Dimanche je voterai… François Hollande

Longtemps, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir voter lors de cette présidentielle. En tant que ChiracoJuppéiste absolument pas convaincu par le bilan de Nicolas Sarkozy, je suis naturellement orpheline de candidat, faute d’un choix plus probant à droite.

Durant deux années, j’ai milité pour Dominique de Villepin, tout en doutant de ses capacités non pas de président, mais de candidat. La suite de l’histoire m’a d’ailleurs donné raison, puisqu’il ne s’est pas qualifié. N’étant représentée par personne, que faire ?

Nombreux ont été les amis à tenter de m’orienter vers deux candidats. D’une part, Nicolas Dupont Aignan. Au nom du gaullisme. Bon, j’ai toussé. De nos jours, aucun candidat n’est réellement gaulliste. Ce terme est tellement galvaudé par les profanateurs de croix de Lorraine que j’ai du mal avec ceux qui s’en prétendent.

Mais surtout, je déteste les petits candidats qui font des promesses qu’ils ne pourraient jamais tenir s’ils étaient élus. NDA nous propose de sortir de l’Euro. Mais alors, pourquoi chiffre-t-il son programme en Euro ? Pourquoi ne pas parler en francs et estimer la parité qui pourrait exister ? Parce que ça ferait mal ? Pour sûr. Lorsque j’en ai parlé à ceux qui me conseillaient NDA, j’ai tout de même eu droit à un argument collector : « OK, mais à part ça ? Il est gaulliste ». A part ça ? Ca ne me semble pas un détail…

On a aussi essayé de m’orienter vers Bayrou. Soit disant le plus proche de mes idées. Un de ses soutiens a même poussé le vice jusqu’à me dire qu’il était gaulliste. J’ai toussé aussi. Je me suis également demandé pourquoi  tout le monde tenait à utiliser avec moi l’argument du gaullisme. Sûrement un raccourci de plus en raison de mon parcours Chiraco-Juppéiste avec un passage chez Villepin. C’est très court, mais bon. C’est aussi ça les élections.

Revenons à Bayrou. Certains points du programme me séduisent. Mais voilà, ça ne me suffit pas. La présidentielle, dans notre Constitution, c’est avant tout la rencontre entre un homme et un peuple. Le programme fait partie de l’homme. Mais ne fait pas l’homme. Et en 2007, j’ai déjà voté Bayrou au premier tour. Pour quoi ? Pour que le soufflé retombe, que le Modem reste à 56k, et qu’il ne se passe rien pendant 5 ans. Jusqu’à la présidentielle.

Si encore Bayrou avait eu mieux à faire que de monter un parti, comme par exemple faire son job de député à l’Assemblée nationale, j’aurais pu me laisser tenter. Oui mais voilà… L’homme qui entend rendre la présence obligatoire au Parlement affiche un bilan en la matière… quasi nul. Encore une fois, je n’aime pas qu’on me prenne pour une truffe.

Cette situation, je l’avais anticipée dès l’été dernier. A l’époque, je venais de quitter Villepin, imaginant déjà qu’il n’irait pas au bout, et j’imaginais que peut être, Bayrou finirait par me convaincre. Mais faute d’en être certaine, je m’étais préparée à voter pour le candidat de gauche. J’ai donc participé à la primaire, pour choisir celui pour lequel je serais prête à voter sous réserve de sa qualification si au second tour le candidat PS venait à être opposé à Nicolas Sarkozy. J’avais choisi François Hollande.

Restait alors la question du premier tour. J’ai un temps envisagé l’abstention, faute de ne pas trouver de candidat qui me permette d’exprimer ma sensibilité. Non, NDA n’est pas proche de moi. Non, je ne suis plus dans le mood(em) de la génération orange, déçue de 2007. Et enfin non, je ne voterai jamais Nicolas Sarkozy. Question de principe.

J’ai d’ailleurs évoqué cette idée de m’abstenir sur Twitter. Certains retours m’ont outrée tant le politiquement correct a désormais envahi cet espace. J’ai eu de l’argument collector. Par exemple, « tes grand-mères se sont battues pour que tu puisses voter ». Non, mes grand-mères ne se sont jamais battues pour ça, merci de ne pas les mêler à ces clichés. Il y a eu de nombreuses batailles dans ma famille, mais pas celles-ci. En même temps, elles étaient toutes les deux en cloque.

J’ai aussi eu droit à « des gens sont morts pour qu’on puisse voter ». Euh… des gens sont aussi morts pour la monarchie. Et les gens qui sont morts pour qu’on puisse voter, c’était à quelle époque et avec quel résultat ? Nan je demande…

Bref, les gens ont globalement du mal à comprendre qu’il existe deux types d’abstentionnistes. Celui qui n’en a rien à faire de la politique et qui a la flemme de bouger jusqu’au bureau de vote. Et puis il y a celui qui ne trouve pas parmi les dix candidats quelqu’un qui lui convienne, qui sait que le vote blanc et nul n’est jamais commenté, et qui se dit qu’en s’abstenant, il aura un vrai poids. Il pourra faire passer son message. Et ça, c’est aussi de la politique. Toujours se souvenir qu’en toute chose il y a le champ et le contre-champ…

Bref, j’ai tergiversé. Réfléchi. Etudié la question. Et pensé à 2007. Cette année là, il était hors de question pour moi de voter pour Ségo –je n’avais pas été l’une des animatrices du site Segostop pour rien- et encore moins Sarko. Au premier tour, j’ai choisi Bayrou. Les terres du milieu. La génération orange. Qui m’a déçue ensuite, mais sur le coup c’était chouette. Et au second tour… j’ai voté Chirac.

Si c’était en 2007 l’expression d’une fidélité sans faille au président –j’ai toujours voté Chirac- ça n’a plus de sens aujourd’hui, même si ma fidélité à Chirac sera éternelle. Elle est simplement plus affective que politique depuis qu’il est retiré des affaires, ce qui ne lui accorde plus vraiment de place sur un bulletin de vote.

Reste alors le plan B. Celui pour lequel j’ai voté lors de la primaire socialiste en octobre dernier. Lorsque j’ai fait le choix d’y participer, c’était précisément pour me donner une chance de « choisir » le socialiste qui pourrait figurer au second tour… dans l’idée de voter pour lui contre Nicolas Sarkozy.

Aujourd’hui, je souhaite toujours le départ de Nicolas Sarkozy, au terme d’un quinquennat à mes yeux calamiteux sur bien des plans, notamment sur les libertés et les institutions (dont la réforme territoriale), sans parler de la déliquescence de la fonction présidentielle, de sa confusion avec l’UMP et même sa famille, de cette habitude de dresser les français les uns contre les autres, de voir des délinquants partout (y compris chez les chômeurs et les malades), d’user de l’appareil législatif à chaque fait divers, des pressions sur ceux qui le dérangent, et de flirter avec l’extrême droite. De nombreux articles sur ce blog expliquent mes divergences avec Sarkozy et bien qu’étant de droite, je ne mettrai jamais un bulletin portant son nom dans l’urne.

Et je veux voir face à lui celui qui dispose des meilleures chances de l’emporter, mais également de gérer la France. Donc, qualifier au second tour celui qui à mes yeux, et parmi ces dix candidats, est le meilleur. Bayrou m’ayant démontré ses limites en 2007 en terme d’équipes, je crois toujours que c’est François Hollande qui pourra non seulement battre Nicolas Sarkozy, mais aussi gouverner. Pour toutes ces raisons, je voterai dès le premier tour pour François Hollande.

Résultats de l’élection : the Twitter Game

Twitter a inventé un nouveau jeu : rendre chèvre la commission des sondages. Oui, ce jeu est débile. Mais oui, on adore ça.

Pourquoi ? Parce que la commission des sondages a décidé d’interdire la diffusion des résultats sur Twitter et de menacer les contrevenants de poursuites judiciaires. Rien que ça.

Dis monsieur de « La Commission », on peut avoir le deux-tons si on se fait pincer ? On a droit aux menottes à la DSK quand on viendra nous chercher ? Au journal de 20h avec les « Breaking News » ? Dis monsieur de « La Commission », tu ne crois pas que tu en fais un peu trop ?

Forcément, il y a des gens pour trouver que twitter les résultats avant l’heure fatidique -20h, qui correspond à la fermeture des derniers bureaux de vote- SAYMAL. Le problème, c’est que de toutes façons, la divulgation des résultats avant 20h existe. Fut même une élection –en 2002- où Canal + annonça bien avant 20h « une grosse surprise ». Ensuite, ça fait un bail que les sites internet des journaux belges et suisses balancent les résultats.

D’autre part, l’étude réalisée sur l’impact d’internet sur les choix politiques contredit l’idée selon laquelle Twitter pourrait avoir une véritable influence : elle précise en effet que le choix des électeurs ne se cristallisent pas grâce à internet, mais en premier lieu par la télévision et la presse écrite. Si l’on ajoute à cette étude le faible nombre de twittos, les modalités d’accès aux comptes -il faut être abonné à un compte pour le voir ou que le tweet ait été « retweetée par d’autres », ce qui en limite la portée- et que l’on mixe tout ça avec la proportion de gens allant voter après avoir lu le tweet… Bref, tout ceci relativise vraiment le poids de n’importe quel tweet potentiellement incriminé.

Enfin pour terminer, la loi de 1977 ne prévoit pas le cas de Twitter. Et désolé, mais on ne peut pas « estimer » qu’elle inclut ce réseau : il existe des différences entre médias, notamment sur le temps de parole (la télévision doit respecter l’équité parfaite, mais pas la presse écrite) et ce justement parce que le poids n’est pas le même.

Admettons que Twitter soit hyper méga giga influent sur l’intégralité du corps électoral… Quelqu’un peut-il expliquer à « la Commission » que si on est sur Twitter, on est obligatoirement un internaute suffisamment averti pour aller visiter D’ABORD lesdits sites de médias étrangers ? Oui, gars de « la Commission », Dès lors, comment pourrait-on estimer le pouvoir d’influence sur twitter par rapport aux informations diffusées sur ces sites ? Bref, on est dans l’ultra présomption (de culpabilité) uniquement parce que trois vieux mecs au look d’aéroports à mouches -même si j’adore les chauves- ont peur de l’internet mondial.

Ceci dit, il y a de quoi avoir peur, mais pas vraiment de la diffusion des résultats. Sache le, gars de « la Commission », l’internaute est plus malin que toi. Crois moi sur parole, les autorité de régulation, ça nous connaît. Tiens, Hadopi a tenté, et s’est déjà cassée le nez. J’en veux pour preuve les zéro dossiers passés à ce jour devant le juge. C’est bien de brandir les menaces, mais à force de crier au loup… Parce que vois tu, gars de « la Commission », à moins de tomber sur un crétin qui va publier tels quels les résultats, on sera forcément dans l’interprétation. Du coup, ça risque d’être très très compliqué d’appliquer « la règle ».

Comment pourrait-on condamner un internaute sur la base de sa liste de courses, à coup de 16 kgs de tomates ou de 500g de rhubarbe ? Car, cher ami de « la Commission », ce tweet peut-être sarcastique. risque-t-on pas de condamner des gens sur la base de rien, juste parce qu’ils auront voulu faire un peu d’humour ? L’applicabilité paraît donc fort compromise. Et si un twitto devait se faire pincer, il y aurait encore matière à poser de jolies questions prioritaires de constitutionnalité.

Non, gars de « la Commission », ce que tu dois plutôt craindre, ce sont les répercussions en terme d’images de toute cette histoire. Parce que mon gars, il faut qu’on t’explique : on se moque de toi et là, tu es ridicule. C’est le principe même de Twitter. Les geeks sont de petits animaux assez funky qui aiment se saisir d’un sujet, le faire buzzer, trouver les parades…. Jusqu’à avoir un autre jouet. C’est un grand terrain de jeu, Twitter.

Et là, pour l’instant, à J-2, on a envie de te faire tourner en bourrique, gars de « la Commission ». On veut que tu deviennes chèvre à te demander comment tu vas surveiller tous ces tweets qui vont s’échanger. Que tu scrutes les comptes sortis dans la presse en te prenant pour Chloe O’Brian, ce qui te permettra de vivre un instant ton fantasme d’être Big Brother.

On veut que tu deviennes parano derrière chaque message parce que nous autres, twittos, on n’aime pas trop les gens qui trouvent que l’internet mondial, SAYMAL. Ca nous amuse de te savoir tenter de décrypter des codes qui existeront finalement chez bien peu de twittos, faute d’accès à l’information de base. Un détail auquel tu n’as manifestement pas pensé.

Que veux-tu, la dérision est inscrit dans le code génétique du Twitto historique. Bref, on est en train de te faire une bonne blague de geek. Et toi, t’as encore rien compris à l’internet. Allez, courage…

Chamakh rejoint le Bayrou FC !

En cette période de mercato électoral, où chaque club cherche à recruter un maximum de joueurs prêt à buter dans l’urne, quitte à en laisser quelques-uns sur le banc de touche, le Bayrou FC vient de récupérer parmi ses soutien Marouane Chamakh.

L’ancien Girondin, qui évolue actuellement à Arsenal, n’en est pas à sa première incursion dans la surface politique : soutien d’Alain Cazabonne, maire de Talence, c’est en 2010, qu’il est monté à l’attaque, en devenant candidat aux régionales sur la liste de Jean Lassalle… déjà pour le club Modemois.

Reste à savoir si ce recrutement de choc permettra au Bayrou FC, déjà présent parmi les 10 clubs de Ligue 1, de se qualifier en Ligue des Champions le 22 avril prochain. A vos pronos !

Taxe crampons : quels risques pour la Ligue 1 ?

François Hollande imaginait-il lundi soir, sur le plateau de TF1, qu’il déclencherait un véritable tollé dans le monde du football français en annonçant sa proposition de taxer à 75% les revenus au-delà du million d’euros ? Probablement pas. Et pourtant. Depuis, le monde du ballon rond est en ébullition, la très grande majorité des acteurs étant vent debout contre cette proposition. Décryptage.

En France, la mesure proposée par François Hollande devrait concerner environ 3000 contribuables, les plus fortunés. L’idée du candidat socialiste est de faire participer plus à l’effort national ceux qui gagnent le plus. Et donc de leur ponctionner un plus gros pourcentages de leurs revenus au-delà d’une somme plancher, fixée à 1 million d’euros par an. En soi, l’idée n’est pas mauvaise. Là où le bât blesse, c’est qu’elle risque de déstabiliser tout un secteur, qui commençait juste à reprendre des couleurs. D’où les inquiétudes des professionnels du football.

Des joueurs surpayés, oui, mais…

Naturellement, les joueurs gagnent énormément d’argent. Des sommes folles. Considérables. Choquantes pour beaucoup. Des conditions de vie fastueuses sur lesquelles personne n’a envie de verser une larme. Evidemment. Mais pas uniquement en France. Le football est un business international, dans lequel les émoluments sont fixés lors des transferts, en fonction de la valeur marchande du joueur, basée sur son mérite professionnel, et ses résultats. Ce gigantesque marché est peut être choquant, mais il serait illusoire d’imaginer que c’est la France, seule, qui, en baissant le revenu net après impôt des joueurs, va casser ce marché. Conséquence directe : si la France est le seul pays à adopter une telle mesure, les joueurs iront voir ailleurs.

On m’objectera qu’il faudrait trouver des pays pour les accueillir. Certes, le millier de joueurs pros en France ne trouvera pas de terre d’accueil, mais selon l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP), ce sont plutôt 120 à 150 joueurs qui sont concernés par le palier du million. Et qu’on ne nous dise pas que bien moins de joueurs sont concernés : les revenus des joueurs ne concernent pas uniquement leurs salaires, mais incluent également les primes et les revenus connexes provenant de la publicité et des équipementiers. Tout ceci même si le chiffre sera revu à la baisse, le palier passant à 2 millions d’euros par an pour les joueurs mariés. Paraît-il.

Reste que parmi les joueurs concernés, bien peu auront du mal à trouver un contrat à l’étranger. Si l’on prend le top 10 des joueurs les mieux payés, imaginez-vous qu’un seul d’entre eux galère pour trouver un club anglais, allemand, espagnol ou italien ? On ne nous prendrait pas pour des jambons par hasard ?

1. Javier Pastore (PSG) : 5,3 M€ (+500 000 € de variable)
2. Joe Cole (LOSC) : 4,8 M€ (1,8M€ payé par le LOSC, le reste par Liverpool)
3. Yoann Gourcuff (Olympique Lyonnais) : 4,4 M€
4. Lucho Gonzalez (Olympique de Marseille) : 4,3 M€
4. Cris (Olympique Lyonnais) : 4,2 M€
5. Lisandro Lopez (Olympique Lyonnais) : 4,1 M€
6. André-Pierre Gignac (Olympique de Marseille) : 3,8 M€
7. Alou Diarra (Olympique de Marseille) : 3,8 M€
8. Kim Källström (Olympique Lyonnais) : 3,7 M€
9. Kevin Gameiro (PSG) : 3,6 M
10. Bafetimbi Gomis (Lyon) : 3,5 M

Hélas, cette mesure étant présentée pendant la présidentielle, elle s’accompagne du barnum qui va avec, et des grands mots qui n’ont que peu de relation avec la réalité économique du monde du football. Depuis l’arrivée des qataris au PSG, il est en effet de bon ton de cracher sur les joueurs sous prétexte qu’ils gagnent des millions. Peu importe qu’ils n’aient pas été à l’origine de l’envolée des prix, et qu’ils n’en soient que de simples pièces.

La pensée populaire vaut, en temps de crise, qu’on tape sur les plus riches, sans chercher à comprendre. Et attention, les grands mots sont de sortie. Ainsi, il en va du « patriotisme ». Peut-on m’expliquer en quoi Javier Pastore, de nationalité argentine, devrait être patriote ? Solidaire en temps de crise, je veux bien, mais patriote… Bref, on frise le ridicule. Tout ça parce qu’il y a une élection présidentielle, et que le militantisme, dans ces cas là, fait peu de cas de la mesure. Hélas.

Du côté des clubs

Contrairement à ce qu’imaginent certains, ces départs ne seront pas forcément volontaires pour certains joueurs. On l’a déjà vu lors du mercato de janvier : faute de pouvoir continuer de payer le salaire de Lucho Gonzales, l’OM a du s’en séparer, et le vendre. En conséquence, la question porte finalement peu sur les joueurs : certains iront voir ailleurs, d’autres seront vendus par leurs clubs, y compris à perte, pour éviter des problèmes financiers. Pour un PSG qui investit des centaines de millions d’euros depuis l’arrivée de ses nouveaux propriétaires qataris, combien de clubs le nez sur le compte en banque ? Et c’est bien là l’enjeu : quid des clubs ?

Comprenons nous bien. Il ne s’agit pas de pleurer sur le salaire des joueurs. Certes, Christophe Jallet s’est exprimé de manière un peu maladroite, parce qu’il n’avait manifestement pas eu en ligne son conseiller fiscal, et donc pas compris que les 75% ne seraient pas ponctionnés dès le premier euro gagné. D’autant qu’il ne devrait pas être concerné : Christophe Jallet touche un salaire hors primes et autres revenus de 100000 euros par mois, soit 1,2 millions par an… mais est marié. Et donc sous la barre des 2 millions d’euros annuels, le palier étant doublé pour les joueurs mariés paraît-il. Mais là où Dhorasoo a tort quand il dit que « les footballeurs sont déconnectés de la réalité », c’est parce qu’il oublie que ce ne sont pas les joueurs qui ont créé ce marché fou. Dans cette histoire, ils ne sont que des marchandises. Et pour quelques années seulement.

Les inquiétudes du monde du football et la levée de bouclier ne portent donc pas sur les salaires de joueurs, les plus cotés pouvant de toutes façons aller toucher le même salaire ailleurs, mais bien sur l’avenir de nos clubs de Ligue 1 au regard de la situation européenne et mondiale. Car la France n’est pas seule au monde, et ne va pas changer les choses toute seule, avec ses petits bras musclés. Et ce que reproche aujourd’hui le monde du football à François Hollande n’est pas d’avoir instauré une taxe anti-footballeurs –cette mesure ne les visait pas- mais de ne pas avoir compris les dangers que feraient peser une telle mesure sur l’économie du football et du sport de haut niveau.

L’effet sera immédiat : les salaires des joueurs ne bougeront pas d’un iota, du fait du marché international, mais les clubs, eux, devront intégrer dans leur masse salariale le surcoût lié à ces nouvelles charges, puisque c’est bien eux qui les paieront… du moins s’ils veulent retenir leurs joueurs, honorer les contrats, ou attirer de nouveaux joueurs de même calibre. Le nier serait tout simplement hypocrite.

Les ressources des clubs proviennent, en grande partie, de la billetterie, du merchandising, et des droits TV. Si les grands joueurs décident de quitter le territoire pour des raisons fiscales, il est évident que la Ligue 1 perdra en attractivité. Ce au moment où justement, elle commençait à se relever, après des années difficiles. Moins de joueurs de talent, ça veut dire moins de monde au stade, donc moins de recettes de billetterie. Mais aussi, moins de vente de maillots et autres goodies, donc moins de recettes de merchandising. Mais surtout, à terme, cela engrangera une baisse des recettes liées aux droits TV, les diffuseurs devenant forcément moins généreux pour payer un spectacle moins intéressant. A terme, ce sont donc toutes les recettes des clubs qui risquent de baisser.

Or dès 2013, les clubs seront soumis par la FIFA au fair-play financier, qui sera progressif jusqu’en 2018. Le principe est simple : les clubs devront vivre avec leurs recettes propres, et ne plus compter sur qui que ce soit, pouvoirs publics et actionnaires inclus, pour boucher les déficits ou effacer les ardoises. Une idée plutôt intéressante pour cesser toute forme de concurrence déloyale entre les clubs et calmer un peu le jeu. Mais qui peut, dans le cas d’un championnat en perte de vitesse, avoir des effets pervers. En effet si les recettes des clubs baissent, et comme les clubs ne pourront pas réinjecter d’argent en vertu du fair-play financier, ce sera un cercle vicieux : ils ne pourront plus recruter, même un niveau en dessous, et donc, le championnat de France n’aura plus de possibilité de se relever. Et c’est bien ça qui inquiète les clubs français.

Aujourd’hui, les joueurs suivent pour la plupart un processus de carrière qui les mènent du centre de formation jusqu’en Ligue 1, et c’est une fois repérés dans le championnat qu’ils partent poursuivre leur carrière à l’étranger. Si la Ligue 1 perd de son attractivité, les joueurs cèderont aux vautours qui les attendent déjà à la sortie des centres de formation, et ne passeront plus par la Ligue 1 pour faire leurs armes.

Et les supporters. Parce qu’eux en paieront de toutes façons les pots cassés. Déjà, la suppression du Droit à l’Image Collectif, qui permettait aux clubs une exonération d’environ 30% sur les charges sociales, avait fait du mal dans les caisses, notamment des club les moins riches, touchés de plein fouet par la suppression il y a deux saisons d’une recette bienvenue pour faire face à la concurrence. Ensuite, le fair-play financier, en limitant les dépenses aux ressources propres, faisait craindre une hausse des prix des billets, des abonnements et du merchandising. Mais si en plus il faut compenser le salaire des joueurs, alors on ne pourra y échapper. Progressivement, une place en virage au Parc des Princes, aujourd’hui entre 15 et 20 euros, pourra atteindre les 100 euros comme c’est déjà le cas en Angleterre. Dès lors, le football ne sera plus un sport aussi populaire…

Des dérives à stopper

Naturellement, le monde du football a généré ces dérives. Car depuis 20 ans, les grands clubs ont fait exploser les salaires des joueurs, se les arrachant à coup de millions qu’ils n’avaient pas forcément en caisse. Résultat, le marché est devenu ce qu’il est, et les clubs ont soit vu leurs ardoises purement et simplement effacée, comme la dette fiscale du Real Madrid par le Roi d’Espagne, soit renfloué leurs caisses grâce à l’injection massive de dollars par leurs fortunés propriétaires. Résultat, la planète foot a vécu au-delà de ses moyens, fait grimper les prix jusqu’à ces sommes folles, et généré une bulle financière qu’il serait, en effet, de bon ton d’exploser, histoire de revenir à un niveau plus en phase avec le reste de l’économie mondiale, et surtout, la décence.

Ces excès n’a pas échappé aux instances du football mondial, et c’est justement dans cette optique que la FIFA a tenté de se doter d’un outil pour limiter les dégâts, en instaurant le fair-play financier. Reste naturellement à savoir quels seront les moyens mis en place par la FIFA pour contrôler la gestion des clubs, dont certains ne manqueront pas, il est certain, de chercher à échapper aux sanctions… qui elles aussi devront être suffisamment dissuasive. Et le poids de la FIFA étant relatif, la partie n’est pas gagnée.

Si en Europe, on peut imaginer que la perspective de se voir priver de Ligue des Champions pourrait en calmer plus d’un –il faudra prévoir des sanctions de ce type, et non simplement des amendes-, on peut aussi légitimement se demander ce qui arrêtera les clubs chinois ou du Caucase, vers qui se dirige maintenant la bulle financière, à grands renforts de salaires encore plus indécent, comme en témoigne le recrutement de Samuel Eto’o par le club le club russe l’Anzhi Makhachkala pour 20 millions d’euros par an, soit le double du salaire de Messi au Barça. Et ce n’est pas le seul. Attention par là-bas, on regarde peu l’origine de l’argent, les mafias locales ont de beaux jours devant elles… C’est aussi l’un des points noirs du football actuel.

Alors oui, le football international est à la croisée des chemins, et doit se remettre en question. C’est bien ce que tente d’entreprendre la FIFA. Mais dans le même temps, si nos législations nationales mettent à mal notre sport de haut niveau, nous aurons du mal à nous montrer compétitif, et nous prendrons alors le risque de tuer la Ligue 1. Quand on défend nos industries, en cherchant à garder l’emploi sur le territoire national, quel intérêt y-a-t-il à tuer un de nos pôles de compétitivité, qui génère près de 50000 emplois directs et indirects ? N’est-ce pas un peu contradictoire ? Tout ça pour une mesure reconnue par le candidat PS comme « symbolique », qui ne rapportera pas grand-chose à l’Etat, et peut être même des pertes si ces joueurs, qui payent beaucoup d’impôts, partent ailleurs ?

Certains diront qu’il fallait bien faire quelque chose. Certes. Mais au lieu de se laisser emporter par le show médiatique permanent de la présidentielle, il aurait peut être fallu réfléchir. Regarder qui était touché. Etudier la situation de ce secteur. Et œuvrer au niveau européen. Ne soyons pas dupes, la crise est mondiale. Si l’on met temporairement de côté le cas problématique de la bulle qui se déplace vers la Chine et les mafieux du Caucase, et que l’on essaie déjà de régler la situation en Europe, il existe des solutions à moyen terme. Parce que toute l’Europe est en crise, et les pays où se trouvent les grands clubs sont eux aussi touchés.

L’Espagne, déjà, a supprimé la loi Beckham, qui permettait aux joueurs d’être imposés à 24% au lieu de 43%, de façons à les attirer dans les clubs espagnols. Depuis le 1er janvier 2010, les nouveaux contrats ne bénéficient plus de cet avantage énorme. Ce qui a permis de remettre les compteurs fiscaux à peu près à niveau dans les grands pays du ballon rond, et de permettre aux clubs européens de jouer grosso modo dans la même cour, d’autant que ce sont souvent les clubs qui prennent en charge l’imposition des joueurs.

Tout ça pour quoi ?

Du coup, comment ne pas être dépité par l’annonce du candidat Hollande, qui vient mettre à mal cet équilibre ? Plutôt que de jouer les gros bras de la fiscalité, il aurait été plus intéressant d’œuvrer entre partenaires européens, vers une plus grande harmonisation fiscale. Et pas uniquement pour le football ! Et donner une chance à cette mesure solidaire d’aboutir sans générer d’autres problèmes dans un secteur ou un autre.

Dommage de laisser un sujet, quel qu’il soit, être guidé uniquement par les effets pervers de la campagne présidentielle, qui prône le buzz et les mesures chocs, même si elles rapportent peu dans les caisses étant donné que là c’est la chasse à l’électeur qui intéresse. Ou comment un effet d’annonce a mis tout un secteur à feu et à sang, pour une mesure qui ne sera peut être jamais adoptée, que le Parlement se chargera d’amender et dont on verra bien ce qu’il restera, une fois les lobbyistes entrés en action.

Histoire de dépassionner le débat, terminons par un sourire puisque dans cette histoire, ce sont les wagabee, les wanabee wags, qui vont être contentes : le mariage avec un footballeur va en effet devenir tendance, vu que ce sera l’une des meilleures niches pour défiscaliser. Joueur célibataire touché par ce projet de réforme fiscale, je t’attends !

Pour qui sonne le glas ?*

Dès le 13 décembre dernier, Dominique de Villepin avait donné rendez-vous à la presse pour l’inauguration de son QG de campagne –situé rue du Cherche Midi, un nom prédestiné ?- et  présenter son équipe de campagne. Il aura fallu patienter longuement pour avoir enfin la confirmation de ce que tout le monde redoutait : sa directrice de campagne n’est autre que… Brigitte Girardin.

Brigitte Girardin ? Celle qui a planté le parti lancé en grande pompe en 2010 par Villepin ? Celle dont les états de service sont déplorés par quiconque l’approche, que ce soit les cadres ou les militants ? Celle qui n’a pas su réussir l’anniversaire du parti, réunissant seulement 300 militants dans les jardins de l’Amérique Latine en juin dernier ? Celle qui n’a pas réussi à amener des adhérents dans RS en vue de cette campagne ?

Et pas de chichi entre nous : il n’y a qu’à regarder les comptes publiés sur le site de la commission nationale de financement de la vie politique pour s’en rendre compte : en divisant le montant des adhésions déclarées par le ticket moyen d’adhésion annoncé par le trésorier lors de la réunion des cadres en mai dernier [ndlr : 37 euros, les adhésions étant réparties entre un tarif jeune à 10 €, classique à 20 €, et bienfaiteur à 100 €], RS était en 2010 sous la barre des 5000 adhérents. Bien loin des 25 000 revendiqués.

Quand on sait qu’en 2011 les adhésions ont chuté lourdement en 2011, sans parler de l’hémorragie des cadres et de l’arrêt des activités militantes quasiment partout en France depuis la démission de Villepin de la présidence de République Solidaire en septembre dernier … N’en jetez plus la coupe est pleine !

Bref, Girardin directrice de campagne, c’est la prime à l’incompétence et l’inexpérience. Mais pourquoi ce choix ? Apparemment, Villepin a payé cher ses tergiversations de l’année, et ses mauvais chiffres dans les sondages. Malgré l’annonce de sa candidature, le candidat gaulliste ne parvient pas à décoller. Tout juste a-t-il été cité une fois à 4%, mais plafonne en moyenne entre 2 et 2,5%. Pas de quoi attirer des têtes d’affiche.

Aussi, il n’est finalement pas très étonnant qu’à l’instar de l’OM, le club de foot marseillais qui traverse de grosses difficultés financières rendant impossible les recrutements, Dominique de Villepin en soit réduit à conserver à ses côtés des joueurs peu performants… faute de pouvoir s’offrir mieux. Oui, Girardin, c’est un peu le Brandao de République Solidaire. Ce joueur à la réputation entachée dont personne ne veut, mais qui reste le seul recours, faute de mieux.

Et si l’OM peut encore espérer viser le podium et se qualifier en Ligue des Champions, il est peu probable que l’équipe de CFA constituée par Villepin ne réussisse à se qualifier au soir du premier tour, ni même à réaliser un score honorable. Tout juste passera-t-elle, peut être, le tour préliminaire, si elle parvient à récupérer les 500 signatures.

Car pour parvenir au sommet, il faut jouer en équipe, collectivement. Or chacun sait que ce n’est pas le schéma de jeu mis en avant par Brigitte Girardin, plus préoccupée par la stricte application de l’esprit de cour que par le rassemblement pourtant prôné par son candidat. Si Villepin privilégie un schéma en sapin de Noël, il n’est pas pour autant Ancelotti… et les militants ont les boules.

Lassés, nombre de cadres et de militants n’y croient plus, et les adhésions enregistrées depuis l’annonce de la candidature –bien réelles- n’ont pas pour le moment endigué le flot des départs. Certains anciens cadres, comme Xavier Jaglin ou Erwan Toullec, avaient lancé un appel dès l’annonce de candidature pour rejoindre François Bayrou.

Ils en remettent une couche ce matin avec une tribune rappelant « la haute estime » qu’ils portent à Dominique de Villepin… tout en annonçant se « désolidariser de la démarche dénuée de sens du fondateur de République Solidaire et s’engager auprès de François Bayrou ». Pour eux, ce choix est avant tout justifié par la l’importance de servir l’intérêt général, rassemblés : « tous unis autour de celui qui se révèle le seul capable aujourd’hui de rassembler au-delà des clivages. » Capable par son projet, mais aussi, son professionnalisme.

Il est évident que ce n’est pas Villepin, entouré d’une directrice de campagne clivante, qui peut répondre à cette nécessité de rassemblement national. Et ces anciens cadres villepinistes n’y vont pas de main morte pour décrire, avec justesse, les comportements au sein de République Solidaire, bien éloignés du discours du patron : « Malgré nos efforts pour rapprocher et rassembler les énergies et les talents, malgré nos appels à la raison et au sursaut pour offrir aux Français une véritable alternative aux systèmes ayant plongé la France dans les gouffres que l’on sait, nous n’avons été confronté qu’à une démarche de plus en plus personnelle que ni les défections ni les sondages ne semblent interpeller. » 

Spéciale dédicace à Dame Brigitte. Mais tellement vrai. Avec en option, la fuite d’une partie des voix à prévoir en direction du Béarnais, bien mieux placé dans les sondages et positionné sur le même créneau électoral. En nettement plus pro, plus expérimenté, et donc, plus crédible. D’autres soutiendront Dupont-Aignan, d’autres encore s’éparpilleront chez Joly ou directement Hollande. Quoi qu’il en soit, une large partie des troupes fuira ce qu’il reste du radeau villepiniste.

Et pour cause : cette nomination subie marque un constat d’échec pour l’ancien Premier Ministre, obligé de prendre ce qu’il restait en magasin, faute d’avoir su convaincre dans le microcosme des professionnels expérimentés et aptes à battre campagne. Autrement dit, un suicide politique. Au lieu du tocsin, c’est plutôt le glas que l’on entend sonner au loin…

*Papier publié sur Marianne à cette adresse