Mon grand père, ce héros

J’ai toujours adoré mon grand-père. Petite, c’est lui qui me protégeait de la méchanceté de ma grand-mère, réparant inlassablement les injustices qu’elle commettait. C’est lui aussi qui me racontait des histoires, et m’initiait à l’histoire de France. C’est lui enfin qui m’enseignait les valeurs familiales et les légendes de nos aïeux. C’était mon héros.

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Lors d’une énième plongée dans les archives familiales, celles de ma mère cette fois, j’ai découvert quelques trésors : photos d’enfance de mon grand-père, âgé d’environ un an, en compagnie de ses parents ; divers papiers d’identité, dont sa carte de fonctionnaire, ou encore son livret militaire. Mais surtout, j’ai découvert deux pièces rares et précieuses, qui à elles seules résument le véritable héros qu’il était :

  • l’ordre d’attribution de la Croix de Guerre 39-45 avec étoile de bronze, décerné sur les motifs suivants : « a donné en plusieurs occasions l’exemple du sang-froid et du courage, notamment lors d’attaques d’avions ennemis à basses altitudes sur la route de Borris. Le 17 juin 1940 à Sully, s’est exposé au feu de détachement ennemis pour essayer de ramener une voiture immobilisée, est resté le dernier pour couvrir les hommes qui l’accompagnaient. »
  • un télégramme envoyé par une famille juive polonaise, cachée par mon grand-père et son frère, premiers maillons d’une chaîne qui leur permit de conserver la vie.

Les deux faces d’un homme qui s’engagea et pour son pays, contre l’ennemi, et pour l’humanité. Bien sûr il aurait pu être reconnu Juste de la Nation. Sauf que pour lui c’était naturel, et qu’il n’était pas question de tirer une breloque d’une action que chacun aurait du réaliser.

Aussi loin que remontent mes souvenirs, je me souviens d’un homme qui tenait plus que tout à ce que l’on ne mette jamais en avant notre rang, au motif que la noblesse consistait en des devoirs avant de comporter des droits. Il martelait sans cesse qu’il n’avait qu’hérité de son titre -marquis- en vertu de la loi Salique, mais n’avait rien fait pour le mériter lui même, ce titre étant attribué sur faits de guerre. Il insistait pour que nous soyons avant tout à la hauteur de nos illustres ancêtres dans chaque action de notre vie.

Grand-père, en étant toi-même héroïque dans la défense de ton pays et de l’humanité, il me semble que tu as parfaitement tenu ton rang de Marquis de La Mache…