Chacun cherche sa droite

17 juin 2012. Les urnes ont parlé. La gauche a remporté ces élections législatives, dans la foulée de l’élection présidentielle. La droite, elle, a perdu. Lapalissade me direz-vous.

Non, elle a juste perdu. Elle n’a pas pris une énorme claque, puisqu’elle dispose de 226 députés (droite parlementaire). Le meilleur marqueur en est incontestablement le seul levier qu’il manque à la gauche : celle-ci ne dispose pas de la majorité des 3/5ème au Parlement, et ne pourra donc pas modifier la Constitution seule.

Pourtant, des claques, il y en a eu. Et des deux côtés. Les parachutés Ségolène (Royal) et Jack (Lang) ont échoué aux portes du palais Bourbon, obligeant la gauche à bannir le local ayant osé se maintenir en dissidence et dans le même temps, à revoir son casting pour le perchoir. A droite, les grandes gueules du sarkozysme ont trépassé : Nadine (Morano), Fredo (Lefebvre), Valérie (Rosso Debord), mais aussi Guéant, Vanneste, Garraud, Peltier.

Quelle meilleure situation la droite aurait-elle pu rêver au soir du 17 juin ? D’un côté, le PS doit gérer les suites d’une rocambolesque histoire personnelle mêlant fesses et twitter –le tweet vengeur de Valérie Trieweiler, première dame, encourageant l’opposant à l’ex du président, laquelle a perdu, quel vaudeville !- et de l’autre, la droite se retrouve débarrassée de certains personnages hauts en couleurs qui ont souvent porté atteinte à sa crédibilité. Voire à son pacte fondateur. A ses valeurs. Un sujet sur lequel l’UMP doit se pencher.

Hasard ou coïncidence, le calendrier l’impose. En effet, en novembre prochain, l’UMP réunira en congrès l’ensemble de ses adhérents pour se doter d’un nouveau chef de file, pour un mandat de 3 ans renouvelable. Voter pour un président, c’est bien, mais pour quelle vision de l’UMP ? Quelle philosophie ? Quelles valeurs ?

Avant de se choisir un chef, l’UMP doit se repositionner. Non pas, comme l’imaginent un peu simplement certains, en se mettant dans la roue du sarkozysme ou au contraire en se différenciant par la volonté de créer son propre courant, mais en s’interrogeant sur le sens de l’Union. Qu’est ce qui unit la droite parlementaire ? Quels en sont les contours ? Quelles en sont les frontières infranchissables ?

Autant de questions qui ont été mises en exergue par les deux scrutins qui viennent de se dérouler : la présidentielle, avec le rejet de la stratégie de dérive droitière de Nicolas Sarkozy, et la législative, avec l’échec des tenants de cette stratégie (à l’exception notable de certains ténors de la droite populaire, bien implantés dans le sud Est de la France).

Si l’échec de la droite aux législatives était prévisible, il aura au moins permis à l’UMP de gagner un temps précieux dans cette réflexion, car personne ne pourra contester ce bilan et la nécessité absolue d’en tirer les conséquences rapidement afin d’être opérationnels sur les nombreux scrutins de 2014. Désormais, il appartient aux ténors de se réunir, et de décider ensemble de la meilleure manière de se rassembler.

Mon petit doigt me dit depuis longtemps que ce n’est pas en se lançant dès la rentrée dans un affrontement sanguinaire entre Fillon et Copé –tous deux comptables de la stratégie qui a échoué- que l’on retrouvera un climat d’union. Leurs dérives guerrières ont parfois coûté des circonscriptions, et l’état de la fédération de Paris, en lambeaux, ne témoigne pas de leur grande capacité à diriger un parti dans le respect de l’Union. Mieux vaudrait qu’ils se refassent une virginité durant les trois prochaines années, avant de s’affronter –parmi d’autres- au sein d’une primaire qui ne fait plus guère de doutes.

Nombreuses sont les voix de droite, depuis ce matin, à sortir du bois pour défendre la primauté de la reconstruction sur la prochaine présidentielle : Baroin, Le Maire, Juppé, Raffarin, … Quoi qu’en pense encore le petit milieu politico-médiatique, en retard d’un temps faute de disposer du recul nécessaire, il devient de moins en moins probable que les deux aspirants compétiteurs Fillon et Copé, que chacun voyait s’affronter il y a quelques jours encore, ne soient les bons chevaux pour mettre en place la reconstruction de la droite.

Succession de Benjamin Lancar : le changement c’est pour quand ?

On arrive en juin, et toujours aucune nouvelle des élections Jeunes Populaires. Or le mandat de Benjamin Lancar arrive à terme cette année, après deux mandats de deux ans, soit le nombre maximum possible à ce poste.

Avant même de chercher à savoir qui succèdera à l’actuel président des Jeunes Populaires, –sachant que devraient logiquement apparaître dans cette bataille les poulains de ceux qui voudront se présenter à la présidence de l’UMP, ce qui promet une belle répétition générale du Congrès-, la vraie question à se poser, c’est quand. Et ça, c’est un vrai casse-tête pour Copé. Décryptage.

Traditionnellement, les élections à la présidence des Jeunes Populaires ont lieu avant les universités d’été, occasion de confirmer le président en poste, ou d’introniser le nouvel élu devant ses jeunes. Petit problème : il n’est pas d’usage à droite de faire une université d’été en année présidentielle, donc il n’y en aura pas cette année. Ce qui ne donne pas de lieu d’intronisation pour le nouveau président jeune… ni de date d’élection.

Certes, beaucoup de jeunes pensent que le mandat de Lancar échoit le 23 août, date de la précédente élection. Mais ça n’est pas le cas : le mandat prend fin « à l’expiration d’un délai de trois jours suivant la date de la session extraordinaire du Conseil National des Jeunes Populaires élisant le nouveau Président des Jeunes Populaires », selon l’article 16 alinéa 4 du Règlement Intérieur des Jeunes Populaires.

Ce qui ouvre la porte à d’autres options : si la session extraordinaire du Conseil National des Jeunes Populaires venait à être décalée, Benjamin Lancar pourrait voir son mandat prolongé. Si elle était maintenue, l’élection à venir du nouveau président de l’UMP, prévue à l’automne, pourrait donc venir jouer les troubles fêtes dans cette élection. Ou pas, si Copé de reporter le scrutin après le Congrès, pour éviter que cette élection ne devienne la répétition générale du Congrès. Une chose est certaine : rien ne sera simple.

Sii aujourd’hui les rumeurs vont bon train sur ce que l’équipe Copé pourrait ou non décider, il est certain que ses choix à venir constitueront un très fort marqueur de l’UMP telle que la voit Copé et donc, de son projet comme éventuel candidat à la présidence de l’UMP. C’est franchement casse-gueule…

Election des CNJP en plein été ?

Le calendrier joue contre lui. Parce qu’avant de décider ce qu’il en sera de l’élection, qu’il peut toujours décider de reporter, il doit renouveler le conseil national des Jeunes Populaires et donc procéder à l’élection des conseillers nationaux jeunes populaires (CNJP). Contrairement à l’élection du président jeune, rien ne précise dans le règlement intérieur des Jeunes Populaires qu’elle puisse être décalée dans le temps. Cette faille pourrait poser problème.

Il se murmure à l’heure actuelle que ce renouvellement des CNJP aurait lieu fin juillet. Ces adhérents Jeunes Populaires, élus parmi leurs pairs, ont pour mission d’élire le Président des Jeunes Populaires, de siéger dans les groupes de réflexion décentralisées et le cas échéant procéder à la révision du règlement Intérieur conformément aux dispositions prévues à cet effet.

Prévoir l’élection fin juillet tendrait à indiquer que l’UMP actuelle aurait choisi de tenter de respecter le calendrier prévus par les statuts. En effet, pour pouvoir se présenter à la présidence des Jeunes Populaires, les candidats doivent impérativement avoir été élu préalablement CNJP, et l’être depuis au moins 2 ans. Une fois cette formalité effectuée, les candidats doivent alors déposer leur candidature « sur le bureau du Président de l’Union et du Président des Jeunes Populaires sortant au moins trois semaines avant la date de l’élection. Les nom, prénom et âge des candidats sont communiqués à l’ensemble des Conseillers Nationaux des Jeunes Populaires par lettre simple adressée au moins quinze jours avant la date de la session appelée à élire le nouveau Président ». Si les élections des CNJP ont lieu au plus tard fin juillet, une élection est théoriquement possible fin août. Si les délais sont serrés, les statuts pourraient toutefois être à peu près respectés.

A peu près. Parce que de toutes façons, de nombreux autres articles n’étant pas respectés, l’élection n’est en théorie pas valide, à moins de faire voter rapidement par le conseil actuel une disposition transitoire pour remettre les choses au carré. En effet, les modalités d’élection des CNJP prévoient deux collèges, répartis géographiquement selon les zones téléphoniques (zones 02, 04 et 05 et zones 01 et 03) qui sont censées être renouvelés chaque année, alternativement, conformément à l’article 14 alinéa 2 du Règlement Intérieur des Jeunes Populaires. Cette disposition n’est plus respectée depuis le renouvellement des CNJP de 2006 préalable à l’accession à la présidence des Jeunes Populaires de Fabien de San Nicolas. Benjamin Lancar n’a jamais remis les choses en ordre.

Or ce détail à son importance : renouveler alternativement les CNJP permettait de disposer de vrais candidats destinés à s’investir dans la vie du parti, tout en évitant les calculs préalables à une élection, à savoir faire élire CNJP des jeunes militants favorables à tel ou tel candidat. Les petits calculs sont donc toujours de mise, à grand renfort de pressions sur les fédérations : les Responsables Départementaux Jeunes (RDJ) prennent en effet position dans la course à la présidence, et font en sorte qu’au sein de leurs militants, seuls ceux favorables à leur favori soient élus. Les CNJP ne représentent donc plus leurs idées, mais celles de leur RDJ… qui est nommé par le Président des Jeunes Populaires. On a connu système moins dépendant du chef !

Ensuite, demander aux adhérents jeunes de choisir leurs représentants en plein été n’assure absolument pas leur représentativité. Peu de jeunes pourront se rendre dans leurs permanences pour voter, et ce vote étant local, il ne peut être dématérialisé. Ca promet donc un sacré mic-mac au niveau des procurations (faciles à falsifier) et donc, cela favorisera les manipulations sur le vote, en direction de tel ou tel candidat à la présidence jeunes.

En d’autres termes, le conseil national des jeunes populaires issus de ce scrutin ne sera pas valide, comme c’est le cas depuis 2006. Et donc, un président issu de ce corps électoral partira déjà avec un handicap. Si en 2006 cela avait agité les jeunes populaires, avec en toile de fond le dossier du candidat UMP à la présidentielle de 2007, ça n’a plus été le cas depuis, tout le monde dans l’UMP se pliant aux désidératas de Nicolas Sarkozy, devenu président de la République. L’UMP n’avait déjà plus de président élu (en vertu des dispositions transitoires votées en 2007, c’est un secrétaire général qui gère le parti), elle n’allait donc pas être très regardante sur cette petite entorse à l’élection des CNJP. Qui plus est, cette entorse était plus due à l’incompétence des jeunes populaires en terme de règlement intérieur qu’à un souhait véritable de contourner le règlement, comme ce fut le cas pour Fabien de San Nicolas en 2006.

Dans un monde parfait, l’élection devrait avoir lieu à une date à laquelle les adhérents jeunes peuvent se prononcer –c’est-à-dire hors vacances scolaires- et remettre les compteurs à zéro en élisant cette fois ci des CNJP dans toutes les zones, charge au futur président jeune d’organiser les élections des zones prévues l’an prochain, afin d’assurer le renouvellement partiel tel que prévu par les statuts. Peu probable que ce soit réellement le cas : l’UMP se contentera probablement d’une élection en plein été, sans remise à plat, donc discutable.

Les jeunes, un enjeu

Une fois les CNJP élus, se posera la question de l’élection du président des Jeunes Populaires. Avec en toile de fond, la guerre Fillon-Copé. Nul ne doute en effet que chacun d’entre eu présentera « son » jeune. Parce que c’est une formidable répétition générale pour l’élection à la présidence de l’UMP.  Certes les votants ne sont que les jeunes, mais ça permet à chacun de se faire une idée de son poids sur cette tranche traditionnellement chérie de l’électorat. Attention toutefois, d’autres s’y sont cassés les dents. Revenons quelques années en arrière.

En 2004, Juppé avait quitté l’UMP, allait être remplacé à l’automne, sans aucun suspense sur le nom du futur élu. Sarkozy ne souhaitant pas intervenir directement dans l’élection jeune, il avait laissé son entourage gérer le cas de « son » candidat. Faute de disposer alors d’un fort courant sarkozyste (pour mémoire, les sarkozystes ne s’étaient pas investis dans le parti jusqu’à ce que Sarkozy décide de se présenter à la présidence, ils n’avaient donc pas ou peu de relais), il avait fallu aller chercher du côté des mécontents de la Secrétaire Nationale d’alors, Marie Guevenoux.

C’est François Guéant, le fils de, qui était à la manœuvre. Aidé par les fillonnistes, furieux de n’avoir pas été désignés équipe nationale en 2000 comme cela leur avait été promis, en voulaient par principe à toute équipe nationale nommée depuis. Bien qu’issue à l’origine de DL, et n’ayant donc rien à voir avec ces histoires, Marie Guevenoux était elle aussi, détestée, au nom de ce principe. Cette alliance ne doit évidemment rien au hasard. Guéant + Fillon, ça me rappelle quelque chose… Oh wait !

Cette fine équipe a fini par trouver au sein de l’équipe nationale de Marie Guevenoux un jeune qui se voyait déjà en haut de l’affiche, Matthieu Teillet. C’était parti. A cette époque, le vote pour l’élection du président des jeunes était physique et non dématérialisé, sur le lieu des universités d’été, organisé par le centre national et en présence de délégués des candidats, donc relativement cadré. Matthieu Teillet a pris une claque, et Marie Guevenoux, secrétaire nationale à la jeunesse, est devenue la première présidente des Jeunes Populaires. Le candidat de Sarkozy a perdu. Pour la simple et bonne raison que le candidat Sarkozy ne s’était pas impliqué dans cette campagne. Chacun sait cependant que la face de l’élection eût pu en être changé s’il avait montré un signe en faveur de son poulain, et que le résultat l’a fort  irrité.

L’année suivante, et alors qu’il restait encore un an de mandat à Marie Guevenoux, elle a choisi de démissionner de son mandat. Les relations avec Sarkozy, qui ne supportait pas de ne pas l’avoir choisie et qui en plus ne la voyait que comme une chiraco-juppéiste, étaient telles qu’elle a estimé plus bénéfique pour le mouvement de jeunes de se retirer.

Pour le comprendre, il faut revenir aux philosophies qui s’affrontent. D’un côté, les fondateurs de l’UMP (Alain Juppé en tête), qui cherchent à mettre en place une UMP moderne (elle avait alors 3 ans), avec un mouvement de jeunes non pas indépendant, comme les MJS chez les socialistes, mais relativement autonome, c’est-à-dire avec un fonctionnement qui lui est propre, et non calqué sur celui des aînés. L’objectif était alors de les préserver au maximum de l’effet fan club, d’éviter de les entraîner dans ces guéguerres, et donc de laisser tout le temps nécessaire à la formation politique nécessaire pour en faire de futurs élus compétents sur le fond, qui n’arriveraient pas dans le système juste parce qu’ils s’étaient attachés à un élu national. Ca, ils pouvaient toujours le faire au local.

Cette conception, qui s’est appliquée dès la naissance de l’UMP, a été mise à mal par l’arrivée de Nicolas Sarkozy. Issu du RPR, étant lui-même devenu président jeune à l’âge de 35 ans (!), après avoir gravi tous les échelons et mangé son pain noir, ne pouvait considérer le mouvement jeune autrement qu’en une structure godillote telle qu’il l’avait connue lui-même. Autrement dit, comme un fan club tout juste bon à agiter des drapeaux quand on leur demande. Pour cela, mieux vaut s’assurer de disposer d’un jeune chiot fidèle disposés à faire toutes les léchouilles nécessaires à son maître, tout en frétillant de la queue chaque fois qu’il lui adresse un (rare) regard, et en attendant le poposte qui le remerciera de cet amour pavlovien. Choisir son jeune, c’est la méthode Sarkozy.

Le tournant Sarkozy

Des élections anticipées ont du être organisées à l’été 2005. Les statuts d’alors précisaient que dans un tel cas de démission, seuls les délégués nationaux pouvaient prétendre assurer l’interim. Non pas pour priver les adhérents d’un vote, mais parce que le président était alors élu sur un projet de deux ans, et l’intérimaire devait poursuivre ce projet sur la fin du mandat, et non présenter le sien. La logique voulait donc que ce soit l’un de ceux qui mettaient ce projet en œuvre qui le mène à son terme. Détail non négligeable : c’est également les délégués nationaux qui constituaient le corps électoral. Sarkozy devait donc trouver le successeur de Marie Guevenoux parmi 16 personnes, et convaincre ces 16 jeunes de voter dans le bon sens.

Inutile de vous préciser que les couteaux ont vraiment été sortis. Parce que cette fois, Sarkozy entendait imposer son poulain, et par tous les moyens. Rien de plus facile le président de l’UMP que de pressuriser 16 jeunes. Enfin facile… si les jeunes sont dociles, mais ceux là étaient plutôt taquins. Les sbires de Sarkozy, Brice Hortefeux et Frédéric Lefèbvre en tête, étaient à la manœuvre. Ils ont facilement trouvé leur candidat : Fabien de San Nicolas, délégué national à l’absence de communication, avait soutenu Matthieu Teillet l’année précédente. De faible niveau politique, il était toutefois parfaitement docile. Tout semblait se passer selon le plan prévu par la Sarkozie…

Jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne gripper la machine. Les délégués nationaux issus de l’équipe de Marie Guevenoux étaient majoritaires sur ce vote, et représentaient 12 voix sur les 16 en jeu. Ils ont donc présentés un candidat : Raphael Cognet.

Ce fut l’été de toutes les pressions. La Sarkozie n’a pas lésiné sur les moyens. Fabien de San Nicolas a bénéficié d’un emploi au sein de l’UMP en tant que chargé de mission aux universités d’été, histoire d’être en contact avec les jeunes et de préparer sa candidature. Le ver était dans le fruit. Reste qu’il existait encore cette candidature dissidente, qui avait le nombre de voix nécessaire pour l’emporter. Alors les grandes manœuvres ont commencé. Pressions, manipulations, convocations en groupe ou tout seul, tous les moyens étaient bons pour faire comprendre au 12 récalcitrants que leur intérêt personnel, professionnel et politique n’était pas de contrarier les souhaits de Sarkozy. Chantage au job pour ceux qui vivaient de la politique, menaces fiscales pour d’autres, peu importe que ces moyens eussent au final été utilisé ou non, l’objectif était de faire peur. Mais là encore, ça n’a pas marché.

Et à la veille des universités d’été de La Baule, début septembre 2005, la Sarkozie n’en menait pas large. Débarrassée de Marie Guevenoux, elle risquait de se retrouver avec l’un de ses héritiers. L’ambiance était extrêmement tendue. Les deux camps s’écharpaient sur internet, sur un forum indépendant créé par des militants. D’un côté les partisans de suivre les décisions de Sarkozy, de l’autre, les jeunes souhaitant choisir eux-mêmes leur représentant.

Pour beaucoup, il eût été logique que les délégués nationaux choisissent un candidat issue de la tendance ayant remporté les élections un an auparavant, afin de respecter le choix des militants. Pour d’autres, il fallait respecter le choix du patron de l’UMP, lui aussi choisi par les adhérents. Finalement, Raphael Cognet a retiré sa candidature. Pourquoi la maintenir, alors que l’UMP ne souhaitait pas travailler avec un autre jeune que San Nicolas ? C’eût été reproduire les mêmes problèmes que sous le mandat de Marie Guevenoux, et cela aurait rendu son départ inutile.

Les militants n’ayant pu être informés de cette décision, étant donné que tout le monde était déjà à La Baule, et qu’il était à l’époque moins facile de se connecter à internet qu’aujourd’hui, c’est dans une ambiance délétère que s’est ouvert le second conseil national des Jeunes Populaires. Un CNJP dédié au vote de résolutions sur des thématiques choisies par les Jeunes Populaires, afin de définir la ligne politique du mouvement sur ces questions. Une réflexion qui a disparu aujourd’hui, et dont hélas, bien peu de jeunes se souviennent qu’elle a un jour existé, et qu’un jour, les CNJP ont été considérés comme de vrais cadres politiques, invités à débattre comme au parlement, et à se prononcer sur des sujets tels que l’euthanasie.

Fabien de San Nicolas a logiquement été élu à 100% des voix. Mais la Sarkozie n’était pas au bout de ses surprises. A l’annonce du résultat en session plénière de l’université d’été, quelques sifflets émanant d’une vingtaine de jeunes positionnés dans l’allée centrale pour faire la claque pour le nouveau président ont émaillé le discours de départ de Marie Guevenoux. En retour, les ¾ de la salle, soit près de 1500 jeunes, ont copieusement sifflé l’arrivée sur scène de Fabien de San Nicolas, accueilli par les doux slogans « Pressions, manipulations ». La Sarkozie l’a ainsi appris à ses dépends : il faut toujours se méfier des jeunes, ils peuvent parfois se montrer taquins et indisciplinés…

Depuis, les élections jeunes sont donc surveillées comme le lait sur le feu. Et truquées en amont : les codes permettant de voter circulent auprès des gens qui votent comme il faut, afin de s’assurer du résultat. Et les candidats sont parfois découragés de se présenter… ou invités à rejoindre le ticket gagnant en échange de promesses de postes pas toujours respectées. Bref, les élections jeunes sont un vaste gag, dont la presse se délecte systématiquement.

Suppression du président des Jeunes Populaires ?

Avec un tel passif, la meilleure manière de choisir son jeune, c’est encore d’avoir des statuts le permettent : c’est plus simple de le choisir tranquillement dans son bureau, sans perdre de temps à faire des pressions sur les votants, ce qui se sait toujours et alimente la presse, et donne tous les deux ans une image désastreuse au parti. Et ça, Copé l’a compris.

Il se murmure donc que l’actuel secrétaire général de l’UMP souhaiterait faire voter des modifications importantes du règlement intérieur, et supprimer le président des Jeunes Populaires, pour revenir à l’ancienne formule ayant cours au RPR, à savoir la nomination d’un secrétaire national à la jeunesse (SNJ). Certains me rappelleront que Juppé avait nommé Marie Guevenoux à la fonction de SNJ en 2002. Certes… mais avec une feuille de route très claire : mettre en place le mouvement, et rédiger un règlement intérieur qui prévoit obligatoirement l’élection du président des jeunes populaires.

Et pourquoi ? Eh bien c’est la nouvelle épine dans le pied de Copé, qui rend ce projet de retour au SNJ totalement impossible à moins de s’offrir une jolie réputation. Si les statuts doivent prévoir l’élection du président jeune, c’est évidemment avant tout pour démocratiser le parti, mais pas uniquement. Elire le représentant jeune est aussi une obligation donnée par nos partenaires internationaux. J’ai nommé le YEPP. Kezaco ? Non, ce n’est pas un attaquant du Dynamo de Kiev. Le YEPP, c’est la réunion des partis jeunes de droite européens. Une structure qui permet des échanges au niveau international, au sein d’une Europe élargie, et qui fonctionne selon des statuts précis.

Et pour être « full member » du YEPP, il faut impérativement élire son président. Pour le savoir, encore faut-il avoir été concerné par la question, et donc investi dans le dossier des relations internationales des Jeunes Populaires entre 2002 et 2005, période pendant laquelle l’UMP et les Jeunes Populaires ont ramé pour réintégrer le YEPP. C’est dire si peu de gens se souviennent de ce léger détail… qui a pourtant son importance dès qu’il s’agit des relations européennes de l’UMP, et de son action au sein du PPE (réunion des partis politiques de droite au niveau européen et qui dispose d’un groupe au Parlement Européen, où siègent les élus UMP). Ca n’est tout à coup plus si anodin… Il ne sera pas si simple de prendre la décision de se faire virer manu militari du YEPP pour statuts non conformes, avec le sous entendu que l’UMP serait donc un parti incapable de démocratie interne. Bonjour l’image !

Quel mouvement de jeunes pour l’UMP ?

En 2002, l’UMP s’est fondée à partir de la réunion du RPR, de Démocratie Libérale (DL) et d’une partie de l’UDF. Alain Juppé a mis en concurrence les candidats au poste de Secrétaire national à la jeunesse, et a choisi Marie Guevenoux parmi les trois candidats. Les Jeunes Populaires, nés le 11 février 2003, avaient pour mission de se doter d’un règlement intérieur, à soumettre au bureau politique de l’UMP, prévoyant obligatoirement l’élection de leur président.

En 2004, le bureau politique a validé, le 15 juin, le projet de règlement intérieur proposé par le bureau national des Jeunes Populaires. Ce projet était issu du fonctionnement testé depuis la création du mouvement de jeunes. Dans la foulée, ont eu lieu les premières élections des CNJP, puis du président des Jeunes Populaires. Marie Guevenoux, candidate à sa succession, a été élue à la double majorité requise des voix et du nombre de départements nécessaires pour l’emporter. Cette disposition, qui semble anecdotique, permettait d’éviter à un candidat de se faire élire grâce au soutien unique des grosses fédérations, et d’assurer aux petites une véritable représentativité. Le conseil national des Jeunes Populaires a été mis en place, et sur l’année 2004-2005, a travaillé sur les thématiques choisies par les fédérations, pour parvenir à dessiner la ligne politique du mouvement, afin de les former au rôle de cadre et de jeune politique.

En 2005, Fabien de San Nicolas a succédé à Marie Guevenoux dans les conditions décrites plus haut. Président simplement intérimaire, il était tenu de poursuivre le projet sur lequel Marie avait été élue (mais ne l’a pas fait) et surtout, de travailler avec les délégués qu’elle avait nommé. Ca ne s’est pas passé sans heurts (pour en savoir plus, lire le blog de Pop Spirit).

En 2006, Fabien de San Nicolas s’est présenté à sa propre succession. Prévoyant, il a fait voter au préalable une modification du règlement intérieur plus conforme aux objectifs de son mentor. S’étant vu opposer une motion concurrente lors de cette réforme, il a contourné les statuts pour qu’elle ne puisse être présentée aux adhérents. Une fois de plus, la démocratie interne s’est perdue dans les méandres de la Sarkozie… Sa motion étant la seule en lice, elle a été adoptée. Et le Conseil National des Jeunes Populaires, conçu comme un parlement, a perdu ses prérogatives théoriques : ce n’est plus qu’un organe destiné à simplement ratifier les modifications de règlement intérieur prévues par l’UMP et à voter pour le président par internet… sans réelle démocratie.

Le siège national mettant à disposition de ses cadres les codes permettant aux adhérents de voter par internet, les élections ont systématiquement été entachées. J’avais moi-même fait le test en 2006. Bien qu’ayant dépassé la limite d’âge pour pouvoir me faire élire et donc voter, j’ai pu sans problème trouver un RDJ prêt à me communiquer un code, et j’ai donc participé au vote en toute illégalité… pour en démontrer les failles. Enfin contrairement à ses promesses, Fabien de San Nicolas n’a pas souhaité instaurer le suffrage universel direct. Il est vrai que contrôler tous les adhérents, c’est plus compliqué que 10% d’entre eux, et ça fait plus de codes à gérer.

Au terme de guerres fratricides, la conception sarkozyste d’un mouvement de jeunes a donc gagné : le choix d’un président sur projet ayant disparu, le mouvement de jeunes ne s’est plus interrogé sur lui-même, a cessé de raisonner en terme de formation des jeunes politiques de demain, et s’est sclérosé. Conformément aux souhaits de Nicolas Sarkozy, c’est devenu un fan club tout juste destiné à faire la claque. Si une telle conception est logique en période de campagne électorale, ça ne peut pas être la seule ligne d’un mouvement de jeunes sur les 5 années que dure une mandature et ça, les présidents qui se sont succédés l’ont complètement perdu de vue…

Faute de s’être jamais posé cette question : quelle philosophie pour quel mouvement de jeunes ? Ils ont juste bêtement suivi un chef qui reproduisait ce qu’il avait connu. Sans jamais chercher à faire évoluer cette conception, ni même regarder ce qui se passe au sein des partis frères, à l’international. Sinon, ils auraient remarqué que les premiers statuts des jeunes populaires s’inspiraient grandement de ce qui se fait ailleurs. Sous l’impulsion de Fabien de San Nicolas puis de Benjamin Lancar, les Jeunes Populaires ont donc peu à peu perdu sur tous les terrains. Dans le même temps, l’UMP a montré qu’elle avait peur de ses jeunes, peur des décisions qu’ils pouvaient prendre, peur qu’ils se choisissent un destin. Elle les a infantilisé.

En 2012, le constat est terrible : les jeunes populaires, faute d’être formés à la politique, ont regressé. Trop peu nombreux sont ceux à avoir bénéficié de formation interne. Trop souvent, ils ont cru que pour exister, il fallait faire du buzz, fusse-t-il négatif. Benjamin Lancar, qui s’est décrédibilisé avec l’affaire du lipdub, est constamment conspué, et l’image des Jeunes Populaires en a pâti. Ces jeunes, qui pourtant acceptent de donner de leur temps pour participer à la vie de la cité, sont la risée du monde politique, et même au-delà.

Pire que tout, il suffit d’échanger avec eux pour se rendre compte que la plupart de ceux mobilisés pour militer sur internet ne dispose pas des bases théoriques et historiques nécessaires pour assurer ce rôle, la plupart étant même incapable de répondre sur les valeurs de l’UMP… qui figurent pourtant en toutes lettres sur son site internet. Politiquement, ils se sont grandement appauvris, et peut nombreux sont ceux capables de savoir quelles sont les valeurs de la droite… Combien pensent encore que Sarkozy est un libéral ?

Le buzz et le bashing sont devenus les deux mamelles des jeunes populaires. On les forme à l’agressivité d’une Morano, pas à la culture d’un Henri Cuq ou à la technique parlementaire d’un Pierre Mazeaud. On est bien loin des Jeunes Populaires à l’avant-garde du parti, tel qu’avait pu le rêver Alain Juppé à la création de l’UMP. Et pourtant, comme le disait déjà Pop Spirit en 2006, une autre vision du mouvement de jeunes est possible. Celui d’un mouvement qui croit en ses jeunes, en leurs capacités, et qui les positionne comme l’avenir du parti, au lieu de la dernière roue du carrosse.

Qu’en pensera l’UMP de 2012 ? Calendrier oblige, cette question des jeunes en politique, qui n’intéresse que quelques aficionados, revient une nouvelle fois au centre des débats. Et c’est peut être la chance des Jeunes Populaires. Parce qu’après avoir servi de serpillère pendant 7 ans, ils ont enfin une chance de pouvoir être considéré par leurs aînés comme de véritables politiques en devenir, et repartir sur un projet qui leur permette à nouveau de se former et d’acquérir les fondamentaux nécessaires à leur avenir politique. Ou pas.

Ce qui nous rapproche du problème de Copé : comment voit-il le rôle des Jeunes Populaires au sein de l’UMP ? Qu’il le veuille ou non, il devra réfléchir à cette question avant même de valider le calendrier des élections internes jeunes qui lui sera présenté par Benjamin Lancar. Ou pas, s’il s’en fout ou a déjà une idée toute faite sur la question. Reste que ce qui sera l’un des derniers actes de son mandat de secrétaire général de l’UMP peut lui coûter cher s’il se plante.

Certes, Fillon ou Copé pourraient l’un comme l’autre être plutôt tentés de revenir au système de SNJ pour éviter les écueils rencontrés par leur mentor Sarkozy entre 2004 et 2006, qui ont laissé de mauvais souvenirs. Mais comme je l’ai démontré, ce sera compliqué à gérer au niveau européen, et ce serait démarrer un mandat avec l’image extérieure d’être un dictateur infoutu de démocratie interne, et l’image interne d’être infoutu de faire élire son candidat. En position de faiblesse, donc.

Ce ne sera évidemment pas le cas d’un Juppé qui lui, avait impulsé un développement selon une toute autre philosophie de développement des Jeunes Populaires et plus largement, de l’UMP. Si je ne connais pas son avis actuel, je doute toutefois fortement que la déconfiture des Jeunes Populaires ait pu le faire changer d’avis sur ce chapitre.

Quel projet pour l’UMP ?

Le dossier de la succession de Benjamin Lancar sera donc l’un des points chauds de cette fin de mandat de Copé. Nommé par Nicolas Sarkozy, il n’avait pas de réelle marge de manœuvre à la tête de l’UMP. Il ne fait aucun doute qu’une erreur dans la gestion des dossiers qui lui restent pourraient lui être fatidique.

Par chance, il lui reste un échappatoire : procéder aux élections des CNJP, même sans le respect des zones, et laisser à son successeur le soin de régler l’élection du président des Jeunes après le congrès.

Cette solution pourrait satisfaire tout le monde. L’inversion du calendrier remporterait l’adhésion des tenants de l’option « choisir son jeune », sans avoir à revenir à l’option « nomination d’un SNJ ». Du moins temporairement : le mandat d’un président jeune est de 2 ans renouvelables, celui du président de l’UMP est de 3 ans, donc un jour le problème se reposera. Mais reporter l’élection pourrait aussi convenir aux partisans de la « modernisation de l’UMP », qui aurait alors la possibilité de modifier le règlement intérieur en parallèle à cette élection, pour donner de meilleures garanties d’autonomie au mouvement et éviter les pressions qui ont eu cours dans le passé.

A contrario, faire élire le président des jeunes selon le calendrier prévu par les statuts présenterait un vrai risque. Vu le passif sur les élections jeunes, et les habitudes prises par les cadres, l’élection sera chaude. Ca s’écharpera dans tous les sens. Si un jeune copéiste se présente, il sera accusé de bénéficier des avantages du parti pour se faire élire. Si un jeune fillonniste se présente, il sera accusé d’autres maux. Les couteaux seront alors de sortie, et les médias se régaleront de ces affrontements publics, puisque les réseaux sociaux seront de la partie. Bref, ce sera une répétition générale du congrès. Le tout pendant la campagne des aînés pour la présidence de l’UMP.

Le téléscopage risque de faire mal… A l’heure où l’UMP a déjà du mal à conserver une façade d’unité, nul doute qu’elle volerait en éclat. L’élection jeune en vaut-elle la peine ? Rien n’est moins sûr… et vu la place accordée aux jeunes dans le parti, il serait dommage de mettre le feu aux poudres. Sauront-ils se raisonner pour éviter que l’affrontement n’ait lieu dès cet été ? D’autant que si les jeunes se choisissent un représentant d’un camp, et que l’autre camp emporte la présidence de l’UMP, qu’adviendra-t-il ?

Bref, ce dossier qui arrive sur le bureau de Copé n’est qu’une démonstration de plus d’un fait capital : on arrive enfin au vrai dossier de ce congrès à venir et à la vraie question qui sera posée aux adhérents de l’UMP en novembre prochain. En la matière, et quels que soient les candidats, il n’y a que deux options :

  • choisir dès 2012 son champion pour 2017 et lui donner le parti pour qu’il dispose d’une longueur d’avance dans la course à l’Elysée, et considérer alors le parti comme n’étant qu’un marchepied pour la magistrature suprême,
  • ou choisir un président de l’UMP qui développe le parti selon un projet précis tant en ce qui concerne son fonctionnement que ses valeurs, pour lui donner les meilleures chances de faire face aux échéances à venir, et donc considérer que le parti a un rôle à tenir en dehors de son positionnement pour la présidentielle.

Tout l’enjeu de ce congrès est là : l’UMP doit choisir quelle est sa conception du rôle d’un parti politique, et se trouve donc plus que jamais à la croisée des chemins.

Edit : Jean-François Copé a annoncé ce samedi lors de la réunion des RDJ que Benjmain Lancar resterait 4 mois de plus. Son successeur sera élu après le congrès de l’UMP. Le secrétaire général du parti a donc choisi l’inversion du calendrier.

Dimanche je voterai… François Hollande

Longtemps, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir voter lors de cette présidentielle. En tant que ChiracoJuppéiste absolument pas convaincu par le bilan de Nicolas Sarkozy, je suis naturellement orpheline de candidat, faute d’un choix plus probant à droite.

Durant deux années, j’ai milité pour Dominique de Villepin, tout en doutant de ses capacités non pas de président, mais de candidat. La suite de l’histoire m’a d’ailleurs donné raison, puisqu’il ne s’est pas qualifié. N’étant représentée par personne, que faire ?

Nombreux ont été les amis à tenter de m’orienter vers deux candidats. D’une part, Nicolas Dupont Aignan. Au nom du gaullisme. Bon, j’ai toussé. De nos jours, aucun candidat n’est réellement gaulliste. Ce terme est tellement galvaudé par les profanateurs de croix de Lorraine que j’ai du mal avec ceux qui s’en prétendent.

Mais surtout, je déteste les petits candidats qui font des promesses qu’ils ne pourraient jamais tenir s’ils étaient élus. NDA nous propose de sortir de l’Euro. Mais alors, pourquoi chiffre-t-il son programme en Euro ? Pourquoi ne pas parler en francs et estimer la parité qui pourrait exister ? Parce que ça ferait mal ? Pour sûr. Lorsque j’en ai parlé à ceux qui me conseillaient NDA, j’ai tout de même eu droit à un argument collector : « OK, mais à part ça ? Il est gaulliste ». A part ça ? Ca ne me semble pas un détail…

On a aussi essayé de m’orienter vers Bayrou. Soit disant le plus proche de mes idées. Un de ses soutiens a même poussé le vice jusqu’à me dire qu’il était gaulliste. J’ai toussé aussi. Je me suis également demandé pourquoi  tout le monde tenait à utiliser avec moi l’argument du gaullisme. Sûrement un raccourci de plus en raison de mon parcours Chiraco-Juppéiste avec un passage chez Villepin. C’est très court, mais bon. C’est aussi ça les élections.

Revenons à Bayrou. Certains points du programme me séduisent. Mais voilà, ça ne me suffit pas. La présidentielle, dans notre Constitution, c’est avant tout la rencontre entre un homme et un peuple. Le programme fait partie de l’homme. Mais ne fait pas l’homme. Et en 2007, j’ai déjà voté Bayrou au premier tour. Pour quoi ? Pour que le soufflé retombe, que le Modem reste à 56k, et qu’il ne se passe rien pendant 5 ans. Jusqu’à la présidentielle.

Si encore Bayrou avait eu mieux à faire que de monter un parti, comme par exemple faire son job de député à l’Assemblée nationale, j’aurais pu me laisser tenter. Oui mais voilà… L’homme qui entend rendre la présence obligatoire au Parlement affiche un bilan en la matière… quasi nul. Encore une fois, je n’aime pas qu’on me prenne pour une truffe.

Cette situation, je l’avais anticipée dès l’été dernier. A l’époque, je venais de quitter Villepin, imaginant déjà qu’il n’irait pas au bout, et j’imaginais que peut être, Bayrou finirait par me convaincre. Mais faute d’en être certaine, je m’étais préparée à voter pour le candidat de gauche. J’ai donc participé à la primaire, pour choisir celui pour lequel je serais prête à voter sous réserve de sa qualification si au second tour le candidat PS venait à être opposé à Nicolas Sarkozy. J’avais choisi François Hollande.

Restait alors la question du premier tour. J’ai un temps envisagé l’abstention, faute de ne pas trouver de candidat qui me permette d’exprimer ma sensibilité. Non, NDA n’est pas proche de moi. Non, je ne suis plus dans le mood(em) de la génération orange, déçue de 2007. Et enfin non, je ne voterai jamais Nicolas Sarkozy. Question de principe.

J’ai d’ailleurs évoqué cette idée de m’abstenir sur Twitter. Certains retours m’ont outrée tant le politiquement correct a désormais envahi cet espace. J’ai eu de l’argument collector. Par exemple, « tes grand-mères se sont battues pour que tu puisses voter ». Non, mes grand-mères ne se sont jamais battues pour ça, merci de ne pas les mêler à ces clichés. Il y a eu de nombreuses batailles dans ma famille, mais pas celles-ci. En même temps, elles étaient toutes les deux en cloque.

J’ai aussi eu droit à « des gens sont morts pour qu’on puisse voter ». Euh… des gens sont aussi morts pour la monarchie. Et les gens qui sont morts pour qu’on puisse voter, c’était à quelle époque et avec quel résultat ? Nan je demande…

Bref, les gens ont globalement du mal à comprendre qu’il existe deux types d’abstentionnistes. Celui qui n’en a rien à faire de la politique et qui a la flemme de bouger jusqu’au bureau de vote. Et puis il y a celui qui ne trouve pas parmi les dix candidats quelqu’un qui lui convienne, qui sait que le vote blanc et nul n’est jamais commenté, et qui se dit qu’en s’abstenant, il aura un vrai poids. Il pourra faire passer son message. Et ça, c’est aussi de la politique. Toujours se souvenir qu’en toute chose il y a le champ et le contre-champ…

Bref, j’ai tergiversé. Réfléchi. Etudié la question. Et pensé à 2007. Cette année là, il était hors de question pour moi de voter pour Ségo –je n’avais pas été l’une des animatrices du site Segostop pour rien- et encore moins Sarko. Au premier tour, j’ai choisi Bayrou. Les terres du milieu. La génération orange. Qui m’a déçue ensuite, mais sur le coup c’était chouette. Et au second tour… j’ai voté Chirac.

Si c’était en 2007 l’expression d’une fidélité sans faille au président –j’ai toujours voté Chirac- ça n’a plus de sens aujourd’hui, même si ma fidélité à Chirac sera éternelle. Elle est simplement plus affective que politique depuis qu’il est retiré des affaires, ce qui ne lui accorde plus vraiment de place sur un bulletin de vote.

Reste alors le plan B. Celui pour lequel j’ai voté lors de la primaire socialiste en octobre dernier. Lorsque j’ai fait le choix d’y participer, c’était précisément pour me donner une chance de « choisir » le socialiste qui pourrait figurer au second tour… dans l’idée de voter pour lui contre Nicolas Sarkozy.

Aujourd’hui, je souhaite toujours le départ de Nicolas Sarkozy, au terme d’un quinquennat à mes yeux calamiteux sur bien des plans, notamment sur les libertés et les institutions (dont la réforme territoriale), sans parler de la déliquescence de la fonction présidentielle, de sa confusion avec l’UMP et même sa famille, de cette habitude de dresser les français les uns contre les autres, de voir des délinquants partout (y compris chez les chômeurs et les malades), d’user de l’appareil législatif à chaque fait divers, des pressions sur ceux qui le dérangent, et de flirter avec l’extrême droite. De nombreux articles sur ce blog expliquent mes divergences avec Sarkozy et bien qu’étant de droite, je ne mettrai jamais un bulletin portant son nom dans l’urne.

Et je veux voir face à lui celui qui dispose des meilleures chances de l’emporter, mais également de gérer la France. Donc, qualifier au second tour celui qui à mes yeux, et parmi ces dix candidats, est le meilleur. Bayrou m’ayant démontré ses limites en 2007 en terme d’équipes, je crois toujours que c’est François Hollande qui pourra non seulement battre Nicolas Sarkozy, mais aussi gouverner. Pour toutes ces raisons, je voterai dès le premier tour pour François Hollande.

Villepin se rêve champion de France*

Villepin. Depuis deux ans, l’ancien Premier ministre souffle le chaud et le froid sur une éventuelle candidature à la présidentielle.

Il a d’abord fondé un Club, pour réunir ses sympathisants, puis un parti, République Solidaire, avant de le quitter quelques jours après sa relaxe définitive dans l’affaire Clearstream, laissant ses troupes esseulées. Avant d’annoncer ce dimanche sa candidature, prenant tous les pronostiqueurs à rebours.

Villepin. Le flamboyant. L’ancien international en fin de carrière tentant de mener son équipe en finale de la Coupe de France, mais n’offrant plus assez de résultats pour que quiconque parie un kopeck dessus. Que la phase de qualifications fut longue et pleine de contre performances ! Des succès, il y en a eu, mais ils remontent à loin, et depuis le 19 juin, République Solidaire s’était enfoncée, traversant une longue période sans victoires, entre matchs nuls et défaites.

Car le club de Villepin, bien qu’étant passé pro avec République Solidaire, n’a pas tous les atouts, et frisait la descente en Ligue 2. Déjà, son équipe est composée de jeunes pousses, dont la plupart viennent de la politique de salons, et n’ont même pas joué en CFA. Faute de temps de jeu suffisant, cette équipe est difficile à motiver et à mener pour le libéro de République Solidaire, qui joue souvent seul contre tous.

Alors que plus personne n’attendait un résultat, le numéro 10 a fini par marquer. Il aura fallu attendre les arrêts de jeu et une faute peu évidente du camp adverse pour obtenir un coup franc idéalement placé, dans la ligne des 16 mètres, sous les caméras de TF1. Du pied droit, l’ancien Premier Ministre a envoyé un véritable boulet de canon dans les cages de Nicolas Sarkozy, qui n’a rien pu faire face à la puissance de ce tir. Le mur, lui, en est resté pantois. Contre toute attente, Villepin a marqué des points, se qualifiant les 1/8ème de finale de cette Coupe de France de la politique.

Jusqu’où ira-t-il ? En quart, en déposant sa candidature au Conseil Constitutionnel ? En demi, en se présentant au 1er tour ? En finale, en se qualifiant pour le second tour ? Peu importe, il rêve de ce soir de mai 2012 où, devant la foule des supporters réunis place de la Concorde (ou ailleurs), il brandira sa Coupe de France. Et en attendant, il se motive, seul, dans les vestiaires. Les ultras sont encore là, même si on se prend parfois à rêver d’un plan Leproux tant le comportement de certains vis-à-vis des médias est indécent.

Moins nombreux, mais comme toujours lorsqu’un club obtient des résultats, les supporters reviennent au stade. Les adhésions devraient donc reprendre ces jours prochains. Notamment si l’équipe se renforce, et s’entoure de bons joueurs… Reste que comme en foot, Villepin devra en effet s’entourer de professionnels, s’il veut rêver plus haut que simplement tenter l’aventure du Petit Poucet. Un frémissement dans les sondages pourrait lui permettre d’espérer. D’autant que tout le monde aime suivre les petits clubs dès lors qu’ils ont un parcours gagnant : éternel mythe de David contre Goliath… Encore faut-il marquer.

Il faudra aussi recruter un bon coach, capable de fédérer l’équipe, et de mener le club à la victoire. Les recrutements à venir après la trêve d’hiver, du directeur de campagne au mandataire financier en passant par le reste de l’effectif et leur positionnement dans l’organigramme, donneront le ton qui permettra d’affiner la stratégie de campagne, et de donner au groupe la confiance pour gagner les matchs à venir.

Se pose alors la question des moyens. Si les signatures manquent aujourd’hui, il serait étonnant que déclaré candidat, il ne parvienne pas à les obtenir. Et il a jusqu’à la date limite de dépôt des candidatures près le Conseil Constitutionnel pour les déposer, en mars. C’est dire s’il a le temps de les récupérer. Le principal souci réside donc dans l’argent. Comment financer une campagne ? Comment obtenir un prêt bancaire sans l’assurance d’atteindre le score de 5% qui seul permet le remboursement des comptes de campagne, faute de disposer de sondages suffisamment hauts ?

Evidemment il y a une autre tactique, loin de l’habituel 4-4-2, utilisée par beaucoup de petits partis.  Il s’agit de faire alors campagne sans dépasser le montant minimal partagé entre tous les candidats à la présidentielle, qui était de l’ordre de 800 000 euros en 2007. Ce montant dépendra du nombre de candidats déposant leur candidature officielle, et du total alloué par décret : deux informations impossibles à connaître maintenant. Un pari.

C’est vers cette stratégie que semble s’orienter Villepin, quand il annonce ce soir ne pas avoir de moyens, compter sur les français pour l’aider, et sur le sens civique des médias. Reste à voir si cette tactique de jeu permettra au Petit Poucet de s’imposer face aux mastodontes, au point de souffler aux deux grands clubs l’éternel clasico UMP-PS, ou s’il s’inclinera lors des tours à venir de cette Coupe de France de la politique. Reste à espérer qu’il ne marquera pas contre son camp… mais qui sait : et s’il marquait le but en or ?

*Papier publié sur Marianne à cette adresse

Ca sent le sapin pour Villepin !*

Quel surréaliste exercice d’équilibriste que celui auquel s’est livré Dominique de Villepin hier, au micro de BFM TV !

Trop content d’apparaître une nouvelle fois dans les médias –le président de République Solidaire, Jean-Pierre Grand, ne s’est-il pas ému récemment dans l’hémicycle de ne l’avoir point vu suffisamment sur les grandes chaînes-, l’ancien Premier ministre et ancien président de République Solidaire, feu aspirant à concourir pour la présidentielle, a tenté de répondre sur sa vraie-fausse candidature. Car ses petites rencontres avec Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, plus ou moins discrètes, avaient finies par fuiter… et inquiéter au sein de ses maigres troupes, déjà bien clairsemées depuis l’annonce du projet, qui avait provoqué le départ de nombreux militants non convaincus, puis ses tergiversations sur le fait de se présenter ou non, et enfin l’incapacité de République Solidaire à prendre son envol. Alors, ira ou n’ira pas ? Décryptage.

A propos des militants, qui trépignent d’impatience au sujet de ses tergiversations sur sa candidature, Dominique de Villepin se montre légèrement méprisant : « ils n’auront pas beaucoup à attendre ». Réponse étonnante dans la bouche de celui qui les fait lanterner –sans mauvais jeu de mots- depuis plusieurs mois. Reste qu’une fois de plus Dominique de Villepin leur met les warnings sur sa très hypothétique candidature, en appelant une nouvelle fois à un gouvernement d’union nationale, seule réponse selon lui à la crise, assénant le coup de massue finale : « C’est la voie que j’ai choisie ». D’ailleurs, il le clame haut et fort : « il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’ambition personnelle ». Hum, qu’est-ce alors que la présidentielle ? C’est bien une ambition personnelle que celle de diriger la France, et d’apporter des réponses concrètes à travers l’application d’un programme… dont d’ailleurs il dispose depuis le 14 avril dernier ?

L’argument tendant à dire qu’il est plus simple de rassembler sans que ce soit autour de sa personne est surprenant. Rassembler autour de qui alors ? Notre Constitution prévoit bien un président de la République, et c’est bien l’enjeu de cette élection. Ensuite, cet homme ou cette femme, élu par le peuple, dispose de la légitimité pour désigner un Premier Ministre, qui nomme son gouvernement. A force de tourner autour du pot sans vouloir annoncer son retrait de la course, Villepin semble se perdre dans les méandres de la Vème République qu’il affectionne tant, et oublier que seul le président de la République dispose de la légitimité que lui donne l’élection au suffrage universel. Qu’en conséquence, il ne peut y avoir deal au préalable sans mettre à mal ces institutions. Cet argument est donc nul et non avenu : il faut bien désigner un président, et donc, miser sur un candidat parmi ceux qui se présentent. Ou se retirer purement et simplement, s’il ne veut prendre part à la mère des batailles électorales.

Alors que Xavier Jaglin, responsable départemental de l’Orne de République Solidaire, l’a incité dans le reportage d’ambiance réalisé par BFM TV à suivre François Bayrou, Villepin répond : « le ralliement n’est pas dans ma nature ». Curieuse position pour quelqu’un qui appelle au rassemblement… Certes, il répond assez clairement : « Le rassemblement, c’est moi ». Mais y croit-il vraiment ? A l’heure où il annonce savoir déjà quelle sera sa décision, comment peut-il laisser entendre qu’il disposerait d’un poids politique suffisant pour que les autres se rallient à lui ? La réponse ne se fait pas attendre : « Je ne me considère pas comme indispensable à ce rassemblement ».

Finalement, l’ancien Premier Ministre ne semble plus défendre dans cette campagne qu’une idée, sans vraiment envisager d’en être le leader. Ce qui fleure bon, in fine, le ralliement… D’ailleurs il reconnaît lui-même, à propos de sa visite à la Lanterne, avoir « fait passer un message politique à Nicolas Sarkozy », à savoir « que le temps de l’union nationale était venu et qu’il avait tout intérêt à changer la donne politique ». Bizarrement, il n’a pas annoncé avoir rencontré d’autres candidats pour tenir le même discours… Le vocabulaire employé, celui de l’appel à « l’Union » le laisse également penser, tant ce fut le concept initial de l’UMP de Juppé, sous l’impulsion de Jacques Chirac, parti de l’actuel locataire de l’Elysée.

Mais cette idée d’union, comment y croire dans la bouche de celui qui entendait représenter une alternative, dans cette bataille qu’est la présidentielle, qui par essence n’est pas une élection sur laquelle peut se produire une union… à moins de ne penser en terme de bipartisme ? Pourquoi brouiller aujourd’hui les cartes sur ce sujet ? Qu’en tirer, si ce n’est qu’un peu de temps gagné avant le retrait, au mépris de l’illisibilité ? Cette élection, justement, c’est la rencontre d’un homme et d’un peuple, selon l’esprit qu’a souhaité insuffler De Gaulle à la Vème République et dont Villepin s’est si longtemps réclamé ?

C’était avant, quand le flamboyant Villepin pouvait y croire, porté par une équipe de fidèles prêts à tout pour l’en convaincre, exaltés par des sondages flatteurs, aux alentours de 10%. C’était avant, quand les technocrates n’avaient pas mené RS dans le mur. C’était les sondages oscillants entre 1 et 2%. C’était avant le constat d’échec de République Solidaire, très pauvre en militants et donc en finances, le parti étant trop jeune et trop dépourvu de parlementaires pour disposer de l’aide publique d’Etat. En effet, contrairement à la publicité faite par le parti, RS n’a jamais compté les 25000 adhérents revendiqués, dont le mode de calcul provient des adhésions cumulées avec les inscrits du réseau social, sans tenir aucun compte de l’activité de ceux-ci ni des nombreux démissionnaires parmi les adhérents. C’était avant de claquer la porte de cette structure amateur sans ressources et incapable de mener campagne, faute d’avoir su se professionnaliser.

Bien qu’il aime se livrer à l’analyse politique sur l’action des autres, regrettant que « Les hommes politiques ont perdu le goût de la décision parce que la communication a mangé cette capacité de décision », il n’en reste pas moins saltimbanque du  grand cirque politique, en refusant de livrer une réponse qu’il distille pourtant en pointillés. Qu’il est bon de courir encore un peu les médias avant que les projecteurs ne s’éteignent ! Mais pas seulement. Car le temps passe, et l’enjeu, pour Villepin, est d’importance. Et les jours qui viennent –et qui le sépare de l’Annonce- seront capitaux pour rentabiliser ces deux années d’engagement. Villepin devra tenter de faire passer les idées que contenait son programme, ainsi que cette idée d’union nationale, qui ferait un joli parachute. Pour que tout cela n’ait pas été en vain.

Avouons qu’il est tout à fait en mesure d’apporter à un gouvernement, de par son expérience. Un peu comme Juppé l’a fait dans le gouvernement Sarkozy. Ce qui lui laisse tout de même une porte ouverte pour se recaser. D’autant que ses relations avec l’actuel locataire de l’Elysée se sont pacifiées, et il ne perd plus une occasion de s’en expliquer. Et de l’encenser. Ne disait-il par hier, que « Sarkozy s’est bonifié. Il est comme la mouette en haut de la vague » ? Les militants qui ont défendu sa candidature pour bénéficier d’une alternative apprécieront. Et courront se jeter sur d’autres candidats plus à même de l’incarner.

S’il ne se vend pas pour un plat de lentilles –ce qu’on saura lorsqu’il annoncera sa décision-, reste alors une autre hypothèse, celle de l’abandon en rase campagne, pour faire autre chose. La porte de sortie, par le bas, après tout ce foin depuis 2 ans : tout plaquer, comme il le fit en 2007. Finalement peu importe. Au-delà de son destin personnel, Villepin n’a laissé aucune place au suspense, en donnant déjà tous les éléments de réponse : il ne sera pas candidat. Reste à l’annoncer, mi-décembre, avec un joli nœud sur le paquet. Voilà le cadeau de Noël qu’il offrira à ceux qui se sont engagés depuis deux ans à ses côtés : l’enterrement de sa candidature, directement dans le sapin.

*Papier publié sur Marianne à cette adresse