Pendant la primaire, Martine Aubry qualifiait François Hollande de gauche molle… et bien je n’hésiterai pas à qualifier l’UMP de droite folle.
L’après-primaire est en effet vécu de manière totalement disproportionnée à droite. En la matière, l’UMP n’a pas manqué de faire quelques jolies sorties de route.
Face à cette attitude responsable, encore une fois la droite me fait honte. Tout a commencé pendant la primaire. Le parti majoritaire n’envisageait pas de voir l’opposition intéresser les médias, fascinés par cette nouveauté. L’UMP a donc commencé à aboyer, notamment par la voix des habituels débiteurs d’éléments de langages préfabriqués à l’Elysée : Copé et Morano. Dans le même temps, le secrétaire général de l’UMP, obnubilé par le PS, s’est mis en tête d’organiser la riposte.
Ainsi durant les trois débats de la primaire, les jeunes de l’UMP étaient invités à se retrouver au siège du parti, au 55 rue La Boétie, pour… tweeter ensemble sur les débats, en direct de l’UMP. Que doit-on penser d’un parti qui ne se positionne pas sur des valeurs, pour un projet, mais contre celui du voisin ? C’est un peu court… Et négatif. Me revient à ce moment là en tête un tract que les jeunes pop avaient réalisé en 2004 contre les extrêmes de droite comme de gauche. Avec cette accroche : « Ils veulent tout détruire. Nous, nous voulons tout construire ». Les Jeunes Pop de 2011 semblent avoir rejoint le côté obscur de la force, celui qui détruit mais sans rien proposer. Adieu les idées.
Au soir du second tour, le parti majoritaire en remet une couche, allant de plateau télé en plateau télé pour beugler les mêmes phrases compilées sur les petites fiches préparées à cet effet. C’est étonnant cette incapacité à s’approprier des éléments de langage pour les exprimer avec ses propres mots… Parfois je m’interroge sur le niveau des politiques qui se sont prêtés ces derniers jours à l’exercice : simple fainéantise ou réelle incapacité ?
Ainsi Pécresse, sur le plateau d’I-télé, débite bêtement les éléments de langage avec lesquels on l’a droguée, et évoque justement les divisions de la gauche, notamment sur l’aspect programmatique. D’une part, elle ne semble pas bien avoir compris le principe de la primaire. Qui figure pourtant dans les statuts de l’UMP et que son parti a déjà expérimenté, notamment aux municipales à Paris en 2008.
Comme le rappelle très justement l’excellente Cécile Renson, lorsque le processus fut lancé, Nicolas Sarkozy disait alors : « Paris donne l’exemple, mais ce n’est qu’un début ». « Ce que j’ai voulu pour Paris, je le veux tout autant pour l’échéance présidentielle ». Et maintenant la primaire serait un mauvais système ? Toujours ce manque de cohérence sur la durée… D’autre part, Pécresse oublie les divisions de la droite, qui sont telles qu’une partie s’est déplacée pour voter avec conviction à la primaire, faute de se reconnaître dans le soi disant candidat naturel de Tribord !
Mais le pire était encore à venir, avec la tenue annoncée sur tous les plateaux d’une convention de l’UMP destinée à démonter le projet socialiste. Une fois de plus –et malgré le hashtag trompeur de #Projet2012, à moins que le projet de l’UMP ne soit celui du PS !-, l’objectif n’était pas de faire des propositions, mais bien de taper sur celles des voisins. Ou quand l’UMP a un petit problème d’autonomie dans la construction –hypothétique à ce stade- de son projet… Hélas, lors de cette convention, j’ai simplement vu la droite la plus bête du monde céder à la facilité.
Comme prévu, ce fut un florilège de petites phrases, d’attaques gratuites, de manipulation mentale à base de chiffrage du programme du PS erroné –les nouvelles mesures ont été comptabilisés, pas celles supprimées et de surcroît, le mode de calcul n’a pas été communiqué, et même le Premier Ministre reconnaît que les prévisions de croissance sont impossibles à réaliser, ce qui rend caduque tout chiffrage de projet-, sous le haut patronage de quelques ministres priés de venir communier, d’élus, et de secrétaires nationaux que personne ne connaît. Certes, du monde s’est bousculé à la tribune pour afficher son appartenance à l’UMP. Mais toujours pas l’ombre d’une idée.
Tout ça pour ça. Tant de foin au sujet du temps de parole accordé au PS –parce que c’était l’actualité- pour finalement ne rien proposer d’autres qu’attaques sans fond et autres quolibets type affichés en A3 sur les pancartes de fortune distribuées à l’entrée. Ou l’incohérence mise en scène et reprise par toutes les télés.
Si les intervenants sont venus nombreux –souvent des seconds couteaux poussés par le souci de décrocher leur investiture- ils n’ont pas su développer autre chose que des phrases toutes faites. Copé a présenté un discours d’une violence rare, que rien ne justifiait. Lancar a exposé un argument contre les emplois jeunes… qui pourrait être utilisé pour défendre le contrat de génération d’Hollande ! Les plus hardis ont évoqué la politique gouvernementale, se livrant à un exercice de bilan, et non de campagne. A ce jeu Baroin et Le Maire se sont montré bien au dessus du lot… hélas totalement hors sujet. Mais était-ce vraiment un hasard ?
Comment le parti majoritaire peut-il imaginer parvenir à rassembler la droite sur un mouvement négatif, fusse ce contre ses opposants ? Une campagne, c’est un élan, quelque chose de positif, qui entend apporter un avenir meilleur à nos concitoyens. Aussi comment, par cette action de dénigrement, espère-t-il réunir la droite, déjà bien dispersée ? Comment fédérer, avec ce triste spectacle qui a omis l’essentiel, à savoir les idées ? Si la sécheresse mène la vie dure à nos paysans, il semblerait que l’UMP soit également en rade d’idée. Et l’agressivité ne constitue pas un programme : si les militants peuvent un instant se consoler en tapant sur le vainqueur de la veille –la primaire a donné une image favorable au PS- ça ne peut en aucun cas suffire pour rassembler la droite et les Français.
L’absence de plusieurs personnalités d’ampleur à droite semble confirmer la donne, même si Copé persiste à clamer que la majorité est rassemblée. Méthode Coué, certainement. En effet, si tous les premiers ministres ayant officié depuis les vingt dernières années étaient absents. Si Balladur ne se montre plus guère et que Villepin a quitté le parti majoritaire pour fonder (puis quitter) le sien et annonce au même moment lors d’une intervention à l’Université Paris Dauphine que son « engagement à participer à la présidentielle de 2012 est total », reste tout de même Fillon, l’actuel locataire de Matignon, Juppé et Raffarin. Pas un d’entre eux n’a fait le déplacement : les éminents fuiraient-ils l’UMP ? La question mérite largement d’être posée.
Raffarin, d’abord, qui depuis quelques temps, a pris ses distances avec le parti majoritaire, lassé par les sorties de route des perroquets sans envergure. Alain Juppé, quant à lui, persiste à tenir son rôle de numéro 2 du gouvernement, en soutenant Nicolas Sarkozy. Mais en appliquant le service minimum. S’il déclare officiellement soutenir Nicolas Sarkozy de toutes ses forces, il faut tout de même lire les petites lignes tout en bas du contrat : le meilleur d’entre nous ne vas tout de même pas jusqu’à participer à ce show grand-guinolesque. Faut pas déconner.
Et que dire de Fillon ? Le Premier Ministre semble avoir définitivement jeté l’éponge. Candidat aux législatives puis municipales déjà annoncé à Paris, il a en effet donné un signe tangible du peu d’espoir qu’il porte en la droite pour 2012 : en additionnant son statut de Premier Ministre, la circonscription très favorable dans laquelle il envisage de se présenter (la 2ème, qui comprend une partie du 5ème, du du 6ème et du 7ème arrondissement), la Fédération de Paris dans laquelle il a placé ses collaborateurs depuis longtemps, et l’élan censé être donné par la présidentielle, il devrait être élu les doigts dans le nez. Alors pourquoi partir si tôt ? La confiance règne…
Puisque le PS était l’objet de cette convention, je ne saurai que conseiller à l’UMP de s’inspirer de son irritante chanson, et d’envisager sérieusement de tourner la page de Sarkozy… l’homme qui a mis l’UMP en état de mort clinique, puisqu’elle nous a montré aujourd’hui disposer d’un encéphalogramme plat. En ce sens, c’est le fond bleu –pour la droite- dans lequel se sont noyés les intervenants qui était le mieux pensé.
J’y ai vu l’océan glacé, et la majorité rester vaillamment sur le Titanic, prise au piège du mastodonte, avec un Copé chef d’orchestre jouant jusqu’à ce que mort s’ensuive… ce qui ne manquera pas d’arriver. Que ce soit au printemps prochain –et le plus tôt sera le mieux- ou dans cinq ans. Pendant que quelques uns, ont déjà pris les canaux de sauvetage, faisant l’impasse sur 2012, pour mieux œuvrer à la reconstruction de la droite.
Quant au capitaine, il reste dans sa cabine, maintenant droit le cap sur l’iceberg. Plus personne n’en doute : si sur un malentendu, il parvient à survivre en tant que président, ce sera de toutes façons au prix de la mort de l’UMP. Copé l’a déjà enterrée. RIP.