Oh mon dieu mais comment se fait-ce ???
Au commencement était le ballon rond…
Commençons par le début, j’ai toujours aimé le foot. Depuis toute petite. Quand j’avais 4 ans, mon frère s’est fait opérer de je ne sais quoi, amygdales ou appendicite, et mes parents, soucieux de réconforter le petit pendant son séjour à l’hôpital, ont cédé à ce qu’ils haïssaient le plus –enfin surtout ma mère, mon père s’en fichait éperdument : les albums Panini. Un pour le frangin malade, un pour la petite sœur pour-qu’elle-ne-soit-pas-jalouse. Mon frère a choisi Bernard et Bianca. Mouaaarrrrffff ! J’ai choisi Argentina 78. La classe…
Nous avons grandi au rythme des matchs de foot, notamment de l’équipe de France, et à cette époque, on mettait 7-0 à Chypre. Ouais, ouais. Nous avons eu nos premiers maillots d’équipes locales, pour moi ce fut Saint-Etienne. Allez les verts (qui pissent en l’air… dans les vestiaires…de ma grand-mère…) !
Et puis patatras, j’ai connu mon premier traumatisme footballistique pendant la célèbre demi-finale France Allemagne de la coupe du monde de 1982. Et découvert qu’au foot, il peut arriver que le goal prenne un joueur qui va marquer pour le ballon. Ou décide délibérément de faire cette confusion. Et envoie ledit joueur, Battiston, à l’hosto dans le coma. Ouais, ouais. Il s’appelait Schumacher et du coup je n’ai jamais non plus supporté le champion de Formule 1.
Et puis il y a eu le PSG version baba cool, avec plein de mecs aux cheveux longs. Genre Dominique Rocheteau. Et surtout Joël Bats !!! Ahhh Joël Bats… Bon, mon intérêt pour Joël Bats a cessé quand, à l’instar de Jean-Pierre François, il s’est lancé dans la chanson. Comme l’autre, il aurait du s’abstenir. Sacrée casserole avec un triple clavier Bontempi intégré ! Mais il n’en restait pas moins un excellent gardien…
Bon après j’ai grandi alors les mecs en short qui courent après la baballe, c’était vraiment beaucoup moins intéressant que les mecs en boxer qui me couraient après. A l’exception évidemment de David Ginola…. Que j’aurais toutefois préféré voir me courir après en boxer. Si je puis me permettre.
S’en est suivi une longue pause footballistique, si ce n’est pour l’équipe de France. En 1998, j’ai tout de même mis les pieds dans une boutique du PSG pour me ravitailler en maquillage bleu blanc rouge. Oui, je le confesse, j’ai mis les pieds dans la boutique du PSG.
Il restait tout de même en moi quelques signes PSGtitude, et notamment le plus célèbre d’entre eux : quels que soient les résultats de Paris, j’ai toujours été anti-OM, et fervente supporter de PSG lors de chacun des chocs entre ces deux équipes. Ici c’est Paris !!!
Acte I : remise en jambes…
Ce qu’il y a d’amusant, pour les parisiens, c’est que nous avons tous des supporters du PSG dans notre entourage. Vu la réputation du club et de ses supporters, c’est une source d’inspiration intarissable pour les moqueries et autres quolibets !!! Pour l’un d’entre eux, tout a commencé par des vannes pendant ou après les matchs, que j’ai enchaîné à un rythme effréné. Histoire de rester crédible et non uniquement dans la blague facile, j’ai donc recommencé à voir les matchs, et à les commenter en direct par sms.
Le problème, si on peut appeler ça un problème, c’est que je me suis prise au jeu. Et que peu à peu, j’ai constaté que je me débrouillais toujours bien sur les commentaires, récoltant là le fruit d’une éducation footballistique qui me permet non seulement de connaître les règles du jeu –et même la règle du hors jeu mieux que les joueurs !- mais aussi d’apprécier la technique et la construction du jeu.
Au fil des matchs, mon pote a constaté qu’à chaque fois que je lui LT la rencontre -live textos, ou commentaires en direct par textos- le PSG gagne ou fait match nul. Et lorsque je ne le fais pas, le PSG perd. Mon pote m’a donc attribué –par jeu- le statut de « patte de lapin » du PSG ! Ce LT privé est devenu un rituel et c’est assez amusant.
Je dois donc bien reconnaître que s’il reste facile de vanner le PSG, ils ne se débrouillent pas si mal cette saison. En gros, fidèle à la devise de la capitale, Paris flotte mais ne sombre pas (ah ah). Alors oui bien sûr, l’équipe repose un peu trop sur Néné, les attaquants Hoarau et Erding peinent à trouver leurs marques, et surtout, le gardien Edel est capable du moins bon et surtout du pire. Mais quand on regarde les matchs, on se rend bien compte, en toute objectivité, que c’est une équipe d’un très bon niveau technique. Finalement, le PSG récolte le tribu des grands : un club vecteur de la passion foot, qu’on soutient dans la victoire, et qu’on adore détester lorsque le groupe fonctionne moins bien.
Au rang de mes griefs, sur un créneau plus léger, il y a aussi la tenue des joueurs. Je dis non au fluo de la tenue des gardiens pour les matchs à l’extérieur. En revanche, je dis oui à la nouvelle politique du PSG envers ses supporters. Je fais clap clap des deux mains pour avoir réservé une partie des virages bleus aux familles, et pour offrir la gratuité dans les virages pour les femmes. Autant de raisons qui donnent envie d’aller au stade en toute sécurité… C’était pour moi le meilleur moyen de me faire une idée sur le PSG.
Acte II : direction le Parc des Princes
Très vite, je me renseigne sur les modalités d’accès. Pour profiter des avantages, il faut être titulaire de la carte « Tous PSG », gratuite, qu’il faut aller chercher au Parc. J’apprends par les supporters que ce n’est pas bien, qu’il faut boycotter parce que le président a fait le ménage, et si je comprends tout, le coup de balai a été tellement large qu’il a emporté dans ses filets des supporters qui se tenaient bien. Oui, bon, je ne connais pas le dossier, selon la police il y avait entre 400 et 800 supporters violents et 13000 abonnements auraient été supprimés. Certes, mais pour les 12200 à 12600 qui se tiennent bien, pourquoi ne pas retourner au match ? Très franchement, la réputation des supporters et la violence de certains hooligans écartaient du stade les gens comme moi.
Je prends donc ma carte, et aussitôt des places pour le match retour du seizième de finale de l’Europa League : PSG – Bate Borisov. J’avais vu le match aller sur le petit écran, et j’avais été impressionnée par la qualité de jeu, malgré le score de 2-2. Je me dis donc que ça peut être sympa d’assister à la qualification de l’équipe, qui se trouve en ballotage favorable, et j’en parle à une copine. Comme moi, elle n’est jamais allée au stade, et trouve amusant d’y aller « entre filles ». Nous voilà donc parties pour tenter l’expérience !
Le placement aléatoire nous colle en « Virage Auteuil Rouge ». On me fait savoir que ce sont de « vrais supporters ». Hum, nous allons être au parfum pour cette plongée « en immersion » dans l’univers du PSG… Mais les supporters me disent qu’il n’y a plus aucune ambiance, je me dis donc que ce sera calme.
Nous nous retrouvons donc Porte de Saint-Cloud, un peu angoissées par l’impressionnant dispositif policier. On n’accède aux abords du Parc des Princes que muni d’un ticket, la vente d’alcool est interdite dans un périmètre assez large autour du Parc, et il est interdit d’en amener dans le stade. Nous nous trompons d’accès, mais les CRS sont adorables avec les deux filles que nous sommes. Nous arrivons enfin devant les portes et passons un sérieux contrôle : fouille des sacs… et palpation longue et précise. Hum, ça ne rigole vraiment pas…
Immédiatement, nous faisons une pause pipi. Premier mauvais point : les toilettes ne disposent ni de papier ni de savon. Ca, c’est nul : aller au stade n’empêche pas un minimum d’hygiène !!! Nous nous dirigeons ensuite vers le bar pour constater avec ravissement qu’il est possible d’acheter des bières, remises en gobelet : nous n’imaginions pas voir un match de foot sans une petite binouse !! Sans alcool, certes, mais une petite bière quand même. Les garçons, eux, préfèrent le Red Bull ou le Powerade.
Nous sommes ensuite placées par de charmantes hôtesses, au deuxième rang. Très vite nous déchantons : les supporters se placent devant le premier rang, ce qui nous gâche la vue. Nous prenons donc rapidement un peu de hauteur… Dans le coin ça pue déjà le mauvais shit. C’est le moment que je choisis pour me fondre dans la masse et arborer fièrement mon écharpe PSG : quitte à aller au stade, autant respecter la coutume en adoptant -en partie- le costume traditionnel local !

Très vite, nous découvrons le « protocole » :
- A l’entrée des équipes, tout le monde se lève
- A l’entrée du PSG, les porteurs d’écharpes agitent leur écharpe. Mais pas façon « tournez les serviettes », en la tenant bien droite au dessus de la tête.
- Les chants « Allez Paris Saint Germain » et autres sont entonnés. Toi aussi apprends à chanter le PSG : pour l’air et les paroles c’est par ici… Dommage que ce soit parfois à base d’« enculés ». A noter que ce florilège oublie le « qui ne saute pas est marseillais », un grand classique. On en viendrait presque à regretter qu’il manque la choré :-)
- Chaque belle action du PSG suscite des tonnerres d’applaudissements
- Tout au long du match, les spectateurs soutiennent le PSG avec des chansons ou des slogans type « Ici c’est Paris » « Paris est magique »ou, les catchlines du club.
- Parfois les supporters crient « Paris » en tendant les deux bras comme pour embrasser fraternellement les joueurs
D’autres gestes sont malheureusement moins appréciables :
- A l’entrée de l’équipe adverse, les supporters parisiens sifflent, voire crient« Enculés ! »
- Le Virage Auteuil fait des doigts et bras d’honneur à l’équipe adverse, en criant« Enculés »
- Régulièrement les supporters crient « Paris » en tendant uniquement le bras droit : que ce soit lié à la référence douteuse ou pas du tout, ça reste surprenant…
- Les supporters sifflent les belles actions de l’équipe adverse
- Les supporters crient « arbitre Enculé » dès qu’il siffle une faute même lorsque c’est justifié
- Les supporters se laissent aller à crier « Marseille enculés » alors que ce n’est même pas Marseille en face
- Lorsqu’un joueur de l’équipe adverse est à terre, les supporters crient « A l’ho, à l’ho, à l’hôpital ». Charmant… Au delà de la méchanceté gratuite, mon souvenir de Battiston à terre ne me permet pas de trouver cela décent.
- Certains supporters se permettent de cracher sur les remplaçants du camp adverse qui s’entraînent pendant la pause. Heureusement, grâce aux caméras, pour ceux-là la sanction est immédiate : expulsion par les stadiers. Un bon point pour le PSG !
Ces agissements m’ont, je dois dire, un peu gâché le spectacle. D’autant que des panneaux portant la mention « Respect »sont positionnés tout autour du terrain, et qu’avant le match, un message rappelle qu’il convient de bien se comporter et de faire preuve de fair-play.
Je venais voir du sport, et j’étais plutôt enjouée à l’idée de voir « en vrai » les athlètes et le jeu, que mes connaissances me permettent d’apprécier. Mais apprécier le jeu, c’est aussi apprécier les belles actions, d’où qu’elles viennent, aussi j’aurais aimé voir applaudir certaines belles tentatives de l’équipe adverse. J’aurais aussi aimé moins de mauvaise foi sur les fautes : oui pour siffler l’arbitre quand il commet une erreur –et sur ce plan ouuuuhhhh à l’un des arbitres de touche !- mais non aux « arbitre enculé ! » lorsque le PSG se faisait sanctionner pour de vrais fautes : c’est le jeu ! Enfin côté vocabulaire, je trouve l’emploi intempestif du terme« enculé(s) » un peu limité. Le PSG lance d’ailleurs aujourd’hui une campagne en faveur du respect. Heureusement j’ai eu de quoi rire un peu en entendant cette phrase : « va droit au but ! » de la part d’un supporter habillé PSG des pieds à la tête. Quand on sait que« Droit au but » est le slogan de l’Olympique de Marseille, c’est priceless.
Le match, quant à lui, n’était pas d’une bonne facture. Antoine Kombouaré -le coach parisien- avait prévu de reposer ses têtes d’affiches, et il faut bien dire que sans Néné en pivot, le jeu a été longtemps désorganisé, l’équipe a perdu trop de ballons et s’est montré mauvaise à la récupération, et l’attaque était un peu à la masse… même si elle s’est bien reprise en fin de match. Edel s’est plutôt bien défendu, il s’est même offert un extraordinaire coup de bol sur une frappe vraiment dangereuse à la 68′ qui m’a fait comprendre pourquoi la sono avait diffusé Thriller à la pause. Mais l’entrée d’Hoarau n’aura pas permis le rebond tant attendu et le match s’est achevé sur un nul… mérité. Grâce au bon nul arraché à l’aller dans des conditions extrêmes (-20 degrés sur un champ de terre !), ce score aura été suffisant pour décrocher la qualification. Rendez-vous donc dans 15 jours face au Benfica ! Grâce à mon live textos en direct du Parc ?
Malgré un bilan en demi-teinte, je n’ai pas été découragée, et si je ne deviendrai certainement jamais une supporter au sens où ils l’entendent, mon intérêt pour le ballon rond l’emporte : je retournerais bien au stade, mais dans une tribune plus calme. J’ai regardé le calendrier, et il y a un PSG – Lorient le jour de mon anniversaire. Alors, qui m’invitera en tribune présidentielle pour l’occasion ? Mais ce que j’aimerais vraiment, à cette date, c’est faire partie du staff du PSG… J’ai en effet vu une annonce qui me correspond parfaitement, et j’ai bien évidemment candidaté. Pour que je puisse écrire l’acte III, que Paris soit magique !