Politique et Internet : du côté de chez Valls

Invité à participer au petit déjeuner Politique et Internet : je t’aime moi non plus ? par APCO Worlwide et La Revue Parlementaire, Sébastien Gros, directeur de cabinet –et de campagne pendant la primaire- de Manuel Valls a pris la parole pour expliquer sa vision et celle de son patron sur leurs pratiques internet.

Il estime que pendant les primaires, internet a été utile, mais que ce sont les débats télévisés qui ont eu le plus d’impact. Si internet reste une source d’information et de débat, ce support ne modifie pas forcément le vote : on reste sur une démocratie d’opinion.

Et avec une vraie différence entre l’impact national et local. Pour lui, quelques blogueurs peuvent faire le buzz, ainsi que Twitter, mais Facebook ne sert pas faute de pouvoir accueillir le débat. Pour l’équipe de Manuel Valls, internet reste un lieu d’échanges, mais n’a pas de valeur mobilisatrice, à l’exception des meetings. Sébastien Gros insiste d’ailleurs sur la nécessité de prendre en compte la sociologie de son territoire en ce qui concerne internet, la fracture numérique étant encore tenace.

A l’échelon local, Manuel Valls étant maire d’Evry, ils ont tenté d’installer le réseau social ma résidence.fr, dans lequel ils ont investi une certaine somme. A l’heure actuelle, les retours ne sont pas satisfaisants. Ce qui prime reste le rapport humain et les méthodes classiques –porte à porte, présence sur les marchés, …- sont encore les plus efficaces.

En terme de réseaux sociaux, Sébastien Gros était plutôt réticent à ce que Manuel Valls se lance sur Twitter, car ce support n’a d’intérêt que si c’est le politique qui l’utilise lui-même. Non seulement il s’y est mis, mais a été un temps addict… avant de réguler sa participation.

Finalement, l’équipe de Manuel Valls note qu’internet est surtout utile pour la compilation des fichiers, le nerf de la guerre, la diffusion de l’information, et phénomène plus nouveau, la levée de fonds. En effet, lors de la primaire, internet a permis de récolter des dons à l’issue des débats télévisés. C’est une nouvelle tendance qui sera à creuser.

Ci-gît l’UMP…

Pendant la primaire, Martine Aubry qualifiait François Hollande de gauche molle… et bien je n’hésiterai pas à qualifier l’UMP de droite folle.

L’après-primaire est en effet vécu de manière totalement disproportionnée à droite. En la matière, l’UMP n’a pas manqué de faire quelques jolies sorties de route.

Face à cette attitude responsable, encore une fois la droite me fait honte. Tout a commencé pendant la primaire. Le parti majoritaire n’envisageait pas de voir l’opposition intéresser les médias, fascinés par cette nouveauté. L’UMP a donc commencé à aboyer, notamment par la voix des habituels débiteurs d’éléments de langages préfabriqués à l’Elysée : Copé et Morano. Dans le même temps, le secrétaire général de l’UMP, obnubilé par le PS, s’est mis en tête d’organiser la riposte.

Ainsi durant les trois débats de la primaire, les jeunes de l’UMP étaient invités à se retrouver au siège du parti, au 55 rue La Boétie, pour… tweeter ensemble sur les débats, en direct de l’UMP. Que doit-on penser d’un parti qui ne se positionne pas sur des valeurs, pour un projet, mais contre celui du voisin ? C’est un peu court… Et négatif. Me revient à ce moment là en tête un tract que les jeunes pop avaient réalisé en 2004 contre les extrêmes de droite comme de gauche. Avec cette accroche : « Ils veulent tout détruire. Nous, nous voulons tout construire ». Les Jeunes Pop de 2011 semblent avoir rejoint le côté obscur de la force, celui qui détruit mais sans rien proposer. Adieu les idées.

Au soir du second tour, le parti majoritaire en remet une couche, allant de plateau télé en plateau télé pour beugler les mêmes phrases compilées sur les petites fiches préparées à cet effet. C’est étonnant cette incapacité à s’approprier des éléments de langage pour les exprimer avec ses propres mots… Parfois je m’interroge sur le niveau des politiques qui se sont prêtés ces derniers jours à l’exercice : simple fainéantise ou réelle incapacité ?

Ainsi Pécresse, sur le plateau d’I-télé, débite bêtement les éléments de langage avec lesquels on l’a droguée, et évoque justement les divisions de la gauche, notamment sur l’aspect programmatique. D’une part, elle ne semble pas bien avoir compris le principe de la primaire. Qui figure pourtant dans les statuts de l’UMP et que son parti a déjà expérimenté, notamment aux municipales à Paris en 2008.

Comme le rappelle très justement l’excellente Cécile Renson, lorsque le processus fut lancé, Nicolas Sarkozy disait alors : « Paris donne l’exemple, mais ce n’est qu’un début ». « Ce que j’ai voulu pour Paris, je le veux tout autant pour l’échéance présidentielle ». Et maintenant la primaire serait un mauvais système ? Toujours ce manque de cohérence sur la durée… D’autre part, Pécresse oublie les divisions de la droite, qui sont telles qu’une partie s’est déplacée pour voter avec conviction à la primaire, faute de se reconnaître dans le soi disant candidat naturel de Tribord !

Mais le pire était encore à venir, avec la tenue annoncée sur tous les plateaux d’une convention de l’UMP destinée à démonter le projet socialiste. Une fois de plus –et malgré le hashtag trompeur de #Projet2012, à moins que le projet de l’UMP ne soit celui du PS !-, l’objectif n’était pas de faire des propositions, mais bien de taper sur celles des voisins. Ou quand l’UMP a un petit problème d’autonomie dans la construction –hypothétique à ce stade- de son projet… Hélas, lors de cette convention, j’ai simplement vu la droite la plus bête du monde céder à la facilité.

Comme prévu, ce fut un florilège de petites phrases, d’attaques gratuites, de manipulation mentale à base de chiffrage du programme du PS erroné –les nouvelles mesures ont été comptabilisés, pas celles supprimées et de surcroît, le mode de calcul n’a pas été communiqué, et même le Premier Ministre reconnaît que les prévisions de croissance sont impossibles à réaliser, ce qui rend caduque tout chiffrage de projet-, sous le haut patronage de quelques ministres priés de venir communier, d’élus, et de secrétaires nationaux que personne ne connaît. Certes, du monde s’est bousculé à la tribune pour afficher son appartenance à l’UMP. Mais toujours pas l’ombre d’une idée.

Tout ça pour ça. Tant de foin au sujet du temps de parole accordé au PS –parce que c’était l’actualité- pour finalement ne rien proposer d’autres qu’attaques sans fond et autres quolibets type affichés en A3 sur les pancartes de fortune distribuées à l’entrée. Ou l’incohérence mise en scène et reprise par toutes les télés.

Si les intervenants sont venus nombreux –souvent des seconds couteaux poussés par le souci de décrocher leur investiture- ils n’ont pas su développer autre chose que des phrases toutes faites. Copé a présenté un discours d’une violence rare, que rien ne justifiait. Lancar a exposé un argument contre les emplois jeunes… qui pourrait être utilisé pour défendre le contrat de génération d’Hollande ! Les plus hardis ont évoqué la politique gouvernementale, se livrant à un exercice de bilan, et non de campagne. A ce jeu Baroin et Le Maire se sont montré bien au dessus du lot… hélas totalement hors sujet. Mais était-ce vraiment un hasard ?

Comment le parti majoritaire peut-il imaginer parvenir à rassembler la droite sur un mouvement négatif, fusse ce contre ses opposants ? Une campagne, c’est un élan, quelque chose de positif, qui entend apporter un avenir meilleur à nos concitoyens. Aussi comment, par cette action de dénigrement, espère-t-il  réunir la droite, déjà bien dispersée ? Comment fédérer, avec ce triste spectacle qui a omis l’essentiel, à savoir les idées ? Si la sécheresse mène la vie dure à nos paysans, il semblerait que l’UMP soit également en rade d’idée. Et l’agressivité ne constitue pas un programme : si les militants peuvent un instant se consoler en tapant sur le vainqueur de la veille –la primaire a donné une image favorable au PS- ça ne peut en aucun cas suffire pour rassembler la droite et les Français.

L’absence de plusieurs personnalités d’ampleur à droite semble confirmer la donne, même si Copé persiste à clamer que la majorité est rassemblée. Méthode Coué, certainement. En effet, si tous les premiers ministres ayant officié depuis les vingt dernières années étaient absents. Si Balladur ne se montre plus guère et que Villepin a quitté le parti majoritaire pour fonder (puis quitter) le sien et annonce au même moment lors d’une intervention à l’Université Paris Dauphine que son « engagement à participer à la présidentielle de 2012 est total », reste tout de même Fillon, l’actuel locataire de Matignon, Juppé et Raffarin. Pas un d’entre eux n’a fait le déplacement : les éminents fuiraient-ils l’UMP ? La question mérite largement d’être posée.

Raffarin, d’abord, qui depuis quelques temps, a pris ses distances avec le parti majoritaire, lassé par les sorties de route des perroquets sans envergure. Alain Juppé, quant à lui, persiste à tenir son rôle de numéro 2 du gouvernement, en soutenant Nicolas Sarkozy. Mais en appliquant le service minimum. S’il déclare officiellement soutenir Nicolas Sarkozy de toutes ses forces, il faut tout de même lire les petites lignes tout en bas du contrat : le meilleur d’entre nous ne vas tout de même pas jusqu’à participer à ce show grand-guinolesque. Faut pas déconner.

Et que dire de Fillon ? Le Premier Ministre semble avoir définitivement jeté l’éponge. Candidat aux législatives puis municipales déjà annoncé à Paris, il a en effet donné un signe tangible du peu d’espoir qu’il porte en la droite pour 2012 : en additionnant son statut de Premier Ministre, la circonscription très favorable dans laquelle il envisage de se présenter (la 2ème, qui comprend une partie du 5ème, du du 6ème et du 7ème arrondissement), la Fédération de Paris dans laquelle il a placé ses collaborateurs depuis longtemps, et l’élan censé être donné par la présidentielle, il devrait être élu les doigts dans le nez. Alors pourquoi partir si tôt ? La confiance règne…

Puisque le PS était l’objet de cette convention, je ne saurai que conseiller à l’UMP de s’inspirer de son irritante chanson, et d’envisager sérieusement de tourner la page de Sarkozy… l’homme qui a mis l’UMP en état de mort clinique, puisqu’elle nous a montré aujourd’hui disposer d’un encéphalogramme plat. En ce sens, c’est le fond bleu –pour la droite- dans lequel se sont noyés les intervenants qui était le mieux pensé.

J’y ai vu l’océan glacé, et la majorité rester vaillamment sur le Titanic, prise au piège du mastodonte, avec un Copé chef d’orchestre jouant jusqu’à ce que mort s’ensuive… ce qui ne manquera pas d’arriver. Que ce soit au printemps prochain –et le plus tôt sera le mieux- ou dans cinq ans. Pendant que quelques uns, ont déjà pris les canaux de sauvetage, faisant l’impasse sur 2012, pour mieux œuvrer à la reconstruction de la droite.

Quant au capitaine, il reste dans sa cabine, maintenant droit le cap sur l’iceberg. Plus personne n’en doute : si sur un malentendu, il parvient à survivre en tant que président, ce sera de toutes façons au prix de la mort de l’UMP. Copé l’a déjà enterrée. RIP.

Hollande, et après ?

56-44. Ce n’est pas le score du match de rugby d’hier (on est en finale, on est en finale, on est, on est, on est en finale), mais grosso modo celui de la primaire socialiste.

Après un ultime affrontement dans les urnes, François Hollande l’a emporté assez largement sur Martine Aubry, avec un score de 56,57% pour le corrézien contre 43,43% pour la Lilloise. C’est donc François Hollande qui portera donc les couleurs socialistes à la présidentielle, au printemps prochain.

Immédiatement, la boîte à images se met en route, et le PS réussit bien à faire passer son message d’unité. Dès sa première prise de parole, Aubry fait le geste. Sur le perron de Solférino, les deux candidats se donnent la main, ceux du premier tour les rejoignent pour la photo : l’adversité est loin, tous derrière Hollande et peu importe qu’il fut surnommé Flamby ou taxé de représenter la gauche molle. L’heure est au rassemblement au sein du parti socialiste, condition sine qua non pour espérer l’emporter en 2012.

Car la gauche a choisi Hollande, avec une confortable avance. Celui qui, il y a quelques mois encore, subissait en interne au PS un Tout sauf Hollande, de la part d’une frange de la rue de Solférino. Et pourtant. Dès le premier tour, le mystérieux corps électoral de cette primaire l’a placé en tête, avec 9 points d’avance. Les sondages lui en donnaient 10. Avouez que c’est kif-kif.

Restait alors à confirmer cette dynamique. Un à un, tous les battus du premier tour l’ont rejoint, laissant Martine bien seule pour mener la dernière bataille. Mais c’était logique : il fallait se rassembler sur le gagnant, pour lui donner la plus grande légitimité possible. Martine n’a certes pas démérité, mais François l’a largement emporté.

Reste maintenant à transformer l’essai, et ce ne sera pas facile. Ce qui m’a frappée, hier, c’est le non vote des quartiers.  Les banlieues ont boudé la primaire, malgré les déplacements des candidats. Ainsi selon les chiffres compilés par le Parisien, au premier tour, si Paris compte 13,7% de votants sur l’ensemble des électeurs inscrits, avec des pointes à 18,4% dans le 11ème ou 19,5% dans le 3ème, la participation peine à atteindre les 5% en Seine-Saint-Denis, et 5,67% dans le Val D’Oise. Avec un record à 2,37% à Garges-les-Gonesse. Dans le même temps, la moyenne nationale est de 6,14%.

Lorsqu’on regarde où ce sont portés les votes exprimés dans ces quartiers, les résultats ne sont guère marqués. Ainsi, si le score de Ségolène Royal est légèrement supérieur, celui d’Arnaud Montebourg est en général inférieur, ce qui ne donne pas plus de poids, in fine, à la gauche de gauche. Bref, les banlieues n’ont pas vu dans la primaire un espoir dans le fait de choisir le candidat de gauche.

Je ne crois évidemment pas à la théorie avancée par certains selon laquelle ce chiffre s’expliquerait par l’impossibilité pour les étrangers membres du PS de voter. D’une part c’est faux, ils pouvaient se rendre aux urnes et présenter leur carte du PS. D’autre part, cela ne change rien en terme de pourcentage du corps électoral ayant participé au primaire : à ce que je sache, s’ils sont étrangers, ils ne vont pas plus voter au printemps prochain. La question n’est donc pas là, et sert juste à instrumentaliser ce non vote pour plaider la cause du vote des étrangers. Grosse ficelle.

Reste que la question du vote des banlieues, traditionnellement porté à gauche, se pose. S’abstiendront-elles, ou hésiteront-elles entre les candidats classiques et les extrêmes, de droite comme de gauche ? François Hollande tient là l’un de ses défis majeurs : parvenir à parler à cette population mais surtout, à être entendu.

Car le danger bleu Marine guette… Non pas spécifiquement en banlieue, mais partout. Or la question sera bien de se qualifier au second tour. A l’heure actuelle, de nombreux candidats jouent la carte facile de l’anti-Européanisme, taclant l’Europe et l’Euro à tout bout de champ, en faisant croire à la population que sans l’Euro ni l’Europe, la vie serait plus belle. Qu’importe les conséquences réelles qu’engendrerait la sortie de l’Euro, ou la complexité d’en sortir : ceux qui tiennent ce discours n’ont aucune chance de gouverner.

Et c’est bien là que le bât blesse : c’est justement parce que personne ne peut juger sur pièce que les extrêmes ont recours aux idées populistes. Reste que ceux qui les auront cru conserveront l’impression de ne pas être entendus. Avec plus ou moins de rancœur et d’agressivité. Surprenant cependant que personne ne s’étonne de trouver dans ce pêle-mêle les souverainistes de Dupont Aignant ou la gauche du PS de Montebourg aux côtés des extrêmes de droite et de gauche, de Marine Le Pen à Mélenchon et Poutou. Tout de même, tout le monde n’a pas la géolocalisation politique contrariée !

Que les petits candidats se mettent à racoler ainsi risque de mettre sérieusement en danger le candidat du PS, tout comme celui de l’UMP. La souffrance de la population finit par détourner une partie de l’électorat sur les bords, que ce soit d’une tendance ou de l’échiquier. En ce sens, le premier tour pourra être serré.

EELV sera tout aussi démago que Mélenchon, et offrira une solution toute aussi radicale, mais plus acceptable aux bobos en raison d’une image plus hippie chic, là où Hollande sera tenu d’éviter les fausses promesses pour ne pas décevoir s’il l’emporte, et garder un discours audible au regard de la situation intérieure, mais aussi de la France en Europe et dans le monde. Ce que n’ont pas nécessairement à faire les petits candidats… On l’oublie trop souvent, mais c’est aussi le jeu du premier tour.

Reste qu’Hollande devra faire face a minima à Poutou (NPA), Mélenchon (PC/Front de Gauche) et Joly (EELV), faute d’avoir pour l’instant des nouvelles de Schivardi (et son moins de 1%) et Chevènement (ira, n’ira pas ?). Autant de candidats qui feront mathématiquement baisser son score, quitte à le faire passer en troisième position.

Cette division des voix sera moins importante à droite, où le candidat Sarkozy affrontera a minima Marine Le Pen (FN). Et peut être Dupont Aignan (DLR), Boutin (FRS) et Miguet. Difficile en effet de comptabiliser Bayrou le centriste dans les voix de droite, le Modem étant désormais quasiment autant de droite que de gauche en matière de répartition des voix (à peu près 60 à droite/40 à gauche en 2007).

Ne nous y trompons pas, 2012 ne sera pas 2002. Mais plusieurs éléments sont à noter. Tout d’abord, comme je l’ai déjà expliqué, il y aura du mouvement dans l’électorat de droite. Le rejet de Nicolas Sarkozy est bien plus fort que l’UMP ne veut le faire croire, et le premier symptôme en est la désaffection pour le soi-disant candidat naturel au sein même des militants et des élus. Les prises de positions en ce sens se sont multipliées, et traduisent un vrai malaise. Second symptôme, la participation d’une partie de l’électorat de la droite et du centre à la primaire du PS : à l’exception des quelques fanatiques de Sarko qui ont bêtement voulu fausser le scrutin, ceux là sont prêts à franchir le Rubicon au second tour.

Reste, une fois encore, la question du premier tour. A droite, le rejet de Sarkozy se répartira en cinq tendances : abstention pure et simple, vote au centre, vote vers un petit candidat, vote FN, et vote à gauche. Parmi ces choix, les plus gros mouvements seront sur le vote au centre et le vote FN. A moins d’un trop fort risque FN qui pousserait les anti-Sarkozy porté sur le centre à voter utile dès le premier tour.

A gauche, ceux qui ne sont pas d’emblée convaincus par Hollande auront également plusieurs choix : vote sur un candidat plus marqué (Mélenchon ou EELV), vote extrémiste (NPA ou FN), abstention. Et ne nous y trompons pas, le programme économique de Marine Le Pen vise bien l’électorat de gauche : appeler à la nationalisation (des banques) n’a jamais fait bander la droite…

La question reste donc définitivement celle du poids du FN conjugué à celui de l’abstention, pour espérer figurer au second tour. La candidature centriste de Bayrou pourrait réunir une partie de la droite, dépourvue de candidat depuis le retrait de Borloo et l’improbable candidature Villepin, mais il reste peu probable qu’il parvienne à réitérer son score de 2007 : l’essai n’a pas été transformé, et le Modem n’est pas apparu suffisamment crédible depuis 4 ans pour porter un espoir de société qui séduirait au-delà d’une base certes élargie par rapport à ses scores régionaux, mais trop faible pour parvenir à se qualifier.

C’est donc bien l’abstention et le vote FN qui seront les arbitres du 22 avril prochain. Soit les votants auront suffisamment répartis leurs votes sur l’ensemble de l’offre politique, et dans ce cas les candidats UMP et PS se qualifieront. Soit l’abstention sera plus élevée et le vote FN plus important que l’on ne l’imagine, et dans ce cas, le candidat de droite comme celui de gauche risquent de ne pas se qualifier. Et d’offrir un non-choix au second tour.

Paradoxalement, le second tour semble plus clair en cas d’affrontement Hollande-Sarkozy. Le rejet de l’actuel président est tel que même s’il est aussi bon candidat qu’il est mauvais président, et reste capable de l’emporter sur le fil, Hollande devrait emporter les voix de la gauche jusque sur une partie de la droite, cette tendance est confirmée par la participation de certains d’entre eux dès la primaire, six mois avant l’élection. Et ce transfert sur la gauche est facilité par le choix d’Hollande, plus centriste que Martine Aubry, rédhibitoire pour une partie plus large de la droite qu’Hollande en raison de son sectarisme et surtout des 35 heures.

En réalité, seule l’abstention de gauche et des extrêmes pourrait faire basculer le rapport de force au profit de Sarkozy, qui aura du mal à remonter de son score de premier tour jusqu’à dépasser la barre fatidique des 50% des suffrages exprimés, condition sine qua non pour gagner. Reste que pour l’emporter au soir du 6 mai, il faut se qualifier le 22 avril. Après avoir rassemblé derrière lui le parti socialiste, le corrézien doit veiller à ne pas se faire déborder sur sa gauche. Voilà le vrai défi qui attend François Hollande pour les six mois qui viennent.

Primaire PS : du côté de chez moi, un second tour plein de charme

Bloquée par mon dos, je ne peux hélas pas passer la journée au bureau de vote, comme j’aurais aimé le faire.

Ce qui ne m’empêche pas de vivre à fond ce second tour de la primaire citoyenne.

Grâce à Twitter, je suis, tout au long de la journée, les réactions des votants s’étant exprimés sur le réseau social et la tendance est nette : tous sont heureux d’avoir participé.

Puis je vais voter. Quelle ambiance ! Un militant vient rapidement me voir pour me demander si j’avais des news. Souvenez-vous la semaine dernière, la sympathique équipe de mon bureau de vote avait apprécié de disposer pendant le dépouillement des infos qui tombaient au fur et à mesure sur Twitter. Saint Ipad !

Je profite de ce billet pour rendre hommage à tous les bénévoles qui tiennent les bureaux de vote, et particulièrement aux chavillois. Une fois de plus, l’ambiance est bonne. Non seulement ils sont polis –manquerait plus qu’ils mordent !- mais surtout, ils sont souriants et chaleureux. Disponibles pour répondre aux questions des primo-votants, car il y en a, et agréables avec tout le monde. L’ambiance est bon enfant, et c’est vraiment appréciable pour les votants. Qu’ils en soient donc remerciés.

Ne pouvant tenir les longues heures nous séparant encore du dépouillement, je rentre chez moi, bien décidée à revenir pour les résultats. Je rejoins le bureau à l’heure même où il ferme. Et encore une fois, l’équipe fait preuve de solidarité. Alors que je suis franchement handicapée par mon dos, une militante prend mon sac pour le porter. Vraiment, cette équipe est chouette. Deux niveaux plus bas, les scrutateurs sont installés aux tables, et dans les starking-blocks pour dépouiller.

Les premiers paquets sont distribués. Premier point : la participation est grosso modo la même, 1163 cette semaine contre 1197 la semaine passée.

Et c’est parti pour les petits bâtonnets François et Martine ! Le favori est en tête sur toutes les tables, de plus ou moins loin puisque ça va de 53% à 68%, pour une moyenne de 60% sur les 400 premiers bulletins.

Pendant que les scrutateurs officient, nous discutons ensemble de la situation locale, et un constat se dégage : le Doisu ne s’est pas rendu aux urnes. C’est-à-dire, les gens des tours, du « quartier ».  Des gens à qui il faudra incontestablement parler pendant les six mois prochains, pour éviter la fuite vers le bleu Marine.

Comme la semaine dernière, tout le monde chacun cherche la tendance. Mais dans une bonne ambiance. On le sent : quelle que soit l’issue, les militants seront tous contents du succès de cette primaire. Les militants d’Aubry viennent eux mêmes m’annoncer les estimations que leur camp diffusent à leur entourage. Un bien bel esprit, merci à eux pour ce fair-play .

Et c’est ce que Catherine Lime Biffe choisit de mettre en avant, juste avant l’annonce des résultats : « Sur Chaville, une centaine de bénévoles ont participé à l’organisation de la primaire, et je voudrais les remercier ». Des applaudissements accompagnent cette annonce. Elle poursuit : « 1163 participants se sont déplacés pour voter ». Puis enchaîne sur les résultats :

  • Votants 1163
  • Blancs et nuls 4
  • Exprimés 1159
  • Hollande 657 (56,69%)
  • Aubry 502 (43,31%)

Quelques tables plus loin, les membres du bureau de vote ont déjà alignés quelques verres.

Un pari perdu par l’un des militants face à un autre explique la présence de cette bouteille de champagne, et permet de fêter le succès de ces primaires dans l’unité.

C’est incontestablement la plus belle image de cette primaire que de voir ces militants, ayant soutenu des candidats différents, se rassembler et fêter ensemble cette désignation : la politique retrouve vraiment ses lettres de noblesse.

Tout le monde n’a plus qu’une chose en tête : la présidentielle de 2012 alors… Rendez-vous le 6 mai prochain !

Primaire PS : mon vote de conviction

Avant de voter pour ce second tour de la primaire, j’ai écouté tous les candidats. Enfin, les deux restant en lice. Et j’ai suivi le conseil de Martine Aubry, à savoir voter selon mes convictions.

En effet, j’ai la conviction de François Hollande est le mieux placé pour rassembler les Français.

Mieux placé que Nicolas Sarkozy, qui divise les français et se bornent à les dresser les uns contre les autres, tout en malmenant nos valeurs républicaines.

Et que Martine Aubry… un peu trop sectaire à mon goût, ascendant Première Secrétaire du PS, ce qui n’est pas l’objet de cette élection. En plus, j’ai vraiment peu apprécié qu’elle tente de rameuter le vote des femmes en toute fin de campagne sous le simple prétexte… d’être une femme.

Pour moi, l’homme de la situation est bien François Hollande, comme je l’avais déjà expliqué la semaine dernière. C’est donc avec joie que j’ai mis mon bulletin dans l’urne, avec le sentiment fort plaisant d’avoir contribué à choisir le meilleur président -en l’état actuel des candidatures- pour la France. Rendez-vous au printemps prochain  !