Sur place, c’est juste la folie. Toute la ville est aux couleurs du club, en vert et rouge, ambiance sapin de Noël.
Et dans le stade… C’est chaud ! Les bretons ont tout fait pour que ce soit une véritable fête du football. C’est impressionnant. On croise tout de même quelques supporters du PSG : merci les gars, on se sentira moins seuls.
Leonardo m’autorise l’accès au vestiaire avant l’échauffement, mais je devrai rejoindre les tribunes dès la fin de celui-ci. Les joueurs ont en effet besoin d’un peu d’aide pour ranger un peu leur bordel. Enfin ranger, c’est une hyperbole. L’inverse d’un euphémisme. Disons, faire en sorte que les sacs des uns et des autres soient à peu près en face de leur sac perso, histoire qu’on ne court pas après les chaussettes de machin et le caleçon fétiche de l’autre.
J’aide aussi Sirigu à mettre ses bandages aux chevilles, pour lui éviter de se blesser. Je suis clairement passée à l’attaque : je lui ai chanté Wonderwall dans le car, je crois que les choses sont claires ! A lui d’attraper la balle au bond… Juste avant que les garçons ne rejoignent le terrain, j’embrasse le crâne de Jallet. C’est mon rituel à moi, à la Barthez de France 98.
C’est parti pour l’échauffement. Avec des chasubles violet et turquoise. Et pourquoi pas arc-en-ciel tant qu’on y est ? Il va vraiment falloir que j’aille faire une descente de fashion police auprès du type qui s’occupe du matériel parce que question mauvais goût, on en tient une couche. Retour au vestiaire, puis début des festivités, avec une fanfare à cornemuses. J’espère que Locminé a prévu un petit fest-noz pour se déchirer au chouchen après le match !
D’entrée, un locminois touche Joli Cul Bodmer. Nan mais ! Propriété privée d’abord ! Enfin de sa femme, hein. Coucou Madame. Les petits bretons ne sont pas venus là pour faire de la figuration, et frappent. Golden barre. C’est vrai qu’au Parc, quand tu fais ça à la mi-temps, tu gagnes une voiture… Reste que si la frappe avait été dedans, Salvo était pris à contre-pied. J’en ai l’estomac tout retourné. Paris se reprend et Néné frappe. Dans le public. Bilan : deux morts.
Dans les tribunes, un type ose se servir d’une vuvuzela. Je propose à Leonardo une chasse à l’homme pour la lui faire bouffer. Il est tenté. Pastore semble souffrir de la cheville. Joli Cul Bodmer assure. Nouvelle frappe des sapins de Noël, mais petit filet. De toutes façons Sirigu était dessus, elle ne serait jamais rentrée. Faut pas déconner. Si Bodmer est à l’aise, Mamad a plus de mal, et se troue. Quand à Lugano, il a enclenché le mode moissonneuse batteuse : un grand classique.
Hoarau est hors jeu. Bis repetita. Ter repetita. Quater repetita. J’arrête de compter. En revanche en remiseur, il se défend. Sur le banc, Ancelotti remet sa mèche façon George Clonney. Sauf que le survêt PSG, c’est peut-être corporate mais franchement moins glamour que le costard que portait Antoine. Nouvelle frappe sur la cage parisienne, qui passe nettement au-dessus. Tellement que Sirigu s’en accroche à la cage, en mode Chewbacca. Raccord avec ses poils, en même temps. Sur l’action suivante, il s’autorise même une sortie. Z’avez une autorisation parentale, jeune home ?
Lugano continue son numéro de boucher. Hoarau part pisser, laissant Pastore tout seul. Un géant vert tente de démonter Armand. Dis gars, tu vas te faire mal… La tête de Momo passe au-dessus. Mamad et l’arbitre ne se comprennent pas. Regard de killer. Faut pas le faire biiip, Mamad. Dans le stade, c’est la folie, les supporters bretons font la hola. En même temps, c’est compliqué de marquer, ils sont 35 en défense. Nouvelle tentative des verts mais Sirigu l’arrête du pied, tranquille. Je me demande si comme à Saint-Etienne ils pissent en l’air, dans les vestiaires…
La fusée Pastore allume le premier moteur, et parcourt 60 mètres sans être touché. L’arbitre siffle un hors jeu fictif. Fais toi plaisir, mec, ça ne t’arrivera plus jamais. Lugano se prend le breton Moustapha. Bilan : 1 mort, le breton. Qui est pourtant tombé sur les abdos de Lugano. Sur ce c’est déjà la fin de la première période, sur le score mirifique de… 0 à 0.
Le joueur tué par Lugano tente un retour sur le terrain, mais il est trop amoché pour continuer, et se fait remplacer par Nicolas, commercial chez SFR. Ses actions seront-elles téléphonées ? Arf, j’ai vraiment été contaminé par l’humour Carambar de Hoarau… Au passage, Joli Cul Bodmer se prend une mandale. Je pleure un peu. Ca commence à devenir chaud dans la surface parisienne. Si ça continue comme ça, Sirigu va casser la gueule d’un défenseur avant la fin du match. Voire de plusieurs.
Et tout à coup, Pastore allume le second moteur de la fusée. Un grand pont, une frappe, un arrêt du goal breton, un retour, et le tir croisé qui la met au fond. 1-0 pour Paris. Youhou ! Faute sur Néné, non sifflé. Le brésilien paye manifestement sa réputation de plongeur. Reste qu’il y a faute. Arbitre en carton ! Joli Cul se prend un pastis. Et n’est pas content. Et le fait savoir. Faudrait pas que ça vire au rouge… Shut up Matt !
Et puis la faute sur Sissoko, en pleine surface. Le tarif normal, c’est péno. Hasard ou coïncidence, le pénalty n’est pas sifflé. Arbitre en papier Canson ! Je suis verte de rage. Tellement qu’on dirait que je supporte Locminé. Pastore allume le troisième moteur de la fusée, et tente une frappe qui échoue de peu sur la transversale. Ancelotti encourage El Flaco à coup de « dai, dai, dai ». Merding, ma petite tête de turc, remplace Hoarau.
Un locminois termine sa course dans les pieds de Sirigu, assez mécontent après sa défense, qui le laisse complètement à poil. Au sens figuré, hein. Le gardien arme son regard revolver, qui passe du bleu azur au noir corbeau. Bodmer stoppe un breton en mode armoire normande. Erding s’assied par terre : c’est un concept… Pastore allume le quatrième moteur de la fusée. Qui s’embrase. Sur un centre de Jallet, il fait… petit filet. Gloups. Néné et Erding, qui étaient mieux placés, ne décolèrent pas. Le coach avale son chewing-gum. Quelque part, tant mieux : survêt + gum, c’est vraiment trop Guy Roux.
Et là, c’est le drame. Sakho fauche un breton dans la surface : pénalty. Noooooonnnnn ! [Note pour le lecteur : clique sur le lien et appuie sur le bouton pour comprendre. T’as vu, c’est trop bien les didascalies, non ? Si tu n’as pas compris, ouvre ton dictionnaire.] Je change de couleur. J’ai peur. Salvo regarde fixement le joueur, mais n’y décèle rien, et est pris à contre-pied. J’hurle. Je trépigne. Je serre les poings. Je pleure. Je me roule par terre. Bref, le cinéma habituel. 1 partout.
Ancelotti sort sa carte « Bouge de là » à Mamad, et le remplace par Ceara. Joli Cul Bodmer récupère le brassard de capitaine. Dans la tribune présidentielle, je lance le jeu #SiErdingMarqueUnBut. Et donc si Erding marque un but, je fais le tour du terrain à poil. Rien à craindre, ça ne risque pas d’arriver. Leonardo relance de dix : si Erding marque un but, il reste au PSG. Grosse marrade !
Cri strident : « Saaaaalllvvvvoooo ! ». La défense se troue une nouvelle occasion du petit poucet, et Paris ne doit son salut qu’à parade au poing de Salvatore le bien nommé. Note pour plus tard : penser à remercier sa mère pour ce prénom si bien trouvé. Sirigu, lui, refait les yeux revolver. En vertu de ses fulguro-poings, je décide de le surnommer désormais Goldorak. Go !
Deux minutes avant la fin du temps réglementaire, Bodmer la met… au dessus. Heureusement, à la dernière minute des arrêts de jeu, sur une reprise, Lugano place une tête croisée qui la met au fond. 2-1 pour le Paris, le boucher tue le rêve breton. Dernière tentative des verts, pour l’honneur, sans inquiéter Sirigu, qui préfère se pendre une nouvelle fois à sa cage : probablement un hommage à Cheetah, décédée cette semaine.
Qualifié dans la douleur face à des bretons très résistants, Paris fait une haie d’honneur aux joueurs de Locminé, le coach en tête. Tout le monde rejoint les vestiaires, dans un joyeux bordel : les locminois ont lancé la chasse au maillot. Debout sur la table, je chante le générique de Goldorak, à la gloire de Sirigu : « Il jaillit du fond de la mer / Il bondit jusqu’à Jupiter / Qui est-il ? / D’où vient-il ? / Ce terrible géant / Des nouveaux temps… » C’est officiel, j’ai fondu un plomb. Il est temps de me terminer au chouchen, dans le vestiaire de Locminé. Toujours partante pour la troisième mi-temps !
De nombreux joueurs répondent à la presse, qui assaille aussi Leo, tant au sujet du match que de la sortie de Maradona. Plus tôt dans la journée, le gros Diego avait chargé Leonardo en se demandant s’il est joueur, entraîneur, agent ou marchand de pétrole. En sortie de match, Leo réagit avec classe : « Il a raison, même moi je ne me comprends pas. » Allez Diego-la-farine, prends ça dans le nez !
S’ensuit l’annonce du tirage des 16èmes de finale : Paris affrontera Sablé sur Sarthe, probablement au Mans. En bonne fille, je propose ma contribution aux garçons : « Si vous voulez je vous ferai des sablés Ici c’est Paris, comme ça vous pourrez apprendre à les manger ». Si je peux aider… Je compte déjà le soutien ferme de Joli Cul Bodmer. Affaire à suivre !
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