La Nazionale à la croisée des chemins

10377076_10152222785008831_8811631101051590216_nMardi 24 juin. L’Italie est éliminée de la Coupe du monde, dans les conditions que vous savez.

Oh, je ne vais pas vous expliquer que l’Italie a bien joué : vous savez que c’est faux. En revanche, il existe des raisons pour lesquelles l’Italie a mal joué.

Du côté de l’organisation du Mondial, par exemple. Parce que sur cette Coupe du monde, l’Italie a tout connu :

  • Un changement de règlement en cours de route : apparition deux jours avant d’un tirage au sort pour désigner quel pays européens parmi les 9 qualifiés pour le mondial allait aller en chapeau 2, alors que la France, pays le plus mal positionné au classement FIFA avant les barrages, aurait dû y aller. Vous connaissez la suite : c’est l’Italie qui s’est retrouvé en chapeau 2.
  • Le tirage au sort du Mondial : qui dit Chapeau 2, dit grosses équipes à affronter. Et c’est ainsi que l’Italie s’est retrouvée dans le groupe de la mort. Wonderful.
  • La localisation des matchs : l’Italie a joué son premier match à Manaus, en Amazonie, par 30° et 90% d’humidité. Soit 37° de ressenti pour les joueurs, selon le médecin de la Nazionale. Les deux suivants, à Recife et Natal, dans des régions chaudes.
  • L’heure des matchs : si le match en Amazonie a bien été joué à 19h heure locale, les suivants ont été joués à 13h. En plein cagnard. L’Italie est l’équipe qui a joué sous la plus haute température moyenne durant cette phase de poule.
  • Un arbitrage local sur le dernier match : beaucoup de fautes uruguayennes ont été oubliées. Ensuite oui, Marchisio a fait une faute. Mais si l’arbitre sort un joueur pour un tacle dangereux lorsqu’il joue le ballon, comment peut-il laisser en jeu un joueur qui mord son adversaire sans se préoccuper du ballon ?

Italy v Uruguay: Group D - 2014 FIFA World Cup BrazilEvidemment personne ne peut affirmer que l’Italie aurait réussi à marquer dans le temps restant, vu son manque de réalisme face au but et son incapacité à cadrer.

Il est probable que cela n’aurait rien changé. Reste que les uruguayens étaient complètement cramés, que l’Italie a tenté jusqu’au bout mais sans avoir l’opportunité de se tester à 10 contre 10. A l’heure où j’écris ce texte, aucune sanction n’a été prise à l’encontre de Luis Suarez, même si une conférence de presse de la FIFA doit se tenir en fin de journée. [Suarez sera finalement sanctionné lourdement, en étant interdit de toute activité liée au football pendant 4 mois].

Ces conditions expliquent que malgré une bonne préparation physique, les organismes n’aient pas réussi à s’acclimater. Et qu’on se comprenne bien, l’Italie n’est pas la seule concernée : l’Angleterre a souffert lors de son premier match à Manaus (nombreuses crampes). Si l’on regarde les qualifiés des groupes A et B, 6 équipes d’Amérique Centrale et du Sud se sont qualifiées pour les 1/8ème de finale, sur 8 places disponibles.

dieu (2)L’Italie ayant beaucoup donné sur son premier match, dans les pires conditions, les organismes n’ont pas pu récupérer à temps pour les deux matchs suivants… joués en plein cagnard.

Si vous avez regardé les matchs de l’Italie, vous n’avez pas pu manquer que l’équipe a muté en un groupe de zombies dès le second match. Méconnaissable. Trop fatiguée, elle n’a pas été en mesure de déployer son jeu. Force est de constater que sur cette phase de poule, le climat aura été la clé. Et sur ce point, l’organisation aura laissé la place à d’énormes disparités.

 

Une élimination sous haute tension

A l’issue du match, la Nazionale a tremblé. Abete, président de la FIGC, a immédiatement démissionné, tout comme le sélectionneur Cesare Prandelli. Mais surtout, deux joueurs se sont exprimés. Pas n’importe lesquels : deux champions du monde.

Bq6sUGaCMAAkkhlTout d’abord le capitaine Gigi Buffon, au micro de Sky Italia : « On entend souvent dire qu’il faut du changement, que Buffon, Pirlo, De  Rossi, Chiellini et Barzagli sont vieux, mais la vérité c’est que quand il faut  pousser le chariot, ceux-là sont toujours au premier rang. Il faut les respecter un peu plus, pas pour ce qu’ils ont été mais pour ce  qu’ils représentent encore. Sur le terrain, le « il faut faire », le  « pourrait faire » ou le « il fera peut-être » ne suffisent pas ». 

Daniele-De-Rossi_full_diapos_largeInterrogé par la Rai, Daniele de Rossi a renchéri, en validant « chaque virgule du concept exprimé par Gigi Buffon » : « C’est vrai que nous incarnons l’état d’esprit juste et il est  aussi vrai que nous donnons toujours tout. Il y avait certainement des paramètres qui ont influencé le résultat, comme la chaleur ou l’arbitrage, mais il ne faut pas s’accrocher à ça. Nous devons oublier. Non, je me corrige : on doit se souvenir de tout et nous reconstruire avec des vrais hommes, pas avec des starlettes, la Nazionale n’en a pas besoin. »

Pris dans la tourmente de l’élimination et des démissions, les observateurs ont d’abord conclu à une série de tacles appuyés sur Mario Balotelli. Il faut dire que SuperMario n’a rien fait pour arranger les choses. Selon les infos qui commencent à sortir, et qui ne seront probablement jamais confirmées, il y aurait eu une altercation entre Prandelli et Balotelli à la mi-temps. Le jeune attaquant aurait marmonné des propos peu acceptables, critiquant « les sénateurs ». Un comportement qui a poussé Bonucci à le virer manu militari du vestiaire, lui disant clairement : « Idiot, sors d’ici et tais-toi ».

Le jeune joueur n’aurait-il pas supporté que l’entraineur choisisse de le remplacer par Parolo ? Pourtant Prandelli avait toutes les raisons de le sortir : Balotelli avait bien trop décroché tout au long de la première période et les uruguayens semblaient bien décider à le faire craquer, ce qui lui avait déjà valu un carton jaune. Le comportement du joueur, à ce moment critique du match, aura donc été de creuser la fracture dans un groupe déjà épuisé.

Bq65DDECUAA3kHtPire, à l’issue de la partie, alors que toute l’équipe attendait sagement au vestiaire le retour de Pirlo, retenu par le contrôle anti-dopage, pour écouter son discours de départ puisqu’il avait annoncé prendre sa retraite internationale à l’issue du mondial, SuperMario s’est désolidarisé du reste du groupe, rejoignant seul le bus.

BrDQkYGCEAAHeudMoins de 24h après, les joueurs étaient dans l’avion. Mais avant qu’ils ne se posent à Milan, ce jeudi 26 juin, il s’était passé beaucoup de choses. Qui ont abouti à cette déclaration de Pirlo, dès sa descente d’avion : « Per ora lascio l’azzurro. Ma se il nuovo CT mi chiedesse disponibilità, tornerei volentieri // Pour l’heure, je quitte le maillot azzuro. Mais si le nouveau sélectionneur requiert ma disponibilité, je reviendrais volontiers ». Au conditionnel. Tout ça à quelques instants de cette longue accolade avec Cesare Prandelli.

 

Quel avenir pour la Nazionale ?

Rien n’est dû au hasard. Ni le changement de pied de Pirlo –qui annonçait sa retraite depuis plus d’un an- ni les mots précis qu’il a choisis. A mon sens, c’est une décision collective. Qui part de la défaite. Qui passe par les mots de Gigi et DDR. Et qui s’achève sur cette annonce de Pirlo. Décryptage.

10336729_764133860311209_8920640719228600202_nTout commence avec la prise de paroles des deux champions du monde 2006. A tout seigneur tout honneur, c’est Gigi qui a posé les bases : sur ce mondial, ce sont les aînés qui ont répondu présents. Les jeunes joueurs n’ont pas su se transcender pour aller chercher cette victoire.

Daniele de Rossi s’est chargé d’apporter les précisions nécessaires : l’équipe nationale italienne fonctionne selon un état d’esprit, dont les anciens sont les garants. Et pour le moment, certains chez les jeunes ne semblent pas avoir bien compris l’essence de la Nazionale : le talent ne suffit pas, il faut également de l’abnégation.

mVcmO2S2Pour comprendre la réaction des anciens, il faut se souvenir de ce qui est écrit à l’intérieur du maillot de la Nazionale : En Italie, le Bleu est plus qu’une couleur. Le Bleu est un mode de vie, qui se transmet de génération en génération. Il représente une tradition faite d’espérance, de victoires et d’étoiles conquises. En Italie, le Bleu veut dire être toujours prêts à rêver de plus. Ce maillot signifie cela. Il est fait pour rêver. FORZA AZZURRI. Telles sont les valeurs de la Nazionale di Calcio, que Balotelli et ses jeunes coéquipiers sont supposés comprendre, intégrer, et incarner sur le terrain comme dans leurs comportements. Ce qui n’a manifestement pas été le cas, et ce à la pause du match le plus important pour eux.

Ca ne peut pas passer, pour les anciens. Pas parce qu’ils sont mis en cause, mais parce que les valeurs de la Nazionale ont été bafouées. Ils le savent : s’ils en restent là, l’Italie perdra cette force qui est la sienne et qui bien souvent, lui a permis de se sortir de situations inextricables. Il y a le feu à Casa Azzurri. Les deux hommes ne vont donc pas s’arrêter là.

Bq6leC4CUAA-BQZIls vont entraîner avec eux le troisième champion du monde : Pirlo. Le meilleur joueur de l’équipe. Une idole. Un leader silencieux. Celui que tout le monde écoute lorsqu’il prend la parole. Or celui-là annonce depuis un an qu’après cette compétition, il prendra sa retraite internationale. Il ne fait aucun doute que pour Buffon et De Rossi, il y a eu urgence à le convaincre de rester.

Comment s’y sont-ils pris ? Je l’ignore, mais ces hommes vivent ensemble en sélection depuis l’âge de 15 ans. Ils se connaissent, s’estiment et se respectent. Buffon et Pirlo ont toujours été proches. Pirlo fut même l’un des rares footballeurs à avoir été invité au mariage de Buffon en 2011.

Mais DDR est le meilleur ami de Pirlo dans la sélection italienne actuelle. C’est également son compagnon de chambrée depuis le départ d’Alessandro Nesta. Ils sont même partis en vacances ensemble l’été dernier. Cette amitié remonte à 2006. Après que DDR ait pris un carton rouge pendant la Coupe du Monde, Pirlo ne l’avait pas blâmé. Au contraire, il l’avait soutenu, l’invitant même à dîner dans sa famille. C’est dire si entre eux, il y a plus qu’une histoire de ballon.

Bq6zA8vCYAEkWeB.jpg largeLes trois champions du monde unis, il fallait trouver un moyen de l’annoncer. C’est donc Pirlo qui, dès la sortie de l’avion, a annoncé qu’il pourrait continuer l’aventure, si on lui demandait. Alors que Prandelli a démissionné, un nouveau sélectionneur va être nommé. Qui ? C’est bien la question que pose entre les lignes le groupe des champions du monde 2006 : qui sera choisi pour diriger l’équipe nationale d’Italie, sous-entendu, dans quel état d’esprit ?

Nombreux sont les noms cités. Mais parmi eux, figure un homme que visent directement les propos d’Andrea Pirlo : Massimiliano Allegri. L’ex-entraîneur du Milan AC, finalement viré en janvier dernier, est celui qui a commis l’impair de faire partir Pirlo du Milan AC, où le joueur avait passé 10 ans.

Manquant totalement de clairvoyance, Allegri n’a pas souhaité reconduire Pirlo à son poste de numéro 6 devant la défense, estimant qu’il était trop vieux pour ce poste. Il a convaincu Gallieni de lui proposer d’être milieu gauche, une insulte pour Pirlo. Et c’est ainsi qu’Il Maestro, en fin de contrat au Milan, est parti gratuitement à la Juve. Où il a remporté les trois championnats suivants, démontrant malgré quelques blessures combien il est essentiel, et à quel point il tient la forme.

L’Italie entière se moque encore de la bêtise d’Allegri. Autant dire qu’après cette phrase apparemment anodine de Pirlo, il ne figure plus parmi les favoris. N’y allons pas par quatre chemins : le groupe des « sénateurs » fait clairement pression sur la fédération pour choisir un homme à la hauteur de la situation. Un homme qui saura faire le ménage au sein de la Nazionale, prendre les décisions qui s’impose (virer définitivement Balotelli ?) et garantir le respect du maillot au sein du groupe. Ils ont pris leur responsabilités. Je ne peux que les en remercier.

Conte-scudettoPersonnellement, j’ai un rêve : que le conseil fédéral de la FIGC propose le poste à Antonio Conte, homme de poigne très respecté par ses joueurs, qu’il l’accepte, et que Prandelli prenne sa place à la Juve. Oui, je rêve d’un échange de bons procédés.

Parce qu’auréolé de trois scudetti successifs, dont le dernier à plus de 100 points, tout en menant son équipe d’une main de fer, Conte serait vraiment l’homme de la situation. On peut toujours rêver : qui sait ? Sinon, Maître Fabio Capello pourrait être rapidement disponible, après ce mondial avec la Russie. Ancelotti, lui, est sous contrat avec le Real. Alors Mister Conte ? Lasciate mi sognare…

Il Numero Uno est un homme comme les autres

Numero1Emue. Ce livre m’a émue.

Admiratrice du plus grand gardien du monde, j’avais acheté Il Numéro Uno pendant l’Euro 2012, alors que j’avais commencé à apprendre très doucement l’italien. Comme motivation. Comme un but. Je me disais que le jour où je parviendrais à le lire, je serais très fière de moi.

Jusque-là, je m’intéressais au sportif. Ce gardien incroyable, reconnu comme le meilleur du monde, a la longévité exceptionnelle et au palmarès fort riche. Celui-là même qui, un soir de juillet 2006, arrêta d’une claquette sortie de nulle part la tête de Zidane que tout le monde voyait au fond. Un athlète hors norme devenu au fil du temps un symbole de l’Italie.

Mon italien progressant, j’ai découvert peu à peu ses écrits. Ces mots jetés en pâture sur son mur Facebook, depuis rassemblées sur son site internet. Ces paroles fortes, destinés à galvaniser les supporters ou à rendre hommage, ou encore à évoquer tel ou tel match. Certains de ces textes m’ont marquée.

Celui sur Auschwitz, bien loin de l’image du « nazista » qu’avait pu en faire la presse au début des années 2000. Non que ce texte soit brillant d’un point de vue artistique. Mais il a touché juste parce que j’ai à peu près les mêmes souvenirs que Buffon. Ceux de l’Euro 2012, dont celui du lendemain de la qualification pour la phase finale,  évoquant le fait de se battre toujours jusqu’au bout, de tout donner, mais aussi l’Italie, son Italie fantasmée. Ou encore son message poignant au lendemain de la finale perdue, fixant rendez-vous pour le Mondial 2014 qu’il annonçait entendre jouer, et remerciant ses coéquipiers.

Qu’on se comprenne bien : Buffon n’est pas un auteur. Buffon est un leader. Un homme capable d’entraîner des gens derrière lui par la seule force de ses propos. Un capitaine. Celui de la Juventus. Et de l’équipe d’Italie.

Depuis l’été 2012, j’ai tenté de nombreuses fois de lire cette biographie, avant de chaque fois la délaisser faute d’avoir le niveau de langue suffisant.  Au printemps 2013, j’ai pourtant lu sans grande difficultés la biographie d’Andrea Pirlo. Mais je bloquais toujours sur celle de Buffon. Jusqu’à Noël, où je m’en suis lancé le défi : je voulais savoir qui se cachait derrière celui pour qui j’avais ardemment agité uno striscione dans le stade de San Siro pendant Italie-Allemagne. Qui était l’homme derrière le footballeur ? Il était temps que je sache.

Que d’émotions… Dès le premier chapitre, Buffon se livre. Et fait une révélation importante : de fin 2003 à mi-2004, pendant six mois, il a souffert de dépression. Lui, le champion du monde adulé par tout un pays et bien au-delà des frontières de l’Italie, a connu cette maladie invisible tant décriée par ceux qui ne l’ont pas vécue. Derrière le génie, il y a donc bien un homme.  Lui s’en est sorti, ce ne sera hélas pas le cas de son collègue allemand Robert Enke, grand espoir du foot allemand, qui se jettera sous un train en 2009. Un épisode qui marquera beaucoup Buffon et l’incitera à revenir sur sa propre dépression.

De ses très jeunes années chez ses oncles et tantes dans le Friul à sa vie familiale à Marina di Carrara, de ses débuts à Parma à son arrivée à la Juventus, de ses dimanches avec les ultras au soir du 9 juillet 2006, de sa rencontre avec Alena Seredova à sa paternité, Gianluigi Buffon se raconte avec un unique fil conducteur : les valeurs qui l’ont aidé à se construire et qu’il entend transmettre à son tour.

Oh bien sûr, l’homme n’est pas sans failles, et il a quelques bêtises à son actif. Comme avoir commencé à fumer à 14 ans, obtenu un faux bac, et été menacé d’une plainte finalement retirée pour avoir pissé sur une voiture alors qu’il était ado. Il traîne également derrière lui une réputation quelque peu sulfureuse, étant régulièrement accusé de sympathiser avec l’extrême droite.

Hum. Il s’en défend extrêmement bien lui-même. Non, tous les jeunes italiens ne savent pas ce que signifie « Boi chi molla » et non, tout le monde ne sait pas que le numéro 88 est considéré comme le symbole du « Heil Hitler ». Moi-même je ne le savais pas. Pourquoi un joueur de foot qui n’a pas son bac le saurait mieux que moi ? Parce qu’il est célèbre ? Au lieu de préjuger de ses opinons politiques, le mieux est encore d’aller directement à la source, et de lire, par exemple, cette lettre à Mario Monti.

Le même gamin, pourtant séparé très tôt de sa famille –et donc soumis à toutes les tentations-, a refusé de gober de l’ecstasy, et dès ses 13 ans, a trouvé injuste le sort « de série B » réservé aux équipes africaines pendant le mondiale. Fan du gardien camerounais Thomas N’Kono et admiratif de Nelson Mandela, avouez qu’on fait plus raciste. Mais là où Gigi Buffon est vraiment touchant, c’est dans sa sincérité à faire son introspection. Comme lorsqu’il regrette de ne pas avoir son bac et souhaiter l’obtenir, pour montrer à ses enfants l’importance d’avoir un diplôme.

Les amoureux du foot aimeront lire ses dimanches dans la curva ou ses anecdotes sur la coupe du monde et son compagnon de chambrée Gattuso, ou encore tout savoir de la Juve et de comment il vécut la descente en Serie B. Ses détracteurs utiliseront le livre pour pointer ses faiblesses, comme son amour du jeu qui le mêla trop souvent au scandale des paris truqués, ou son ambition débordante qui le fit parfois manquer d’humilité. Moi, je préfère retenir l’homme qui sait reconnaître ses erreurs, certains excès, et retenir les leçons pour devenir mature et se construire en homme, mari et père. Tout en restant le meilleur gardien du monde.

Après avoir lu ce livre, je suis surtout fière de lui. Fière de la manière dont ce petit garçon de Carrara s’est construit pour devenir non seulement le plus grand gardien du monde, mais surtout pour grandir et passer de l’insouciance de l’adolescence aux responsabilités d’homme. Fière que le capitaine de la Juventus et de l’Italie, ce soit lui.

Mi chiamo France… L’Italia chiamò, si !


Je m’appelle France. Comme mon pays.

Et pourtant, depuis le 9 juillet 2006, je soutiens l’Italie. Sans avoir aucune origine italienne.

Perché ?

Parce que les histoires d’amour finissent mal… en général.

La belle histoire

Je n’ai pas toujours été pro-Italie. Au contraire. Aussi loin que remontent mes souvenirs de foot, ils sont liés à l’équipe de France. Tout démarre en 1978. Haute comme trois pommes, à tout juste quatre ans, j’ignore tout du mouvement anti Coupe du Monde des intellectuels, et je suis à fond dans Argentina 78.

On ne va pas se mentir, les Bleus n’ont pas brillé cette année-là. En plus, ils ont eu plein de problèmes d’équipements. Ca a commencé avec l’histoire des primes Adidas, du coup les joueurs ont passé les bandes blanches au feutre pour ne pas montrer le sponsor. Trop des rebelles, les français.

Le premier match de la compétition oppose la France à…. L’Italie. Mon histoire, quelque part, est en train de s’écrire. La petite fille que je suis ne manque pas une miette du spectacle, et voit Lacombe marquer au bout de seulement 32 secondes, sur un centre de Didier Six. Mais ça, c’était avant que Rossi à la 29ème, puis Zaccarelli à la 54ème ne permettent aux italiens de l’emporter.

Mon frère, lui, se trouve à l’hôpital, pour une opération infantile de type appendicite ou amygdales. Il est de tradition de consoler un enfant seul à l’hôpital en lui offrant un présent qui pourra, si possible, l’occuper un peu. Pour son petit garçon, ma mère décide de frapper très fort, et de renoncer à son sacro-saint principe anti-Panini, en lui offrant le célèbre album à vignettes. Il choisit Bernard et Bianca, le Disney du moment. En tant que petite sœur-trop-petite-pour-comprendre, j’ai aussi droit à un album Panini. Et je choisis quoi ? Barbie ? NON. Argentina 78. La passion est née.

Quelques jours plus tard, nous affrontons l’Argentine, qui remportera chez elle la Coupe du Monde. Evidemment on se foire. Mais d’abord, on leur tient tête. Sauf que l’arbitrage est un peu local, et l’Argentine obtient un pénalty pas évident parce qu’on a touché involontairement le ballon du bras. Pire, l’arbitre laisse d’abord jouer, mais les argentins mettent la pression alors il accorde le pénalty. Bon, Platini met tout le monde d’accord en égalisant mais Six rate le but de la victoire. L’Argentine reprend la tête et la France est éliminée.

Pour le troisième match, face à la Hongrie, on joue en maillot vert et blanc. En gros boulets, on est venu avec notre maillot blanc. Comme la Hongrie. Or la Fifa nous avait demandé de venir en Bleu, comme notre nom. Du coup, l’équipe locale nous prête son maillot. Rock n’roll. Sur ce, on quitte la Coupe du Monde. Mais moi, j’ai des Bleus plein les yeux…

Dès lors, je ne raterai que peu de matchs de l’équipe de France. A la maison, mon père place une bouteille de champagne au frigo avant chaque match. Chaque victoire permet de l’ouvrir. Je grandis dans une bulle de foot. Et de champagne. La bella vita !

Tout ça nous amène en 1982. Désormais âgée de 8 ans, je maîtrise les règles du jeu, et je suis capable de reconnaître chaque joueur. Sauf que 1982, c’est une année de merde. D’abord, je perds mon grand-père, le seul homme bien de ma vie d’enfant. Ensuite, le PSG bat les Verts en coupe de France MAIS on m’offre le maillot des Verts. L’horreur. Mais le pire est encore à venir, et ce sera à Séville, ce soir du 8 juillet 1982. Schumacher. Pute. Oui, on a le droit de dire des gros mots sur Harald Schumacher. C’est même recommandé.

Sur le coup, j’ai cru qu’il avait tué Battiston. Notre joueur ne bougeait pas, il était dans le coma. Et pourtant la France s’est relevée. Un match de dingue, sous forme de montagnes russes. Et la défaite, cruelle. Ma seule consolation aura été de voir les italiens l’emporter en finale, pour moi il eût été injuste que l’Allemagne l’emporte et que Schumacher eût pu être champion. Dès lors, j’ai toujours eu de l’affection pour les italiens. Parce qu’ils nous ont vengés.

Le divorce

Ce soir du 9 juillet 2006, je suis dans un pub, avec mon meilleur ami. Nous sommes enroulés dans nos drapeaux français, maquillés, prêts à célébrer la victoire qui ne peut –pensons-nous à cette heure- nous échapper. Et pourtant.

Tout démarre bien. Dès la 7ème minute, Zidane transforme le pénalty accordé pour faute de Materazzi sur Malouda, et on se dit déjà qu’on a le cul bordé de pasta. Parce que si tu trouves quand Materazzi a touché Malouda, tu me préviens hein. C’est un pénalty très généreux.

Mais en bons français pleins de mauvaise foi, on hurle à la mort que non et d’abord on mène au score, et puis zut. En plus Zidane a collé une panenka à Buffon, c’est quand même marrant. Bon, sur le coup, on a eu peur, parce que la panenka a d’abord touché la transversale. Mais elle a rebondit derrière la ligne, et buuuuuuut de Zidane ! Douze minutes plus tard, Materazzi (avec un seul R, merci) récupère la monnaie de sa pièce. Egalisation de l’Italie, sur un corner tiré par Andrea Pirlo. Le maître Pirlo.

Forcément, tout le monde se replie en défense, des deux côtés. Les français aiment dire que les italiens pratiquent le catenaccio mais sur ce coup-là, ils rivalisent hyper bien. L’Italie domine en première mi-temps, sans parvenir à concrétiser. La France domine la seconde mi-temps, mais ses frappes ne transpercent plus la cage de Gigi Buffon. Seul fait notable, Vieira se claque, et est remplacé par Alou Diarra. Avoues que tu avais oublié. Et pourtant, c’est à partir de là que le match va vraiment changer pour les français. En mal. En très mal.

Les deux équipes étant à égalité au terme des deux périodes, elles entament les prolongations. Ribéry espère mais sa frappe passe au ras du poteau. A la 103ème se produit ce qui reste pour moi LE geste du match : Sagnol place le ballon directement sur la tête de Zidane, qui la reprend puissamment pour la diriger vers la lucarne de Buffon. Mais le maître Gigi sort une parade venue de nulle part, et claque la balle en corner. Ma-gni-fique ! Le corner, tiré par Malouda, est boxé par le gardien italien.

Mais ce dont vous vous souvenez tous se produit lors de la seconde prolongation. A la 109ème minute, Zidane donne un violent coup de tête dans le thorax de Materazzi. L’italien aurait, selon le français, proféré des insultes. A propos de sa mère, de sa sœur, ou des deux, on ne sait pas vraiment. Hum. J’y reviendrai. Zidane se prend donc un carton rouge. A l’issue des prolongations, très disputées, les tirs aux buts voient la défaite des Bleus, Trézéguet manquant le sien, qui touche la transversale. Cruelle ironie du sort pour celui que les italiens surnomment Trézégoal, et qui reste le meilleur buteur français de l’histoire en Série A avec 123 réalisations.

Voilà, on a perdu la coupe du monde. Ou plutôt, l’Italie l’a gagnée. Contrairement à ce que l’on entend encore, les italiens n’ont pas volé la victoire. Ils se sont battus, et même si nous étions probablement un peu au-dessus, eux n’ont pas craqué. Et surtout pas Gigi Buffon. Sa claquette magistrale sur la tête de Zidane est l’arrêt d’anthologie qui a pu faire douter les français, mais qui aura rassuré tout un peuple. Etonnant d’ailleurs qu’il n’ait pas, cette année-là, remporté le Ballon d’Or qu’il méritait largement.

Comme je l’ai indiqué plus haut, j’ai grandi avec les matchs. J’ai connu des victoires, et des défaites avec l’équipe de France. Les hauts des années 80, et les bas des années 90. J’ai toujours été là, à soutenir mon équipe, même lorsqu’elle ne gagnait plus. Même après le départ de la génération Platini. Mais ce soir-là, quelque chose s’est cassé. Et le fautif s’appelle Zinedine Zidane.

Comment peut-on vouloir être un grand champion, et perdre ses nerfs lors d’une finale de Coupe du Monde ? Six ans après, je n’ai toujours pas compris. Et encore moins pardonné. Qu’a dit Materazzi à Zidane pour l’énerver ainsi ? Sur un tirage de maillot, Zidane lui a dit qu’il lui donnerait à la fin du match. Materazzi a répondu que s’il voulait son maillot, il le demanderait à Inzaghi. Sachant qu’à l’époque, la rumeur courait que Madame Zidane aurait pris son pied avec Pipo… Selon Zidane, ce sont des insultes très graves qui touchent à la famille.

L’ennui, c’est que ça ne colle pas. Si encore on parlait d’un jour qui n’a jamais joué en Série A et connu pour être un petit ange tombé du nid, je veux bien. Mais on parle de Zidane. D’un joueur connu pour ne pas être facile. Qui certes joue au Real Madrid à ce moment-là, mais a passé les cinq années précédentes… à la Juventus de Turin. Alors les insultes sur le terrain en italien, il connaît. Et d’ailleurs, il n’est pas le dernier à avoir pratiqué. Et pour avoir vécu en Italie, il sait à quel point cette tactique de déstabilisation de l’adversaire est fréquemment utilisée. Bref : il ne peut prétendre avoir été surpris ou blessé par ces propos. Sauf à nous prendre pour des cons.

Soyons francs, ce qu’il s’est passé sur le terrain du stade olympique de Berlin, ce 9 juillet 2006, c’est que Zinédine Zidane a craqué. Et ça nous a peut-être coûté la coupe du Monde du fait de l’infériorité numérique qui a suivi son expulsion. Mais qui l’a dit ? En France, on a mis la faute sur Materazzi. Pourtant à l’origine, c’est Zidane qui tire le maillot de l’italien. Mais en France, on verse alors dans la mauvaise foi. Et surtout, personne ne veut toucher à l’icône Zidane. Mais quelle icône ?

Oui, Zidane est un génie de technique, un des meilleurs joueurs du monde. Mais ça n’est pas, et ça ne sera jamais, un champion. Parce qu’au moment fatidique, il a craqué. Il n’a pas eu le mental pour aller au bout. Et c’est rien de moins que tout un pays qu’il a planté. Pour son geste, il aurait dû être sanctionné. Mais comme il arrête sa carrière, il ne le sera pas. Et finalement, ce qui est tout de même un délit pénal –coups et blessures volontaires- sera totalement pardonné par tout le monde. Pardon ????

Depuis, la France du foot récupère les conséquences de cet acte, sans jamais percuter que c’est bien à la 109ème minute de ce France-Italie que ce situe l’origine du mal. Pire, on pense que c’est l’absence de Zidane qui est un problème. Allo ???

Quatre ans plus tard, à Knysna, les joueurs font la révolution, en refusant de descendre du bus pour aller s’entraîner, pour protester contre la punition d’Anelka qui aurait insulté Domenech. Des joueurs qui refusent de jouer. Mais où est-on ? Sur un terrain de poussins ou en tour préliminaire de la Coupe du Monde ? Les joueurs se représentent-ils eux-mêmes ou leur pays ? Eux-mêmes. Comme Zidane en finale de Coupe du Monde.

L’équipe de France se résume désormais à des individualités. Pas un collectif, pas un amour du maillot, pas la fierté d’avoir l’honneur de représenter son pays dans une compétition internationale de prestige… La France, c’est finalement un F de plus sur l’écusson, rien de plus. C’est cet état d’esprit auquel j’ai tourné le dos. Et ça n’est pas forcément facile. D’autant que personne ne comprend. Peut-être, mais moi j’ai le foot dans le sang.

Que n’ai-je entendu depuis sur mon manque de patriotisme. Comme si le patriotisme allait se nicher dans le sport. Donc si vous soutenez Federer au tennis, vous n’êtes pas de bons français. Certains ont poussé le vice jusqu’à me dire que l’on ne peut comparer sports individuels et collectifs. Ah bon ? Et pourquoi ? Parce qu’à plusieurs on forme une équipe à laquelle peut s’identifier la communauté nationale ? Okay mais si on prend ces arguments, parlez-moi u peu de la nation que formerait alors l’équipe de France… Je ris.

J’aime le foot, j’aime le sport, j’aime le jeu, et sous prétexte que des Footix qui ne connaissent pas la règle du hors-jeu, aiment les vuvuzelas et regardent les matchs de l’équipe de France une fois tous les quatre ans en estimant être de grands spécialistes l’ouvrent, je devrais être mise au ban de la nation ? Par des types qui ne savent même pas faire la différence entre un 8 et un 10 ? Sérieux ? Non, je n’admets pas cette argumentation bancale.

J’ai eu des maillots de l’équipe de France, je me suis souvent maquillée, j’ai même une perruque qui traîne, mais il y a bien longtemps que le drapeau n’est plus affichée à la fenêtre les soirs de matchs. Parce que justement, j’aime mon pays. Et pour le moment, l’équipe mais surtout le foot français me font honte. Ce sont eux qui représentent mal notre pays. Alors merci de ne pas inverser la vapeur. Parce que ça n’est pas forcément facile, d’être apatride du foot et d’avoir demandé le passeport Foot italien.

Forza Italia !

Cette douleur, je l’ai ressentie fortement hier à Parme, où j’ai assisté au match amical Italie-France, quand quelqu’un m’a dit « mais tu chantes les deux hymnes ??? ».

Oui, j’ai chanté les deux hymnes. Mais pas de la même façon. Et pas pour les mêmes raisons. En effet, impossible pour moi de renier la Marseillaise. Ou même, de ne pas la chanter. Question d’habitude. Question de fierté d’être française. Question de naturel.

Mais j’ai aussi chanté fièrement Fratelli D’Italia. Sans aucune fierté d’être italienne, je ne le suis pas. Même pas de loin. Même pas à la 32ème génération. Encore que peut être, si, mais forcément par alliance, parce qu’en ligne directe, je sais déjà que non. Ou alors, du côté de mon père. Dernière chance, que je sois la fille du facteur. Passons. Reste que j’ai chanté l’hymne italien, pour encourager l’équipe que je soutiens.

Côté jeu, en revanche, je n’étais pas déchirée. Sur le terrain, mon coeur battait pour Pirlo et ses coéquipiers. Sans l’ombre d’un doute. Mais j’ai eu mal. Imaginez un peu de vous retrouver face à la maîtresse/amant qui serait responsable de la rupture avec votre moitié ? Oui, le foot, c’est à ce point-là pour moi : c’est sacré.

Voir Ribéry et Evra à quelques mètres de moi -j’étais tout près de la pelouse- m’a vraiment posé problème. Je n’ai évidemment au une haine personnelle envers ces deux joueurs. Je reconnais le talent de Ribéry. Pas d’Evra, faut pas déconner. Je vois bien que Ribéry a changé. Mais c’est cassé entre nous.

Irrémédiable. Parce qu’en 2010, ils ont eu la même mentalité que Zidane quatre ans plus tôt : l’oubli du maillot. Et les dernières déclarations de Ribéry disant qu’il préfère jouer au Bayern qu’en équipe de France –même s’il a depuis rétropédalé sur ses propos- ne sont pas de nature à me démontrer un réel attachement aux Bleus.

Certes, Knysna est loin et on ne peut pas leur en vouloir éternellement. Simplement, ces deux joueurs, sans le vouloir, sont représentatifs de ce qui, quelques années avant, m’a amené au divorce avec l’équipe de France, et coupables d’avoir contribué, à Knysna, à entériner cette sensation que le concept même d’équipe avait disparu.

Du coup hier à Parme, j’en étais encore à crier à Evra « Fais gaffe, une taupe ! ». Oui, je sais, je suis drôle. Mais avoir honte de mon équipe nationale depuis 2006, c’est assez désagréable. Et ça n’est pas le dernier Euro qui m’aura convaincue. Bien sûr, les joueurs n’ont pas commis d’atrocités. Nasri qui fait mime un « Ta Gueule » à la presse, ça n’est pas un drame.

Mais ça le devient quand c’est le seul fait que l’on retient parce que sur le terrain, on ne voit aucune envie. La France a pris la Suède de haut, elle a mangé le mur, et un peu de Zlatan. Elle a joué perdante face à l’Espagne, et a logiquement perdu. Où est sa fierté ? Son orgueil ? Demandez à l’Italie…

Parce que les italiens, eux, aiment profondément leur maillot, et se sentent honorés de pouvoir jouer en Nazionale. Et ils y mettent vraiment du cœur. Tout est question d’état d’esprit. Attention, la vie de la Squadra Azzurra n’a jamais été un long fleuve tranquille. C’est une de ces équipes « montagnes russes », qui, lorsqu’elles remportent une compétition majeure, échouent souvent rapidement dans la suivante.

Et après 2006, il y a eu de nombreux problèmes de comportements, lors du mondial 2010. Certes, pas au point de Knysna. Mais l’Italie a eu elle aussi à affronter des soucis disciplinaires. Et n’a pas brillé plus que la France sur le terrain. Sauf que l’Italie, contrairement à la France, a saisi le problème à bras le corps, au lieu de rester les bras croisés à attendre que ça se passe. L’Italie a réagi, en la personne de Cesare Prandelli.

Nouvel entraîneur, qui a succédé à Marcello Lippi, dont il était l’assistant, Prandelli a joué la carte de l’humilité et de la fermeté. Humilité face à sa fonction de sélectionneur –il supervise régulièrement les joueurs en allant suivre les rencontres en clubs, pour dénicher ses futures pépites et suivre la progression des talents déjà repérés- et fermeté par rapport à la discipline.

En effet, depuis son arrivée, Prandelli a imposé un code éthique : tout joueur adoptant sur le terrain un comportement inadéquat sera privé de sélection pendant un certain nombre de matchs. Pour Parme, c’était De Rossi qui a été écarté par Prandelli : pour avoir eu un comportement violent le weekend précédent, il a pris 3 matchs.

En outre, Prandelli est confronté à un problème de génération. Les gloires de la coupe du monde 2006 ont pour la plupart arrêté leur carrière en sélection, et pour celles qu’il reste, elles n’iront pas jusqu’en 2014, à part peut-être Gigi Buffon s’il ne se blesse pas d’ici là. Le sélectionneur italien doit donc reconstruire une équipe, sur la base de celle qu’il a emmenée à l’Euro en juin dernier, et qui s’est hissée jusqu’en finale, là où seule les observateurs très attentifs la voyait. C’est-à-dire, peu ou prou personne.

Et ça marche. Pourquoi ? Parce que le sélectionneur SELECTIONNE. Ca paraît simple, dit comme ça, mais en France, il y a 60 millions de sélectionneurs. Dont hélas, les instances du foot et la presse, chacun faisant pression sur ce qu’elles pensent avoir compris des désirs du reste des 60 millions de sélectionneurs.

J’exagère un peu, mais vous avez compris. Aujourd’hui, on se prive de Nasri parce qu’il a dit « Ta Gueule » à un journaliste [alors qu’en Italie, on met 3 matchs à DDR pour avoir frappé un joueur, hein] avant même de se demander si le sélectionneur l’aurait sélectionné. Non, c’est la fédé qui a décidé de le suspendre. Le sélectionneur, en France, est pris pour un incompétent incapable de savoir s’il doit prendre un joueur ou non.

En Italie, depuis la mise en place du code éthique, les joueurs sont au parfum. Jamais on n’ira leur reprocher des comportements relatifs à leur vie privée –ils alimenteront les gazettes- mais leur comportement sur le terrain se doit d’être exemplaire, sinon la sanction tombe. Résultat, Prandelli parvient à contrôler des joueurs aussi instables que Balotelli, Cassano ou El Shaarawy.

En France, on tape sur les joueurs d’abord, mais sans jamais se demander si le système qui les a produit ne serait pas, éventuellement, défectueux. Pourtant, les Nasri et autre M’Vila sont en centre de formation depuis leur 13 ans. Ils sont donc été formés, éduqués, gérés par le foot français. Il y a fatalement une part de responsabilité.

En France, on ne veut tellement pas voir le problème qu’on s’enfonce la tête très profondément dans le sable. A deux ans, précisément. Ainsi, M’Vila a été condamné à rater la prochaine coupe du monde, pour…. Etre sorti en boîte de nuit. Sérieux ??? Je vous rappelle que Zidane, en 2006, n’a rien pris, pour coups et blessures volontaires. On croit rêver.

Certains de mes amis m’expliquent que trois matchs de suspension, ça ne marcherait pas en France, parce que les joueurs s’en fichent. C’est possible. Mais justement : si les joueurs s’en fichent, c’est bien que toute la structure a échoué à inculquer aux joueurs, depuis leur 13 ans, l’amour du maillot ? Et le problème ne date pas d’aujourd’hui : Zidane, c’était déjà ça. L’amour de soi avant l’amour du maillot.

En Italie, les joueurs sont fiers de porter le maillot de la Nazionale. Sans revenir sur le sujet des hymnes –Platini ne le chantait pas, et pourtant il avait l’amour du maillot- les italiens mettent tout leur cœur à chanter Fratelli d’Italia, non comme un hymne, mais comme un cri de guerre à la façon du haka des All Blacks. Surtout à la fin, lorsqu’ils disent « Siam pronti alla morte, l’Italia chiamo, si ! » que l’on peut traduire par « Nous sommes prêts à aller à la mort, l’Italie nous appelle, oui ! »

En France, tout ceci est oublié. Comme si après la Coupe du Monde 1998, on avait pris un melon pas possible, et oublié l’essentiel. Le problème n’est pas uniquement Zidane –même si son geste l’a brutalement mis en exergue-, mais l’absence de prise de conscience de la nécessité d’afficher cet état d’esprit.

Cet abandon des valeurs par le foot français m’a profondément marquée, agacée, écoeurée. Tant qu’il n’y aura pas de prise de conscience, je ne cautionnerai pas ce système. J’aime trop le foot pour ça.

C’est ça qui m’a brisé le cœur, le 9 juillet 2006.
C’est ça que j’ai retrouvé dans la Squadra Azzurra.
C’est pour ça qu’hier je vibrais en italien, et pas en français.

Mi chiamo France. L’Italia chiamò, si !

Rome Antique (1)

Mardi 7 août. C’est parti pour la première journée de ce périple de trois jours et demi dans Rome. Aujourd’hui, la Rome Antique, première partie !

08h30. Petit déjeuner. Pas terrible. Les croissants locaux made by Mercure sont juste infects. Le pain est moyen, seule la confiture est acceptable. Pêches en conserve, un peu de melon. Un jus d’orange qui doit être du Tropicana. Quelques mini-muffins industriellement parfumés à la vanille. Et un café. Caffèèèèèèè !

Une heure plus tard, je quitte l’hôtel. Direction le Colisée, à 200 mètres à pied, pour acheter dans une petite guérite située à ses pieds les titres de transports qui me seront nécessaire tout au long de ce voyage, et notamment le Roma Pass.

Touriste, si tu restes au moins 3 jours, cette carte est ta nouvelle meilleure amie. Pour 30 euros, tu peux voyager gratuitement dans Rome (bus et métro) et bénéficier de deux visites gratuites parmi celles proposées dans la liste.

Si tu es malin –et tu l’es- tu choisis les deux les plus chères. Ainsi, avec deux visites à 12 €, la carte de transport pour 3 jours te revient à 6 €. Le billet pour une journée, lui, coûte 4 €. C’est donc très économique. Mais là n’est pas le seul avantage du Roma Pass. Ce qui lui vaut tout l’amour des touristes, c’est sa qualité de « coupe-file », qui permet de griller tout le monde à l’entrée des monuments les plus visités. Dont le Colisée.

Le sport principal à Rome consiste à attendre le bus, qui passe un peu quand il veut. On peut l’attendre très longtemps, et en voir deux ou trois arriver en même temps. La légende locale veut que les retards soient liés au souhait des chauffeurs de terminer leurs parties de cartes… ce qui explique du coup les bus arrivant en même temps.

D’ailleurs, à Rome, il n’y a pas d’horaires aux arrêts. Juste de grands panneaux recensant la liste des arrêts par ligne. Autre spécificité locale : les arrêts portent souvent le nom des rues, et le parcours de la ligne indique combien il y a d’arrêts dans cette rue. Oui, vous pouvez avoir trois arrêts qui portent le même nom : à vous de savoir lequel est le bon ! Si vous vous trompez, ça n’est pas très grave : à Rome, tout est à proximité, vous n’aurez donc pas beaucoup à marcher.

Première visite, les forums impériaux dont le plus grand, le forum de Trajan et la célèbre Colonne Trajane.

Si les bâtiments sont plutôt bien conservés, il ne reste plus grand chose de la place. Heureusement le livret de la Rome Antique permet de se faire une idée pour imaginer à quoi pouvait ressembler ce haut lieu de la vie romaine, extension du Forum Impérial.

Sur la gauche du Forum de Trajan, juste derrière les forums de César et d’Auguste, se trouve Il Vittoriano.

Situé sur la Piazza Venezzia, cet édifice imposant de marbre blanc, ressemblant à une machine à écrire, a été érigé en 1885 pour célébrer l’Italie unifiée et rendre hommage à son premier roi, Victor-Emmanuel II. Egalement connu sous le nom d’Altare della Patria (Autel de la Patrie), il est adulé par les uns, et détesté par les autres. Outre une gigantesque statue du souverain, on peut y voir la tombe du soldat inconnu, sur le haut du bâtiment, entre les deux statues de Victoria conduisant un quadrige.

Après avoir fait le tour du bâtiment, j’accède au Capitole par le côté droit du Vittoriano. Sur le flanc de la colline se trouvent les vestiges de l’Insula dell’Ara Coeli.

Découverts en 1926 au pied du Capitole, ces restes de l’insula Romana sont l’unique exemple d’habitations plébéiennes collectives restant de l’Empire.

J’en fais le tour pour accéder au Capitole.  Au pied de la colline, de chaque côté de la Cordonota, l’escalier qui monte depuis la piazza d’Aracoeli, deux lions crachent l’eau de leur fontaine.

En haut des marches, la piazza del Campigliano, dessinée par Michel-Ange, est bordée par trois palais : le Palazzo Nuovo à gauche, le Palazzo dei Conservatori à droite, et le Palazzo Senatorio tout droit. Les Musées du Capitole ont été aménagés dans les deux premiers, qui se font face. Dans le troisième siège le Conseil Municipal. Au centre trône la copie de la statue de Marc-Aurèle, dont l’original est exposé dans le musée du Capitole.

La visite du Musée du Capitole me déçoit. Hormis la louve capitoline et la statue équestre de Marc-Aurèle (datant du IIème siècle), peu de pièces sont vraiment intéressantes.

Les peintures ne valent pas le détour –tout juste deux petits Le Caravage- et j’avoue ne pas être du tout fan des bibelots. Finalement, seules les antiquités de la cour justifient le déplacement, notamment les fragments de l’immense statue de Constantin, haute de 12 m, qui ornaient la basilique de Maxence sur le Forum.

La véritable surprise de la visite, c’est l’exposition temporaire Lux in Arcana, les archives secrètes du Vatican.

Créée pour le quatrième centenaire de la fondation des Archives Secrètes du Vatican, elle propose aux visiteurs de découvrir 100 documents originaux et précieux jusqu’à présent conservées dans les près de 85 km linéaires des Archives Secrètes Vaticanes.

Une mine de trésors ! L’exposition me laissera un seul regret : les photos étant interdites, j’aurais aimé pouvoir disposer du catalogue. Hélas, il n’était disponible qu’en italien et en anglais. Etant donné la qualité des pièces présentées, il est dommage de ne pouvoir disposer de cet outil dans plusieurs langues.

Les visites terminées, j’ai poursuivi mes pérégrinations sur la colline du Capitole, à travers les ruelles et les jardins.

Il est midi et la canicule fait rage sur Rome : pas moins de 38° à l’ombre. En 2h, dont une dans le frais d’un musée, j’ai déjà avalé 1 litre d’eau.

Heureusement, la société civile distribue des bouteilles d’eau gratuites aux touristes, qui les conservent pour les remplir ensuite aux fontaines de Rome.

 

Sur le côté droit de la place, il est possible d’accéder gratuitement à la terrasse du Musée du Capitole par une entrée indépendante située sur le Piazzale Caffarelli.

Cette sympathique terrasse offre un joli panorama sur la ville, ses coupoles et ses toits. C’est également là que se trouve le Caffè Capitolino. Je choisis d’y déjeuner sur le pouce d’une pizzetta rossa à la pâte bien trop grasse (3 €) et d’une bouteille d’eau 50 cl bien trop chère (1,5 €). Ce déjeuner sur le pouce reste tout de même peu onéreux pour un musée (4,5 €), malgré son aspect trop industriel.

Hélas, il est impossible de descendre la colline du Capitole via ses jardins, fermés au public. Contournant le Capitole par sa droite, je descends alors la via di Teatro di Marcello, tout en observant les quelques ruines encore visibles sur le Capitole.

Je passe alors devant le Teatro di Marcello, dont l’architecture fait penser à un petit Colisée.

Construit sur le Champ de Mars à Rome, le théâtre fut commencé sous Jules César et terminé sous Auguste. C’est le plus ancien théâtre en pierre de Rome qui ait subsisté. Dédié au neveu d’Auguste Marcellus, il était formé de trois étages et pouvait contenir environ 13 000 spectateurs. Il reste une grande partie de l’édifice, car il fut utilisé comme palais au Moyen Âge : le palazzo dei Savelli domine les deux premiers étages d’arcades antiques.

Cette avenue débouche sur la piazza della Bocca della Verita, où se trouve le Forum Boarium et la chiesa Santa Maria in Cosmedin.

Pour accéder à la célèbre Bocca della Verità, qui se refermerait sur la main des menteurs, il faut patienter : pas moins d’une heure de queue !

Tour à tour, chacun met 0,5 € dans le nourrain, puis pose en mettant sa main dans la sculpture.

Une fois dans la basilique Sainte Marie in Cosmedin, je visite la crypte d’Hadrien –je vous déconseille d’y aller sans vous être renseigné avant sur cette crypte, vous pourriez avoir juste l’impression de visiter une vieille cave.

Puis je découvre  la basilique, qui renferme de magnifiques fresques, dont l’une représente l’épiphanie.

En sortant de la basilique, je prends la rue située à gauche, qui me permet de remonter jusqu’au Circo Massimo.

Ce grand pré elliptique, situé au pied du Palatin, servait autrefois aux courses de char. Le pré de Ben Hur, en somme !

S’il n’en reste qu’un peu d’herbe, les reconstitutions permettent de réaliser la grandeur de cet espace, qui pouvait accueillir jusqu’à 150 000 spectateur.

En théorie, j’aurais du visiter ensuite le Palatin voisin, le Forum et le Colisée. Ravagée par la chaleur -j’en viens à bénir l’eau chaude- je remets ces visites au lendemain. Faute de bus, c’est à pied que je rentre à pied l’hôtel après avoir bu un nouveau litre d’eau.

C’est le moment idéal pour profiter de l’air de la terrasse – la mer n’est qu’à une trentaine de kilomètres- et de la piscine, avec vue sur le Colisée.

Chauffée uniquement par le soleil, l’eau est un peu fraîche, mais quel cadre !

En début de soirée, je sors de nouveau dans les rues de Rome, pour dîner. Je choisis au hasard de m’arrêter chez Naumachia, un petit bar à vins situé Via Ostilia, à proximité du Colisée.

Ce premier dîner, composé d’un beignet de fleur de courgette, d’une bruschetta al pomodoro (pain frotté à l’ail et huile d’olive agrémenté d’une salade de tomates parfaitement assaisonnée au basilic), d’une pizza roquette, jambon de parme, tomates cerise et d’un coca, ne me coûte que 14,5 €.

En sortant du restaurant, sur le chemin de l’hôtel, je cède à la tradition de la glace italienne –la vraie, pas celle qui sort d’une horrible machine- pour déguster une grosse glace pistaccio/caffè (5 €) dans une vraie gelateria.

La dolce vita !

Circo Massimo

Le Cirque Maxime, avec son plan elliptique de 664 x 123 m, est situé dans le vallon qui sépare la colline du Palatin de celle de l’Aventin.

C’est le siège de jeux – courses de chevaux et de chars – depuis les débuts de la cité.

Les premières installations furent en bois et remontent probablement à l’époque des Rois Tarquins au VI ème siècle av-JC.

Sa construction fit passer Rome de village au rang de cité monumentale, à l’emplacement où, depuis Romulus, se seraient déroulées les rites et les jeux sacrés en l’honneur du dieu Consus et appelés consualia. C’est précisément au cours de l’un d’eux que serait survenu le rapt des Sabines auquel les Romains, selon la légende, se seraient livrés pour entreprendre l’accroissement démographique de la ville.

Les premières structures en pierre remontent au IIème siècle av-JC, elles concernaient surtout les équipements employés pour les compétitions. C’est sous Jules César que les premiers gradins en pierre sont construits, donnant à l’édifice sa forme définitive vers 46 av-JC.

Le monument fut restauré après un incendie et embelli par Auguste qui ajouta même un obélisque de Ramses II rapporté d’Egypte. Il fut déplacé au XVIème siècle par le Pape Sisto V sur la Place du Peuple (Piazza del Popolo). D’autres embellissements se succédèrent sous les empereurs Tibère et Néron et un arc fut érigé pour Titus en 81 ap-JC.

Après un incendie important, il fut reconstruit par Domitius et Trajan en 103 ap-JC : c’est de cette époque que remontent la plupart des restes qui ont traversé le temps jusqu’à nos jours.

Maintes fois embelli, en 357 ap-JC Constantin y ériga un second obélisque égyptien de Toutmosis III (aujourd’hui devant Saint-Jean du Latran).

Le cirque sera utilisé  jusqu’aux dernières compétitions organisées par Totila en 549.

Il pouvait accueillir, à l’époque d’Auguste, jusqu’à 150 000 spectateurs. Trajan porta ce nombre à 250 000 grâce à des travaux d’agrandissement.

Aujourd’hui diverses manifestations ont lieux sur le Cirque Maxime, dont un festival de musique qui se tient au début de l’été où des stars pop/rock sont invitées. C’est aussi là que se sont réunis les romains pour assister à la finale de l’Euro 2012.

 

 

 

 

 

Informations

Le Cirque Maxime est un parc à entrée libre, entre les collines du Palatin et de l’Aventin.