#UEMedef11 : Day One

Au terme de cette première journée, et à l’heure de vous en livrer le compte rendu, un sentiment domine : les échanges furent riches et intéressants, et à part quelques exceptions sur lesquelles je reviendrai, à la hauteur de ce que j’attendais.

Premier bon point pour le Medef, l’accueil irréprochable. Dès notre arrivée sur le site, nous avons récupéré nos badges rapidement, puis découvert l’espace dédié aux blogueurs : connexion réseau à dispo, infos réactualisées en permanence, retransmission des plénières, prises pour recharger nos multiples appareils –merci l’infrastructure HEC-, mais aussi boissons et bouffe, histoire de ne pas avoir à courir après le sandwich. Ca peut sembler trivial, mais ce petit détail nous permet de pouvoir travailler sans nous soucier de l’intendance. Autre bonne surprise, la presse est à disposition : Le Parisien, La Tribune, Les pages Saumon du Figaro, et… Libé ! Ce dernier titre ayant involontairement partipé au faux-bond de dernière minute d’Eric Woerth à cette université d’été.

Le cadre, ensuite. Alors là, pour avoir participé à l’organisation de trois grosses universités d’été –celles de l’UMP-, j’ai un bon aperçu de la configuration d’un site et de son optimisation. Et je dois bien l’avouer, la plénière m’a bluffée. Loin du traditionnel chapiteau, l’arrière scène est transparente, assurant ainsi à la salle une grande luminosité. A la fois classe et agréable. Du coup, on a envie d’y prendre racine…

A vrai dire, le seul truc que je n’ai pas aimé dans cette ambiance pourtant sympa, c’est cette fâcheuse habitude qu’ont les participants de nouer le Tshirt officiel, qui leur est remis en cadeau, sur leurs épaules. Soooo cliché ! Quitte à afficher un look de droite, je préfère largement le chèche rouge qui sert de signe de reconnaissance aux organisateurs. Voilà pour l’incontournable séquence Fashion Police.

Passé ces considérations pratiques et esthétiques, attachons nous au fond. Fidèle à sa réputation, et en dépit d’intitulé de tables rondes parfois surprenants –je VEUX faire partie de l’équipe de brainstorming ! -, le niveau était au rendez-vous. Tant mieux pour  Medef, qui affiche clairement ses intentions : pour Laurence Parisot, il s’agit de préparer cette « rencontre importante de début novembre entre la communauté Business et les chefs d’Etat » par ce B20, préalable au G20 qui se tiendra début novembre sous présidence française. Elle marque ainsi sa volonté de tenir un rôle politique et de s’affirmer clairement. D’ailleurs, et c’est une nouveauté cette année, cette université d’été sort, dans les problématiques choisies, de son habituelle neutralité : le Medef s’assume, dans l’optique évidente de la campagne présidentielle. Ca tombe bien, je suis là pour ça aussi. Et comme en politique on adore ça, je vous ai compilé un petit best-of des phrases les plus croustillantes de la journée.

Du high level, donc, il y en aura tout au long de ces 3 jours, et ça a démarré sur les chapeaux de roues, avec l’intervention d’Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen. Cet éminent économiste, qui, comme l’a rappelé en introduction Laurence Parisot, fait partie des rares ministres des Finances à avoir réussi à réduire le déficit de son pays lorsqu’il était en poste, a livré sa vision du rôle que doit tenir l’Europe dans la gouvernance économique mondiale. Soyons honnêtes, ça n’est pas tous les jours qu’on voit le président du Conseil Européen, du coup, on en attend beaucoup. Il fut tout simplement captivant. Du coup, j’en viendrais presque à pardonner à Laurence Parisot sa boulette sur Twitter… mais en fait non, j’en ai quand même fait un papier. Parce que Saperlipopette !

J’ai choisi d’assister ensuite à une table ronde Témoignages intitulée Plus forts après la crise… qui m’a nettement moins emballée. J’avoue l’avoir choisie pour de mauvaises raisons. Cette table ronde promettait un plateau ravageur, en programmant sur le même plateau Frédéric Lefèbvre, Nadine Morano, et Eric Woerth. Le super méga combo.

Malheureusement, Woerth a annulé sa participation, en dernière minute. Restaient les deux lascars, Lefèbvre et Morano. Ils furent… tels qu’on les connaît, c’est-à-dire des perroquets d’une autopromo gouvernementale, option SAV intégrée. Sans véritable recul, sans profondeur, de simples transmetteurs d’un argumentaire entendu 100 fois sur leur politique magnifique. Valeur ajoutée, zéro.

Lors de cette table ronde, il n’aura cessé de tenter de se faire aimer par les entrepreneurs, tel  un paon en pleine parade amoureuse. Sauf que je suis blogueuse, pas anthropologue. Hors sujet. Finalement, en loupant ce grand O devant les patrons, Frédéric Lefèbvre reste le porte parole de l’UMP qu’il fut, mal engoncé dans le trop grand costume pourtant pas bien large de sous ministre.

C’est d’un triste, de voir quelqu’un qui a atteint son seuil de compétences…  Et surtout de constater que le secrétaire d’Etat en charge de tous les dossiers intéressant les entreprises soit si peu intéressant. A croire que son titre est plus long que sa pensée… Du coup, furieuse envie de divaguer. De demander à Lefebvre si son costume est de chez Zadig et Voltaire, parce que franchement, que dire d’autre ? Désolé, mais je ne vois rien à la hauteur d’Herman Van Rampuy. Et je ne me déplace pas à Jouy en Josas pour voir une rediff de Ma politique à moi que j’ai enfin mon Sarko elle est trop bien.

Allez, à la hauteur de leur vide intersidéral, je vous livre une petite info Coulisses : avant la table ronde, Lefebvre et Morano se sont joyeusement évités, pas salués, ni même regardés. Y’aurait-il de l’eau dans le gaz ? Du rififi au gouvernement ? Je ne peux l’affirmer d’autant que j’ai quitté cette table ronde avant la fin, ravagée par l’ennui qu’ils me prodiguaient, et donc pas vu s’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, ou tout autre happy end digne des contes de fées ou autres blockbusters hollywodiens. D’ailleurs, pardon aux autres intervenants qui eux, avaient peut être des choses à dire. Mais contrairement à mes voisins Georgette et Marcel, qui ont osé piquer un petit somme pendant l’intervention d’Herman Van Rampuy, quand les deux lascars m’ont saoulée, j’ai quitté la salle.

J’ai alors rejoint quelques camarades blogueurs pour participer à un atelier sur le Club Ambition Sport, une structure proposée aux entreprises dans l’optique des Jeux Olympiques de 2012. Puis j’ai rejoint la plénière pour participer au dernier plateau, consacré à la gouvernance mondiale. Et quel plateau ! François Baroin, Pascal Lamy, Laurent Fabius, Jacques Attali, et j’en passe ! Que du beau monde, pour des interventions de très haut niveau. Ayant du quitter cette table ronde prématurément, c’est en replay, grâce à Medef TV, que je suivrai en différé cette table ronde. Mon compte rendu sera donc… pour plus tard !

Comment terminer sans évoquer mon réel plaisir de revoir Steph, chef cab de Laurence Parisot, bien connu dans une vie antérieure, et Raph, du Pôle Adhérents du Medef, et ami de longue date. Demain, vous découvrirez encore de nombreux articles sur les ateliers et les coulisses… et notamment les pots et soirées. En attendant, un petit cadeau Bonux : je vous ai préparé un petit florilège des meilleures phrases de cette journée. A savourer !

#UEMedef11 : C’est dit !

Puisque vous n’avez pas la chance de participer à cette université d’été du Medef, voici un petit florilège des phrases chocs des intervenants, livrés sur un plateau. Comme si vous y étiez !

Le cri du cœur : Nous aimerions parfois qu’il n’y ait qu’une seule voix pour l’Europe, Laurence Parisot, présidente du Medef

Blague belge : Je ne suis pas ici pour me  mêler à un débat politique français. La politique française est encore plus subtile que la vie politique belge, Herman Van Rampuy, président du Conseil Européen

Chupa d’or : On m’a demandé si j’étais venu vous faire des reproches. J’ai beaucoup d’admiration pour les PME et les très petites entreprises qui se battent face à la crise, Frédéric Lefèbvre, secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions Libérales, et de la Consommation

Twitter, saymal : Vous êtes loin de tous ces tweets, de toutes ces rumeurs ravageuses , Laurence Parisot, présidente du Medef

Spécial dédicace : Contrairement à d’autres, je ne lancerai des nouvelles idées dans les médias : je préfère une diplomatie plus discrète et donc plus efficace, Herman Van Rampuy, président du Conseil Européen

Brosse à reluire avec des morceaux de SAV dedans : Tout à l’heure a été évoqué la règle d’or. Elle est certainement partagée ici car vous la règle d’or, vous l’appliquez, Frédéric Lefèbvre, secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions Libérales, et de la Consommation

Spécial dédicace 2 : Il faut exécuter ce qu’on a décidé. Détricoter nuit à la crédibilité. Herman Van Rampuy, président du Conseil Européen

Pas de bonus : Ce qui est bon pour les traders n’est pas forcément bon pour le reste de l’économie, Jacques Attali

Warning : La thèse de la démondialisation erronée et dangereuse. Elle part d’une fausse analyse de la globalisation. (…) Il faut éviter d’instrumentaliser la mondialisation, ni pour la diviniser ni pour la diaboliser. La diaboliser crée des réflexes identitaires dangereux. Pascal Lamy, président de l’Organisation Mondiale du Commerce

Le remaniement réalité, une première du genre

Depuis le 30 juin dernier, date à laquelle lors de son SarkoShow télévisé, le président de la République a cru bon d’annoncer des semaines à l’avance un changement d’équipe, rien ne nous aura été épargné. Ce feuilleton aura tenu en haleine la classe politique et le microcosme, et considérablement parasité au passage la vie politique, réforme des retraites incluses.

On craignait que la montagne n’accouche d’une souris… Ce fut surtout un énorme rat-age, au terme de consultations poussives entachées par le claquage de porte d’une partie des centristes, et une ligne politique qui ne se redessine pas : aucun signe à l’horizon d’un retour vers le dialogue social …

Womanizer version ministres

Comment donner du crédit à des ministres en sursis ? Telle fut la première question. Woerth enlisé dans l’affaire Bettencourt mais pas que (Société des courses de Chantilly, par exemple) fut le premier exemple de cette déliquescence. Malheureusement, il fallut que Sarko cède à son plaisir défendu, celui du sadisme, et se mette à humilier ses ministres, faisant monter les enchères sur les postes à pourvoir, distillant moultes rumeurs plus ou moins assumées dans la presse via les offs, jusqu’à la finale de ce remaniement réalité : l’ultime bataille, celle de Matignon.

Après avoir mis hors course Michèle Alliot Marie –un de ses conseillers s’étant fait pincer lors d’écoutes peu justifiées à taper là où il ne fallait pas- il a joué la guerre des deux réellement premier ministrables enclins à accepter : Borloo vs Fillon. Si Borloo a longtemps tenu la corde, ayant semble-t-il obtenu des garanties et poussé le vice jusqu’à endosser le costume du rôle, modifiant sa coiffure comme demandé par La Voix, il fut rattrapé par un énième retournement de situation… quelque peu aidé par un groupe UMP peu désireux de voir un centriste Premier Ministre. Jamais avare d’un tour de girouette, Sarko demanda à Fillon de faire savoir son envie de rester. Ultime humiliation pour le « collaborateur »… qui pourtant s’y plia. Que ne faut-il pas faire pour conserver son maroquin…

Et c’est un samedi soir, à l’heure où les familles regardent Champs Elysées (il se trouve que Drucker reparut sur les écrans ce soir là) que l’Elysée annonça la démission du gouvernement. Nombreux sont ceux directement concernés –ministres, collaborateurs- qui l’apprirent en même temps que les autres, par les alertes push de leur Iphone ou autre Blackberry. Cruelle technologie, qui vire par sms… Les journalistes passèrent la soirée à commenter la poignée de main « fort chaleureuse » entre Sarko et Fillon, puis à annoncer en boucle qu’il serait renommé Premier Ministre dès le lendemain matin. Surprise sur prise ? 6 mois, un débat politique parasité, un renfermement du gouvernement sur lui-même, tout ça pour ça ?

S’ensuivit la « nuit sans gouvernement », probable remake de la nuit des longs couteaux, et nuit blanche pour certains. Combien furent ils à tenter leur chances par un appel au 0895 XX XX XX (1,65 € la minute) pour tenter de décrocher un poste ? Le Canard Enchaîné nous le dira au fil des mercredis… Dès dimanche matin, les chaînes infos ont repris les spéciales, tout comme les émissions politiques, le dimanche étant par tradition le premier jour de la semaine politique. Face à la diffusion en boucle des mêmes images, sans réelles informations, et aux commentaires sur les réseaux sociaux et blogs, l’attente fut longue et riche en rebondissements : Copé à l’UMP, Borloo se retirant de sa propre initiative, …

Tel est pris qui croyait prendre…

Sarkozy s’est finalement affaibli avec ce remaniement. Annoncé dès le mois de juin, concrétisé par la démission du gouvernement un samedi soir –poussée ou pas par la sortie de Juppé ?-, avant de traîner en longueur toute la journée du dimanche, Sarkozy a payé cher son sadisme. Tout au long du week-end, le Président de la République, s’est donc retrouvé obligé de composer avec une majorité qui l’a débordé, faute d’avoir su arrêter le jeu sanguinaire à temps tant sur le fond politique –le discours de Grenoble a fait grogner dans les circonscriptions et les députés ont du essuyé les effets négatifs auprès de leurs électeurs- que sur la forme –sadisme à l’égard des prétendants.

A avoir poussé Fillon et Borloo, il a satisfait l’un, fâché l’autre, été obligé de négocier avec la composante centriste, et avec Jean-François Copé, patron des députés UMP, à la manoeuvre pour soutenir Fillon, et qui devait être récompensé. Sollicité pour l’Intérieur, un ministère régalien et d’importance, il a refusé, préférant réclamer l’UMP. Copé a réussi à forcer la main du président : la meilleure preuve en est que le président qui ne lui accorde pas sa confiance puisqu’il lui colle son fidèle Hortefeux dans les pattes.

Sarko ne sort évidemment pas grandi de ce remaniement, et apparait finalement comme un simple manipulateur pris à son propre piège, incapable de remanier en rondeur, mettant sur le devant de la scène les dissensions au lieu de placer la ligne politique au centre de son action. Six mois pour ça, c’est forcément un peu court…

So What ?

Ce ratage complet redistribue les cartes sur un échiquier politique plus mouvant que jamais. En choisissant de recentrer sa majorité sur un Etat RPR (qui n’a plus grand-chose à voir d’ailleurs avec ce que fut le RPR, le RPR avait au moins une ambition gaulliste !) et en faisant entrer au gouvernement des personnalités très marquées, comme Frédéric Lefèbvre à l’usure ou Thierry Mariani pour le goût Pizza, tous nouveaux secrétaires d’Etat, Nicolas Sarkozy a fait la place belle à une droite dure, loin de l’image sociale que voulait se donner François Fillon dans son communiqué de nomination.

Sans se renouveler non plus, Sarko a fait entrer Marie-Anne Montchamp –qui n’a pas assumé auprès de ses ex amis politiques son choix pourtant attendu- et fait croire à une prise qui n’a étonné personne : d’une part elle n’avait plus de circo, c’était donc pour elle la seule carte à jouer avant 2012 que de céder à cette tentation très humaine qu’est l’appétit du pouvoir. D’autre part aucun villepiniste digne de ce nom n’avait envie d’aller se commettre dans le naufrage annoncé du SarkoTitanic. Que Marie-Anne Montchamp ait décidé d’accepter le Secrétariat d’Etat aux Crocs de Boucher -n’étant en charge d’aucun dossier, on voit mal quel autre sens peut avoir sa nomination- reste un non événement : ça ne changera pas la face de la vie politique, ni celle de République Solidaire, et encore moins malheureusement la politique du gouvernement.

Sur le plan politique, en écartant fort brutalement Borloo,  les centristes réalisent que Sarko n’a jamais cru en l’UMP fondée par Chirac et Juppé, le parti « de la droite et du centre ». Borloo a donc tenu sa parole, et annoncé lui-même qu’il ne ferait pas partie de ce gouvernement, préférant reprendre sa « de proposition et de parole au service de [ses] valeurs » au premier rang « desquelles [il] place la cohésion sociale ». Sous-entendant ainsi qu’au gouvernement il n’était ni libre de parole, ni à mener une politique favorisant la cohésion sociale… Message transmis à Fillon !

Décision qui est aussitôt suivie par Daubresse et Létard, solidaires de Borloo. Autrement dit, le traitement réservé au chef du Parti Radical fait sérieusement brûler le torchon au sein de l’UMP. Dès lors, les élus du centre  vont donc se trouver dans l’expectative, et être l’objet de toutes les attentions. Certains pourraient être tentés de suivre une autre voie, qu’elle soit indépendante, par une candidature Nouveau Centre souhaitée par Hervé Morin, ce qui reste in fine assez peu probable sans un accord tacite de l’UMP –le Nouveau Centre étant financé par l’UMP- ou en rejoignant d’autres candidats positionnés sur ce créneau, que ce soit feu Bayrou qu’ils quittèrent pour Sarko, Borloo, ou Villepin qui cherche à rassembler sur ce créneau. Morin ou Borloo pourraient donc être tentés d’y aller, mais dans l’unique but de servir Sarkozy en 2012. Reste à savoir ce qu’en pensera l’électorat centriste et là, personne n’a de boule de cristal. Tout dépendra de la politique qui sera mise en place par la nouvelle équipe gouvernementale…

Quant à l’UMP, elle risque de voler en éclat, du fait de l’abandon de la représentation de ses sensibilités : les libéraux, premiers sacrifiés, sont restés proches de Sarko faute de mieux, même s’ils grognent sur son interventionnisme économique et sa maltraitance des libertés individuelles. On n’en voit pas un seul dans la liste des ministres. Mais les centristes, plus nombreux, ne devraient pas en rester là. S’ils obtiennent quelques ministères, décernés à des seconds couteaux, ils n’ont qu’un ministère régalien –la Justice- et de toutes façons, les composantes du centrisme sont pour le moment divisées. Enfin les gaullistes,  qui constituent encore un socle important, ne croient plus en MAM –affaiblie par son retrait des primaires de l’UMP en 2006 et son manque d’indépendance vis-à-vis de Sarkozy- pourraient se laisser tenter par Villepin, pour un peu qu’il quitte la critique de Sarko pour ne se concentrer que sur le projet qui fera de lui un présidentiable au-delà de ceux qui l’ont déjà rallié.

Amusant jeu de boomerang, la question des courants à droite revient en pleine tête de celui qui n’a jamais voulu les mettre en place, à savoir Nicolas Sarkozy. Revenons en 2004. Le 9 mai, le conseil national de l’UMP valide difficilement, à seulement 58%, la mise en place des courants, qui est censée être mise en place lors du Congrès suivant… soit le jour de l’accession de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP, le 28 novembre 2004. Ca n’a jamais été fait. 6 ans plus tard, Nicolas Sarkozy se trouve confronté à la question de la pluralité des sensibilités au sein de l’UMP, faute d’avoir géré le problème en permettant leur expression, comme avait su le comprendre Alain Juppé. Ou comment l’absence de Sarkozy dans l’UMP entre 2002 et 2004 rejaillit aujourd’hui sur celui qui n’a jamais compris quel était l’objectif de Chirac et Juppé lorsqu’ils ont créé l’UMP.

En route vers 2012

Vous pensiez le feuilleton fini ? Ne rêvez pas… Tout ceci n’est qu’un appetizer de ce que sera la campagne de 2012, actée par le recentrage à droite par le renoncement à l’ouverture à la gauche –naturel à cette phase du quinquennat- et un positionnement à droite, soufflé par sa majorité.

Ce qu’il en sera, il est trop tôt pour le dire. Mais les cantonales et les sénatoriales viendront préciser le positionnement des déçus du sarkozysme, ce qui aura une influence immédiate sur le comportement des élus. Pour ce qui est de la population, tout dépendra de la capacité de Sarko à se réinventer, et surtout, à convaincre au-delà de son propre camp s’il espère l’emporter. Ce qui ne semble pas être le cap pris ce soir. En effet, au-delà de ce remaniement fleuve, très poussif tant il est difficile de faire du neuf avec du vieux, ce n’est pas le casting qui revêt de l’importance, mais la ligne politique qui sera décidé par l’exécutif.

Après trois ans et demi de pouvoir pour le duo Sarko-Fillon, l’économie tourne au ralenti : la croissance peine à redémarrer, le chômage s’envole, et les finances publiques sont fortement dégradées. Le mur reste donc devant nous sans que le président dela République ait marqué une volonté de changer de cap. C’était pourtant la dernière occasion de le faire avant 2012. Une fois de plus, les Français sont otages des basses manœuvres politiciennes…

Majorité : des fissures aux crevasses

Le débat sur l’identité nationale, lors des dernières élections régionales avait déjà montré quelques fissures dans la majorité sur la stratégie redondante de Nicolas Sarkozy depuis 2002 : le recours systématique à la thématique sécuritaire.

Les agitations actuelle du président de la République ont creusé l’écart : désormais, il y a les fous de Dieu, qui suivent leur maître contre vents et marées quitte à dire n’importe quoi, et ceux qui s’élèvent contre la fuite en avant, porteuse de vieux relans des sombres heures de notre histoire. Autant dire que les fissures sont devenues crevasses !

Dans la première catégorie, se trouvent comme d’habitude les excités du président, qui ne vivent politiquement que par lui –Morano, Paillé, Lefèbvre- et quelques électrons libres en mal de médias, comme Vanneste. Paillé comme Vanneste, en mal d’argumentaire politique percutants, s’en sont ainsi pris ce matin à la composition du Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale () ou comment détourner des critiques portées contre la France… en attaquant un organisme de l’ONU. Minable…

Ces éternels seconds couteaux, désespérés wanna be de la vie politique française, sans autre foi que celle du chef, sans autre idéologie qu’« un pour tous, tous pour un », peu importe le sujet pourvu qu’il soit électoralement porteur… pour le chef, ce roi qu’il faut satisfaire, ce qui leur permettra de rester à la cour et d’exister encore un peu. Ce ne sont que les stormtroopers de la Sarkozie.

Dans la seconde catégorie se trouvent les ténors de la droite, ceux que les aléas de la vie politique a privé d’un autre destin, mais qui disposent encore d’un cerveau. Exemple type : Alain Juppé. Ce dernier, soucieux de préserver une certaine union de la droite, qu’il contribua à construire à la création de l’UMP, ne veut pas diviser. Pour autant, il ne peut tout accepter, et livre sur son blog ses impressions quant à la dérive . C’est ainsi que « le meilleur d’entre nous » tente le grand écart entre ses idéaux, et la droite parlementaire actuelle, incarnée par la Sarkozie. Au nom de la droite dont il ne veut participer à la désintégration.

Au-delà du sujet Sécurité, ce malaise, à droite, et ces prises de position de plus en plus éloignées du chef tiennent essentiellement à la méthode Sarkozy, de plus en plus critiquée. A force de jouer, trop de com a tué la com… Le sondage CSA/Marianne à paraître demain, et qui contredit le sondage IFOP de la semaine dernière, sur ce même sujet de la sécurité, fait vaciller la politique des sondages :  selon les chiffres de CSA, les français seraient 69% à trouver inefficace la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis 2002.

Prémonitoire ou pas, pour ce qui est de sa gestion de la France, le sondage sera grandeur nature en 2012…

Sarko, le bug : rupture de la connexion avec le peuple

Durant toute sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy est apparu comme l’homme fort de la fin des années 2000. Celui qui ne reculerait devant rien. Celui dont l’énergie déplacerait des montagnes. Un homme de pouvoir doté d’une telle capacité à bouger que rien ni personne ne pourrait l’atteindre. Dans l’imaginaire collectif, Sarkozy était un roc. Et tout a basculé.

Au delà des nombreux couacs internes à la majorité, que ce soit les prises de position de ministres, ou les votes par erreur humaine (ou pas) de certains parlementaires, par deux fois, Sarkozy lui-même a franchi la ligne jaune. Par deux fois, le pouvoir en place a tenté de faire de jolis cadeaux aux hautes sphères, à l’image de ces rois qui n’entendaient pas le peuple gronder. Et été obligé de reculer, pour éviter de consommer le divorce avec une population qui ne fait plus confiance aux politiques. Par deux fois, le chef a perdu sa légendaire Sarko’s touch.

Première affaire, en novembre 2009. Nicolas Sarkozy, soucieux de préparer sa succession dans son fief des Hauts de Seine, veut faire monter en puissance son fils Jean. Politiquement, cela se comprend. Mais il s’y prend mal, en voulant faire nommer le gamin, en échec universitaire et novice en politique, à la tête de l’EPAD de la Défense. La nouvelle choque fortement l’opinion. Dans un premier temps, la Cour défend le Prince. Mais face aux accusations de népotisme, et à l’effet dramatique dans l’opinion, Sarkozy recule. Premier gros revers pour un homme qui avait démontré jusque là son habileté politique.

Seconde affaire, en janvier 2010. Henri Proglio, ancien patron de Véolia, cumule son salaire de PDG d’EDF avec une indemnité de président non exécutif du conseil d’administration de Véolia. Contrairement à la promesse faite au moment de sa nomination chez EDF par Christine Lagarde qu’il ne conserverait qu’une nomination. Comme pour l’affaire Jean Sarkozy, la nouvelle choque, la Cour s’empresse de justifier les faits, avant de perdre la main lorsqu’in fine, Proglio renonce à toucher l’indemnité de Véolia. Une seconde fois, Sarkozy n’a pas su sentir l’opinion et trancher dans le bon sens.

Après seulement deux ans et demi de pouvoir, il reste politiquement incompréhensible qu’autant d’erreurs se soient accumulées. Pourquoi après l’été, la machine s’est autant emballée ? Pourquoi personne n’a pu arrêter le massacre ? Comment se fait-il que personne n’ait anticipé une telle gabgie ? Comment un homme qui clamait tant sa proximité avec le peuple a pu oublier son objectif premier ?

Outre les couacs internes à la majorité, en à peine 3 mois, Nicolas Sarkozy a subi un énorme bug dans le logiciel « proche du peuple ». Et sa Cour, rompue aux courbettes et incapable de réfléchir à la meilleure manière de protéger son boss, s’est acharnée à défendre ses prises de position.

Ministres comme wanna-be-ministres, les mêmes ont tenu les discours les plus invraisemblables, au nom de la solidarité gouvernementale. Les Eric Woerth, Luc Chatel, Dominique Paillé, Nadine Morano, sans oublier l’incontournable et insupportable Frédéric Lefèbvre, ont répandu leurs flatteries sur les ondes, fut-ce dans l’erreur.

Délaissant le sens politique au profit du sens de la survie gouvernementale, ils sont devenus les bouffons du roi. Cette Cour, théoriquement constitués d’esprits brillants, s’est tellement auto-censurée qu’elle ne parvient plus à jouer son rôle de garde-fous. Rassurant le maître sur sa grandeur, elle a largement contribuer à le couper du peuple et de cette connexion privilégiée dans laquelle il aimait tant puiser.

Désormais, lorsque le roi triste sort de sa tour d’ivoire, il ne se déplace plus qu’avec des cars de CRS, et l’on s’assure avant d’un casting complaisant. Dès lors, faute de rencontrer la France, il ne peut plus que l’imaginer. Sans que jamais personne ne vienne questionner ses idées. Coincé dans son palais doré, prisonnier d’une Cour incapable d’esprit critique et de lien avec le terrain, le chef a buggé.