Villepin : un projet ambitieux

Jeudi 14 avril, Dominique de Villepin a présenté le projet de République Solidaire qu’il entend incarner. Ces idées ambitieuses et financées se veulent porteuses d’un véritable projet de société. Pour refonder la Nation, le président de République Solidaire entend responsabiliser et impliquer les citoyens comme les acteurs économiques, politiques et institutionnels dans un effort conjoint pour réformer notre pays.

REMETTRE LE CITOYEN AU CŒUR DE LA CITE

Devant la disparition du lien social et la montée du sentiment de solitude de l’individu, République Solidaire souhaite rendre au citoyen toutes ses dimen­sions de dignité, de solidarité et d’engagement au quotidien, en construisant une société où chacun puisse trouver sa place. République Solidaire estime que c’est en replaçant le citoyen au coeur de la cité, et en le responsabilisant, qu’il peut s’impliquer et se sentir partie intégrante de la communauté nationale.

Assurer la dignité de chacun

République Solidaire propose la mise en place d’un revenu citoyen, pour garan­tir à tous la dignité nécessaire au plein exercice de la citoyenneté. Accessible à tous les français majeurs, par une simplification des allocations existantes, le revenu citoyen permet, en prévoyant des contreparties à son versement, de dépasser la logique d’assistanat et d’encourager les initiatives.

Oser le choix de la responsabilité

République Solidaire propose la création d’un statut citoyen, consacrant les droits mais aussi les devoirs et responsabilités de chacun. Cet équilibre permet une meilleure implication dans la société, et passe aussi bien par l’instaura­tion du droit de vote obligatoire avec la reconnaissance du vote blanc que par le paiement par tous de l’impôt, en fonction de ses capacités, même à titre symbolique. Payer l’impôt, c’est un engagement civique. En retour, République Solidaire s’engage à une refonte fiscale qui soit juste : un euro de revenu doit être taxé dès le premier euro.

Assumer le choix de l’engagement

Etre solidaire, c’est être tourné vers les autres. La loi de 2006, sous le gouver­nement Villepin, ouvrait la création du service civil volontaire. Il faut l’élargir et le rendre obligatoire pour les jeunes et ouvert à tous. République Solidaire pro­pose donc d’institutionnaliser le service de solidarité par la mise en place d’un service citoyen, obligatoire pour les jeunes de 18 à 25 ans, dans des conditions souples pour ne pas interrompre les parcours des jeunes, et ouvert à toutes les autres classes d’âge, en contrepartie du revenu citoyen.

REFONDER LA REPUBLIQUE

Pour moderniser la France, et lui donner sa place dans l’Europe et le monde, nous avons besoin de moyens d’actions performants. Il convient de simplifier les institutions et de les rendre plus efficaces.

Refonder les pouvoirs

Une démocratie, pour être moderne, doit se donner les moyens d’exister. Cela passe par une véritable séparation des pouvoirs, en coupant tout lien entre justice et politique, par la dotation de véritables moyens pour un travail plus ef­ficace du Parlement, par le respect des sensibilités politiques, par une politique assumée de décentralisation, et par la garantie d’expression des citoyens au moyen de consultations par référendum.

Restaurer l’autorité de l’Etat

République Solidaire prend le parti de donner les moyens d’agir à l’Etat, en ren­forçant le rôle de ses agents par l’unification de leur statut, en légitimant l’appa­reil judiciaire, par une meilleure application des lois et en mettant un terme au millefeuille législatif. République Solidaire souhaite rendre l’Etat plus efficace, resserrer ses effectifs de manière rationnelle sans logique comptable et impli­quer les entreprises. Enfin il convient d’assurer la tranquillité publique au moyen d’une nouvelle relation entre police et population.

Réformer la Justice

Pour rendre la justice efficace, il faut la moderniser, la rapprocher des citoyens, et éviter le recours systématique au tribunal. République Solidaire propose de considérer la justice dans sa globalité, et de la repenser pour parvenir à un en­semble cohérent, simplifié, plus proche des citoyens.

Autonomiser les médias

Les médias constituent le quatrième pouvoir. Pour leur permettre d’exercer leur rôle en toute liberté, République Solidaire propose de les rendre indépendants des pouvoirs publics et de pérenniser les supports d’information en les viabili­sant dans la durée.

Faire de l’école un vecteur de l’égalité des chances

République Solidaire entend rétablir l’unité, l’égalité, et la primauté des savoirs, pour faire de l’école le socle de l’égalité républicaine. Ce projet ambitieux né­cessite de rompre avec le collège unique et avec une logique de zonage qui a montré ses limites, de renforcer la cohérence de la chaîne éducative et des programmes, de mettre les moyens en fonction des besoins du terrain, et de lutter contre les inégalités. L’enseignement supérieur, qui doit rester accessible à tous les étudiants, doit être refondu en grands pôles universitaires intégrant les différentes structures et s’ouvrir sur le monde.

Faire de l’Europe une chance

Au sein des 27 Etats membres, la France doit faire de l’Europe un levier efficace pour son action. République Solidaire propose de consolider l’axe franco-alle­mand. de repenser l’Union pour la Méditerranée en fonction des convergences démocratiques nées du Printemps Arabe, de renforcer la coopération au sein des 27. Enfin République Solidaire souhaite l’élection duprésident du Conseil Européen au suffrage universel, afin de rapprocher les citoyens des institutions européennes tout en dotant celles-ci d’un visage politique.

PROPOSER UNE ECONOMIE INNOVANTE

Maintenir la France dans la compétition mondiale impose de faire naître un nouveau modèle économique, tourné vers l’avenir, capable d’anticiper les mu­tations, et pionnier de la révolution économique et énergétique.

Moderniser la fiscalité

Maintenir l’emploi exige de repenser la fiscalité, pour faire baisser le coût du travail. Cette nouvelle fiscalité doit tenir compte des impératifs environnemen­taux, et faciliter les exportations. République Solidaire propose d’utiliser la TVA modulable sans toucher aux biens de première nécessité, et d’impliquer les entreprises dans cet effort national.

Instaurer un effort collectif et juste

Chacun le sait, notre pays doit réaliser un immense effort d’assainissement des finances publiques. Entre 2005 et 2007, Dominique de Villepin avait obtenu des résultats probants, en réduisant de 2 points le déficit public et en réalisant une réduction inédite du poids de la dette à 65% (aujourd’hui 82%). Cet effort doit être partagé par les citoyens, les acteurs économiques, et les politiques en faisant appel à l’épargne des français, en imposant une règle budgétaire consti­tutionnelle. Un effort doit également être réalisé en matière de compétitivité.

Mettre en place un pilotage de l’action économique

Pour être efficace, les mesures prises doivent être concertées avec les par­ties concernées. République Solidaire souhaite que chacun se sente impliqué : mise en place d’un Conseil National Stratégique, mise en oeuvre d’un vaste Plan Vert permettant de collecter les ressources de la contribution énergie car­bone, gérée par une banque verte permettant le financement de projets liés aux technologies environnementales, programmation d’un Grenelle de l’énergie qui aboutira à un référendum sur la politique énergétique à horizon 2030. L’avenir s’envisage dès aujourd’hui, aussi République Solidaire entend consacrer 3% du PNB à la recherche et au développement.

La mère des batailles sera celle de l’emploi. Celle menée entre 2005 et 2007 par le gouvernement de Dominique de Villepin avait permis de faire baisser le chômage à 7,8 % (aujourd’hui à 9,2%). Pour aller plus loin, République Soli­daire propose un service public de l’emploi associant à l’indemnisation et à la recherche d’emploi le parcours professionnel, afin de permettre un suivi per­sonnalisé et une valorisation des parcours. Enfin République Solidaire entend assumer un véritable patriotisme économique, en favorisant l’exportation de produits français, et leur promotion sur le territoire français.

RESTAURER NOTRE MODELE SOCIAL

Face à la mondialisation, notre système social est notre principal atout. Il convient de lui redonner son exemplarité sur l’échiquier mondial.

Construire de nouveaux services publics

Notre société a montré les nouveaux besoins de la population en terme de services publics, pour répondre aux enjeux sociétaux. République Solidaire propose la mise en place :

  • d’un service public bancaire, permettant d’orienter des fonds vers les PME et d’assurer l’ouverture d’un compte à tous ;
  • d’un service public du logement destiné à rationnaliser les moyens et les actions, notamment par l’utilisation à vocation sociale d’une partie du secteur locatif privé et la modération des loyers dans les zones tendues ;
  • d’un service public de la consommation visant à favoriser les productions ré­gionales et maintenir les petites surfaces commerciales.

Mettre la personne au cœur du modèle social

Mettre l’égalité des citoyens au coeur du débat, c’est d’abord penser en terme de proximité, afin d’apporter une réponse personnalisée mais cohérente. En terme de santé, République Solidaire propose de repenser le maillage territorial en articulant l’hôpital en trois échelons, de préserver le maintien du finance­ment de la santé en le régionalisant et en le rationnalisant, d’assurer un meilleur pilotage du système de soins par l’instauration d’un régime unique d’assurance maladie, et de renforcer la prévention des risques sanitaires.

Enfin la société se doit d’offrir la liberté et le respect à chacune de ses composantes : incitation fiscale à l’instauration de la parité dans les entreprises, service public de la petite enfance, débats sur les grandes questions de société telles que l’homo­parentalité, mise en place du testing grâce au service citoyen.

Favoriser l’équilibre des territoires

L’égalité des chances implique l’équilibre des territoires. République Solidaire propose un nouvel ancrage régional des politiques publiques, notamment via la création des métropoles et, par ailleurs,l’élection des conseils de quartiers. Mais le changement va jusqu’à notre mode de vie, qui doit s’adapter aux muta­tions de notre société et intégrer la dimension environnementale, par la mise en place de quartiers écologiques, le développement des réseaux de transports, l’habitat durable ou encore l’instauration de critères environnementaux dans les plans locaux d’urbanisme.

Enfin la politique de la ville doit être repensée, en ajoutant à la loi de Cohésion Sociale et d’Egalite des Chances de 2006, l’Agence Nationale de Développement Economique, un troisième pilier à côté de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine et de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances.

RECOUVRER UNE VOIX FORTE DANS LE MONDE

La France doit assumer dans le monde et ses atouts et ses spécificités.

Afficher une ambition culturelle mondiale

La culture française constitue un pôle d’attractivité : nous devons utiliser cet atout pour rayonner dans le monde, en affichant une politique culturelle ambi­tieuse, et instaurer une véritable économie de la culture. Affirmer l’exception culturelle française, se doter d’outils lisibles et efficaces, favoriser la fiscalité des artistes en dessous d’un certain plafond de revenus annuels, et instaurer la licence globale tout en assurant une juste rémunération des créateurs.

Retrouver notre compétitivité

Notre tissu économique étant mal structuré, notre compétitivité s’est dégradée. Les réglementations contraignantes n’ont pas permis d’enrayer ce mouvement. République Solidaire propose donc la réalisation d’un small business act à l’eu­ropéenne permettant de nous repositionner dans le paysage économique mon­dial. Les efforts devront porter vers les PME, avec de nouveaux dispositifs de capitalisation, la concentration du crédit Impôts Recherche sur les PME, et la création d’agences régionales à l’exportation.

Garantir notre indépendance

La France doit pouvoir porter dans le monde son message original, tout en travaillant de concert avec ses partenaires européens et mondiaux. Quelques pistes : sortie du commandement intégré de l’OTAN, proposition de mutualisa­tion de la dissuasion nucléaire à l’échelle européenne, refondation de la diplo­matie française en la dotant d’outils d’analyse modernes.

Valoriser l’Outre Mer

L’égalité des chances, c’est aussi permettre de tenir compte des spécificités territoriales, notamment en Outre Mer, afin que les ultra-marins puissent occu­per une place à part entière dans la vie de la Nation. Cela suppose d’avoir une politique de long terme, sur la base de la loi programme de 2003, favorisant l’investissement et l’emploi, pour offrir à la jeunesse d’Outre Mer de véritables perspectives d’avenir.

Assumer notre politique d’immigration

La France doit assumer sa vocation de pays d’accueil, et retrouver une poli­tique claire et cohérente sur l’immigration, au lieu de procéder par à coups. République Solidaire propose :

  • d’intégrer de la souplesse dans le dispositif en facilitant les aller-retours dans une perspective de co-développement avec les pays d’origine ;
  • de créer un parcours d’intégration ;
  • de simplifier le versant administratif par un titre de séjour unique progressif intégrant les droits et les devoirs ;
  • de clarifier la situation administrative des personnes en situations irrégu­lières durant l’examen de leur demande.

Licence globale : les points clés

Depuis quelques semaines, et à l’approche des premiers avertissements d’Hadopi, qui nous sont annoncés pour fin juin, la licence globale revient dans l’esprit des parlementaires. Comme si tout à coup, ils réalisaient qu’ils avaient… voté n’importe quoi.

Si on peut saluer ce frémissement de bon sens, la proposition de loi (PPL) déposée sur le sujet par le député Michel Zumkeller est malheureusement à côté de la plaque.

Je me dévoue donc pour faire quelques propositions, afin que les parlementaires de bonne volonté se bougent : il y a vraiment urgence !

Qu’est ce que la licence globale ?

La licence globale, telle que je la préconise, consiste en un forfait illimité de téléchargement légal. Un peu comme les cartes illimitées cinéma, ou l’abonnement à une chaîne de télévision privée. Dans les deux cas, vous consommez de manière illimitée les produits culturels disponibles sur les supports, qu’ils soient français ou internationaux, et les auteurs sont rémunérés sur cette diffusion.

Il est donc parfaitement envisageable de transférer ce système sur ce nouveau mode de diffusion qu’est internet.

Comment rémunérer les artistes ?

Contrairement à une idée fausse largement répandue, la consommation illimitée n’empêche pas de payer les artistes. Il suffit de prélever un pourcentage du prix du forfait illimité, et de verser cette redevance aux sociétés d’auteurs. La répartition entre les artistes se fait sur les relevés de téléchargement. C’est par exemple ce qui se fait à la Sacem en matière de droits musicaux.

Est-ce payer les artistes au rabais ?

Ce fut l’enjeu du débat sur les cartes illimitées cinéma, en 2000/2001. Le système lancé par UGC a été très décrié par les artistes, la vente a été interrompue quelques mois, avant de reprendre. 10 ans plus tard, cela ne gêne plus personne. Et cela se comprend : ces tarifs attractifs ont permis d’amener au cinéma des gens qui n’y seraient jamais allés. La fréquentation des salles obscures a explosé. Ce fut un gain pour les artistes, et non l’inverse.

Concrètement, comment mettre en place la licence globale ?

Il faut lui permettre d’exister, en légiférant uniquement sur le cadre de rémunération des artistes. Il faut que la possibilité de proposer des forfaits illimités de téléchargement existe, afin que des sociétés privées puissent se lancer sur ce marché sereinement.

Ensuite, des sociétés pourront créer leur structure ou développer celles qui existent. Elles deviendront alors clientes des distributeurs de produits culturels (distributeurs cinéma, TV, musique) et devront négocier avec ces distributeurs l’achat des droits de VOD sur les territoires sur lesquels elles voudront les proposer. Tout comme le négocient les chaînes de télévision ou les salles de cinéma !

Elles auront alors pour une certaine durée les droits de diffusion en ligne de ces produits, qui pourront être téléchargés par les internautes qui prendront un abonnement.

Pourquoi pas une plateforme unique ?

Pour faire jouer la concurrence et assainir le marché. Et surtout, le monopole ne passerait pas avec l’Europe, c’est donc totalement irréaliste.

A quel prix ?

C’est le marché –et donc la concurrence- qui établira les prix. Un peu comme pour les offres des FAI, de téléphonie mobile, ou encore les abonnements aux chaines de TV privées ou aux cartes illimitées cinéma.

Difficile d’estimer un prix, mais le téléchargement illimité impose tout de même d’être réaliste, et correspondrait logiquement à peu près à celui d’une carte illimitée, soit 15 à 20 euros par mois. Mais on peut imaginer des formules « musique », « cinéma », « séries », ou « la totale ». C’est au marché d’être créatif, sachant que plus il y aura de choix dans les produits (ce qui nécessite d’en acquérir les droits), et moins les prix seront élevés, plus il y aura de clients.

Quels sont les écueils ?

Le premier serait de trop vouloir réglementer. Il faut créer les conditions de développement de ce marché –créer la possibilité de télécharger légalement- mais ne pas poser des contraintes trop fortes qui nuiraient au développement de ce marché.

Ensuite, imposer un prix serait irréaliste sans avoir étudié les dispositions des distributeurs. Le tempo, qu’on le veuille ou non, sera donné par les majors (Sony, Fox, …).

Dernier point, les distributeurs actuels, qui sont essentiellement les chaines de TV. Pourquoi ? Parce que dans les contrats actuels, elles disposent quasiment automatiquement des droits VOD des produits qu’elles achètent. Elles font donc ce qu’elles veulent, imposent des tarifs excessifs au regard des conditions de visionnage (durée, qualité, versions proposées…). Il est donc impératif d’ouvrir le marché… ce qui ne sera pas de leur goût. Mais comme pour tout marché, elles s’adapteront à cette course à l’audience, et proposeront alors des prestations acceptables.

A quels points faut il être attentifs ?

Il est impératif de proposer des offres au juste prix au regard de la prestation. Aujourd’hui, les plateformes existantes proposent des prix prohibitifs, qui ne permettent pas de conserver le produit acheté. On achète en réalité un visionnage, souvent sur l’ordinateur car il est encore trop rarement possible de mettre le fichier acheté sur un autre support, et ce pour  un tarif parfois double au prix du DVD (pour les épisodes de séries). C’est inadmissible, et les internautes ont le sentiment d’être des vaches à lait. Tant que ces prix seront proposés, le marché ne se développera pas.

Cela résoudra-t-il le problème du piratage ?

Il y aura toujours des pirates, comme il y a toujours des resquilleurs. Mais pour une large partie des utilisateurs, et à condition que les conditions de visionnage soient correctes, et que les produits recherchés soient proposés (ce qui nécessite d’en acquérir les droits), ils adopteront ces solutions.

Est-ce possible ?

Oui, car les distributeurs de ces droits (qui représentent les ayants droits) savent que c’est pour eux un nouveau marché, et donc une ressource potentielle très importante. Les droits étant non exclusifs, c’est une perspective de développement très intéressante pour eux. Ils devraient donc jouer le jeu.

Alors, qu’est ce qu’on attend ?

Que les parlementaires et le gouvernement étudient sérieusement le sujet, et donc comprennent qu’internet n’est qu’un nouveau support, comme l’ont été un jour le cinéma, la télévision, et la radio. Simple, non ?

Concrètement, on commence par quoi ?

On lance une concertation avec les distributeurs de ces droits pour voir leur volonté, et avec les sociétés d’auteurs pour établir quelle peut être la redevance. Tout simplement.

Et si on ne le fait pas ?

D’autres pays planchent sur ce sujet, notamment aux USA où la plateforme ESPN propose déjà les forfaits sur les retransmissions sportives, et pour TOUS les pays. Premier test, avant de faire de même pour les produits culturels…

Donc si on ne fait rien, d’ici nous pourrons bientôt nous abonner pour télécharger des produits US, peut être même dans le futur avec les sous titres ou la VF, et je doute que ces plateformes accueillent beaucoup de produits culturels français…

En d’autres termes, si on ne s’y met pas très vite, on aura fermé la porte à la diffusion de produits culturels. Une politique totalement contradictoire avec le concept d’exception culturelle française ! Au final, et c’est assez ironique, les artistes français jouent contre leur camp.

Pour aller plus loin : dossier spécial Hadopi

La solution : proposer une offre légale accessible et au juste prix

Le cliché selon lequel les internautes téléchargent illégalement pour ne pas payer ce qu’il consomme est complètement éculé. Au fil du temps, et grâce notamment aux campagnes de sensibilisation, les mentalités ont évolué.

La nécessité de proposer une offre légale…

Aujourd’hui, de nombreux internautes ne refusent pas de payer. Ils déplorent simplement l’absence d’un marché légal sur lequel ils pourraient consommer en toute légalité.

Comment reprocher à un internaute qui télécharge une œuvre en version originale qui n’existe pas sur le marché de son pays de voler les auteurs de ce même pays ?

Nombreux sont ceux qui veulent juste avoir accès à la version originale créée par l’auteur, et non la version doublée voire altérée proposée par le diffuseur de son pays. Ils téléchargent alors faute de trouver sur notre territoire le produit qu’ils recherchent.

Il faut savoir que les chaînes de télévision, en France, achètent à prix d’or certains produits, et obtiennent, dans leurs contrats, des autorisations aberrantes au regard du droit d’auteur, que n’apprécieraient pas vraiment les artistes français : autorisation de couper, d’imposer un doublage validé par la chaîne, de ne pas diffuser obligatoirement le produit acheté pendant la période où la chaîne dispose des droits, de ne pas diffuser les épisodes d’une série dans l’ordre…

On se retrouve ainsi avec une toute puissance du diffuseur, et l’impossibilité de recours du consommateur. TF1, première chaîne française, est coutumière de cet abus de position dominante : coupures de scènes (qui pourraient, selon elle, choquer le téléspectateur), réécriture des dialogues (conduisant souvent à une grave altération du produit), maintien de certains produits achetés dans les placards de la chaîne (sortant ainsi le produit du marché), diffusion des séries dans le désordre (rendant impossible le suivi de l’intrigue), …

Comment alors reprocher à un internaute d’aller chercher le produit original, et de le regarder en entier et dans l’ordre ?

Il serait étonnant qu’un auteur soit opposé à un tel respect de son œuvre….

Comment reprocher à un internaute d’accéder à un produit qui n’est plus accessible sur son territoire puisqu’enfermé dans les placards de la chaîne, qui refuse de le diffuser ?

Il serait étonnant qu’un auteur qui vend les droits de diffusion de son œuvre soit opposé à ce qu’effectivement, elle soit regardée…

Comment lui reprocher un « vol » si ce même produit n’est pas disponible sur internet en téléchargement légal ?

Si le produit recherché n’est pas disponible légalement sur un territoire, alors que l’auteur a souhaité la diffusion sur des supports qui ne nécessitent aucun paiement de l’utilisateur (free tv, radio) sur ce même territoire, il est difficilement compréhensible que l’on reproche à l’internaute de ne pas avoir payé ce visionnage, juste parce qu’il voulait voir une œuvre originale et non modifiée par le diffuseur.

… au juste prix

Le téléchargement existe depuis plus de 10 ans, et la pratique n’a cessé de se répandre chez les internautes, notamment parce que les évolutions technologiques ont permis d’avoir une meilleure bande passante, pour une consommation illimitée de l’internet… alors que dans le même temps, les ayants droits n’ont pas organisé le marché du téléchargement. De fait, le principe de gratuité s’est imposé.

Si aujourd’hui, et du fait des campagnes de sensibilisation, une part des internautes est d’accord pour payer sa consommation de produits culturels, cette offre doit se faire au juste prix.

Il est inconcevable que subsiste en ligne des offres telles que celles de TF1 Vision, qui profitent de disposer des droits sur un territoire des produits qu’elles achètent pour la télévision, qui incluent la VOD pour les proposer légalement à un tarif prohibitif.

Ainsi sur TF1, lorsque vous achetez un épisode de série, vous payez entre 1,99 et 3,99 euros. Une saison faisant en général 24 épisodes, vous devez régler de 48 à 96 euros pour voir une saison, sachant que le coffret DVD coûte en général entre 40 et 60 euros. Et pour ce prix, vous avez 30 jours pour visionner le produit, ce qui est très court, et une fois que vous avez démarré le visionnage, vous avez 48h pour le terminer.

Autant dire que ces conditions sont trop restrictives et inacceptables pour un prix si élevé. Naturellement, cet abus de position dominante a un effet contraire à celui recherché, puisqu’il favorise le téléchargement illégal. TF1 porte donc une part de responsabilité dans cette affaire.

La régulation passe par la création de plateformes en ligne.

Habituellement, les droits cédés par les ayants-droits sont exclusifs pour un support, sur un territoire et pour une durée précise. Il est donc dans les mentalités des diffuseurs d’estimer disposer d’une exclusivité.

Or, ça n’est pas le cas en ce qui concerne la VOD, dont les droits, s’ils sont en général cédés aux chaînes avec les diffusions TV, ne sont absolument pas exclusifs. En d’autres termes, les ayants-droits peuvent tout à fait les céder aussi à d’autres diffuseurs, sur le même territoire, et sur une durée identique ou se chevauchant avec celle d’autres diffuseurs.

Techniquement, donc, il n’existe aucun problème à l’existence de plateformes qui proposeraient un téléchargement légal. Or, la multiplication des sources où trouver le produit imposerait la règle du jeu de la concurrence, ce qui permettrait de faire baisser le prix de vente aux internautes. Et de faire ainsi sauter l’un des verrous psychologiques au téléchargement légal, à savoir le prix de la prestation.

Il existe à l’heure actuelle une expérimentation portant sur les retransmissions sportives, que ce soit pour le hockey, le basket ou le football américain. Les internautes du monde entier peuvent accéder à une plateforme unique, et s’abonner pour la saison à des tarifs correspondant à leur zone géographique, donc adaptés à chaque marché.

Cette expérimentation pourrait évidemment, si elle est concluante, inciter les majors à développer le même système pour les produits culturels.

Alors, qui se lancera en premier sur ce nouveau marché ?