Les Jeunes Pop ne connaissent pas leur histoire*

Les Jeunes Pop ont encore frappé sur le web, laissant aux internautes le soin de se gausser une nouvelle fois d’eux, et à la presse de relayer cette énième boulette de la part de ces militants qui n’ont toujours pas compris que le buzz peut être désastreux, et que la communication à tout prix n’est pas la meilleure des tactiques. Surtout en pleine présidentielle…

Cette fois, les fautifs sont les Jeunes Populaires du Rhône, qui ont réalisé pour leur anniversaire une vidéo, dans laquelle Nora Berra exprime toute sa reconnaissance au mouvement de jeunes de l’UMP, qui l’a épaulée durant toute sa carrière, allant suer sur les marchés pour tracter à sa gloire ou coller des affiches de campagne. Dans cette vidéo kitchissime, la sous-ministre se ridiculise à force d’en faire trop, allant jusqu’à montrer un T-shirt Nora Berra avec les Jeunes Populaires du Rhône. Navrant.

Connaissant très bien l’histoire des Jeunes Populaires, c’est un autre élément qui m’a frappée. Les Jeunes Pop du Rhône ont réalisé cette vidéo pour l’anniversaire de leur mouvement…fêté le 19 octobre. Hum.

L’UMP a été officiellement créée lors du congrès du 17 novembre 2002, et le mouvement des Jeunes Populaires a été fondé le 11 février 2003, lorsque Alain Juppé a nommé Marie Guevenoux secrétaire nationale à la Jeunesse de l’UMP. Les nominations dans les fédérations ont été faites dès les semaines suivantes, et la première réunion des responsables départementaux jeunes – les RDJ – a eu lieu les 23 et 24 mai 2003. Le RDJ du Rhône y était présent. Autrement dit, ils se réunissent pour faire la fête, mais ne sont même pas foutus de savoir quand ils sont réellement nés.

Certes, tout ceci relève du détail. Cependant, j’ai pu remarquer chez les militants UMP présents sur les réseaux sociaux, et notamment chez les Jeunes Populaires, une méconnaissance totale de l’histoire de leur parti :

– Combien de fois ai-je dû rappeler qu’Alain Juppé a été président de l’UMP ? C’est pourtant un élément de taille : sa condamnation dans le procès des emplois fictifs de la ville de Paris a eu pour conséquence son retrait de l’UMP, et c’est ce qui a laissé le champ libre à Nicolas Sarkozy. Qui s’est ensuite fait élire à la présidence du parti majoritaire, et l’a utilisée comme un tremplin pour sa campagne électorale. C’est déjà moins anodin.

– Combien de fois, également, ai-je dû rappeler que l’UMP avait prévu de se doter de courants ? Le 9 mai 2004, le conseil national avait en effet adopté la motion Juppé, qui prévoyait d’instaurer les courants au sein du parti majoritaire. On était loin des scores dignes des républiques bananières enregistrés depuis au sein de l’UMP. Pour que les courants soient institués, il ne restait plus qu’à faire ratifier cette motion par un vote du congrès.

Le congrès suivant, justement, était celui de l’élection de Nicolas Sarkozy. Techniquement, il était simple à organiser. Politiquement, cela aurait été symbolique que de le réaliser le même jour. Seulement, Sarkozy ne voulait surtout pas des courants. Mais bien une UMP totalement dédiée à sa personne, et dont les différentes tendances n’auraient pas voix au chapitre.

On a vu ce que cela a donné : sept ans plus tard, l’UMP est au bord de l’implosion, faute d’avoir su gérer sa diversité. La faute à qui ? Connaître l’historique permet de répondre à la question, au lieu de jouer bêtement les pom-pom girls du fossoyeur de l’UMP…

Tout ceci a son importance, car cela explique l’évolution de la droite, mais préfigure également ce que sera la bataille de 2012, qui suivra l’élection présidentielle. En effet, que Sarko soit réélu ou pas, il ne pourra plus être candidat. Dès lors, s’engagera la bataille pour lui succéder. Et cela se passera d’abord au sein de l’UMP. Plusieurs cas de figure sont possibles, à partir de deux uniques options :

1. Sarkozy remporte l’élection. Dans ce cas, l’UMP reste sur le même fonctionnement, à savoir que tant que le président en titre de l’UMP est président de la République, il n’est pas remplacé. C’est stupide, mais c’est ainsi. Cela permet à Sarkozy de conserver la mainmise sur le parti, le secrétaire général étant nommé par lui. Pourquoi ce choix, juridiquement inscrit par la réforme des statuts de 2007 ? Tout simplement parce que Sarkozy ne souhaite pas que l’UMP lui fasse défaut… et que lui arrive ce que lui a fait à Chirac entre 2005 et 2007, à savoir désolidariser complètement le parti du Président de la République et du gouvernement.

2. Sarkozy perd l’élection, et l’UMP procède à des élections internes pour élire un nouveau président. Et là, de très nombreux cas sont possibles.

– D’une part, certains peuvent être tentés de se présenter, pour faire une sorte de primaire, celui qui remporte le parti devenant chef de file de la minorité parlementaire, tout en restant aisément positionné pour la présidentielle de 2017. C’est le pari qu’ont déjà en tête certains, mais c’est un peu crétin. En effet, si Sarko perd, l’UMP sera en lambeaux, et devra se reconstruire au lieu d’entrer dans une nouvelle guerre.

– Il existe donc une autre option. Une perspective évidente pour quiconque connaît l’histoire du parti. Ce cas de figure porte un nom : Alain Juppé. À l’heure où le parti aura besoin de se reconstruire, et d’assainir les choses en interne, il faudra un rassembleur, mais surtout, un politique d’envergure qui sera dans une logique d’intérêt du parti et non d’intérêt personnel.

Sous la réserve importante qu’il en ait l’envie, qui de mieux placé qu’Alain Juppé, président fondateur de l’UMP, qui s’est toujours tenu à l’écart des querelles de personne, et a toujours été loyal au mouvement qu’il a créé ? Qui de plus compétent pour ramener au sein du parti les militants chiraquiens, les radicaux, et une partie des centristes qui ont déserté sous l’ère Sarkozy, et rassembler la famille ?

Personne mieux que lui ne fera l’unanimité. Et ce serait un beau symbole, dix ans après la création de l’UMP.

Pour comprendre ces perspectives, et mieux appréhender les enjeux qui attendent l’UMP, il est donc nécessaire d’en maîtriser l’historique, au moins dans les grandes lignes. Il est dommage que ses propres militants ne s’y intéressent pas. Et se réduisent alors eux-mêmes au statut de pom-pom girls, faute d’être capable de porter un regard critique sur l’évolution de leur parti.

Triste constat que de voir ce parti se limiter à un ersatz du Club Dorothée. Ou de la difficulté de faire des militants des observateurs éclairés de la vie politique…

*Article publié sur Le Plus du Nouvel Obs à cette adresse

Comment Girardin a plombé République Solidaire

Comme je vous le disais hier, République Solidaire se trouve en pleine tempête, et nombreux sont les articles de presse à s’en faire l’écho.

Le parti politique de Dominique de Villepin pourrait pourtant, quelques jours après la fin de l’épreuve Clearstream, et la relaxe de l’ancien Premier Ministre, être en joie, et penser sérieusement à la présidentielle. Sauf qu’en interne, tout le monde a la gueule de bois.

La raison ? Personne ne croit qu’une campagne puisse être gérée par l’équipe actuelle, menée par Brigitte Girardin. L’ancienne ministre a en effet accumulé trop d’échecs et fonctionne selon un système trop clivant pour permettre à République Solidaire de remonter la pente. L’occasion pour moi de revenir sur ces deux années dans les coulisses du villepinisme, et de vous livrer par le menu quelques éléments sur les échecs de cette structure.

1 – Les adhérents

Il n’y a pas 30 000 adhérents au sein de République Solidaire, c’est une certitude. Déjà, parce que selon les sources, le chiffre oscille entre 20 000 et 30 000. Ca fait quand même un delta d’un tiers… Mais surtout, parce que chiffre totalement fantaisiste résulte d’un obscur et complexe théorème, alliant addition et multiplication.

En premier lieu, il faut d’abord additionner toutes les catégories de contacts : adhérents à jour de cotisation, personnes ayant un jour adhéré au Club Villepin ou à République Solidaire mais n’étant plus à jour de cotisation, sympathisants, membres du réseau social VillepinCom actifs, personnes s’étant un jour inscrites sur VillepinCom y compris celles qui se sont radiées –j’ai reçu cette semaine un message via VillepinCom alors que j’en suis désinscrite depuis plus d’un an, ce qui démontre qu’ils ont conservé mon compte et qu’il est donc comptabilisé-, soutiens sur Facebook ou Twitter. Evidemment cette addition est fausse, certains étant des doublons, triplons, quadruplons…

Ensuite, il convient de donner ce chiffre à quelques personnes en interne, qui vont le trouver un peu faible, et le faire grossir au gré de leur inspiration. Tous les partis fonctionnent ainsi, rappelez vous des différences à l’UMP entre les chiffres annoncés par Xavier Bertrand, et ceux annoncés par d’autres !

En ce qui concerne République Solidaire, le nombre d’adhérents est non seulement très fortement inférieur à cette annonce, mais en plus, il décroit au lieu d’augmenter : en 2011, beaucoup d’adhérents n’ont pas renouvelé (43% sur ma fédération), et le stock de nouveau adhérents n’a pas permis de compenser cette hémorragie.

Cependant, un chiffre intéressant tempère ce constat à priori négatif. Sur ma fédération, seuls 3,4% des contacts se sont désinscrits de liste d’information de cette fédération, qui pourtant les contactaient très régulièrement, ce qui aurait pu agacer les personnes franchement dégoûtées. Ces gens souhaitent donc toujours être informés. Au cas où. Le réservoir est donc bien là : ces gens ne sont pas convaincus par la structuration de République Solidaire, mais restent intéressés par Villepin. Et pourraient naturellement revenir vers lui s’il venait à se présenter. Rien n’est perdu !

2 – Les meetings

Depuis le lancement du Club Villepin, les troupes ont été conviées à trois grandes réunions : le 27 octobre 2009 à la Maison de l’Amérique Latine, le 19 juin 2010 pour le lancement de République Solidaire, et le 19 juin 2011 pour le premier anniversaire du parti. J’exclus volontairement le conseil national du 4 décembre 2010, qui était réservé aux cadres, et le Forum des Jeunes Solidaires du 25 septembre 2010, qui visait les jeunes.

Voyons un peu les chiffres de mobilisation :

Il serait un peu rapide -et faux- d’attribuer le nombre de personnes venant à un meeting à l’intérêt porté à Dominique de Villepin. Tout meeting nécessite une préparation, et la mobilisation obéit à quelques techniques. Malheureusement, l’équipe de Brigitte Girardin ne les maîtrise pas… faute d’avoir le background nécessaire en logistique politique. Ainsi, on peut précisément expliquer chacun de ces chiffres.

27 octobre 2010 : cette réunion publique est programmée à l’issue du procès Clearstream, et vise à l’origine une mobilisation de 500 personnes.

La vague de sympathie dont bénéficie alors Dominique de Villepin, déclaré « coupable » par le Président de la République trois semaines plus tôt, permet un formidable appel d’air. L’objectif initial est donc plus que doublé.

Tellement que Dominique de Villepin, qui s’exprime dans la salle du haut, dans laquelle se tassent 600 personnes, doit descendre refaire son discours dans les jardins pour les malheureux qui n’ont pu y pénétrer. C’est donc un très large succès et si le score annoncé est inférieur au réel, c’est tout simplement parce que les gens en charge de compter et ceux qui ont annoncé n’ont pu se retrouver dans la foule pour échanger ces données.

19 juin 2010 : le staff de Villepin évoque imprudemment un objectif de 10 000 personnes, qui figure même dans la version du discours de Brigitte Girardin distribué à la presse ! Seul le prononcé fait foi, elle ramène le chiffre à 6000.

La vérité, c’est que l’objectif a toujours été de 3000 personnes. D’autant que République Solidaire, faute de moyens, ne met pas en place de transports spéciaux, et que chacun doit payer son transport plein pot pour se rendre à Paris. Contrairement aux facilités d’autres partis… ce qui tempère un peu la mobilisation. Et le mois de juin, riche en communions et mariages, n’est guère propice non plus. Tous ces éléments, donc, indique qu’on peut parier sur le double du score de l’Amérique Latine, et ce serait déjà bien.

Seul Christophe Carignano, qui n’a jamais travaillé ni sur des meetings ni à la mobilisation au sein d’une fédération, se laisse aller à prendre ses désirs pour des réalités. Sur la base de rien –il n’a strictement aucune connaissance en la matière- mais hélas, le staff l’écoute, aussi la mobilisation sera en dessous des 8000 à 10000 que Carignano estimait et a soufflé à l’oreille de Villepin. Pourtant, pour les professionnels, c’était un bon résultat : 3 fois le score du précédent meeting ! Déjà pointe en interne la division entre les amateurs et les pros…

19 juin 2011 : pour son anniversaire, République Solidaire invite, dès la présentation du projet, ses adhérents –et uniquement eux- à une Convention Nationale, prévue au Palais des Congrès. Fin mai, le lieu change… mais les cadres n’en sont pas informés. Il faudra que notre fédération use d’un médiateur pour faire passer le message, et que l’information soit diffusée aux adhérents et notamment à ceux qui s’étaient inscrits !

Et la cacophonie ne va pas s’arrêter là. Les inscriptions sont enregistrées directement au centre national, et aucun point n’est fait auprès des fédérations… qui ne peuvent donc mobiliser ou relancer leurs adhérents, faute de savoir qui s’est déjà ou non inscrit. Mais surtout, le siège ne fait aucune relance, ce qui est une erreur fatale : les gens qui se sont inscrits dès le 14 avril ont eu largement le temps d’oublier la date de ce meeting, et la faible couverture presse ne permet pas de leur rappeler.

Dernier point ubuesque : la semaine même du meeting, trouvant la mobilisation un peu faible, le siège décide de convier également les non adhérents. Imaginez un peu la réaction de ces gens, conviés à venir jouer les bouche-trous, et prévenus un peu tardivement pour s’organiser.

Peu étonnant, dans ces circonstances, que le nombre de personnes présentes ne dépasse pas les 300… Si vous en doutez, amusez vous à les compter sur la photo ci-dessus. Quand on sait que dans la presse, République Solidaire utilisera le prétexte d’une réunion réservée aux cadres pour justifier de cette très faible mobilisation, il y a franchement de quoi rire… jaune.

Ou comment il est complètement évident que l’équipe actuelle de République Solidaire n’est absolument pas en mesure d’organiser une campagne électorale. Les meetings et la mobilisation, c’est une partie importante : celle de la bataille de l’image…

3 – Le militantisme

Autre point, le plus (in)visible dans la population, l’action militante. Si les fédérations réunissent leurs adhérents, elles n’ont disposé de matériel militant… qu’en mai dernier. Et ce au terme d’une longue bataille. Brigitte Girardin, dans un premier temps, n’en voyait pas l’utilité. C’est sûr que faire connaître un nouveau parti à la population en mettant des gens sur les marchés, pour installer la marque, c’est une idée vraiment stupide.

Des cadres, qui n’ont rien lâché, on finit par faire valider un tract… avant de se prendre une bonne douche froide : il fut édité à 800 exemplaires, pour distribution lors du conseil national du 4 décembre 2010.

Il était donc destiné… à faire connaître République Solidaire à ceux qui y occupaient déjà des responsabilités. Sic. Le même jour, la lettre d’informations du parti était également distribuée aux participants, alors qu’il l’avaient tous reçue par mail. Elle faisait 10 pages… Il aurait donc été possible de tirer plus de tracts. Mais comprenez : les cadres avaient le tracts sur clef usb ! Pour l’éditer eux-mêmes ?

Au fil des mois, le trésorier a engrangé les devis envoyés par les responsables des fédérations pour faire éditer ces tracts. En bon gestionnaire, il a vite compris qu’il pouvait réaliser d’énormes économies d’échelle en les imprimant au national. Cinq mois pour en arriver à cette évidence, tant Girardin ne voulait en entendre parler. Pathétique… C’est donc en mai que chacun a pu passer sa commande, et démarrer les tractages en juin. Un an après la création du parti. Un an de perdu, juste parce que la Secrétaire Générale n’a pas la moindre idée de l’utilité d’un tract. Et ça veut mener une campagne présidentielle…

4 – Le fonctionnement interne

Dès le Club Villepin, le mouvement avait commencé à se structurer, par la nomination de responsables départementaux. République Solidaire s’est fondée sur un schéma un peu différent. D’emblée, Carignano a réussi à imposer, en plus du responsable départemental, un responsable du réseau social. Pour que sa petite manipulation –la constitution d’un réseau parallèle de fédérations- soit un peu moins visible, ils ont ajouté un responsable de la Mobilisation Citoyenne. Enfin, le traditionnel responsable Jeunes venait compléter ce tableau. Chaque département n’avait donc pas une mais quatre têtes. Et aucun vrai patron, les lettres de mission des uns et des autres montrant clairement qu’ils se marchaient les uns sur les autres. Toutes les conditions du chaos étaient réunies.

Hélas pour Carignano, sa petite manipulation pour se créer un système à sa botte n’a pas fonctionné. Multiplier les cadres est une chose, disposer des talents nécessaires en est une autre. Les responsables départementaux se sont montrés vigilants, et ont globalement travaillé en équipe, en prenant le lead sur leurs trois coéquipiers. Et dans les quelques endroits où les choses se passaient mal, le réseau social a un peu montré les dents… puis trépassé. Reste que cet épisode montre bien la mentalité des dirigeants de République Solidaire : diviser, pour mieux régner.

Il aurait pourtant été simple –et nécessaire, mais bon- de préciser les fonctions par la rédaction d’un Règlement Intérieur, qui aurait servi de référence et permis d’éviter ces désagréments. Du coup, pour la blague, aucun règlement intérieur n’existant, il est juridiquement exact d’affirmer qu’aucun de ces cadres n’a d’existence réelle. Ni donc, de responsabilités. Et si je vous dis qu’un projet leur a été transmis en mai ? Seraient-ils incapables de le lire, le comprendre, et éventuellement l’amender ?

Ces cadres, d’ailleurs, font un travail formidable. Oh, on pourra toujours trouver des moins bons dans le lot, ou des détracteurs dans leurs équipes départementales. Reste qu’ils ont le mérite d’essayer de faire tourner leur boutique, bien qu’étant totalement seuls, et sans aucun soutien. Depuis la création de République Solidaire, les seuls mails qu’ils ont reçu ont été des injonctions de Brigitte Girardin : pistolet sur la tempe pour récupérer des signatures pour la présidentielle ou mettre à jour leur page web sur le site officiel. A l’exception près des fichiers, envoyés, eux, chaque mois. Mais à part ça, aucune information, aucun élément de langage, aucune formation à la fonction. Une seule réunion des cadres a eu lieu… le 1er mai. Un échange verrouillé, destiné à appliquer la méthode Coué : je vais bien, tout va bien…

Un discours bien loin de la réalité. Si elle ne communiquait pas avec les cadres, Brigitte Girardin attendait cependant d’eux bien plus que la situation du parti ne leur permettait de faire, et n’hésitait pas à parler d’eux en termes insultants, les traitant tous de connards incapables. Au fil des mois, bon nombre d’entre eux ont jeté l’éponge. Parfois en usant un prétexte pour éviter l’affrontement, d’autres fois en claquant franchement la porte, à l’instar de ce responsable de Lyon qui n’en pouvait plus de tant d’amateurisme.

Et des cadres laissés à l’abandon, sans aucune directive, ça fait parfois des couacs. Notamment chez les Jeunes, totalement abandonnés. Déjà en juillet, les Jeunes Solidaires de Paris nous avaient bien fait rire avec leur fiche technique à la gloire de Brigitte Girardin, qui contenait un lapsus fort révélateur : dans le paragraphe sur ses activités ministérielles, « elle explique »… rien. Aucune phrase ne vient poursuivre sur cette lancée. Une bévue qui fait sourire : les Jeunes Solidaires de Paris sont dans le vrai, à leur insu.

Rebelote le 11 septembre, avec la publication d’une fiche du même type sur Jacques Le Guen, présenté comme un soutien de Villepin. Ce alors qu’en juin, le député du Finistère avait annoncé voter pour Sarkozy au premier tour en 2012. S’ils avaient eu un peu de background politique, ces jeunes auraient compris que Jacques Le Guen n’était encore membre du Bureau Politique de République Solidaire que dans l’attente du verdict de Clearstream, afin de ne pas abandonner son ami Dominique au creux de la vague. Là encore, rien de bien méchant.

Pauvres cadres livrés à eux mêmes… On ne peut que leur pardonner ces petites erreurs, lorsqu’on sait qu’ils sont seuls et sans formation. Mais pointer fermement les manquements de Brigitte Girardin en la matière, car en tant que Secrétaire Générale, elle porte la responsabilité de cette absence de niveau politique, de formation, et de sens de la communication.

Enfin, pour terminer, République Solidaire n’a pas su gérer l’après 14 septembre. Ni les cadres, ni les militants n’ont reçu d’argumentaires flashs, type élément de langage, pour se préparer à répondre sur le jugement de Clearstream. Aucun message concernant l’avenir n’a été envoyé, si ce n’est une énième relance pour faire rentrer de l’argent. Pire, les derniers fichiers reçus par les fédérations remontent au 5 juillet. A croire que la rentrée s’est faite en mode fantôme…

5 – Une analyse politique, euh… WTF ???

République Solidaire n’aura pas montré un grand sens politique, rejetant les rumeurs de collusion avec Nicolas Sarkozy –en raison des rencontres entre les deux hommes- à grand coups de burin bayrouesque, ce qui n’aura pas manqué d’étonner.

Mais surtout, ce qui a stupéfié en interne, c’est le tweet anti chiraquien de Christophe Carignano, le 10 septembre dernier. Ce texte laisse ni plus ni moins entendre que Chirac serait, pour Villepin, aussi nuisible que Sarkozy.

Surprenant que ce message soit encore en ligne… Est-ce la ligne de République Solidaire ? Ou tout le monde peut il écrire tout et n’importe quoi au nom du mouvement, sans aucun contrôle ???

Girardin, ou l’incompétence politique faite femme. Une triste réalité qui pourrait barrer la route de la présidentielle à Dominique de Villepin… à moins qu’il ne se décide enfin à se séparer de celle qui l’entraîne au fond du gouffre.  Désormais chacun le sait : la campagne sera sans elle, ou ne sera pas.

Nous partîmes 4000, nous arrivâmes 300

Dimanche 19 juin, convention nationale de République Solidaire, un an après la création du parti. En plein doute sur mon engagement du fait d’une organisation bancale, je ne m’y rends pas. Mais fidèle à Villepin, l’homme politique, je branche LCP pour suivre son discours. Et là, c’est le drame.

Dès le début, le ton est donné : « cette campagne, je la sens bien ». Ah bon ? A 2% dans les sondages, Villepin la sent bien ? Je m’étrangle, mais en même temps, aurait-il pu dire le contraire ? Je passe donc cette première erreur, regrettant toutefois ces mots qui me démotivent alors que l’objectif est inverse. Et peste contre cette référence à Nicolas Sarkozy : on ne fait pas campagne contre un autre, mais pour la France !

S’ensuit une longue victimisation sur le sort qui lui est réservé : « Si on avait pu rouvrir Cayenne pour moi, je crois qu’ils l’auraient fait ». Diantre, pas moins ! Je vois un homme blessé exhiber ses douleurs, et un sentiment de malaise m’envahit. Je vois un anti Chirac – « Qui se souvient de 1995 ? »-, Chirac qui justement ne s’appesantissait pas sur ses échecs, préférant toujours être tourné vers l’avenir. Je tombe de haut. A-t-il oublié qu’il souhaite accéder à la magistrature suprême ?

Vient enfin le temps du programme. Les propositions sont récitées, au milieu de moultes formules pseudo-poétiques qui rendent le discours illisible. On a l’impression qu’il plane. L’homme semble ailleurs. Comme absent de son propre discours. Crash en flammes…

Lorsque vient la fin du discours, j’ai la sensation de revivre l’explosion de la navette spatiale Challenger. On y croyait tous, on avait le bon matériel, et puis un joint a lâché et pffffiou, le magnifique oiseau s’est désintégré, sous les yeux de spectateurs incrédules. Aujourd’hui, je suis la spectatrice incrédule.

O rage ô désespoir ô amateurisme ennemi
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Pourtant, je n’en veux pas à l’homme d’avoir raté l’exercice. Face à un auditoire clairsemé de 300 à 500 personnes selon les sources (300 selon les photos publiées sur le Facebook de République Solidaire, il suffit de compter le nombre de chaises positionnées et les gens debout) –en raison de la fête des pères selon une bénévole (sic !)– je ne peux que comprendre qu’il ne soit parvenu à se transcender.

  • Comment peut on avoir si mal organisé la mobilisation qu’il ait subi l’affront d’une salle vide ?
  • Comment peut on l’avoir mis face à un pupitre dont la forme évoquait, c’est selon, un cercueil, ou la proue du Titanic ?
  • Comment peut on lui avoir conseillé de tenir ce meeting, alors qu’il n’a apporté aucun élément nouveau ?
  • Comment peut on le traiter ainsi ?

Dépitée, j’appelle donc à la révolution des esprits autour de lui, et à la résistance contre ceux qui l’entourent, condition sine qua non pour lui permettre de prendre enfin son envol. On ne gère pas une campagne comme l’amicale des boulistes du coin. On ne met pas un moteur de 2CV dans une Formule 1. Villepin mérite mieux, alors un peu d’ambition que diable ! Faute de quoi…

Zefml #1 : Ma première twitcam

Kesako ?

Twitcam est un outil de Twitter, qui permet d’effectuer des chats vidéo. Il suffit de se connecter via son compte Twitter (ou de créer un compte Twitcam), à condition d’avoir une webcam, de décrire rapidement votre chat, de déclencher le « live broadcast », d’indiquer à ses contacts l’adresse où se connecter et hop, c’est parti : chacun peut poser les questions qu’il souhaite… et à vous de répondre en direct !

Mon expérience

Pas très fan de tout ce qui peut me mettre en avant, c’est après avoir assisté à la twitcam de mon pote @jb_r que j’ai décidé de tenter l’exercice… un peu poussée par mes followers. Je suis donc passée sur le grill, répondant à une centaine de questions sur ma pratique de twitter (un peu) et la vie politique (beaucoup).

Au menu, j’ai eu pas mal de questions sur République Solidaire, Chirac, Juppé, Marie-Anne Montchamp, mais aussi sur ma vision de 2012, les adversaires politiques qu’ils soient du PS, d’Europe Ecologie Les Verts ou encore le FN.

Passé l’inconfort d’être seule face à une caméra, l’expérience s’est révélée amusante, les followers ayant joué le jeu et posé des questions intéressantes. Je regrette simplement de ne pas les avoir toutes vues, et donc d’en avoir sauté certaines qui auraient mérité une réponse.

Limites

L’absence de modération nuit grandement à l’outil. En 1h30 de conversation, ma timeline a été parasitée par quelques trolls peu nombreux mais prolixes en matière d’insultes. SI la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, il faut reconnaître que ces insultes perturbent la lecture des questions et donc  la fluidité des réponses.

Embryon de solution : être à deux, l’un relevant les questions et l’autre y répondant.

Et après ?

L’outil est intéressant et peut permettre d’entamer une discussion. J’y vois une application évidente pour les campagnes politiques, à condition de cadrer les sujets. Attention cependant : l’outil ne souffre aucune langue de bois !

Débat du second tour : ambiance match de foot !

Après la petite finale, entre Ségolène Royal et François Bayrou, qui a explosé l’audimat, se jouait hier la grande finale entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, en direct live sur tout plein de chaines de TV et même de radio, 35 au total ayant demandé la possibilité de diffuser. Le tout devant 20 millions de téléspectateurs. Amazing !

Comme me l’ont conseillé les états-majors de campagne de Ségolène et de Nicolas dans leurs mails, j’ai passé cette soirée de la manière suivante : devant ma télé, avec des amis. Ou plutôt, devant la télé d’un ami, avec trois de ses amis. Oui nous n’étions que cinq, c’est plus pratique pour s’entendre commenter.

Composition des équipes : à ma gauche, K-mel, un homme de gauche, à ma droite, moi de droite, et au centre, Chouchou, l’arbitre ex-droite basculé au centre, et Mick et Elé, un couple encore indécis.

Notre terrain de jeu consiste en un salon composé de deux canapés et un plasma, et une table basse dotée quelques victuailles –petit dîner top bon d’ailleurs- et ce qu’il faut de boissons à 12,5° pas plus, au-delà on est trop rapidement saoul et un soir de match –pardon de débat- ça n’a aucun intérêt.

A partir de 20h30, l’ambiance commence à monter. Chacun jauge les adversaires, devant une coupe de champagne. La joute oratoire qui s’annonce entre nous se jouera essentiellement entre K-mel et moi, pour gagner les indécis, sorte de match retour du verre que nous avions pris après le meeting de Bayrou.

Question cruciale : le choix de la chaîne pour regarder le débat. France 2 fait l’unanimité. Le signal diffuse l’arrivée des candidats, pour un peu on nous les montrerait en train de se faire maquiller.

Fatalement, les commentaires fusent sur la tenu des uns et des autres. K-mel me convainc sans peine sur la montre de Sarkozy, trop grosse –manquerait plus que la chaine en or- mais je préfère m’attarder longuement sur le col Mao de Ségolène Royal et toute la symbolique communiste incluse dans ce choix de chemisier !

21h. Premier incident. France 2 grésille ! La mauvaise qualité de réception durera 13 minutes. Merci à Jean-Marc Morandini pour l’info –en direct sur son blog- car nous avions zappé depuis longtemps… sur TF1.

Ouverture du débat. Sur le ring, K-mel et moi nous affrontons.

Objectif : faire basculer les deux indécis. Etant de droite, je défends les couleurs de ma famille politique.

On s’interpelle, on balance nos chiffres, on vit intensément la joute qui les oppose et nous oppose, même si nous, nous sommes plus pragmatiques, et acceptons de reconnaître les qualités de notre adversaire et les défauts du nôtre.

Conclusion. Au terme de ces 2h40 de joute oratoire, reste l’impression d’avoir vécu un moment passionnant. La discussion a été animée entre les cinq protagonistes que nous étions, mais jamais agressive. Chacun a fait preuve d’honnêteté, et a accepté de laisser les dogmes au vestiaire.

Un mot me vient en tête : respect. Merci à eux pour cette excellente soirée : c’est comme ça que j’aime la politique ! Et chez vous, c’était comment ?