Spécial Toussaint : une UMP en état de décomposition avancée

En cette soirée d’Halloween, quelle thématique politique évidente que l’agonie de la droite… En cette veille de fête des morts, quel sujet plus approprié que la rapide décomposition d’une UMP même pas certaine de souffler ses dix bougies le 17 novembre 2012 ?

Le Monde a du avoir la même idée, puisque le journal du soir nous a gratifié aujourd’hui de cette infographie. Et là, franchement, j’ai bien ri. Le journal du soir a en effet entrepris de recenser les différents courants de la droite, en interne à l’UMP et en externe. Ainsi, Le Monde recense pas moins de 15 clubs riens que dans l’UMP, et 9 partis dans la galaxie. Et là, il y a du lol à tous les étages.

En effet, le journal s’est un peu laissé abuser par les partis externes. Afficher 25000 adhérents pour République Solidaire, c’est franchement excessif, même en comptabilisant ceux qui ne sont pas à jour de cotisation. Idem pour d’autres structures. Le commentaire est lui aussi un peu à côté de la plaque : les clubs internes à l’UMP ne sont pas apparus sous Nicolas Sarkozy… la grande majorité d’entre eux existaient dès la création de l’UMP, ou se sont montés rapidement après son lancement.

D’ailleurs, il ne s’agit pas vraiment de courants, mais plutôt de micro structures destinées à la seule gloire de leur leader, pour qu’il puisse négocier des postes en interne ainsi que sur les listes électorales, et donc jouer des coudes entre eux. Rien à voir avec de prétendus courants de pensées. Car question travaux, seul Dialogue et Initiative a vraiment servi de boîte à idées lorsque Jean-Pierre Raffarin, l’un de ses fondateurs, était premier ministre. Les autres se réunissent, mais ne sont guère productifs. Plus drôle encore, d’une réunion d’un club à l’autre, on croise souvent les mêmes prétendus adhérents.

Et pour une raison simple : les courants ne sont pas reconnus dans l’UMP. Contrairement à ce qui est souvent dit dans les médias, l’UMP a pourtant essayé rapidement après sa création de mettre en place ses courants. C’était 18 mois après la création de l’UMP, lors du conseil national du 9 mai 2004 aux docks de l’UMP. La motion Juppé –alors président de l’UMP- proposait la création de courant et leur octroyait des moyens.

Elle a recueilli 58% des suffrages –un vrai vote, pas un scrutin à la soviétique- et pour l’appliquer, il suffisait qu’elle soit ratifiée lors du Congrès suivant par les adhérents. Le Congrès suivant, c’était celui de l’élection de Sarko… Il aurait été possible de faire ratifier cette motion à cette occasion. Mais voilà : le président-to-be de l’UMP n’en voulait pas. D’où la voix monocorde aujourd’hui du parti majoritaire et l’aspect monolithique de l’UMP… que son président fondateur Alain Juppé avait tenté d’éviter.

Pendant ce temps du côté de Paris, ça ne va pas mieux entre François Fillon et Rachida Dati, qui se crêpent le chignon autour de la deuxième circonscription de Paris. Qui sera investi pour porter les couleurs du parti majoritaire ? Face à cette ambiance très Dallas, l’ancien sénateur et toujours président du Conseil Général de l’Orne, Alain Lambert, a décidé de se lancer dans la bataille… s’il obtient l’investiture centriste (vu qu’il soutient François Bayrou). Pour une raison simple : si Dati et Fillon se chamaillent, pourquoi ne pas mettre tout le monde d’accord en choisissant quelqu’un d’autre ? En voilà une bonne idée !

Sa candidature serait une excellente nouvelle pour les parisiens concernés, à qui elle offrirait un choix de qualité. Connaissant Alain Lambert, sa liberté de ton –s’il fut sarkozyste, il en est revenu et n’hésite pas à assumer tant son soutien passé que son éloignement depuis sa prise de conscience-, et sa vraie compétence en matière de Finances Publiques, la deuxième circonscription de Paris a tout à y gagner. Mon conseil à Alain (oui, je l’appelle Alain) : qu’il y aille, même sans étiquette, cela relèvera l’image de la droite…

Parce que l’UMP, en ce moment, peine à dépasser le degré zéro de la politique. Nouvel exemple ce soir avec  Valérie Rosso Debord qui, invitée au Petit Journal, a apporté sa pierre à ce musée des horreurs, histoire de bien fêter Halloween : selon elle, « la droite, c’est considérer que l’individu prime le groupe ». Oui vous avez bien lu, il manque un mot. Sûrement quelques neurones aussi. La preuve avec ce nouvel extrait. Alors que Yann Barthès lui demande ce qu’en temps que femme de droite elle a fait aujourd’hui, elle répond : « Aujourd’hui j’ai fait une tarte pour moi-même ». 

Avant de se prendre les pieds dans le tapis en tentant de prolonger son propos via la métaphore culinaire, une idée très tarte : « L’idée pour nous c’est que la tarte doit grossir pour que chacun en ait un morceau ». Rhooo le cliché… avant de finir carrément le nez –non, pas de blagues sur son physique, y’a assez à faire sur son unique neurone- dans le pétrin : « C’est la différence entre les 35h et le travail pour tous ». Oh je vous vois venir, à tout de suite relever qu’en France il n’y a pas de travail pour tous et que les chiffres du chômage explosent. Trick or Treat ? 

Hey les gens, on parle de Valérie Rosso-Debord là. Une cliente parfaite pour un épisode Confessions Intimes sur le thème Je suis de Droite, j’achète mes robes à la Redoute pour sauver l’économie locale parce que je n’ai pas compris qu’elles sont fabriquées en Chine, et je choisis des modèles grand-mère parce que  je tente de prôner la solidarité, mais non je déconne en fait j’ai découpé mes rideaux  sans parler des blagues salaces sur le Ch’Nord que l’on pourrait faire à son propos. Non, non, non, ici on n’attaque pas sur la personne, juste les idées. Alors qu’on pourrait franchement se lâcher.

Quand on pense qu’elle est sur les rangs pour être porte-parole de la campagne de Sarko… C’est gentil de prévoir les distractions pour les observateurs de cette présidentielle. Ceci dit vu le festival de cinéma prévu par l’UMP avec rediffusion de tous les Scary Movie incluant les bêtisiers et scènes inédites en guise de campagne pour 2012, pourrait-on penser à nous livrer aussi les pop-corns ? En vous remerciant !

Ci-gît l’UMP…

Pendant la primaire, Martine Aubry qualifiait François Hollande de gauche molle… et bien je n’hésiterai pas à qualifier l’UMP de droite folle.

L’après-primaire est en effet vécu de manière totalement disproportionnée à droite. En la matière, l’UMP n’a pas manqué de faire quelques jolies sorties de route.

Face à cette attitude responsable, encore une fois la droite me fait honte. Tout a commencé pendant la primaire. Le parti majoritaire n’envisageait pas de voir l’opposition intéresser les médias, fascinés par cette nouveauté. L’UMP a donc commencé à aboyer, notamment par la voix des habituels débiteurs d’éléments de langages préfabriqués à l’Elysée : Copé et Morano. Dans le même temps, le secrétaire général de l’UMP, obnubilé par le PS, s’est mis en tête d’organiser la riposte.

Ainsi durant les trois débats de la primaire, les jeunes de l’UMP étaient invités à se retrouver au siège du parti, au 55 rue La Boétie, pour… tweeter ensemble sur les débats, en direct de l’UMP. Que doit-on penser d’un parti qui ne se positionne pas sur des valeurs, pour un projet, mais contre celui du voisin ? C’est un peu court… Et négatif. Me revient à ce moment là en tête un tract que les jeunes pop avaient réalisé en 2004 contre les extrêmes de droite comme de gauche. Avec cette accroche : « Ils veulent tout détruire. Nous, nous voulons tout construire ». Les Jeunes Pop de 2011 semblent avoir rejoint le côté obscur de la force, celui qui détruit mais sans rien proposer. Adieu les idées.

Au soir du second tour, le parti majoritaire en remet une couche, allant de plateau télé en plateau télé pour beugler les mêmes phrases compilées sur les petites fiches préparées à cet effet. C’est étonnant cette incapacité à s’approprier des éléments de langage pour les exprimer avec ses propres mots… Parfois je m’interroge sur le niveau des politiques qui se sont prêtés ces derniers jours à l’exercice : simple fainéantise ou réelle incapacité ?

Ainsi Pécresse, sur le plateau d’I-télé, débite bêtement les éléments de langage avec lesquels on l’a droguée, et évoque justement les divisions de la gauche, notamment sur l’aspect programmatique. D’une part, elle ne semble pas bien avoir compris le principe de la primaire. Qui figure pourtant dans les statuts de l’UMP et que son parti a déjà expérimenté, notamment aux municipales à Paris en 2008.

Comme le rappelle très justement l’excellente Cécile Renson, lorsque le processus fut lancé, Nicolas Sarkozy disait alors : « Paris donne l’exemple, mais ce n’est qu’un début ». « Ce que j’ai voulu pour Paris, je le veux tout autant pour l’échéance présidentielle ». Et maintenant la primaire serait un mauvais système ? Toujours ce manque de cohérence sur la durée… D’autre part, Pécresse oublie les divisions de la droite, qui sont telles qu’une partie s’est déplacée pour voter avec conviction à la primaire, faute de se reconnaître dans le soi disant candidat naturel de Tribord !

Mais le pire était encore à venir, avec la tenue annoncée sur tous les plateaux d’une convention de l’UMP destinée à démonter le projet socialiste. Une fois de plus –et malgré le hashtag trompeur de #Projet2012, à moins que le projet de l’UMP ne soit celui du PS !-, l’objectif n’était pas de faire des propositions, mais bien de taper sur celles des voisins. Ou quand l’UMP a un petit problème d’autonomie dans la construction –hypothétique à ce stade- de son projet… Hélas, lors de cette convention, j’ai simplement vu la droite la plus bête du monde céder à la facilité.

Comme prévu, ce fut un florilège de petites phrases, d’attaques gratuites, de manipulation mentale à base de chiffrage du programme du PS erroné –les nouvelles mesures ont été comptabilisés, pas celles supprimées et de surcroît, le mode de calcul n’a pas été communiqué, et même le Premier Ministre reconnaît que les prévisions de croissance sont impossibles à réaliser, ce qui rend caduque tout chiffrage de projet-, sous le haut patronage de quelques ministres priés de venir communier, d’élus, et de secrétaires nationaux que personne ne connaît. Certes, du monde s’est bousculé à la tribune pour afficher son appartenance à l’UMP. Mais toujours pas l’ombre d’une idée.

Tout ça pour ça. Tant de foin au sujet du temps de parole accordé au PS –parce que c’était l’actualité- pour finalement ne rien proposer d’autres qu’attaques sans fond et autres quolibets type affichés en A3 sur les pancartes de fortune distribuées à l’entrée. Ou l’incohérence mise en scène et reprise par toutes les télés.

Si les intervenants sont venus nombreux –souvent des seconds couteaux poussés par le souci de décrocher leur investiture- ils n’ont pas su développer autre chose que des phrases toutes faites. Copé a présenté un discours d’une violence rare, que rien ne justifiait. Lancar a exposé un argument contre les emplois jeunes… qui pourrait être utilisé pour défendre le contrat de génération d’Hollande ! Les plus hardis ont évoqué la politique gouvernementale, se livrant à un exercice de bilan, et non de campagne. A ce jeu Baroin et Le Maire se sont montré bien au dessus du lot… hélas totalement hors sujet. Mais était-ce vraiment un hasard ?

Comment le parti majoritaire peut-il imaginer parvenir à rassembler la droite sur un mouvement négatif, fusse ce contre ses opposants ? Une campagne, c’est un élan, quelque chose de positif, qui entend apporter un avenir meilleur à nos concitoyens. Aussi comment, par cette action de dénigrement, espère-t-il  réunir la droite, déjà bien dispersée ? Comment fédérer, avec ce triste spectacle qui a omis l’essentiel, à savoir les idées ? Si la sécheresse mène la vie dure à nos paysans, il semblerait que l’UMP soit également en rade d’idée. Et l’agressivité ne constitue pas un programme : si les militants peuvent un instant se consoler en tapant sur le vainqueur de la veille –la primaire a donné une image favorable au PS- ça ne peut en aucun cas suffire pour rassembler la droite et les Français.

L’absence de plusieurs personnalités d’ampleur à droite semble confirmer la donne, même si Copé persiste à clamer que la majorité est rassemblée. Méthode Coué, certainement. En effet, si tous les premiers ministres ayant officié depuis les vingt dernières années étaient absents. Si Balladur ne se montre plus guère et que Villepin a quitté le parti majoritaire pour fonder (puis quitter) le sien et annonce au même moment lors d’une intervention à l’Université Paris Dauphine que son « engagement à participer à la présidentielle de 2012 est total », reste tout de même Fillon, l’actuel locataire de Matignon, Juppé et Raffarin. Pas un d’entre eux n’a fait le déplacement : les éminents fuiraient-ils l’UMP ? La question mérite largement d’être posée.

Raffarin, d’abord, qui depuis quelques temps, a pris ses distances avec le parti majoritaire, lassé par les sorties de route des perroquets sans envergure. Alain Juppé, quant à lui, persiste à tenir son rôle de numéro 2 du gouvernement, en soutenant Nicolas Sarkozy. Mais en appliquant le service minimum. S’il déclare officiellement soutenir Nicolas Sarkozy de toutes ses forces, il faut tout de même lire les petites lignes tout en bas du contrat : le meilleur d’entre nous ne vas tout de même pas jusqu’à participer à ce show grand-guinolesque. Faut pas déconner.

Et que dire de Fillon ? Le Premier Ministre semble avoir définitivement jeté l’éponge. Candidat aux législatives puis municipales déjà annoncé à Paris, il a en effet donné un signe tangible du peu d’espoir qu’il porte en la droite pour 2012 : en additionnant son statut de Premier Ministre, la circonscription très favorable dans laquelle il envisage de se présenter (la 2ème, qui comprend une partie du 5ème, du du 6ème et du 7ème arrondissement), la Fédération de Paris dans laquelle il a placé ses collaborateurs depuis longtemps, et l’élan censé être donné par la présidentielle, il devrait être élu les doigts dans le nez. Alors pourquoi partir si tôt ? La confiance règne…

Puisque le PS était l’objet de cette convention, je ne saurai que conseiller à l’UMP de s’inspirer de son irritante chanson, et d’envisager sérieusement de tourner la page de Sarkozy… l’homme qui a mis l’UMP en état de mort clinique, puisqu’elle nous a montré aujourd’hui disposer d’un encéphalogramme plat. En ce sens, c’est le fond bleu –pour la droite- dans lequel se sont noyés les intervenants qui était le mieux pensé.

J’y ai vu l’océan glacé, et la majorité rester vaillamment sur le Titanic, prise au piège du mastodonte, avec un Copé chef d’orchestre jouant jusqu’à ce que mort s’ensuive… ce qui ne manquera pas d’arriver. Que ce soit au printemps prochain –et le plus tôt sera le mieux- ou dans cinq ans. Pendant que quelques uns, ont déjà pris les canaux de sauvetage, faisant l’impasse sur 2012, pour mieux œuvrer à la reconstruction de la droite.

Quant au capitaine, il reste dans sa cabine, maintenant droit le cap sur l’iceberg. Plus personne n’en doute : si sur un malentendu, il parvient à survivre en tant que président, ce sera de toutes façons au prix de la mort de l’UMP. Copé l’a déjà enterrée. RIP.

#UEMedef11 : Day One

Au terme de cette première journée, et à l’heure de vous en livrer le compte rendu, un sentiment domine : les échanges furent riches et intéressants, et à part quelques exceptions sur lesquelles je reviendrai, à la hauteur de ce que j’attendais.

Premier bon point pour le Medef, l’accueil irréprochable. Dès notre arrivée sur le site, nous avons récupéré nos badges rapidement, puis découvert l’espace dédié aux blogueurs : connexion réseau à dispo, infos réactualisées en permanence, retransmission des plénières, prises pour recharger nos multiples appareils –merci l’infrastructure HEC-, mais aussi boissons et bouffe, histoire de ne pas avoir à courir après le sandwich. Ca peut sembler trivial, mais ce petit détail nous permet de pouvoir travailler sans nous soucier de l’intendance. Autre bonne surprise, la presse est à disposition : Le Parisien, La Tribune, Les pages Saumon du Figaro, et… Libé ! Ce dernier titre ayant involontairement partipé au faux-bond de dernière minute d’Eric Woerth à cette université d’été.

Le cadre, ensuite. Alors là, pour avoir participé à l’organisation de trois grosses universités d’été –celles de l’UMP-, j’ai un bon aperçu de la configuration d’un site et de son optimisation. Et je dois bien l’avouer, la plénière m’a bluffée. Loin du traditionnel chapiteau, l’arrière scène est transparente, assurant ainsi à la salle une grande luminosité. A la fois classe et agréable. Du coup, on a envie d’y prendre racine…

A vrai dire, le seul truc que je n’ai pas aimé dans cette ambiance pourtant sympa, c’est cette fâcheuse habitude qu’ont les participants de nouer le Tshirt officiel, qui leur est remis en cadeau, sur leurs épaules. Soooo cliché ! Quitte à afficher un look de droite, je préfère largement le chèche rouge qui sert de signe de reconnaissance aux organisateurs. Voilà pour l’incontournable séquence Fashion Police.

Passé ces considérations pratiques et esthétiques, attachons nous au fond. Fidèle à sa réputation, et en dépit d’intitulé de tables rondes parfois surprenants –je VEUX faire partie de l’équipe de brainstorming ! -, le niveau était au rendez-vous. Tant mieux pour  Medef, qui affiche clairement ses intentions : pour Laurence Parisot, il s’agit de préparer cette « rencontre importante de début novembre entre la communauté Business et les chefs d’Etat » par ce B20, préalable au G20 qui se tiendra début novembre sous présidence française. Elle marque ainsi sa volonté de tenir un rôle politique et de s’affirmer clairement. D’ailleurs, et c’est une nouveauté cette année, cette université d’été sort, dans les problématiques choisies, de son habituelle neutralité : le Medef s’assume, dans l’optique évidente de la campagne présidentielle. Ca tombe bien, je suis là pour ça aussi. Et comme en politique on adore ça, je vous ai compilé un petit best-of des phrases les plus croustillantes de la journée.

Du high level, donc, il y en aura tout au long de ces 3 jours, et ça a démarré sur les chapeaux de roues, avec l’intervention d’Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen. Cet éminent économiste, qui, comme l’a rappelé en introduction Laurence Parisot, fait partie des rares ministres des Finances à avoir réussi à réduire le déficit de son pays lorsqu’il était en poste, a livré sa vision du rôle que doit tenir l’Europe dans la gouvernance économique mondiale. Soyons honnêtes, ça n’est pas tous les jours qu’on voit le président du Conseil Européen, du coup, on en attend beaucoup. Il fut tout simplement captivant. Du coup, j’en viendrais presque à pardonner à Laurence Parisot sa boulette sur Twitter… mais en fait non, j’en ai quand même fait un papier. Parce que Saperlipopette !

J’ai choisi d’assister ensuite à une table ronde Témoignages intitulée Plus forts après la crise… qui m’a nettement moins emballée. J’avoue l’avoir choisie pour de mauvaises raisons. Cette table ronde promettait un plateau ravageur, en programmant sur le même plateau Frédéric Lefèbvre, Nadine Morano, et Eric Woerth. Le super méga combo.

Malheureusement, Woerth a annulé sa participation, en dernière minute. Restaient les deux lascars, Lefèbvre et Morano. Ils furent… tels qu’on les connaît, c’est-à-dire des perroquets d’une autopromo gouvernementale, option SAV intégrée. Sans véritable recul, sans profondeur, de simples transmetteurs d’un argumentaire entendu 100 fois sur leur politique magnifique. Valeur ajoutée, zéro.

Lors de cette table ronde, il n’aura cessé de tenter de se faire aimer par les entrepreneurs, tel  un paon en pleine parade amoureuse. Sauf que je suis blogueuse, pas anthropologue. Hors sujet. Finalement, en loupant ce grand O devant les patrons, Frédéric Lefèbvre reste le porte parole de l’UMP qu’il fut, mal engoncé dans le trop grand costume pourtant pas bien large de sous ministre.

C’est d’un triste, de voir quelqu’un qui a atteint son seuil de compétences…  Et surtout de constater que le secrétaire d’Etat en charge de tous les dossiers intéressant les entreprises soit si peu intéressant. A croire que son titre est plus long que sa pensée… Du coup, furieuse envie de divaguer. De demander à Lefebvre si son costume est de chez Zadig et Voltaire, parce que franchement, que dire d’autre ? Désolé, mais je ne vois rien à la hauteur d’Herman Van Rampuy. Et je ne me déplace pas à Jouy en Josas pour voir une rediff de Ma politique à moi que j’ai enfin mon Sarko elle est trop bien.

Allez, à la hauteur de leur vide intersidéral, je vous livre une petite info Coulisses : avant la table ronde, Lefebvre et Morano se sont joyeusement évités, pas salués, ni même regardés. Y’aurait-il de l’eau dans le gaz ? Du rififi au gouvernement ? Je ne peux l’affirmer d’autant que j’ai quitté cette table ronde avant la fin, ravagée par l’ennui qu’ils me prodiguaient, et donc pas vu s’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, ou tout autre happy end digne des contes de fées ou autres blockbusters hollywodiens. D’ailleurs, pardon aux autres intervenants qui eux, avaient peut être des choses à dire. Mais contrairement à mes voisins Georgette et Marcel, qui ont osé piquer un petit somme pendant l’intervention d’Herman Van Rampuy, quand les deux lascars m’ont saoulée, j’ai quitté la salle.

J’ai alors rejoint quelques camarades blogueurs pour participer à un atelier sur le Club Ambition Sport, une structure proposée aux entreprises dans l’optique des Jeux Olympiques de 2012. Puis j’ai rejoint la plénière pour participer au dernier plateau, consacré à la gouvernance mondiale. Et quel plateau ! François Baroin, Pascal Lamy, Laurent Fabius, Jacques Attali, et j’en passe ! Que du beau monde, pour des interventions de très haut niveau. Ayant du quitter cette table ronde prématurément, c’est en replay, grâce à Medef TV, que je suivrai en différé cette table ronde. Mon compte rendu sera donc… pour plus tard !

Comment terminer sans évoquer mon réel plaisir de revoir Steph, chef cab de Laurence Parisot, bien connu dans une vie antérieure, et Raph, du Pôle Adhérents du Medef, et ami de longue date. Demain, vous découvrirez encore de nombreux articles sur les ateliers et les coulisses… et notamment les pots et soirées. En attendant, un petit cadeau Bonux : je vous ai préparé un petit florilège des meilleures phrases de cette journée. A savourer !

Majorité : des fissures aux crevasses

Le débat sur l’identité nationale, lors des dernières élections régionales avait déjà montré quelques fissures dans la majorité sur la stratégie redondante de Nicolas Sarkozy depuis 2002 : le recours systématique à la thématique sécuritaire.

Les agitations actuelle du président de la République ont creusé l’écart : désormais, il y a les fous de Dieu, qui suivent leur maître contre vents et marées quitte à dire n’importe quoi, et ceux qui s’élèvent contre la fuite en avant, porteuse de vieux relans des sombres heures de notre histoire. Autant dire que les fissures sont devenues crevasses !

Dans la première catégorie, se trouvent comme d’habitude les excités du président, qui ne vivent politiquement que par lui –Morano, Paillé, Lefèbvre- et quelques électrons libres en mal de médias, comme Vanneste. Paillé comme Vanneste, en mal d’argumentaire politique percutants, s’en sont ainsi pris ce matin à la composition du Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale () ou comment détourner des critiques portées contre la France… en attaquant un organisme de l’ONU. Minable…

Ces éternels seconds couteaux, désespérés wanna be de la vie politique française, sans autre foi que celle du chef, sans autre idéologie qu’« un pour tous, tous pour un », peu importe le sujet pourvu qu’il soit électoralement porteur… pour le chef, ce roi qu’il faut satisfaire, ce qui leur permettra de rester à la cour et d’exister encore un peu. Ce ne sont que les stormtroopers de la Sarkozie.

Dans la seconde catégorie se trouvent les ténors de la droite, ceux que les aléas de la vie politique a privé d’un autre destin, mais qui disposent encore d’un cerveau. Exemple type : Alain Juppé. Ce dernier, soucieux de préserver une certaine union de la droite, qu’il contribua à construire à la création de l’UMP, ne veut pas diviser. Pour autant, il ne peut tout accepter, et livre sur son blog ses impressions quant à la dérive . C’est ainsi que « le meilleur d’entre nous » tente le grand écart entre ses idéaux, et la droite parlementaire actuelle, incarnée par la Sarkozie. Au nom de la droite dont il ne veut participer à la désintégration.

Au-delà du sujet Sécurité, ce malaise, à droite, et ces prises de position de plus en plus éloignées du chef tiennent essentiellement à la méthode Sarkozy, de plus en plus critiquée. A force de jouer, trop de com a tué la com… Le sondage CSA/Marianne à paraître demain, et qui contredit le sondage IFOP de la semaine dernière, sur ce même sujet de la sécurité, fait vaciller la politique des sondages :  selon les chiffres de CSA, les français seraient 69% à trouver inefficace la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis 2002.

Prémonitoire ou pas, pour ce qui est de sa gestion de la France, le sondage sera grandeur nature en 2012…

Sarko, le bug : rupture de la connexion avec le peuple

Durant toute sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy est apparu comme l’homme fort de la fin des années 2000. Celui qui ne reculerait devant rien. Celui dont l’énergie déplacerait des montagnes. Un homme de pouvoir doté d’une telle capacité à bouger que rien ni personne ne pourrait l’atteindre. Dans l’imaginaire collectif, Sarkozy était un roc. Et tout a basculé.

Au delà des nombreux couacs internes à la majorité, que ce soit les prises de position de ministres, ou les votes par erreur humaine (ou pas) de certains parlementaires, par deux fois, Sarkozy lui-même a franchi la ligne jaune. Par deux fois, le pouvoir en place a tenté de faire de jolis cadeaux aux hautes sphères, à l’image de ces rois qui n’entendaient pas le peuple gronder. Et été obligé de reculer, pour éviter de consommer le divorce avec une population qui ne fait plus confiance aux politiques. Par deux fois, le chef a perdu sa légendaire Sarko’s touch.

Première affaire, en novembre 2009. Nicolas Sarkozy, soucieux de préparer sa succession dans son fief des Hauts de Seine, veut faire monter en puissance son fils Jean. Politiquement, cela se comprend. Mais il s’y prend mal, en voulant faire nommer le gamin, en échec universitaire et novice en politique, à la tête de l’EPAD de la Défense. La nouvelle choque fortement l’opinion. Dans un premier temps, la Cour défend le Prince. Mais face aux accusations de népotisme, et à l’effet dramatique dans l’opinion, Sarkozy recule. Premier gros revers pour un homme qui avait démontré jusque là son habileté politique.

Seconde affaire, en janvier 2010. Henri Proglio, ancien patron de Véolia, cumule son salaire de PDG d’EDF avec une indemnité de président non exécutif du conseil d’administration de Véolia. Contrairement à la promesse faite au moment de sa nomination chez EDF par Christine Lagarde qu’il ne conserverait qu’une nomination. Comme pour l’affaire Jean Sarkozy, la nouvelle choque, la Cour s’empresse de justifier les faits, avant de perdre la main lorsqu’in fine, Proglio renonce à toucher l’indemnité de Véolia. Une seconde fois, Sarkozy n’a pas su sentir l’opinion et trancher dans le bon sens.

Après seulement deux ans et demi de pouvoir, il reste politiquement incompréhensible qu’autant d’erreurs se soient accumulées. Pourquoi après l’été, la machine s’est autant emballée ? Pourquoi personne n’a pu arrêter le massacre ? Comment se fait-il que personne n’ait anticipé une telle gabgie ? Comment un homme qui clamait tant sa proximité avec le peuple a pu oublier son objectif premier ?

Outre les couacs internes à la majorité, en à peine 3 mois, Nicolas Sarkozy a subi un énorme bug dans le logiciel « proche du peuple ». Et sa Cour, rompue aux courbettes et incapable de réfléchir à la meilleure manière de protéger son boss, s’est acharnée à défendre ses prises de position.

Ministres comme wanna-be-ministres, les mêmes ont tenu les discours les plus invraisemblables, au nom de la solidarité gouvernementale. Les Eric Woerth, Luc Chatel, Dominique Paillé, Nadine Morano, sans oublier l’incontournable et insupportable Frédéric Lefèbvre, ont répandu leurs flatteries sur les ondes, fut-ce dans l’erreur.

Délaissant le sens politique au profit du sens de la survie gouvernementale, ils sont devenus les bouffons du roi. Cette Cour, théoriquement constitués d’esprits brillants, s’est tellement auto-censurée qu’elle ne parvient plus à jouer son rôle de garde-fous. Rassurant le maître sur sa grandeur, elle a largement contribuer à le couper du peuple et de cette connexion privilégiée dans laquelle il aimait tant puiser.

Désormais, lorsque le roi triste sort de sa tour d’ivoire, il ne se déplace plus qu’avec des cars de CRS, et l’on s’assure avant d’un casting complaisant. Dès lors, faute de rencontrer la France, il ne peut plus que l’imaginer. Sans que jamais personne ne vienne questionner ses idées. Coincé dans son palais doré, prisonnier d’une Cour incapable d’esprit critique et de lien avec le terrain, le chef a buggé.