Un big mac, pour Gignac, un Beckham pour Paname !

BeckhamBeckham, c’est le roi du coup franc. Enfin si l’on excepte Andrea Pirlo qui lui, est le dieu du coup franc et du foot tout court. Mais Beckham, c’est un grand. Bon certes, il a 37 ans. Il vieillit. Il ne jouera pas beaucoup. Et il arrive juste pour 5 mois. Pourquoi ?

Un choix qui ne doit rien au hasard

S-T-R-A-T-E-G-I-E.

L’arrivée de David Beckham n’est pas un choix sportif. A l’heure où j’écris ce texte, une émission de foot fait un débat sur le jeu de Beckham. Totalement hors sujet. On s’en foot. C’est pas le but. On ne met pas plus d’un an à convaincre un joueur et à organiser sa venue quand il a 37 ans. Ils ont du yaourt dans le cerveau, ceux qui pensent ça ? Soyons sérieux…

Le vrai coup réalisé par le PSG, c’est un coup politico-économique. Beckham qui signe au PSG, c’est la poursuite du fameux projet du club lancé depuis maintenant 18 mois par QSI. L’idée, c’est de faire du PSG une marque reconnue dans le monde entier, qui serve plusieurs objectifs.

1 – De nouvelles ressources

Beckham, c’est une icône. Autrement dit, une image. Pour ceux qui vivraient depuis 15 ans dans une grotte, c’est M.Posh. Le mari de Victoria Beckham. Le Spice Boy. La fashion week. Les Beckham, c’est une marque ultra glamour à ceci prêt que deux de leurs marmots portent le maillot de l’OM, ce qui n’est pas glamour. A ce faux pas près, la marque Beckham, c’est la classe. Même en slip. Et ça fait vendre. Si en plus on ajoute que le gendre parfait a un comportement irréprochable…

Donc pour le PSG, la venue de David Beckham, c’est un coup marketing énorme. Evidemment, il va vendre des maillots. Plus qu’Ibrahimovic ou Thiago Silva. Il va peut être même permettre de vendre les places hors de prix sur la fin de saison. Mais même ça, même à l’international, c’est peanuts et uniquement la partie émergée de l’iceberg.

Il y a également la vente des droits TV, une ressource non négligeable pour les clubs. Bien sûr certains droits sont déjà négociés. Mais il existe des territoires encore vierges qui peuvent être conquis rapidement, notamment en Asie, un marché sur lequel Beckham est porteur et le PSG peu connu. A l’heure de l’instauration du fair-play financier, tout ceci n’a absolument rien d’anodin…

2 – Développer un club compétitif au niveau européen

En ce sens, l’arrivée de Beckham s’inscrit dans la logique du recrutement initié depuis le départ par le club et son accélération depuis un an avec l’arrivée de Carlo Ancelotti, d’internationaux en masse (ce qui n’est pas sans poser de problèmes de récupération au club, voir le récent refus de cette connasse de LFP de reporter le match PSG-Bastia du 8 février demandé par le club en raison de la sélection d’un grand nombre des joueurs du PSG dans leurs équipes nationales respectives le 6 février), et les recrutements à l’été de Thiago Silva, Zlatan Ibrahimovic, et Lucas.

C’est la poursuite de la stratégie des dominos. Qui croit encore que le recrutement de Maxwell en janvier dernier n’était pas un premier jalon dans le recrutement de son pote Ibrahimovic cet été ? Le recrutement d’une star comme Beckham prépare évidemment l’arrivée de futurs très grands noms du foot et l’on pense évidemment à Cristiano Ronaldo ou José Mourinho : Paris devient attractif. Utile, quand on veut rapidement être compétitif en Ligue des Champions, puis remporter la coupe aux grandes oreilles.

Et je dis bien Paris car tout le travail de QSI, c’est d’associer l’image de la ville lumière à celle du PSG. Ou comment le PSG a redoré son blason en éradiquant l’association PSG/violence, au prix du sacrifice des supporters faute d’avoir su distinguer les supporters des hooligans, pour en faire un club hype et glamour, sans pour autant sacrifier l’aspect sportif.

La stratégie est si claire qu’on se demande encore pourquoi le club n’a pas encore eu l’idée de mettre en avant le mythique Ville Lumière, que les supporters, seul hymne parisien reconnu des supporters. Par ignorance de l’existence même du chant ?

3 – Positionner le Qatar pour la Coupe du monde de 2022

Dans la stratégie du Qatar, le PSG est central. Ce petit pays du Golfe ne brille pas par sa légitimité pour organiser la coupe du monde de 2022, ni par l’intérêt de son championnat. Pour le Qatar, il faut donc briller ailleurs. Démontrer sa légitimité foot. Peser dans la planète du ballon rond.

Pour ça, le Qatar s’est offert un club, pour en faire une vitrine. Depuis, rien n’est laissé au hasard. Il faut briller vite et bien, pour que la Prince ne passe pas pour un con. A n’importe quel prix. Ou presque. Et dès demain, tous les journaux évoqueront la venue de Beckham à Paris et l’associeront au PSG.

Et naturellement, derrière la Coupe du Monde de 2022, c’est le positionnement géopolitique du Qatar qui est en jeu. Ce petit Etat a besoin de s’installer sur la scène internationale et de préparer l’après, quand les ressources énergétiques auront été épuisées.

Et la ligue 1 dans tout ça ?

Hélas, tout le monde n’aura pas compris tout ça. J’ai vu le directeur de l’union des clubs de football professionnels dire ce soir sur Itélé, dans 20h Foot, que, je cite, « La venue de Beckham démontrait l’attractivité de la Ligue 1 ». Après m’être étouffé de rire, j’ai pleuré à chaudes larmes devant l’incompétence manifeste de ce garçon et de nos instances en général, qui ont du mal à comprendre que pour un PSG qui brille de mille feux, les autres clubs de Ligue 1 rament, à l’heure où ce mercato a vu de nombreux talents français quitter le territoire.

La faute aux manque de moyens des clubs pour les recruter –et j’en profite pour rappeler que lorsque le PSG a voulu acheter des joueurs français, les clubs français n’ont pas voulu les lui vendre (Capoue, Belhanda, …) mais aussi au incertitudes quant au durcissement éventuel de la fiscalité qui pourrait toucher les joueurs. En effet, un jour on annonce une taxe crampons, un jour on annonce qu’elle est enterrée…

D’ailleurs, le PSG s’est offert une jolie cerise sur le gâteau, en réalisant un véritable coup de maître : l’annonce du salaire de Bekcham reversé à des œuvres de caritatives pour des enfants. Ou comment dynamiter dans l’œuf les éventuelles polémiques sur le PSG et l’argent… Politiquement, le PSG ne laisse plus rien au hasard. Et ne vous en faites pas, Beckham aura toujours ses contrats pub, qui pourraient même augmenter.

Concrètement, la ligue 1 n’ira pas mieux avec Beckham. Elle n’ira pas moins bien. Mais elle ne va pas bien. Le fossé entre le PSG et les autres clubs se creuse encore un peu plus. Mais personne ne semble en prendre conscience du côté des instances du foot français, qui se font réélire à plus de 80%, mais ne savent toujours pas raisonner en fonction du foot d’aujourd’hui et de ses implications économiques.

Pourtant, l’arrêt Bosnan, origine des profondes mutations que subissent les clubs, date tout de même de plus de 20 ans. Mais ils vivent dans le passé sans avoir su comprendre les nouveaux enjeux. Alors, les clubs rament. Triste, mais c’est une réalité.

Parmi les prochains sujets, il y aurait pourtant à parler du cas de Monaco, qui va revenir en Ligue 1, et qui bénéficie d’une fiscalité de nature à fausser la concurrence. D’ailleurs c’est déjà le cas en Ligue 2 mais la LFP s’en fout. Dans les trois ans qui viennent, les clubs qui s’en sortiront seront ceux qui pourront diversifier et augmenter leurs recettes. Autrement dit, ceux qui feront entrer des investisseurs… qui seront eux, attirés par un environnement local favorable et un stade de bonne qualité.

Le stade, c’est d’ailleurs le prochain gros dossier dans la stratégie du PSG et là encore, il peut y avoir de sacrées surprises. Ca n’est pas du tout un hasard si le PSG ne fait que les travaux minimum au Parc des Princes pour l’Euro. Il sera bien temps après de décider de tout refaire ou de faire ailleurs…

Et la mairie de Paris a tellement mal joué dans ses relations avec le club -qui aujourd’hui est bien plus fort politiquement- et ses tergiversations de princesse, qu’elle a perdu beaucoup de terrain dans les éventuelles négociations à venir. D’autant que QSI peut très bien –par exemple- décider d’acheter du foncier privé en plein Paris. Ne me dites pas que c’est impossible, rien ne l’est ! La politique, encore… un point essentiel qu’a su intégrer QSI.

Mi chiamo France… L’Italia chiamò, si !


Je m’appelle France. Comme mon pays.

Et pourtant, depuis le 9 juillet 2006, je soutiens l’Italie. Sans avoir aucune origine italienne.

Perché ?

Parce que les histoires d’amour finissent mal… en général.

La belle histoire

Je n’ai pas toujours été pro-Italie. Au contraire. Aussi loin que remontent mes souvenirs de foot, ils sont liés à l’équipe de France. Tout démarre en 1978. Haute comme trois pommes, à tout juste quatre ans, j’ignore tout du mouvement anti Coupe du Monde des intellectuels, et je suis à fond dans Argentina 78.

On ne va pas se mentir, les Bleus n’ont pas brillé cette année-là. En plus, ils ont eu plein de problèmes d’équipements. Ca a commencé avec l’histoire des primes Adidas, du coup les joueurs ont passé les bandes blanches au feutre pour ne pas montrer le sponsor. Trop des rebelles, les français.

Le premier match de la compétition oppose la France à…. L’Italie. Mon histoire, quelque part, est en train de s’écrire. La petite fille que je suis ne manque pas une miette du spectacle, et voit Lacombe marquer au bout de seulement 32 secondes, sur un centre de Didier Six. Mais ça, c’était avant que Rossi à la 29ème, puis Zaccarelli à la 54ème ne permettent aux italiens de l’emporter.

Mon frère, lui, se trouve à l’hôpital, pour une opération infantile de type appendicite ou amygdales. Il est de tradition de consoler un enfant seul à l’hôpital en lui offrant un présent qui pourra, si possible, l’occuper un peu. Pour son petit garçon, ma mère décide de frapper très fort, et de renoncer à son sacro-saint principe anti-Panini, en lui offrant le célèbre album à vignettes. Il choisit Bernard et Bianca, le Disney du moment. En tant que petite sœur-trop-petite-pour-comprendre, j’ai aussi droit à un album Panini. Et je choisis quoi ? Barbie ? NON. Argentina 78. La passion est née.

Quelques jours plus tard, nous affrontons l’Argentine, qui remportera chez elle la Coupe du Monde. Evidemment on se foire. Mais d’abord, on leur tient tête. Sauf que l’arbitrage est un peu local, et l’Argentine obtient un pénalty pas évident parce qu’on a touché involontairement le ballon du bras. Pire, l’arbitre laisse d’abord jouer, mais les argentins mettent la pression alors il accorde le pénalty. Bon, Platini met tout le monde d’accord en égalisant mais Six rate le but de la victoire. L’Argentine reprend la tête et la France est éliminée.

Pour le troisième match, face à la Hongrie, on joue en maillot vert et blanc. En gros boulets, on est venu avec notre maillot blanc. Comme la Hongrie. Or la Fifa nous avait demandé de venir en Bleu, comme notre nom. Du coup, l’équipe locale nous prête son maillot. Rock n’roll. Sur ce, on quitte la Coupe du Monde. Mais moi, j’ai des Bleus plein les yeux…

Dès lors, je ne raterai que peu de matchs de l’équipe de France. A la maison, mon père place une bouteille de champagne au frigo avant chaque match. Chaque victoire permet de l’ouvrir. Je grandis dans une bulle de foot. Et de champagne. La bella vita !

Tout ça nous amène en 1982. Désormais âgée de 8 ans, je maîtrise les règles du jeu, et je suis capable de reconnaître chaque joueur. Sauf que 1982, c’est une année de merde. D’abord, je perds mon grand-père, le seul homme bien de ma vie d’enfant. Ensuite, le PSG bat les Verts en coupe de France MAIS on m’offre le maillot des Verts. L’horreur. Mais le pire est encore à venir, et ce sera à Séville, ce soir du 8 juillet 1982. Schumacher. Pute. Oui, on a le droit de dire des gros mots sur Harald Schumacher. C’est même recommandé.

Sur le coup, j’ai cru qu’il avait tué Battiston. Notre joueur ne bougeait pas, il était dans le coma. Et pourtant la France s’est relevée. Un match de dingue, sous forme de montagnes russes. Et la défaite, cruelle. Ma seule consolation aura été de voir les italiens l’emporter en finale, pour moi il eût été injuste que l’Allemagne l’emporte et que Schumacher eût pu être champion. Dès lors, j’ai toujours eu de l’affection pour les italiens. Parce qu’ils nous ont vengés.

Le divorce

Ce soir du 9 juillet 2006, je suis dans un pub, avec mon meilleur ami. Nous sommes enroulés dans nos drapeaux français, maquillés, prêts à célébrer la victoire qui ne peut –pensons-nous à cette heure- nous échapper. Et pourtant.

Tout démarre bien. Dès la 7ème minute, Zidane transforme le pénalty accordé pour faute de Materazzi sur Malouda, et on se dit déjà qu’on a le cul bordé de pasta. Parce que si tu trouves quand Materazzi a touché Malouda, tu me préviens hein. C’est un pénalty très généreux.

Mais en bons français pleins de mauvaise foi, on hurle à la mort que non et d’abord on mène au score, et puis zut. En plus Zidane a collé une panenka à Buffon, c’est quand même marrant. Bon, sur le coup, on a eu peur, parce que la panenka a d’abord touché la transversale. Mais elle a rebondit derrière la ligne, et buuuuuuut de Zidane ! Douze minutes plus tard, Materazzi (avec un seul R, merci) récupère la monnaie de sa pièce. Egalisation de l’Italie, sur un corner tiré par Andrea Pirlo. Le maître Pirlo.

Forcément, tout le monde se replie en défense, des deux côtés. Les français aiment dire que les italiens pratiquent le catenaccio mais sur ce coup-là, ils rivalisent hyper bien. L’Italie domine en première mi-temps, sans parvenir à concrétiser. La France domine la seconde mi-temps, mais ses frappes ne transpercent plus la cage de Gigi Buffon. Seul fait notable, Vieira se claque, et est remplacé par Alou Diarra. Avoues que tu avais oublié. Et pourtant, c’est à partir de là que le match va vraiment changer pour les français. En mal. En très mal.

Les deux équipes étant à égalité au terme des deux périodes, elles entament les prolongations. Ribéry espère mais sa frappe passe au ras du poteau. A la 103ème se produit ce qui reste pour moi LE geste du match : Sagnol place le ballon directement sur la tête de Zidane, qui la reprend puissamment pour la diriger vers la lucarne de Buffon. Mais le maître Gigi sort une parade venue de nulle part, et claque la balle en corner. Ma-gni-fique ! Le corner, tiré par Malouda, est boxé par le gardien italien.

Mais ce dont vous vous souvenez tous se produit lors de la seconde prolongation. A la 109ème minute, Zidane donne un violent coup de tête dans le thorax de Materazzi. L’italien aurait, selon le français, proféré des insultes. A propos de sa mère, de sa sœur, ou des deux, on ne sait pas vraiment. Hum. J’y reviendrai. Zidane se prend donc un carton rouge. A l’issue des prolongations, très disputées, les tirs aux buts voient la défaite des Bleus, Trézéguet manquant le sien, qui touche la transversale. Cruelle ironie du sort pour celui que les italiens surnomment Trézégoal, et qui reste le meilleur buteur français de l’histoire en Série A avec 123 réalisations.

Voilà, on a perdu la coupe du monde. Ou plutôt, l’Italie l’a gagnée. Contrairement à ce que l’on entend encore, les italiens n’ont pas volé la victoire. Ils se sont battus, et même si nous étions probablement un peu au-dessus, eux n’ont pas craqué. Et surtout pas Gigi Buffon. Sa claquette magistrale sur la tête de Zidane est l’arrêt d’anthologie qui a pu faire douter les français, mais qui aura rassuré tout un peuple. Etonnant d’ailleurs qu’il n’ait pas, cette année-là, remporté le Ballon d’Or qu’il méritait largement.

Comme je l’ai indiqué plus haut, j’ai grandi avec les matchs. J’ai connu des victoires, et des défaites avec l’équipe de France. Les hauts des années 80, et les bas des années 90. J’ai toujours été là, à soutenir mon équipe, même lorsqu’elle ne gagnait plus. Même après le départ de la génération Platini. Mais ce soir-là, quelque chose s’est cassé. Et le fautif s’appelle Zinedine Zidane.

Comment peut-on vouloir être un grand champion, et perdre ses nerfs lors d’une finale de Coupe du Monde ? Six ans après, je n’ai toujours pas compris. Et encore moins pardonné. Qu’a dit Materazzi à Zidane pour l’énerver ainsi ? Sur un tirage de maillot, Zidane lui a dit qu’il lui donnerait à la fin du match. Materazzi a répondu que s’il voulait son maillot, il le demanderait à Inzaghi. Sachant qu’à l’époque, la rumeur courait que Madame Zidane aurait pris son pied avec Pipo… Selon Zidane, ce sont des insultes très graves qui touchent à la famille.

L’ennui, c’est que ça ne colle pas. Si encore on parlait d’un jour qui n’a jamais joué en Série A et connu pour être un petit ange tombé du nid, je veux bien. Mais on parle de Zidane. D’un joueur connu pour ne pas être facile. Qui certes joue au Real Madrid à ce moment-là, mais a passé les cinq années précédentes… à la Juventus de Turin. Alors les insultes sur le terrain en italien, il connaît. Et d’ailleurs, il n’est pas le dernier à avoir pratiqué. Et pour avoir vécu en Italie, il sait à quel point cette tactique de déstabilisation de l’adversaire est fréquemment utilisée. Bref : il ne peut prétendre avoir été surpris ou blessé par ces propos. Sauf à nous prendre pour des cons.

Soyons francs, ce qu’il s’est passé sur le terrain du stade olympique de Berlin, ce 9 juillet 2006, c’est que Zinédine Zidane a craqué. Et ça nous a peut-être coûté la coupe du Monde du fait de l’infériorité numérique qui a suivi son expulsion. Mais qui l’a dit ? En France, on a mis la faute sur Materazzi. Pourtant à l’origine, c’est Zidane qui tire le maillot de l’italien. Mais en France, on verse alors dans la mauvaise foi. Et surtout, personne ne veut toucher à l’icône Zidane. Mais quelle icône ?

Oui, Zidane est un génie de technique, un des meilleurs joueurs du monde. Mais ça n’est pas, et ça ne sera jamais, un champion. Parce qu’au moment fatidique, il a craqué. Il n’a pas eu le mental pour aller au bout. Et c’est rien de moins que tout un pays qu’il a planté. Pour son geste, il aurait dû être sanctionné. Mais comme il arrête sa carrière, il ne le sera pas. Et finalement, ce qui est tout de même un délit pénal –coups et blessures volontaires- sera totalement pardonné par tout le monde. Pardon ????

Depuis, la France du foot récupère les conséquences de cet acte, sans jamais percuter que c’est bien à la 109ème minute de ce France-Italie que ce situe l’origine du mal. Pire, on pense que c’est l’absence de Zidane qui est un problème. Allo ???

Quatre ans plus tard, à Knysna, les joueurs font la révolution, en refusant de descendre du bus pour aller s’entraîner, pour protester contre la punition d’Anelka qui aurait insulté Domenech. Des joueurs qui refusent de jouer. Mais où est-on ? Sur un terrain de poussins ou en tour préliminaire de la Coupe du Monde ? Les joueurs se représentent-ils eux-mêmes ou leur pays ? Eux-mêmes. Comme Zidane en finale de Coupe du Monde.

L’équipe de France se résume désormais à des individualités. Pas un collectif, pas un amour du maillot, pas la fierté d’avoir l’honneur de représenter son pays dans une compétition internationale de prestige… La France, c’est finalement un F de plus sur l’écusson, rien de plus. C’est cet état d’esprit auquel j’ai tourné le dos. Et ça n’est pas forcément facile. D’autant que personne ne comprend. Peut-être, mais moi j’ai le foot dans le sang.

Que n’ai-je entendu depuis sur mon manque de patriotisme. Comme si le patriotisme allait se nicher dans le sport. Donc si vous soutenez Federer au tennis, vous n’êtes pas de bons français. Certains ont poussé le vice jusqu’à me dire que l’on ne peut comparer sports individuels et collectifs. Ah bon ? Et pourquoi ? Parce qu’à plusieurs on forme une équipe à laquelle peut s’identifier la communauté nationale ? Okay mais si on prend ces arguments, parlez-moi u peu de la nation que formerait alors l’équipe de France… Je ris.

J’aime le foot, j’aime le sport, j’aime le jeu, et sous prétexte que des Footix qui ne connaissent pas la règle du hors-jeu, aiment les vuvuzelas et regardent les matchs de l’équipe de France une fois tous les quatre ans en estimant être de grands spécialistes l’ouvrent, je devrais être mise au ban de la nation ? Par des types qui ne savent même pas faire la différence entre un 8 et un 10 ? Sérieux ? Non, je n’admets pas cette argumentation bancale.

J’ai eu des maillots de l’équipe de France, je me suis souvent maquillée, j’ai même une perruque qui traîne, mais il y a bien longtemps que le drapeau n’est plus affichée à la fenêtre les soirs de matchs. Parce que justement, j’aime mon pays. Et pour le moment, l’équipe mais surtout le foot français me font honte. Ce sont eux qui représentent mal notre pays. Alors merci de ne pas inverser la vapeur. Parce que ça n’est pas forcément facile, d’être apatride du foot et d’avoir demandé le passeport Foot italien.

Forza Italia !

Cette douleur, je l’ai ressentie fortement hier à Parme, où j’ai assisté au match amical Italie-France, quand quelqu’un m’a dit « mais tu chantes les deux hymnes ??? ».

Oui, j’ai chanté les deux hymnes. Mais pas de la même façon. Et pas pour les mêmes raisons. En effet, impossible pour moi de renier la Marseillaise. Ou même, de ne pas la chanter. Question d’habitude. Question de fierté d’être française. Question de naturel.

Mais j’ai aussi chanté fièrement Fratelli D’Italia. Sans aucune fierté d’être italienne, je ne le suis pas. Même pas de loin. Même pas à la 32ème génération. Encore que peut être, si, mais forcément par alliance, parce qu’en ligne directe, je sais déjà que non. Ou alors, du côté de mon père. Dernière chance, que je sois la fille du facteur. Passons. Reste que j’ai chanté l’hymne italien, pour encourager l’équipe que je soutiens.

Côté jeu, en revanche, je n’étais pas déchirée. Sur le terrain, mon coeur battait pour Pirlo et ses coéquipiers. Sans l’ombre d’un doute. Mais j’ai eu mal. Imaginez un peu de vous retrouver face à la maîtresse/amant qui serait responsable de la rupture avec votre moitié ? Oui, le foot, c’est à ce point-là pour moi : c’est sacré.

Voir Ribéry et Evra à quelques mètres de moi -j’étais tout près de la pelouse- m’a vraiment posé problème. Je n’ai évidemment au une haine personnelle envers ces deux joueurs. Je reconnais le talent de Ribéry. Pas d’Evra, faut pas déconner. Je vois bien que Ribéry a changé. Mais c’est cassé entre nous.

Irrémédiable. Parce qu’en 2010, ils ont eu la même mentalité que Zidane quatre ans plus tôt : l’oubli du maillot. Et les dernières déclarations de Ribéry disant qu’il préfère jouer au Bayern qu’en équipe de France –même s’il a depuis rétropédalé sur ses propos- ne sont pas de nature à me démontrer un réel attachement aux Bleus.

Certes, Knysna est loin et on ne peut pas leur en vouloir éternellement. Simplement, ces deux joueurs, sans le vouloir, sont représentatifs de ce qui, quelques années avant, m’a amené au divorce avec l’équipe de France, et coupables d’avoir contribué, à Knysna, à entériner cette sensation que le concept même d’équipe avait disparu.

Du coup hier à Parme, j’en étais encore à crier à Evra « Fais gaffe, une taupe ! ». Oui, je sais, je suis drôle. Mais avoir honte de mon équipe nationale depuis 2006, c’est assez désagréable. Et ça n’est pas le dernier Euro qui m’aura convaincue. Bien sûr, les joueurs n’ont pas commis d’atrocités. Nasri qui fait mime un « Ta Gueule » à la presse, ça n’est pas un drame.

Mais ça le devient quand c’est le seul fait que l’on retient parce que sur le terrain, on ne voit aucune envie. La France a pris la Suède de haut, elle a mangé le mur, et un peu de Zlatan. Elle a joué perdante face à l’Espagne, et a logiquement perdu. Où est sa fierté ? Son orgueil ? Demandez à l’Italie…

Parce que les italiens, eux, aiment profondément leur maillot, et se sentent honorés de pouvoir jouer en Nazionale. Et ils y mettent vraiment du cœur. Tout est question d’état d’esprit. Attention, la vie de la Squadra Azzurra n’a jamais été un long fleuve tranquille. C’est une de ces équipes « montagnes russes », qui, lorsqu’elles remportent une compétition majeure, échouent souvent rapidement dans la suivante.

Et après 2006, il y a eu de nombreux problèmes de comportements, lors du mondial 2010. Certes, pas au point de Knysna. Mais l’Italie a eu elle aussi à affronter des soucis disciplinaires. Et n’a pas brillé plus que la France sur le terrain. Sauf que l’Italie, contrairement à la France, a saisi le problème à bras le corps, au lieu de rester les bras croisés à attendre que ça se passe. L’Italie a réagi, en la personne de Cesare Prandelli.

Nouvel entraîneur, qui a succédé à Marcello Lippi, dont il était l’assistant, Prandelli a joué la carte de l’humilité et de la fermeté. Humilité face à sa fonction de sélectionneur –il supervise régulièrement les joueurs en allant suivre les rencontres en clubs, pour dénicher ses futures pépites et suivre la progression des talents déjà repérés- et fermeté par rapport à la discipline.

En effet, depuis son arrivée, Prandelli a imposé un code éthique : tout joueur adoptant sur le terrain un comportement inadéquat sera privé de sélection pendant un certain nombre de matchs. Pour Parme, c’était De Rossi qui a été écarté par Prandelli : pour avoir eu un comportement violent le weekend précédent, il a pris 3 matchs.

En outre, Prandelli est confronté à un problème de génération. Les gloires de la coupe du monde 2006 ont pour la plupart arrêté leur carrière en sélection, et pour celles qu’il reste, elles n’iront pas jusqu’en 2014, à part peut-être Gigi Buffon s’il ne se blesse pas d’ici là. Le sélectionneur italien doit donc reconstruire une équipe, sur la base de celle qu’il a emmenée à l’Euro en juin dernier, et qui s’est hissée jusqu’en finale, là où seule les observateurs très attentifs la voyait. C’est-à-dire, peu ou prou personne.

Et ça marche. Pourquoi ? Parce que le sélectionneur SELECTIONNE. Ca paraît simple, dit comme ça, mais en France, il y a 60 millions de sélectionneurs. Dont hélas, les instances du foot et la presse, chacun faisant pression sur ce qu’elles pensent avoir compris des désirs du reste des 60 millions de sélectionneurs.

J’exagère un peu, mais vous avez compris. Aujourd’hui, on se prive de Nasri parce qu’il a dit « Ta Gueule » à un journaliste [alors qu’en Italie, on met 3 matchs à DDR pour avoir frappé un joueur, hein] avant même de se demander si le sélectionneur l’aurait sélectionné. Non, c’est la fédé qui a décidé de le suspendre. Le sélectionneur, en France, est pris pour un incompétent incapable de savoir s’il doit prendre un joueur ou non.

En Italie, depuis la mise en place du code éthique, les joueurs sont au parfum. Jamais on n’ira leur reprocher des comportements relatifs à leur vie privée –ils alimenteront les gazettes- mais leur comportement sur le terrain se doit d’être exemplaire, sinon la sanction tombe. Résultat, Prandelli parvient à contrôler des joueurs aussi instables que Balotelli, Cassano ou El Shaarawy.

En France, on tape sur les joueurs d’abord, mais sans jamais se demander si le système qui les a produit ne serait pas, éventuellement, défectueux. Pourtant, les Nasri et autre M’Vila sont en centre de formation depuis leur 13 ans. Ils sont donc été formés, éduqués, gérés par le foot français. Il y a fatalement une part de responsabilité.

En France, on ne veut tellement pas voir le problème qu’on s’enfonce la tête très profondément dans le sable. A deux ans, précisément. Ainsi, M’Vila a été condamné à rater la prochaine coupe du monde, pour…. Etre sorti en boîte de nuit. Sérieux ??? Je vous rappelle que Zidane, en 2006, n’a rien pris, pour coups et blessures volontaires. On croit rêver.

Certains de mes amis m’expliquent que trois matchs de suspension, ça ne marcherait pas en France, parce que les joueurs s’en fichent. C’est possible. Mais justement : si les joueurs s’en fichent, c’est bien que toute la structure a échoué à inculquer aux joueurs, depuis leur 13 ans, l’amour du maillot ? Et le problème ne date pas d’aujourd’hui : Zidane, c’était déjà ça. L’amour de soi avant l’amour du maillot.

En Italie, les joueurs sont fiers de porter le maillot de la Nazionale. Sans revenir sur le sujet des hymnes –Platini ne le chantait pas, et pourtant il avait l’amour du maillot- les italiens mettent tout leur cœur à chanter Fratelli d’Italia, non comme un hymne, mais comme un cri de guerre à la façon du haka des All Blacks. Surtout à la fin, lorsqu’ils disent « Siam pronti alla morte, l’Italia chiamo, si ! » que l’on peut traduire par « Nous sommes prêts à aller à la mort, l’Italie nous appelle, oui ! »

En France, tout ceci est oublié. Comme si après la Coupe du Monde 1998, on avait pris un melon pas possible, et oublié l’essentiel. Le problème n’est pas uniquement Zidane –même si son geste l’a brutalement mis en exergue-, mais l’absence de prise de conscience de la nécessité d’afficher cet état d’esprit.

Cet abandon des valeurs par le foot français m’a profondément marquée, agacée, écoeurée. Tant qu’il n’y aura pas de prise de conscience, je ne cautionnerai pas ce système. J’aime trop le foot pour ça.

C’est ça qui m’a brisé le cœur, le 9 juillet 2006.
C’est ça que j’ai retrouvé dans la Squadra Azzurra.
C’est pour ça qu’hier je vibrais en italien, et pas en français.

Mi chiamo France. L’Italia chiamò, si !

Leonardo, l’arbitrage, le foot français….

Je suis supportrice parisienne, mais sur le dossier Leonardo, je ne réagis pas en tant que parisienne.

Comme je l’ai dit dans l’After sur RMC ce soir, les problèmes que nous évoquons dépassent largement le cadre de Paris et même de l’arbitrage. Et je pense que ce procès est dirigé sur le mauvais accusé.

En ce qui concerne l’arbitrage, chaque week-end il y a des erreurs, qui nous semblent de plus en plus grossière. Le sont-elles vraiment ? Je n’ai pas de stats, mais quoi qu’il arrive, il y a une plus grande exigence de tous les acteurs du foot –et pas seulement des supporters- pour avoir un meilleur arbitrage. A voir comment améliorer ça, pour tout le monde.

Ce qui me choque, c’est la convocation de Leonardo devant le Conseil National de l’Ethique. Avoir dit que les arbitres n’étaient pas professionnels, cela relève vraiment de l’éthique ? Le foot français voudrait-ils nous imposer une certaine pensée unique ? Une omerta ? Et si il dit la même chose dans un dîner parisien, on le convoque ? C’est n’importe quoi, cette petite crise d’autoritarisme qui traduit une chose : c’est la panique de tout ce petit monde.

Il serait temps que les instances du foot cessent de taper sur les autres, et regardent la poutre qu’elles ont dans l’œil. On ne va pas se mentir, le foot français va mal.

Les instances du foot ont tiré à hue et à dia sur les joueurs (pendant l’Euro, sur les espoirs), sur les entraîneurs, sur les sélectionneurs, sur les arbitres, et maintenant sur les directeurs sportifs. Les seuls qui manquent dans la liste, ce sont les deux guignols qui dirigent le foot français.

Aujourd’hui, Je leur adresse un carton rouge et je m’explique.

Quelle est la réalité du foot français ?

En effet, le foot a des problèmes plus urgent, comme la taxe à 75% qui pourrait toucher ¼ des joueurs de la L1 –et donc grever les budgets- sans parler qu’il faudra tenir compte du fair-play financier. Ca, c’est la logique économique auquel le foot est confronté. Mais non, on préfère s’occuper de Leonardo. C’est sûr, c’est vachement important.

Sauf que pendant ce temps, hormis Paris, quasiment tous les clubs sont à vendre ou en recherche de financement. Et que fait-on ? On méprise les investisseurs étrangers, on s’en prend systématiquement à eux, on les humilie. On donne des leçons alors qu’on n’a aucun bilan bref, on fait nos coqs alors qu’on n’a plus de plumes !

Que Thiriez et ses copains apprennent un peu l’économie : ça n’est pas en France qu’on va trouver les capitaux capables de rendre un club compétitifs en Ligue 1 voir au niveau européen.

Donc on a deux solutions :

  • Soit les instances continuent de se replier sur elles-mêmes, seule possibilité d’avoir encore des votes pour se faire réélire ad vitam eternam entre gens qui dirigent le foot depuis Mathusalem, et on peut dire adieu à un l’investissement et donc au football compétitif. Il faudra donc s’occuper sérieusement de tout le reste (formation, arbitrage, ..).
  •  Soit elles s’ouvrent un peu et comprennent que de toutes façons ça ne se passera pas comme ça: dès cette saison peut être, et à tout casser dans les trois prochaines, il y aura de nouveaux petits PSG, avec des arrivées de capitaux parce que la survie des clubs en dépend. Et donc, l’impact du foot français dans le monde.

Je donne un carton rouge, c’est une exclusion temporaire, mais attention : l’économie du foot pourrait finir par les sanctionner d’un retrait de licence. On sait qui vote, à eux d’anticiper que les temps changent…

Réécouter mon intervention dans l’After Foot sur RMC ce soir

Etre ou ne pas être… supporter parisien

20 minutes s’est fait l’écho des supporters du PSG, désoeuvrés que le club n’organise pas de déplacement pour le match de Ligue des Champions de demain à Zagreb.

L’article est plutôt intéressant, et Fabien (dont le prénom a été modifié) exprime une position ressentie par pas mal d’amoureux de l’équipe… jusqu’au faux pas : «Je ne vais pas partager ma tribune avec des mecs qui sont supporters depuis deux ans et qui crachaient sur le club quand il jouait le maintien…».

Voilà. Fabien tombe dans la caricature. Comme pour de nombreux « supporters », tous ceux qui n’ont pas pris leur abonnement avant eux –oui, pour eux, tu ne peux supporter le PSG qu’en étant abonné, et en virage s’il te plait- sont des sous merdes indignes de se revendiquer supporter du club.

C’est là que je ne suis pas d’accord.

De quel droit Fabien se permet-il d’associer les nouveaux supporters à ceux qui crachaient sur le PSG quand il jouait le maintien ? J’aimerais bien savoir ce que faisait Fabien en 1985, quand on a fini 13ème et qu’on s’est fait ltaper en coupe d’Europe ? Fabien peut peut-être me montrer son abonnement des années Borelli ?

Parce qu’à force de jouer aux concours de bites entre supporters-du-PSG-plus-légitimes-que-le-voisin, on finit par se heurter à la question de l’âge : il y a des gens qui sont supporters depuis 2 ans et qui avant étaient trop jeunes pour avoir pu cracher sur le PSG quand il jouait le maintien.

Ca a commencé à franchement devenir difficile à la fin des années Canal, lors de la saison 2005-2006, où l’on finit 9ème. Avec l’arrivée de Colony Capital, les difficultés s’enchaînent : les saisons délicates récentes restent 2006-2007, où on finit à la 15ème place, 2007-2008, où on finit à la 16ème place, et dans une moindre mesure 2009-2010 où l’on termine à la 13ème place après l’accalmie de la saison précédente.

C’est probablement à cette période que fait référence Fabien. Et je le comprends. On a mangé notre pain noir. Et alors, il pense qu’il a été le premier ? Désolé, mais je reviens à mon 1985. Et puis tant qu’à faire, parlons des années de milieu de tableau en championnat à la fin des années 90, parfois masquées par les succès en coupes. Là aussi c’était chaud. Quand j’étais à l’école primaire, en 1985, on s’est bien foutu de ma gueule. EH OUAIS.

Ensuite, pourquoi partir du principe que les nouveaux supporters crachaient auparavant sur le PSG ? Mais de quel droit ? Celui de tenter de se trouver une justification qui ne convainc personne ?

J’ai tenté de débattre de ce sujet sur Twitter, et les réponses de certains de ces « supporters » ont été édifiantes. Attention, ils ne sont représentatifs que d’eux-mêmes, mais en aucun cas de la mouvance « ultras » ou de la famille PSG. Décryptage.

La sécurité, ce sujet tabou

L’argument de la sécurité est rejeté en bloc, avec l’explication suivante : « tu n’y étais pas, tu te bases sur les médias (ces salauds) alors t’as rien à dire, y’avait pas de problème de sécurité, la preuve y’a toujours eu des enfants au stade ».

Des enfants ? En plein virage ? Dans les années chaudes ? Je crois qu’ils réécrivent un peu l’histoire, nos amis « supporters »… parce que sur les images magnifiques des tribunes pleines de fumis, je n’ai pas vu beaucoup de bouts de chou. Certes en latéral… mais en latéral, c’est le mal, non ? Surtout que moi je n’avais pas les moyens d’y aller, en latéral. On parle donc bien des virages.

Pourquoi occulter que certains ne venaient pas au stade auparavant ? Certes, ça ne fait pas plaisir aux supporters, mais pourquoi nier que certains ne venaient pas avant pour des raisons de sécurité ?

Oui, il y a toujours eu des familles, des femmes, des enfants au stade. Mais pas forcément en plein virage (la seule place revendiquée comme véritablement valable par ces supporters, car ils crachent aussi sur ceux qui osent aller en latéral).

Pourquoi nier les affrontements qui existaient entre Boulogne et Auteuil ?
Pourquoi nier que cette image –réelle ou supposée- ait pu faire fuir une partie du public, désireux de voir un match de foot en toute tranquillité ?

Je n’y étais pas. Certes. Mais pourquoi ? J’ai 38 ans. Je soutiens le PSG ardemment depuis mes 8 ans. Finale de coupe de France face à St Etienne. Mes larmes quand les parents ont ramené à la maison un cadeau pour moi : mon premier maillot de foot. C’était St Etienne. Jamais autant pleuré. Alors la passion PSG… Je n’ai rien à prouver à personne.

Et si je n’allais pas au stade, j’ai mes raisons. D’abord, j’ai grandi avec le drame du Heysel. A l’époque où l’on regardait le foot en direct sur les chaînes hertziennes. Dès lors pour mes parents, pas question que j’aille au stade. Et encore moins en virage. Jusqu’à pouvoir avoir mon premier CDI, c’était donc totalement exclu.

Autre raison, plus dramatique, mais néanmoins essentielle pour comprendre. Jeune femme, j’ai été agressée 5 fois. Dont une fois bien plus violemment que les autres. Ca m’a rendue peut être trop craintive aux yeux de ces supporters-là. Mais désolé, j’ai très longtemps évité tous les endroits définis comme un peu chauds, que cette définition ait été à tort ou à raison. Principe de précaution.

Lorsque le Plan Leproux a nettoyé les tribunes, j’ai assez vite compris que c’était une décision très dure, qui touchait bien au-delà des personnes concernées. Mais j’ai mis les pieds au stade. Et vécu mon rêve, celui de voir jouer mon équipe. Je ne dis pas pour autant que le Plan Leproux était la solution. D’ailleurs, j’aurais probablement fini par aller au Parc en latéral, accompagnée, sans le Plan Leproux. Mais le latéral, c’est le mal hein ? Pas le vrai Parc des Princes ?

Reste que la mythologie des échauffourées en virage, et les propos d’anciens abonnés de ces tribunes que je connais, font que jamais je n’y aurais mis les pieds de ce temps-là. Traitez-moi de chochotte si vous voulez. Que celui qui juge ça vive ce que j’ai vécu et on en reparlera. Personne n’a le droit de juger.

Cette réaction épidermique démontre en tout cas que le sujet est éminemment sensible. Les supporters refusent de voir en face une partie du passé –il y a tout de même eu un mort, les arrestations plus ou moins valables étaient régulières, comme les bastons- et pour cause : ils ne veulent plus du tout être associés à ce passé. Est-ce pour autant probant de nier qu’il a pu rebuter une partie du public ?

Un gigantesque « concours de bites »

Attention si l’on veut se définir « supporter » du PSG, il faut songer à dérouler son pédigrée sur 12 générations. Enfin un peu moins, le PSG datant de 1970.

Comme c’est récent, il conviendra de compenser, en veillant à afficher un nombre important de déplacements au compteur, sans oublier de tenir compte de la distance kilométrique. Plus tu alignes les miles, plus tu grimpes dans la pseudo hiérarchie ! Aujourd’hui y’en a un qui, dans la discussion, a pissé jusqu’à 1800 kms. Qui dit mieux ? Allez, on peut mieux faire !

Que tu puisses avoir un boulot qui ne te permette pas de prendre des jours pour aller au bout de l’Europe ou que tu n’aies pas les moyens n’a pas l’air d’être un argument. T’es juste pas un vrai. Et tant pis si t’as juste vibré devant ta télé.

Ainsi, si je reprends mon exemple, mon ancienneté de supportrice depuis 30 ans ne vaut rien sur le cours du supporter, parce que je n’ai mis les pieds au Parc des Princes qu’en 2009. Shame on me. Forcément, en tant que fille, je n’ai pas de service trois pièces. Damnit.

J’ai pleuré  quand on m’a offert le maillot de St Etienne en hurlant qu’on me voulait du mal -j’ai même trépignée et je me suis même roulée par terre en serrant mes petits poings musclés pendant que le frangin récupérait le maillot des Verts (qui pour moi, se limitaient à pisser en l’air)- j’étais amoureuse de Joël Bats et de Safet Susic, mais des gars qui n’étaient même pas nés m’expliquent que si je ne suis pas allée pogoter en virage, je ne suis pas une vraie supportrice. Euh, ça fait de plus en plus secte, là…

Et c’est bien là le plus surprenant : ces « supporters » estiment qu’on ne peut se prétendre supporter si l’on ne va pas au stade, je cite : « Comment on peut supporter une équipe derrière son poste de télé ???? Putain de football moderne de merde ».

Déjà football moderne… j’ai découvert le foot lors de la coupe du monde de 1978 en Argentine, inutile de dire que du haut de mes 4 ans j’étais devant ma télé…. C’était y’a quand même 34 ans. L’âge de Gigi Buffon. Et le type qui me dit ça est né en 1989. LOL.

Un supporter d’une autre équipe, qui s’en étonnait, s’est vu traiter de « tocard », avec une mention l’enjoignant de supporter SA ville. WTF ?

De quel droit ces « supporters » décident-ils de quelle équipe on doit supporter ? Si tu habites dans une ville sans club, t’as pas le droit d’aimer le foot ? Si tu es né à Paris, mais que tu as dû déménager à Evian pour ton job, t’es obligé de supporter Evian Thonon Gaillard ? Sérieux ? Nan parce que si tu habites Evian, tu vas avoir du mal à monter tous les 15 jours à la capitale…

Finalement, en 2h de « discussion », ces « supporters » n’ont jamais parlé ballon, système de jeu, composition de l’équipe. Ils se sont juste bornés juste à faire un concours de bites sur celui qui est le plus ci ou ça (abonné de plus plus longtemps, allé dans un plus grand nombre de déplacements, bref, tout ce qui à ses yeux représentent la passion parisienne, à LEURS yeux), en voulant en plus imposer aux autres leur manière de vivre cette passion.

Ce qui m’étonne, en tout cas, dans ces réactions, c’est de voir à quel point ces supporters là sont arc boutés sur des principes qui en deviennent quasi sectaires. Pourtant, si les « vrais supporters » sont si nombreux que ça à représenter le Parc des Princes, pourquoi sont-ils si peu nombreux dans les manifestations qu’ils organisent pour revendiquer ?

Et après ils s’étonnent de ne pas être écoutés par la direction… C’est pourtant simple de comprendre pourquoi : pas de représentativité, pas de poids, pas d’écoute. Basta. Et tout le monde y perd, à commencer par l’identité du PSG. Malin…

 

Paris multiple

Pourquoi ne pas tout simplement accepter que le public du PSG est protéiforme ?
Qu’il n’y a pas un type de supporter, mais des types de supporters ?
Qu’il n’y a pas un type de spectateurs au Parc des Princes, mais de multiples catégories ?
Finalement, le PSG, c’est un gigantesque jeu des 7 familles.

Alors oui, il y a la famille Ultra. Elle a son importance. C’est elle qui met l’ambiance, lorsqu’elle veut bien venir encourager son équipe. Et tout le monde (à de rares exceptions près qu’il ne faut pas nier) reconnaît l’importance des ultras, et comprend pourquoi, ultra ou pas, les abonnés ont été frustrés lorsqu’ils ont été virés du Parc par le Plan Leproux.

Mais il y a d’autres familles qui coexistent, que ce soit au sein des supporters –non, supporter ne signifie pas aller au stade- ou même au sein du Parc des Princes. Qu’on arrête de me faire croire que les gamins qui viennent au Parc sont des ultras. Qu’on arrête aussi de penser que le Parc se limite aux deux virages et que les latéraux ne viennent pas encourager leur équipe.

Qu’on arrête de vouloir uniformiser à tout prix le supporter du PSG, et qu’on le laisse vivre sa passion, au degré qu’il entend, aux moyens financiers qu’il peut mettre, sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit, et surtout pas des gens qui s’inventent une petite mythologie perso juste pour se sentir exister.

Au contraire, on devrait se féliciter de voir le public s’élargir. De voir les yeux des enfants briller de nouveau en rouge et bleu. De voir les familles revenir, la proportion de femmes augmenter, et même un public moins fan revenir au stade.

Car c’est une histoire de ballon avant tout. Et ça ne me choque pas de voir des gens qui ne sont pas ultra spécialistes du PSG avoir envie de voir un match. Tout simplement parce que dans le monde, il y a des équipes que je connais bien moins que le PSG, et que j’aimerais aller voir jouer. Pour le plaisir du ballon rond.

Dernier point, lorsqu’on se définit supporter, on ne siffle pas son équipe. Or j’ai vu des soit disant « supporters historiques » -mais vous avez compris que c’est une étiquette que n’importe qui se colle pour un peu qu’il ait un abo en virage- siffler les joueurs.

Que ceux qui font ça ne me parlent pas de soutien pendant qu’on jouait le maintien… parce que le soutien, c’est tout le temps. Y compris par beau temps. La critique est permise, reconnaître quand on ne joue pas bien est même souhaitable, mais siffler son équipe, c’est d’une rare violence que je ne cautionne pas.

Alors vous, membres de la grande famille du PSG, faites votre introspection. Réfléchissez un peu sur ce que vous dites, et vous verrez rapidement que vous ne pouvez pas indéfiniment imposer des critères de supporters, dont d’ailleurs personne ne vous reconnaît aucune légitimité pour les déterminer.

Vous êtes ultras ? Très bien. Merci pour ce que vous faites.
Vous êtes abonnés depuis des lustres ? Très bien, merci pour ce que vous faites.
Vous êtes spécialistes du jeu ? Très bien.
Vous aimez le PSG ? Bravo, nous sommes frères.

Mais arrêtez de taper verbalement sur votre voisin parce qu’il n’a pas exactement la même manière que vous de vivre en rouge et bleu. Cessez votre trip de maman étouffante, on en a déjà une… Et ouvrez un peu votre esprit.

Soyez fiers qu’ensemble on vibre pour Paris.
Revenons à ce qui nous unit.
EN ROUGE ET BLEU ALLEZ !

Au cœur des bleus : Italie 1- France 0

Deux équipes en bleu. La France, et l’Italie. Deux nations en difficulté après la coupe du monde de 2010.

Deux pays qui avaient à cœur de se refaire lors de cet Euro 2012, juste avant le début des qualifications pour la Coupe du Monde de 2014, en septembre prochain.

La France, traumatisée par le syndrome Knysna : les joueurs n’étaient pas descendus du bus pour s’entraîner par solidarité avec Anelka qui avait été viré pour avoir tenu des propos insultants à l’égard de son entraîneur, Raymond Domenech.  L’Italie, marquée par sa sortie de la coupe du monde dès la premier tour, quatre ans après avoir été championne du monde, et une ambiance difficile au sein de l’équipe, sans être toutefois au niveau de Knysna.

Après ces quarts de finale, on peut déjà tirer un bilan du parcours de ces deux nations qui ont marqué l’histoire du football. L’une en sort grandie, l’autre pas. Décryptage.

La France, des bleus au coeur

Des bleus au cœur, voilà ce qu’il reste de l’Euro 2012 de l’Equipe de France. Une victoire sur l’Ukraine, un nul face à l’Angleterre, une défaite face à la Suède et une face à l’Espagne. Pas de quoi pavoiser. Pouvait-on faire mieux ? Peu probable, cet Euro marquant l’échec d’une stratégie qui a consisté à renoncer au jeu, et aux ambitions affichées par Laurent Blanc lorsqu’il a pris son poste.

Individuellement, l’Equipe de France dispose de talents. Mais l’addition d’individualités ne forme pas nécessairement un collectif. De nombreux éléments contribuent l’alchimie nécessaire à faire interagir le groupe sur le terrain. Parmi eux, la technique, certes, mais aussi la gestion humaine et donc, les comportements sur le terrain et hors du terrain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette équipe de France a échoué.

Techniquement, difficile de se faire une idée. Peut être faudrait-il déjà avoir compris le projet de jeu et malgré mes efforts, je n’ai toujours rien compris.

Qui doit faire quoi, c’est à peu près clair, mais dans quel but, alors là… Encore faudrait-il que nous ayons une culture de la tactique en France, ce qui n’est pas notre cas. Contrairement à l’Italie ou l’Espagne. Et comme le football français est incapable de se remettre en cause, et le premier à céder au corporatisme si cher à notre bon vieil hexagone, on n’est pas sorti de l’auberge.

Face à la Suède, déjà, l’équipe était passée à côté de son match, récupérant alors la seconde place du classement, synonyme de rencontre avec l’Espagne. A croire que tout s’est arrêté ce soir là.

Certes, on peut passer à côté d’un match. Mais amical, de préférence. A ce niveau de compétition, on évite. Mais bon. L’accident de parcours existe souvent dans les phases éliminatoires – plus rarement par refus de jouer-, et ne présage pas de la suite de la compétition.

Pourtant ce soir là, après la Suède, la France a renoncé. Le staff, en conférence de presse, a déminé le terrain en donnant par avance les éléments de langage expliquant une défaite. Avant même de jouer le match, le ton était donné. Avec toute la mollesse d’un Laurent Blanc, dont on se demande comment il peut parvenir à galvaniser une équipe. Que ce soit en conférence de presse ou en bordure du terrain, on se demande parfois s’il ne tient pas le rôle du plot…

Sur le dernier match, face à l’Espagne, la tactique était plus claire : tout en défense, et si on avait pu, on aurait mis onze gardiens.

Pourquoi pas ? Ca sonne un peu catenaccio mais je crois que bon. Sur un contre, on peut toujours marquer. Mais encore faut-il que la tactique soit bien comprise, et que les joueurs défendent, au lieu de simplement adopter le service minimum.

Ce qui devait arriver arriva : l’équipe a confondu exigence de défendre pour arriver au nul à la mi-temps et jouer avec le frein à main bloqué. Résultat, un but a été encaissé à la 19ème minute –contrecarrant les plans de Laurent Blanc- sur une erreur de repositionnement de Florent Malouda, incapable de se bouger pour marquer Xavi Alonso. Manque d’envie, manque d’ambition, match perdu d’avance dans les esprits…

Le sport est une chose. On retiendra donc Hugo Lloris, Yoann Cabaye, et dans une moindre mesure, le petit retour de Ribéry –il y a eu trop peu de matchs pour en tirer des conclusions- et la bonne entrée de Koscielny mais là encore, sur un seul match, difficile d’en faire une règle.

La défaite aidant, les vieux démons sont ressortis.

Nasri, qui avait fait le malin en adressant un « Ta Gueule » à un journaliste de l’Equipe pour les critiques portées sur lui avant de se muer en Casper lors du match suivant –démontrant alors qu’il était loin de ne pas mériter les critiques-, s’est encore illustré en sortie de match, en répondant de manière très agressive à un journaliste qui tentait, certes maladroitement, de faire son boulot.

Quant à Ménez, il a franchi le mur du con par deux fois sur le terrain : une première fois en se prenant un carton jaune pour avoir insulté l’arbitre italien d’un fleuri « Va Fanculo », dans la langue de Dante histoire d’être bien compris, puis en incitant visuellement son gardien et capitaine Hugo Lloris à fermer sa gueule, pour avoir osé lui demander de se repositionner en défense.

Et ça n’est pas tout. Quand on voit Nasri et Ménez, leur échauffement est quand même révélateur d’un certain état d’esprit. Hatem Ben Arfa parle pendant ½ heure avec son adjoint.

Nasri discute ardemment avec Boghossian pour savoir pourquoi il n’est pas titulaire. Enfin Nasri et Ménez, pendant l’échauffement des titulaires, s’amusent à tirer des boulets à 20 mètres de leurs camarades. A l’évidence, ce groupe n’est pas uni, et incapable d’afficher la moindre solidarité.

Pire que tout, les réactions d’après match. Les uns après les autres, les joueurs comme le staff ont recraché les mêmes éléments de langage : l’Espagne est championne du monde, elle avait la balle, ect…

C’est certainement ce qui explique le mauvais repositionnement de Florent Malouda. Pas un pour admettre que la Roja n’a pas joué son meilleur football, et qu’elle était prenable. Simplement, pas avec des joueurs affichant une mentalité de perdants. Palme de la bêtise pour Karim Benzema : « Nous sortons grandi de cet Euro. » Totalement à côté de la plaque… et finalement emblématique de cet Euro : pile poil dans l’esprit de ces deux défaites…

Enfin pour terminer, ces joueurs, qui ont tant déçu les supporters qui aimeraient tant se réconcilier avec eux, n’ont pas daigné -dans un premier temps et avant qu’on ne les pousse- s’arrêter auprès de la petite trentaine de supporters venus les attendre, sous la pluie, à leur retour en France. Aux dernières nouvelles, ils vont en revanche bien toucher leur primes pour avoir atteint l’objectif fixé de la qualification en quart. 100 000 euros. Tout simplement gerbant.

D’autant que Laurent Blanc s’était fixé des objectifs clairs lorsqu’il a pris en main cette équipe de France :

  • Etre jugé sur les résultats
  • Retenir comme critères essentiels l’état d’esprit, le comportement, l’attachement au maillot. C’est capital. Celui qui pointe des faiblesses, qui ne veut pas l’accepter, il dégage.
  • Aucun joueur n’est indiscutable hormis Hugo Lloris

Deux ans après Knysna, les problèmes de fond persistent au sein de cette équipe de France.

Si les événements ne sont pas comparables –cette fois les joueurs sont descendus du bus et n’ont pas eu de réaction collective inappropriée-, rien n’a changé, parce que Blanc a renoncé aux objectifs et aux principes qu’il s’était lui-même fixé lorsqu’il a pris cette équipe en main.

Aujourd’hui, les fissures entre l’équipe de France et les supporters continuent de s’étendre. Parce que les joueurs n’ont pas respecté le maillot. Qu’on s’entende bien. Il ne s’agit pas d’imposer aux joueurs de chanter l’hymne. D’une part, ça a été très longtemps politisé et du coup, l’hymne n’était pas forcément chanté. Ni en France, ni ailleurs. Nous ne sommes pas aux Etats Unis, mais dans la vieille Europe, qui a été fortement marqué par les nationalismes. Désormais, beaucoup de nations le font.

Doit-on le chanter ? Certes, c’est censé être un moment de communion de la communauté nationale, c’est-à-dire des joueurs avec leurs supporters. Mais n’arrivons pas aux extrémités de la Serbie qui vire les joueurs refusant de le chanter pour raison politique, même si celle-ci n’est pas censé avoir sa place sur le terrain. Sport et politique ont toujours été mêlés, inutile de le nier… même s’il reste difficile d’imaginer qu’un joueur incapable d’aligner trois mots en français correct puisse avoir une pensée politique profonde. Il ne faut peut être pas abuser. Tout ça ressemble plus à du je-m’en-foutisme qu’à une véritable objection de conscience.

Sans aller vers ces tartes à la crème, on peut toutefois noter deux choses : d’une part, il n’y a pas de profonde ferveur pour l’équipe de France dès les premiers tours, on a plutôt tendance à se révéler supporter en demi-finale.

Ensuite, l’hymne n’est pas le marqueur de la fierté de porter le maillot. J’ai grandi avec le foot. Mon premier souvenir de match remonte à Argentina 78. Souvenez vous, l’équipe de France joue en vert et blanc, avec le maillot d’une équipe locale ! Elle ne passe pas le premier tour. Mais quatre ans plus tard, elle est en demi-finale et aurait pu aller plus loin, chacun se souvient du drame de Séville, le 8 juillet 1982. Rebelote quatre ans plus tard, au Mexique.

Cette équipe-là ne chantait pas l’hymne non plus. Mais elle était fière de porter au plus haut et le plus loin possible le maillot.

C’est ça, le respect du maillot. Et pas de dire qu’on a bien joué et qu’on a rempli l’objectif d’aller en quart quand on n’a pas mouillé le maillot. Ce que les supporters attendent de l’équipe, ce sont bien évidemment d’abord des résultats, mais aussi de la fierté. Pouvoir se dire que l’équipe a été au maximum de ses possibilités. Et en cas de défaite pouvoir se dire qu’au moins, on a tout donné sur le terrain.

Dans ce domaine, on ferait bien de s’inspirer de la philosophie de Joachim Löw, le sélectionneur allemand, qui lui aussi a reconstruit une équipe de A à Z. Déterminé à offrir du beau jeu, pour s’imposer durablement, il a affiché un principe simple : si les joueurs ont envie de suivre son projet, qu’ils acquièrent alors la culture du jeu qu’il veut leur inculquer et restent simples, dans le respect de l’autre, alors le public suivra. Car au-delà des titres qu’il entend remporter, Joachim Löw veut laisser des souvenirs ancrés dans la mémoire collective de l’Allemagne, que la Mannschaft gagne ou perde.

Pour cela, on doit user de la sélection. Non, le maillot n’est pas un dû à tel ou tel joueur qui dispose de qualités individuelles. Ca se mérite. Ensuite, le football se joue, jusqu’à preuve du contraire, à onze sur le terrain. Mais aussi avec un banc et un staff. Pour intégrer l’équipe, le joueur doit pouvoir se fondre dans le collectif. Ca n’est pas au collectif de se construire autour de lui. Et ça, tout le monde semble l’avoir oublié, à commencer par les joueurs.

Forcément, depuis qu’ils sont en centre de formation on leur rabâche qu’ils ont du talent ! Mais le talent n’assure pas la cohésion. Au contraire, il peut diviser, lorsque devant le but certains pensent plus à leurs statistiques perso qu’à passer le ballon au joueur le mieux placé. La mentalité, un point à travailler dès le centre de formation. En prenant exemple sur Lille, qui s’était séparé du petit Franck Ribéry, déjà intenable.

Concernant les instances du football, ensuite. Si Laurent Blanc n’a pas atteint ses objectifs, il ne doit pas servir de bouc-émissaire. Le foot français doit se repenser et procéder à une mutation en profondeur. La fédération n’est pas exempte de responsabilité. C’est son boulot que de gérer l’équipe de France. Qu’elle le fasse. Mais plus que tout, que les corporatismes cessent. Ah, dès qu’il s’agit de taper sur le premier étranger qui vient tenter de remettre en cause notre mentalité, tout le monde fait front.

Leonardo en a fait les frais au printemps pour avoir osé, dans une réunion interne, tenté de remettre en cause les pratiques actuelles d’entraînement, dans l’optique de tirer le football français vers le haut. Bronca générale, en mode « mais pour qui il se prend, il arrive dans notre pays et nous critique ». Alors qu’il sera le premier à sauter s’il n’atteint pas ses objectifs. Pas comme d’autres. A un moment, lorsqu’on est 16ème au classement Fifa, il faut bien se remettre un peu en question. De véritables Etats Généraux du Football ne seraient pas de trop. Enfin, si l’on sortait justement de ce corporatisme… On peut toujours rêver.

Sur les clubs, enfin. J’entendais hier Laurent Blanc se plaindre que les autres équipes nationales, comme l’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie, peuvent s’appuyer sur une équipe dorsale constituée de leurs fortes équipes, comme le Barça et le Real, le Bayern ou encore la Juve. Certes. On touche là à un autre point, la nécessité pour le football français de se remettre en cause. Mais restons sur les propos de Laurent Blanc. N’est-ce pas lui qui ne s’est pas appuyé sur des clubs tels que Paris ou Lille, qui disposaient pourtant de joueurs sélectionnables ?

N’est-ce pas lui qui n’a pas voulu d’un Sakho -au motif qu’il n’a pas suffisamment joué dans son club, alors qu’il avait pré-sélectionné Gourcuff (qui n’a quasiment pas joué depuis 2 ans) ou retenu Mexès qui cire le banc du Milan AC ? Quand on voit la fiabilité de la charnière, nul doute que Sakho avait sa place. N’est-ce pas lui qui n’a pas voulu de Jallet, très en forme, au motif qu’il n’avait jamais été sélectionné auparavant, alors qu’il avait pré-sélectionné  Yanga M’Biwa ? La mentalité exemplaire d’un Jallet eût pourtant été très utile au sein de ce groupe… On peut aussi citer Mavuba, pour Lille. Et d’autres.

Que Laurent Blanc reste le sélectionneur ou qu’il parte, le constat est clair : l’étoile de notre maillot ne brille plus, il faut changer tout ça. Mais comment ?

Par une profonde mutation des esprits, et l’instauration de quelques règles simples. Sans développer dès maintenant les modifications à apporter dans l’ensemble du football professionnel, arrêtons nous déjà sur quelques pistes de changements à apporter au sein de l’équipe de France.

Et pour cela, ouvrons nous sur l’extérieur, et regardons une autre histoire de bleus pour y trouver quelques idées. Edifiant.

 

L’Italie, le cœur des bleus

Quand Prandelli prend la succession de Lippi en 2010, il hérite d’une équipe qui n’a pas brillé en coupe du monde, et qui s’éloigne des tifosis. Presque à poil.

Le défi est grand, il faut reconstruire, dans un pays qui respire le football. Deux ans après, il a incontestablement gagné son pari.

Armé de ses valeurs, il a mis en place un code éthique pour éviter les problèmes de comportements au sein du groupe. Qu’on se mette d’accord, le code éthique ne concerne que la vie sur le terrain et dans le groupe, et absolument pas ce qui relève de la vie privée.

La meilleure démonstration en est la gestion de Balotelli : lorsqu’il a fauté, il a été écarté de la sélection. Lui gardant sa confiance, Prandelli a sélectionné Balotelli dans les 23, et son comportement ne pose pas problème dans le groupe. La confiance et le dialogue dans la gestion humaine des cas difficiles, voilà la méthode Balotelli.

Entrons dans le système Prandelli. Techniquement, d’abord. Il est investi dans sa mission. Régulièrement en contact avec les clubs, où il se rend, il suit les joueurs. Ce qui lui permet d’éviter en partie l’écueil des sélections nationales qui n’ont que trop rarement leurs joueurs. Il les connaît, les suit, sait s’ils ont besoin d’un coaching personnalisé ou pas.

Avec ce vestiaire bigarré, Prandelli a réussi à monter un groupe. Certes, il dispose de cadres sur lesquels il peut se reposer.

Mais qu’on ne tombe pas dans cette illusion. Buffon a été blessé, Pirlo a eu des hauts et des bas poussant Galliano à s’en séparer, sans parler de De Rossi. A côté de ces cadres, il a aussi des Balzaretti, de Palerme, ou Diamanti, de Bologne. Pas vraiment le top de la série A. Enfin, Prandelli a conservé Cassano, victime d’un grave problème cardiaque fin octobre, et Balotelli, l’enfant terrible.

Le résultat ? Depuis le début de cet Euro, l’Italie surprend tout ceux qui ne l’ont pas vue se reconstruire. Dès son premier match, elle a accroché l’Espagne, obtenant un match nul. Comment ? Regardons les jouer : au-delà du caractère formidable de ce collectif, l’Italie observe toujours son adversaire dans les 20 premières minutes, puis s’adapte. L’Italie a cette capacité, dans le jeu, à s’adapter au style de ses adversaires.

Le match face à l’Angleterre n’a pas dérogé à la règle. Il aura fallu 20 minutes aux Azzurri pour régler les problèmes posés par les anglais dans les couloirs, et les contraindre à jouer dans l’axe. Dès lors, les italiens ont bloqué les ballons. Sans conserver la balle à l’espagnole, ils ont montré une véritable force de récupération en milieu de terrain. Le tout agrémenté d’un Pirlo à la distribution, pour envoyer les ballons vers l’avant et tenter de percer la défense anglaise.

Ensuite, et malgré l’absence de Chiellini, blessé, la défense a assuré : que ce soit dans la charnière, qui a bien protégé les buts de Buffon, ou les latéraux Abate et Balzaretti, qui savent autant se repositionner en défense que monter très haut pour soutenir l’avant, tout le monde a tenu son poste.

Enfin Buffon, sollicité dès les premières minutes de jeu, a été magistral, produisant des arrêts décisifs.

Mais l’Italie version 2012, c’est plus que de la technique : c’est un état d’esprit. De l’hymne national, chanté par les joueurs et tout le staff à fond les ballons, au comportement irréprochable sur le terrain, l’équipe a montré son caractère. Solidaire et unie, la Squadra Azzurra a tout mis sur le rectangle vert : ses tripes, et son cœur. Comment alors ne pas vibrer pour cette équipe ?

Hier, l’Italie a tout connu : les poteaux, la transversale, les immanquables manqués juste devant le but, les arrêts de Hart, … Mais elle n’a jamais lâché.

Mieux encore, elle a toujours été soutenue par son coach. Lorsque Balotelli manque sa première occasion, Prandelli lui glisse : « ça n’est pas grave, tu auras la suivante ». Qu’il n’a pas eue, mais qu’importe : le jeune joueur a persisté à tenter. Comme ses camarades. Personne n’a baissé les bras. Pas même après le but de Nocerino, finalement refusé pour hors jeu. Pas même à cause de la fatigue des prolongations. L’Italie a joué, de bout en bout.

Et s’est montrée vraiment solidaire. Deux exemples avec les explications données après le match par deux cadres de la Squadra Azzura.

Pirlo, troisième à tirer son pénalty – le moment charnière des tirs aux buts-, voit Joe Hart faire le malin dans sa cage. L’Italie compte alors un but de retard, à la suite du pénalty manqué de Montolivo. Expérimenté, Pirlo tente le coup très osé de la Panenka, à la fois pour calmer Joe Hart, et remotiver son équipe.

Et Buffon. Capitaine de l’équipe, il sait qu’il doit arrêter un pénalty pour sauver l’équipe. Ashley Young touche la transversale, les équipes ont donc chacune raté un pénalty. Nocerino a réussi le sien.

Il est désormais vital, pour l’emporter, d’en arrêter un. Conscient, Buffon prend ses responsabilités, et arrête le tir d’Ashley Cole. Derrière, Diamanti réussit son tir au but, et l’Italie est qualifiée.

Ensuite, et ça n’est pas un détail, Cesare Prandelli n’est pas du genre à se chercher des excuses : quel que soit le résultat, il assume. Les échecs comme les victoires. Quant aux joueurs, ils ont l’habitude de répondre à la presse, et de faire face aux critiques. Même lorsqu’il faut répondre à une armada de questions sur le calcioscomesse, le scandale des paris truqués, juste avant la compétition. J’ai bien tendu l’oreille : pas un « Ta Gueule » adressé à la presse… juste des joueurs effectuant parfois des mises au point, mais répondant aux questions dans le calme et avec détermination. Buffon, par exemple.

Sans être non plus toujours exempts de dérapages dans leurs propos dès que l’on sort du cadre du football : on se souvient de la sortie homophobe de Cassano sur l’homosexualité présumée de deux joueurs de la Nazionale.

Sur le terrain, il a aussi fallu l’intervention de Bonucci pour empêcher Balotelli de faire une Nasri après son formidable retourné placé au fond des filets, face à l’Irlande.  Reste que si Cassano et Balotelli sont deux cas difficiles à gérer, la gestion humaine de Prandelli aura permis de ne pas mettre en danger l’équilibre du groupe et de limiter ce type de débordements.

L’Italie a su se construire un collectif. Un groupe soudé, qui travaille dans une bonne ambiance malgré les caractères parfois difficiles de certains, dans une alchimie pas si évidente à trouver entre de très jeunes joueurs inexpérimentés et des cadres confirmés dont certains ont tout gagné – quatre champions du monde dans le groupe- pour afficher une véritable unité, y compris avec le banc, loin des préoccupations individualistes, dans l’objectif unique de gagner : en jouant avec le coeur.

La Squadra Azzurra, minée par des soucis d’ambiance en 2010, a retrouvé son âme.  Droit au coeur des tifosis, que la Squadra Azzurra sait soigner . Que ce soit individuellement, avec un Buffon qui galvanise les supporters via sa page Facebook, un modèle du genre, ou collectivement, à travers les séances d’entraînement en public ou les rencontres avec les joueurs.

Cerise sur le gâteau : les italiens ont décidé, par solidarité avec le peuple italien très touché par la crise, de ne pas toucher de primes : la fédération a donc décidé de les reverser aux victimes du tremblement de terre qui a touché l’Emilie Romagne juste avant la compétition. Une histoire de cœur…

Quoi qu’il arrive maintenant, l’Italie a déjà gagné son Euro. Parce que désormais, qu’elle gagne ou qu’elle perde, le défi a été remporté : cette équipe s’est reconstruite, et a su se transcender pour jouer avec le coeur.

Ce petit supplément d’âme qui fait la fierté des tifosi. Et au-delà de l’Euro, elle est sur les bons rails pour poursuivre ce travail en vue de la Coupe du Monde de 2014. Prandelli a réussi son pari. Reste maintenant à terminer cet Euro au plus haut… et à reconquérir des titres, jusqu’à accrocher, dans l’avenir, une cinquième étoile sur le maillot.