Congrès de l’UMP : premiers ratés

Comme vous le savez, les statuts de l’UMP obligent le parti devenu minoritaire à renouveler ses instances dirigeantes.

Ces statuts régissent précisément l’organisation des opérations électorales. Le président de la Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Electorales (COCOE) a donc informé par mail les adhérents du déroulement du scrutin.

Enfin, c’est ce qu’il croit. Parce que mon frère et moi, tous deux adhérents depuis le 6 mai –oui nous avons pris notre carte uniquement pour pouvoir voter, la défaite à la présidentielle ayant déclenché le processus- nous n’avons pas reçu ce mail. Et pourtant, nous avions vérifié en juillet que notre adhésion avait bien été enregistrée (et ce même si nos comptes en banque avaient été débité, on n’est jamais trop prudents)

En conséquence, si nous ne recevons pas rapidement les informations nous permettant non seulement de voter, mais également de pouvoir parrainer un candidat de notre choix, la sincérité du scrutin sera engagée.

Quid des fichiers transmis aux différents candidats ? Si le secrétaire général actuel (Copé, ndlr) dispose de l’intégralité du fichier mais que nous n’y figurons pas, il y a rupture de l’égalité entre candidats.

Quid d’un candidat qui ne disposerait pas d’assez de parrainages, alors qu’il aurait pu solliciter des adhérents non référencés ?

Pire, lorsque l’on appelle l’UMP pour s’enquérir de notre situation, le service adhésion confirme que nous sommes bien dans la base de données. Un souci d’export sous Excel ? Un souci d’export des adresses email ? Un souci d’envoi des courriers ? Les trois qui touchent les mêmes personnes ? Ca fait beaucoup…

Comme par hasard, cela touche les nouveaux adhérents, qui ont pris leur carte avant le 30 juin. Ces adhérents dont on ne sait pas pour qui ils voteraient. L’organisation du scrutin débute à peine que c’est déjà tendancieux… D’autant que si ces points n’étaient pas résolus, le président nouvellement élu, quel qu’il soit, ne le serait pas à la régulière. Et son élection serait invalide.  Ca fait désordre.

C’est pourquoi je me suis fait plaisir, en adressant à Patrice Gélard, le président de la COCOE, le courrier suivant pour un petit rappel au règlement…

 

A l’attention du président de la Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Electorales

Monsieur le Président,

Il m’a été rapporté que vous avez adressé un mail relatif à l’organisation du Congrès de l’UMP et des règles relatives aux opérations de vote le 15 juillet dernier.

Je tiens à porter à votre connaissance certaines irrégularités.

1/ Je n’ai pas reçu ce mail, alors que j’ai adhéré à l’UMP le 6 mai dernier, dans l’optique, justement, de participer à ce scrutin interne. Je suis donc adhérente à jour de cotisation au 30 juin. Vérification faite le 10 juillet, auprès du service adhésion de l’UMP, mon adhésion a bien été enregistrée avant la date fatidique du 30 juin (débit bancaire le 6 mai). Vous êtes donc dans l’obligation de m’informer de ces opérations. Renseignement pris, d’autres nouveaux adhérents sont dans le même cas que moi. Or nous avons renseigné nos adresses email. Et elles étaient bien dans la base de données avant l’envoi de cette communication.

2/ Les nouveaux adhérents, arrivés après la présidentielle, n’ont pas encore reçu leur carte d’adhérents, ni même un courrier. Si ce point ne semble pas concerné la COCOE, c’est en réalité le cas : faute de disposer de notre carte d’adhérent ou d’un courrier, nous n’avons pas connaissance de notre numéro d’adhérent, et ne disposons pas des pièces justificatives pour prouver notre qualité d’adhérent. Or nous en avons besoin pour le vote, mais aussi pour remplir le formulaire de parrainage.

J’attire votre attention sur le fait que j’ai adhéré le 6 mai dernier, bien en amont de l’organisation des opérations électorales, pour être certaine de pouvoir participer au scrutin ET aux parrainages, dès lors qu’il a été évident, avec la défaite au présidentielles, et en vertu de nos statuts, qu’un scrutin serait organisé. J’entends bien user de tous les droits conférés par ma qualité d’adhérente.

Mon excellente connaissance des statuts me permet de constater que ce scrutin pourrait être entaché si cette situation n’était pas réglée au plus tôt. Il est bien évident que, si vous persistiez à n’informer qu’une partie des adhérents, et que les éléments nous permettant de participer au scrutin ne nous étaient pas communiqués, je poserais alors un recours, d’abord en interne, mais également, le cas échéant, en externe. Vous n’êtes pas sans savoir que je ne serais pas la première à user de cet ultime recours.

Souhaitant pouvoir participer au scrutin, sans être, parce que nouvelle adhérente, suspectée de voter pour X ou Y, je vous remercie, Monsieur le Président, de bien vouloir veiller à sa sincérité, et à la régularisation de ces problèmes.

Chacun cherche sa droite

17 juin 2012. Les urnes ont parlé. La gauche a remporté ces élections législatives, dans la foulée de l’élection présidentielle. La droite, elle, a perdu. Lapalissade me direz-vous.

Non, elle a juste perdu. Elle n’a pas pris une énorme claque, puisqu’elle dispose de 226 députés (droite parlementaire). Le meilleur marqueur en est incontestablement le seul levier qu’il manque à la gauche : celle-ci ne dispose pas de la majorité des 3/5ème au Parlement, et ne pourra donc pas modifier la Constitution seule.

Pourtant, des claques, il y en a eu. Et des deux côtés. Les parachutés Ségolène (Royal) et Jack (Lang) ont échoué aux portes du palais Bourbon, obligeant la gauche à bannir le local ayant osé se maintenir en dissidence et dans le même temps, à revoir son casting pour le perchoir. A droite, les grandes gueules du sarkozysme ont trépassé : Nadine (Morano), Fredo (Lefebvre), Valérie (Rosso Debord), mais aussi Guéant, Vanneste, Garraud, Peltier.

Quelle meilleure situation la droite aurait-elle pu rêver au soir du 17 juin ? D’un côté, le PS doit gérer les suites d’une rocambolesque histoire personnelle mêlant fesses et twitter –le tweet vengeur de Valérie Trieweiler, première dame, encourageant l’opposant à l’ex du président, laquelle a perdu, quel vaudeville !- et de l’autre, la droite se retrouve débarrassée de certains personnages hauts en couleurs qui ont souvent porté atteinte à sa crédibilité. Voire à son pacte fondateur. A ses valeurs. Un sujet sur lequel l’UMP doit se pencher.

Hasard ou coïncidence, le calendrier l’impose. En effet, en novembre prochain, l’UMP réunira en congrès l’ensemble de ses adhérents pour se doter d’un nouveau chef de file, pour un mandat de 3 ans renouvelable. Voter pour un président, c’est bien, mais pour quelle vision de l’UMP ? Quelle philosophie ? Quelles valeurs ?

Avant de se choisir un chef, l’UMP doit se repositionner. Non pas, comme l’imaginent un peu simplement certains, en se mettant dans la roue du sarkozysme ou au contraire en se différenciant par la volonté de créer son propre courant, mais en s’interrogeant sur le sens de l’Union. Qu’est ce qui unit la droite parlementaire ? Quels en sont les contours ? Quelles en sont les frontières infranchissables ?

Autant de questions qui ont été mises en exergue par les deux scrutins qui viennent de se dérouler : la présidentielle, avec le rejet de la stratégie de dérive droitière de Nicolas Sarkozy, et la législative, avec l’échec des tenants de cette stratégie (à l’exception notable de certains ténors de la droite populaire, bien implantés dans le sud Est de la France).

Si l’échec de la droite aux législatives était prévisible, il aura au moins permis à l’UMP de gagner un temps précieux dans cette réflexion, car personne ne pourra contester ce bilan et la nécessité absolue d’en tirer les conséquences rapidement afin d’être opérationnels sur les nombreux scrutins de 2014. Désormais, il appartient aux ténors de se réunir, et de décider ensemble de la meilleure manière de se rassembler.

Mon petit doigt me dit depuis longtemps que ce n’est pas en se lançant dès la rentrée dans un affrontement sanguinaire entre Fillon et Copé –tous deux comptables de la stratégie qui a échoué- que l’on retrouvera un climat d’union. Leurs dérives guerrières ont parfois coûté des circonscriptions, et l’état de la fédération de Paris, en lambeaux, ne témoigne pas de leur grande capacité à diriger un parti dans le respect de l’Union. Mieux vaudrait qu’ils se refassent une virginité durant les trois prochaines années, avant de s’affronter –parmi d’autres- au sein d’une primaire qui ne fait plus guère de doutes.

Nombreuses sont les voix de droite, depuis ce matin, à sortir du bois pour défendre la primauté de la reconstruction sur la prochaine présidentielle : Baroin, Le Maire, Juppé, Raffarin, … Quoi qu’en pense encore le petit milieu politico-médiatique, en retard d’un temps faute de disposer du recul nécessaire, il devient de moins en moins probable que les deux aspirants compétiteurs Fillon et Copé, que chacun voyait s’affronter il y a quelques jours encore, ne soient les bons chevaux pour mettre en place la reconstruction de la droite.