SarkoShow, Acte I : J’ai sauvé l’Europe et dans quelques jours je vais sauver le monde

Les deux sommets européens passés, ayant accouchés dans la douleur d’un accord arraché au forceps –pour faire comme Carla ?- il reste maintenant le G20, les 3 et 4 novembre prochain à Cannes.

Dernier temps fort de la présidence française, mais aussi gros risque pour Nicolas Sarkozy. Le programme est ambitieux, notamment en ce qui concerne la régulation mondiale et la réciprocité. Autant dire que si la montagne accouche d’une souris, ce sera un sacré handicap pour Sarkozy, qui joue depuis la crise de 2008 sur son image de sauveur, sans avoir réellement de bilan pérenne en la matière. Des rustines ont été posées, certes, mais elles ne tiennent déjà plus. C’est dire s’il joue gros.

D’entrée, Yves Calvi demande si nous sommes sortis de la crise ou si nous colmatons la brèche. Selon le président, « ni l’un ni l’autre ». Et repart sur un long historique partant de la crise de 1929, pour finalement arriver à la crise depuis 2008 : « Lorsque les américains ont décidé de laisser tomber Lehman Brothers cela a entraîné une catastrophe dans le monde entier ». Donc c’est la faute des Ricains. Ouais, mais si les Ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie, à parler de je-ne-sais-quoi, à saluer je-ne-sais-qui… puis il enchaîne, en disant que nous –les européens- ont a essayé d’éviter ça. Bref, on a sauvé le monde, parce que sinon on allait tous mourir : mode Superman enclenché. Enfin presque : « nous sommes face à une crise de la dette colossale qu’il s’agit de régler ». Parce qu’avant Lehman Brothers, y’avait pas de problème de la dette peut être ?

Revenons à l’accord de cette nuit. Pour le président, déclarer la Grèce en faillite aurait entraîné la totalité de la zone Euro. Donc « Les Grecs font des efforts mais comme ils ne pouvaient pas rembourser 200 milliards d’euros nous avons demandé aux banques d’effacer 50 % de leurs créances. » Hum… amusant lorsque l’on sait que quand DSK avait évoqué cette hypothèse, Fillon l’avait traité d’irresponsable. Doit on comprendre que notre bon mètre serait irresponsable ? Ou qu’il a baissé son slip de Superman ? Au passage, ça n’est pas 50% de la dette grecque qui est effacée, mais 50% de sa dette privée. Elle doit quand même encore un paquet aux Etats et institutions internationales (Etats, FMI, FESF, BCE) mais bizarrement Sarko n’en pipe mot.

Jusque là, on a surtout compris qu’on n’a pas sauvé la Grèce, mais surtout les banques. Et le vilain Yves Calvi ose poser justement cette question là. Et je vous le donne en mille, Sarko botte en touche, en donnant un bon coup de bâton aux grecs, qui ne sont pas blanc-blanc… Et n’y va pas par quatre chemin : « La Grèce est rentrée dans l’euro avec des chiffres qui étaient faux et elle n’était pas prête, son économie n’était pas prête à rentrer dans la zone euro et nous en avons payé les conséquences ces derniers mois ». Mais n’oubliez pas, c’est le candidat qui vous parle… Il n’hésite donc pas à rajouter qu’elle est entrée dans la zone Euro en 2001, et qu’il n’était pas aux affaires. Ca n’est pas sa faute à lui : mode Lolita enclenché. Au passage, Jospin, Chirac, bandes de gens qui soutenez Hollande de plein gré ou par humour corrézien, suivez mon regard…

Sarko passe ensuite sur le douloureux passé entre la France et l’Allemangne. Décidément ce soir on voyage dans le temps. Après le XXème siècle et sa crise de 1929, nous voilà reparti jusqu’en 1870, puis les deux guerres mondiales. C’est un bon moyen pour les élèves de 3ème de réviser rapidement et à moindre frais leur BEPC. Autant rentabiliser le cours magistral de notre cher nain Prof. Sauf que pas trop quand même, vu que pour Sarko, nous avons eu trois guerres avec l’Allemagne dans le même siècle. Aïe Aïe Aïe… D’ailleurs le voilà qui verse dans le mélo : « Puis des hommes ont dit on va ensemble construire la paix… ».

Je me vois déjà, courant nue dans les prés, un bouquet de marguerites dans les mains, et un peace and love tatoué sur le sein gauche, hurlant « Angela, ich liebe dich » à tout bout de champ, c’est le cas de le dire. Ah ah. Bref, je rêve sur ce nouvel épisode des Feux de l’Amour version amitié franco-allemande, celui dans lequel Nicolas et Angela sont un peu en froid –Nicolas balance Angela et trouve leur couple moins francs que d’autres couples franco-allemands dans le passé- mais se décident finalement à signer un accord européen pour ne pas qu’on se foute de leur gueule au G20.

Et n’allez pas dire, odieux que vous êtes, que cet accord n’est pas brillant et qu’il met seulement l’Euro sous perfusion. Vous seriez alors d’odieux colporteurs de ragots, tel ce Jacques Sapir, économiste pro-démondialisation, qui publie ce soir dans Marianne son analyse sur ce qu’il appelle « le pire accord envisageable ».

Parce qu’il entraînera selon lui la baisse de l’indépendance de l’Eurpe en internet –poids décisif de l’Allemagne et non plus du couple franco-allemand- et en externe –entrée probable de la Chine dans le FESF ce qui au passage, annule de facto toute tentative de mesure protectionniste, et met à mal la négociation sur la réciprocité-, ne rassurant que temporairement les marchés qui comprendront que ce n’est pas suffisant et reprendront rapidement la spéculation.

Jacques Sapir, lui, préconisait plutôt l’auto-dissolution de la zone euro. Et Sarko n’a pas répondu à cette tendance là, pourtant croissante dans l’opinion, des extrêmes à Montebourg. Mine de rien, ça fait tout de même entre 15 et 20% de personnes qui sont lâchées dans la pampa sans avoir eu la moindre contre argumentation. Ou le danger de faire une primaire tout seul, sans contradiction. Bref, de toutes façons on va tous mourir. Ou comment Superman a baissé sa culotte, faute d’avoir les moyens de s’en acheter une propre.

Et Pernault (Ricard ?) refroidit encore un peu l’ambiance autant que le glaçon dans le Pastis (Ricard !) : « Combien ça coûte aux français ? ». Le mec monomaniaque. Depuis le lancement de l’émission Combien ça coûte en 1990 –eh oui, ça date !- JPP n’a jamais quitté son fond de commerce. Donc selon Sarko, « La France a prêté à la Grèce 11,5 milliards d’euros. Aujourd’hui ce prêt n’a rien coûté au contraire, cela a remporté des intérêts ».

Mouais mouais mouais. Donc ça ne nous aurait pas coûté d’argent, ça nous aurait même rapporté. Parce que la Grèce ne peut pas payer sa dette, mais elle peut payer ses intérêt. Comme nous, quoi. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ? Parce que dans la vraie vie, on a tout de même payé tout ça par le Plan de Rigueur de Fillon hein. Faudrait peut être voir à pas trop nous prendre pour des jambons… Parce que tous les buveurs de Coca s’en souviennent. Même si notre président s’appelle Ni-Cola(s). Ah ah.

Bon sinon, entre deux fautes de syntaxe qui nous rappellent que le président qui met en place un examen de français plus drastique pour les étrangers visant la naturalisation ne le réussirait sans doute pas lui-même, on apprend ça a coûté 100 milliards aux banques. Bah oui, 50% de 200 millions d’euros. Jusque là on sait encore compter… Les banques qui, d’ailleurs, étaient bien obligées de jouer le jeu, sinon elle faisait face à un défaut de paiement –de la Grèce- et boum, le monde explosait. Et on allait tous mourir. Sarko se rengorge d’ailleurs, pas à une contradiction près : « Le marché c’est la quintessence du court terme (…) mais je préfère avoir une bourse qui augmente et des marchés qui nous font confiance ».

Ainsi s’achève l’acte I et l’explication du sommet européen sur cette anaplodiplose : Sarko a sauvé le monde. Et fait des figures de style, à l’insu de son plein gré. Et si on passait à la France ?

11 septembre 2001 : dix ans après

Chacun se souvient d’où il était et de ce qu’il faisait le 11 septembre 2001, lorsque deux avions ont volontairement percutés les tours jumelles du World Trade Center, qu’un autre s’est écrasé sur le Pentagone, alors qu’un quatrième échouait dans sa tentative de s’écraser sur un autre bâtiment de la capitale américaine, probablement le Capitole, grâce aux passagers du Vol UA 93.

Journaliste chez AlloCiné, c’est depuis le bureau du directeur de la rédaction que j’ai vu le second avion s’encastrer dans le World Trade Center, et suivi en direct le déroulement de cette effroyable journée. Mais mon 11 septembre, je vous l’ai déjà raconté. Dix ans ont passé.

Saura-t-on jamais combien de victimes a fait le 11 septembre ? Au-delà des victimes officielles, dans les avions et sur les lieux des crashs, il ne faut pas oublier ceux qui les ont secourus –pompiers, policiers, …- et développés des pathologies liées aux poussières toxiques des décombres des tours jumelles. Ni les dommages collatéraux des guerres qui ont suivi ces événements, en Afghanistan comme en Irak. Ni la première victime de ce carnage, tuée avant même qu’il n’ait lieu : Massoud.

Une seule certitude, ce jour là, le monde a changé. Les Etats-Unis ont découvert leur vulnérabilité et leur incapacité à protéger leur sol. La menace terroriste fait désormais partie de nos vies. Dans leur quête pour retrouver Ben Laden et détruire Al Qaida, les Etats-Unis ont envahi l’Afghanistan, aidé par la coalition, dont la France -qui a perdu une soixantaine de soldats sur place. A la recherche d’armes de destructions massives qu’ils n’ont jamais trouvé, ils ont aussi envahi l’Irak, mais nous avons dit non à cette guerre là.

Et puis au printemps dernier, Ben Laden a été retrouvé au Pakistan, et tué lors de l’opération militaire visant à le neutraliser. Si le symbole est fort, Al Qaida n’a pas pour autant cessé d’exister. Mais surtout, Ben Laden nous aura contraint à modifier notre mode de vie : ironie de l’histoire, dans ce combat contre le terrorisme international, nous aurons en effet, au nom de la sacro-sainte sécurité, laissé beaucoup de nos libertés.

Sur le reste et au-delà du réel traumatisme de cette attaque et de ces milliers vies envolées, comme l’explique très bien Le Monde, l’effet 11 septembre reste à relativiser. Le meilleur exemple en reste le Printemps arabe, ces révolutions que ni les Occidentaux, ni les djihadistes n’ont vu arriver. Alors oui, dix ans après, personne n’a oublié la tragédie du 11 septembre. Mais le monde continue de tourner.

Massoud… Dix ans déjà

9 septembre 2011. Al Qaida est en marche vers l’événement dont tout le monde se souviendra. Sur sa route, dans les montagnes du Panshir, un homme : Ahmad Shah Massoud, plus connu sous le nom de Commandant Massoud. Depuis toujours, cet homme résiste pour son pays, l’Afghanistan.

Al Qaida n’est pas dupe, et Ben Laden pragmatique : le 11 septembre modifiera le monde, et les Etats Unis iront en Afghanistan. Et ce sera plus facile pour eux de lutter contre les talibans s’ils peuvent compter sur l’Alliance du Nord afghane, du Commandant Massoud. Ce dernier est en effet un véritable chef de guerre, et fin stratège. N’a-t-il pas réussi à négocier la trêve avec les soviétiques en échange du retrait de leurs troupes ?

Il faut donc l’éliminer, d’autant qu’il n’a pas d’héritier. Sa perte désorganisera forcément la riposte occidentale. L’avenir l’a prouvé : Kerzaï n’a pas l’étoffe d’un Massoud… C’est ainsi que deux faux journalistes arabes, envoyés par le mouvement terroriste de Ben Laden, commettent un attentat suicide : leur caméra piégée blesse grièvement Massoud, qui ne survit pas. Deux jours avant les tours du World Trade Center, le Lion du Panshir est tombé.

Massoud, longtemps incompris. Originaire de la région du Panshir, Massoud a toujours lutté pour son pays, contre ceux qui voulaient l’asservir. D’abord contre les soviétiques, qu’il contribua à repousser à sept reprises lors d’offensives d’envergures contre sa vallée. Ce qui lui valut son surnom de Lion du Panshir. Dans les années 80, il est même aidé financièrement par la CIA. Mais repousser les soviétiques, c’est aussi conclure des alliances et mésalliances régionales. Aide de l’Iran, par exemple, et rejet de l’influence pakistanaise. Deux positions qui refroidissent les américains…

Hélas, ils ne réaliseront que bien tardivement l’importance stratégique de Massoud en Afghanistan, dans la guerre contre le terrorisme. A plusieurs reprises, il avait tenté d’alerter la communauté internationale contre Al Qaida et Oussama Ben Laden. Mais ses alliances purement régionales purement pragmatiques l’auront empêché d’être entendu à temps.

En dépit des zones d’ombre du personnage –aucune guerre n’est propre, les chefs de guerre ont donc souvent quelques casseroles- il reste avant tout un symbole de ce qu’est la résistance. Cet homme a mis toute son énergie à défendre les intérêts de son pays, cherchant à le libérer du joug soviétique, puis de celui des talibans. Musulman lui-même, il s’est même montré ouvert concernant le droit des femmes. Indépendant et opposé à tous les extrémismes, qu’ils soient religieux ou politiques, il n’avait qu’une cause : l’Afghanistan.

Dix ans plus tard, Massoud est devenu une icône, et son image est partout en Afghanistan : produits dérivés, musée souvenir, mausolée, … Pour les dix ans de sa mort, son pays a même organisé une cérémonie. Si quelques voix s’élèvent contre lui, il est globalement fêté comme un héros. Mais que reste-t-il de son combat ?

Comme le dit Ashmat Froz, un architecte qui a connu Massoud : « Si le pays ne se développe pas, l’Afghanistan reviendra vers le terrorisme. Mais la solution n’est pas militaire. La politique de Massoud était très simple: il responsabilisait les locaux, village après village. Il agissait autant sur le militaire que l’économique. La seule façon de lutter contre les talibans, c’est d’aider la population à se hisser vers le haut grâce à l’économie».

A l’heure où le conflit s’enlise, obligeant les occidentaux à mettre en œuvre le retrait de leurs troupes sans avoir réussi à régler la question afghane, souvenons nous un instant de cet homme qui n’hésita pas à mettre en pratique cette devise : « ne nous demandons pas ce que notre pays peut faire pour nous, mais ce que nous pouvons faire pour notre pays ».

Un résistant qui ne s’est jamais soumis à l’envahisseur, comme le décrit fort bien Christophe de Ponfilly dans ses documentaires, dont Massoud l’Afghan, que je vous invite à visionner. N’oublions pas cet homme hors pair, qui sut dire non… et le paya de sa vie. Respect.

#UEMedef11 : Day One

Au terme de cette première journée, et à l’heure de vous en livrer le compte rendu, un sentiment domine : les échanges furent riches et intéressants, et à part quelques exceptions sur lesquelles je reviendrai, à la hauteur de ce que j’attendais.

Premier bon point pour le Medef, l’accueil irréprochable. Dès notre arrivée sur le site, nous avons récupéré nos badges rapidement, puis découvert l’espace dédié aux blogueurs : connexion réseau à dispo, infos réactualisées en permanence, retransmission des plénières, prises pour recharger nos multiples appareils –merci l’infrastructure HEC-, mais aussi boissons et bouffe, histoire de ne pas avoir à courir après le sandwich. Ca peut sembler trivial, mais ce petit détail nous permet de pouvoir travailler sans nous soucier de l’intendance. Autre bonne surprise, la presse est à disposition : Le Parisien, La Tribune, Les pages Saumon du Figaro, et… Libé ! Ce dernier titre ayant involontairement partipé au faux-bond de dernière minute d’Eric Woerth à cette université d’été.

Le cadre, ensuite. Alors là, pour avoir participé à l’organisation de trois grosses universités d’été –celles de l’UMP-, j’ai un bon aperçu de la configuration d’un site et de son optimisation. Et je dois bien l’avouer, la plénière m’a bluffée. Loin du traditionnel chapiteau, l’arrière scène est transparente, assurant ainsi à la salle une grande luminosité. A la fois classe et agréable. Du coup, on a envie d’y prendre racine…

A vrai dire, le seul truc que je n’ai pas aimé dans cette ambiance pourtant sympa, c’est cette fâcheuse habitude qu’ont les participants de nouer le Tshirt officiel, qui leur est remis en cadeau, sur leurs épaules. Soooo cliché ! Quitte à afficher un look de droite, je préfère largement le chèche rouge qui sert de signe de reconnaissance aux organisateurs. Voilà pour l’incontournable séquence Fashion Police.

Passé ces considérations pratiques et esthétiques, attachons nous au fond. Fidèle à sa réputation, et en dépit d’intitulé de tables rondes parfois surprenants –je VEUX faire partie de l’équipe de brainstorming ! -, le niveau était au rendez-vous. Tant mieux pour  Medef, qui affiche clairement ses intentions : pour Laurence Parisot, il s’agit de préparer cette « rencontre importante de début novembre entre la communauté Business et les chefs d’Etat » par ce B20, préalable au G20 qui se tiendra début novembre sous présidence française. Elle marque ainsi sa volonté de tenir un rôle politique et de s’affirmer clairement. D’ailleurs, et c’est une nouveauté cette année, cette université d’été sort, dans les problématiques choisies, de son habituelle neutralité : le Medef s’assume, dans l’optique évidente de la campagne présidentielle. Ca tombe bien, je suis là pour ça aussi. Et comme en politique on adore ça, je vous ai compilé un petit best-of des phrases les plus croustillantes de la journée.

Du high level, donc, il y en aura tout au long de ces 3 jours, et ça a démarré sur les chapeaux de roues, avec l’intervention d’Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen. Cet éminent économiste, qui, comme l’a rappelé en introduction Laurence Parisot, fait partie des rares ministres des Finances à avoir réussi à réduire le déficit de son pays lorsqu’il était en poste, a livré sa vision du rôle que doit tenir l’Europe dans la gouvernance économique mondiale. Soyons honnêtes, ça n’est pas tous les jours qu’on voit le président du Conseil Européen, du coup, on en attend beaucoup. Il fut tout simplement captivant. Du coup, j’en viendrais presque à pardonner à Laurence Parisot sa boulette sur Twitter… mais en fait non, j’en ai quand même fait un papier. Parce que Saperlipopette !

J’ai choisi d’assister ensuite à une table ronde Témoignages intitulée Plus forts après la crise… qui m’a nettement moins emballée. J’avoue l’avoir choisie pour de mauvaises raisons. Cette table ronde promettait un plateau ravageur, en programmant sur le même plateau Frédéric Lefèbvre, Nadine Morano, et Eric Woerth. Le super méga combo.

Malheureusement, Woerth a annulé sa participation, en dernière minute. Restaient les deux lascars, Lefèbvre et Morano. Ils furent… tels qu’on les connaît, c’est-à-dire des perroquets d’une autopromo gouvernementale, option SAV intégrée. Sans véritable recul, sans profondeur, de simples transmetteurs d’un argumentaire entendu 100 fois sur leur politique magnifique. Valeur ajoutée, zéro.

Lors de cette table ronde, il n’aura cessé de tenter de se faire aimer par les entrepreneurs, tel  un paon en pleine parade amoureuse. Sauf que je suis blogueuse, pas anthropologue. Hors sujet. Finalement, en loupant ce grand O devant les patrons, Frédéric Lefèbvre reste le porte parole de l’UMP qu’il fut, mal engoncé dans le trop grand costume pourtant pas bien large de sous ministre.

C’est d’un triste, de voir quelqu’un qui a atteint son seuil de compétences…  Et surtout de constater que le secrétaire d’Etat en charge de tous les dossiers intéressant les entreprises soit si peu intéressant. A croire que son titre est plus long que sa pensée… Du coup, furieuse envie de divaguer. De demander à Lefebvre si son costume est de chez Zadig et Voltaire, parce que franchement, que dire d’autre ? Désolé, mais je ne vois rien à la hauteur d’Herman Van Rampuy. Et je ne me déplace pas à Jouy en Josas pour voir une rediff de Ma politique à moi que j’ai enfin mon Sarko elle est trop bien.

Allez, à la hauteur de leur vide intersidéral, je vous livre une petite info Coulisses : avant la table ronde, Lefebvre et Morano se sont joyeusement évités, pas salués, ni même regardés. Y’aurait-il de l’eau dans le gaz ? Du rififi au gouvernement ? Je ne peux l’affirmer d’autant que j’ai quitté cette table ronde avant la fin, ravagée par l’ennui qu’ils me prodiguaient, et donc pas vu s’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, ou tout autre happy end digne des contes de fées ou autres blockbusters hollywodiens. D’ailleurs, pardon aux autres intervenants qui eux, avaient peut être des choses à dire. Mais contrairement à mes voisins Georgette et Marcel, qui ont osé piquer un petit somme pendant l’intervention d’Herman Van Rampuy, quand les deux lascars m’ont saoulée, j’ai quitté la salle.

J’ai alors rejoint quelques camarades blogueurs pour participer à un atelier sur le Club Ambition Sport, une structure proposée aux entreprises dans l’optique des Jeux Olympiques de 2012. Puis j’ai rejoint la plénière pour participer au dernier plateau, consacré à la gouvernance mondiale. Et quel plateau ! François Baroin, Pascal Lamy, Laurent Fabius, Jacques Attali, et j’en passe ! Que du beau monde, pour des interventions de très haut niveau. Ayant du quitter cette table ronde prématurément, c’est en replay, grâce à Medef TV, que je suivrai en différé cette table ronde. Mon compte rendu sera donc… pour plus tard !

Comment terminer sans évoquer mon réel plaisir de revoir Steph, chef cab de Laurence Parisot, bien connu dans une vie antérieure, et Raph, du Pôle Adhérents du Medef, et ami de longue date. Demain, vous découvrirez encore de nombreux articles sur les ateliers et les coulisses… et notamment les pots et soirées. En attendant, un petit cadeau Bonux : je vous ai préparé un petit florilège des meilleures phrases de cette journée. A savourer !

Le temps présidentiel

Après Chaque pas doit être un but, le premier tome des Mémoires de Jacques Chirac, qui évoquait son parcours politique, Le temps présidentiel revient sur ses deux mandats de président. Tout au long des quelques 600 pages de ce second tome, Jacques Chirac s’explique sur ses choix de président. Des essais nucléaires à la dissolution, du non à la guerre en Irak au référendum de 2005, Jacques Chirac revient sur ses douze années à la tête de l’Etat.

L’essentiel de l’ouvrage porte sur son action internationale. Le président évoque ses rencontres avec de nombreux chefs d’Etat, mais aussi les coulisses des négociations internationales et des sommets internationaux, G7 puis G8 et G20.  A travers ses relations avec Bill Clinton ou Boris Eltsine, à celles plus délicates avec Georges Bush –on apprend ainsi qu’ils ne se parlèrent pas pendant plusieurs mois- à celles avec Tony Blair qui, selon Jacques Chirac, « a pris de lourdes responsabilités au regard de l’Histoire » en se ralliant d’emblée à l’offensive américaine en Irak, sans omettre naturellement la rencontre avec le président chinois Jiang Zemin en 1999, il pose son regard sur la mondialisation et la gouvernance mondiale. Mais aussi les grands dossiers internationaux, comme la crise en ex-Yougoslavie, ou les discussions préalables à la guerre en Irak, dans laquelle il refusera d’engager notre pays. Sa manière de s’impliquer dans ces deux dossiers témoigne déjà de son inlassable engagement en faveur des cultures et pour la paix.

Le Proche-Orient occupe une large place. De la visite à Jérusalem qui fit tant couler d’encre à ses relations avec Yasser Arafat, Jacques Chirac évoque la troisième voix française, dans la recherche de la paix dans cette région. Comment ne pas être pris à la gorge par le vibrant hommage qu’il rend à son ami assassiné Rafic Hariri, ressenti « comme celui d’un frère… Un des pires chocs de ma vie ». Il ne pardonnera jamais à Bachar El-Assad, fils d’Hafez qui lui, avait su faire progresser la Syrie. La construction européenne, enfin, occupe une large place. Tout comme son cheminement en matière d’écologie, et notamment la genèse de son fameux discours de Johannesburg : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ».

L’ancien président n’est pas exempt d’autocritique, notamment en matière de politique intérieure, en particulier sur la dissolution de 1997, et le 21 avril 2002. Alors que la classe politique entière s’évertue à rendre Dominique de Villepin responsable de la dissolution ratée de 1997, Jacques Chirac consacre un chapitre entier à rappeler les faits : depuis l’automne 1996, tout le RPR lui conseille d’user de ce pouvoir, y compris Nicolas Sarkozy, à l’exception de Philippe Seguin, Bernard Pons ou Pierre Mazeaud. Au-delà de dédouaner son ancien secrétaire général, Jacques Chirac remet les pendules à l’heure sur le fonctionnement de l’Elysée : le président, bien qu’entouré de conseillers, décide… et assume.

Il va même jusqu’à reconnaître des erreurs, particulièrement lorsqu’il dresse le bilan de son élection en 2002 et du choc du 21 avril, alors mal analysé : «J’aurais sans doute dû tout mettre en oeuvre pour constituer une équipe dirigeante plus représentative des 82% d’électeurs qui m’ont apporté leur suffrage le 4 mai 2002». «Je ne l’ai pas fait et ce fut probablement une erreur au regard de l’unité nationale dont j’étais le garant», admet-il. Le président Chirac affiche néanmoins sa fierté de n’avoir jamais accepté de compromis avec le Front National, « le parti de la haine, du racisme et de la discrimination ».

Au fil de ce Temps présidentiel, l’ancien président dresse avec sincérité le portrait de nombreux politiques qui l’ont entouré. A gauche, François Mitterrand bénéficie d’un portrait flatteur. Ainsi qu’Hubert Védrine, qui l’aida souvent à comprendre Jospin. Ce dernier, en revanche, n’est pas épargné par la plume parfois acide du président : « Je ne me sens rien de commun avec un dirigeant dont la rigidité intellectuelle, la vision manichéenne de la société, la conception antagoniste des rapports politiques dictent le comportement comme la pensée. »

A droite, Juppé est une nouvelle fois encensé : « Voici plus de vingt ans que j’ai trouvé auprès de lui d’abord le collaborateur et le conseiller, puis l’adjoint et le ministre d’une compétence sans faille, auquel j’ai pu me fier en toutes circonstances. Son soutien ne m’a pas fait défaut dans les périodes difficiles où mon destin présidentiel paraissait dans l’impasse. Cette fidélité est toujours allée de pair chez Alain Juppé avec une grande franchise à mon égard, dénué de tout souci de complaisance». Villepin, quant à lui, est réhabilité de l’épisode de la dissolution, et présenté comme un véritable homme d’Etat à travers deux portraits élogieux.

L’actuel locataire de l’Elysée, Nicolas Sarkozy, essuie quant à lui quelques coups de griffes. D’abord, sur leurs différences politiques :  « Nous ne sommes pas d’accord sur l’essentiel. Il est atlantiste, je ne le suis pas. Il est beaucoup plus libéral que moi sur le plan économique. Il est pour les discriminations positives et j’y suis radicalement opposé. » Ensuite, sur le comportement qui le disqualifia à plusieurs reprises pour occuper les fonctions de Premier Ministre : «Ses ambitions présidentielles sont vite devenues transparentes, à peine est-il arrivé Place Beauvau [en 2002], quitte à paraître anticiper quelque peu sur des échéances qui n’étaient pas immédiates. Mais je me suis aussitôt refusé à entrer dans le rapport de forces qu’il tentait d’établir entre nous, considérant que celui-ci ne pouvait être que destructeur pour nos institutions.» Lorsqu’en 2004, après l’échec aux régionales l’hypothèse de Nicolas Sarkozy à Matignon refait surface. Jacques Chirac la rejette à nouveau, car «si Matignon et l’Elysée ne s’entendent pas, c’est l’implosion». «C’est ce qui se passerait inévitablement avec Sarkozy».

Enfin Jacques Chirac évoque son rapport au peuple, qu’il aime rencontrer, ressentir, pour mieux l’incarner. Cette relation quasi paternelle avec les Français qu’il affectionne. Ces rendez-vous où sa grande carcasse peut aller serrer des mains et donner un baiser aux dames. Ces moments chaleureux de communion avec la population. Ce peuple qu’il aime, et notamment la jeunesse à qui il laisse, en conclusion de cet ouvrage, un testament en faveur de l’entreprenariat, de la création et des idées : « Alors, Français, Rêvez ! Osez ! »

Au fil des pages, j’ai redécouvert le politique qu’en tant que chiraquienne membre de l’association Avec le Président Chirac je connaissais déjà bien, et découvert l’homme, à travers cet ouvrage sincère, dévoré en une seule nuit. Non pas au sens de son intimité –Jacques Chirac reste dans ses mémoires aussi réservé et secret qu’il l’a toujours été- mais au sens de son action pour la France et le monde. Si je le savais déjà un grand homme d’Etat, j’ai pu apprécier ce qui est à mon sens sa plus grande qualité, à savoir le profond humanisme d’un homme épris d’universalité. Un objectif personnel qu’il poursuit aujourd’hui à travers la Fondation Chirac, destinée à favoriser un développement durable et prévenir les conflits.