènerais pas trop sur le sujet. Parce que là encore, ça n’est pas très loin de la conception des élections internes made in UMP. Fichu Congrès de Reims, dur dur de le faire oublier. Encore que ce coup là Martine a de la chance : les 2,5 millions d’électeurs du premier tour n’en ont rien à cirer des petites histoires internes du PS.

Voyons la suite, et ça n’est guère mieux. Pour Martine, François représente la gauche molle, et elle souhaite une gauche dur. Pourquoi j’ai l’impression qu’elle me parle de mon caca ? C’est super intime ces choses là et à l’heure du dîner –ça a fait l’ouverture du débat- ça n’est pas très ragoûtant. Là encore, j’attends de la hauteur. Un présidentiable. Quelqu’un de la stature de Mitterrand ou Chirac. L’inverse de Sarkozy. Z’avez compris ?

Mais hélas, ça ne s’arrête pas là. Martine a des amis qui, tels les trois villepinistes paranos de Twitter ou les trente ségolénistes hystériques du même réseau, se sont mis à flinguer le camp Hollande. Certains d’entre eux ont des arguments –que l’on peut discuter mais qui restent audibles- mais la grande majorité est passée en mode haters. C’est-à-dire en dézinguage systématique à partir de rien. En mode Morano, Xababa et Lancar. Ce qu’ils passent leur temps à critiquer.

Hum… si Martine l’emporte dimanche, ça promet une campagne qui sentira bon le caniveau. Et perso, le nivellement par le bas, ça n’a jamais été ma came. Tout cela pour dire que l’ambiance, ces derniers jours, est franchement pourrie. Et que la Aubry Force, en perdant ainsi ses nerfs, n’a rien à envier à la Iforce de l’UMP. Même si là encore, il ne faut pas généraliser, et certains, hélas trop peu nombreux, relèvent le niveau.

Reste que vu la tonalité générale emprunte de sectarisme dans le camp Aubry, je lui attribue ma première Bouse de Campagne, en lui rappelant que ce n’est pas en usant de ces méthodes que l’on peut rassembler ni la Gauche, ni les Français. La présidence de la République nécessite de savoir garder ses nerfs et d’être en mesure de prendre de la hauteur, ce dont est manifestement incapable celle qui reste, en l’état, simple première Secrétaire du PS. Vivement dimanche !