Au cœur des bleus : Italie 1- France 0

Deux équipes en bleu. La France, et l’Italie. Deux nations en difficulté après la coupe du monde de 2010.

Deux pays qui avaient à cœur de se refaire lors de cet Euro 2012, juste avant le début des qualifications pour la Coupe du Monde de 2014, en septembre prochain.

La France, traumatisée par le syndrome Knysna : les joueurs n’étaient pas descendus du bus pour s’entraîner par solidarité avec Anelka qui avait été viré pour avoir tenu des propos insultants à l’égard de son entraîneur, Raymond Domenech.  L’Italie, marquée par sa sortie de la coupe du monde dès la premier tour, quatre ans après avoir été championne du monde, et une ambiance difficile au sein de l’équipe, sans être toutefois au niveau de Knysna.

Après ces quarts de finale, on peut déjà tirer un bilan du parcours de ces deux nations qui ont marqué l’histoire du football. L’une en sort grandie, l’autre pas. Décryptage.

La France, des bleus au coeur

Des bleus au cœur, voilà ce qu’il reste de l’Euro 2012 de l’Equipe de France. Une victoire sur l’Ukraine, un nul face à l’Angleterre, une défaite face à la Suède et une face à l’Espagne. Pas de quoi pavoiser. Pouvait-on faire mieux ? Peu probable, cet Euro marquant l’échec d’une stratégie qui a consisté à renoncer au jeu, et aux ambitions affichées par Laurent Blanc lorsqu’il a pris son poste.

Individuellement, l’Equipe de France dispose de talents. Mais l’addition d’individualités ne forme pas nécessairement un collectif. De nombreux éléments contribuent l’alchimie nécessaire à faire interagir le groupe sur le terrain. Parmi eux, la technique, certes, mais aussi la gestion humaine et donc, les comportements sur le terrain et hors du terrain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette équipe de France a échoué.

Techniquement, difficile de se faire une idée. Peut être faudrait-il déjà avoir compris le projet de jeu et malgré mes efforts, je n’ai toujours rien compris.

Qui doit faire quoi, c’est à peu près clair, mais dans quel but, alors là… Encore faudrait-il que nous ayons une culture de la tactique en France, ce qui n’est pas notre cas. Contrairement à l’Italie ou l’Espagne. Et comme le football français est incapable de se remettre en cause, et le premier à céder au corporatisme si cher à notre bon vieil hexagone, on n’est pas sorti de l’auberge.

Face à la Suède, déjà, l’équipe était passée à côté de son match, récupérant alors la seconde place du classement, synonyme de rencontre avec l’Espagne. A croire que tout s’est arrêté ce soir là.

Certes, on peut passer à côté d’un match. Mais amical, de préférence. A ce niveau de compétition, on évite. Mais bon. L’accident de parcours existe souvent dans les phases éliminatoires – plus rarement par refus de jouer-, et ne présage pas de la suite de la compétition.

Pourtant ce soir là, après la Suède, la France a renoncé. Le staff, en conférence de presse, a déminé le terrain en donnant par avance les éléments de langage expliquant une défaite. Avant même de jouer le match, le ton était donné. Avec toute la mollesse d’un Laurent Blanc, dont on se demande comment il peut parvenir à galvaniser une équipe. Que ce soit en conférence de presse ou en bordure du terrain, on se demande parfois s’il ne tient pas le rôle du plot…

Sur le dernier match, face à l’Espagne, la tactique était plus claire : tout en défense, et si on avait pu, on aurait mis onze gardiens.

Pourquoi pas ? Ca sonne un peu catenaccio mais je crois que bon. Sur un contre, on peut toujours marquer. Mais encore faut-il que la tactique soit bien comprise, et que les joueurs défendent, au lieu de simplement adopter le service minimum.

Ce qui devait arriver arriva : l’équipe a confondu exigence de défendre pour arriver au nul à la mi-temps et jouer avec le frein à main bloqué. Résultat, un but a été encaissé à la 19ème minute –contrecarrant les plans de Laurent Blanc- sur une erreur de repositionnement de Florent Malouda, incapable de se bouger pour marquer Xavi Alonso. Manque d’envie, manque d’ambition, match perdu d’avance dans les esprits…

Le sport est une chose. On retiendra donc Hugo Lloris, Yoann Cabaye, et dans une moindre mesure, le petit retour de Ribéry –il y a eu trop peu de matchs pour en tirer des conclusions- et la bonne entrée de Koscielny mais là encore, sur un seul match, difficile d’en faire une règle.

La défaite aidant, les vieux démons sont ressortis.

Nasri, qui avait fait le malin en adressant un « Ta Gueule » à un journaliste de l’Equipe pour les critiques portées sur lui avant de se muer en Casper lors du match suivant –démontrant alors qu’il était loin de ne pas mériter les critiques-, s’est encore illustré en sortie de match, en répondant de manière très agressive à un journaliste qui tentait, certes maladroitement, de faire son boulot.

Quant à Ménez, il a franchi le mur du con par deux fois sur le terrain : une première fois en se prenant un carton jaune pour avoir insulté l’arbitre italien d’un fleuri « Va Fanculo », dans la langue de Dante histoire d’être bien compris, puis en incitant visuellement son gardien et capitaine Hugo Lloris à fermer sa gueule, pour avoir osé lui demander de se repositionner en défense.

Et ça n’est pas tout. Quand on voit Nasri et Ménez, leur échauffement est quand même révélateur d’un certain état d’esprit. Hatem Ben Arfa parle pendant ½ heure avec son adjoint.

Nasri discute ardemment avec Boghossian pour savoir pourquoi il n’est pas titulaire. Enfin Nasri et Ménez, pendant l’échauffement des titulaires, s’amusent à tirer des boulets à 20 mètres de leurs camarades. A l’évidence, ce groupe n’est pas uni, et incapable d’afficher la moindre solidarité.

Pire que tout, les réactions d’après match. Les uns après les autres, les joueurs comme le staff ont recraché les mêmes éléments de langage : l’Espagne est championne du monde, elle avait la balle, ect…

C’est certainement ce qui explique le mauvais repositionnement de Florent Malouda. Pas un pour admettre que la Roja n’a pas joué son meilleur football, et qu’elle était prenable. Simplement, pas avec des joueurs affichant une mentalité de perdants. Palme de la bêtise pour Karim Benzema : « Nous sortons grandi de cet Euro. » Totalement à côté de la plaque… et finalement emblématique de cet Euro : pile poil dans l’esprit de ces deux défaites…

Enfin pour terminer, ces joueurs, qui ont tant déçu les supporters qui aimeraient tant se réconcilier avec eux, n’ont pas daigné -dans un premier temps et avant qu’on ne les pousse- s’arrêter auprès de la petite trentaine de supporters venus les attendre, sous la pluie, à leur retour en France. Aux dernières nouvelles, ils vont en revanche bien toucher leur primes pour avoir atteint l’objectif fixé de la qualification en quart. 100 000 euros. Tout simplement gerbant.

D’autant que Laurent Blanc s’était fixé des objectifs clairs lorsqu’il a pris en main cette équipe de France :

  • Etre jugé sur les résultats
  • Retenir comme critères essentiels l’état d’esprit, le comportement, l’attachement au maillot. C’est capital. Celui qui pointe des faiblesses, qui ne veut pas l’accepter, il dégage.
  • Aucun joueur n’est indiscutable hormis Hugo Lloris

Deux ans après Knysna, les problèmes de fond persistent au sein de cette équipe de France.

Si les événements ne sont pas comparables –cette fois les joueurs sont descendus du bus et n’ont pas eu de réaction collective inappropriée-, rien n’a changé, parce que Blanc a renoncé aux objectifs et aux principes qu’il s’était lui-même fixé lorsqu’il a pris cette équipe en main.

Aujourd’hui, les fissures entre l’équipe de France et les supporters continuent de s’étendre. Parce que les joueurs n’ont pas respecté le maillot. Qu’on s’entende bien. Il ne s’agit pas d’imposer aux joueurs de chanter l’hymne. D’une part, ça a été très longtemps politisé et du coup, l’hymne n’était pas forcément chanté. Ni en France, ni ailleurs. Nous ne sommes pas aux Etats Unis, mais dans la vieille Europe, qui a été fortement marqué par les nationalismes. Désormais, beaucoup de nations le font.

Doit-on le chanter ? Certes, c’est censé être un moment de communion de la communauté nationale, c’est-à-dire des joueurs avec leurs supporters. Mais n’arrivons pas aux extrémités de la Serbie qui vire les joueurs refusant de le chanter pour raison politique, même si celle-ci n’est pas censé avoir sa place sur le terrain. Sport et politique ont toujours été mêlés, inutile de le nier… même s’il reste difficile d’imaginer qu’un joueur incapable d’aligner trois mots en français correct puisse avoir une pensée politique profonde. Il ne faut peut être pas abuser. Tout ça ressemble plus à du je-m’en-foutisme qu’à une véritable objection de conscience.

Sans aller vers ces tartes à la crème, on peut toutefois noter deux choses : d’une part, il n’y a pas de profonde ferveur pour l’équipe de France dès les premiers tours, on a plutôt tendance à se révéler supporter en demi-finale.

Ensuite, l’hymne n’est pas le marqueur de la fierté de porter le maillot. J’ai grandi avec le foot. Mon premier souvenir de match remonte à Argentina 78. Souvenez vous, l’équipe de France joue en vert et blanc, avec le maillot d’une équipe locale ! Elle ne passe pas le premier tour. Mais quatre ans plus tard, elle est en demi-finale et aurait pu aller plus loin, chacun se souvient du drame de Séville, le 8 juillet 1982. Rebelote quatre ans plus tard, au Mexique.

Cette équipe-là ne chantait pas l’hymne non plus. Mais elle était fière de porter au plus haut et le plus loin possible le maillot.

C’est ça, le respect du maillot. Et pas de dire qu’on a bien joué et qu’on a rempli l’objectif d’aller en quart quand on n’a pas mouillé le maillot. Ce que les supporters attendent de l’équipe, ce sont bien évidemment d’abord des résultats, mais aussi de la fierté. Pouvoir se dire que l’équipe a été au maximum de ses possibilités. Et en cas de défaite pouvoir se dire qu’au moins, on a tout donné sur le terrain.

Dans ce domaine, on ferait bien de s’inspirer de la philosophie de Joachim Löw, le sélectionneur allemand, qui lui aussi a reconstruit une équipe de A à Z. Déterminé à offrir du beau jeu, pour s’imposer durablement, il a affiché un principe simple : si les joueurs ont envie de suivre son projet, qu’ils acquièrent alors la culture du jeu qu’il veut leur inculquer et restent simples, dans le respect de l’autre, alors le public suivra. Car au-delà des titres qu’il entend remporter, Joachim Löw veut laisser des souvenirs ancrés dans la mémoire collective de l’Allemagne, que la Mannschaft gagne ou perde.

Pour cela, on doit user de la sélection. Non, le maillot n’est pas un dû à tel ou tel joueur qui dispose de qualités individuelles. Ca se mérite. Ensuite, le football se joue, jusqu’à preuve du contraire, à onze sur le terrain. Mais aussi avec un banc et un staff. Pour intégrer l’équipe, le joueur doit pouvoir se fondre dans le collectif. Ca n’est pas au collectif de se construire autour de lui. Et ça, tout le monde semble l’avoir oublié, à commencer par les joueurs.

Forcément, depuis qu’ils sont en centre de formation on leur rabâche qu’ils ont du talent ! Mais le talent n’assure pas la cohésion. Au contraire, il peut diviser, lorsque devant le but certains pensent plus à leurs statistiques perso qu’à passer le ballon au joueur le mieux placé. La mentalité, un point à travailler dès le centre de formation. En prenant exemple sur Lille, qui s’était séparé du petit Franck Ribéry, déjà intenable.

Concernant les instances du football, ensuite. Si Laurent Blanc n’a pas atteint ses objectifs, il ne doit pas servir de bouc-émissaire. Le foot français doit se repenser et procéder à une mutation en profondeur. La fédération n’est pas exempte de responsabilité. C’est son boulot que de gérer l’équipe de France. Qu’elle le fasse. Mais plus que tout, que les corporatismes cessent. Ah, dès qu’il s’agit de taper sur le premier étranger qui vient tenter de remettre en cause notre mentalité, tout le monde fait front.

Leonardo en a fait les frais au printemps pour avoir osé, dans une réunion interne, tenté de remettre en cause les pratiques actuelles d’entraînement, dans l’optique de tirer le football français vers le haut. Bronca générale, en mode « mais pour qui il se prend, il arrive dans notre pays et nous critique ». Alors qu’il sera le premier à sauter s’il n’atteint pas ses objectifs. Pas comme d’autres. A un moment, lorsqu’on est 16ème au classement Fifa, il faut bien se remettre un peu en question. De véritables Etats Généraux du Football ne seraient pas de trop. Enfin, si l’on sortait justement de ce corporatisme… On peut toujours rêver.

Sur les clubs, enfin. J’entendais hier Laurent Blanc se plaindre que les autres équipes nationales, comme l’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie, peuvent s’appuyer sur une équipe dorsale constituée de leurs fortes équipes, comme le Barça et le Real, le Bayern ou encore la Juve. Certes. On touche là à un autre point, la nécessité pour le football français de se remettre en cause. Mais restons sur les propos de Laurent Blanc. N’est-ce pas lui qui ne s’est pas appuyé sur des clubs tels que Paris ou Lille, qui disposaient pourtant de joueurs sélectionnables ?

N’est-ce pas lui qui n’a pas voulu d’un Sakho -au motif qu’il n’a pas suffisamment joué dans son club, alors qu’il avait pré-sélectionné Gourcuff (qui n’a quasiment pas joué depuis 2 ans) ou retenu Mexès qui cire le banc du Milan AC ? Quand on voit la fiabilité de la charnière, nul doute que Sakho avait sa place. N’est-ce pas lui qui n’a pas voulu de Jallet, très en forme, au motif qu’il n’avait jamais été sélectionné auparavant, alors qu’il avait pré-sélectionné  Yanga M’Biwa ? La mentalité exemplaire d’un Jallet eût pourtant été très utile au sein de ce groupe… On peut aussi citer Mavuba, pour Lille. Et d’autres.

Que Laurent Blanc reste le sélectionneur ou qu’il parte, le constat est clair : l’étoile de notre maillot ne brille plus, il faut changer tout ça. Mais comment ?

Par une profonde mutation des esprits, et l’instauration de quelques règles simples. Sans développer dès maintenant les modifications à apporter dans l’ensemble du football professionnel, arrêtons nous déjà sur quelques pistes de changements à apporter au sein de l’équipe de France.

Et pour cela, ouvrons nous sur l’extérieur, et regardons une autre histoire de bleus pour y trouver quelques idées. Edifiant.

 

L’Italie, le cœur des bleus

Quand Prandelli prend la succession de Lippi en 2010, il hérite d’une équipe qui n’a pas brillé en coupe du monde, et qui s’éloigne des tifosis. Presque à poil.

Le défi est grand, il faut reconstruire, dans un pays qui respire le football. Deux ans après, il a incontestablement gagné son pari.

Armé de ses valeurs, il a mis en place un code éthique pour éviter les problèmes de comportements au sein du groupe. Qu’on se mette d’accord, le code éthique ne concerne que la vie sur le terrain et dans le groupe, et absolument pas ce qui relève de la vie privée.

La meilleure démonstration en est la gestion de Balotelli : lorsqu’il a fauté, il a été écarté de la sélection. Lui gardant sa confiance, Prandelli a sélectionné Balotelli dans les 23, et son comportement ne pose pas problème dans le groupe. La confiance et le dialogue dans la gestion humaine des cas difficiles, voilà la méthode Balotelli.

Entrons dans le système Prandelli. Techniquement, d’abord. Il est investi dans sa mission. Régulièrement en contact avec les clubs, où il se rend, il suit les joueurs. Ce qui lui permet d’éviter en partie l’écueil des sélections nationales qui n’ont que trop rarement leurs joueurs. Il les connaît, les suit, sait s’ils ont besoin d’un coaching personnalisé ou pas.

Avec ce vestiaire bigarré, Prandelli a réussi à monter un groupe. Certes, il dispose de cadres sur lesquels il peut se reposer.

Mais qu’on ne tombe pas dans cette illusion. Buffon a été blessé, Pirlo a eu des hauts et des bas poussant Galliano à s’en séparer, sans parler de De Rossi. A côté de ces cadres, il a aussi des Balzaretti, de Palerme, ou Diamanti, de Bologne. Pas vraiment le top de la série A. Enfin, Prandelli a conservé Cassano, victime d’un grave problème cardiaque fin octobre, et Balotelli, l’enfant terrible.

Le résultat ? Depuis le début de cet Euro, l’Italie surprend tout ceux qui ne l’ont pas vue se reconstruire. Dès son premier match, elle a accroché l’Espagne, obtenant un match nul. Comment ? Regardons les jouer : au-delà du caractère formidable de ce collectif, l’Italie observe toujours son adversaire dans les 20 premières minutes, puis s’adapte. L’Italie a cette capacité, dans le jeu, à s’adapter au style de ses adversaires.

Le match face à l’Angleterre n’a pas dérogé à la règle. Il aura fallu 20 minutes aux Azzurri pour régler les problèmes posés par les anglais dans les couloirs, et les contraindre à jouer dans l’axe. Dès lors, les italiens ont bloqué les ballons. Sans conserver la balle à l’espagnole, ils ont montré une véritable force de récupération en milieu de terrain. Le tout agrémenté d’un Pirlo à la distribution, pour envoyer les ballons vers l’avant et tenter de percer la défense anglaise.

Ensuite, et malgré l’absence de Chiellini, blessé, la défense a assuré : que ce soit dans la charnière, qui a bien protégé les buts de Buffon, ou les latéraux Abate et Balzaretti, qui savent autant se repositionner en défense que monter très haut pour soutenir l’avant, tout le monde a tenu son poste.

Enfin Buffon, sollicité dès les premières minutes de jeu, a été magistral, produisant des arrêts décisifs.

Mais l’Italie version 2012, c’est plus que de la technique : c’est un état d’esprit. De l’hymne national, chanté par les joueurs et tout le staff à fond les ballons, au comportement irréprochable sur le terrain, l’équipe a montré son caractère. Solidaire et unie, la Squadra Azzurra a tout mis sur le rectangle vert : ses tripes, et son cœur. Comment alors ne pas vibrer pour cette équipe ?

Hier, l’Italie a tout connu : les poteaux, la transversale, les immanquables manqués juste devant le but, les arrêts de Hart, … Mais elle n’a jamais lâché.

Mieux encore, elle a toujours été soutenue par son coach. Lorsque Balotelli manque sa première occasion, Prandelli lui glisse : « ça n’est pas grave, tu auras la suivante ». Qu’il n’a pas eue, mais qu’importe : le jeune joueur a persisté à tenter. Comme ses camarades. Personne n’a baissé les bras. Pas même après le but de Nocerino, finalement refusé pour hors jeu. Pas même à cause de la fatigue des prolongations. L’Italie a joué, de bout en bout.

Et s’est montrée vraiment solidaire. Deux exemples avec les explications données après le match par deux cadres de la Squadra Azzura.

Pirlo, troisième à tirer son pénalty – le moment charnière des tirs aux buts-, voit Joe Hart faire le malin dans sa cage. L’Italie compte alors un but de retard, à la suite du pénalty manqué de Montolivo. Expérimenté, Pirlo tente le coup très osé de la Panenka, à la fois pour calmer Joe Hart, et remotiver son équipe.

Et Buffon. Capitaine de l’équipe, il sait qu’il doit arrêter un pénalty pour sauver l’équipe. Ashley Young touche la transversale, les équipes ont donc chacune raté un pénalty. Nocerino a réussi le sien.

Il est désormais vital, pour l’emporter, d’en arrêter un. Conscient, Buffon prend ses responsabilités, et arrête le tir d’Ashley Cole. Derrière, Diamanti réussit son tir au but, et l’Italie est qualifiée.

Ensuite, et ça n’est pas un détail, Cesare Prandelli n’est pas du genre à se chercher des excuses : quel que soit le résultat, il assume. Les échecs comme les victoires. Quant aux joueurs, ils ont l’habitude de répondre à la presse, et de faire face aux critiques. Même lorsqu’il faut répondre à une armada de questions sur le calcioscomesse, le scandale des paris truqués, juste avant la compétition. J’ai bien tendu l’oreille : pas un « Ta Gueule » adressé à la presse… juste des joueurs effectuant parfois des mises au point, mais répondant aux questions dans le calme et avec détermination. Buffon, par exemple.

Sans être non plus toujours exempts de dérapages dans leurs propos dès que l’on sort du cadre du football : on se souvient de la sortie homophobe de Cassano sur l’homosexualité présumée de deux joueurs de la Nazionale.

Sur le terrain, il a aussi fallu l’intervention de Bonucci pour empêcher Balotelli de faire une Nasri après son formidable retourné placé au fond des filets, face à l’Irlande.  Reste que si Cassano et Balotelli sont deux cas difficiles à gérer, la gestion humaine de Prandelli aura permis de ne pas mettre en danger l’équilibre du groupe et de limiter ce type de débordements.

L’Italie a su se construire un collectif. Un groupe soudé, qui travaille dans une bonne ambiance malgré les caractères parfois difficiles de certains, dans une alchimie pas si évidente à trouver entre de très jeunes joueurs inexpérimentés et des cadres confirmés dont certains ont tout gagné – quatre champions du monde dans le groupe- pour afficher une véritable unité, y compris avec le banc, loin des préoccupations individualistes, dans l’objectif unique de gagner : en jouant avec le coeur.

La Squadra Azzurra, minée par des soucis d’ambiance en 2010, a retrouvé son âme.  Droit au coeur des tifosis, que la Squadra Azzurra sait soigner . Que ce soit individuellement, avec un Buffon qui galvanise les supporters via sa page Facebook, un modèle du genre, ou collectivement, à travers les séances d’entraînement en public ou les rencontres avec les joueurs.

Cerise sur le gâteau : les italiens ont décidé, par solidarité avec le peuple italien très touché par la crise, de ne pas toucher de primes : la fédération a donc décidé de les reverser aux victimes du tremblement de terre qui a touché l’Emilie Romagne juste avant la compétition. Une histoire de cœur…

Quoi qu’il arrive maintenant, l’Italie a déjà gagné son Euro. Parce que désormais, qu’elle gagne ou qu’elle perde, le défi a été remporté : cette équipe s’est reconstruite, et a su se transcender pour jouer avec le coeur.

Ce petit supplément d’âme qui fait la fierté des tifosi. Et au-delà de l’Euro, elle est sur les bons rails pour poursuivre ce travail en vue de la Coupe du Monde de 2014. Prandelli a réussi son pari. Reste maintenant à terminer cet Euro au plus haut… et à reconquérir des titres, jusqu’à accrocher, dans l’avenir, une cinquième étoile sur le maillot.

Baby-sitting

Mercredi. Jour des enfants. A qui le dites vous.

Ce matin, c’est Mamad qui s’y colle pour la traditionnelle conférence de presse de joueur. Aucun problème côté niveau de français pour le capitaine du PSG. Du coup, j’en profite pour faire un petit somme. Et je lui colle 18.

Comme depuis trois semaines, l’entraînement est à huis clos. A en juger par la cinquantaine de supporters qui ont défié la consigne, ça n’est pas du goût de tout le monde. Il faut dire qu’il y a des travaux. Du coup on travaille par groupes, répartis sur plusieurs terrains.

Même sur des terrains hors du camp. Je ne vous raconte pas la tronche des supporters quand ils voient passer Pastore, Alex, Bodmer le long de la route, avec leurs petits shorts. C’est trop chou. Ceci dit ils sont mignons les supporters. Et surtout, disciplinés : aucun d’eux ne traverse pour venir saouler les joueurs. Matteo, le fils de Bodmer, suit son papa. Résultat qui garde Timéo, le deuxième ? Bibi. Bah oui, ce sont les vacances scolaires… J’ouvre donc une garderie. Je fais l’appel des gosses, et j’ajoute donc Kebano et Galimeiro. Ils se mettent à chouiner.

Les gardiens, eux, font une séance spécifique dans le camp des loges. Jallet quitte l’entraînement très tôt, après une séance particulière, en raison de la blessure. Bisevac, lui, doit carrément quitter l’entraînement en cours de route. Blessé à la cuisse, il gagne un tour gratuit à l’hôpital pour des examens complémentaires. C’est tout pour l’infirmerie, Pastore et Alex étant bien en forme.

Sportivement, pas grand chose à dire. Mais si vous voulez tout savoir d’un enfant de six ans à vue de nez, je peux vous raconter. C’est comme Jolie Poupée Ménez.

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Cheeeaaase !

Ce matin, on a photo de classe. Le mercato ayant bien modifié la composition de l’équipe, le club a décidé de remettre la photo officielle au goût du jour.

Pour la peine, on s’est tous faits beaux. Enfin tous, sauf Ménez, qui est venu avec son putois sur la tête. Je ne vous raconte pas le gag. Jolie Poupée Ménez, c’est le Damidot de la coiffure, tu ne voudrais même pas qu’il retapisse tes chiottes.

A part ça, c’est comme dans Le Petit Nicolas, y’en a toujours un pour mettre l’ambiance. Comme il y a une photo avec le staff, je suis avec eux. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on se pèle vraiment. Eux sont en short et maillot, moi en jupe -ou plutôt en ceinture- et maillot. Brrrr !

Mes deux voisins me pelotent les fesses. Soit disant pour me réchauffer. J’ai les noms. Et eux, chacun un pied en moins. Les talons de 12 plantés dans le pied, c’est aussi pour réchauffer. Ils pleurent. My pleasure… Sauf que si Ménez avait été aussi petit que Valbuena, j’aurais tué le putois. Damnit.

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Chapron aux marrons !

Aujourd’hui, on rencontre Montpellier. Au Parc. Et les bleu et orange aimeraient bien nous piquer la première place du classement. Ben voyons.

Ceci dit vu que Chapron est au sifflet, on n’est pas totalement sereins. Et en plus, Pastore, toujours en phase de reprise, n’est pas titulaire.

Dans le vestiaire où j’accompagne les gaçons, je me lance dans une grande tirade sur l’impossibilité que Montpellier l’emporte. Ma démonstration porte essentiellement sur la fashion police et la justice divine. Du lourd, donc. Mais tout de même, Dieu ne peut pas laisser gagner des mecs en short orange.  Surtout si en plus, ils portent un maillot bleu marine ET orange.

Dès la deuxième minute, le MHSC a une grosse occasion. Bedimo se transforme en Speedy Gonzalès côté droit et centre pour Giroud qui… se troue. Les corners s’enchaînent. Mon rythme cardiaque s’affole. Je vide le bar de ma loge. Leonardo finit par dire au malabar qui se trouve à l’entrée de m’interdire l’accès jusqu’à la mi-temps. Gameiro s’emmêle les pieds. Je m’époumone. Mais pourquoi ??? Soirée de merde.

Vu comment ça part, il ne faut pas attendre plus longtemps que la 8ème minute pour voir une double parade de Sirigu. C’est bien, y’en a au moins un qui suit : poings, puis couché. Belhanda puis Giroud se mettent à pleurer. Je sors mon rire sadique. Ma voisine changerait bien de place mais la loge affiche complet. Elle va souffrir celle là.

A la 14ème, Néné se fait tatouer les couilles au crampon. Ouais, ouais. J’hurle au scandale en usant de termes fort peu appropriés, selon Léo. Mais putain ils lui ont foutu un coup dans les parties !!! Je promets à Montpellier la guigne sur 7 générations, et un « couille pour couille, couille pour couille » – adaptation de « œil pour œil, dent pour dent » en guise de vengeance. Nan mais !

Ca fait maintenant 20 minutes que le MHSC affiche une possession de balle digne du Barça. Alex fait une faute fictive, sauf pour Chapron. Galimeiro se lance, mais sa frappe est déviée par Jourdren. Le petit Jourdren, celui d’A la Clairefontaine. Quoi ? Tu n’as pas vu A la Clairefontaine ??? La télé-réalité des petits footeux ? Inculte.

Sinon Alex est très bon au marquage de Giroud. Pour l’instant. Roulette de Néné. Pourvu qu’elle ne soit pas russe… Jolie Poupée Ménez s’écrase au sol consécutivement à une glissade. Pourtant, pas de glace sur la pelouse. Seul lui peut comprendre. Avec tout ça, les occasions ne fleurissent pas pour Paris… Heureusement que mon Sirigu est impérial.

Frappe de Galimeiro, au dessus. Je vais finir par pleurer. D’ailleurs, je chouine un peu quand Saihi tatoue Jolie Poupée Ménez au tibia. Le sudiste se prend un pastis. Juste retour des choses, Sakho défonce Camara. Chapron envisage un carton pour Mamad sur Camara, puis le range. En même temps Mamad est à terre. Sur le terrain, ça chauffe entre PSG et MHSC. Ca discute… et Mamad se prend un carton vraiment pas évident… Comment ça je suis de mauvaise foi ???

Ménez vise la lune, ça ne lui fait pas peur, et sa frappe échoue dans les tribunes. Penser à retirer Amel Bent de son MP3. Néné, lui, joue aux auto-tamponneuses. A ce jeu là, il finit par se faire faucher. Et logiquement, Paris obtient un coup franc. Et là, c’est le drame pour Montpellier : Alex le tire… et buuuut ! Patate du Tank à 107 km/h quand même. Jourdren hallucine, mais c’est bien dedans. Youhou ! Je danse la samba. Ou plutôt, le Michel Telo. A l’autre bout du terrain, Sirigu aussi.

Du coup il en foire sa chandelle. J’avoue, j’ai ri. Faute de Maxwell sur Camara. Pas Papus hein, il est en tribune lui. Nan, Camara, le mec de Montpellier. Evidemment Sirigu arrête ce tir. Mais se prend un méchant coup dans le ventre, et reste à terre. Tatoué du bide ! Mais demandez moi, il l’était déjà ! Mes hurlements de truie qu’on égorge et qui réclame le rouge sont couverts par les acclamations du Parc, qui encourage Salvatore.

Et là, c’est le drame. Belhanda, tout seul, sans marquage, assassine un Sirigu abandonné par sa défense. Egalisation de Montpellier… juste avant la mi-temps. D’ordinaire, je serais soit descendue dans le vestiaire, soit allée me terminer au bar. Mais là, je reste prostrée dans un coin. ON A TOUCHE MON MEC. C’est interdit par les Poupette’s rules ça. C’est le moment que choisit un mec pour me draguer. Je lui réponds direct : « La Princesse elle parle pas à toi ». Et je ris.

C’est reparti. Et hop, une faute de Momo Sissoko sur la cheville d’Utaka, Momo se prend donc logiquement un pastis, et un coup franc aux abords de la surface. Ben voyons. Pourquoi pas un petit deuxième but ? J’enrage. Heureusement, c’est au dessus du cadre de Sirigu.

De l’autre côté, Maxwell enchaîne et frappe ! Hélas, ça n’est pas cadré, ça frôle seulement le montant de Jourdren mais c’est chaud ! S’ensuit une belle ouverture de Thiago Motta pour Galimeiro mais Jourdren s’interpose pour la récupérer. Nouvelle occasion pour Kevin mais une fois encore, Jourdren me couche. Il commence à me saouler celui là.

Et voilà que Chapron s’en mêle, en avertissement verbalement Thiago Motta. Par contre, le même Mota tiré par le maillot par Saihi, ça ne vaut rien. Peut être parce que Saihi est déjà doté d’un pastis ? Le Parc réclame l’entrée de Pastore, qui est à l’échauffement.

Sissoko reste au sol. Ce salaud d’arbitre laisse l’action se jouer alors que Momo est à terre, puis siffle à la relance. On aurait pu se prendre un but qu’il n’aurait pas sifflé ? Mais pourquoi ??? Sirigu s’en prend alors au Chapron, qui va finir cuit aux marrons et on n’attendra pas Noël ! D’ailleurs la folle qui hurle « Chapron aux marrons ! », c’est moi. Fou furieux, Sirigu tente s’ s’expliquer avec l’homme en vert, le suit quand il s’éloigne, puis repart en levant les bras. Dingue. Juste dingue.

Ah, un pastis pour Matuidi. Certes il a secoué Belhanda comme un cocotier –ce qui est marrant- mais on sent quand même bien que les cartons ne vont que dans un sens… Ca se vérifie deux minutes après, quand Giroud tatoue involontairement ses crampons dans la cuisse ET son genou dans la tête d’Alex. Sonné, le défenseur doit céder sa place à Lugano. FEAR.

Thiago Motta dévisse. Heureusement qu’il ne montait pas les Grandes Jorasses, il serait mort. Pastore, lui, flirte avec le but. Et une main non sifflée, une ! Chapron est vraiment un vendu. On finit par choper un corner, mais Lugano la met au dessus. De l’autre côté, Sirigu est obligé de sortir, ce qui lui permet de montrer ses progrès dans ce domaine. Reste qu’il est une fois de plus laissé à poil par sa défense, qui oublie Utaka, et il se prend un deuxième but. Groumpf.

Pastore tente une frapounette qui va se loger direct dans les bras de Jourdren. Ancelotti commence à faire la gueule. D’autant que Montpellier joue la montre. Mais voilà, Ménez enrhume le capitaine du MHSC et délivre la passe décisive qu’Hoarau met au fond. Il a peut être une caravane au cul Guillaume, mais il marque ! Cette égalisation est bienvenue.

Du coup tout le monde y croit. Maxwell a faim, tellement qu’il croque juste devant le but et la met dans le petit filet. Montpellier est lessivé, et ça commence à se bastonner avec Thiago Motta. La moissonneuse batteuse Giroud, non sanctionnée la première fois, défonce le bras de Bisevac, obligé de sortir en barquette. Cette fois, l’attaquant est ENFIN sanctionné d’un pastis. Une minute plus tard, c’est terminé… Et le Parc chante « On est les premiers » : l’honneur est sauf !

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Le retour de la revanche

Mes aïeux quelle soirée ! Salvatore est un prénom qui lui sied à merveille, mais il se débrouille aussi vachement bien sur le Valentin…

Bref, il est déjà midi quand j’ouvre enfin les yeux. Mais je sens que le courant passe vraiment bien entre ma couette et moi. J’en veux encore… Du coup, je m’y vautre encore un peu. En charmante compagnie en plus. Huuuuuuummmmm… Belote, rebelote et dix de der… et strip poker.

Ce soir, c’est match contre Dijon, en coupe de France. On les a battus en championnat, ils nous ont battus en Coupe de la Ligue, c’est donc le retour de la revanche. La belle. Patrice Carteron se voit déjà en haut de l’affiche, ses hommes probablement aussi. De mon côté, je suis stressée. Sirigu n’est pas sur le terrain -nan, il est avec moi- ma confiance est donc légèrement altérée. Je flippe. Pourtant j’adore Douchez. Mais rien à faire, je flippe. Et pour ne rien arranger, c’est Eurosport qui diffuse. Alors que chacun sait qu’ils ne connaissent rien au foot : ils ont pris option Curling.

Histoire de me détendre, Sirigu me propose une partie de Fifa. Histoire de bien faire ma mauvaise, je le choisis comme gardien. Il est vert. Ce serait plus drôle s’il pissait en l’air. Dans les vestiaires. M’en fous. Poupette’s rules. Cette partie me permet de constater que Sirigu est infoutu de se mettre un but à lui même. Gniark gniark gniark. C’est vrai, Fifa 12 me détend. Un peu. Tant que je mets une pâtée à mon gardien chéri.

Mais c’est déjà  l’heure du match. Ancelotti a aligné une équipe qui ressemble furieusement à celle de la saison dernière, à Douchez, Lugano et Ménez près : Douchez, Jallet, Camara, Lugano, Ceara, Matuidi, Bodmer, Chantôme, Ménez, Nene, Hoarau. Kombouaré’s touch. D’entrée, les paysans sifflent Carlito… sur un match de Coupe de France ! Bel esprit… Le match n’est pas commencé que la moutarde me monte déjà au nez. Ou au Néné.

Dès la première minute, Dijon tente de faire monter la partie en mayonnaise en réclament un péno fictif. On attend tous que le 10 Sport indique qu’on leur a volé. Lugano prend un ballon en pleine poire : le sniper dijonnais est complètement cintré, notre garçon boucher va forcément se venger. En mode Le sang est dans le pré.

Joli Cul Bodmer dribble. WTF, Bodmer qui dribble ? Dijon tente la frappe, mais à côté. Reste qu’ils semblent avoir décidé de bouffer du PSG à la moutarde. Sirigu avale un énorme morceau de pizza. Et moi je me termine à la bière cul sec. Autant vous dire qu’on est tendus dans nos strings. D’autant que c’est Leboeuf qui commente. Inutile de vous dire qu’on aurait du commander un bon rumsteak…

Douchez touche la balle par deux fois. Crise cardiaque, Sirigu doit me ranimer. Avec la langue. J’aime. Côté terrain, on n’est tellement pas dans le match que je lance l’alerte enlèvement sur les milieux de terrain.  Jallet tente vers Néné. Joli Cul Bodmer talonne pour Jallet. Matuidi à l’aise Blaise… Bref, ça commence à venir. Même si ce con de Leboeuf se croit drôle à raconter que Néné doit être plus à l’aise en salle ou sur le sable. Juste un truc : ta gueule, le bœuf.

Hoarau met une tête nulle part. C’est un concept. Mais Néné arrive sur la gauche et bien qu’enfermé à quelques encablures du coin de corner, il voit le gardien réaliser une magnifique boulette à la Edel, et lui colle dans le coin du but. Du gauche. Dans un angle improbable. Un but facile pour les loosers d’Eurosport… Vraiment envie de faire un steak de Leboeuf, qui marine dans l’anti-PSG. En hommage à ce magnifique but du brésilien, Sirigu joue avec mes Néné. Vas-y mon gars. Caliente.

Hoarau nous fait une petite golden barre. Au Parc, il aurait pu gagner une voiture. Mais on est à Dijon là. Joli Cul tatoue un dijonnais d’une semelle à la sauvage, ni vu ni connu. Rayon cul, toujours, Papus Camara nous sauve d’un coup de fessier. C’est un style. Que Sirigu imite aussitôt tout contre moi. Chez nous la température est tellement montée qu’à ce rythme, on ne va pas voir la fin du match. En même temps faut bien qu’on s’occupe.

La Menace Chantôme se montre un poil –alors qu’il n’en a pas- et Matuidi réalise un bon match. Y’en a un autre qui se joue à la maison, à propos de la télécommande. N’en pouvant plus des commentaires anti-parisiens de la daube de Bœuf, qui risquent de faire dangereusement chuter ma libido alors qu’on approche du moment crucial, j’enlève le son. Salvo remet le son. Et j’enlève le son. Et il remet le son. Furieuse envie de lui défoncer le crâne à coups de télécommande. Mais il a envie d’un tout autre combat. Forcément comme dans la télé, on se croirait au tour préliminaire de l’Europa League, on s’adapte.

C’est le moment que choisit Hoarau pour tuer un spectateur, par une frappe partie directement dans les tribunes. Puis un dijonnais veut faire un petit câlin à Douchez. Dans le même genre, un type veut toucher la crête de Jolie Poupée Ménez. Dans ce cas, qu’il se rende utile et vienne avec une tondeuse… Alors que j’avale une gorgée de bière, Leboeuf compare une faute de Jallet au but pris par Dijon. J’explose de rire, et Sirigu finit trempé par les résidus de ma bibine. Une bonne occasion de lui retirer enfin ses fringues.

Un coup et coude et hop, Lugano explose Jovial, qui du coup ne l’est pas : il pleure sa mère. En même temps, j’avais prévenu que Diego se vengerait. Faut pas lui en vouloir, il passe tellement de temps à cirer le banc qu’il doit penser à sa reconversion, et préparer les épreuves pratiques de son CAP Boucherie. M’est avis qu’il aura de meilleures notes que dans l’Equipe… Joli Cul Bodmer tue à son tour. Et Nico Douchez manque de peu de se la jouer Edel. Fear.

Jusqu’à ce centre de Ménez pour Hoarau, enfin une occasion ! Niente, comme dirait le Chewbacca qui gémit sur le canapé. Frappe de Néné ! On s’excite, et ça retombe. Paris ce soir, c’est deux secondes douche comprise. Inutile de vous dire que je suis très footballistiquement frustrée. Alors on se rattrape… Sortie de Nico sur Jovial. Commentaire de la daube de Leboeuf : « Bon dégagement de Douchez, je crois qu’il ne l’a pas fait exprès ». Je suis à deux doigts de péter l’écran plat. Ma moitié découvre mon tempérament de hooligan en jupette. Je crois que je lui fais peur.

Mais ça fonctionne, Paris se met enfin à jouer correctement. La transmission de pensée, ça marche. Ou pas. Peu importe, Hoarau se lance, est tout seul, mais trouve le moyen de s’emballer. Un peu comme nous. Lloris Arnaud, sors de ce corps ! Enfin toi, Sirigu, reste y. Une dernière action de Ménez et groumpf. C’est la mi-temps, avec un tableau d’affichage toujours vierge. L’exacte inverse de chez nous. Inutile de vous faire un dessin. Quelques trucs qui ne se racontent pas plus tard, j’apprends que finalement, pour Eurosport, le but de Néné était beau. Ca a du gueuler dans l’oreillette. Je ris.

Les joueurs reviennent sur le terrain, et Titof Jallet cède sa place à Bisevac, sur béquille. Ce soir Sarko parle à la télé, mais nous on reste sur le match. Lovée contre mon gardien préféré, je sirote tranquillement la fin de ma bière, tout en observant Lugano défendre. La Menace Chantôme et A-Haut-Risque se prennent consécutivement une semelle, puis c’est au tour de Joli Cul Bodmer de se faire tatouer le mollet. On va finir en kit…

Carteron s’énerve et se fait rappeler à l’ordre par l’arbitre. Il me stresse. Chaque fois que je le vois, j’ai l’impression qu’il va nous claquer dans les doigts au bord de la pelouse. J’espère qu’il a un bon cardiologue. Bon, sinon, Paris ne veut toujours pas tuer le match. Mourir. Du coup, j’envoie des sms aux copains qui regardent l’interview de Sarko. Du genre « Tu viens de louper le triplé d’Hoarau ». Ouais, j’suis taquine.

Les mecs d’Eurosport ne vont pas mieux. Ils annoncent un but de Dijon… en réalité, parade de Douchez. Puis ils annoncent l’entrée de Thiago Sylvain. Sûrement un croisement entre Sylvain Armand, blessé à la cheville, et Thiago Motta. Quand je vous dis qu’ils ont pris Option Curling… Ce serait toutefois sympa de la part d’Eurosport d’investir dans un commentateur qui connaissent un peu les règles et les joueurs.  Si c’est pas trop demander.

Ceara se prend un pastis. Hoarau cherche la frappe. Qu’il nous prévienne quand il la trouvera. DU coup Jovial en profite pour faire son malin, mais Douchez sort un arrêt décisif. C’est du reste le seul joueur du PSG encore éveillé. Pour le reste… Joli Cul Bodmer, blessé à la cuisse, est remplacé par Galimeiro. Gros plan sur ses cuisses. Sirigu n’aime pas que je mâte. Oh ça va, je les vois tous les jours en vrai… Jolie Poupée Ménez fait son show. Tout seul. Comme d’hab. Pastis pour Motta.

Galimeiro a tellement faim qu’il croque la feuille et finit dans les bras du gardien. Note pour mon prochain cours : lui expliquer que c’est la feuille de match, pas une feuille de salade. L’arbitre en oublie de siffler le péno sur Galimeiro. Et La Menace Chantôme finit écrasé sous une moissonneuse batteuse. Eurosport évoque un éventuel futur changement du côté de Paris… qui a déjà utilisé ses trois changements en remplaçant Jallet, Bodmer et Néné. Donc on résume : ils ne savent pas désigner un but, ne connaissent pas le nom des joueurs, et  ne savent pas compter. C’est embêtant.

Heureusement que le match touche à sa fin. D’autant que Douchez me fait peur. Enorme coup de bol, ce centre ne trouve personne. De toutes façons, ça fait un moment que Dijon patauge dans la moutarde. Et puis un type prend Matuidi pour une auto-tamponneuse. Ceci dit, il n’a pas totalement tort, ce match a par moment des allures de fête foraine.

D’ailleurs Ménez croque encore la feuille, faute de trouver une pomme d’amour. A tout de le temps choisir l’option solo, en même temps c’est normal… Bisevac hallucine. Nous aussi. Victoire du PSG 1-0. A nous les quarts !

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